j'écouterais sous la pluie, la symphonie des éclairs (alan)

tw : cigarette

Même pendant ses pauses cigarettes, Darren ne fait pas vraiment de pause, il ne coupe pas. Son portable à la main, il envoie des messages, lit des mails, y répond, tandis que sa cigarette se consume et qu’il tire dessus à intervalle régulier. Il faut dire qu’il sort régulièrement, très régulièrement, pour fumer, tant il a fini par être accro à ce petit bâton à l’air innocent. Il n’est pas rare qu’il regrette d’avoir commencé, mais toutes ses tentatives pour arrêter finissent en échec. Le sevrage est trop dur pour lui qui refoule déjà si souvent sa colère et sa tristesse pour prétendre que tout va bien. Parfois il se retrouve avec d’autres personnes du cabinet ou de l’immeuble dans lequel se trouve le cabinet, l’occasion parfois de discuter de certaines affaires puisque certains de ses clients se trouvent à un ou deux étages seulement de son bureau. Cette pause n’est pas vraiment une pause donc, encore moins lorsqu’il est rejoint par son frère. Quand c’est le cas, il prend une cigarette de plus pour encaisser le coup de devoir discuter avec lui et ne pas se montrer trop méchant à son égard malgré toute la foule de sentiments qu’il ressent pour lui. Autrefois très proches tous les deux, le poids des responsabilités les a fortement éloignés, jusqu’à ce qu’une guerre non-officielle commence entre eux, à coup de remarques et de reproches incessants. Ce que Darren reproche à son frère, il ne veut pas l’admettre, cela cristallise toutes les choses qu’il garde pour lui, pour garder son image d’avocat brillant dont la vie rangée et sans ombre lui convient parfaitement. Après avoir tiré une bouffée sur sa cigarette il lui demande « Tu as avancé sur les termes du contrat Kennedy ? La deadline est mardi et j’ai rien vu passer sur ça. » Il s’agit d’un client que leur père avait déjà et qu’ils ont récupéré à son décès. Darren aurait bien voulu s’en occuper mais il croule déjà sous les dossiers à gérer et il faut bien qu’il laisse son frère en gérer quelques uns même si c’est une source d’angoisse pour lui. Alan est bien moins sérieux que lui, il le comprend, il aurait aimé être comme ça et même ne pas reprendre le cabinet, ne pas être avocat, mais il n’a pas eu le courage de tout envoyer valsé et se sent à présent complètement prisonnier de sa vie, de son travail, qu’il fait au mieux malgré tout.

