the research of truth -r.

Tu avais eu un appel d'Adilyn. Tu avais laissé tes coordonnées à l'hôpital, pour qu'elle puisse te contacter, c'était capital. Autant pour toi, que pour elle. Rendez-vous sur un terrain neutre, le parc de jeu, à 10h. Tu ne savais pas vraiment à quoi t'attendre. Dans le meilleur des cas, tu t'étais avancé et ce n'était pas ta fille, tu ne reverrais pas Adilyn. Dans le pire des cas pour toi, tu allais être le père d'une gosse de 9 ans, avec Adilyn sur le dos et une ville prête à te juger. Bien sûr cette idée t'enchantait guère. Mais si tu étais son père, il fallait que tu assumes. Tu t'étais posé sur un banc, tu étais arrivé assez tôt. Te vider la tête, prendre le temps de réfléchir, sur les choses à venir. Et au passé. Tu te souvenais de ton amour de jeunesse. Elle n'était pas la première que tu demandais en mariage. Son choix de partir et de refuser ta demande t'avais laissé sans voix. Aujourd'hui tu songeais que si elle se savait enceinte à l'époque, elle avait préférée s'enfuir, parce qu'elle devait se douter que tu n'assumerais pas. Déjà que pour toi, à 34 ans tu trouvais ças difficile, à 24 ans ça aurait été inimaginable. Inenvisageable même. Tellement perdu dans le fil de tes pensées, tu ne l'avais pas entendu te saluer.

Il était venu faire la prise de sang le lendemain, comme il l'avait dit. En le voyant, Adilyn avait presque eu envie de pleurer une nouvelle fois, comme elle l'avait fait le soir venu après son passage. Il faut dire qu'elle ne s'attendait pas du tout à ce genre d'annonce et qu'elle pensait vraiment qu'il portait un peu d'attention à l'infirmière, mais il n'était en vrai qu'intéresser par la petite. Adilyn aurait pu s'en douter, vraiment. Quand il s'intéressait à la petite, c'était un signe, elle aurait dû s'arrêter de parler, mais faut croire qu'elle aime trop les enfants pour se mettre une limite. Les résultats dans une main, elle avait appelée Xavier, le cœur serré, peur d'entendre de nouveau sa voix. Ils s'étaient donné rendez-vous dans un parc pas très loin, elle ne voulait plus le voir chez elle, alors c'était la meilleure des solutions pour se donner les résultats et parler un peu … sans doute. Elle s'en voulait un peu du comportement qu'elle avait adoptée ce jour-ci, mais c'était vraiment trop pour elle, cependant, elle sait qu'elle a tout gâché et que maintenant parlé avec lui allait être plus compliqué que jamais.

Arrivée au parc, elle cherchait du regard le brun, mais intérieurement, elle ne voulait pas le voir, Adilyn souhaitait qu'il ait oublié le rendez-vous, mais comment ce genre d'entrevue pouvait s'oublier ? Il allait savoir s'il était papa. Il allait savoir qu'il était papa. En le voyant, son coeur cessait de battre l'instant d'une seconde, tremblante elle s'avançait vers lui. Puis en chemin essayait de se raisonner, ce n'était qu'une annonce après tout, elle allait simplement lui donner la lettre qu'avait reçue l'hôpital. Abygaël était à ses côtés, Adilyn ne lui avait encore rien dit, elle préférait qu'ils voient ça ensemble. « Bonjour Xavier. » Elle ne savait pas comment s'y prendre, c'était comme si c'était la première fois qu'ils se voyaient après tout. Un fin sourire s'accrochait au visage de la blonde. « Vous allez bien ? » Ne voulant pas le brusquer, l'infirmière préférait tâter le terrain.

