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Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.

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 #30 ‌Hear my heart burst again for this, this is the end (auvio)

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Anonymous
Invité
#30 ‌Hear my heart burst again for this, this is the end (auvio) Empty
MessageSujet: #30 ‌Hear my heart burst again for this, this is the end (auvio)   #30 ‌Hear my heart burst again for this, this is the end (auvio) EmptySam 29 Juil 2023 - 18:43

Ces dernières semaines, ces derniers mois étaient le reflet d'un véritable enfer pour Livio. C'était l'ascenseur émotionnel : la naissance de Milla lui avait apporté une joie immense, malheureusement contrebalancée par cet accident qui avait changé sa vie. Il aurait aimé profiter à fond de cette nouvelle vie à quatre, mais à la place, il traînait sa carcasse, ce corps qu'il ne contrôlait plus et qui l'handicapait au quotidien. Forcément, pour un homme comme Livio, qui croquait la vie à pleines dents, toujours avide de nouvelles expériences, cela représentait une cage. Une cage de laquelle il n'arrivait pas à s'extirper. Bien sûr, il faisait de la rééducation, mais cela n'allait pas assez vite. Il faut être patient, Monsieur Manzoni lui répétaient les médecins. Inlassablement. Mais cela n'entrait pas correctement dans sa petit tête à l'esprit bien buté. Alors il se braquait, se fermait comme une huître. Et son humeur était exécrable. Les enfants arrivaient encore à lui mettre du baume au coeur, les pitreries de son dynamique Leandro et les sourires de sa belle Milla étaient son essence, son moteur, ce qui lui permettait de tenir au quotidien. Mais ces derniers jours, face à une rééducation qui stagnait, des idées noires l'obsédaient. Il ne se retrouvait plus. Il ne savait plus qui il était, ce qu'il ferait de sa vie. Il était perdu. Mais au lieu d'en parler, il installait durablement sa carapace. Il passait ses journées dans son fauteuil, les yeux dans le vide, ne répondant qu'aux questions qui concernaient les enfants, ne bougeant que pour eux. Ses cheveux étaient longs, sa barbe était vieille de plusieurs jours, accentuant les joues creusées de son visage émacié, les cernes noires qui entouraient ses yeux si bleus dénués d'espoir. Oui, il n'était plus que le fantôme de lui-même. Moralement, il avait changé. Le battant avait baissé les bras, laissant place à une aigreur qu'on ne lui connaissait pas. Tout le monde en pâtissait, que ce soit ses médecins, les infirmiers, les kinés. Et surtout son entourage en pâtissait. Il s'était pris la tête avec Emilia - à qui il ne parlait plus depuis quelques jours -, il s'était pris la tête avec ses parents et surtout, il se disputait incessamment avec Aura. Ils n'avaient jamais connu cela, les deux tourtereaux. Bien sûr, ils avaient eu le droit à des disputes explosives, mais ils étaient toujours retournés l'un vers l'autre, en mettant de l'eau dans leur vin. Là, ce n'était pas le cas. Livio n'en avait pas la force. Bien sûr, cela le détruisait d'être ainsi avec sa femme, mais au fond, il estimait que c'était un mal pour un bien. Il avait peur de l'image qu'il avait auprès d'elle. Il n'était plus son mari. Il ne se voyait plus comme tel. Il se voyait comme une impasse, comme une perspective d'avenir bien sombre, où elle ne serait pas heureuse. Alors, il piquait encore et encore, attendant le moment de non-retour où elle allait en avoir marre. Là, elle serait libre.