@Alan Hopkins  

tw : cigarette, blessure
Dès qu’il est entré dans le cabinet, Alan s’est senti mal à l’aise, et surtout, mal regardé. Ce bleu sous son œil ne passe pas inaperçu. Et il n’aime pas ça. Il ne veut pas attirer la pitié des gens qui pensent qu’il s’est fait agresser, ni le rire des autres qui ne l’apprécient pas. Il a essayé de dissimuler au mieux avec le maquillage de sa colocataire mais malgré les efforts, les couleurs bleuâtres sont toujours visibles au-dessus de sa joue. Il pense que tous les regards ne sont attirés que par ce détail alors qu’il baisse la tête en traversant le couloir. En réalité, il préfère juste ne plus être ici, alors être dévisagé ne fait qu’empirer la situation. Il y a peu de chance que des personnes le regardent comme ça, mais quand quelque chose dérange sur son visage, il est normal de penser que tout le monde le voit aussi. Les gens doivent seulement remarquer son état discret, qui est loin d’être habituel. En effet, en général, il salue tout le monde jovialement. Alors, certes, ce n’est pas son lieu préféré, mais Alan reste Alan. Il reste un petit blagueur, la personne sympa avec qui prendre ses pauses café ou cigarettes, la personne qu’on aime bien tant qu’on n’a pas de projet en commun. Il se faufile donc vers son bureau, donne un timide sourire à son voisin et ouvre son ordinateur. Une vingtaine de mails. Un soupire s’échappe de sa bouche. La journée va être longue. Il ouvre donc un premier mail, il évoque le dossier Kennedy. Le deuxième mail, pareil. Puis le troisième aussi. Alan lève les yeux au ciel et soupir une nouvelle fois. Il jette un œil à son agenda. Mardi. C’est mardi la deadline du dossier. Il a encore le temps. Bon, avant de commencer, il sort fumer sa cigarette, comme à son habitude. Cela l’aide à se détendre afin de pouvoir se concentrer sur son travail, et faire deux trois petits trucs, par-ci et par-là. Avec un peu de chance, il est accompagné de son collègue préféré avec qui il peut échanger sur ses soirées, ou autre. Mais malheureusement, l’univers n’est pas avec lui aujourd’hui, il se trouve nez à nez avec son frère. Il aurait fait demi-tour habituellement, l’évitant au maximum, mais Darren l’a remarqué. Et il ne peut pas s’enfuir. Avant, ils étaient bien proches. Avant, ils avaient les mêmes envies, désirs. Mais Darren a évolué, ou lui, il ne sait plus trop. Puis, finalement, cela ne change pas grand-chose, il est rare qu’ils se parlent sans se disputer maintenant. Et honnêtement, Alan se comporte mieux sans le voir. Il sort donc, allume sa cigarette, inspire un bon coup, et se fait attaquer directement par son frère, sur le dossier Kennedy, encore. Il souffle tout, tourne sa tête vers lui sans se rendre compte que le soleil illumine dorénavant son bleu. « Après inondation de ma boîte mail, tu viens me chercher pendant mes pauses » lâche-t-il avec un petit rire nerveux, petit rire agacé, tendu à moitié recraché par ses narines. « Tu l’auras pour mardi, comme convenu. Et on n’est pas mardi. » Alan, il n’a pas grandement avancé sur ce contrat, et le terminera au dernier moment, comme d’habitude. Il sera rempli, sans se donner trop d’effort, juste en respectant le strict minimum. Peut-être qu’il manquera une ligne ou autre, mais Alan aura juste pensé qu’elle n’était pas nécessaire.

tw : cigarette, blessure

Darren soupire un peu plus en voyant le bleu qu’arbore son frère. Il voit bien qu’il a essayé de le cacher mais il doit être suffisamment conséquent pour être vu sous le fond de teint. L’agacement dépasse l’inquiétude qu’il pourrait avoir à son égard. Si la rancœur et le ressentiment n’était pas aussi présent entre eux, il lui aurait peut-être demandé comment il s’est fait ça, si tout va bien. Là il préfère s’imaginer qu’il s’est tapé avec un gars pour une raison à la con, que ce n’est pas grave et qu’il a juste, encore une fois, déconné en soirée. Il pense aux clients qui vont le voir comme ça, il se demande s’il a des rendez-vous, la réputation du cabinet, tout le reste. Il se raccroche aux choses matérielles pour oublier les sentiments, c’est plus simple d’être sans cœur que d’avoir le cœur qui déborde de trop de choses. Alors il ne commente pas, expirant seulement la fumée de sa cigarette avec un agacement palpable, parlant boulot parce qu’il n’y a presque plus que ça comme sujet entre eux. Ils ne parlent plus de leur vie, l’autre seul sujet les ramenant ensemble étant la famille, leur sœur, leur mère parfois aussi. Darren lui parle du dossier qu’il doit rendre prochainement, sachant que ça ne fera pas plaisir à Alan qu’il essaie de le fliquer, il s’en fiche. « Si tu bossais suffisamment en dehors de tes pauses j’aurais pas à venir t’en parler. » répond-il, lassé. Il sait que son frère n’est pas incompétent, seulement plus flemmard, moins impliqué, il a nettement moins pris à cœur sa mission de reprendre le cabinet, laissant Darren endosser la majorité de la charge et assurer le statut de fils parfait, bien sous tout rapport. « Mm...tu as intérêt à assurer. Et arrange-toi quand tu auras le rendez-vous avec eux pour mettre un fond de teint un peu plus couvrant, ça fait mauvais genre là. » dit-il sans compassion pour ce qu’a possiblement vécu son frère. Lui est droit dans ses bottes même si ça lui coûte, même s’il a sans cesse de la colère à évacuer, de la tristesse à refouler, jusqu’à ce qu’elle sorte loin des regards indiscrets.