C'est le matin, depuis quelque temps, je me sens au ralentis, depuis que j'ai cru comprendre que mon papa n'était pas mon papa. C'est quand ce monsieur est venu et qu'il a dit être mon père que j'ai compris les paroles que papa avait dite à maman. Je n'arrive pas à penser à autre chose, déjà que d'habitude je ne suis pas très sociale avec les autres enfants,  là c'est encore pire. Je passe encore plus de temps à lire. Mes parents me mentent depuis toujours et ça fait mal de penser ça. Mais j'ai du mal à me faire à cette idée. Et je ne peux même pas en parler avec maman. Aujourd'hui on va au parc, peut être qu'Adilyn veut me changer les idées, je ne suis pas contre j'accepte de venir avec elle. Je la suis, depuis ce jour je me sens plus proche d'elle. J'ai eu de la chance de tomber chez elle. On est toutes les deux, pas d'autres enfants pas d'homme, juste moi et elle, un peu comme avec maman, après que papa nous ai abandonnée, même si ce ne sera jamais pareil.

On arrive au parc avec Adilyn, on s'approche d'un banc avec un monsieur et pas n'importe quel monsieur, ce monsieur. Celui qui dit être mon père, je sens mon cœur battre plus fort dans ma petite poitrine. Je suis surprise de le voir et de voir qu'elle ne m'a pas prévenue qu'il serait là. Les souvenirs de la dernière fois me reviennent et ce n'est pas fait pour me rassurer. Je reste un peu en retrait, timide. Xavier, son nom sonne bizarrement dans la bouche de ma tutrice. Je le regarde avec plus d'attention que la dernière fois, je me demande qui il est, qui se cache derrière cet étranger, entré brusquement dans mon monde. Un faible son sors de ma bouche, je parle d'une toute petite voix timide. A moitié caché derrière Adilyn.  « Bonjour monsieur. »

Tes pensées te menaient loin, très loin dans ton passé. C'était douloureux de se souvenir de certaines choses. Mais il y avait des souvenirs agréables. Tu avais eu un léger sursaut lorsqu'elle t'avait salué. Il t'avait fallu une bonne minute pour que tu réalises qu'elle se tenait là, et qu'elle n'était pas venue seule. Tu relevais le regard vers Adilyn, puis vers Abygaël. Ne te sentant pas très à l'aise pour le coup. Tu perdais tes moyens en sa présence, encore plus maintenant que les choses avaient pris une nouvelle tournure. Tu te demandais comment seraient les choses aujourd'hui si tu ne lui avais pas adressé la parole l'autre soir. Aurais-tu reçu cette lettre ? Te traiterait-elle comme si tu étais de la pire des espèces ? Bon, pour ça il y avait fort à parier que les choses seraient les mêmes, voire pire puisqu'elle n'aurait eu aucune affection pour toi, et elle aurait pu te juger plus facilement. Là tu passais juste pour le connard qui se rapproche d'une femme, pour la tromper. Ce qui n'étais pas ton cas, mais tu n'avais pas vraiment plaidé ta cause. Ce n'était ni l'endroit, ni le moment pour ça. « Adilyn, Abygaël. » Tu esquissais un faible sourire, les invitant d'un signe de tête à s'installer sur le banc pour ne pas rester debout. « Je dois avouer que j'ai un peu peur, et vous ? » Tu avais un peu baissé le regard, soutenir le sien, et voir dans ses yeux sa déception, ça t'étais peu supportable.

