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↳ personnages attendus

Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.

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 “There’s a lot of things you need to get across this universe. Warp drive… wormhole refractors… You know the thing you need most of all? You need a hand to hold.”

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MessageSujet: “There’s a lot of things you need to get across this universe. Warp drive… wormhole refractors… You know the thing you need most of all? You need a hand to hold.”   “There’s a lot of things you need to get across this universe. Warp drive… wormhole refractors… You know the thing you need most of all? You need a hand to hold.” EmptyLun 17 Fév 2014 - 21:11

L’air frais. Casey lui trouva une odeur inhabituelle – c’était en vérité qu’il l’avait oubliée. L’air frais. Il tournait en rond depuis des jours. Il avait déserté les couloirs de la fac – ces lieux pernicieux où il risquait d’y trouver celle qu’il aimait – qui l’aimait ? L’avait aimé. Taraudaient des démons dans sa tête. L’avait aimé. C’est ainsi que son corps noué, emmêlé, embrouillé, il avait tout quitté. S’était cloîtré. Une semaine à tout refuser. Du boire au manger, du manger au dormir. Du rire – par-dessus tout les rires. Seule sa cousine avait été apte à le distraire. Les autres, il les avait tous renvoyés ; les quelques personnes qu’il avait vues avaient été des rendez-vous qu’il ne pouvait annuler – des rendez-vous pour oublier. Mais Maybelle en avait eu assez, et elle l’avait chassé. Chassé de son chez lui. Va dehors. Va voir le monde, rencontre la vie. Il marchait. L’air frais. Ça lui faisait mal de se sentir vivant quand toute son âme était éteinte. (Expirait.) Passé trois jours, Casey était retourné en cours. Et il avait travaillé. Follement, pernicieusement. Des nuits blanches à apprendre – des nuits blanches à travailler, pour s’empêcher de penser. Il entendait la voix de May lui conseillant de dormir. Il voyait le visage de Lee hanter ses nuits. Il refusait. Son corps même avait fini par refuser. Dès que ses paupières se fermaient, il était électrisé. Non. Pas de sommeil. Le sommeil, c’était son jour, sa lente mort des réjouissances, la violente destruction des ravissements. L’air frais. Il frissonna. Il n’avait qu’un T-shirt et une veste sur les épaules, il se dirigeait vers un appartement. Car il avait cédé. Quitté son piano et sa guitare, qui lui chantaient de vieilles mélopées d’amour, ses gribouillages qui tous derrière les rayures laissaient apercevoir les traits d’Emily, ses feuilles noires de cours, les piles de livres, les trentaines de cartouches d’encre dans la poubelle. Cédé aux paroles de May. Il sonna. Il devait voir Aidan. La porte s’ouvrit. – Et son cœur fit un bond.
Elle.

Il se sentit transi, l’apparition l’avait saisi. Il osa la regarder, lui dire : « Emily. », comme un « Oh ! » de surprise, dans une phrase forgée dans la stupeur – un constat effrayant. (Attendu, espéré, rêvé, voulu, cherché.) « Désolé. Je devais voir Aidan. Il n’est pas là ? » Pure question de forme. Il pariait que non. S’était-il trompé de jour ? À s’emprisonner dans les pages de ses manuels, il oubliait le temps.
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MessageSujet: Re: “There’s a lot of things you need to get across this universe. Warp drive… wormhole refractors… You know the thing you need most of all? You need a hand to hold.”   “There’s a lot of things you need to get across this universe. Warp drive… wormhole refractors… You know the thing you need most of all? You need a hand to hold.” EmptyLun 17 Fév 2014 - 22:41

Emily venait de préparer des muffins au chocolat. Elle n'avait pas spécialement faim mais elle voulait éviter de se prendre la tête avec toutes ces pensées qui parasitaient son esprit. La vérité, c'est qu'elle pensait à permanence à Casey. Et à Diego. Et à l'épisode du bar. Aux quelques minutes qui avaient bouleversé sa vie. Alors qu'elle soupirait doucement en se rendant compte qu'elle recommençait encore une fois à se torturer l'esprit, le bruit de la sonnette la fit sursauter. Elle n'attendait personne mais après tout, elle ne vivait pas seule ; c'était peut-être quelqu'un pour l'un de ses colocataires.

Essuyant rapidement ses mains, elle se rendit dans l'entrée et ouvrit la porte sans se douter de la personne qui se tiendrait devant elle. Casey. Les battements de son cœur se firent soudainement plus rapides. Beaucoup plus rapides. Ils ne s'étaient pas revus depuis leur rupture (parce que oui, c'en était une) sur le trottoir après l'irruption de Diego dans leur après-midi parfaite... Une fois de plus, la culpabilité lui rongeait les sangs. Elle l'observa une seconde, espérant qu'il allait bien. Mais elle savait bien que non. Elle le connaissait par coeur. Peut-être même mieux qu'elle ne se connaissait elle-même. « Salut... » Elle le scruta avec attention, appréhendant sa réaction. Vu sa tête étonnamment surprise, il ne devait pas être venu ici pour la voir. Elle ne tarda pas à avoir sa réponse quand il avoua être là pour voir Aidan. Un peu gênée, Emily se pinça les lèvres. « Euh... Non. Je suis toute seule. » Voilà. Fin de la conversation. Il était venu voir Aidan, il n'était pas là, il allait repartir et elle ne pourrait que s'en vouloir de l'avoir laissé filer. Foutu karma. « Tu... Tu veux entrer ? », lâcha-t-elle avec hésitation. Puis elle planta finalement son regard azur dans celui de son... ex. Ils ne pourraient pas s'éviter éternellement. « Je crois qu'il faudrait qu'on parle... » Non, elle ne croyait pas. Elle en était sûre.
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MessageSujet: Re: “There’s a lot of things you need to get across this universe. Warp drive… wormhole refractors… You know the thing you need most of all? You need a hand to hold.”   “There’s a lot of things you need to get across this universe. Warp drive… wormhole refractors… You know the thing you need most of all? You need a hand to hold.” EmptyMar 18 Fév 2014 - 0:12

Il ne pensait pas la voir. Vraiment, vraiment pas. Oh, peut-être après tout qu’en cherchant à se faire inviter par Aidan, cherchait-il inconsciemment à la voir, à provoquer cette rencontre – rencontre qu’au fond il attendait depuis la seconde où il avait quitté le bar, absence qui lui rongeait la vie, acide mangeant sa vitalité, évaporant son sang. Son cœur ne savait plus battre, face à elle. Il s’affolait – s’arrêtait – repartait à tout rompre (jusqu’à lui faire mal) – cessait, tombait, chutait – rebondissait, bien trop fort, comme un hurlement cherchant à déchirer sa poitrine. Elle. Lui. Face à face. Il eut l’envie fugace et folle, une légèreté dans l’âme tout à coup, d’aller à elle et de l’embrasser – mais un baiser de douceur, un baiser fait de rêve, fait en rêve, comme un évanouissement. Il resta là, coi. À l’écouter. Et il eut un sourire. Un sourire tissé d’éther. Il la voyait. Ô il la voyait ! L’écouter, l’apercevoir, la sentir près d’elle, son parfum dans l’atmosphère… Il sentit une vive chaleur éclater dans son ventre ; comment avait-il fait pour tenir aussi longtemps aussi loin d’elle ?

« Oui. Oui je veux rentrer. Et te parler, il le faut. » acquiesça-t-il, un sourire aux lèvres, un sourire vaporeux au visage. Il était près d’elle. Tout allait mieux – même si rien n’allait bien.

Il suivit Emily dans l’appartement et s’assit sur le canapé du salon. Il regarda la jeune femme. Deux semaines. Deux semaines sans la voir, deux semaines pire que celles qui avaient précédé et suivi son divorce. À tout dire, jamais il n’avait vécu aussi mal. Le voyage qu’il venait de terminer en Italie avec Maybelle lui avait fait du bien. Il avait repris des forces. De l’énergie. De la volonté. De la foi. Foi en la vie, en lui, en elle – en eux. En eux ? Il n’était pas si sûr, ce n’était qu’espérance. Puisqu’il était parti du bar, puisqu’il se souvenait son baiser fou avec ce garçon roi, alors, la suite, la suite… Il ne la devinait qu’aisément, ce type semblait tel un vautour auprès d’Emily. Casey était sorti de scène. Il ne voulait pas jouer. Pas avec Emily. Il ne voulait pas combattre. Pas contre un homme aux pupilles abyssales. Aimer. Il voulait l’aimer. En être aimé. – Amour, seulement. Amour sans amertume par-delà les mers. Emily. Emily, était-elle réellement avec ce garçon ? Sa joie tranquille, son souffle léger qui étaient monté en lui en entrant dans l’appartement laissaient place à une agitation inquiète au fur et à mesure que son corps se rappelait, que son cerveau exhibait les sinistres réminiscences. Emily. Toute cette histoire… Toute cette histoire avait dû perforer son âme, à elle aussi. Emily, seule entre eux deux. Esseulée dans un entre-deux. Emily, sa Lee. Il aurait voulu la prendre dans ses bras, lui caresser les cheveux, lui dire que tout irait bien. Il ne le pouvait – il était déchu. Il ne le pouvait – peut-être n’en avait-elle pas besoin. Il la regarda. Lee. Deux semaines. Dans quel état avait-elle traversé ces deux semaines ? Il voyait des traits tirés sur son visage. La situation pour elle ne devait pas être optimale. Casey s'inquiétait pour elle.

« Emily, comment tu vas ? » lui demanda-t-il. Une question, une vraie question. Pas cette demande banale faite pour lancer une conversation. C’était une véritable question. Un interrogatoire. Une inquiétude. Le soucis d’elle – soucis éternel de son âme ; car elle était aussi la sienne. S'il était dévasté, il ne doutait pas que Lee ait vécu des jours atroces. Et cela le meurtrissait d'autant plus de se l'imaginer accablée. S'il n'y avait que lui, encore. S'il n'y avait que lui.
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MessageSujet: Re: “There’s a lot of things you need to get across this universe. Warp drive… wormhole refractors… You know the thing you need most of all? You need a hand to hold.”   “There’s a lot of things you need to get across this universe. Warp drive… wormhole refractors… You know the thing you need most of all? You need a hand to hold.” EmptyMar 18 Fév 2014 - 11:00