tw : cigarette, blessure

Commencer sa journée avec une pause cigarette en compagnie de son frère n’est pas l’idéal pour Alan. Loin de là. Il préfère largement prendre sa cigarette, au calme, avec peut-être un ou deux collègues, pour se divertir et c’est tout. Avec son frère, ce n’est jamais le cas. Pas de divertissement. Le travail n’est que le mot maître de leur discussion. De leur seule discussion, finalement. Ils ne partagent plus grand-chose, les deux, à part le cabinet, leur date de naissance et leur famille. Ce ne sont que ces faibles liens qui les lient aujourd’hui. Autrefois, ils étaient plus forts, mais ça a bien changé. Pour le bien ou le pire. Alan n’y réfléchit pas, il n’y voit qu’une personne qui vient l’embêter tous les jours, avec qui il n’a plus envie d’échanger, une personne qui ne le comprend pas. Et ça a tendance à le tendre, Alan. Il tire encore une  nouvelle fois sur sa cigarette, pour essayer de se détendre, de prendre sur lui. Ce n’est pas évident, surtout quand la critique est directe. Il lève donc les yeux au ciel, par réflexe, il ne peut pas s’y empêcher. « Tu m’en parlerais pas non plus si tu faisais autre chose que de bosser pendant tes pauses. » lâche-t-il, attaque-t-il même. Il en marre, Alan, qu’on vienne l’embêter à ce sujet-là. Le dossier Kennedy, il sera prêt. Les contrats aussi, tout. A temps. Peut-être pas parfaitement, mais il y aura du contenu, c’est certain. C’est donc insupportable de l’avoir sur son dos, Darren. Même pendant ses moments de pause. « Et je suis en pause, merci de la respecter. » finit-il par sourire avant de laisser le soleil illuminer son bleu. Ce bleu qu’il a essayé de cacher tant bien que mal en suivant les conseils de sa colocataire. Ce bleu qui reste visible,  car, merde, Darren l’a vu aussi. Alan apporte donc sa main à son visage pour le toucher. Oui, il est toujours bien présent, malheureusement. Il grimace à la réflexion de son frère. « Tu donnes des tutos beauté maintenant ? » prononce-t-il en souriant, en le provoquant un peu. Alan reste Alan, un peu con, toujours dans la provocation. Il pourrait apaiser les tensions, mais impossible, les jumeaux se sont lancés dans une petite guerre. Une guerre qu’Alan ne voudrait pas perdre, par prétention, par fierté. « Après le travail, c’est mon apparence que tu veux contrôler, c’est ça ? » Il sait très bien que Darren a raison à ce sujet. Il ne peut pas se présenter avec un bleu devant le client, cela ne passe pas pour un futur avocat, non. Il sait tout ça. Mais Alan ne veut pas voir la réalité, et ne la verra jamais. Alan, il souhaite se montrer au-dessus de tout, encore une fois. La chute sera sûrement encore plus dure.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, il y a des moments où Darren se détend, où il sort avec quelques amis boire un verre, où il fait du sport pour évacuer le stress qui s’accumule sans cesse, il brode aussi, mais ça il ne le fait pas à la vue de tous. Pourtant malgré ces moments de détente, il reste une personne qui travaille beaucoup, trop, qui est tendu en permanence et qui ne se voit pas vraiment faire une pause lorsqu’il sort fumer sa cigarette. Pas question de s’arrêter, il a trop de choses à gérer. Il veut faire les choses bien et il n’a aucune confiance en son frère pour les faire correctement alors il récupère autant de tâches de gestion qu’il peut, se trouvant comme excuse qu’Alan n’est pas encore diplômé et donc qu’il a moins d’expérience que lui. « J’ai pas de temps à perdre. » répond-il simplement bien qu’il sache au fond de lui que son frère a raison mais il est trop entêté pour l’accepter. S’il était réellement lucide et qu’il suivait ses envies, il ne ferait pas seulement une pause, mais il quitterait le cabinet et changerait de travail, ne se retrouvant pas du tout dans le métier d’avocat qu’il pratique, encore moins lorsqu’il s’agit d’aider des compagnies peu scrupuleuses. Darren leva simplement les yeux au ciel lorsque son frère lui signifia qu’il est en pause et qu’il aimerait qu’il ne lui parle pas de boulot. Il se dit qu’Alan pourrait bien être capable de lui faire un procès pour ne pas respecter ses pauses, même s’il ne pense pas qu’ils en arrivent là un jour, ça serait bien extrême. A moitié en respectant la demande de son frère, il lui parle de sa blessure et du fait que ça ne passe pas très bien devant les clients. Il a beau avoir tenté de camoufler le bleu, il ressort quand même, rien que parce qu’il est légèrement gonflé et que même si la couleur ne se voyait plus, la petite bosse ressortirait tout de même. « Il semblerait que t’en ai besoin. » Darren n’est pas un expert en maquillage et ne saurait pas quoi lui conseiller d’autre que de mieux cacher le tout. Il doit bien y avoir des crèmes ultra-couvrantes, non ? « Ton apparence au travail, oui. Ce que tu montres, c’est pas juste toi, c’est tout le cabinet et j’ai pas envie de perdre des clients à cause de toi. » Déjà qu’il peut continuer à faire la fête tandis que lui doit avoir sa petite vie bien rangée où rien ne dépasse, où tout semble parfait, il n’est pas prêt à ce que la vie de son frère vienne porter préjudice au cabinet, dont il essaie de prendre le plus grand soin malgré ses valeurs parfaitement à l’encontre de son métier. « Si j’me fais chier pour qu’on garde une bonne réputation c’est pas pour que tu viennes tout ruiner. »

