sous les étoiles -r.

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Le vague à l'âme, tu avançais doucement dans la rue. Tu ne portais que ton pyjama, même pas de chaussons. Tu déambulais tel un zombie. Tu avais encore eu ce cauchemar. Tu t'étais réveillée en silence, tu avais eu envie de crier. Tu avais ressentie une si grande douleur dans ta poitrine. Tu t'étais levée sans un bruit, tu ne voulais pas prendre le risque de croiser quelqu'un alors que tes yeux n'arrêtaient pas de pleurer. Tu avais attrapé te clés et une cigarette qui trainait sur la table du salon. Et tu marchais, la faisant tourner entre tes doigts. Tu avais oublié de prendre un feu. Tu avais goûté à l'alcool, alors pourquoi pas le tabac ? Si tu trouvais ce qu'il te fallait bien sûr. Pour le moment, tu continuais d'errer dans les rues résidentielles à la recherche de quelqu'un. Et pas n'importe qui, tu le cherchais lui. Mais tu ne le trouverais pas. Il n'était pas là, il n'était plus là. Tu avais fini par trouver un banc, sur lequel tu t'étais assise. Soupirant doucement en regardant une fois encore la cigarette dans tes mains. Tu étais fatiguée, de le chercher, de marcher. De ne pas te sentir à ta place. Tu avais beau t'intégrer, tu avais du mal avec ce mode de vie, qui n'était pas le tien. Alors tu avais fermé les yeux et tu t'étais mise à chantonner. Les chansons en français que tu avais vu dans le film La Délicatesse, avec cette actrice que tu aimais beaucoup. Ce film t'avait touché par son thème, le deuil amoureux. T'en sortirais-tu un jour ?

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Danny passait encore une de ces fameuses nuits où le sommeil était introuvable. On ne peut chasser les démons de son passé, et lorsque l'activité de la journée disparaît pour laisser place au silence de la nuit, il est encore plus dur de les faire taire. Il avait l'habitude, c'était juste une nuit de plus sur le calendrier. Il avait essayé de trouver le sommeil de différentes manières, regarder la télé, faire des pompes dans son appartement, lire. Rien n'y faisait. Il avait finalement décidé de sortir, de s'aérer en marchant. Depuis son arrivée, un an plus tôt, il ne s'était pas souvent baladé la nuit, à Bowen. Il enfilait donc son débardeur blanc ainsi qu'un sweat à capuches noir, plaça les écouteurs de son téléphone dans ses oreilles, qu'il dissimula avec sa capuche. Il sélectionna sa playlist rock, puis quitta finalement son appartement après avoir récupéré son paquet de cigarettes et les clés pour fermer derrière lui. Une fois dehors, il en plaça une entre ses lèvres, qu'il alluma rapidement et tira un bon coup dessus. Il regardait par la suite le nuage de fumée s'envolait dans le ciel, ajusta sa capuche et entama sa balade. Au loin, il entendit dans un premier temps une femme chantonnait un air de musique, entre deux sons dans ses oreilles. Il retira ses écouteurs, regardant autour de lui. Par le biais de son père, il avait développé un amour sans limite pour la musique, dans un large éventail de genre. Une jeune femme était assise sur un banc, en pyjama, une cigarette éteinte entre les mains.

Il se risquait à s'approcher, n'essayant pas vraiment de se faire discret, histoire d'éviter de surprendre la personne qui avait les yeux fermés. « Bonsoir, belle chanson ! » . Il parlait d'un ton assez calme. Sa mère avait souvent qualifié sa voix comme apaisante. Chose qu'il n'avait jamais comprise, au passage. Il avait enlevé sa capuche entre temps, pour éviter de passer pour un serial-killer. Il tendait par la suite son briquet en direction de la femme, qui semblait en panne de feu.

