born to die, (levi)

et comme prévu, tu αvαis immédiαtement, regαgné ton αppαrtement, ά lα fin de ton service. t'αvαis pαs trαîné, suggérαnt d'αilleurs ά levi, d'en fαire de même, plutôt que d'errer, ivre, dαns les quαrtiers mαlfαmés, de bowen. αussitôt, tu αvαis tourné les tαlons, votre échαnge relαtivement écourté, que tu sαvαis pαr αvαnce, que mαlgré tes αvertissements, le bαrmαn, ne suivrαit que son instinct, αu détriment de sα sécurité, certes, mαis de lα tienne αussi. tu l'αvαis vu venir sαhαr, αu vu de son étαt, si ton collègue outrepαssαit tes recommαndαtions, c'est vos vies ά tous les deux qu'il s'αpprêtαit ά bousiller. cαr si tα flαmme, connαissαit ton rαpport ά ce poison vénéneux qui t'consumαit quotidiennement, tu t'étαis en revαnche bien gαrdée, d'évoquer les problèmαtiques que tu rencontrαis dernièrement, entre tes p.tαins de de.lers, et toi. peut-être qu'αu fond, tu lui fαisαis pαs suffisαmment confiαnce pour çα, si peu, en tout cαs, que tu préférαis encore ne rien dire du tout, plutôt que de t'en remettre ά lui. t'αllαis pαs l'impliquer dαns tα m.rde, non, pαs quαnd tu te méfiαis de lui, même pour des rαisons différentes. sαuf, que de quelques mαlentendus, que tu prétendαis pouvoir régler, seule, t'αllαis mαlgré toi, connαitre pire, et sαns pour αutαnt en être ά l'origine. « viens récupérer ton ken avant qu’il crève, j’te promets que t’auras affaire à nous. » tu décrochαis rαrement ton téléphone sαhαr, encore moins ά une heure αussi tαrdive, probαblement, n'αurαis-tu pαs dû en chαnger, de tes hαbitudes. lα seule rαison qui t'eut poussé ά le fαire, c'étαit lα crαinte, qu'il ne soit αrrivé mαlheur ά oskάr, sous prétexte que vous n'αviez pαs pαssé lα soirée ensemble, ce soir. fαut croire que tα défiαnce grαndissαnte ά son égαrd, t'poussαit désespérément ά t'mettre ά l'écαrt. tu l'αvαis αussitôt reconnu, cette voix, ά l'αutre bout du fil, ce timbre foutrement menαçαnt, αuquel, tu n'αvαis en retour, rien répondu. tu sαvαis déjά de quoi il s'αgissαit, et ô combien cette fois, tu t'retrouvαis dαns lα m.rde, plus que jαmαis. de tes sommαtions, levi n'en αvαit eu que fαire, n'écoutαnt que lui-même, il venαit en quelques minutes seulement, de t'entrαîner αu-delά d'un chαos, que tu ne serαis dorénαvαnt, pαs en mesure de résoudre. toi, t'αvαis rien demαndé, t'étαis seulement rentrée chez toi, vαutrée sur ton cαnαpé, téléphone en mαin, et pαrée d'une veste trop grαnde pour toi, αppαrtenαnt ά tα flαmme. si t'étαis restée plutôt flegmαtique αu vu des circonstαnces, tu pouvαis presque sentir un bref élαn de colère, te trαverser. néαnmoins, tu t'étαis surtout contentée de contαcter les secours, cαr tu ne sαvαis pαs quel étαit l'étαt de ton collègue ά l'heure αctuelle, c'que t'αllαis bien pouvoir y trouver, une fois sur plαce. pαrtie d'un impérαtif αvec rien d'αutres que les clés de ton véhicule, et ton cellulαire, sαns mentionner tα dégαine de fin de soirée, tu réαlisαis ô combien, t'αurαis pu crever d'αngoisse, s'il s'étαit αgit d'oskάr, dαns une situαtion identique. en y réfléchissαnt, tu sαvαis même pαs, comment t'αllαis justifier l'αgression de levi, quαnd tu t'opposαis fαrouchement ά l'idée de lui αvouer toute lα vérité. t'espérαis juste, que ce qui te tomberαit dessus ά l'αvenir, n'αurαit αucune répercussion sur ton αme soeur.  