Son cœur battait plus vite que jamais, elle n'avait jamais eu cette responsabilité, mais elle n'aurait jamais voulu eut à l'avoir. Ne sachant même pas si les mots allaient réussir à sortir, elle avait envoyé la lettre de l'analyse. Xavier quant à lui, devrait recevoir une lettre officielle dans les jours à venir, mais elle préférait le prévenir directement. Comme si malgré ce qu'il lui avait fait, elle ne pouvait pas se passer de lui. Il était en face d'elle, encore une fois et, elle ne savait pas si elle devait le détester de s'être servie d'elle ou si elle devait l'apprécier comme au début. Son prénom qui résonnait à ses oreilles la fit sortir de sa bulle, regardant Xavier une nouvelle fois, les mains accrochées aux lanières de son sac à main, elle s'asseyait à ses côtés ; du moins, avec une distance respectable. Elle avait laissée assez de place à Abygaël pour si elle voulait s'asseoir à son tour. « Peur ? Il n'y a aucune raison d'avoir peur. » Disait-elle pour briser le malaise. Elle ne comprenait pas comment d'un coup un mur était venu se mettre entre eux. Ils avaient foiré quelque part. « Je vais bien. » C'était faux, ça sentait le faux. Comment aurait-elle fait pour aller bien ? À la lecture de l'analyse, elle avait dû prendre sur elle pour ne pas pleurer devant ses collègues. Elle avait même ri avec eux en disant que c'était bien qu'une famille se retrouve ainsi après des années. Il ne semblait pas vouloir tourner autour du pot. Adilyn passait une main dans son sac. « Vous devriez recevoir une lettre dans environ quelques jours. Je préférais vous voir avant, quand même. » Son cœur se serrait, elle se compressait et se renfermait dans son Monde tout en sortant cette fameuse lettre. Il allait être heureux sans doute, c'était tout ce qu'il demandait. Elle lui tendait, du bout des doigts, léger sourire aux lèvres et mains tremblantes.  

Je les écoute discuter, mal à l'aise, je ne me sens pas à ma place ici et maintenant. Je préférerais m'éloigner, j'ai l'impression d'écouter une conversation que je ne suis pas censé entendre. Je me demande bien d'o il se connaisse, car si il est venu chez Adilyn la dernière fois c'est qu'il se connaisse déjà non ? Je suis curieuse mais inquiète aussi, car il y a tellement de questions que j'aimerais poser sur lui, sur eux. Mais pour le moment je préfère fuir et rester à l'écart. Il parle encore d'une lettre c'est ce moment que je décide de m'éclipser. Je tends le doigt dans une direction en regardant Adilyn. « Je vais aller jouer là-bas tu m'appelle si tu as besoin de moi. » Je m'éloigne avant qu'elle n'ai le temps de me répondre quoi que ce soit. Je m'éloigne suffisamment pour ne plus les entendre, mais pas trop loin pour qu'il puisse me voir. Je vérifie qu'il n'y a pas de guêpe dans les environs. Je suis soulagée, il règne une ambiance pesante sur ce banc. Bon il faut que je pense à autre chose et j'ai dit j'allais jouer mais j'ai pas de jouet. Je ne sais pas mentir. Bon, bon bon, je vais m'entraîner un peu sur l'herbe. Je fais quelque roux, non sans jeter des coups d'œil aux deux adultes sur leurs bancs à discuter et voir si Adilyn m'appelle. Ça me fais du bien car ça me vide la tête, ça m'empêche de penser à tout le bordel qui m'empêche de dormir. J'oublie les problèmes de maman, le départ de papa et la présence de cet homme prétendant être mon père. J'oublie tout.