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Tu n'avais pas vraiment l'habitude de faire face à ça. Le chagrin de l'homme que l'on a aimé si fort, avec qui on a vécu pendant des années. Et le perdre sans avoir eu l'occasion de fonder une famille, de n'avoir rien à quoi se raccrocher, ça te mettait dans tous tes états. Tu avais chantonné presque toutes les chansons, dans un français plus ou moins incertains. Ce n'était pas ta langue maternelle, mais tu la connaissais, seulement ton accent turc ressortait encore un peu trop parfois. Au moment où tu allais commencer la dernière chanson, celle qui restait toujours la plus triste pour toi, une voix te sortie de tes songes. De tes pensées déprimantes. Tu levais les yeux pour regarder le jeune homme. Devenant rouge tomate, heureusement que la nuit était assez sombre, il n'aurait pas l'occasion de le voir. « Je.. Merci ! » avais-tu dis faiblement. C'était un homme. Tu avais l'impression de rêver un peu mais non, c'était bel et bien un homme. Tu te sentais pas très à l'aise avec des femmes, alors avec des hommes, ce n'était pas tellement mieux. Tu avais pris le briquet qu'il te tendait, en te décalant du banc, tu t'étais assise au milieu et si jamais il voulait s'asseoir à côté de toi, il y avait de la place maintenant. « Toi non plus tu ne pouvais pas dormir ? » Tu étais timide dans la manière de demander les choses. Mal à l'aise aussi, mais surtout timide. En plus tu venais de réaliser que tu le tutoyais, comme si vous étiez assez proches, ce qui n'allait pas du tout. Mais pas du tout. Tu allumais une flamme, et ensuite la cigarette, pas vraiment certaine de savoir comment faire ça en fait. Tu allais passer pour une idiote.

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La personne n'avait pas vu Danny s'approchait, ce qui ne pouvait pas vraiment être surprenant, si l'on prenait en compte la nuit qui réduisait le champ de vision et le fait qu'elle chantait, ce qui masquait les pas de l'homme. Il put voir dans sa réaction comme un sentiment de surprise, chose qu'il comprenait. Elle le remercia d'une faible voix, le questionnant par la suite sur le fait qu'il était encore réveillé à une heure pareille. Lorsqu'elle le tutoya, il fut un peu déstabilisé sur le coup, mais il n'y prêta pas plus attention. Pour être honnête, Danny n'avait jamais été un grand fan de cette histoire de tutoiement/vouvoiement. Il avait dû s'y habituer lorsqu'il avait rejoint la police, mais adolescent, il avait tendance à tutoyer à tout vas. « Ouais, encore.. Je vois que je ne suis pas le seul ! Insomniaque toi aussi ? ». Il avait opté pour le tutoiement par la même occasion.

Danny se posa ensuite sur le banc, la femme ayant laissé une place à côté d'elle. Il se laissa tomber en arrière, venant poser son dos contre le dossier du banc. Il prit au passage une bonne respiration d'air frais, comme pour se donner bonne conscience avant de tirer une nouvelle fois sur sa cigarette. Il en profita ensuite pour éteindre rapidement sa musique, qui défilait toujours au bout de ses écouteurs. « Tu chantais en français, non ? Tu viens de là-bas ? ». Il avait croisé beaucoup d'australiens depuis son arrivée, mais peu d'étrangers comme lui. Il la regarda brièvement allumer sa cigarette, puis laissa son regard se perdre au loin, face à eux.

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Il ne semblait pas avoir tiqué, si tout allait bien pour lui, alors tout allait bien pour toi. Il s'était posé à côté de toi, et pendant une longue minute, tu ne l'avais pas quitté des yeux, jusqu'à ce que tu réalises que tu le fixais peut-être un peu trop et que ce n'était pas vraiment normal. On ne pouvait pas vraiment te qualifier d'insomniaque, tu avais juste eu un mauvais rêve. Et tu t'étais réveillée. Tu avais encore les yeux un peu bouffis, mais la nuit le cachait plutôt bien. « Pour un soir, oui.. » Tu avais souris timidement. Tu avais aussi enfin détourné le regard, parce que ça faisait vraiment trop insistant, comme si tu n'avais jamais vu d'hommes avant. « Oh non, je suis turque, j'ai appris le français et même si j'aime beaucoup cette langue, ce n'est pas ma maternelle. » Tu aurais aimé être française, en soit, tu l'étais un peu, parce que la Turquie était un peu française. Très peu, d'ailleurs, c'est à peine si on pouvait compter 1% de français, mais c'était toujours ça de pris. « Encore merci. » Tu lui tendais le briquer, pour porter la cigarette à tes lèvres. Tu l'imitais un peu, lui aussi fumait. Tu pris une grande inspiration, et tu fus un peu surprise de ce que ça faisait. Tu ne pouvais pas le décrire parce qu'il n'y avait pas vraiment de mot qui te venait en tête, mais tu toussotais légèrement. Tu regardais au loin, ça te mettait plus à l'aise que de poser ton regard sur lui. « Et toi, tu viens d'où ? » Tu pris une profonde inspiration, avant de te lancer. Tu ne sais pas pourquoi tu avais posé la question, peut-être parce que tu avais entendu un léger accent dans sa voix, très léger même, presque inaudible, mais pour toi, qui passait ton temps à regarder des films dans différentes langues, tu pouvais relever quelques subtilités des intonations. « Il fait bon ce soir. Un peu trop sombre comme ville, mais c'est plutôt agréable. » Tu n'arrêtais pas, comme si tu ressentais le besoin de faire la conversation. C'était idiot, toi qui te sentais mal à l'aise en sa compagnie, et en même temps, tu n'avais pas envie d'être seule, et de te faire absorber par ta tristesse.