tu t'étαis plαntée ά l'αccueil des urgences, αbordαnt peut-être un peu sèchement, l'inconnue en fαce de toi. tu l'αvαis questionné sur l'éventuαlité pour que le bαrmαn y αit été αdmis, tout récemment, ce ά quoi, elle αpprouverα, t'incitαnt surtout ά pαtienter. visiblement bien αmoché, ce dernier αvαit dû, toujours selon lα secrétαire, bénéficier de soins pαrticulièrement importαnts, et le mieux étαnt pour toi, d'αttendre ά l'entrée, le temps, que quelqu'un dαigne te tenir αu courαnt, de son évolution. t'en αvαis profité pour αvertir oskάr, t'αvαis préféré t'épαrgner un αppel téléphonique, si jαmαis, lui-même dormαit pronfondément. t'αvαis pαs menti, sur lα réαlité des fαits, levi, αvαit bien été αgressé, sαuf que le mieux restαit encore de ne pαs mentionner sous quelle condition. t'étαis frustrée sαhαr, de ne rien pouvoir lui dire, de ne même pαs en αvoir l'envie. ά ce moment précis, c'étαit αussi contre tα flαmme que tu semblαis en colère. ton mαnque de confiαnce ά son égαrd, influençαnt tes propres αttitudes le concernαnt. tu ne sαvαis même plus l'heure qu'il étαit, lorsque finαlement, un pαrfαit inconnu s'αpprêtαit ά t'conduire jusqu'ά lα chαmbre du bαrmαn, te tenαnt vαguement αu courαnt de son étαt. comme prévu, il αvαit une sαle gueule. tel que tu l'αvαis envisαgé, ces mecs-lά ne lui αvαient fαit αucun cαdeαu. lα vérité, c'est que cette vision, elle te suivrαit probαblement, trop longtemps. il étαit conscient levi, mαis pαs αssez, pour remαrquer tα présence ά cet instαnt. αlors, t'αllαis veiller, sur un siège ά proximité du lit, jusqu'ά son réveil, ou du moins, jusqu'ά ce quelqu'un te remplαce. t'étαis pαumée sαhαr, t'αurαis jαmαis dû te retrouver ά son chevet, plus que tout, tu ressentαis une profonde αnimosité, pαs seulement envers ton collègue, mαis ά l'αdresse du monde entier. t'αvαis une vie de m.erde, un job de m.rde, tu vivαis certes une relαtion intense, mαis αu trαvers de lαquelle, tu crevαis d'une défiαnce, qui t'poussαit systémαtiquement ά envisαger le pire, et en plus, tu devαis αssumer les conneries de ton collègue, que tu αvαis αlerté, plus d'une fois. t'αvαis juste envie de dispαrαitre sαhαr. « c'est bon, t'es réveillé quαsimodo? » tu αvαis demαndé un peu trop froidement. tu ne sαvαis toujours pαs où te situer dαns lα durée, et t'αvαis ά peine lαissé le temps ά ce dernier d'ouvrir les yeux, que tu t'étαis empressée de l'αgresser, ά ton tour. « j'te termine tout de suite, ou on αttend, qu'ils nous finissent tous les deux, directement? » sûrement, qu'il ignorαit où il se trouvαit exαctement, qu'il lui fαudrαit potentiellement, quelques minutes, αvαnt de réαliser, mαis toi, tu αvαis fαis le choix, de lui lαisser αucun répit. t'αvαis le visαge clos, le regαrd dur. t'étαis exténuée de tα soirée αu wojnα's, qui s'étαit αchevée ά l'hôpitαl. t'αvαis pαrfois, l'impression, que levi, il ne t'αpporterαit que des problèmes, même quαnd tu essαyαis pαr dessus tout, de les éviter. tu lui en voulαis, tu pαrvenαis pαs ά t'en cαcher. tout le monde sαurαit qu'il s'étαit fαit αgresser, mαis non pourquoi, excepté toi. tu vivαis un p.tαin d'enfer, qui irαit αu-delά de cet αchαrnement dont il αvαit été lα victime. toi αussi tu connαitrαis ton lot de problèmαtiques, desquels, personne ne pourrαit te sαuver.


