bring me peace, sing me to sleep. (julian)

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Allongée sur son lit, les yeux grands ouverts, Maybelle ne parvenait pas à trouver le sommeil. Cela arrivait de plus en plus fréquemment ces temps-ci. Dès qu'elle se retrouvait seule, son cerveau se mettait en marche et elle n'avait plus aucun répit. Elle ne faisait que penser. Penser à tout ce qu'elle détestait chez elle, à toutes les erreurs qu'elle avait commises, au chaos qu'était devenue sa vie... Mais aussi penser à son fils, qui était quelque part avec des gens qui n'étaient pas ses véritables parents. Chaque jour devenait un peu plus difficile ; elle avait l'impression qu'elle ne parvenait plus à garder la tête hors de l'eau, que son masque de jeune fille joyeuse et pleine de vie tombait peu à peu et que son vrai visage se révélait au monde. Toutefois, elle redoublait d'efforts pour que personne ne remarque rien. Elle continuait à sourire même quand elle n'en avait pas envie. Elle riait quand elle ressentait le besoin de pleurer. Répétait à qui voulait l'entendre que tout allait bien et qu'elle était heureuse. Si elle arrivait sans mal à convaincre les autres, elle ne parvenait plus à se mentir à elle-même. Elle sombrait de plus en plus. Parfois, lors de soirs comme celui-là, elle pensait au pire. Combien de personnes la regretterait si elle n'était plus là ?

Elle jeta un coup d’œil à son téléphone portable. Il était une deux heures du matin passées. Cela faisait plus de quatre heures qu'elle essayait vainement de dormir. Quatre heures qu'elle replongeait sans le vouloir dans le passé et qu'elle avait l'impression de suffoquer. Quatre heures que des idées noires allaient et venaient dans son esprit. Elle ne pouvait pas rester comme ça, elle allait finir folle. Se levant sans attendre, elle se rendit jusqu'à la porte de chambre de Julian. Puis elle hésita. Bien sûr, il lui avait assuré qu'elle pouvait le déranger à chaque fois qu'elle en avait besoin, jour et nuit. Mais elle ne voulait pas le réveiller à deux heures du matin sous prétexte qu'elle n'arrivait pas dormir et qu'elle avait peur de finir par se jeter par la fenêtre tant le flot de pensées qui traversait son esprit en permanence était insupportable. Le réveiller en pleine nuit signifiait lui laisser entendre qu'elle allait mal et elle n'était pas sûre d'en avoir la force. Pourtant, il le fallait. Elle ferma les yeux pour se donner du courage et frappa à la porte. Celle-ci ne tarda pas à s'ouvrir et elle se retrouva face un Julian ensommeillé. Elle ne pouvait plus reculer.

Je désolée de te réveiller mais je... J'arrive pas à dormir. Elle s'arrêta en sentant sa voix commencer à trembler un peu. Non, elle n'allait pas se mettre à pleurnicher comme une gamine. Se ressaisissant, elle soupira doucement. Je peux rester avec toi ? J'ai pas envie d'être toute seule.

Elle devait avoir l'air stupide à lui demander si elle pouvait dormir avec lui comme le font les enfants lorsqu'ils font des cauchemars. Pourtant, elle était déterminée à ne pas passer le reste de la nuit seule. Elle en arrivait à redouter les moments où elle serait en tête-à-tête avec elle et cherchait à tout prix la compagnie. Elle ne se supportait plus.

