weird moment -r.

Tu avais travaillé toute la nuit sur une robe, une création, unique puisqu'elle était de toi. Tu ne te prenait pas pour un grand couturier non plus puisque ce n'était pas tellement ton genre de prendre la grosse tête. Mais tu appréciais assez ton travail pour te féliciter et te sentir fier de ce que tu faisais. Au point que tu y mettais tout ton coeur à l’œuvre. Comme au point de passer une nuit entière à travailler des finitions, à refaire tout parce qu'une couture était mal passée, ou encore parce que le mélange des textures ne te convenait plus après huit heures de travail. Tu était magnanimes lorsqu'il s'agissait de couture. Mais tu voulais juste que le travail soit bien exécuté. C'était tout ce qui t'importait. Même si tu n'avais pas ta propre maison. Peut-être qu'un jour tu pourrais te lancer, mais tu n'étais pas sûr d'aimer l'ambiance des défiles et de la haute couture. Tu entendis la cloche de la boutique retentir. Un client, à une heure si matinal ? Pourquoi pas. Tu descendais de ton petit podium pour t'y diriger sans trop réfléchir plus que ça. « Bonjour, je peux vous aider ? » Tu offris un petit sourire à la personne qui venait juste de passer la porte. Autant dire qu'après la nuit blanche que tu venais de passer, tu n'avais pas trop les yeux dans les orbites. Et tu n'avais pas non plus conscience que tu te baladais en robe. Le personne se raclait la gorge, et tu avais baissé les yeux sur tes jambes, voyant le tissu. Tu relevais la tête, toussant un peu. « Hum.. Ne faites pas attention à ça.. » Tu avais une commande pour une femme qui faisait à peu près les même mensurations que toi, et tu voulais voir ce que donnait le rendu final, même si tu n'avais pas de poitrine, et des jambes poilues. Autant dire, que tu te sentais un peu mal à l'aise, mais tu continuais de sourire, et de faire comme si de rien n'était.

Au son de sa voix, tu avais reconnu un homme, mais tu ignorais de qui il s'agissait. Quand tes yeux étaient assez ouvert pour que tu puisse le voir correctement, il ne te disait rien. Parler affaire avec monsieur Black ? Tout ça te semblait bien étrange. Butterwork ? Quel drôle de nom. Ça t'amusait bien, et puis ça lui allait bien. Mais bon, tu sentais bien son regard posé sur toi, et ta robe. Tu pouvais dire que c'était étrange, très étrange même, mais c'était le genre de choses qui pouvait arriver. Le genre de choses qui pouvait mettre mal à l'aise, mais lui semblait bien le vivre. Tu ne t'attendais pas à ce qu'une petite fille sorte de derrière ces jambes. C'était étrange. Et elle semblait un peu plus amusé par ce qu'elle voyait. Tu ignorais l'âge qu'elle avait mais dans ta tête, elle était sûrement trop petite pour s'exprimer. Si seulement c'était le cas.  « Hé bien, vous êtes au bon endroit, je suis monsieur Black. » Tu voulus lui tendre une main pour te présenter, en oubliant presque le fait que tu n'étais pas très présentable. Ce que tu comptais remédier. « Permettez-moi de prendre une minute pour avoir une tenue plus convenable. » Tu avais filé sans même lui laisser le temps d'approuver. Tu te dirigeais vers la petite pièce à l'arrière pour te rhabiller. Mettre un jean, et un pull, ce qui semblait plus convenable qu'une robe. Après quoi, tu retournais auprès de ce Kol, et de sa fille, te demandant bien ce qu'il pouvait désirer. « Que puis-je faire pour vous servir ? C'est une robe pour la petite ? » Tu avais glissé ton regard vers Opale, qui s'était glissée derrière la jambe de son père, comme si elle était intimidée par toi. Tu ne faisais pas peur, mais le fait d'être plus conventionnelle, l'amusait moins.

Dommage, à ton retour la petite passait la porte pour rejoindre, semble-t-il un autre homme. Un couple gay ? Pourquoi pas, après tout, tu ne jugeait pas le physique, tu n'allais pas non plus juger les préférences. Chacun était libre d'aimer qui il le souhaitait. Toi ça ne te posait aucun problème. Au contraire, tu trouvais ça même charmant au fond. Surtout avec la petite dans le cadre, ça donnait l'image d'une parfaite famille. C'était beau et tu ne pensais pas une seule seconde que tu visais mal. Heureusement pour toi qu'il ne pouvait pas lire tes pensées et encore moins que tu les exprimais. Tu arquais un sourcil, surpris par sa réponse. Il venait te voir, pas pour une commande, mais pour des raisons professionnels. Était-il lui aussi de ce monde là ? Qu'on se le dise, il est plus rare de voir une femme au commande d'une maison de couture alors que pourtant, la mode - qu'on se le dise - était un monde très féminin. « Très bien, je vous écoute. » Tu l'avais suivi pour t'asseoir fasses à lui. Tu en profitais pour te servir une tasse de café, tu lui en proposais une mais il refusa d'un simple geste de la main. Tant pis pour lui. Tu en avais bien besoin après tout, tu avais peu dormi, tu voyais à peine l'homme en face de toi. Tu avais presque oublié son nom, c'était pour dire. Alors s'il venait te parler affaires, il fallait que tu sois un minimum opérationnel. Le petit surnom qu'il t'attribua te fit sourire, la seule fois où on avait utilisé ce surnom, c'était dans une revue française, il y a des années de ça. « Une bonne j'espère ? » Quoiqu'au fond, est-ce que t'importait vraiment de le savoir ? Une réputation était une réputation, et qu'elle soit bonne ou mauvaise, cela dépendait de l'impression que tu laissais aux autres. Pas sûr qu'apparaître en robe devant de potentiels clients, ça laissait une bonne image de toi. Au moins c'était amusant, tu étais un homme amusant. Parfois enfantin, mais la vie d'adultes n'était pas toujours facile, il fallait bien trouver un échappatoire.