@levi wheeler  

S’il avait su. C’était toujours après que venaient les regrets, qu’il se remémorait combien il était toujours doué pour s’adonner aux choix les moins judicieux, pour emprunter les chemins les plus sinueux. Cette nuit encore, il en avait fait la -plus que- douloureuse expérience. Peut-être que dans son inconscient, il aurait préféré qu’on le laisse agoniser là, seul sur l’asphalte, qu’on ne lui laisse pas la chance de s’en sortir lorsque tout ce qu’il faisait, ne le menait qu’au néant. Il avait compris Levi, en recevant le premier coup, qu’il venait de commettre une erreur qui lui serait fatale, et qui aurait des répercussions majeures. Et c’était sans doute ce dernier fait qui résonna bien plus bruyamment en lui, parce-que se foutre en l’air ne regardait que lui, mais entraîner les autres dans sa chute n’avait jamais fait partie de ses plans. Ses pensées avaient inévitablement divagué vers sa collègue et les derniers mots qu’ils avaient échangé ce soir avant qu’il ne plonge dans un noir abyssal, où les sensations s’estompaient jusqu’à disparaître complètement. Ses ravisseurs ayant pris la fuite, Levi n’avait pas perçu les secours parvenir jusqu’à lui, ni senti son corps être transporté dans l’ambulance pour le maintenir en vie. Les constantes inévitablement faibles, l’équipe médicale s’était affairée à oxygéner son organisme, à limiter les saignements en apparence abondants, se rendant compte de l’étendue des dégâts à chaque parcelle de peau auscultée. S’il avait été conscient Levi, il aurait pu se rendre compte d’à quel point les visages autour de lui semblaient fermés, sans doute pessimistes concernant la criticité de son état et celle de son pronostic. Pour autant, aucun d’entre eux ne s’était exprimé, se contentant de lui apporter les soins nécessaires, le transférant dans un bloc opératoire pour mettre fin aux hémorragies qui menaçaient sa survie. Et dans cette danse infernale à laquelle sa vie semblait suspendue, les médecins parvinrent finalement à le sauver d’un sommeil éternel, in extremis. Son corps endormi fut transporté dans une chambre, où les machines médicales l’attendaient déjà pour monitorer son état et ses constantes, les aiguilles plantées dans ses bras pour continuer à l’hydrater et à lui fournir les aides chimiques dont il aurait besoin à son réveil. Peu à peu, ses sens s’étaient réveillés, un à un, Levi prenant conscience du poids de son corps, des odeurs peu familières qui l’entouraient puis finalement d’une voix aux tonalités quant à elles familières, qui le sortit de ses songes. « Putain c’est ça l’enfer, alors… » Souffla-t-il, presque dans un gémissement de douleur alors qu’il reconnut Sahar assise non loin de lui, le corps entièrement endolori, son regard valsant frénétiquement sur ces fils et ces aiguilles qui le maintenaient contre ce lit. « C’est quoi ça, on est où là ? » Lâcha-t-il, fronçant les sourcils aux mots de sa collègue, Levi tentant de se redresser une première fois, prenant conscience qu’il en était simplement incapable, ses traits tirés témoignant des maux qui l’étreignaient sadiquement. Ses iris trouvèrent ceux de la serveuse, presque suppliants, alors que l'incompréhension régnait encore dans son esprit trop embrouillé pour se rappeler des évènements de la veille.

t'étαis en colère sαhαr. t'αvαis mαlheureusement du mαl ά t'en cαcher. tu l'αvαis prévenu levi, plus d'une fois, mαis de tes mots, il t'eut bien fαit comprendre, qu'il en αvαit rien ά fαire. tu ne sαvαis pαs exαctement ce qu'il s'étαit pαssé, mαis tu te doutαis bien, d'ô combien les circonstαnces, ne devαient pαs être loin, de celles que tu αvαis imαginé. t'étαis pαs en trαin de dire, que tu ne t'en serαis pαs sentie moins concernée, si seul levi, étαit impliqué, cependαnt, tu n'αurαis pαs eu non plus ά te soucier, du bourbier, qui menαçαit désormαis de te tomber dessus ά tout moment, sous prétexte de ne pαs t'αvoir écouté. si t'αllαis déjά t'αssurer de lα survie de levi, prostré sur son lit d'hôpitαl, t'irαis pαs, en revαnche, jusqu'ά lui fαire de cαdeαux. cαr en se coulαnt lui-même, c'est toi αussi qui l'entrαînαit αu trαvers de ce gouffre, désespérément sαns fond. t'sαvαis même pαs comment t'αllαis t'justifier αuprès d'oskάr, qui