tw : cigarette
Alan souffle. Une nouvelle fois. Entendre les mots de son frère le fatigue bien avant d’avoir commencé sa journée. Et ce n’est jamais une bonne nouvelle. Alan sera tendu le reste de la journée, il le sait. Et il fera tout pour éviter son jumeau, quitte à prendre des pauses à l’extérieur du bâtiment, pas avec ses collègues. Il aurait vraiment aimé tombé avec un de ses collègues avec qui il rit, il plaisante et lance des blagues tout le temps. Mais non, le destin veut qu’il se retrouve devant lui. « Alors perds pas ton temps avec moi. » lance-t-il avec un faux sourire avant de vite refaire une tête neutre. C’est de l’attaque, il s’en moque maintenant. Et puis, il est comme ça, Alan. Il parle avant de réfléchir, il attaque, il est impulsif. On ne peut pas le retenir, c’est pire qu’un lion en cage. Il sait qu’il y a mieux comme comportement à adopter, il sait qu’il pourrait jouer la carte de l’empathie ou autre. Mais on dirait qu’il ne le souhaite pas. Comme si la relation entre les deux est vouée à ne jamais s’assouplir, à être plus douce. Alan reste sur ses positions et ses attaques. Peut-être qu’il bougera, mais il n’est pas prêt. Pas aujourd’hui, ni demain. Mais visiblement, cela semble similaire pour son jumeau qui décide aussi de parler du sujet sensible d’Alan, aujourd’hui. Sa blessure. Alan a tout fait pour la dissimuler : fond de teint, poudre, il ne sait trop quoi. Il ne s’y connait pas trop en maquillage (voire même pas du tout, hein), c’est plutôt sa colocataire qui l’a aidé sur ce sujet. Et comme il râlait, elle n’a pas pu finir correctement. Et ça se voit puisque Darren ne rate pas l’occasion de lui faire une remarque désagréable. Pas d’empathie aussi de son côté, au moins, ils sont quittes les jumeaux. Ils naviguent sur la même longueur d’onde sur leur relation. Bien triste, mais bien réel. Il sourit à nouveau faussement à son jumeau, et rit légèrement. Ses réflexions ont tendance à l’irriter, et celle-ci encore plus, dirait-on. « T’as pas envie de perdre des clients ou plutôt t’as honte de moi ? Que le nom Hopkins soit associé à moi ? » lâche-t-il en le provoquant à nouveau. Alan a tendance aussi à ne pas supporter les fausses remarques de Darren. Il demande juste de l’honnêteté, pas de sa soi-disant supériorité hiérarchique. Cela le gonfle qu’il le prenne de haut aussi. Enfin, tout l’irrite et le déchire quand il s’agit de Darren. Rien n’est vraiment neutre. Alan aspire une dernière fois sur sa cigarette avant de se tourner et de jeter son mégot dans la poubelle dédiée à ça. Il écoute en même temps la dernière phrase de son jumeau. Aïe ça fait mal. « C’est marrant, on dirait presque papa. »lâche-t-il, le dos encore tourné à son frère. Peut-être la phrase de trop. Peut-être la phrase qui impactera leur relation définitivement. Peut-être tout ça. Mais Alan n’a pas pu se retenir de la sortir, il n’a jamais pu se retenir. Il peut être autant compatissant qu’attaquant et blessant.