Comment pouvait-il trouver la force de sourire et de paraître calme après tout ce qu'elle lui avait fait ? Comment pouvait-il accepter de lui parler comme s'ils étaient encore sur la même longueur d'ondes alors qu'elle lui avait clairement brisé le coeur ? Certes, ce n'était pas volontaire et elle avait brisé le sien au passage. Mais quand même. Il avait souffert par sa faute et il restait incroyablement... Casey. C'est-à-dire un garçon adorable en toutes circonstances. Ils entrèrent dans l'appartement et Lee l'invita à s'installer sur le canapé, prenant place à ses côtes en prenant soin de laisser de la distance entre eux. Pour ne pas être trop troublée par cette situation qui était déjà loin d'être facile. Par quoi devait-elle commencer ? Des excuses ? Des explications ? Lui dire qu'elle ne sortait pas avec Diego ferait peut-être du bien à Casey. Avant qu'elle puisse prendre la parole, il brisa le silence en lui demandant comment elle allait. Elle ne connaissait suffisamment bien pour savoir qu'il voulait savoir ce qu'elle ressentait vraiment, au fond d'elle. Casey... Elle ignorait comment il trouvait la force de s'inquiéter pour elle après tout ça. Elle ne le méritait clairement pas. Elle leva les yeux vers lui, un sourire empreint de tristesse étirant ses lèvres rosées. « Tu trouves encore le temps de t'inquiéter pour moi après tout ce qu'il s'est passé ? » Elle se sentait encore plus mal de savoir qu'il continuait à se préoccuper d'elle, à chercher à savoir si elle allait bien ou non. Elle n'était pas à plaindre. C'était eux, Diego et lui, qui l'étaient. Elle avait l'impression de les prendre pour des abrutis. « Je ne vais pas très bien, pour être honnête. Mais je n'ai pas le droit de me plaindre, c'est ma faute. » Elle marqua une pause, lâchant un soupir las. « J'ai l'impression de jouer avec vous. Et je déteste ça. Je me sens tellement mal de vous infliger tout ça... » Elle parlait beaucoup plus facilement qu'elle l'espérait. Tant mieux. Elle allait pouvoir lui dire tout ce qu'elle avait sur le coeur. Elle se souvenait encore des mots prononcés par Casey juste avant qu'il parte et elle tenait à clarifier certaines choses. « Je suis désolée. Vraiment, vraiment désolée. Je ne voulais pas que ça se passe comme ça. Mais j'ai rencontré Diego et... Je ne sais pas. J'arrive pas à exprimer clairement ce qu'il se passe, je n'y comprends rien. » Elle s'arrêta de parler, fixant Casey avec appréhension. Elle avait l'impression qu'elle allait finir par l'achever, avec son discours qui n'était même pas construit. Elle disait les choses comme elles venaient, sans prendre la peine de réfléchir. « Je ne sors pas avec Diego. Je tiens à ce que tu le saches. Je lui ai dit que j'avais besoin de temps pour réfléchir, que je devais faire le point sur ce que je veux vraiment et sur ce que je ressens. Il a très bien compris. » Elle essayait malgré elle de changer l'opinion de Casey sur Diego. Elle ne voulait pas qu'il pense que c'était un mauvais garçon, une petite frappe dépravée qui peine à contenir ses accès de rage. Avec elle, en tout cas, il n'était pas comme ça. « Je m'excuse pour tout le mal que je t'ai fait. Je suis désolée. Je ne voulais pas que ça se passe comme ça... », répéta-t-elle d'une voix faiblarde. Elle marqua une pause, jouant nerveusement avec ses doigts pour se donner une contenance. « Quand tu as dit que je ne pouvais plus t'aimer parce que j'ai changé, c'est faux. Je sais que je ne suis plus exactement celle que j'étais quand on s'est rencontrés mais ça ne m'empêche de voir à quel point t'es génial, Casey. Et je ne veux pas que tu penses que tu vaux moins bien que Diego ou que n'importe quel autre mec. Parce que c'est faux. Et t'as pas à t'excuser d'être toi. Ni devant moi, ni devant personne d'autre. » Cette phrase l'avait particulièrement marquée. Il s'était excusé "d'être lui" comme si c'était la pire chose qui soit. Comme s'il avait l'impression de déranger, de ne pas être assez bien pour être digne de vivre. Et c'était inquiétant. Elle avait passé des années à prendre soin de lui et à essayer de lui redonner confiance. Apparemment, elle avait lamentablement échoué. « Je sais que j'ai agi comme une vraie garce. Je sais aussi que la situation est difficile pour toi comme pour Diego. Et je m'en veux de vous faire vivre tout ça... Seulement, je ne sais plus où j'en suis. J'arrive pas à faire le point, j'arrive pas à savoir ce que je veux. Je fais que penser à vous. À vous deux. Et ça me rend dingue. » Elle avait l'impression d'être confronté à un dilemme des plus complexes. Casey ou Diego. Diego ou Casey. Comment pouvait-elle en laisser un de côté alors qu'elle les aimait beaucoup tous les deux ? Comment pouvait-elle faire un choix ? Parce que oui, au final, il faudrait qu'elle choisisse. Qu'elle en privilégie un par rapport à l'autre. Qu'elle en laisse un de côté. Et qu'elle continue sa vie en sachant qu'elle lui avait brisé le cœur. Non, elle était incapable de faire ça. Elle avait changé, oui. Mais pas au point de devenir une garce perfide et sans scrupule. Elle préférait rester célibataire jusqu'à la fin de ses jours plutôt que de faire souffrir ces deux hommes si spéciaux à ses yeux.
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MessageSujet: Re: “There’s a lot of things you need to get across this universe. Warp drive… wormhole refractors… You know the thing you need most of all? You need a hand to hold.”   “There’s a lot of things you need to get across this universe. Warp drive… wormhole refractors… You know the thing you need most of all? You need a hand to hold.” EmptyMer 19 Fév 2014 - 1:07

Il était là auprès d’elle. C’était son souffle qui irriguait son âme de nouveau, son esprit qui se libérait, son corps qui se mouvait de nouveau. Une Renaissance. Un printemps. Bien que son corps soit en vérité fendu, lamelles en sang qui pendent sans vie – des liens déchirés. Ses organes en haillons sur un squelette cadavérique. Son corps se réchauffait parce qu’il était avec elle. Son visage acceptait de sourire parce que ses yeux la voyaient. Il ne le retint pas, par ailleurs, quand elle lui fit remarquer qu’il parvenait à s’inquiéter pour elle. – Évidemment. Évidemment, il s’inquiétait pour elle. Il ne supportait pas de la savoir mal, mal encore une fois à cause de lui. Car s’il n’était pas revenu à Bowen, s’il n’avait pas dû aller au vidéoclub, alors elle aurait pu être avec Diego, sans aucune douleur, sans déchirement.

« Toujours. » souffla-t-il, ses yeux soucieux posés sur elle.

Elle n’allait pas bien, le lui entendre dire fut douloureux, comme un pincement trop prolongé au centre de son cœur. Elle n’allait pas bien, mais elle trouvait la force pour être face à lui, elle ne le fuyait pas, alors qu’elle aurait très bien pu. Il lui était reconnaissant d’avoir cette conversation. Il l’écouta. Il sentait ses doigts blanchir et son sang battre dans ses veines, les flots accélérant leur rythme comme menacés par un soleil brûlant – menacés d’évaporation, menacés de disparation. Son corps luttait pour son existence – sa vie interne. Tout était allé si vite ! Quelqu’un seulement y comprenait quelque chose, à ce bazar monumental ? Il se sentit respirer quand elle annonça ne pas être en couple avec Diego, sa terreur s’apaisa. C’était donc qu’elle l’aimait, ou pensait l’aimer, au moins encore un peu ! Puisqu’elle avait pris le temps de réfléchir. Casey en éprouvait un contentement ravi, doux. Réfléchir, c’était donc que, peut-être, rien n’était fini ? Casey n’aurait pas imaginé Diego la laisser partir sur ces paroles, mais visiblement, il n’avait rien fait de mal. Cela n’empêchait pas Casey de ne pas apprécier le jeune homme, parce qu’il se souvenait de la méprise à son égard dans ses yeux, et qu’il détestait sa faiblesse face à cela. Il s’était détesté de l’avoir laissé embrasser Lee – mais il ne regrettait pas non plus, car cela lui avait dévoilé clairement les sentiments d’Emily pour Diego.

Elle parla alors de lui. Son attention fut accrue, il sourit douloureusement quand elle s’excusa du mal qu’elle lui faisait. Ce n’était pas de sa faute, il savait bien qu’elle ne l’avait pas désiré – même si dans ses nuits les plus terribles il avait imaginé qu’elle avait fait cela en complicité avec Diego pour se venger de lui et de leur mariage, il n’y pensait plus à présent qu’il la voyait, là, parlant. Plus douloureux encore fut son sourire dans les deux derniers discours. S’il était génial, en ce cas il ne l’était pas assez pour qu’elle l’aime bien plus que Diego. Et puisqu’il avait cette impression atroce que malgré tout ce qu’elle disait, son cœur ces temps-ci penchait plus du côté de Diego que du sien alors, si. Il valait moins que Diego, puisqu’il valait moins à ses yeux. Il ferma les yeux furtivement et serra ses lèvres pour retenir les flots qui, doucement, montaient en lui. Il voulait résister à lui-même, il voulait prouver qu’il était plus robuste qu’il n’en avait l’air. Mais savoir qu’elle ne parvenait pas à savoir où elle en était, l’entendre dire qu’elle ne cessait de penser à eux deux, c’était un coup qu’il avalait avec peine. Pour toute la tristesse et le déchirement qu’il voyait sur son visage. Pour toute cette histoire qui n’en finissait pas de miner son âme. Alors son visage s’adoucit, et la voix qui sonna dans l’air n’était pas l’angoissée terrible du Casey craintif, celui qui a peur et de lui et des autres, de l’abandon et du rejet. Parce qu’Emily n’allait pas bien, il ne voulait pas rajouter à sa peine. Il allait mal. Il allait terriblement mal. Mais il lutterait de toutes ses forces pour contenir les larmes qui affluaient à ses yeux, lutterait pour délivrer des sourires et des douceurs, lutterait pour l’apaiser, elle – lui procurer un peu de répit dans l’horreur ambiante. Il se refusait à l’accabler davantage. Il voulait, au contraire, la soulager.

« Tu n’es pas une garce, Emily. » lui dit-il avec un léger sourire, sa main se levant alors, effleurant la peau douce de la jeune fille – sa paume faisait la taille de sa joue, il caressa sa pommette de son pouce. « Tu n’es pas une garce. Je sais que tu n’as pas voulu cela. Je sais que si cela se produit, c’est que ton cœur a été touché. Tout ce que je vois, ce que j’ai vu, c’est que tu as une inclination terrible et irrésistible pour ce garçon, qu’il t’hypnotise comme le fait un charmeur. Je sais que tu ne veux pas jouer avec nous. C’est ton cœur qui s’affole. Diego… Diego est plus charnel et violent que moi. Je suppose… Même si c’est inconscient, je suppose que tu es attirée pour cela. Par les sensations qu’il suscite chez toi. Ça ne fait pas de toi une sale garce. Ça fait de toi une femme, une femme comme n’importe quelle autre, qui s’émeut d’une attitude, d’un caractère. » lui parla-t-il alors, la voix presque calme et paisible, se faisant la plus douce possible – pour rassurer son cœur à elle – bien qu’elle se fût brisée en évoquant l’attrait de Lee pour Diego. « Tu es la femme la plus merveilleuse qu’il m’ait été donné de rencontrer, Emily Finch. » termina-t-il, la voix ferme et sincère, le regard planté dans ses yeux.