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❝ Maylian

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Contrairement à ce que Julian avait pu penser, la colocation avec Maybelle se passait relativement bien. Certes, ils avaient du temps à rattraper, mais chaque jour, leur complicité se renforçait. Maybelle et Julian étaient destinés à bien s'entendre, cela était indéniable. Ils avaient bien trop de points communs, avaient traversé des crises similaires dans leurs vie et ce, malgré leur jeune âge. En un seul regard, ils pouvaient se comprendre. Cela n'était pas courant chez Julian et c'était bien la raison pour laquelle il prenait soin de cette complicité (re)naissante. Et il espérait bien que cela allait durer encore très longtemps. Ce soir, il était rentré sur les coups d'une heure du matin, plutôt joyeux après avoir bu quelques verres. Raisonnable, quand on savait qu'il avait tendance à découcher assez souvent. Cette fois-ci, il avait fini par retrouver le chemin de son appartement, voilà tout. Epuisé, il ne lui avait fallu que quelques minutes pour sombrer dans un profond sommeil. Mais quelques minutes plus tard - c'était l'impression qu'il avait - ce fut quelques coups sur la porte qui le réveillèrent en sursaut. Il grommela, tel un homme de Croc-Magnon et engagea une rude bataille avec sa couette, afin de s'extirper de son lit. S'ébouriffant les cheveux, il alluma la lampe de chevet et s'avança d'un pas lourd jusqu'à la porte, sa main tâtonnant à la recherche de la poignée. Il n'avait dormi qu'une heure et quelques, forcément, son esprit était plus qu'embrumé. Il découvrit alors Maybelle sur le pas de la porte. Il plissa ses yeux rougis par le sommeil, tentant de déchiffrer ce qu'elle lui disait. Assez difficile, quand on savait qu'il était plus ou moins en train de décuver. Mais il ne fallait pas être Einstein pour comprendre qu'elle n'était pas au mieux de sa forme. Il hocha doucement la tête et ouvrit plus grandement la porte.

Je t'en prie, entre.

Il se dirigea vers son lit, s'étira un instant et s'installa sur le bord, lui faisant un signe de la tête pour qu'elle vienne à ses côtés. Même si l'on voyait très bien que Julian avait encore du mal à émerger, une lueur d'inquiétude se lisait dans les yeux verts du jeune homme. Venir taper à la porte de son coloc' à 2h du matin, ce n'était pas forcément très rassurant. Encore plus quand cela concernait Maybelle.

Qu'est-ce qu'il se passe, Maybelle ?

Depuis quelques jours, Julian la trouvait beaucoup moins joyeuse, malgré le sourire qu'elle affichait en toutes circonstances. Elle pouvait duper n'importe qui. Mais pas lui...

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Maybelle s'en voulait terriblement de déranger Julian à cette heure-là. Surtout qu'il était rentré tard et qu'il devait avoir besoin d'une bonne nuit de sommeil pour récupérer. Mais elle avait peur. Peur de toutes ces pensées qui envahissaient son esprit jusqu'à lui donner la migraine, peur de ce qu'elle pourrait faire si elle restait seule trop longtemps... Peur d'elle-même. Elle n'était pas de ce genre de personnes très orgueilleuses qui refusent de demander de l'aide quand elles en ont besoin. Si elle ne parlait pas d'elle, ce n'était pas par souci de fierté mais plutôt parce qu'elle ne voulait pas inquiéter les gens inutilement. Quand on prétendait que tout allait bien, personne ne s'inquiétait. Et c'était tant mieux. Seulement ce soir-là, elle avait ressenti le besoin d'avoir quelqu'un auprès d'elle. Et elle savait que Julian répondait toujours présent quand elle en avait besoin.

Merci, murmura-t-elle d'un air désolé avant de se faufiler dans sa chambre sans attendre.

Elle se sentait déjà mieux, à savoir que Julian était avec elle et qu'elle ne serait pas seule. Sa simple présence suffisait à la rassurer. Elle s'installa à ses côtés quand il l'invita à le rejoindre. Maintenant qu'elle était là, à côté de lui, elle se sentait plus qu'idiote de l'avoir dérangé pour si peu. Mais il était bien trop tard pour partir. Il était réveillé et devait probablement se demander ce qui ne tournait pas rond pour qu'elle vienne frapper à sa porte au beau milieu de la nuit... Bingo. Il ne tarda pas à lui demander ce qu'il se passait, la jeune femme resta silencieuse. En pleine réflexion, essayant de mettre des mots que ce qu'elle ressentait. Mais elle en était bien incapable.

C'est rien, mentit-elle en lui adressant un sourire qui sonnait plutôt faux malgré tous ses efforts. Juste une insomnie.

Elle savait très bien que Julian ne goberait pas cette histoire d'insomnie. Pour une raison qu'elle ignorait, ils parvenaient à se comprendre sans se parler et elle était sûre qu'il avait remarqué que quelque chose n'allait pas. Si son sourire convainquait tout les habitants de Bowen, elle savait que Julian Callaway, lui, n'était pas dupe. Sûrement parce qu'ils avaient le même vécu. Ou peut-être parce qu'ils étaient pareils, tous les deux.