tw : cigarette, violence verbale

Quand il voit Alan, c’est tout son ressentiment qui ressort, toutes ces émotions qu’il s’efforce d’enfouir au plus profond de lui au quotidien. Quand il le voit, ça lui rappelle tout ce qu’il a abandonné parce que son frère n’a pas eu envie de le faire. Qu’il vit à mille lieux de sa vie rêvée parce que son jumeau n’a pas voulu arrêter de faire la fête, parce qu’il n’a pas voulu céder tout de suite à l’appel du gendre idéal. Darren l’a fait et cette sensation d’être enfermé dans une vie qui ne lui plaît pas, c’est ce qui le fait étouffer chaque jour un peu plus. Lui aussi aurait bien aimé éviter son frère pendant sa pause, enfin sa sortie cigarette plutôt, histoire de ne pas recevoir en pleine face cette vie qui lui fait envie. Les sorties, la fête, faire ce qui lui plaît et aller à reculons au boulot, le crier haut et fort, ne pas faire semblant qu’il a toujours rêvé d’être avocat. « Je peux pas te virer alors je suis bien obligé. » lui rétorque-t-il, la méchanceté, la seule chose qu’il ressent à présent quand il le voit. Parce que leur relation s’est effrité à mesure que le poids de la vie a commencé à peser sur les épaules de Darren. Autrefois très proches, ils sont aujourd’hui davantage comme des collègues qui se haïssent que comme des jumeaux fusionnels. Pourtant cette époque manque à Darren, il ne le dira pas à Alan, parce que ça reviendrait à devoir lui avouer trop de choses, mais cette époque lui manque. Il avait l’impression d’être plus insouciant à cette époque, plus libre de ses choix aussi même s’il a fini par se diriger vers les études d’avocat sans que cela soit sa vocation. Aucun des deux n’a envie de reprendre le cabinet, pourtant ils sont tous les deux là, à se prendre la tête au pied de l’immeuble, le premier ne manquant pas de taper où ça fait mal sur le second et inversement. « C’est un mélange des deux je dirais. » réplique-t-il, n’hésitant pas à jouer la provocation à son tour. Darren sacrifie tellement au nom de sa famille et de sa prétendue destinée, qu’il n’accepterait pas qu’Alan vienne mettre à mal le cabinet et le nom de leur famille en ville. Alors forcément, après toutes ces provocations, la phrase ultime sort. Darren serait-il devenu comme leur père ? Est-ce que ce n’est pas ce que tout le monde voulait qu’il soit ? Qu’il prenne la relève au cabinet avec son frère, mais l’un ayant décidé d’y aller à reculons, il a dû endosser ce rôle seul. « Je préfère ça à jouer les connards dans ton genre ! » balance-t-il, sentant la colère bouillir en lui et sortir par petites coups de tout son être. Il aurait bien besoin de fumer un demi paquet de cigarette ou courir quelques kilomètres pour évacuer toute cette colère, cette frustration qui le bouffe sans discontinuer. « J’pourrais t’foutre un pain pour équilibrer les choses sur ton visage mais contrairement à toi j’essaie de me tenir. » Pourtant l’envie de taper dans un truc est réellement présente, mais l’idée que quelqu’un les voit se battre, surtout un potentiel client, suffit à le retenir.

tw : cigratte, violence.