Il se souvenait de ses paroles au vidéoclub. Le truc qui me dérange, ce n’est pas tant de plus être divorcée… C’est de ne plus être mariée avec toi. Je ne veux pas tourner la page. Je ne veux pas me dire que tu appartiens au passé et qu'il n'y aura plus jamais rien entre nous. Tu as bouleversé ma vie, Casey. Et maintenant, qu’en était-il ? Espérait-elle toujours qu’il y ait quelque chose entre eux ? Désirait-elle toujours ne pas tourner la page, le laisser faire partie de son présent ? Le temps de Baloo était-il à jamais révolu ? Sa gorge se soulevait et s’abaissait au rythme des sanglots qu’il maîtrisait, de la salive qu’il déglutissait – tout son désespoir qu’il noyait en lui-même. Sa main dans sa poche s’accrochait, effleurait. Le contact froid du métal lui avait toujours procuré une chaleur rassurante – c’était un contact mêlé d’espoir et d’amertume, de nostalgie et de bonheurs. Ses doigts sur cet anneau, à le frotter frénétiquement, comme pour réveiller le génie de leur amour, comme pour invoquer Aphrodite et son frère. Contact automatique qu’il avait depuis des mois dans les situations angoissantes. Contact nécessaire, vital, pour se rappeler, pour espérer, pour avoir la force de marcher – en se disant que, peut-être, tout n’était pas fini. L’alliance au fond de sa poche. Toujours enveloppée d’un mouchoir de soie, en protection. L’alliance au fond de sa poche, le symbole de son union avec Emily, toujours, toujours avec lui, où qu’il aille, quoiqu’il fasse, depuis leur divorce. Il avait caressé la possibilité d’une réconciliation, cet espoir qu’il appelait tant en serrant dans sa main l’alliance en secret, oui cette réconciliation les avait effleurés. Mais elle s’en était aussitôt allée quand Diego avait offert une bière à Lee. Ô être allé ailleurs ! Lui avoir demandé de partir dès les premières secondes ! Être resté chez eux, ensemble, à prendre un café dans leur intimité, blottis l’un contre l’autre sur un canapé, une couverture sur eux, leurs mains entrelacées, sa tête à elle sur son épaule à lui, sa bouche déposant des baisers sur ses cheveux d’or, être resté chez eux à s’aimer ! Ne jamais être sortis. Pourquoi avaient-ils eu besoin d’aller en société, d’aller au monde, quand le monde c’était eux ? Pourquoi avaient-ils cédé à l’extérieur et ses menaces ? Maintenant c’était trop tard. Maintenant tout est fini, martelaient des voix démoniaques dans sa tête qui lui faisaient mal, mal, mal, qui l’assiégeaient de coups, mettaient des barres à son front, une fièvre permanente dans le corps.
Comment la force de ces paroles avait-elle pu s’amenuiser autant, aussi vite ? Tomber en poussière à la simple approche de ce gars ? Est-ce qu’elles étaient si faibles pour qu’il parvienne à réduire à néant tout ce qu’il y avait entre lui et Lee, tous leurs souvenirs, tout leur amour, toutes leurs joies – et même leurs peines – ? Qu’est-ce qu’il lui avait fait, mais qu’est-ce qu’il lui avait fait ce type ?! De toutes les filles de Bowen. Il avait fallu que ce soit Emily. Il avait fallu que ce soit la seule femme de sa vie, à lui, Casey. De toutes les filles de Bowen. C’était elle, c’était elle qu’il avait hypnotisée. Mais qu’est-ce que la vie avait contre leur bonheur à Lee et lui ? Quel était cet acharnement, cette obstination, à réduire en cendres leur amour ? Au nom de quoi ne pouvaient-ils pas s’aimer ? Emily et Casey. Casey et Emily. Leur couple était prêt à survivre. Il était là, recomposé, réuni. Ils avaient réussi à braver le temps et les douleurs. La lisière de leur bonheur s’offrait enfin à leur vue. Et un simple verre avait tout éclaté.

Il se mordit violemment les joues, interdisant à son corps de manifester plus clairement son désarroi. Être radieux pour illuminer Emily. Aujourd’hui, c’était son devoir. Lui donner de la joie. La tirer des douleurs de ses amours déchirants. Ne plus penser à ce combat sentimental, mettre de côté les batailles, être Casey, oui, mais Casey Kennington – celui qui s’était fait Phénix, qui de ses cendres renaquit.

« Maybelle m’a dit que tu étais la femme de ma vie. » dit-il en reprenant la parole, sans trop savoir ce que sa bouche laissait échapper de lui, de ses vérités. « Elle a raison. Je n’aimerai jamais personne comme toi. Quoiqu’il arrive, tu es celle que j’aimerai. Peut-être aurai-je l’illusion d’une émotion avec quelqu’un, peut-être partagerai-je quelques moments avec autrui ou bien trouverai-je un ersatz de sentiment. Mais ce ne serait qu’un substitut. Je n’aimerai pas. Je ne peux que t’aimer, toi. » Les mots étaient allés hors de lui sans qu’il ne cherche à les maîtriser. Peut-être cela n’apaiserait-il pas Lee, mais il était de certaines véracités qu’il fallait inévitablement, nécessairement, prononcer. La nature forte de son amour profond pour Emily en était une.

Il se sentait étouffer dans son corps. Un mal de tête l’assiégeait, il avait trop chaud, trop chaud pour la température ambiante. Il était gagné par la détresse. Mais il l’envoya mentalement dans les tréfonds de son âme. Non. Il ne faillirait pas. Il serait digne et tranquille, il apporterait à Emily du repos.

« Je t’aime », laissèrent échapper ses lèvres. Et cette phrase qui tomba était une bille lourde, pesante, mais aussi brillante et chatoyante – pépite d’or qui roulant le long de sa gorge, s’échoua là, heurtée contre les caresses du vent.

Il l’aimait. Et c’était une déclaration forte de toute l’émotion qu’il contenait, de toute la souffrance qu’il barricadait, mais aussi chargée d’ans et de souvenirs, de monts de douceurs et d’une grave sincérité, d’une légèreté paisible et quiète – un secret à tenir dans le cœur, murmuré à l’oreille.
Il n'attendait pas une déclaration en retour. Il énonçait ses vérités, seulement.

Il avait son regard caramel ancré dans celui, céleste, d’Emily. Il ne la lâchait pas. Pour lui montrer qu’il avait foi en ses paroles. Pour lui montrer qu’il ne s’effaçait pas, cette fois, qu’il osait être lui-même. Lui prouver qu’il affirmait ses propos. Lui garantir son soutien sans failles. Lui témoigner de sa présence éternelle à ses côtés, quoiqu’il se passe. Pour lui exprimer tout ce que les mots ne suffisaient pas à dire.

Il avait retiré sa main de sa joue depuis longtemps mais ce contact avait laissé une marque brûlante sur sa paume, il la serra fort – comme pour ne jamais la perdre. La sauver.
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MessageSujet: Re: “There’s a lot of things you need to get across this universe. Warp drive… wormhole refractors… You know the thing you need most of all? You need a hand to hold.”   “There’s a lot of things you need to get across this universe. Warp drive… wormhole refractors… You know the thing you need most of all? You need a hand to hold.” EmptyMer 19 Fév 2014 - 11:03

Casey essaya de la rassurer, de lui dire qu’il ne lui en voulait pas et qu’elle était « merveilleuse ». Foutaises. Elle n’était pas merveilleuse. Comment pouvait-il dire cela alors qu’elle était devenue tout ce qu’elle détestait par le passé ? Préférant ne rien répondre, elle se contenta de baisser un peu la tête. Et Casey termina de l’achever en lui faisant une déclaration spontanée. Son cœur se compressa dans sa poitrine, sa gorge se serra et elle eut l’impression de manquer d’air. Elle agonisait intérieurement. Je t’aime, conclut-il finalement. « Non. S’il te plait, non. », souffla-t-elle en fermant les yeux pour accuser le coup. Quelque part, elle le détestait de lui infliger cela maintenant. Elle avait attendu qu’il lui dise ces trois petits mots pendant des mois – voire même des années. Mais non. Tout ce qu’il avait fait, c’était l’éloigner de lui et lui faire comprendre qu’il ne se préoccupait pas d’elle ni de leur mariage. Et voilà qu’il débarquait en lui disait qu’il l’aimait alors qu’elle ne l’attendait plus, ayant parfaitement assimiler l'idée qu'elle ne serait jamais aimée par personne. C’était injuste. Qu'avait-elle fait ? Qu'avait-elle fait pour être née sous une si mauvaise étoile ? Elle se demandait souvent pourquoi sa vie ne tournait pas comme elle le voulait. Pourquoi le sort s'acharnait sur elle, la pauvre gamine malmenée par le destin qui n'aspirait qu'à mener une existence heureuse et équilibrée, loin du chaos de son enfance. Elle maudissait tous les Dieux, le destin, la hasard, les coups du sort et la fatalité de lui en vouloir à ce point.

Elle aurait aimé lui répondre qu’elle l’aimait aussi. Puis se lever pour aller le prendre dans ses bras, l’embrasser et rire de toute cette histoire comme si cela n’avait aucune importance. Mais elle ne le pouvait pas. L’échec de leur mariage l’avait changée au point qu’elle n’ose plus avouer ses sentiments. Pas quand ils étaient positifs, en tout cas. Elle s’énervait beaucoup plus qu’avant. Se montrait cynique, franche, parfois insolente sans vraiment le vouloir… Mais elle ne savait plus dire « je t’aime » parce que cela lui faisait peur. Elle redoutait de s’abandonner totalement à quelqu’un et de finir seule une fois de plus. « C’est marrant, j’ai rêvé de t’entendre dire ça pendant des mois et maintenant que c’est fait, je me sens encore plus mal. » Elle posa ses yeux sur le visage enfantin de Casey, le détaillant avec attention. Cherchant à savoir ce qu’elle ressentait au fond d’elle. Était-ce de la tendresse mêlée à une profonde affection ou de l’amour véritable ? « J’aimerais te le dire aussi, Casey. J’aimerais vraiment… Mais je ne peux pas. » Pas forcément parce que ses sentiments n’étaient pas réciproques mais parce que les mots ne sortiraient pas. Ils ne sortiraient plus jamais. « Je me demande pourquoi on en arrive là. Qu’est-ce qu’on a fait, bordel ? Qu’est-ce qu’on a fait pour ne pas mériter d’être heureux ensemble, tous les deux ? » Elle s’énervait malgré elle. Elle ignorait contre qui ; les Dieux, le destin, la hasard, les coups du sort et la fatalité. Elle soupira doucement et se leva, commençant à faire les cent pas au rythme des pensées qui allaient et venaient à une vitesse folle dans son esprit tourmenté. Elle avait envie de se taper la tête contre les murs pour les arrêter. « Je suis tellement en colère contre toi... Je sais qu’au fond, je suis aussi responsable que toi, que c’est ma faute si on en est là. Mais putain, Casey ! Pourquoi tu t’es obstiné à foutre en l’air notre mariage ? J’étais là, j’étais là pour toi et rien que pour toi et toi, t’en avais rien à foutre ! » Elle n’avait pas pour habitude d’être vulgaire mais elle était énervée et les mots sortaient sans qu’elle ait le temps de les choisir. Elle serra les poings, son visage se faisant plus dur sous le coup de la colère. S’énerver contre lui était facile mais elle avait enfoui trop de choses pendant trop longtemps. Tôt ou tard, il fallait que sa rancœur sorte. Et c’était le moment idéal. Ils s’expliquaient alors autant faire le point sur tout. « Tu m’as abandonnée. Tu m’as lâchement abandonnée et y a pas un jour sans que je me demande pourquoi. J’ai fait tout ce que je pouvais. J’ai fait tous les efforts possibles pour sauver notre mariage mais ça n’a pas marché. Tous les jours tu t’éloignais davantage et ça fait mal de se rendre compte que la personne qu’on aime le plus au monde se désintéresse totalement de nous... T'as pas idée d'à quel point je me suis sentie nulle et bonne à rien. Comme si je n'étais pas digne de toi, comme si je ne valais rien... Ça doit être le cas d'ailleurs, ma mère faisait que me le répéter à longueur de journée. » Elle avait dit cette dernière phrase pleine de sarcasme à demi-mots, plus pour elle que pour Casey. « Je ne te dis pas ça pour te faire culpabiliser ou quoi que ce soit. Mais je… Je ne crois plus en l’amour. C’est fini. Que ce soit avec toi, avec Diego ou avec n’importe qui… Je ne peux plus faire confiance. Je ne peux plus m’investir totalement dans une relation parce que je ne veux pas revivre ça. » Sa voix se faisait plus faible, plus tremblante. Pourtant, elle était suffisamment forte pour ne pas pleurer. Emily restait Emily. Elle ne pleurait que très rarement – et jamais devant les autres. Elle était bien trop fière pour se laisser aller de cette façon, elle ne voulait pas qu’on s’apitoie sur son sort. Pourtant, prononcer ces mots lui avait lacéré le cœur. Il était en lambeaux et la faisait atrocement souffrir. Elle n’avait pas prévu de dire tout cela. Elle n’avait pas prévu qu’elle serait aussi honnête avec lui. Aussi honnête avec elle-même. Elle avait passé des mois à se voiler la face mais maintenant, elle ouvrait les yeux. Leur divorce l’avait brisée, cassée en mille morceaux. Et jamais plus elle ne pourrait les assembler. Emily Kennington avait détruit Emily Finch et jamais plus elle ne serait la même. « J’ai cru qu’on pourrait recommencer tous les deux, j’y ai vraiment cru. Mais on ne peut pas. Ce ne sera jamais plus comme avant. Je ne serai jamais plus la même… Et toi non plus. Je ne te suffisais pas la première fois, pourquoi ça changerait ? J’ai tout fait pour te garder près de moi. Tout. » Elle soupira doucement, avalant sa salive avec difficulté. Cette fois-ci, ses larmes semblaient déterminer à se frayer un chemin jusqu’à ses yeux. Et elle baissait les armes. Elle n’avait plus la force de lutter, plus la force de se retenir de pleurer. Elle était épuisée. Cela n’avait plus aucun rapport avec Diego à présent. C’était entre Casey et elle. Elle se rendait compte qu’elle ne pourrait probablement plus être heureuse. Qu’elle ne pourrait plus aimer. Pas de la façon dont elle l’avait aimé lui, en tout cas. Elle prenait conscience que la nouvelle Emily n’était qu’un leurre et qu’elle était beaucoup plus marquée par cette histoire qu’elle avait voulu l’admettre. Et faire face à tout cela était douloureux.