En ce début de soirée, ils s'étaient encore pris la tête. Les enfants étaient couchés. Ils pouvaient donc enlever le masque de parents. La dispute était partie d'une futilité, d'un courrier qu'ils avaient oublié d'envoyer. Mais cette futilité s'était transformée en montagne. Ils avaient haussé le ton, jusqu'à ce que Livio tourne le fauteuil, en lâchant qu'elle lui cassait ses parties intimes. "Je vais me coucher." dit-il froidement, pour mettre fin à la conversation. Il alla dans sa chambre, cette chambre d'amis au rez-de-chaussée qu'il squattait depuis son accident, et ferma la porte derrière lui. Après un bref passage dans la salle de bains pour se rafraîchir, il s'avança jusqu'au lit médicalisé, installant son fauteuil roulant à côté. Il retira son t-shirt, descendit son survêtement, portant chacune de ses jambes flasques et amaigries pour retirer le vêtement et s'apprêta à monter sur le lit. Il posa ses deux mains sur le matelas, pivota les hanches et appuya sur ses bras pour soulever son corps. Mais il se rata et glissa du lit, en entraînant le fauteuil avec lui, dans un bruit énorme. Il tomba à terre avec fracas. D'abord sonné, il tenta de se redresser, de redresser son fauteuil. Mais la force n'y était plus et d'un geste brusque, poussé par l'adrénaline, il repoussa son fauteuil avec colère. Cette colère qui ne le quittait plus.

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Aura Luciano
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MessageSujet: Re: #30 ‌Hear my heart burst again for this, this is the end (auvio)   #30 ‌Hear my heart burst again for this, this is the end (auvio) EmptyDim 30 Juil 2023 - 10:38

J’avais cette sensation dans mon corps, qui pénétrait dans chacune des particules de ma peau, au chromosome près, et qui s’ancrait comme une certitude. Une certitude qui m’accablait autant qu’elle me faisait tenir. Comme un crochet rouillé, qui menaçait de se briser à tout instant, mais qui, pourtant, était mon unique support. Je ne pouvais pas lâcher. Je n’en avais pas le droit. À bout de bras, je tenais. Parce qu’il le fallait. Parce que c’était comme ça, parce que je n’avais pas à me poser la question. J’avais la sensation que si la digue finissait par rompre, les flots que je retenais à bout de force finiraient par tout engloutir et je ne pouvais pas le permettre. C’était inconcevable. Alors je tenais, point.
Et je tiendrais, aussi longtemps que possible.
Je tiendrais, même s’il fallait y laisser mon être entier.
Cette fois-ci pourtant, quand Livio quitta la salle à manger avec, une fois de plus, des mots qui me marquaient comme au fer rouge, je crus céder. Une souffle, yeux clos. Debout, les deux mains posé sur la table, je me rappelais le moment doux, comme pour mettre un peu de sucre dans mon quotidien amer. Cela ne me trompait mais cela avait au moins l’avantage de faire passer les choses avec plus de douceur. Au regard dur de Livio et à son ton acerbe se substituait les rires de Milla, et l’odeur des cheveux de Leandro.  Les mots de mon petit garçon qui commençaient à former des phrases, mélangeant l’anglais et l’italien. Les gazouillis de ma fille. Je m’attendrissais chaque jour des petits bonheurs véhiculé par mes enfants, et y puisais toute l’énergie dont j’avais besoin pour le reste.
J’ignorai combien de temps je restais là, à tâcher de ravaler mes sanglots, à ravaler ma peine mais un bruit sourd, rapidement des protestations et des injures de Livio, me fit rouvrir les yeux. Je me précipitai dans la chambre d’amis où mon mari s’était installé après l’accident, refusant que je vienne l’y rejoindre, prétextant que j’étais plus proche des enfants, à l’étage. Je trouvai Livio à terre, à côté du lit, son fauteuil trop loin de lui pour qu’il puisse y prendre appuie. « Comment tu as fait pour tomber ? » je demandai, sans réfléchir, tout en m’approchant pour venir le soutenir. « Tu t’es fait mal ? »  

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I'll leave my heart at the door
"I won't say a word
they've all been said before, you know
so why don't we just play pretend
like we're not scared of what is coming next
or scared of having nothing left”
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