La tension monte. Alan ne peut quasiment plus se contenir. Il a envie d’exploser, il a envie de le démolir. Mais il essaye fortement de se retenir. C’est dur, ce n’est pas évident. Il en veut un peu au monde, Alan. Il en veut de l’avoir mis dans un telle situation, avec son frère. Il en veut d’être là, de devoir faire semblant d’apprécier ce qu’il fait, de jouer à un jeu. Alors, il y va contre tout ça. Il assume, il essaye de montrer que rien ne va. Il n’attend qu’une chose : que tout cela se finisse. Alors entendre que son frère ne peut pas le virer, ça l’emmerde. Mais d’un autre côté, ça l’enchante. Il a encore ce petit pouvoir sur lui. Et c’est bien chouette, finalement. Il peut en profiter. Et de toute façon, il est trop imbu de lui-même qu’il ne voudrait absolument pas perdre sa place, juste pour l’ennuyer. C’est vrai, même s’il fait tout pour, son ego en prendrait un coup s’il venait à être viré. Là, il se sent juste au top, montrant qu’il peut profiter de tout, tout en bénéficiant de cette pseudo-stabilité. « Ca doit être dur tes obligations, tiens, si tu passes tout ton temps à me surveiller. » hausse-t-il les épaules. Alan sait très bien que Darren fait tellement plus. Mais il en a rien à faire à l’heure actuelle. Ce n’est pas le sujet. Tout ce qu’il souhaite, c’est qu’il lui lâche la grappe, qu’il aille retourner à ses soi-disant activités ultra importantes, et qu’il laisse vivre Alan. C’est puéril comme comportement, c’est bien vrai. Mais de toute façon, il s’en moque aussi, sa seule recherche est la provocation, la violence qui monte de plus en plus, dans leurs mots, dans leurs paroles. Ils le regretteront un jour. En tout cas, pour Alan. Il a dû mal encore à saisir pourquoi le nom Hopkins s’est divisé en deux, pourquoi il y a deux camps. Ils étaient si proches avant, si fusionnels. Et l’entendre dire qu’il a honte de lui, qu’il n’est pas digne du nom Hopkins, ça le blesse. Oui, d’accord, il extrapole beaucoup, mais il ressent ça. Et ce n’est pas très agréable. Il sourit alors, très rapidement, en hochant la tête pour ne pas montrer que ça le touche. « Et d’autres préfèrent ce côté Hopkins. » Les autres, c’est leurs anciens amis. Leurs amis avec qui ils partageaient les soirées et les quatre cents coups. Alan est resté proche d’eux, voir même a vécu des expériences incroyables auprès d’eux. Il ne souhaite pas se séparer de ces fréquentations, juste pour un métier, pour un travail qui ne l’intéresse pas. Darren a fait ce choix, tant pis pour lui. Le nom Hopkins, le nom à deux significations, encore une fois. Mais un nom sur lequel ils peuvent attaquer. Et Alan n’hésite pas en lui lançant une phrase qui pique, qui heurte. C’était le but recherché, et c’est obtenu. Il en est plutôt fier, mais pareil, il ne lui montre pas. Il rit à la réflexion de son frère. Les connards dans son genre. Vaut-il mieux être un connard qui profite comme lui ou un connard qui pourrit la vie des autres ? Le choix est vite fait pour Alan, même si cette question est clairement subjective et est tournée pour embellir sa réalité. « Fais donc. » sourit-il, pleinement dans la provocation. « T’arrives pas à me virer, t’arrives pas à m’foutre un point dans la gueule, c’est que tu m’aimes bien finalement ? C’est pour ça qu’tu me traques comme ça ? » Vraiment, c’est pas la chose la plus intelligente à dire. C’est loin de l’être. Alan pourrait tellement apaiser les tensions, mais il est juste insupportable, et odieux. Peut-être bien qu’il mérite ce deuxième point, comparé au premier. Peut-être qu’il mérite tout ça après s’être mis en spectacle avec son frère, dans le cabinet Hopkins. « J’te frapperai pas, t’inquiète pas, je suis jamais le premier à donner des coups. » finit-il avec un sourire. Il sait que son frère ne le fera pas, pas dans le cadre professionnel. Il sait aussi que ces phrases signent sûrement un point de non-retour, de fin définitivement de l’entente des Hopkins. Et ça, il s’en voudra énormément, ce soir. Pourtant, sa défense reste les mots, et il les utilise bien trop mal. Des mots qui blessent, qui font mal, et qui emmènent au poing, voilà comment il a fini avec ce bleu sur l’œil. Mais est-ce que cette stratégie est vraiment la meilleure ?