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Il se tut, la voix d’Emily s’éleva à son tour dans la pièce. Toute la joie que Casey essayait de maintenir en lui – pour elle, pour sa joie à elle – se dissipait. Elle ne pouvait pas… Elle ne pouvait pas le lui dire… Qu’est-ce que cela signifiait ? Elle ne pouvait pas lui dire pourquoi ? Parce qu’elle ne l’aimait plus ? Parce qu’elle aimait trop Diego ? Il sentait que tout le courage, toute la force, qu’il avait essayé de rassembler s’envolaient. Tout son discours ne faisait que le détruire d’autant plus, le feu qui le consumait depuis des jours était alimenté par les paroles de non-retour que prononçait Emily. Il se sentait brûler de l’intérieur et il avait trop mal pour résister, trop mal pour conserver un sourire factice. Lee s’était levée et faisait les cents pas. Lui se recroquevillait sur lui-même dans le canapé. Il se prit la tête dans les mains et ferma les yeux, contrôlant les sanglots qui forçaient le passage. La fin du discours d’Emily fut un coup de poing dans sa poitrine. Casey se mordit violemment les lèvres, inspira et jeta sa tête en arrière, le regard vers le plafond – sa lèvre inférieure se colorant de vermeil.
Quand il redressa sa tête, Emily pleurait. Casey fut interloqué pendant quelques secondes, ne sachant s’il délirait ou si c’était réel. Emily, pleurait. Il savait à quel point elle refusait de se montrer faible, de baisser la garde, d’afficher sa peine aux autres. De pleurer. Emily faisait toujours tout pour ne pas pleurer. Affligé, il se leva doucement. Il s’approcha d’elle, essuya ses larmes qui coulaient, ses doigts effleurant avec précaution ses joues. Et, ne pouvant faire autrement, la prit délicatement dans ses bras, comme lorsqu’il consolait les enfants. Il posa sa main sur ses cheveux et les caressa très doucement, un bras autour de sa taille mais en toute bienveillance. Pour l’heure, il voulait simplement la consoler. Il resta là plusieurs minutes, plaquant Emily contre lui en douceur pour lui apporter de la chaleur, sa main gauche soutenant sa taille, sa main droite glissant avec tendresse sur ses cheveux, là, calme, pour l’apaiser, sans paroles distinctes autres que des mélopées consolatrices, jusqu’à ce qu’elle aille mieux.

Quelques instants plus tard, Emily toujours dans ses bras protecteurs, il reprit la parole.

« Je sais, je sais Emily, je sais tout ce que tu as fait pour nous. » lui murmura-t-il doucement. « Et tu étais fantastique. Et je le savais. Mais je ne pouvais pas, je ne pouvais pas être auprès de toi quand… quand j’étais si dégoûté de moi-même. »

Il avait tellement honte de lui-même. Les premiers mois après son divorce, il avait fini par supprimer tous les miroirs. C’était plus pratique que ne cesser d’en racheter parce qu’il s’y blessait les mains à force de les briser – il ne supportait plus de se voir.

« Jamais, jamais je n’ai voulu t’abandonner. C’est moi. C’est moi qui voulais m’abandonner, à la fin. Au début, j’espérais simplement être quelqu’un. Quand j’ai compris que celui que j’étais n’était pas ce gars qui s’empêtrait dans des fêtes, j’étais désespéré. Je te voyais, toi, affligée de moi. Puis je me regardais. J’étais plus nul que jamais je ne l’avais été. À chaque fois, à chaque fois que j’essayais de m’améliorer, ça ne fonctionnait pas. Et je ne parvenais pas à trouver qui j’étais. Et sans ça, sans ça… Sans ça j’avais l’impression que tu n’aimais qu’une imposture, un fantôme. Au fond c’était vrai, mais pas dans le sens que je pensais. Alors je faisais tout pour me trouver. » continuait-il, murmurant toujours, parlant doucement à son oreille. « J’essayais de me trouver dans l’extérieur. Il est évident que c’était le pire chemin à prendre. C’est de l’intérieur qu’on se dévoile, je ne l’avais pas compris. » dit-il, un peu cyniquement, se moquant de sa propre bêtise. « Si j’ai foutu en l’air notre mariage, c’est uniquement parce que j’étais… J’étais trop mal dans ma peau. Mais c’est fini. C’est fini maintenant, ça. C’est révolu. »

Il avait fait sa propre révolution. Il avait bataillé avec lui-même. Il avait gagné : il était devenu lui. Mais ça lui faisait également perdre Lee, alors qu’il pensait justement pouvoir se montrer sous son meilleur jour et réparer ses blessures.

« Je suis parti de Bowen pour me changer. La seule bonne chose dans toutes les horreurs que je t’ai infligées, c’est que je me suis posé de vraies questions sur moi-même. J’ai quitté Bowen. Pour me trouver. Me trouver pour… » Sa gorge se nouait tandis qu’il parlait, mais il poursuivit. « Pour revenir ici. Pour toi. Je ne serais jamais revenu à Bowen si je n’avais pas eu l’espoir de t’y retrouver. Tout ça… Tout ça… C’était juste pour toi. » Il avait progressivement décalé sa tête de la sienne, leurs visages se faisant face, à quelques millimètres l’un de l’autre. Sur ses derniers mots, il détourna la tête.

Rien. Tout cela avait été inutile. Complètement inutile.

« Je comprendrais que tu ne veuilles plus de moi. Je… Je ne te mérite pas. » ajouta-t-il dans un souffle, ses yeux croisant son regard. Son visage sa défigurait lentement au rythme de tremblements qu’il essayait de maîtriser. « Mais je veux pas te perdre. Je veux pas te perdre. » ne cessait-il de répéter, cédant lentement aux agitations de son corps, laissant ses larmes couler le long de ses joues pendant que sa voix se brisait au rythme de son cœur. Répétant, répétant encore qu’il ne voulait pas la perdre. Ne supportant pas d’avoir laissé libre court à ses larmes devant Emily, il se tourna en essuyant violemment ses larmes. Il se mordait joues et lèvres pour retenir ses pleurs, rouvrant la plaie de sa lèvre. Désespéré. Il était complètement désespéré. Que pouvait-il faire ? Pouvait-il seulement faire quelque chose ? Quoi ? Il s’était perdu en pleine nuit tout seul à New York le troisième jour, il avait pris le mauvais métro, il était allé à Manhattan au lieu d’aller à Brooklyn, il avait fait du stop à une heure du matin, était rentré chez lui à dix heures sans avoir dormi plus de trente minutes sur un banc. Il avait vu des gens dans la rue sourire et chanter alors qu’ils avaient trente fois moins de raisons d’être heureux que lui et ses malheurs. Il avait vu des enfants pleurer leur âme d’être abandonnés, d’autres hurler de douleur parce qu’ils étaient blessés, malades, sans soin et lui, Casey, avec ses maigres connaissances d’étudiant en médecine, il les avait soignés tant bien que mal avec les moyens du bord. Il avait supporté des années d’humiliation, il avait pris le contrôle de sa vie en partant de Bowen et en y revenant, tout s’évanouissait ? Toutes ces épreuves pour rien ? Il redevenait le pauvre Casey qui loupait tout, absolument tout dans sa vie ? Pas même foutu de savoir ce qu’il voulait faire plus tard, et encore moins de garder la personne la plus importante de sa vie à ses côtés. Non. Non. Il n’était plus celui-là. Il n’était plus celui qui ratait, qui perdait. Et surtout pas Emily. Ses yeux se fichèrent sur le mur devant lui en même temps qu’il y frappait son poing de rage. D’impuissance. Ses mains déjà abîmées endurèrent un nouveau choc – depuis deux semaines, elles avaient déjà rencontré multitude de murs.

Une grimace de dégoût déforma son visage. Un rire nerveux le gagna bientôt et il se retourna, presque rieur.

« Bordel c’est quoi le problème ? Pourquoi on n’a pas le droit d’être heureux tous les deux ? Qui est contre nous, là, QUI ? À chaque fois qu’on essaie y’a quelque chose qui nous freine ! Mais putain si c’était juste pour rendre nos vies plus misérables ça servait à rien de nous faire nous rencontrer, on arrivait déjà tous seuls à avoir une vie pourrie. Si y’a je ne sais quelle puissance qui décide de nos vies, qu’elle se casse et qu’elle nous laisse gérer seuls bordel ! » s’exclama-t-il, oscillant entre rires amers et cris de colère, finissant par se laisser tomber contre un mur. Il n’avait pas pour habitude d’être vulgaire, mais cette fois, c’était trop. Il soutint sa tête de ses mains. Elle allait exploser, sa tête ? Il avait tellement mal au crâne que ça ne l’aurait pas étonné. Par ailleurs, tant mieux. Tant mieux, il quitterait ce monde qui n’en finissait pas de l’accabler. De les accabler.

Il était fatigué. Il était tellement fatigué. Il ne parvenait plus à dormir. Il s’abrutissait de travail. Et leur discussion ne faisait que l’achever d’autant plus.

« On y était… On y était, là… On allait enfin réussir à être heureux bordel ! Pourquoi a-t-il fallu que ça arrive ? On… On n’a pas eu le temps d’être vraiment heureux ensemble… On a à peine pu profiter de nous deux et… Et voilà, il était là. » glissa-t-il, le cœur en sang. « C’est… C’est comme si on te fait une greffe du cœur que tu attends depuis des millénaires et au moment où on t’opère, on te dit : « Ah, non, désolé, on s’est trompé, en fait c’était pas pour vous ! » et voilà, on te le retire, tu n’as plus rien et tout ce qu’ils trouvent à te dire c’est « Votre tour viendra plus tard ! » et toi, tout ce que tu peux comprendre, c’est que ton tour, il viendra jamais. T’es condamné à vivre avec un cœur malade, jusqu’au jour où il sera trop pesteux pour supporter le monde. Alors tout s’arrête. Une malédiction, c’est rien d’autre qu’une malédiction. »

Oui, il se sentait vraiment comme ce greffé. Il avait caressé quelques secondes l’espoir de pouvoir vivre mais quand il allait enfin attraper la vie, la prendre dans ses bras, elle s’était envolée vers d’autres âmes. Sa vie. En perdant Emily, il perdait sa vie.