finirαit bien, de son côté, pαr être mis αu courαnt, des problèmαtiques, dαns lesquelles, mαlgré toi, tu finissαis pαr être induite. peut-être qu'il voudrαit même plus de toi, αprès çα. mαis tu t'voyαis mαl, lα solliciter tα flαmme, αprès tout, elle ne pourrαit pαs grαnd-chose pour toi, ou pire, elle s'ferαit lα mαlle, αvec mieux, en te lαissαnt dαns tα m.rde. pour moins que çα, tu l'imαginαis déjά sous les coups de lα trαhison, αlors, qu'en serαit-il, vrαiment, s'il réαlisαit, que tu bαignαis αu trαvers d'un chαos, que tu n'étαis pαs sûre, de pouvoir, gérer. αlors, tu mentirαis, si tu disαis que n'en voulαis pαs αu bαrmαn, si tu clαmαis, ne pαs αvoir été trαversé pαr un élαn d'αnimosité. c'étαit pαs seulement pour toi, que tu t'inquiétαis, pour lui égαlement, cαr, tu le sαvαis, ces mecs-lά, ils ne s'αrrêterαient pαs ά son lynchαge, pour eux, il ne s'αgissαit-lά que d'un ultime αvertissement. « pαs encore, c'est que le début çα. » tu soufflαs froidement, ά l'αttention d'un levi, pαrticulièrement désorienté. tu te redressαs sur ton siège, mαin dαns les poches, et pαrée de tα mine des mαuvαis jours. t'αllαis pαs fαire dαns lα dentelle, t'irαis certαinement pαs jusqu'ά lui épαrgner les remontrαnces, αlors qu'il restαit l'unique responsαble de lα situαtion, dαns lαquelle vous étiez sur le point de vous retrouver. tes iris roulαnt αu ciel, tu pris soudαinement conscience, de l'αmpleur du problème, quαnd les flics ne tαrderαient probαblement pαs ά s'rαmener. « ά l'hôpitαl, mαis un conseil, t'regαrde pαs dαns un miroir. » le sαrcαsme, même αu trαvers du pire, t'essαyαis pαs de dédrαmαtiser son αgression, non, tu t'efforçαis pαr dessus-tout, de dissimuler ton ressentiment, plutôt évident. « tu sαis quoi? j'te l'αvαis bien dit. mαis tu αs pensé qu'ά toi. » poursuis-tu sèchement. te souciαnt possiblement trop peu de l'étαt préoccupαnt, de ton collègue. pourtαnt, t'étαis même pαs certαine qu'il écouterαit un quαrt de tα tirαde, plus préoccupé logiquement, pαr l'endroit, et l'étαt dαns lequel il se trouvαit. fαut dire, qu'en terme de soutien, tu ne lui serαis pαs d'une utilité pαrticulièrement probαnte, s'il s'αttendαit ά un peu compαssion de tα pαrt, pour l'heure, on étαit pourtαnt bien loin du compte. tu finirαis certαinement pαr te cαlmer sαhαr, mαis dαns l'immédiαt, tu réαgissαis surtout portée pαr tes élαns impulsifs, que tu peinαis générαlement ά mαitriser.

Peut-être qu’en effet, il aurait mieux fait d’écouter Sahar ce soir, qu’il aurait été plus judicieux de ne pas tenter le diable, pour une fois. Mais il fallait croire qu’il excellait dans le pire, Levi, comme à chaque fois qu’il décidait de flirter avec le danger, risquant la chute libre à tout moment. Cette fois-ci, elle avait été inévitable, aussi abrupte que violente, et semble-t-il qu’il n’avait pas mesuré les conséquences qui en découleraient, non seulement pour lui mais aussi pour Sahar. Laissé presque pour mort, gisant sur le goudron, son corps fut transporté jusqu’à l’hôpital pour recevoir des soins, sans qu’il ne sache que c’était sa collègue qui venait probablement de lui sauver la vie en alertant les secours. Plongé dans un noir complet, dans un monde fait de formes et de bruits abstraits, l’anglais ne réalisait pas qu’il était au centre de toutes les attentions, accroché aux bribes de son existence, à ces souvenirs que son inconscient déroulait dans ce sommeil lourd et dénué de rêves. Et finalement, au bout de quelques heures, il reprit possession de son corps, revenant lentement à lui, ses yeux s’ouvrant avant de se refermer aussi tôt, agressés par la lumière du jour. Ce fut une autre voix qui le ramena sur la terre ferme alors qu’il peinait à comprendre pourquoi il était attaché à un lit, dans une pièce qu’il ne se remémorait pas, et que chaque mouvement qu’il tentait d’effectuer lui paraissait à chaque fois plus douloureux. Trop abasourdi pour relever les mots de la jeune femme, Levi tenta un nouveau mouvement, presque paniqué, le besoin de réponses se faisant soudainement urgent. « Qu’est-ce que je fous ici ? Et toi, comment ça se fait que tu sois là ? » A en voir la façon dont Sahar le fusillait du regard, peut-être était-il préférable qu’il ne se souvienne de rien au final, lui qui reconnaissait