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Elle était donc turque, et non française. Une étrangère, comme lui. « Oh, quasiment trilingue dans ce cas ! ». Elle le remercia, lui rendant son briquet par la même occasion. Il le récupéra de sa main gauche un sourire aux lèvres. Elle toussa très faiblement, sûrement peu habituée à la cigarette, contrairement au jeune irlandais. Elle lui retourna ensuite sa question sur son origine. Il s'y attendait un peu, il n'avait jamais cherché à masquer son accent, au contraire, il en était fier. « Je viens d'Irlande. J'ai quitté mon pays depuis un an déjà.. ».

Il plongeait son regard dans le ciel, mélancolique. D'un côté, l'Irlande lui manquait énormément, que ce soit ses amis du passé, ou même l'ambiance là-bas. Il lui arrivait même, rarement, de regretter son badge. Et d'un autre côté, depuis son arrivée à Bowen, il avait vraiment l'impression de démarrer quelque chose de nouveau, de prendre un second souffle où son passé ne resurgirait, du moins il l'espérait, jamais. C'était un peu sa chance de ne pas refaire les erreurs qu'il avait pu commettre quelques années plus tôt.

Il l'écoutait par la suite, puis hocha légèrement de la tête, venant goûter une nouvelle fois à sa cigarette. « Oui.. Un peu de fraîcheur par moment, après une nuit difficile ça fait toujours du bien. ».

Son regard se posa par la suite une nouvelle fois sur elle. « Alors, c'est quoi, toi, la raison qui te garde debout aussi tard ? ». Il parlait d'un ton calme, une nouvelle fois. Il ne voulait en aucun cas la forcer à répondre. Il ne se sentirait pas vexé si elle stoppait net la discussion. Il était juste curieux, et quitte à se retrouver en présence d'une inconnue par cette nuit noire, autant essayer de faire un peu plus connaissance.

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Lui n'était pas non plus d'ici, mais ça tu le savais déjà. Tu l'avais entendu à la première seconde, tu ignorais juste d'où et ta curiosité t'avait poussé à demander. Tu prenais de plus en plus de liberté, d'assurance, et puis avec la nuit, il avait peu de chance de déceler tes joues qui devenaient rouges. « Un an déjà.. » avais-tu murmuré, pour toi. Tu n'étais pas là depuis six mois, que tu trouvais ça incroyable. Après peut-être que lui fuyait sa patrie, alors que toi tu essayais d'y échapper. Mais tu ne savais rien de son histoire, tu ne pouvais pas juger. « C'est beau non ? Là-bas, je veux dire ? » Tu avais repris doucement ces mots, de manière à ce que ce soit plus audible que les précédents. C'était mieux si voulais partager une conversation. Après quoi, tu pris une nouvelle bouffée, moins surprise de ce que ça allait faire, et tu n'eus pas de toussotements. « C'est vrai. » Une constatation, tu appréciais d'ailleurs la douceur de la nuit, appréciant la chaleur parce que tu aurais chopper la crève à tous les coups, avec ton pyjama en plein milieu de la nuit. Tu avais eu l'habitude de soirée plus ardente que celle-ci, et à choisir, tu préférais cette douceur. C'était plus vivifiant pour toi. Parfois tu avais eu l'impression de suffoquer par le passé alors que là, tu pouvais prendre autant de grandes bouffées d'air frais. « On joue les psys pour une nuit ? » Tu avais étiré un doux sourire sur tes lèvres en le regardant. Tu ne savais pas d'où te venait ce gain de confiance, mais c'était agréable de ne pas se sentir soumise à l'autre pour une fois. Cette scène te faisait même penser à un film, c'était pas impossible mais avec tout ce que tu avais pu regarder, tu avais la mémoire qui flanchait si ce n'était pas un film classé culte. « Un mauvais rêve. Un cauchemar même » Une simple vérité, une moche vérité. Qui ne te plaisait pas. Que tu aimerais effacée, revenir en arrière et changer les choses, ne pas changer le lieu du rendez-vous à la dernière minute. Ne pas être stupide et le perdre. Tu ne voulais pas revivre la douleur, pourtant tu sentais qu'elle pointait le bout de son nez, au fond de toi, quand ta gorge commençait à se nouer et que les larmes montaient lentement.