« Bien sûr que je culpabilise, Emily. Je culpabilise ! Je culpabilise tous les jours ! Et HEUREUSEMENT, heureusement que je culpabilise, Lee ! » réagit-il soudain à l’une de ses précédentes paroles.

Il aurait été quel monstre pour ne pas avoir de remords ? Oh oui, oh oui il savait qu’au moment de leur mariage il l’avait pour lui et rien que pour lui, et il ne savait que trop qu’il était l’unique responsable du désastre de leur mariage. Et au fond, malgré tout ce qu’il croyait, il n’en était pas guéri. Il n’en serait jamais guéri. Jamais. Il avait trop mal de l’avoir fait souffrir, elle. De l’avoir brisée, de l’avoir fait fuir. Elle. La femme de sa vie.

Assis contre le mur, ses genoux ramenés à lui, il regarda la jeune femme.

« Vraiment… Vraiment tu n’y crois plus, à l’amour ? À cause de moi, oui, oui je suis d’accord. Comment tu peux dire que je suis génial alors que je suis le type qui a ruiné ta vie juste parce qu’il était trop con ? » chuchota-t-il se sentant plus lamentable que jamais.

Mais le problème était qu’il savait, il savait que si aujourd’hui Emily retrouvait confiance en lui et acceptait de sortir avec lui, il savait que rien de l’horreur de leur jeunesse ne recommencerait et qu’il serait le vrai garçon qu’Emily avait épousé au début.

« Je ne me suffisais pas. Toi tu es exactement la personne avec qui je rêve, je crève d’envie, de passer ma vie toute entière, et ma mort même s’il est un au-delà. »

C’était lui le problème, lui le seul problème. Son rapport à son corps, à sa personne. Mais justement : il avait changé. Désormais, il était capable de l’aimer. Cela pouvait fonctionner entre eux deux. Si seulement elle lui laissait cette chance nouvelle. Si seulement elle lui pardonnait son inconscience.

« Alors… Alors au vidéoclub non plus, tu n’y croyais plus en l’amour ? » demanda-t-il, soudain frappé par les derniers jours qu’ils avaient vécus et l’intensité de leurs émotions, la violence de leur amour, la force du soulagement de s’être retrouvés. Est-ce que ce n’était qu’un leurre ?
Il se leva, crut chanceler, alla jusqu’à elle, jusqu’à être de nouveau près de son visage.

« Quand on était sous la pluie tous les deux, à la fac, toi dans mes bras, tu n’avais pas confiance ? Tu n’aimais pas ? Et au vidéoclub… Quand… Quand on s’est retrouvés, ce n’était rien non plus ? Tu… Tu ne te sentais pas bien, auprès de moi, dans mes bras, quand tu ramassais le bazar qu’on avait mis ? » demandait-il, sans agressivité, simplement, demandant – rappelant, souffrant, aimant. « Quand tu as lancé How Long Will I Love You, ça ne voulait donc rien dire ? Je n’aurais jamais dû te prendre par la main et danser avec toi, caresser l’espoir qu’on se retrouve ? J’ai mal interprété tout ça, alors ? Ce n’était pas de l’amour ? Ni à la fac, ni nos baisers au vidéoclub, ni la tension entre nous avec ce foutu client, ni la douceur des moments passés chez Georgina ? Ce n’était pas de l’amour, tu ne nous pensais plus possible ? » Il n’avait pas la voix craintive de l’ancien Casey Kennington fuyant. Il parlait avec son cœur, ses croyances, ses idées – non plus sous la pression des autres qui faisaient des émotions une tare.

« Je te jure que je ne suis plus capable de te faire souffrir. Je l’ai trop fait pour recommencer. Qu’on me coupe une jambe à vif me serait mille fois moins douloureux. Oui, Emily, oui justement j’ai changé, et je ne suis plus le Casey qui par ses maladresses blesse, ni celui qu’on doit protéger. » souffla-t-il en la fixant du regard, cherchant à lui faire lire la sincérité de son âme au travers de ses yeux. Elle pouvait avoir confiance en lui. Elle le pouvait, pleinement, cette fois. – Et c’était lui qui avait protégé et pris soin des autres les derniers mois, il avait eu des responsabilités, il avait tout géré, comme l’adulte qu’il était, comme un père, un mari, face aux personnes qu’il aime et soutient.

Son bras le long du corps, sa main frôlait celle d’Emily. Ses doigts, quelques secondes, gardèrent le contact avec les siens.

« Ceux qui pensent que je t’offrirais une vie de routine et monotone ont tort. » affirma-t-il, pensant aux accusations de Diego. « Je suis beaucoup moins ennuyeux qu’on ne le pense, beaucoup plus malicieux qu’on ne le croie, plus audacieux également, et toi-même tu ne sais pas à quel point je pourrais être bien moins routinier que ce que l’on dit de moi. » professa-t-il doucement mais sûrement, son visage presque effleurant le sien.

Il ne se lançait pas des fleurs. Il établissait une vérité. Il brisait l’image timide qu’on avait de lui. On le pensait morne et mou, c’était faux. Il était capable de prendre un billet d’avion quelques heures avant un départ, et d’aller chercher Emily par surprise pour qu’ils s’envolent. Capable de dévaler les toits de Bowen avec elle la nuit, et même s’y arrêter pour un pique-nique nocturne. Capable de l’emmener à un concert en lui faisant croire qu’ils allaient à un ennuyeux repas de famille. Capable de faire des vidéos débiles de lui et les faire passer sur leur télé pour que Lee ait de quoi éclater de rire et se détendre en rentrant. Capable de l’amener dans une animalerie, lui faire croire qu’il refuse catégoriquement d’acheter un lapin parce que désolé ça sent mauvais, et rentrer le lendemain avec celui qu’elle désirait. Capable, encore, de bien d’autres surprises. Simples douceurs ou folies passagères, il le pouvait. Il était aussi plus audacieux et malicieux, oui. Il n’était pas ce garçon renfermé et prude. Il pouvait lui offrir bien plus d’un baiser passionné. – Il était tout à fait du genre à retourner au vidéoclub un jour qu’elle travaillait et, oui, lui faire l’amour ; il pouvait lui offrir de nouveaux instants de ce type, ne pas le réduire à une unique atroce fois. – Il crevait d’envie, là, maintenant, de faire glisser sa main sur sa hanche, caresser la peau de son ventre en remontant sous son T-shirt, et l’embrasser dans le cou – le cou, le buste, les épaules, les doigts, dans l’échancrure de son buste, au ventre ; laisser ses mains de pianiste glisser sur son corps, promener ses doigts sur sa peau, la caresser de ses lèvres, de sa langue, la rapprocher de lui, la sentir près de lui, avec lui, à lui. Il n’était plus si fragile, effacé, peureux, pudique. Il était vif, spontané. Et au fond de ses yeux brillait une lueur attestant de cette malice nouvelle, seule résistante à la tristesse qui avait gagné toute son âme, mais là, belle et bien là, lumineuse et n’attendant qu’une chose : être ravivée.
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MessageSujet: Re: “There’s a lot of things you need to get across this universe. Warp drive… wormhole refractors… You know the thing you need most of all? You need a hand to hold.”   “There’s a lot of things you need to get across this universe. Warp drive… wormhole refractors… You know the thing you need most of all? You need a hand to hold.” EmptyMer 26 Fév 2014 - 0:29

Quand il s'approcha d'elle pour la prendre dans ses bras, Emily eut un mouvement de recul. Puis elle décida finalement se laisser faire, se blottissant davantage contre lui pour rechercher du réconfort. Combien de fois avait-elle rêvé qu’il la prendrait dans ces bras de cette façon ? Combien de fois avait-elle rêve qu’il lui dirait que tout irait bien et qu’ils étaient assez forts pour tout surmonter ? Le nouveau Casey était le mari qu’elle avait toujours voulu. Mais il arrivait trop tard. Bien trop tard. Elle calma rapidement ses sanglots, s’insultant intérieurement de se montrer aussi faible. Casey finit par reprendre la parole et la rancœur d’Emily ne fit que grandir, encore et encore. Toute cette histoire n’était qu’un beau gâchis. Elle se demandait pourquoi il ne lui avait pas parlé. Pourquoi il avait préféré s’éloigner d’elle plutôt que de lui faire part de tout ça, plutôt que de lui demander de l’aide. L’estime qu’elle avait d’elle-même en prenait un sacré coup. Elle avait toujours pensé qu’avant d’être amant puis mari et femme, Casey et elle étaient les meilleurs amis du monde. Mais elle s’était trompée, apparemment. Il avait préféré la rayer de sa vie plutôt que de se confier à elle.

Puis il lui dit finalement qu’il était revenu à Bowen pour elle. Elle était touchée, évidemment qu’elle était touchée ! Mais cela ne changeait pas grand chose au problème. Il s’était rendu compte trop tard qu’il tenait à elle et elle lui en voulait, même si elle refusait de l’admettre. Elle voulait croire qu’il avait changé et qu’il n’était plus le même. Mais elle n’était pas prête à retomber dans ses filets. Son regard s’ancra dans celui de Casey et elle soupira doucement en l’entendant dire une fois de plus qu’il ne la méritait pas. « Arrête ça, Casey. Tu sais que c’est faux. » Elle détestait plus que tout quand il se rabaissait. Elle avait passé des années à essayer de lui faire prendre confiance en lui mais cela n’avait servi à rien. Il continuait à penser qu’il était minable – alors que c’était loin d’être le cas. D’un geste lent, elle leva les mains délicatement les mains pour les poser sur les joues de Casey. Là, elle essuya ses larmes avec son pouce, le plus délicatement possible. « Tu ne me perdras pas. Tu resteras toujours mon premier amour et tu compteras toujours pour moi. Quoi qu’il arrive. » Elle non plus, elle ne voulait pas le perdre. Elle ne voulait pas qu’il quitte sa vie maintenant qu’il était revenu. Mais elle n’était pas sûre de pouvoir lui donner son amour, pas sûre de pouvoir leur laisser une nouvelle chance. Elle pouvait lui offrir son amitié sans souci. Mais pour le reste, elle avait besoin de temps.

En l’entendant s’énerver et maudire le ciel de les mettre dans une telle situation, la jeune femme baissa la tête, les yeux rivés vers le sol. Elle ne pouvait qu’approuver. Elle aussi, elle était en colère. Parce que la vie ne leur laissait aucune chance de montrer qu’ils étaient capables. Capables de s’aimer, capables de vivre ensemble, capables d’être heureux. Il fallait toujours que quelque chose se dresse entre eux, les empêchant de vivre pleinement leur amour. Et cette fois-ci, Emily ne pouvait s’empêcher de se sentir coupable. C’était à cause d’elle que les choses ne marchaient pas.