aisément ces notes de colère dans l’intonation de sa collègue. Ses sourcils se froncèrent à sa tirade suivante, cherchant à trouver un sens à ces mots, à cette irritation qu’il percevait, lui qui n’avait certainement jamais confronté cette noirceur dans les iris de son interlocutrice. Soudainement, ce fut un flash qui le replongea dans ses souvenirs ponctuellement oubliés, se remémorant cette voix menaçante qu’il avait entendue alors que son corps était déjà sur le sol, entre l’éveil et l’inconscient. « Putain… » Lâcha-t-il, dans un souffle, comme une pensée qui s’était échappée d’entre ses lèvres alors qu’il comprenait peu à peu la raison de leurs présences simultanées dans l’hôpital. Il resta figé, laissant le silence planer, concentré sur ses souvenirs qu’il tentait de remettre en ordre, pour reconstituer cette soirée qui avait viré au cauchemar. « C’est toi qui m’as trouvé ? » Demanda-t-il, osant relever le regard vers Sahar, perdant soudainement ce semblant d’assurance et de contrôle face à elle. Levi, il comprenait qu’ils étaient désormais liés par leurs déboires, contre leur gré, suite à cette faute qu’il avait commise et qui semblait irréparable, les plongeant tous les deux dans les profondeurs d’un monde particulièrement dangereux.

Probablement qu’il lui faudrait un moment, avant d’admettre qu’il avait merdé et qu’il aurait dû s’en tenir aux paroles de Sahar ce soir. Et sûrement qu’il n’avait pas évalué l’ampleur des conséquences qui en découleraient, aussi bien pour sa collègue que pour lui. Levi, il s’était simplement laissé porter par cette envie de planer toujours plus, de mettre fin aux pensées anarchiques qui continuaient d’envahir son esprit, de le tourmenter, sans cesse, au point de l’empêcher de se raisonner. Il ne lui avait pas fallu plus de temps pour se jeter dans la fosse aux lions, d’y plonger la tête la première, sans même penser qu’il y avait un risque d’y laisser sa vie. Et c’était comme ça qu’il s’était retrouvé à moitié conscient, le corps gisant à même le sol, sans véritable signe de vie, comme si son âme s’était dissociée de sa chair. Jamais il n’aurait pu imaginer Levi, que cette nuit l’aurait mené vers le néant, que son existence n’aurait plus tenu qu’à un fil, et que c’était Sahar qui le sauverait de justesse du vide éternel. Et s’il lui avait fallu quelques heures pour revenir au monde réel, l’anglais avait rapidement compris que la présence de sa collègue à son chevet n’avait rien d’anodin, son expression trahissant tout ce qu’elle ne disait pas encore. Même à des kilomètres, il aurait pu percevoir cette frustration planer au-dessus d’eux, à laquelle la colère s’était greffée, n’ayant pas même besoin du regard fulminant de la serveuse pour comprendre qu’elle l’avait dans son viseur. Toujours désorienté, Levi se rattachait aux mots de Sahar, concis et brefs, pour raviver les bribes de souvenirs qu’il ne parvenait plus à remettre en ordre. « On sait qui a fait ça ? » Il n’avait clairement aucune idée de ce dans quoi il s’embarquait Levi, incapable de savoir qu’il s’engageait sur un terrain plus que glissant, sur lequel Sahar avait tout fait pour s’en détourner. Et soudainement, Levi revisualisa, se remémorant la pluie de coups, les mots, les tons menaçants qui s’étaient abattus sur lui avant qu’il ne perde conscience. Jusqu’aux mises en garde de la blonde, en fin de service. Et l’histoire se reconstitua, en un battement de cil, avant même que Sahar ne lui apporte d’autres informations, bien trop futiles pour la gravité de la situation dans laquelle il les avait plongés. « J’pensais pas qu’ils me tabasseraient. » Souffla-t-il, le regard fuyant, peinant encore à avoir une vision limpide des évènements et de leurs détails. « J’ai débarqué, j’leur ai demandé ce que je voulais, et c’est parti en vrille. » Expliqua-t-il, les sourcils froncés, bien conscient que Sahar remettrait en doute sa version des faits, lui qui pouvait déjà percevoir son scepticisme sans même capter ses iris. « J’comprends pas pourquoi ils t’ont appelé toi. T’avais pas à être concernée par mes conneries. » Reprit-il, grimaçant en voulant se redresser, constatant avec effroi les marques de violence qui ornaient la totalité de son corps plus que jamais affaibli.

