she’s got bette davis eyes. (alba)

she’s got bette davis eyes

Elle avait besoin de se changer les idées, Charlie. Depuis un moment. Et c'était très exactement ce qu'elle faisait, tous les jours. En y repensant, elle se rendait compte qu'elle n'arrêtait pas de courir, dans tous les sens mais surtout vers l'avant. Parce que c'était difficile de regarder en arrière. Chaque fois qu'elle pensait à Aelya, elle avait le cœur brisé. Et à Niels, aussi, qu'elle ne reléguait pas au second plan. Mais la brune, c'était sa meilleure amie, son pilier depuis tant d'années, et elle ne se faisait décidément pas à son absence. Elle avait la sensation de vivre une peine de cœur, un de ces adieux déchirants quand on s'aime encore, mais que chacun doit partir de son côté. Alors elle courait, Charlie, parce que la larme pointait au coin de son œil quand elle s'attardait trop sur le manque, sur ce trou dont elle pouvait tâter les contours en plein milieu de son cœur. Et évidemment, elle était consciente qu'elle n'était pas à plaindre, elle était plus que bien entourée. Elle avait Jules, elle avait Emilia, elle avait Jackson, elle avait un tas de copains et copines, Fede, Alba, Perry, April, et puis Maggie était revenue aussi, d'ailleurs suivie de près par Hugo. Alors son système de soutien était plus qu'ancré. La brunette avait d'ailleurs convenu de voir Alba aujourd'hui, chez qui elle avait été chercher un peu de réconfort, et qui à sa grande surprise, lui avait avoué en avoir bien besoin aussi. Deux âmes en peine sous le soleil doux de l'hiver bowenien, voilà qu'elles déambulaient dans les rues au gré de leurs confidences. « Tu sais ce qui nous ferait du bien, Alba ? Un peu d'indépendance sexuelle. Parce qu'on n'est jamais mieux servi que par soi-même ! » lança Charlie haut et fort alors qu'elles passaient devant le sex-shop et que la jeune médecin s'y arrêtait, clamant cette dernière phrase surtout pour plaisanter, même si c'était probablement vrai. Un passant eut toutefois l'occasion d'entendre sa rétorque, loin d'être discrète, et leur décocha un regard offusqué en les dépassant, provoquant un éclat de rire de Charlie, à moitié étouffé par la main qu'elle mit devant sa bouche.

Il y a bien longtemps qu’Alba ne s’était pas sentie mal. Sa peur de l’abandon était en fait son saboteur. Elle qui était entourée, aimée et choyée se retrouvait seule. Léo était parti. Concho vivait sa plus belle histoire avec Pippa. Elle ne parlait même plus à Charlie depuis qu’elle avait l’impression qu’elle avait prit la défense du photographe. Elle ne voulait plus rien faire à Alba, à part manger des céréales devant un film et boire du café. Il y avait Jon quand même qui lui apportait un peu de joie ces derniers temps, une semaine sur deux. Et cette semaine, il était chez Léo. Alors si Charlie ne lui avait pas envoyé de message, Alba serait restée chez elle. Elle comprit vite que son amie était mal également, une âme en peine. Elle se motivait à bouger, voir des gens qui l’aimaient. C’était de ça dont elle avait besoin Alba. Se morfondre d’avoir perdu Léo n’arrangerait rien, de toute façon il n’était pas prêt à lui pardonner. Si elle attendait dans son canapé qui la pardonne, elle finirait par creuser le pauvre meuble. L’hiver australien était doux, c’était agréable de sortir sous cette météo, plus agréable qu’en plein été. Elle rejoignait son amie et les deux femmes parlaient. Pour l’instant c’était assez banal, juste quelques nouvelles le temps que le confidences arrivent. Au détour d’une rue, elles passèrent devant un sex shop qu’Alba n’aurait pas remarqué si Charlie ne lui avait pas fait cette remarque. Elle allait lui répondre mais un passant entendit Charlie et regardait les deux femmes avec un air offusqué. « Il devrait lui aussi rentrer, ça lui ferait du bien. » Disait Alba en riant. Puis elle regardait cette devanture. « Tu n’as pas tort ! De toute façon il va bien falloir que je le fasse seule maintenant. » Maintenant que Léo n’était plus là. Elle disait adieu à son amant, celui qui la rendait folle à la moindre caresse. « Allez viens ! » Elle entraînait Charlie dans la boutique, regardant déjà les différents jouets qui pouvaient exister.

Le rire solaire de Charlie, qui malgré sa météo émotionnelle, sonnait toujours aussi juste, répondit à la réplique de la blonde. « Ben oui, il faut prendre les choses en main ! » renchérit-elle sans lésiner sur les allusions à peine subtile. Mais si la jeune chirurgienne n'avait pas de mal à faire des blagues, ce n'était pas la même histoire quand il s'agissait de passer à l'action. Et quand Alba l'entraîna à l'intérieur de la boutique érotique, elle n'eut même pas la temps de résister. « Hein, heuuu, t'es sûre... ? » Trop tard, les réticences de Charlie ne l'emmenèrent nulle part si ce n'est dans le sex-shop, guidée par l'esprit aventureux de son amie. La brunette renvoyait peut-être une image de fille toujours à l'aise et grande gueule, mais ce n'était pas toujours le cas. Si souvent, elle entrait dans des conversations comme un bulldozer et ne semblait connaître aucune règle de tact voir de politesse, il était aussi dans son caractère de se construire une façade de fausse assurance derrière laquelle elle pouvait cacher sa timidité ou sa peur du regard des autres. Ce qui était bien, c'était qu'autant elle pouvait entraîner son entourage dans des plans farfelus qui ne lui faisaient pas peur, autant l'inverse était vrai aussi. C'était le cas maintenant, alors que Charlie lançait un grand « Bonjour ! » à l'attention de la vendeuse derrière le comptoir, avec un sourire convaincant alors qu'intérieurement, elle n'en menait pas large. Ses grands yeux iceberg observèrent ensuite les étagères remplies de jouets aux formes diverses – et parfois vraiment étranges. « N'hésitez pas à m'appeler si vous voulez que je vous montre les modèles. » répondait la commerçante avec un sourire engageant. « Nous montrer, c'est-à-dire ? » chuchota l'Australienne à Alba, après un sourire faussement assuré à la dame de la boutique.