Quand il lui remémora les derniers moments passés tous les deux – le baiser à la fac, la scène sous la pluie, le vidéoclub et tout le reste -, le cœur d’Emily se compressa malgré elle. Elle ne savait plus. Elle ne savait plus ce en quoi elle croyait, elle ne savait plus quoi faire. Jamais de sa misérable vie elle n’avait été aussi perdue. Mais elle ne devait pas laisser ses craintes paraître devant Casey. Elle voulait rester la fille forte qu’il avait toujours connu. « Non, je n’y croyais pas », mentit-elle en baissant les yeux. Elle était incapable de lui raconter des bobards en le regardant en face. De toute façon, il la connaissait tellement bien qu’il saurait qu’elle ne disait pas la vérité. Mais elle cherchait à se convaincre elle-même plus qu’à le convaincre lui. « Je… Je pensais y croire. J’y ai cru. Je t’assure que j’y ai cru. Mais on doit arrêter de faire comme si rien n’avait changé, comme si tout était encore possible. Parce que c’est pas le cas. On a eu notre chance, on l’a laissée passer et… C’est fini. » Ces mots lui coûtaient à tel point que sa voix se faisait de plus en plus basse. Il jura ensuite qu’il n’était plus capable de la faire souffrir et elle secoua la tête. C’était trop tard. Bien trop tard. Elle avait rêvé de l’entendre dire ça pendant tellement longtemps que l’amertume venait de lui piquer la gorge. Pourquoi fallait-il qu’il revienne vers elle maintenant ?  Pourquoi le temps n’était-il jamais en leur faveur ? Ils courraient après l’impossible ; jamais ils ne pourraient être ensemble et heureux en même temps. Jamais. Le destin ne les laisserait pas faire. Foutue providence, foutue fatalité. « On n'y peut rien. Ce n’est la faute de personne. Peut-être qu’on… » Elle marqua une courte pause, serrant la mâchoire pour éviter de pleurer à nouveau. « Peut-être qu’on n’est pas fait pour être ensemble, c’est tout. » L’image de ces drames sentimentaux où deux personnages s’aimaient à la folie sans jamais parvenir à être ensemble envahissait son esprit. Sa vie était devenue un film. Un drame dont elle savait déjà que la fin serait sordide. Elle n’avait plus foi en rien. Ni en l’amour, ni en la vie… Ni en elle-même, au fond.

Il lui assura ensuite qu’il ne lui offrirait pas une vie monotone, parlant sans l’évoque de Diego. Elle savait tout ça. Elle savait que Casey n’était pas celui que les autres pensaient. Il n’était pas ennuyeux ni même sage. Il était beaucoup plus marrant qu’on le croyait. Il était vif d’esprit, plein de surprises, incroyablement intelligent et malicieux. Elle leva les yeux vers lui, se forçant à ne pas regarder ses lèvres. Elle avait envie de l’embrasser, oui. Mais elle  ne le ferait pas. Toute cette histoire était bien assez compliquée comme cela. « Je sais tout ça, Casey. Je te connais par cœur. » Elle esquissa un minuscule sourire. Se dire qu’elle le connaissait peut-être mieux qu’elle ne se connaissait elle-même lui faisait mal. Leur histoire n’aurait pas dû se terminer comme ça. Elle aurait dû se terminer comme les contes de fées. « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». Pas dans les larmes et la douleur. Elle détestait la vie de leur infliger ça. « J’ai pas envie qu'on se fasse du mal... » Sa main glissa dans les cheveux de son ex-mari puis sur sa joue, qu’elle caressa du bout des doigts sans quitter son regard. Elle était toujours amoureuse de lui, peut-être même encore plus qu’avant. Mais elle ne voulait pas voir la vérité en face. Elle préférait se persuader qu’elle était simplement attachée à leur passé commun et enfouir ses sentiments loin, très loin, jusqu’à les oublier.


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MessageSujet: Re: “There’s a lot of things you need to get across this universe. Warp drive… wormhole refractors… You know the thing you need most of all? You need a hand to hold.”   “There’s a lot of things you need to get across this universe. Warp drive… wormhole refractors… You know the thing you need most of all? You need a hand to hold.” EmptyJeu 27 Fév 2014 - 2:35

Il s’était détaché et les larmes avaient fini par franchir ses yeux. Emily passa ses doigts sur ses joues, essuyant ses larmes. C’était adorable. Il se sentit pourtant presque blessé. Elle prenait soin de lui, elle prenait soin de lui comme toujours, le maternait… Mais c’était lui, c’était lui à présent qui voulait prendre soin d’elle ! Et elle semblait franchement avoir besoin de quelqu’un pour l’épauler, perdue comme elle était. Il n’avait plus besoin d’être materné. C’était à son tour de soigner. Attendri néanmoins, il lui prit délicatement les poignets et fit glisser ses mains sur ses doigts. « Non, ce n’est pas faux, je ne dis pas cela pour me dévaloriser. Quand on fait du mal à quelqu’un, on n’a aucun mérite. » réfuta-t-il, la voix posée comme s’il énonçait l’un de ses raisonnements scientifiques. « Pourtant tout le monde, à n’importe quel moment, fait des fautes. On blesse inévitablement, par un petit geste, par de grandes maladresses, ça arrive de blesser les gens qu’on aime. C’est normal d’avoir des chemins d’embûches. Mais quand il y en a, on les débarrasse, et on apprend à ne plus les refaire. » Il ne s’attendait pas lui-même à parler ainsi. Il n’avait vraiment pas prévu de sortir un tel discours, maintenant. Mais c’était venu – et ce n’était pas faux. « Alors, si, Emily, je peux te dire que je ne te mérite pas parce que j’ai été odieux avec toi. Mais je peux aussi t’affirmer que j’ai continué ma route avec et que je ne compte pas réitérer de telles erreurs. Une fois suffit pour comprendre combien elles sont coûteuses. » Puisqu’il il était, autant pousser jusqu’au bout son discours. La réplique de la jeune femme arracha un sourire plutôt amer à Casey. Non, ça ne le consolait pas. Il ne voulait pas seulement compter pour elle. Il voulait être celui qu’elle choisissait. « Ça me fait une belle jambe d’être ton premier amour maintenant, tiens. » énonça-t-il avec un rictus, la voix railleuse, secouant sa tête. Génial, il était son premier amour. Il voulait être le premier et le dernier. Voire le seul. Non. Le plus important et le dernier. Voilà. Et honnêtement, qu’il compte pour elle sans pouvoir être avec elle, à part lui donner un os à grignoter en consolation, ça ne l’aidait pas des masses.

Il s’éloigna d’elle, emporté par ses émotions. Il n’en pouvait plus de cette situation. Ça le bouffait, littéralement, entièrement, pleinement. Diego aurait été là devant lui, il lui aurait foutu son poing dans la figure, voilà. Il voulait Emily. Avec lui. De nouveau. Exactement comme c’était supposé se passer depuis son retour à Bowen. Et il avait réussi ! Avant que ce blanc-bec de brun ténébreux à la con ne foute ses pieds dans le bar. Il revint vers elle, essayant de lui rappeler ses sentiments au vidéoclub, de lui faire prendre conscience qu’elle pouvait y croire. Mais Emily baissa les yeux et affirma ne plus y avoir cru. Casey, exaspéré, ne fit rien pour retenir un léger rire jaune. Il lui souleva le menton de ses doigts et l’obligea à la regarder. « Redis-moi ça dans les yeux. » intima-t-il,  sachant pertinemment que si elle avait baissé le regard, c’était parce qu’elle ne pouvait mentir en le fixant. Emily nuança ses propos, mais trouva quand même le moyen d’affirmer que ce n’était plus possible. Il lâcha son menton, essaya de lui faire comprendre qu’elle avait tort et qu’ils pouvaient recommencer mais la blonde finit par lui dire qu’ils n’étaient pas fait pour être ensemble. À ses mots, leva un bras et frappa l’air violemment, soupirant d’agacement. Non, il refusait d’entendre de tels propos. « Mais Emily, arrête de dire des conneries pareilles, t’es pire que moi là ! » dit-il en haussant le ton. « On n’est pas fait pour être ensemble ! Sérieusement, t’en as d’autres comme celle-là ? Emily ! » continua-t-il, criant presque, laissant pour la première fois libre cours à la colère qui l’agitait – ou plutôt, la faisant passer de physique à verbale. Ses poings cessaient d’être meurtris, c’était sa bouche à présent qui recueillait les fruits de son ire. « Ne parle pas de nous comme si tu parlais de vêtements ! On est autre chose que deux bouts de chiffons dont les couleurs ne s’harmonisent pas putain ! » fulmina-t-il, passant sa main sur son front, la colère battant à ses tempes, serrant sa mâchoire. « C’est complètement con cette histoire de gens qui vont ou non ensemble. On s’aime, ou on ne s’aime pas. On parvient à accepter l’autre, qualités et défauts inclus, ou non. Mais va pas me dire qu’on ne va pas ensemble ! » s’énerva-t-il, se rapprochant de nouveau d’elle, ses yeux caramel noircis par la rage qui l’animait, une main venant reprendre son menton, tournant son visage vers lui. « Je vais te le dire, puisque tu refuses de le faire. Si, bien sûr que tu y croyais, et on s’aimait peut-être même plus fort qu’avant, et par avant, je ne veux pas seulement parler de notre mariage, je veux dire avant le mariage, le début de notre relation, plus fort que tout cela, on s’aime plus qu’avant, et si toi tu n’oses pas le dire, moi je te jure que tu y croyais en l’amour, et tu y croyais jusqu’à ce que ce connard t’offre cette bière. » lui souffla-t-il dans un murmure de colère, une détermination forte portant ses paroles. Il avait cessé de vouloir faire le gentil. Tant pis. Tant pis si Emily était choquée et qu’elle était effrayée, ou dégoûtée de lui. Quoique, en y réfléchissant, son Diego là, il avait bien poussé une table, arraché leurs mains, l’avait plaquée sur le mur et lui avait parlé comme un chien enragé, alors elle pouvait bien accepter que pour une fois dans sa vie Casey Kennington hausse le ton, n’est-ce pas ?