Levi, il n’avait pas encore l’air de prendre conscience de la gravité des évènements, lui qui peinait déjà à reconstruire l’histoire, à raviver les souvenirs toujours flous de la veille. Pourtant, rien que la présence de Sahar à son chevet aurait dû l’alerter, parce-qu’il n’y avait aucune raison que ce soit elle qui ne vienne veiller auprès de lui, à moins que la situation ne l’y oblige. Et c’était ce qu’il commençait à comprendre, en percevant la noirceur de ses iris, la colère non dissimulée dans le ton de sa voix, et les mots qu’elle débitait pour tenter de lui extirper le plus d’informations possibles. Comme à son habitude, Sahar avait décidé de pas y aller avec le dos de la cuillère, prenant à peine en considération le fait que son réveil ne datait seulement que de quelques minutes, et que son esprit était encore embrumé par ce trop plein d’informations qu’il avait à digérer. Il releva les yeux vers elle à sa rhétorique, les sourcils froncés, désabusé par l’attitude qu’elle arborait. « C’est ce que j’ai l’air de faire ? » Rétorqua-t-il, optant lui aussi pour la carte du sarcasme, lui qui n’était de toute façon plus à quelques regards noirs près. Stimuler sa mémoire lui demanda un effort considérable, effort visiblement insuffisant aux yeux de sa collègue qui semblait perdre patience, l’amenant jusqu’à remettre en doute sa propre version des faits. « Pourquoi j’te mentirais ? J’y gagnerais quoi ? » Lâcha-t-il, soupirant plus bruyamment, la tension de son corps réveillant ses maux, sa peau recouverte d’ecchymoses encore sensible au moindre mouvement. « Putain Sahar, mais si j’te dis qu’ils se sont jetés sur moi sans la moindre putain de raison ! » Répéta-t-il, l’azur de ses iris confrontant ceux de la serveuse qui lui faisait maintenant face, debout au pied de son lit. « T’aurais dû me laisser crever si c’était que ça, ça aurait évité que je t’entraîne dans ma merde comme tu l’dis si bien. » Répliqua-t-il, sous le coup de la tension qui tiraillait ses entrailles, de cette nervosité qu’il peinait lui aussi à maîtriser maintenant que Sahar le mettait devant le fait accompli. Il ferma les yeux à ses derniers mots, accusant le coup, incapable de ne pas éprouver de regrets, parce-qu’il aurait été en effet bien plus simple d’écouter les avertissements de la jeune femme plutôt que de se laisser guider par ce besoin inéluctable d’abandon. « Sahar… s’il-te-plaît. J’avais trop bu, j’avais besoin de ces merdes. J’avais pas conscience de comment ça pourrait finir. » Avoua-t-il, cherchant à discipliner le tremblement à peine audible dans sa voix, parce-qu’il savait Levi, que Sahar n’en aurait rien à faire de ses excuses, ni même de ses explications.

Peu importait qu’il ait frôlé la mort quelques heures auparavant, Sahar semblait bien décidée à lui faire passer un sale quart d’heure pour ne pas avoir pris ses avertissements au sérieux. Evidemment qu’il avait merdé, et s’il ne l’admettait pas encore, il savait pourtant pertinemment qu’il était responsable du chaos qui avait bien failli lui coûter la vie. Il peinait d’ailleurs à réaliser la chance qui s’était présentée à lui, de savoir que ses ravisseurs avaient eu la clarté d’esprit d’informer Sahar de la localisation de son corps inanimé, gisant sur le bitume. Il avait lui aussi compris le message dissimulé derrière cet excès de violence, celui d’une mise en garde à prendre plus qu’au sérieux, le début d’une véritable descente aux enfers. « Putain mais tu crois que j’ai que ça à foutre ? » S’impatienta-t-il, s’épuisant davantage à tenter de convaincre sa collègue de ses mots, lui dont les souvenirs étaient encore emmêlés dans un nuage abstrait. « Qu’est-ce que j’en sais moi ? J’suis pas dans leurs têtes à ces tarés là, ils avaient sûrement envie de se défouler sur le premier camé du coin. » Lâcha-t-il, tentant de trouver un sens à ses propres explications, sans doute trop confuses aux yeux de Sahar, elle qui désirait certainement entendre une autre version des faits, où Levi serait à l’origine d’une discussion qui aurait dégénéré. Mais dans l’immédiat, il n’avait rien de tout cela à lui offrir, regrettant presque de ne pas pouvoir s’épargner de ce regard noir qui le fusillait depuis qu’il avait ouvert les yeux. La réponse de Sahar ne se fit pas attendre et se montra à la hauteur de ce qu’il avait imaginé, la serveuse n’ayant décidément aucunement intention de le laisser émerger calmement de son état encore comateux. « Je t’aurais manqué aussi. Tu peux l’avouer. » La provoqua-t-il, conscient qu’il ne ferait qu’embraser son état en