Alba était une personne qui aimait les relations sexuelles, elle ne se cachait pas. Dans sa pas très longue vie, elle avait eu le temps d’expérimenter et de tester divers pratiques. Aujourd’hui, elle savait ce qu’elle aimait ou non. Ces dernières semaines, avec toutes les bêtises qu’elle avait pu faire, elle se sentait bien seule. Elle n’avait plus son partenaire préféré et surtout elle n’avait envie avec personne d’autre que lui. C’était un peu triste qu’elle se rendait compte que sur le plan sexuel, rien n’allait en ce moment. Elle riait à la remarque de son amie. « En main ou avec autre chose. » Répondait-elle avec un sourire lubrique. Avec Charlie, c’était simple et elle pouvait rire de tout et parler de tout. Et puisqu’elles étaient devant, autant rentrer pour découvrir ce lieu. Peut-être tomberaient-elles sur des surprises. « Mais oui ! Viens ! » Ce n’était pas le premier sex shop qu’Alba faisait et peut-être pas le dernier non plus. Elle la connaissait Charlie. Finalement cette petite blague s’était retournée contre elle. Son bonjour était bien trop enjoué. « Bonjour ! » Fit Alba, observant déjà les objets autours. C’était assez fascinée qu’elle regardait les étalages, il y avait des objets dont la jolie blonde ne comprenait pas l’utilité ou ignorait à quoi cela pouvait-il servir. Il y avait eu des belles évolutions, rendant le lieu beaucoup plus chic. Elle se souvenait qu’elle avait vu des sex shop beaucoup plus sombres et plus fouillis que là. C’était devenu chic et normal de chercher à se faire plaisir. Alba pouffait de rire à la remarque de Charlie. « Elle va se mettre nue devant toi et te montrer comment utiliser ça par exemple. » Lui répondait Alba en prenant un jouet sexuel dans sa main. Elle riait avant de le reposer. « Si t’es mal à l’aise on ressort tu sais, je ne t’en voudrais pas. » Alba fit cette remarque sur un ton beaucoup plus doux, pour faire comprendre à Charlie qu’elle avait le droit de ne pas se sentir bien dans cet endroit.

L’affaire fut adjugée en quelques secondes, la faible hésitation de Charlie ne résistant pas à l’assurance de la photographe. L’enthousiasme de cette dernière suffisait pour entraîner la brunette dans une situation qui lui paraissait inconfortable de prime abord. L’enjouement d’Alba, le naturel avec lequel elle pénétra dans la boutique, lieu tournant autour des plaisirs de la chair, permettait à la jeune chirurgienne de se détendre un peu, se contentant de suivre le mouvement. Même si elle en faisait déjà sûrement trop avec sa salutation aux contours un peu forcés à la vendeuse. Charlie questionna son amie, assurément plus expérimentée qu’elle en la matière, sur comment la commerçante comptait lui montrer quoi que ce soit. D’un geste nonchalant, Alba s’emparait déjà d’un jouet, couleur rose bonbon, surmonté de ce qui ressemblait à deux petites oreilles de lapin. La jeune fille en rougit presque, et un gloussement nerveux s’échappa de ses lèvres. Gloussement qui se transforma en rire franc quand elle saisit la plaisanterie de la blonde. Ça ne répondait pas vraiment à sa question, toutefois. « Mais comment elle peut me montrer… Je veux dire… Oh et puis, tu sais quoi ? » poursuivit Charlie, une ride d’incompréhension se formant entre ses sourcils froncés, avant qu’elle n’abandonne ses questionnements. Elle allait vite savoir de quoi il en retournait. Allez, on fonce Chaha. « Excusez-moi ! » interpella-t-elle la vendeuse d’une voix claire, feignant d’avoir fait ça des dizaines de fois. « À quoi sert exactement… ceci ? » demanda-t-elle alors que la commerçante les rejoignait avec un sourire jovial, prête à aider. Elle désigna l’objet qu’Alba avait choisi quelques secondes plus tôt. C’était petit, et plutôt design, en fait. Toujours avec ces deux tiges arrondies d’un centimètre ou deux qui ressemblaient à des oreilles de lapin. La résidente en pédiatrie acquitta Alba d’un clin d’œil, pour lui répondre silencieusement qu’elles pouvaient rester dans cet antre du plaisir. Elles étaient là maintenant, alors autant en profiter pour parfaire ses connaissances sur le monde. Et puis, la douce mais malicieuse présence de son amie la mettait en confiance, ainsi que le sourire rassurant de la commerçante. « C’est un vibromasseur, en petit format et très léger, parfait pour le prendre en voyage. » commençait celle-ci en prenant l’objet dans ses mains, et prenant la main de Charlie de l’autre. La brune échangea un regard semi-paniqué, semi-amusé avec la belle blonde, avant de reporter très vite son attention sur les explications. « Les vibrations sont assez douces, pour celles qui sont plus sensibles au niveau du clitoris. Cependant, les deux tiges ici sont là pour le stimuler d’une façon un peu différente qu’un vibromasseur classique. » poursuivait-elle en allumant l’appareil, pour faire ressentir à sa cliente les vibrations dont elle parlait, sur la paume de sa main.