Tu attendais toujours assis sur ton banc, le regard un peu vide. Sa présence te troublait. Avant c'était agréable, tu l'aimais bien, et tu sentais que quelque chose aurait peut-être pu se passer entre vous, mais là, avec les derniers rebondissements, tu n'imaginais plus grand chose. Tu regardais Abygaël s'éloigner, comme si elle ne voulait pas entendre ce que vous aviez à dire. Et une fois éloignée, tu repris la parole, après tout, tu ne voulais pas la décevoir, même si c'était déjà un peu tard. « Vous dites ça parce que vous savez y faire, je n'ai jamais eu d'enfant. » Enfin, pour le moment, puisque les choses étaient sur le point de changer. Tu ne savais pas y faire. Tu ne te sentais pas à l'aise. Et tu devrais t'estimer heureux puisque la tienne avait déjà 9 ans, tu n'allais pas subir les nuits blanches et les couches sales. Mais ça restait pas une mince affaire pour toi. « Je crois qu'au vu de votre mine, ce n'est pas la réponse que vous auriez aimé avoir. » Tu déchirais sans plus attendre le papier de l'enveloppe. Le suspens était trop insoutenable, même si elle ne t'avait pas contredit. Tu étais positif, et sûr à 99.99% qu'elle était ta fille maintenant. « Je suis son père. » C'était une constatation, et en regardant Adilyn, tu voyais bien qu'elle se retenait de laisser ses larmes sortir. « Dites-moi une chose, qui est cet homme qui l'a abandonné l'an passé ? Celui que vous pensiez que j'étais. » Cette histoire t'avait tant travaillé. Tu avais repensé à Abygaël t'appelant papa avant de réaliser que tu n'étais pas son père. On avait menti à toi, à cette gamine et même à Adilyn. Réparer tous ces mensonges allait prendre du temps, surtout au niveau de la petite.

Un léger sourire à l'attention de l'enfant tout en la suivant des yeux quand elle s'en allait pour jouer avant de se concentrer sur le sujet principal ; Xavier. Il semblait avoir peur d'avoir un enfant, pourtant il allait falloir s'habituer, Adilyn lui lançait un doux regard pour essayer de le rassurer. « Je n'ai jamais eu d'enfants non plus. Abygaël est la première petite fille où je m'occupe à long terme, on va dire. »  Certes, elle s'était bien entraîné sur ses frères et sœurs, mais c'était différent, Adilyn avait grandi et mûrit depuis et, avoir un enfant à la maison qui n'était pas le sien, ça changeait tout. Ce n'était pas si compliquer de s'occuper d'un enfant, il fallait juste les comprendre, ça devait être la partie la plus difficile, après, ça passait. « Je n'espérais pas plus une réponse qu'une autre, Xavier. »  Peut-être qu'elle mentait, peut-être qu'elle aurait voulu garder la petite à ses côtés un peu plus longtemps. Mais elle savait que vu le nombre de papiers qu'il y avait à faire pour qu'il la récupère, ça allait prendre du temps, donc il lui restait du temps pour profiter un peu. L'homme avait lu la feuille avant de faire un commentaire, du tac au tac, la blonde répondait. « Je suis certaine que vous allez faire un bon père. »  Les larmes aux yeux, elle était beaucoup trop sensible, à chaque fois qu'ils se voyaient, elle craquait, même si elle ne pleurait jamais vraiment.   « Enfin … que vous en êtes un. » Ce n'est pas comme s'il venait de lui dire qu'il allait être père, puisqu'il l'était déjà, sans le savoir, depuis neuf ans déjà. « Je n'ai rien de plus … Benjamin, un homme qui s'est enfuit l'an passé et qui a fait sombrer sa mère en dépression dans l'alcool et la drogue. » Elle soupirait, c'en était triste d'en arriver à là. « Je suis désolée pour mon comportement la dernière fois … je pensais que vous étiez ce salaud. » Aujourd'hui elle pense toujours qu'il est un connard car à ses yeux, il s'est rapproché d'elle juste pour la petite.