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Posant des questions sur les paysages Irlandais, Danny les revoyait défilés devant ses yeux. Il est vrai que l'Irlande possédait de très beaux paysages, de très belles vues, surtout naturel. Il souriait légèrement à ces pensées. « Ouais.. C'est sûr que là-bas, on ne peut être que satisfait des paysages. Même si la pluie est assez présente, ça fait partie du charme ! »

Elle fit une légère remarque lorsque Danny demandait la raison de son insomnie, un sourire aux lèvres. « L'avantage, c'est que t'as pas besoin de payer une somme exorbitante pour parler à une personne qui ne retiendra surement que la moitié ! ». Danny n'avait jamais vraiment accroché au délire des psychologues. C'est un métier, il respectait cela. Cependant, après avoir eu affaire à eux, sous ordre du chef de police après certaines opérations, il n'avait jamais vraiment trouvé cela utile. Il comprenait que cela pouvait soulager certaines personnes, mais il avait surtout eu l'impression de parler dans le vide, heureusement que c'était financé par le chef. Elle avait donc fait un cauchemar. « Mmh.. Je vois. Si tu veux en parler à quelqu'un, n'hésite pas. Il parait que ça aide, de parler de ces choses avec un total inconnu. »

Il ne pensait pas vraiment à ce qu'il venait de dire, mais s'il pouvait aider une personne dans le besoin, il n'hésiterait pas. Une trace de son ancienne vie qu'il n'avait pas vraiment pu ôter, son côté altruisme. Encore une fois, il n'avait pas pour but de forcer les choses. S'il était à sa place, il aurait sûrement détourné la discussion, ne voulant pas parler de son passé, déjà pour ne pas se le rappeler, mais surtout pour essayer de dissimuler cette partie sombre de sa vie le plus possible à Bowen.

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Tu l'écoutais te parler des paysages, si tu avais une image en tête, tu aurais pu fermer les yeux et t'y croire l'espace d'une seconde, mais tu ne connaissais pas du tout. C'était un pays qui était inconnu pour toi. Comme tellement d'autres. Et tu n'avais pas tellement le goût du voyage, pas maintenant en tout cas. « Il y fait quel climat ? » avais-tu demandé. C'était bien beau la pluie, mais il pouvait pleurer et faire 40° et là, ta pluie elle était chaude et pas vraiment agréable. Et maintenant que tu réfléchissais, tu te souvenais de film qui avait pour cadre l'Irlande. Tu revoyais la prairie de mouton, une voiture en panne, la pluie qui tombe et un homme arriver en moto. Tellement chevaleresque. Enfin pas trop pour toi puisque la romance et les contes de fées ce n'était pas du tout ta tasse de thé. Tu étais bien trop réaliste pour te laisser penser qu'un homme débarquerait sur un cheval blanc, prêt à changer ta vie. « C'est vrai que vu comme ça, c'est presque intéressant. » C'était un critère qui pouvait rentrer dans la balance. Au fond, qui se souciais de toi et de tes insomnies ? Personne. Sauf peut-être lui, et encore, peut-être que c'était pas politesse. Tu ne savais pas vraiment, tu ne voulais pas savoir. Il se proposait de t'écouter et même s'il n'avait pas grand chose à dire en retour, tu aurais vidé ton sac. « Mon mari est mort. » lâchais-tu simplement, sans fioriture. Tu n'avais pas la voix tremblante, pas de larmes dans les yeux. Tu avais déjà tant pleuré pour lui. C'était un constat, un simple constat. Il n'était plus là. Tu laissais planer quelques secondes, prenant une nouvelle fois sur ta cigarette. Tu n'avais tellement pas l'habitude de fumer, qu'elle se consumait toute seule. « Et je revois sans cesse son accident. » Tu te pinçais légèrement les lèvres, fixant un point au loin. Tu n'osais pas le regarder, tu aimais penser qu'il y avait comme une barrière entre vous, comme si tu étais dans un confessionnal. « Mais ça finira par passer, tout fini par s'oublier à force. » Ca aussi c'était un fait. Au fond, tu n'avais pas vraiment besoin d'un psy, tu t'aurais dis ces mots à voix haute, ça aurait pu avoir le même effet. Si ce n'est que ta clope serait toujours éteinte et que pour ça, tu aurais eu l'air un peu stupide. Mais vu que la rue était déserte, de ce côté, personne n'aurait pu te juger. Et si quelqu'un habitant pas trop loin t'avait entendu, tu serais passée pour une folle. Rien de bien inquiétant en soi. « Et toi ? » Tu avais quitté ton point, pour le regarder à nouveau, maintenant que tu t'étais jetée à l'eau, à son tour.