J'ai pas trop le moral, avoua-t-elle finalement en levant les yeux vers lui. Puis elle s'empressa de tempérer ses propos pour ne pas l'inquiéter : Ça va passer, c'est rien. D'ailleurs j'aurais pas dû te réveiller... T'as l'air crevé.

Elle le regardait d'un air attendri, jouant les mamans malgré elle. Si elle s'écoutait, elle lui aurait ordonné d'aller se recoucher et de finir sa nuit pour être en forme. C'était plus fort qu'elle : elle prenait toujours soin des gens auxquels elle tenait. Et elle tenait beaucoup à Julian. Leur relation était très importante à ses yeux et elle lui était reconnaissante pour tellement de choses qu'elle ignorait comment le remercier suffisamment. C'était un précieux allié. Un précieux allié qu'elle s'en voulait d'ennuyer avec ses états d'âme.

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❝ Maylian

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Face à son air désolé, Julian lui adressa un fin sourire. Elle n'avait pas à l'être. Il lui avait bien dit qu'elle pouvait compter sur lui. Pour tout et n'importe quoi, et il comptait bien tenir parole. Installé sur le bord de son lit, il lui avait fait signe pour qu'elle le rejoigne. Il avait besoin de savoir ce qu'elle avait, de mettre des mots sur ce malaise qui devait la ronger depuis plusieurs jours déjà. Julian connaissait assez bien les baisses de moral. Il les subissait depuis quelques mois et n'avait pas trouvé meilleur refuge que ses anti-douleurs. S'échapper de tout à travers des médicaments ou autres substances, c'était la solution de facilité. Il ne voulait pas qu'elle sombre dans de tels travers. C'était bien la raison pour laquelle il redoublait d'attention envers elle. Julian lui demanda directement ce qu'il se passait. Pas la peine de passer à travers quatre chemins, il savait qu'elle était mal et il insisterait tant qu'elle ne l'avouerait pas. Le jeune homme arqua un sourcil quand elle évoqua une insomnie. L'expression qui s'afficha sur son visage montra très clairement qu'il n'était pas convaincu.

Il n'y a pas que ça...

C'était une affirmation. Son insomnie n'était qu'une conséquence. Lui, il voulait connaître les véritables raisons, mettre le doigt sur la racine-même du mal qui la rongeait. Le blond lui lança un sourire réconfortant, l'invitant à se dévoiler davantage. Il était là, près d'elle. Toute son attention lui était dédié. Il n'y avait pas meilleur moment pour se confier. Très rapidement, elle lui avoua qu'elle n'avait pas le moral. C'était déjà un premier pas. Mais très vite, elle tenta de dédramatiser la situation et se soucia même de lui. Julian esquissa un nouveau sourire. Sacrée Maybelle... il ne la changerait pour rien au monde.

Oublie ça, tu as bien fait de me réveiller ! Le sommeil, ça peut se rattraper, les baisses de moral, ce n'est pas pareil. Il passa son bras sur les épaules de la demoiselle et l'attira contre lui. Son regard vert était planté sur elle. Je savais que quelque chose clochait. J'aurai dû venir te voir dès le début, au lieu de te laisser comme ça.

Cette fois, ce fut Julian qui afficha une mine désolée. Il s'en voulait. Mais il comptait bien se rattraper. S'il pouvait obtenir un vrai sourire, ce serait déjà une victoire pour lui. Il enchaîna, sur un ton encore plus sérieux :

Je sais que tu as tendance à tout garder pour toi, à afficher un sourire de convenance dans toute situation, mais pour une fois, je te demande de tout lâcher. Dis-moi tout, absolument tout.

Il avait bien quelques idées concernant cette baisse de morale, mais il voulait que ce soit elle qui en parle. Extérioriser, c'était LA solution, disait-on.

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Comme elle s'y attendait, Julian refusa de croire à cette histoire d'insomnie. Mal à l'aise, Maybelle baissa la tête et commença à tortiller ses doigts dans tous les sens. Il l'attira finalement contre lui et la jeune femme ferma doucement les yeux, inspirant profondément. Elle était tellement chanceuse d'avoir un ami comme lui qu'elle se sentait encore plus coupable de l'avoir réveillé. Elle ne le méritait clairement pas. Il lui demanda alors de tout lui dire et la jeune femme garda le silence pendant de longues secondes, essayant de trouver les bons mots. Elle n'aimait pas se confier mais elle lui devait bien ça. Elle était venue l'importuner en beau milieu de la nuit.

