nostalgic feel (zachélia / second)

Une semaine. Le temps qui s'est écoulé depuis que tu as croisé le chemin de ton ancienne petite amie, camarade de classe, meilleure amie. Celle avec qui tu partageais tout, de tes années de lycée jusqu'à il y a quatre ans de cela. Celle pour qui ton coeur ne cessait de battre le plus fort possible, à chaque sourire, ou regard inquisiteur. Elle a toujours su t'attirer vers elle. Elle a toujours su te calmer. Elle a toujours su qui tu es réellement.

Une semaine. Le temps qui s'est écoulé dans ton garage, à réparer des voitures, et à ne penser qu'à elle. Toujours, et encore. T'as failli te blesser au moins une vingtaine de fois, perdu dans tes pensées. T'as failli finir avec un doigt en moins, quand tu te remémorais ce dernier baiser échangé, il y a une semaine.

Puis-je vous demander un devis pour un changement de pneumatiques ?

Voix d'une gamine de dix-huit ans te sort de ta torpeur. Tu glisses hors de la carcasse de la vieille voiture que tu tentes de réparer. Devis réalisé en moins de cinq minutes pour la demoiselle. Mains pleines de cambouis, tu files dans les vestiaires te débarrasser de cette crasse. Tu soupires en apercevant ton reflet dans le miroir noirci par le temps. Lui aussi ne semble plus en bon état, comme toi aujourd'hui.

Une semaine, Zachary.
Une semaine que tu penses davantage à elle, qu'en quatre années consécutives.
Une semaine que tu imagines le doux visage de ta progéniture.
Une semaine que tu te demandes si finalement, une dernier chance ne vous serez pas apporter.
Une semaine que ça trottine, te hante, et que tu te remémores tout les bons moments les plus incroyables de ton passé.

Regard se pose sur le calendrier crasseux de ton bureau. Ce soir, c'est le jour où vous aviez décidé de mettre fin à votre relation. Dans quelques jours, c'est le jour de la Saint Valentin. Ne devrais tu pas agir sans réfléchir, pour une fois, Zach ?

Journée s'en suit. Trop lentement à ton goût, car tu as décidé de te rendre chez elle après ta dernière réparation. Dix neuf heures. Dernier coup de clé à molette, et tu files te changer et prendre une douche dans les vestiaires du vieux garage. Dix neuf heures trente. Est-ce que c'est une bonne idée ? Et si le gamin est là ?

Tu prends ton courage à deux mains.
Tu soupires, tu inspires un bon coup.
Tu entres dans ton pick up, et tu prends la direction de ton ancienne maison.
De sa maison.

Qu'est-ce que tu fous bordel...

Tu grommelles à toi-même, debout devant la porte fraichement repeinte de votre ancienne maison. Tu te mords la lèvre. Tu soupires. Tendu, tu frappes lentement à la porte. Palpitant perd pied dans ta poitrine.

La porte s'ouvre.
Minois lumineux découvre ton visage fatigué.

S-Salut. Je pensais qu'on pourrait aller manger quelque chose ?

Tu fonces. Tu percuteras peut être un mur, Zach.
Mais au moins, t'essayes...
Car ton coeur, lui, brûle d'amour pour elle.

« Salut .. Manger ? Euh .. C'est la St-Valentin. J'imagine que t'avais oublié. »

La claque te ramène sur terre. La frustration d'entendre la douce voix du bambin que tu n'as pas élevé. Grincement de dents. Serrage de poings. C'est une si bonne idée que tu as eu là, Zach. C'est une si bonne idée de te présenter à l'improviste chez elle. Tu soupires, te grattes la tête comme à ton habitude. Gêné. Perturbé par la belle robe de la demoiselle. Perturbé par la beauté qu'elle affiche, ce soir.

« Je sortais. Mais je peux annuler mes plans. Nous devons parler, je crois. »

Elle annonce, suivit d'un geste similaire au tien. Tension et gêne glissant dans votre bulle. Tout le courage que tu as pu acquérir depuis le matin même, s'échappe, s'envole. Tu perds à nouveau des moyens, comme quand tu étais gamin, face à elle, chevelure et regard de braise qui t'a toujours autant perturbé.

Je suis désolé, je-

Phrase reste en suspens. Babysitter débarque, te laissant silencieux, alors qu'elle prend la décision de décommander sa soirée, et de laisser le gamin à une étrangère. A tes yeux, sûrement pas aux siens.

