le vent nous portera | adilyn

Mi-Février 2016.

Elle sortait de prison, elle était perdue, revenue à Bowen depuis quelques jours, elle paniquait à chaque fois qu'elle voyait quelqu'un, dans une petite ville pareille, la rumeur aurait fait le tour de la ville, surtout avec une mère comme la sienne qui n'a pas la langue dans sa poche, mais il faut croire qu'elle avait trop honte de sa fille sur le coup puisqu'Adilyn n'avait pas entendu, ni vue des gens parler sur elle ou la regarder de travers. La blonde ne voulait pas voir ses amis, mais elle avait besoin de voir quelqu'un et la seule personne qui lui venue dans la tête était Jamie. Ça faisait trop longtemps qu'elle ne l'avait pas vu et il lui manquait un peu, c'était un de ses seuls amis de longue date. Le moteur de sa voiture grondait sur le trajet, elle était vieille et Adilyn devait la changer, mais elle n'avait pas le goût à dépenser de l'argent. Arrivée devant la maison, un coup de panique la prise par le cou ; une maison avec une bâche sur le toit, qui semblait avoir été ravagé, elle espérait que tout le monde allait bien. Tremblotante, elle s'avançait vers la porte d'entrée, puis tapait à la porte. Peut-être que personne n'allait répondre, qu'elle avait perdu son ami. « Jamie ? » Dit-elle, la voix aussi tremblante que son corps.

La maison n'était pas vide, elle entendait un chien aboyer, ce qui lui redonnait petit à petit le sourire après l'horreur de l'état de la maison. Elle patientait en espérant vraiment que Jamie n'ait pas déménagé et, qu'elle ne tombe pas sur un inconnu ; elle ne saurait vraiment pas expliquer son cas. C'était la première fois qu'elle allait revoir un de ses anciens amis, la blonde ne voulait pas se tromper parce qu'elle avait déjà fait un gros effort pour arriver devant la porte. Une minute passait et elle fit un pas en arrière. Le bruit de la poignée qui s'enclenchait, son cœur qui semblait battre à toute allure qu'elle n'entendait plus ce qui se passait autour. Adilyn inspirait, toujours un large sourire puis en voyant Jamie, elle cru le perdre instantanément. Bien sûr, heureuse de le revoir, mais pas dans cet état, dans cette condition qui la fit une sensation étrange, un frisson, pas de dégoût, mais la surprise qui était plutôt mauvaise. « Euh oui … non. » Perdue, elle lançait un regard derrière son ami, puis se concentrait de nouveau sur lui après quelques secondes. « Salut. » Ses yeux brillaient en voyant son ami, elle était gênée, ne savait pas quoi dire de peur d'être maladroite. « Je voulais te revoir après mon long voyage … Mais … Merde. Il s'est passé quoi ? » L'infirmière posait cette question autant pour la maison que pour lui, elle posait une main au niveau de son cœur, choquée et blessée pour lui avec une grande impression d'avoir été absente pendant une vie entière tellement elle ne se rendait pas compte de ce qu'il s'était passé. « Enfin, tu m'as manqué, j'voulais dire. » C'était malpolie de sa part de lui demander la raison de ses problèmes avant même de s'intéresser plus à les retrouvailles, même si un malaise s'était installé.

Elle ne s'attendait pas à voir son ami dans cet état, dans un fauteuil, c'était la pire chose qu'elle aurait pu lui traverser l'esprit, si bien qu'elle n'y avait pas pensé. L'infirmière pensait qu'il allait ouvrir la porte, sans sourire à cause de sa maison qui n'était pas dans le plus bel état, mais pas handicapé. Ça lui pinçait le cœur, choquée même si elle essayait de rien faire transparaître sur son visage ; ce qui est sûrement ratée, parce qu'elle a la bouche entre-ouverte et le regard qui se perd un peu partout. S'imaginant les pires scénarios pour l'accident de Jamie, après tout, elle ne pouvait que s'inquiéter pour lui, il faisait partie de sa vie et sa curiosité faisait beaucoup, même si le sujet était délicat. Adilyn avait posé une question, sans doute trop personnel et déplacée, mais c'était sorti tout seul et, la question se posait aussi bien pour la maison que son fauteuil à lui. « Un crash d'avion ! »  Répliquait-elle, toujours bouchée bée. « Tu en as de la chance d'être comme ça, mon pauvre. »  La phrase était encore déplacée, mais toute sa maladresse faisait surface dans des situations comme ça et, son tact s'envolait peu à peu. « Enfin, oublie. Je … »  Son tour de monde lui avait fait prendre plusieurs avions, la chance faisait qu'aucun ne s'était crashé, que la bonne étoile veillait sur la jeune Adilyn en voyage. La chance, lui ne l'avait peut-être pas comparé à elle, il avait dû voir des gens mourir, sauf s'il était inconscient, ce qu'elle espérait pour ne pas qu'il puisse plus souffrir mentalement. « Excuse-moi d'être partie si longtemps sans avoir prévenu, j'me sens conne. »  Partie deux semaines avant la date prévue et être partie deux ans au lieu de deux semaines, ce n'était pas ce qu'il y avait de mieux pour les proches, bien que ça ait fait du bien à la jeune femme. Entrant à petit pas dans la maison, elle jetait son regard partout avant de s’accroupir pour tapoter la tête du chien, un peu de gaîté dans cette maison délabrée. « Coucou toi. » La blonde se relevait se tournant vers son ami. Aucun commentaire sur la maison, ça ne pourrait que briser des coeurs. « J’vais paraître assez … chiante, pour une femme qui revient d’entre les morts mais, puisqu’on est sur le sujet … Deux ans, c’est loin, c’est long. Ta rééducation avance ? » En fait, elle ne savait pas s’il en faisait, mais ça ne lui traversait pas l’esprit qu’il puisse ne pas en faire et elle ne voulait que son bien à lui.