J'en sais rien, en fait, dit-elle finalement avant de laisser planer un nouveau silence. Je suis juste mal dans ma peau en ce moment.

C'était ça, le fond du problème. Elle-même. La vision qu'elle avait d'elle-même, plus exactement. Elle se trouvait tellement minable qu'elle ne supportait même plus de se regarder dans un miroir. Elle était sa plus grande et redoutable ennemie. Elle leva les yeux vers Julian, un petit sourire aux lèvres. Elle dédramatisait la situation. Une fois de plus.

T'as pas à t'en faire, ce n'est pas si grave, fit-elle d'un ton plutôt joyeux. Ça va passer, j'ai juste besoin de me changer un peu les idées et d'arrêter de me prendre la tête pour rien.

Elle y croyait vraiment. Elle était persuadée que ça finirait par passer avec le temps. Elle n'était plus à son premier coup de déprime. Celui-là était un peu plus fort que les précédents, c'est tout. Elle s'en sortirait. Elle n'avait pas envie d'ennuyer Julian en lui faisant la liste de tout ce qui n'allait pas. Cela ne changerait rien de toute façon. Cela dit, elle était touchée qu'il se montre si prévenant envers elle. C'était un ami en or et elle était réellement chanceuse de l'avoir à ses côtés.

Merci, fit-elle en plantant un baiser sur sa joue, lui lançant un regard reconnaissant. Je sais pas ce que je ferais si tu n'étais pas là.

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Durant les quelques secondes où Maybelle resta silencieuse, Julian lui adressa un sourire et resserra son étreinte. Il voulait vraiment la mettre à l'aise, la pousser à se confier. Garder tout pour elle n'était vraiment pas une bonne chose. Néanmoins, il fronça les sourcils quand elle lui donna la raison. Elle était mal dans sa peau ? C'était donc ça ? Encore une fille qui ne voyait à quel point elle était extraordinaire !

Maybelle... Tu es une personne formidable. Tu es belle, tu es intelligente, tu es débordante de vie. Tu donnes le sourire aux gens, je te l'assure. Depuis que tu vis ici avec moi, j'ai l'impression d'être plus joyeux. Tu es un rayon de soleil à toi toute seule. Et ça, ne laisse jamais personne te l'enlever. Et surtout pas toi. Je sais que tu as vécu des épreuves difficiles, mais tu en es ressortie grandie, plus forte. Beaucoup aurait sombré avant et pour moins que cela. Il faut que tu te rendes compte de tout ça. Ne te dénigre pas, tu es une fille bien. Si tout le monde pouvait être comme toi, je t'assure que le monde serait bien meilleur.

Il n'y avait pas plus sincère que lui à cet instant. Tout ce qu'il disait, c'était vraiment l'avis qu'il avait sur elle. Maybelle était une perle ! Mais comme à son habitude, elle tentait de dédramatiser. Sauf que cela ne fonctionnait plus.

C'est justement en me disant de ne pas m'en faire, que je vais m'en faire ! Mais je suis d'accord avec ton programme. Se changer les idées et ne plus se prendre la tête, ça change une vie. Tu risques de me voir encore plus souvent ces temps-ci, ma chère. Ne crois pas que je vais te laisser comme ça !

Il la regarda d'un air déterminé et hocha la tête pour approuver ses paroles. Quand elle lui déposa un baiser sur la joue, tout en le remerciant, Julian lui adressa un nouveau sourire. Elle n'avait pas à le remercier. Pour lui, c'était normal d'être présent pour elle. Quand il donnait son amitié, c'était du solide. Il préféra mettre une petite touche d'humour, reprenant sa dernière phrase :

"Je sais pas ce que je ferais si tu n'étais pas là". Sûrement beaucoup de choses ! T'imagines un peu la tranquillité que tu aurais !