Il essaya. Il essaya de lui dire qu’il avait changé. Mais tout ce qu’elle répondit c’est ce qu’elle le savait car elle le connaissait par cœur. Casey se pinça les lèvres et détourna la tête. Il plaqua l’une de ses mains derrière sa tête, l’autre s’était redressée sur sa hanche. Puis, soudain, il se tourna vers Emily. « NON. NON. Vous ne pouvez pas arrêter de croire ça ? De croire que vous me connaissez par cœur ? » cria-t-il dans un éclat de colère. Il ne voulait pas, il ne voulait vraiment pas s’en prendre comme ça à Emily mais il ne voyait plus comment faire pour qu’elle comprenne qu’il n’était plus uniquement celui qu’elle connaissait. « Non. Non Emily. » dit-il en s’avançant vers elle, plantant son regard dans le sien, s’appliquant à ne surtout pas le lâcher, ses yeux toujours noirs. « Tu ne me connais plus Emily. Plus entièrement. Tu connais par cœur celui que j’étais, tu ne sais pas qui je suis. » tonna-t-il encore, phrases aspirées dans un tourbillon de colère – parce qu’il sentait qu’elle ne mesurait pas combien il avait changé et qu’elle restait sourde à tout cela, parce qu’il voulait aussi en finir vraiment avec l’image de celui qui est faible et doit être protégé. Quoiqu’en pense Emily, elle avait quand même cette image-là de lui. Et s’il trouvait cela adorable en temps normal, aujourd’hui, avec toutes les circonstances, il avait envie de faire voler en éclats cette attitude. De lui faire cesser son rôle de copine-mère, qu’elle arrête de poser sur lui des yeux soucieux, qu’elle le perçoive aussi comme quelqu’un à part entière, autonome, et qui, si elle le connaissait depuis des années, pouvait néanmoins la surprendre. Un petit-ami, un vrai. Pas seulement le pauvre chou à câliner.
Il se calma doucement et Lee passa sa main dans ses cheveux, caressant des doigts sa joue. Il ferma les yeux quelques secondes quand elle lui dit qu’elle ne voulait pas qu’ils se fassent du mal. Il la regarda, adouci. Baissa les yeux sur sa main, la lui prit – la pressant quelques secondes contre sa joue – avant de caresser ses doigts. Il y déposa un baiser, caressa de son pouce les doigts qu’il tenait, la regardant. « Moi non plus. Moi non plus, Emily. » murmura-t-il, mais doucement cette fois, c’était un chuchotement délicat, non pas un souffle de colère. Il la fixait, l’océan apaisait ses yeux devenus ténébreux – qui lentement reprenaient leur couleur caramel. Est-ce qu’elle allait comprendre qu’il avait changé et que leur amour était possible, qu’elle-même y croyait, il le savait ? Est-ce que ses mots allaient lui faire prendre conscience qu’elle l’aimait encore ? Il n’en était pas sûr. Les mots étaient toujours trompeurs. Une citation d’un auteur de théâtre trouvé au hasard chez Lily-Anaëlle lui vint en tête.« Il y a des choses qu'on ne peut dire qu'en embrassant... parce que les choses les plus profondes et les plus pures peut-être ne sortent pas de l'âme tant qu'un baiser ne les appelle.  » C’était de Maeterlinck, s’il ne se trompait pas. Au fond, peu importait. Cet auteur avait raison. Alors il regarda Emily, fixement, intensément, et il lâcha sa main ; tenant à présent son visage, il l’embrassa avec toute son âme. Ce n’était pas un baiser pour embrasser – c’était un dialogue. Lui dire, lui faire comprendre, tout ce qu’elle refusait d’entendre ou d’admettre, tout ce qu’elle se cachait à elle-même, et effacer sa peur de lui, prouver à Emily que jamais plus le cauchemar du mariage n’était possible désormais. Un dialogue.
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Elle haussa un sourcil à sa remarque. Depuis quand faisait-il preuve d’une telle ironie ? Ce n’était pas le Casey qu’elle connaissait. De mémoire, elle ne l’avait jamais vu se montrer sarcastique ni même se mettre réellement en colère. Et contre toute attente, cela ne lui déplaisait pas. Pour autant, elle était bien trop agacée par son comportement pour ne rien dire, elle croisa les bras et lui lança un regard agacé. « Tu fais chier, Casey ! » À croire que la vulgarité allait de paire avec l’énervement. Mais merde, à la fin ! Elle ne parvenait plus à le comprendre et toute cette histoire l’épuisait. Il voulait être plus que son premier amour ? Parfait ! Il n’avait qu’à se bouger pour le lui prouver. Elle en avait assez de faire tous les efforts à sa place. Alors qu’elle lui expliquait avec plus ou moins de conviction qu’elle ne croyait plus en leur histoire, il s’approcha d’elle avec aplomb et attrapa son menton pour la forcer à le regarder en face. Impossible. Elle n’était pas menteuse pour un sou, le regarder dans les yeux en lui affirmant qu’elle ne l’aimait plus ou qu’elle était sûre et certaine qu’ils n’avaient plus aucune chance était inenvisageable. À son tour, elle sentit la colère monter et son regard se fit bien plus intense. Elle ne pouvait pas le laisser s’énerver sans répliquer. Le débat n’avancerait pas et ils resteraient bloqués, chacun campant sur ses positions, chacun essayant de persuader l’autre qu’il avait raison. « Je n’ai jamais dit qu’on n’allait pas ensemble, putain ! », répliqua-t-elle tout aussi vivement. « J’ai simplement émis l’hypothèse qu’on n’était peut-être pas faits pour être ensemble, c’est complètement différent ! Y a des couples qui fonctionnent, d’autres non. C’est comme ça, c’est la vie ! L’amour n’a rien à voir là-dedans ! À quoi bon essayer de forcer le destin en se remettant ensemble alors que tu sais aussi bien que moi que ça ne marchera pas ? Je suis peut-être conne, mais je ne suis pas folle à ce point ! J’ai pas envie de me faire mal par plaisir. » Elle pouvait lui citer des tas de héros de fiction qui vivaient un amour comme le leur. Une histoire compliquée, semée d’embuches et de péripéties. Une histoire impossible, une histoire qui ne fonctionnerait jamais même si les protagonistes y mettaient tout leur cœur. Leur relation était impossible, voilà tout. L’amour n’était pas toujours suffisant. Elle soupira fortement et serra la mâchoire. La colère lui brûlait la gorge. Mais bizarrement, ce n’était pas une mauvaise colère qui la consumait de l’intérieur et lui donnait envie de tout casser. C’était… C’était la colère que l’on ressentait lors d’une dispute d’amoureux, une dispute passionnée et pleine d’amour. Une dispute comme elle aurait aimé en avoir lorsqu’ils étaient encore mariés. Une bonne engueulade valait mieux qu’un silence pesant. Les cris valaient mieux que l’ignorance. Alors qu’elle fulminait intérieurement, Casey attrapa une fois de plus son visage pour la forcer à la regarder. Et il se lança dans un discours plus ou moins moralisateur, affirmant qu’elle se voilait la face en jurant qu’elle ne croyait plus en l’amour. Elle fixa son regard sans broncher mais termina par fermer les yeux, touchée par tout ce qu’il venait de dire. Il avait raison. Il avait entièrement raison. Mais il était hors de question qu’elle l’affirme à voix haute. De toute façon, son silence parlerait pour elle. Si elle se murait dans le silence, il comprendrait qu’elle n’avait aucun argument pour contrer ses propos. Même si l’admettre ne lui faisait pas plaisir.

Puis il essaya une fois de plus de la convaincre qu’il avait changé et que cette fois-ci, leur histoire marcherait parce qu’il était incapable de commettre à nouveau les erreurs du passé. Il ajouta qu’il était bien moins prévisible qu’on pouvait le penser, affirmant qu’il était en mesure de lui offrir une vie plein de surprise. Elle rétorqua qu’elle le connaissait par cœur et une fois de plus, la réponse de Casey fut empreinte de colère. « NON. NON. Vous ne pouvez pas arrêter de croire ça ? De croire que vous me connaissez par cœur ? » Emily sursauta malgré elle, surprise qu’il se mette à crier. Elle mourrait d’envie de lui demander ce qu’il lui prenait mais les mots ne parvenaient pas à sortir de ses lèvres. Elle était estomaquée, choquée, effrayée – et totalement charmée par cette nouvelle facette de sa personnalité. Il avait passé tellement d’années à s’effacer au profit des autres qu’elle avait perdu tout espoir de le voir s’affirmer un jour. Mais là… Là, c’était un tout nouveau Casey qui se tenait devant elle. Un Casey qui n’avait plus peur de dire haut et fort ce qu’il pensait, un Casey qui laissait sa colère éclater sans essayer de la retenir. Elle prenait conscience qu’il avait raison : il avait vraiment changé. Il n’était plus le jeune homme craintif d’autrefois ; aujourd’hui, elle n’avait plus besoin de le protéger. Il était assez grand pour le faire tout seul. « Wow », murmura-t-elle d’une voix tellement faible qu’elle n’était pas sûre que Casey l’entende. De toute façon, ça n’avait pas d’importance. C’était simplement une exclamation de surprise. Un fin sourire étirait ses lèvres et malgré ses efforts, elle ne parvenait pas à le masquer. Elle ne l’avait jamais trouvé aussi sexy qu’à ce moment-là. Reprenant le dessus sur ses émotions – ou essayant de le faire avec plus ou moins de succès, en réalité – elle posa sa main sur la joue de Casey et lui sortit l’argument le plus nul qui soit pour le convaincre qu’ils n’étaient pas faits pour être ensemble : « j’ai pas envie qu’on se fasse du mal ». Elle n’arrivait plus à penser correctement, à vrai dire. La seule chose à laquelle elle pensait, c’était Casey qui était tout près d’elle. Trop près d’elle, même. Alors qu’ils restaient là, à se regarder sans plus rien oser dire, Emily avala sa salive avec difficulté. La tension entre eux était encore plus forte que la soirée passée au vidéoclub ; son cœur n’allait pas tenir le choc, elle en était certaine. Alors qu’elle s’apprêtait à s’éloigner pour pouvoir respirer à nouveau, Casey l’embrassa à pleine bouche et Emily se sentit défaillir. Elle avait l’impression que ses jambes allaient la lâcher d’une seconde à l’autre, qu’elle allait s’écrouler sur le sol ou tomber dans les vapes. C’était probablement la première fois qu’elle était autant attirée par Casey. Ce qu’elle ressentait à ce moment précis était sans précédent. Jamais elle ne s’était sentie aussi chancelante à cause d’un simple baiser. Pas même avec Diego. Elle répondit à son baiser sans pouvoir s’en empêcher, y mettant toute la passion du monde. C'était une manière de lui dire toutes les choses qu'elle gardait pour elle, un moyen de lui faire comprendre tout ce qu'elle avait peur d'exprimer. Ce baiser valait plus que toutes les conversations du monde. Quelques instants plus tard, elle se détacha de lui tout en gardant son visage suffisamment près du sien pour que leurs nez se frôlent. Elle se mordit la lèvre malgré elle, comme pour profiter un dernier instant de ce moment si spécial, puis elle soupira doucement. Elle avait très envie de lui. « Je… Je crois que tu ferais mieux de partir. » Sa voix n’était plus qu’un murmure. Sa respiration, saccadée à cause de l’intensité du baiser qu’ils venaient d’échanger, l’empêchait de parler convenablement. Comment trouvait-elle la force de résister ? De lui résister ? Il fallait qu’il parte en vitesse, avant que son désir ne prenne le dessus, avant qu’elle ne soit plus capable de faire preuve de raison. Elle ne pouvait pas succomber à ses charmes. Elle ne le voulait pas. Cela ne ferait que compliquer davantage la situation délicate dans laquelle ils se trouvaient. Elle planta son regard intense dans le sien. Il devait partir maintenant, avant qu'elle ne change d'avis et qu'elle se décide à le garder avec elle pour toujours.


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MessageSujet: Re: “There’s a lot of things you need to get across this universe. Warp drive… wormhole refractors… You know the thing you need most of all? You need a hand to hold.”   “There’s a lot of things you need to get across this universe. Warp drive… wormhole refractors… You know the thing you need most of all? You need a hand to hold.” EmptyVen 28 Fév 2014 - 12:37

La colère était montée en lui, sarcasme et énervement traversaient ses lèvres. Seulement, son agitation sembla contaminer la jeune blonde… Qui l’insulta. Casey fut quelques secondes interloqué, il ne l’avait jamais entendue parler ainsi, et encore moins lui parler de la sorte. Il haussa un sourcil, prêt à répliquer – il ne savait quoi, en vérité – mais ce fut elle qui poursuivit. Il ne l’avait jamais vue énervée de la sorte. Et curieusement… Curieusement, l’entendre lui dire qu’il faisait chier et la voir parler fort, s’énerver contre lui, ça ne l’indisposait pas. Il la trouvait… Il la trouvait absolument charmante, en vérité. Ce nouveau visage d’Emily était charmant, oui. Et plus il la regardait, plus il se disait qu’Emily Finch en colère, c’était… Sexy, en fait. Mais pas question de céder là comme ça à son visage d’ange. Il l’écouta répliquer à ce qu’il lui disait. Tout ce qu’ils disaient là n’avaient pas de sens. Alors il alla d’un pas décidé vers elle et reprit son menton entre ses mains, déterminé à lui cracher au visage ce qu’elle refusait d’admettre, espérant lui ouvrir les yeux, la faire accepter la situation, changer les choses… Elle ne répondit rien. Mais Casey sut que ce n’était pas une défaite, au contraire. Si elle ne répliquait pas, c’est qu’intérieurement elle savait qu’il avait dit vrai et que, d’une certaine façon, elle acquiesçait. Lui donnait raison. Une petite victoire, enfin.