« Tu sais .. Un Fast-food fera l'affaire, je pense que nous devons juste parler. »

Visage sans réaction, perdu dans tes pensées. Tu finis par lui lancer un sourire léger, sincère. Tu finis par observer davantage cette belle robe rouge qui met en valeur autant ses formes, que son doux minois de porcelaine et sa chevelure d'un ébène flamboyant.

Je ne voudrais pas m'imposer, Ophélia. J'aurais du t'appeler, je suis désolé.

C'est de famille. Les Andrews ont toujours pris des décisions hâtives, sans demander l'opinion des autres, sans prendre en compte le reste du monde qui les entoure. C'est de famille, Zach. T'es aussi impulsif dans tes décisions qu'autrefois. Un baiser ne résoudrait rien, sans doute, mais, tu ne peux quitter du regard les lèvres de la demoiselle qui se mouve en face de toi. Une étreinte ne résoudrait rien, sans doute, pourtant, tout ton être réclame, ton coeur bat à tout rompt.

Ce manque violent, de tendresse, d'elle.

Nous pouvons aller au restaurant de la plage, non ? Comme...

Tu grimaces.
Comme autrefois ?
Tu lui tend ta main pour approbation.
Car elle aussi, connait le passé qui vous relit.
Car elle aussi, sait à quel point ce restaurant est un lieu important pour vous.
Premiers rendez-vous, premiers flirts, premiers battements de coeurs.

- Tu ne t'imposes pas Zach. En fait .. C'est bien que tu sois là. Nous avions besoin de parler et je pense que c'est l'occasion.

Elle s'éclipse après ces quelques mots, te laissant à nouveau sur le pas de la porte. Tu observes autour de toi, les quelques pots de fleurs et décorations diverses qu'elle a apporté à la façade de votre ancienne demeure. Sourire se dessine sur tes lèvres, comme fier d'observer qu'elle a su se débrouiller sans toi, toutes ces années. Elle réapparait, te faisant sortir de tes songes. Tes yeux ne quittant pas la demoiselle.

- Autrefois...

Face à toi, elle finit ta phrase, dans une expression indescriptible. Main dans la main, cette fois, douleurs d'autrefois s'évaporent. A quelques pas de la maison, se trouve l'ancien restaurant dans lequel vous aviez fait votre premier rendez-vous. Le restaurant où tu l'aurais bien demandé en mariage. Le seul endroit où vous vous étiez senti connectés, heureux, à l'époque. L'air de la mer frappe tes narines, te rappelant ainsi davantage de souvenirs de ton enfance, et de cette adolescence passé.

Couple inexistant se fraye un chemin jusqu'à la porte du restaurant. Tu laisses passer Ophélia en lui retenant la lourde porte. Serveur vous accueille d'un énorme sourire, vous invitant déjà vous asseoir à quelques mètres, face à la splendide plage éclairé par des milliers d'étoiles, ce soir. Tu déglutis difficilement, glissant le regard vers la table désigné par le serveur.

- C'est .. Tu te souviens ?

Souvenirs te frappent en plein fouet. Palpitant reprend du service violemment. Tu inspires profondément pour calmer ardeur et stress. Tu t'assois face à elle, évitant son regard, intimidé par tant de similitudes, tant de souvenirs profonds. N'était-ce pas finalement une erreur d'être aller à sa rencontre ? Zachary Andrews, tu es un idiot de le croire.

- Merci .. De l'invitation. Je suis désolé d'avoir été froide tout à l'heure, mais je suis contente d'être ici.

Moi aussi, je suis content.

Tu glisses entre tes lèvres, soupirant. Le menu entre les mains, silencieux, tu recherches le plat qu'elle avait décidé de prendre à l'époque. Recherchant presque à ce que le souvenir devienne réalité.

Silence entre vous se glisse.
Serveur s'approche et demande un apéritif.

Madame va prendre un Cosmo, et je vais prendre un Whisky.

Tu te rappelle très bien sa boisson préféré.
Tu te rappelle tellement de choses d'elle.
Serveur repart.
Tu relèves le regard vers elle.
Ancré dans les profondeurs de ses prunelles.
Tu t'enfonces littéralement, palpitant perdu dans les limbes de tes sentiments les plus profonds.

Comment vas Tommy ?

Sujet qui fâche. Pourtant, tu sembles totalement ouvert à en connaitre les détails, sur ce garçon que tu n'as pas vu grandir.