Il laissa échapper un rire. Il fallait supporter Julian au quotidien. Maybelle y parvenait, c'était tout à son honneur. Le jeune homme se releva ensuite et lança un "je reviens" à sa colocataire. Une fois sorti de la chambre, il se dirigea vers la cuisine où il commença à faire un boucan d'enfer, en manipulant les placards, de la vaisselle, le congélateur. Il fallut attendre quelques minutes pour le voir réapparaître dans la chambre, deux bols de glace en main, chantilly et coulis de chocolat en prime et dvd.

Glace et "Very Bad trip", double ration de chocolat et Bradley Cooper. Ce n'est pas un programme anti-déprime de champion, ça ?!

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Maybelle écouta ses compliments d'une oreille attentive, bien que persuadée qu'il disait simplement cela pour lui remonter le moral. Elle ne se trouvait pas belle ni même intelligente. Et encore moins débordante de vie. Toutefois, le fait que Julian cherche à ce point à lui remonter le moral la touchait. Elle était réellement chanceuse d'avoir un ami comme lui. Quand il affirma qu'ils allaient se voir encore plus souvent à présent parce qu'il ne comptait pas la laisser tomber, la petite blonde afficha un sourire. Faible, certes, mais sincère. À défaut d'avoir des parents attentionnés et présents, elle pouvait compter sur ses amis hors du commun. Tentant de faire un peu d'humour, elle prit un air résolument dépité.

Oh non, ça craint, fit-elle comme si passer plus de temps avec lui était un véritable supplice.

Elle plaisantait, évidemment. Elle adorait Julian et sa compagnie lui faisait le plus grand bien. Rares étaient les personnes avec qui elle parvenait à être elle-même sans avoir peur ; Julian ne l'avait jamais jugée et elle n'avait pas peur du regard qu'il posait sur elle. Quand il argumentait qu'elle serait beaucoup plus tranquille sans lui, elle haussa doucement les épaules, un petit sourire étirant toujours ses lèvres fines.

Aussi étonnant que ça puisse paraitre, j'aime bien t'avoir sur le dos ! T'es plutôt de bonne compagnie. Enfin, quand on te connait bien. Parce que de prime abord, c'est pas vraiment ça, lâcha-t-elle pour le taquiner un peu.

Elle n'allait pas mentir : au début, elle avait vraiment redouté de se retrouver en colocation avec lui. Mais au final, leur complicité était très vite revenue et s'ils leur restaient encore des efforts à faire, elle pouvait dire sans se tromper qu'ils étaient en bonne voie pour redevenir aussi complices qu'avant. Elle avait l'impression que d'une certaine manière, leur lien était encore plus fort qu'avant.

Son colocataire s'éclipsa finalement et les bruits en provenance de la cuisine ne rassuraient pas vraiment Maybelle. Qu'était-il en train de fabriquer ? Il faisait tellement de vacarme qu'il allait finir par réveiller le quartier tout entier ! Attendant sagement sur son lit, elle ouvrit légèrement la bouche en le voyant débarquer quelques minutes plus tard, les bras chargés. Deux bols remplis de glace et un DVD. C'était officiel, Julian Callaway était absolument parfait !

Je vois que tu sais parler aux filles déprimées !, répliqua-t-elle d'un ton léger avant de l'aider à se débarrasser de toute ce qu'il avait dans les bras. Elle lui adressa un sourire reconnaissant au passage. T'es le meilleur coloc du monde, j'crois. Peut-être même de l'univers tout entier.

Puis elle alla s'installer sur le lit, bol de glace en mains, pendant que Julian mettait le film en route. Son programme était particulièrement génial : quoi de mieux que de la glace et une comédie pour se changer les idées ? Finalement, elle avait bien fait de venir frapper à sa porte. Sans quoi elle serait probablement en train de pleurer dans sa chambre, ressassant ses problèmes pour la millième fois de la soirée. Une fois le film lancé, elle regarda Julian avec son habituel regard malicieux. Comme si tous ses maux s'étaient dissipés et qu'elle était redevenue la Maybelle joyeuse et pleine de vie qu'elle était habituellement.

Tu m'autorises à m'extasier sur Bradley Cooper à voix haute ?, demanda-t-elle avant d'avaler une cuillère remplie de glace.