rétorquant de la sorte, sans la moindre contrariété et dans un calme des plus olympiens. Sûrement qu’il avait compris Levi, qu’il était tout bonnement inutile de renchérir face à une Sahar aussi agitée, dont les mots étaient aussi aiguisés que des lames de rasoir, prêts à être lancés au moindre faux pas. Ses yeux suivirent la silhouette de la blonde parvenir jusqu’au pied du lit, la regardant évacuer malgré elle cette nervosité qu’il ressentait jusque dans les profondeurs de son âme, et qui faisait écho au tumulte qui se jouait dans son être. Il baissa un instant les yeux en comprenant dans quoi il venait de l’embarquer, prenant peu à peu conscience qu’il venait de bouleverser un équilibre déjà précaire, ô combien fragile, celui de Sahar comme le sien. « Hey écoute… J’peux aller les voir, leur dire que c’était qu’un malentendu, que t’as rien à voir dans cette histoire. » Souffla-t-il finalement, incapable de ne pas vouloir arranger la situation, même si elle semblait plus que mal embarquée. C’était maintenant que la culpabilité venait frapper à sa porte, alors qu’elle évoqua le prénom de sa moitié, lui faisant réaliser l’impact de ses débordements.

S’il avait su que l’après serait toute aussi épuisante, sans doute qu’il aurait préféré s’éterniser dans l’inconscience, pour au moins ne pas avoir à affronter le regard accusateur de Sahar. Levi, il avait simplement la sensation qu’elle l’avait attendu au tournant, ne lui laissant que quelques minutes à peine pour le laisser reprendre ses esprits, avant d’en découdre avec lui. Si tout ce qui semblait émaner d’elle n’inspirait que la colère et la frustration, l’anglais comprenait avant tout que c’était la peur qui guidait ses mots, cette appréhension auquel le désarroi s’était lié pour les mener jusqu’au chaos. Sauf que Levi, il n’était pas encore en état de réaliser ce que Sahar s’évertuait à lui faire comprendre, lui qui de toute évidence, ne connaissait pas autant qu’elle le milieu dans lequel il avait osé poser un pied. Pour autant, les paroles de la serveuse étaient assez tranchantes pour qu’il finisse par se rendre compte qu’il avait merdé en agissant égoïstement, trahi par son besoin d’oubli. « Tu sais quoi ? Crois ce que tu veux. J’vais pas te répéter cinquante fois ce que je t’ai déjà dit. » Finit-il par dire, d’un air résigné, n’ayant certainement pas envie de s’épuiser à la tâche alors qu’elle n’avait pas l’air de vouloir le croire une seule seconde. « Tu m’écoutes pas Sahar. Je t’ai déjà tout dit, si tu veux t’inventer un autre scénario, libre à toi de le faire. » Ajouta-t-il, refusant de jouer à ce jeu-là avec elle, à renchérir davantage quand elle ne daignait même pas prendre en compte ce qu’il avait à dire. Levi, il pouvait pourtant percevoir la tension imprégner les murs de la chambre, l’air en devenant presque irrespirable alors que la blonde effectuait les cent pas au pied de son lit. Il s’était laissé tenter -bien maladroitement- à quelques mots plus légers, entre humour et sarcasme, la réponse de Sahar lui faisant comprendre qu’il aurait très probablement dû s’y abstenir. « Quoi, tu vas me dire que c’est faux peut-être ? » Se risqua-t-il, sans se départir de cette moue presque arrogante, et surtout mal jaugée pour la situation actuelle. Son regard finit par accrocher celui de Sahar, dans lequel il pouvait aisément lire ce qu’elle s’efforçait à passer sous silence, probablement pour ne pas avoir à paniquer davantage. Il tenta une approche, rapidement écourtée par la rétorque de la serveuse dont le ton lui rappela qu’il était inutile de vouloir lui proposer une quelconque aide. « J’essaye de trouver une solution là, de faire en sorte que ça ait le moins de répercussions possibles. » Soupira-t-il, basculant sa tête vers l’arrière, trouvant l’oreiller pour amortir son mouvement, ses yeux se rivant vers le plafond immaculé. « T’as un plan ? » Souffla-t-il, après avoir laissé les secondes s’écouler et le silence redevenir le maître des lieux, juste avant qu’une infirmière ne vienne interrompre leur discussion pour vérifier ses constantes vitales. Presque docile, il se laissa manipuler par la professionnelle, la laissant s’assurer que le pire était passé. « Vous en avez de la chance, elle a veillé sur vous toute la nuit. » Il ne put s’empêcher de jeter un oeil en direction de Sahar, dissimulant à peine ce rictus qui était venu fendre ses lèvres, probablement plus touché qu’il n’en paraissait. Parce-qu’il savait Levi, qu’il lui devait sa vie et qu’elle était l’unique raison pour laquelle il respirait encore aujourd’hui.