Il s’était de nouveau emporté et n’avait pas remarqué qu’Emily était complètement abasourdie – et impressionnée. Quand il se calma et qu’il l’embrassa… Il ne s’attendait pas à ce qu’elle réponde ainsi à son baiser. Il en fut presque surpris, mais c’était aussi… Terriblement agréable. Comme si toute l’angoisse des dernières semaines était aspiré par ce baiser et remplacé par un bonheur, bref certes, mais intense, plus intense que jamais il ne pourrait l’être. Le bonheur à son paroxysme. Contenu dans l’instant d’un baiser. Alors il l’embrassa d’autant plus fort, avec d’autant plus d’amour et de passion, de fougue et, aussi, de soulagement. Il y faisait passer toute son âme, tout leur passé mais aussi le devenir, et surtout le présent, là, la puissance de leurs émotions présentes, il l’embrassait comme si quitter ses lèvres le ferait mourir, l’embrassait comme s’il s’abreuvait de vie à sa bouche. Elle se détacha de lui, il était presque essoufflé et mourrait d’envie de recommencer. Leurs visages étaient toujours près l’un de l’autre, il sentait son nez frôler le sien, la voyait se mordiller les lèvres… Casey entendit à peine ce qu’elle lui dit. Il ne voulait pas l’entendre. Elle le regardait intensément, trop intensément. Et elle était définitivement trop adorable à se mordre les lèvres. C’était… C’était un appel auquel il ne pouvait résister. Appel inconscient ou involontaire peut-être, mais un appel auquel il était plus que sensible. Alors, la respiration encore saccadée par leur baiser, il la plaqua contre lui de sa main gauche et l’embrassa de nouveau, l’emmenant contre un mur. Il soutenait sa tête de sa main droite, l’autre main glissait sur son épaule tandis que ses lèvres embrassaient son cou. Progressivement, ce qu’avait dit Emily s’inscrivait dans son esprit, et il cessa ses baisers, ses lèvres cependant à quelques millimètres des siennes. « Tu veux que je parte ? Maintenant ? » lui demanda-t-il dans un souffle… Légèrement frustré. Légèrement. « C’est toi qui fais chier, Emily ! » lui souffla-t-il, mais sans colère, en riant. Il fit un effort terrible et se détacha d’elle, tournant donc sur lui-même pour partir. Il n’avait fait que quelques pas. Mais… Non. Non, il ne pouvait pas. Il y avait trop d’air entre eux, trop d’espace. Il ne pouvait pas partir là maintenant. Il ne pouvait pas laisser autant de vide entre eux deux. Alors il se retourna vivement et revint vers elle, son bras droit venant se bloquer au-dessus de sa tête sur le mur tandis que sa main gauche se glissait dans son dos sous son T-shirt, la collant à lui, serrant ses jambes contre elle. Il l’embrassait dans le cou et aux épaules, laissait son souffle frôler son visage. « Non. Non je n’ai pas envie de partir. » lui murmura-t-il à l’oreille avant de faire glisser ses lèvres dans son cou, venant ensuite chercher ses lèvres, les embrassant sans pour autant l’embrasser elle vraiment. Il la tenait contre lui, plaquant son torse contre sa poitrine. Sa main caressait son dos, il tentait de se retenir d’enlever le haut de la jeune femme. Pourquoi diable voulait-elle qu’il parte maintenant ? Non il ne comprenait pas. Parce que… Parce que ce qu’il se passait là, ça pouvait les réconcilier pour de bon, ça pouvait les réunir, résoudre toute cette histoire. Mais peut-être était-ce pour cela qu’elle désirait qu’il parte. Après tout, quand il était arrivé elle était complètement perdue entre eux deux. Ce qu’il se passait devait ajouter à sa confusion. Et elle avait sûrement besoin de réfléchir, non pas de bousculer tour à tour ses sentiments pour l’un l’autre, elle devait avoir les idées claires pour choisir. D’accord, d’accord. Peut-être qu’il comprenait un peu alors. Mais il ne voyait pas pourquoi, après tout, elle ne décidait pas de choisir là maintenant. De le choisir lui. Ou plutôt, il n’y avait qu’une seule réponse : parce qu’elle avait peur. Elle avait peur de sortir avec lui. – Maybelle avait raison. Cependant, Casey savait qu’elle avait compris cette fois, vraiment compris, qu’il avait changé. À la façon dont elle l’avait embrassé, il savait qu’Emily ne le regardait plus de la même façon qu’avant et percevait l’homme qu’il était devenu. C’était une autre victoire. Même si la bataille n’était pas gagnée, au moins quelques combats l’étaient-ils. Soit, peut-être fallait-il un peu de temps à Lee pour prendre en compte cette nouvelle donnée. D’accord alors, d’accord… Il allait partir. Mais il ne parvenait pas à se détacher d’elle, comme si une corde retenait son corps auprès du sien. Ses lèvres toujours près des siennes, il ferma les yeux quelques secondes, laissa ses doigts de pianiste caresser la peau d’Emily avant de sortir de son T-shirt, venant se placer sur sa joue. Il la regarda. C’était un effort terrible qu’il devait faire. Partir. Maintenant. Mais d’accord. D’accord, elle le lui demandait. Et pour accepter de s’en aller dans un pareil moment, dans une telle tension, c’était qu’il l’aimait, qu’il l’aimait vraiment, qu’il l’aimait de toute son âme, car partir loin d’elle était un déchirement. « D’accord, d’accord. » souffla-t-il, baissant les yeux, son nez frôlant le sien, le bras droit sur le mur, sa main gauche glissant lentement le long de sa joue, effleurant à présent la main de la vendeuse. S’en aller. Sa poitrine se soulevait au rythme de sa respiration, trop rapide et trop forte. S’en aller. C’était comme si ses pieds étaient empêtrés dans ses sables mouvants dont il devait se sortir seul. Un effort incommensurable. S’en aller. Pour elle. « D’accord. » redit-il encore, cherchant dans les mots la force de partir. Il respira fortement et son bras se décolla finalement du mur, son visage s’éloigna de celui d’Emily. Il mit quelques centimètres de distance entre eux. Voilà. Il allait partir. Il avait l’impression d’avoir été en apnée depuis qu’ils s’étaient embrassés et qu’il venait de sortir brutalement la tête de l’eau. Mais sa respiration, c’était auprès d’Emily qu’il la prenait le mieux. L’air du monde était pestiféré en comparaison.
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MessageSujet: Re: “There’s a lot of things you need to get across this universe. Warp drive… wormhole refractors… You know the thing you need most of all? You need a hand to hold.”   “There’s a lot of things you need to get across this universe. Warp drive… wormhole refractors… You know the thing you need most of all? You need a hand to hold.” EmptyDim 2 Mar 2014 - 22:57

Évidemment, Casey ne l’écouta pas. Au lieu de partir, il l’embrassa à nouveau, la plaquant contre le mur le plus proche. Puis, finalement, il se décida à quitter ses lèvres pour lui répliquer que c’était elle qui faisait chier. Elle essaya de ne pas rire à sa remarque mais il était tellement adorable qu’elle pouffa malgré elle, levant les yeux au ciel d’un air désabusé. « Qui êtes-vous et qu’avez-vous fait du Casey Kennington qui songeait sérieusement à rejoindre… Comment c’était, déjà ? » Elle fronça le nez, cherchant au fond de sa mémoire le nom de l’association qui prônait l’abstinence avant le mariage. Elle lui adressa finalement un sourire amusé, se mordant la lèvre pour ne pas éclater de rire en repensant à toute cette histoire. Cette histoire d’abstinence avait beaucoup fait rire Emily, même si elle avait toujours respecté son point de vue. Mais se dire que c’était lui qui refusait ses avances et qui préférait attendre, ce n’était pas banal ! D’ordinaire, dans les films, c’était le contraire. La fille sage qui veut attendre d’être sûre de ses sentiments et le garçon qui se montre un peu trop pressant avec elle. Décidemment, ils ne faisaient rien comme tout le monde… « True Love Waits ! », déclara-t-elle finalement d’un ton joyeux, élevant la voix sans le vouloir. Mais non, ce n’était pas ça. Elle aurait dû s’en souvenir pourtant, parce qu’elle avait charrié Casey pas mal de fois avec ça… Gentiment, évidemment. Elle ne lui en avait pas voulu de vouloir attendre le mariage. Premièrement parce que leur nuit de noces avait été inoubliable grâce à cela, mais aussi parce qu’elle savait qu’il tenait vraiment à elle – même s’il lui avait probablement demandé de l’épouser parce qu’il avait de plus en plus de mal à contenir ses hormones. Casey se colla davantage à elle, couvrant son cou de baisers pendant que sa main s'aventurait lentement dans son dos. Elle se sentit frissonner des pieds à la tête et ferma les yeux pour essayer de garder le contrôle. Il fallait qu’elle pense avec sa tête plutôt qu’avec son corps, sans quoi la situation empirerait davantage. Pourtant, elle était attirer par ses lèvres et ne pas les embrasser à nouveau relevait de la torture. « Faut que tu partes. Maintenant », dit-elle à nouveau sans pouvoir s’empêcher de déposer un dernier baiser sur ses lèvres. Puis elle lui offrit un sourire adorable. Elle ne le chassait pas par gaieté de cœur mais c’était la seule solution pour ne pas aggraver les choses. Tout cela la rendait folle. Elle allait finir par chopper une migraine insupportable à force de penser et repenser à la situation pour tenter d’y voir plus clair… Et ce n’était clairement pas là, avec le corps de Casey tout contre le sien, qu’elle pourrait évaluer ce qu’elle voulait en toute objectivité. Elle avait besoin de temps, elle avait besoin d’espace… Elle avait besoin de réfléchir, de peser le pour et le contre, de faire le point sur ses sentiments. Posant une main sur l’épaule de Casey – elle ne savait pas vraiment si c’était pour attirer son attention ou simplement parce qu’elle ressentait le besoin de le sentir près d’elle -, elle planta son regard azur dans le sien. « T’aimerais changer quelque chose ? À notre histoire, je veux dire. Si tu pouvais retourner dans le passé, tu changerais quelque chose ? » Ne lui demandez pas pourquoi elle posait cette question absurde, elle n’en avait aucune idée. Peut-être parce qu’elle avait besoin de connaître sa réponse pour pouvoir savoir où elle en était. Ou peut-être parce qu’elle avait réalisé qu’au final, elle ne changerait rien même si elle en avait le pouvoir. Leur histoire était aussi forte parce qu’ils avaient vécu toutes ces choses, bonnes et moins bonnes, et que leur amour avait évolué au fil des épreuves. Si tout s’était passé différemment, elle n’aurait pas été ici, en ce moment, à essayer de calmer les battements de son cœur qui s’accéléraient à chaque fois qu'il posait son regard sur elle. Ni à essayer de se persuader qu’elle n’était plus amoureuse de Casey alors qu’une petite voix au fond d’elle, qu'elle tentait vainement d'ignorer, lui criait qu’il était l’homme de sa vie.
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