Tu avais écouté chaque mot. Comme le fait qu'elle non plus n'était pas mère, qu'elle n'attendait pas vraiment de réponse précise et que tu ferais un bon père. Pour celle-là, tu n'y croyais que moyennent mais bon, tu n'allais pas la contrarier. « Je suppose que c'est comme ça, y a pas d'âge pour être parent, et ça s'apprend pas. Que ça se fait sur le tas et qu'en faisant les choses à deux, on fixes les règles du jeu et les limites. Mais je sais pas si je suis tellement capable de ça. » En tout cas, c''est comme ça que tu voyais les choses. Tu pourrais lire tous les manuels stupides pour apprendre à devenir un père, mais pour le vouloir, il fallait y mettre du tien et non de lire 3 lignes dans un bouquin. « Je n'en ai jamais entendu parler. J'espère qu'Abygaël n'a pas été témoin de certaines choses, elle est bien trop jeune pour être confrontée à une overdose, ou même, la mort. » Sans t'en rendre compte, tu commençais déjà à te soucier d'elle. Tu pensais avoir dit parce que ça semblait être la chose à dire dans une telle situation, mais si tu l'avais dit, c'est parce que tu commençais à réaliser que tu n'étais plus seul. Qu'il y avait Adilyn, Abygaël et sa mère. Tu n'avais pas le droit de te mettre sur le banc de touche, de dire temps mort et de faire en sorte qu'il ne s'arrête jamais. Tu n'avais pas le droit en ton âme et conscience d'agir comme un tel connard. « Je ne dois pas en être bien loin à vos yeux, je pense. Vous avez du penser que j'avais fait exprès de vous parler à la plage. Mais à ce moment, j'ignorais tout de vous. Je ne savais pas que j'avais une fille et encore moins que vous étiez sa tutrice. Mais je comprends tout a fait, si vous y croyez, au fond, je le mérite. » Toute cette discussion à coeur ouvert t'avais miné les idées positives qu'il te restait. Tu ne pensais pas être aussi triste qu'à ce moment là. Pas spécialement triste d'être père, ta vie allait changer et tu allais t'y faire, mais plus que les choses tournent ainsi.

Faire les choses à deux, peut-être. S'il avait une femme, mais Adilyn en doutait fort, il ne se serait pas laissé embrasser sur la plage l'autre soir ou alors il était pire de ce qu'elle pensait ; un infidèle, comme elle a l'habitude de connaître. « Vous vous sous-estimez trop, j'ai confiance en vous. »  La tête blonde n'avait pas besoin d'en dire plus, un sourire compatissant envers lui, il ne serait pas un mauvais père s'il a été aussi doux dès leur rencontre. Être père ça ne s'apprend pas, soit un adulte est capable d'être parent, soit il n'a pas d'enfant pour le bien de tout le monde. Un moment de gêne quand il se mit à parler d'Abygaël qui n'aurait rien vu, son sourire restait présent, un peu plus crispé à présent, elle aimerait en dire plus, elle aimerait que cette enfant n'ait jamais rien vu pour qu'elle garde son innocence, c'est beau un enfant innocent. « Elle a retrouvée sa mère, pensant qu'elle “dormait”. »  Depuis celle-ci est en désintox et, Adilyn est plutôt ravie de le savoir, est-ce que c'est un geste responsable devant un enfant ? Certainement pas. C'est pour cela que l'infirmière fait de son possible pour lui rendre la vie un peu plus joyeuse en lui offrant des cadeaux et de l'amour, comme chaque mère pouvait faire, même si elle ne l'était pas. Adilyn est une simple maman de remplacement. La blonde lui présentait ses excuses, elle l'avait jugé sans preuve, ça lui avait rappelée la décision des juges pour qu'elle s'en aille en prison. « Vous ne le méritez pas, personne ne mérite d'être jugé de cette manière. Je me suis juste emballée car, cette petite, je l'aime plus qu'une maman devrait le faire, sans doute. Je sais que c'est mal, car je sais qu'elle finira par partir, mais pour l'instant elle était à mes côtés et je suis heureuse qu'elle soit là. »  Elle baissait la tête. « Je n'ai pas encore ma propre famille alors pour le moment, on peut dire qu'elle est ma famille. »  Elle esquissait un petit sourire, pensant que bientôt la maison serait vide, il n'y aurait plus le doux rire d'Abygaël qui résonnerait, il n'y aurait plus rien. Certes, il y avait toujours sa famille, ses parents, ses frères et ses sœurs, mais ce n'était rien comparé à donner de l'amour à un enfant. Et aux yeux d'Adilyn, il n'y avait rien de plus beau.