tw : violence

Dès qu’il voit Alan, les sentiments se mélangent, la haine et l’amour fraternel qui s’entrelacent et ne laissent dominer finalement que le ressentiment et la jalousie. Il y a toute cette rancœur que Darren ressent, l’impression que son frère lui a volé la vie qu’il n’aura jamais, comme si c’était lui qui l’avait obligé à devenir avocat, à reprendre le cabinet, à devenir sage et à arrêter de faire les 400 coups. Mais Alan ne lui a jamais rien demandé, il a juste tenu plus longtemps dans la bataille de celui qui deviendra sérieux le premier, alors aujourd’hui son frère lui fait payer, en se montrant supérieur au travail, en le rabaissant si l’occasion se présente. C’est un peu une manière de se venger, mesquine et pleine de non-dits. « J’aimerais bien ne pas avoir à te surveiller crois-moi. » dit-il d’un ton dédaigneux. Il ne le surveille pas vraiment de toute façon, il s’en fout de ce qu’il fait de sa vie, ça lui fait un peu moins mal de ne pas tout savoir justement. Mais il s’assure cependant qu’au travail tout tourne, que son frère avance dans son boulot, qu’il ne le fait pas trop mal, même si Darren jugera toujours qu’il le fait moins bien que lui. Petit à petit, les piques et les remarques se transforment en coups de poignard assénés pour faire plus mal à l’autre que le coup reçu, la tension monte et aucun des deux ne veut lâcher le morceau. Il veut bien croire que beaucoup de gens préfèrent Alan, il est plus drôle, plus cool, il est jamais le dernier pour faire la fête alors que son frère ressemble à un quarantenaire ennuyé par la vie et hautain, le choix est vite fait. Ce changement de trajectoire a coûté beaucoup d’amis à Darren, même s’il continue à voir régulièrement certains, que d’autres n’ont pas choisi de camp dans leur querelle. Il s’en est fait des nouveaux aussi, des personnes un peu plus posées et ça lui fait du bien aussi. Il regrette cette époque de fête mais il sait que s’il avait le choix, il ne sortirait plus autant et n’irait plus autant dans les excès. « Profite de ta popularité temps qu’elle dure. » lui réplique-t-il seulement avant que les bombes ne continuent d’être lâchées à tour de rôle. L’envie d’aller plus loin que les mots ne manque pas des deux côtés, mais chacun à ses raisons de ne pas se jeter l’un sur l’autre juste devant les portes du cabinet. « Nan c’est que j’vais pas m’abaisser à ça. J’te traque pas, j’en ai rien à foutre de ta vie, si tu t’barrais ça serait plus simple ! » Il lui balance ça en retenant sa colère en lui, en gardant un ton pas trop haut pour ne pas attirer l’attention. Il sait qu’il faudra qu’il explose ce soir, il ira défoncer un sac de frappe jusqu’à avoir la tête qui tourne et demain la vie reprendra, encore un peu plus longtemps, jusqu’au prochain jour, jusqu’à la prochaine vague, jusqu’à ce qu’il n’arrive plus à sortir la tête de l’eau. « C’est p’t’être pour ça qu’on s’est jamais foutu sur la gueule pour de vrai, on est trop gentleman pour s’en foutre dans la gueule. » Parce que Darren non plus ne veut pas lancer les choses, il n’est pas du genre à se battre, à être violent envers les autres. Parfois il en a envie, comme là, mais comme dans toute sa vie, il arrive à se contrôler, à ne pas déraper, à contenir un peu plus la colère et tout le reste.