• Opale avait rapidement fuit vers son parrain adoré pour que je puisse faire mes transactions en paix. Il ne m'était même pas venu à l'idée que Xavier doute de mon orientation...J'étais Kol Hunter tout de même! Il n'y avait que les plus jolies blondes qui pouvait accrocher mon regard. « Je vais aller droit au but. Inutile de vous perdre du temps qui je devine est précieux. » Comme le mien l'était. Rapidement, nous étions installés afin de parler un peu plus sérieusement. J'avais refusé la tasse de café qui m'était proposé. Je détestais avoir les mains occupées alors que je parlais affaire. C'était un artefact principalement utiliser pour créé une sorte de confort dans les deux parties. «  La meilleure sinon je ne serais pas ici pour vous proposez une association. » Répliquais-je doucement en me redressant. «  Vous faites des pièces absolument resplendissante. Malheureusement, seul vous ne pouvez exportés vos créations de façon journalière.  Chacune des robes que j'ai vue de votre part était une œuvre d'art. Je travail dans la mode à grande échelle depuis plusieurs années et je trouve que l'attention que vous portez à vos créations ne se retrouve plus ailleurs. Pensez-vous que nous pourrions nous associez enfin de montrer au monde entier ce qu'est la vrai mode? » Un monologue assez simpliste, mais qui j'espérais accrocherait l'oreille de l'homme en face de moi. De ce que je connaissais de lui, nous avions une vision assez semblable de la mode, mais ma véritable question tenait plutôt à son désir d'agrandir son marché. Il était un créateur impressionnant et j'étais un homme d'affaire qui avait commencer comme dessinateur dans les plus petites marques. Nous pouvions nous entendre.

Tu avais eu un doute sur la personne en face de toi, comme s'il se trompait de personne. Pourtant, en l'écoutant parler, il semblait savoir qui tu étais vraiment. Bien que toi, tu ignorais pas mal l'homme qu'il était. Tu avais beau travailler dans la mode, tu ne t'intéressais pas tellement aux autres dans ce domaine. Tu connaissais Jordan, uniquement parce que tu avais prévu de travailler avec elle. Elle était ta muse, elle t'inspirait pas mal, ce qui t'avait permis de travailler sur une dizaine de modèle depuis le début de votre collaboration. « Je trouve qu'il est plus important d'avoir une pièce unique, qu'un vêtement qu'on peut avoir partout, voir partout. » Tu étais du genre à aimer les pièces uniques pour la simple et bonne raison qu'il ne devait pas exister deux fois la même robe, dans la même logique qu'il n'existait pas deux fois la même femme. C'était ta façon de voir les choses, et même si elle n'était pas toujours partagé, tu t'en moquais un peu. Après tout, comme il l'avait dit, tu ne vendais pas à grande échelle.  « Quelle est votre offre ? » demandais-tu simplement. Tu n'étais pas certain d'avoir compris ce qu'il attendait de toi si ce n'est une collaboration. Mais que voulait-il vraiment ? Vendre tes robes ? T'aider à te développer, à te faire connaître à l'étranger ? Tu n'étais même pas certain de vouloir ça. Tu le voulais, mais maintenant était-il un bon moment ?

Il te donnait raison et tu souriais. Tu l'écoutais parler des femmes, de leur beauté, de ce qu'une paire de chaussure peut faire pour leurs silhouettes, de la paire qui serait plus adaptée en fonction de la taille. Tu pouvais fermer les yeux et imaginer des femmes défilant, tu ne voyais que les jambes, focalisé sur les pieds, sur le choix des chaussures en ayant pour chacune une idée de la taille. Tu l'écoutais jusqu'au bout sans lui couper la parole, mais des étoiles dans les yeux. « Il est évident que passer à côté d'une telle offre serait de la folie. » Tu te passais une nouvelle fois la main sur le visage, refaisant rapidement un récap mental de tout ce qu'il avait pu mentionner plus tôt. Une collection, souligner la beauté des femmes, faire quelque chose à grande échelle, avec des tissus de qualités et un rabai de 12%. Ce qui était un pourcentage assez élevé, jusqu'à présent tu n'avais pas pu obtenir plus de 7-8%. Il n'y avait pas à dire, c'était une offre qui te plaisait. Un deuxième avis, une personne pour dessiner, c'était une occasion pour toi de montrer ce que tu étais capable de faire. C'était l'occasion pour toi de faire un pas en avant dans ton métier. Il n'y avait pas à tergiverser plus longtemps. « Je n'ai qu'une seule question : où dois-je signer ? » Tu esquissais un grand sourire, prêt à poser ta signature partout, sur tous les documents qu'il pourrait te mettre sous les yeux sans même prendre la peine de le lire. Il te semblait honnête après tout, il était venu à toi, tu n'avais aucune raison de te méfier. Même si c'était un monde cruel et qu'il ne fallait pas non plus que tu te fasses rouler dans la farine travaillant dans l'ombre. Tu ne cherchais pas la gloire, ce n'était pas quelque chose qui t'attirait mais tu voulais au moins que ton nom soit associé, qu'on sache que tu as participé à cette grande oeuvre.