Et pourtant tu n'étais pas du genre à pas croire en toi, sinon tu ne serais jamais là où tu étais arrivé. Tu avais fait ce qu'il fallait pour y arriver. Alors pourquoi les choses seraient différentes cette fois ? Parce qu'elle n'impliquait pas que toi, et que tu avais peur de décevoir les autres, et par autres tu sous-entendais Adilyn, et Abygaël. « Ou alors c'est vous qui m'estimez trop. » Tu lui fis un sourire un peu triste. Elle t'étais vraiment sympathique, après tout ce qui avait pu se passer, tu ignorais comment elle pouvait supporter ta vue. Tu n'étais pas de la pire espèce, mais tu devais avouer que tu n'étais non plus dans la meilleure. Tu secouais doucement la tête en entendant ses mots, tu étais horrifié. Tu avais levé les yeux vers Aby, instinctivement, pour la scruter et voir si elle allait bien. « C'est terrible. » Tu ne savais pas vraiment quoi dire. Tu te sentais mal, mal pour la petite, mal qu'elle ait du vir une telle chose. Mal de savoir qu'elle avait pu penser que sa mère ne se réveillerait peut-être jamais. Et coupable de découvrir que maintenant que tu étais son père. Si tu avais su avant, tu aurais pu agir, les choses auraient pu être différentes. « Je ne veux pas vous l'enlever. Vous vous occupez si bien d'elle. Je ne la connais pas, c'est vrai, mais si elle n'était pas heureuse d'être avec vous, elle n'aurait pas ce petit sourire quand elle vous regarde. Je l'ai vu la dernière fois, et encore aujourd'hui. » Tu avais été dans l'ombre pendant neuf ans, vous pouviez continuer comme ça. Même si tu sentais que tu devais la protéger, ne seraient-elles pas mieux sans toi ? Tu n'avais qu'à prendre un avion et disparaitre.

Adilyn haussait les épaules, peut-être qu'elle le surestimait, mais elle essayait de se convaincre qu'il ferait un bon père et qu'il traiterait bien Abygaël pour ne pas que la petite revive quelque chose de similaire à son ancienne vie. Le mot terrible était juste, bien que c'était plus que ça et, qu'elle n'aurait jamais aimée être à sa place, si jeune et déjà tant de problèmes. Finalement, elle était presque ravie que Xavier lui avoue qu'il soit le père de la petite et que les tests soient positifs. « Tous les mots sont faibles pour décrire. » Elle y pensait, essayait de s'imaginer mais, elle n'avait pas la même conscience qu'Aby à son âge. La blonde posait un regard sur la petite pour la regarder s'amuser un peu, même si elle est certaine que cette histoire la travaille, et qu'elle s'en veut pour ça, même si elle n'y est pour rien. Personne n'y ait pour quelque chose. « C'est différent, je ne pense pas qu'elle me considère comme sa tutrice, en fait, je ne sais même pas ce qu'elle voit en moi, alors que vous, vous êtes son père. » Adilyn lui aurait bien posée sa main sur son épaule, mais c'était bien trop familier pour elle. « Puis vous vous êtes vus que deux fois, alors ça va le faire avec le temps. » Un large sourire pour le bel homme avant de se tourner vers la petite Abygaël. « Vous voulez lui dire maintenant ? » Ce moment n'allait pas durer cent ans, il fallait bien qu'ils se fassent tous les deux à la réalité.