Alors ne le fais plus. Voilà ce qu’Alan aimerait répondre à son frère, là, maintenant. Pourtant à la place, il roule juste les yeux au ciel et souffle une nouvelle fois. C’est ça, ce refrain, une de ses seules interactions avec lui. Lever les yeux, les rouler, et souffler. Encore et encore. La mélodie, il la connait par cœur. La danse, elle est automatique. C’est tout. Tout ce qu’il reste entre les deux. Et peut-être que c’est pas plus mal, non ? Alan ne sait plus trop où se positionner dans tout ça. Il a tout autant envie de l’envoyer chier, de l’insulter et de le bloquer de partout que de le prendre dans ses bras et lui demander de redevenir comme avant. Drôle de sensation. « Aller bro, ça te rajoute du travail supplémentaire, abandonne l’affaire. » finit-il par dire sur un ton faussement amical, faussement inquiet pour son frère, faussement compatissant. Il rate beaucoup trop l’occasion de se taire, Alan. Toujours vouloir le dernier mot. Ce n’est pas très professionnel de lui dire ça. Il se croit encore au-dessus de tout. Pourtant, il sait que cela irriterait son jumeau, et que la chute sera encore plus douloureuse. Bro quelle idée d’utiliser ce diminutif. Comme s’ils étaient si proches que ça. De toute façon, la discussion s’envenime seule. Ils vont de plus en plus dans la violence. La fraternité, la bienveillance, tout ça, c’est parti bien loin. C’est à celui qui blessera le plus. Et le perdant est celui qui pleure en premier. Cela sonne comme un mauvais jeux d’enfants, de gamins, complétement stupides et immatures. Mais pourtant, ils se sont enfermés dans cette boucle infernale dorénavant. Alan n’y voit pas de sortie. Impossible même d’y échapper sauf… Sauf si un des deux capitulent. Or la démesure de leur fierté les bloque, tous les deux, et surtout Alan. Il sourit à sa réflexion. Oui, il profite de sa popularité, d’être invité à toutes les soirées et d’être le premier qu’on appelle pour un truc cool. « Je l’abandonnerai pas, t’inquiète pas, je ne suis pas comme toi. » Alan n’y pense même pas une seconde, et se demande bien pourquoi son frère a pris cette décision. Mais il n’a jamais cherché à comprendre, il a juste cherché à s’échapper de cette vie, ce qui crée donc cette tension entre les deux. Cette tension qui monte, qui les démange, qui pourrait presque les pousser à dépasser la violence des mots. Alan ne fait rien pour l’apaiser. Au contraire, il la nourrit, il l’entretien. Peut-être jusqu’au point d’un non-retour. « C’est ce que je me disais, t’es trop lâche. Il faut encore que ce soit moi qui agisse. Qui doit se barrer. Trop lâche pour me frapper, trop lâche pour me virer. » lâche-t-il. On dirait qu’il le cherche, le poing. La frappe. Le geste de trop. Celui qui fera tout basculer. On dirait qu’il le veut, que ça en finisse une bonne fois pour toute. Pourtant, il ne le lancera jamais. Il ne sera jamais le premier à faire ce geste. Et visiblement c’est le cas pour son frère. Il rit à sa réflexion. « Pourtant ça pourrait nous faire du bien, non ? » enchaîne-t-il, toujours accompagné d’un bon rire. Comme quand ils étaient gamins finalement, une bonne dispute, une séparation par leur mère, et une paix à nouveau établi. Est-ce un schéma vraiment imaginable, aujourd’hui ?