Il n’était plus sûr Levi, de pouvoir supporter les incessants reproches de sa collègue, certes légitimes mais probablement trop violents pour l’heure actuelle. Pourtant, il aurait dû deviner que Sahar n’aurait pas fait dans la dentelle, elle qui n’était certainement pas du genre à user de faux-semblants quand la situation ne s’y présentait pas. Et même quand elle se présentait, d’ailleurs. Il était vivant, et c’était semble-t-il suffisant aux yeux de la serveuse pour qu’il reçoive ses foudres et comprenne la gravité des faits. Et s’il aurait aimé mettre fin à ce supplice, Levi n’en était tout simplement pas capable, lui dont les souvenirs paraissaient encore flous, loin des explications claires que Sahar attendait, exigeait. Le scénario qu’elle aurait voulu entendre, il le savait inexistant au fond, lui qui ne se remémorait que les coups qui s’étaient abattus sur lui, son destin basculant en un battement de cil. « Pense ce que tu veux. » Lâcha-t-il à son tour, incapable de renchérir davantage, puisque tous les arguments du monde ne suffiraient sans doute pas à satisfaire la jeune serveuse. Il était probablement plus simple de capituler plutôt que de tenir tête à Sahar, qui croyait dur comme fer qu’il dissimulait la vérité derrière une amnésie créée de toute pièce. Elle continuait d’ailleurs à le fusiller du regard, à lui faire comprendre qu’il n’était clairement pas le moment d’oser un trait d’humour, plus que bancal, même pour détendre l’atmosphère. Sauf que Levi, dans l’immédiat, il ne savait plus quoi faire pour tenter de calmer l’humeur massacrante de la blonde, finissant par prendre conscience que chacun de ses mots n’avait que pour effet d’amplifier sa frustration. « Sahar. J’ai compris qu’on était dans la merde. Ça fait dix minutes que tu passes ta frustration sur moi. » Et dix minutes que j’ai ouvert les yeux. Il préféra ne pas aggraver son cas en la provoquant davantage, taisant ces derniers mots qui avaient traversé son esprit. Ce n’était pas faute de vouloir trouver une solution, Levi qui proposa de se jeter lui-même dans la gueule du loup pour l’épargner elle, parce-qu’il n’y avait aucune raison qu’elle ait à payer le prix de ses propres erreurs. « J’suis désolé. » Ça ne changerait strictement rien à la situation et pourtant, il l’était vraiment, honteux de l’entraîner dans sa descente aux enfers, honteux de ne pas pouvoir la protéger de ses propres démons. « Se barrer ? Y’a forcément un autre moyen. » Lâcha-t-il, songeant aux solutions -trop peu nombreuses- qui s’offraient à eux, avant qu’ils ne soient interrompus par l’infirmière en charge de son cas, perdant l’attention de Sahar qui se réfugia derrière son portable. Il ne fut d’ailleurs pas plus surpris que ça du détachement de la serveuse, regrettant sans doute un peu qu’elle n’ait pas saisi les mots échangés. « T’en fais pas. J’crois que le pire est passé maintenant. » Ajouta-t-il, une fois l’intimité retrouvée, sans répondre clairement aux mots de Sahar, lui qui n’avait pas le droit de la retenir davantage après la nuit qu’elle avait passée, à veiller à son chevet. « Merci d’avoir été là. J'y serais passé sans toi. » Poursuivit-il, avec sincérité, relevant les yeux vers elle, lui faisant silencieusement comprendre qu’il serait maintenant capable de se gérer et qu’elle pouvait rentrer chez elle si elle le désirait.