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❝ Maylian

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Malgré les compliments que Julian venait de lui faire, cela se voyait bien que Maybelle n'était pas réellement convaincue. Pourtant, elle devrait l'être. Julian était bien le dernier des hommes à faire des compliments à tire-larigot. Quand il le faisait, c'était toujours sincère et sensé. Elle avait tout pour elle. Simplement, elle ne s'en rendait pas compte. Toutefois, il continua sur sa lancée et énonça clairement qu'il ne la laisserait pas tomber. Elle allait même en avoir ras-le-bol de le voir, c'était certain. A sa réponse, Julian esquissa un petit sourire en coin et posa sur elle un regard malicieux.

Ouais, l'horreur !

Un rire s'échappa de ses lèvres alors qu'il haussa les épaules. De toute façon, la compagnie de Julian, soit on l'appréciait, soit on la détestait... C'était soit noir, soit blanc, jamais gris. Malgré tout, savoir que Maybelle appréciait sa compagnie le rassurait un tant soit peu. Il était très attaché à elle, malgré ces quelques années sans se voir, où les malentendus avaient ruiné leur complicité. Il hocha la tête à ses paroles, ne pouvant qu'approuver ce qu'elle disait. Julian, à première vue, n'était pas le bon copain que tout le monde rêvait d'avoir. C'était le sale gamin qui claquait des doigts pour avoir ce qu'il voulait, qui n'attirait les gens uniquement parce qu'il était populaire et coureur de jupons, et qui s'en était pris à "plus faible" que lui. Casey, le cousin de Maybelle, pouvait affirmer ce dernier point. Tout n'était que relation sans profondeur, hormis les quelques "privilégiés" qui avaient su creuser derrière cette façade d'égoïste irrattrapable. Pour ces personnes-là, Julian était prêt à tout et pouvait se montrer d'une loyauté sans failles. Maybelle en faisait partie.

J'avoue, ce n'est pas vraiment ça ! Je sais que je peux être chiant quand je le veux. Faut juste apprendre à me connaître.

Ils plaisantaient et pourtant, il y avait une énorme de part de vérité dans tout ce qu'il disait. Il n'allait pas renier sa nature d'enquiquineur pour paraître sympa aux yeux de tous. Alors qu'il sortit de la chambre, Julian avait entamé le programme "anti-déprime". Glace, chantilly, chocolat et dvd, il ne manquait rien. De retour dans la chambre, il esquissa un nouveau sourire aux paroles de la demoiselle. Pour sûr, il savait parler aux filles déprimées. Le chocolat, ça sauvait tout, bien évidemment ! Il répliqua avec une assurance fortement surjouée :

L'expérience, ma chère, l'expérience !

C'était surtout un coup de chance. Dans les films, les filles finissaient toujours avec un gros pot de glace en main. Il fallait bien tenter. Quand elle annonça qu'il était le meilleur coloc' du monde, voire même de l'univers, il répondit aussitôt :

Il faut bien que j'essaye d'être au même niveau que la meilleure coloc' de l'univers, voyons !

C'était bien vrai ! Maybelle était tout simplement LA colocataire à avoir. Même s'il avait redouté la cohabitation, il avait bien fait d'attendre de voir comment cela se passait, au lieu de prendre ses clics et ses clacs. Il serait passé à côté d'une belle complicité. Après avoir lancé le film, il prit à son tour place sur le lit, bol de glace en mains. Comme quoi, il n'y avait pas besoin de faire la fiesta à tout va pour passer un bon moment. Alors que Maybelle évoqua l'idée de s'extasier sur Bradley Cooper, Julian tourna la tête vers elle, sourire aux lèvres.

Mouais... mais pas trop hein ! Et pas trop fort ! Sinon, je risquerai d'être jaloux !

Il se mit à rire, haussant légèrement les épaules. En même temps, il y avait de quoi être jaloux de Bradley Cooper ! Reposant son regard sur la télévision, le film se déroula sans encombres, dans le rire et les commentaires insensés venant de Julian. Lui aussi, il voulait une virée comme celle-là à Las Vegas. C'était décidé. Un jour, il le ferait ! Mais avant de se lancer dans de tels projets, il avait espéré surtout une chose : que cette soirée ait rendu, un tant soit peu, le sourire à Maybelle. Il y tenait... Bien plus qu'on le croyait.

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Spoiler:

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