Tu avais hoché la tête. Il n'y avait pas de mots, il n'y en aurait jamais. Mais en regardant Abygaël qui jouait, tu avais le sentiment que tout allait bien. Elle semblait heureuse et en bonne santé. Et pour ça, tu étais redevable envers ta voisine. C'était elle qui s'occupait d'elle depuis quelques jours, elle qui lui donnait du baume au coeur, qui la bordait en lui lisant une histoire, et chassant ses mauvais rêves. « Seul le temps nous le dira. » Tu avais eu un haussement d'épaules, ne sachant pas quoi ajouter de plus à tout ça. « Je penses qu'elle mérite de le savoir oui. » Tu avais eu un léger sourire, c'était une situation délicate, mais tu avais quelque chose à lui demander avant qu'elle appelle la petite, donc tu reprends quasi instantanément. « Mais avant je voulais vous demander une chose, avant que j'en obtienne la garde, on sait que la paperasse sera un peu longue. Et j'aimerais savoir si une fois par semaine, on pourrait se voir avec Abygaël, pour qu'on apprenne à se connaître, enfin, si ça vous convient, je ne veux rien vous imposer. » Mais tu sentais que son avis importait. Après, elle pourrait s'en foutre de ta relation avec ta fille, mais elle était bien trop impliquée avec elle pour penser ainsi, c'est ce que tu pensais d'elle en tout cas.

Adilyn voulait changer de conversation, passer à quelque chose de plus joyeux qu’Abygaël qui retrouve sa mère à moitié morte dans un canapé. Ce n’était pas une belle image. La blonde avait confiance quand au fait qu’ils allaient s’entendre, le début entre Adilyn et Abygaël n’avait pas vraiment été glorieux non plus, mais maintenant elle avait dû mal à s’imaginer sans la petite, bien que ce n’était pas son enfant et qu’elle regretterait presque qu’elle s’en aille ; quand le jour sera venu, elle allait avoir un grand vide dans son corps, on s’y habitue vite à une petite, surtout quand on l’aime d’un amour pas permis. Après la confirmation de Xavier, l’infirmière appelait la petite puis lui fit un geste de la main pour lui dire de venir. Elle tournait ensuite la tête vers l’homme qui lui parlait. « J’accepterais avec plaisir, vous pourriez passer quand vous voudriez mais … je ne sais pas si c’est à moi qu’il faut poser la question. » C’était à la petite de voir si ce nouveau mode de vie allait lui convenir, il fallait aussi qu’elle digère que le papa qu’elle pensait avoir n’était qu’un père adoptif. Maintenant sa nouvelle vie était entre les mains de Xavier et, pendant quelque temps encore, Adilyn. La grande femme n’osait rien dire et appuyait son regard sur le père pour qu’il lui dise. Ça ne pouvait toujours pas sortir de sa bouche, elle sentait son cœur compressé.

Elle semblait d'accord et te proposait même de le demander plutôt à Aby. Elle avait raison, et tu le ferais sans faute, mais le temps qu'Aby s'approche, tu juges utile d'ajouter quelque chose. Pour lui montrer que tu la prenais vraiment en considération. « Je sais mais je voulais votre aval avant, pas que vous vous sentiez obligée si Aby était pour et vous contre. Je ne veux pas être un poids entre vous. » Tu avançais ta voisine une dernière fois, avant qu'Aby vienne se poser à côté d'elle. Tu avais donc glissé ton regard sur elle. Elle était si douce, elle avait un visage si serein, si rassurant. Tu te sentais presque fier d'être son père. Son père. Ces mots résonnaient étrangement dans ta tête. « Abygaël, il faut que je te dises, qu'on te dise quelque chose. » Tu ne savais pas comment continuer. C'était un peu compliqué, mais après une longue inspiration et un regard encourageant d'Adilyn, tu repris la parole. « Je suis ton père. Ton père biologique. L'homme qui vivait avec toi, est aussi un père, il t'a élevée, mais maintenant, c'est moi qui vais prendre soin de toi, le temps que ta mère aille mieux. Et bien sûr, si tu le souhaites, il y aura aussi Adilyn. » Tu en avais presque les larmes aux yeux. Ça te mettait le cœur et la tête en vrac toute cette histoire. Tu ne réalisais pas ta chance.