it's just a smiling crime, everybody's got a little ugly hanging around (mila)

La solitude le pesait, jour après jour Leónel se sentait complètement seul. Il n’y avait que lorsque sa fille Isidora était avec lui qu’il avait l’impression d’exister pour quelqu’un. Et il le faisait mal, exister, pour elle. Sa femme Selma était venue lui rendre visite quelques jours plus tôt, pour lui faire comprendre que son état déprimait leur fille, qu’elle s’inquiétait à chaque fois qu’elle revenait de chez son père. Leónel aussi s’inquiétait, pour sa relation avec sa fille et pour sa fille elle-même, qui n’avait qu’un fantôme comme père, désormais. Mais il n’arrivait pas encore à se relever, il n’arrivait pas encore à laisser la chaude lumière de la vie le submerger comme il le faisait autrefois. Autrefois, oui, le chilien baignait dans le soleil, il n’avait que rarement eu des nuages au-dessus de sa tête alors que c’était désormais son quotidien. Et sachant que sa fille en souffrait à ce point, l’ancien neurologue se sentait extrêmement coupable. Et tellement plus seul encore. Cela faisait deux ans maintenant que Selma et lui s’étaient séparés, qu’elle l’avait quitté, plutôt. Il n’avait rencontré personne depuis, n’avait surtout pas cherché. Il n’avait eu aucune relation sexuelle pendant tout ce temps et par moments, ça lui manquait cruellement, la chaleur d’une femme. C’était de Selma dont il avait le plus envie, ils avaient été mariés pendant quinze ans, mais lors de ses nuits les plus seules, c’était du contact féminin provenant de n’importe qui dont il avait cruellement besoin. Jamais encore Leónel n’avait acté là-dessus, mais ce soir, ça le troublait, ça le torturait presque, alors il avait ouvert son portable et s’était perdu sur des sites dont il n’aurait certainement pas dû ouvrir les pages. C’est là qu’il avait trouvé son contact, Ivy, et qu’il avait décidé de commencer à chater avec elle. Elle avait l’habitude des hommes seuls et esseulés comme lui, visiblement. Elle savait s’y prendre et quels mots utiliser. Deux heures plus tard, il l’attendait dans une chambre d’un motel en bordure de la ville. Il se sentait tellement vide, tellement mauvais. Il commençait déjà à regretter, ne sachant aucunement dans quoi il s’embarquait. Cette idée ne lui aurait jamais même traversé l’esprit avant, et le voilà rendu là, à payer pour du sexe. Parce qu’il se sentait seul et incapable d’approcher une femme autrement.