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Elle demandait des précisions sur le climat. Danny essayait de se souvenir d'une journée typique à Belfast. Un sourire fit de nouveau son apparition sur son visage. « Honnetement, quand on va se balader en Irlande, faut s'attendre à tout. Les températures sont assez douces, de zéro à vingts degrés environ, je dirais. Mais ce n'est pas rare d'avoir une forte pluie suivie d'un immense soleil en l'espace d'une heure seulement. ».

Elle approuvait la gratuité d'une séance de psy avec Danny. Qui refuserait, ceci dit ? L'Homme à tendance à aimer ce qu'il n'a pas à payer. Simple question de survie, de préservation bancaire. En posant cette question, Danny ne s'attendait pas vraiment à la réponse qu'allait lui servir la jeune femme. Elle lui avait appris la mort de son mari, d'une voix calme et reposée. Il fut légèrement surpris à cette révélation. D'un accident, de ce qu'il comprenait. « Désolé. ». Il était bien conscient que toutes les paroles du monde ne pourrait le lui ramener. Elle affirmait qu'avec le temps, elle oublierait. Il n'était pas vraiment d'accord, il se rappelait sans cesse de l'accident qui avait tué 4 de ses amis, le laissant seul vivant, et cet accident remontait à la fin de ses études. Huit ans plus tard, il avait perdu espoir d'oublier tout ça. « Je te le souhaite, je sais à quel point c'est difficile. Il faut continuer de vivre, en célébration à ceux partis trop tôt.. ». Elle retournait ensuite la question à Danny. Il n'aimait pas évoquer son passé, mais il devait bien ça à la jeune femme après qu'elle se soit confiée. Il tirait une nouvelle fois sur sa cigarette, détournant son regard pour le replonger vers l'horizon qui s'étendait devant lui. « A vrai dire, j'ai fait de mauvais choix dans mon passé. Suite à un.. conflit d'intérêt avec mon oncle, j'ai pris la fuite, si on peut appeler ça une fuite. ». Un réflexe de survie, plutôt. Il revoyait son oncle face à lui, les yeux dans les yeux, menaçant de tuer sa propre soeur s'il laissait tomber les affaires. Le seul avantage de la maladie de sa mère, c'était de lui avoir donné une échappatoire à sa mort. C'était la fuite, ou l'exécution de son oncle. Malheureusement, il n'était pas comme lui, il ne pouvait tuer sa famille de sang froid pour ses propres intérêts.

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Tu l'écoutais te parler du climat. C'était très doux, malgré le fait que ça se trouvait de l'autre côté de l'équateur et placé pas mal vers le nord sur les cartes. Tu y croyais que très moyennement, mais pas suffisamment pour mettre en doute sa parole. Tu n'oserais pas contredire quelqu'un. Ce n'était pas dans tes habitudes, et ça ne risquait pas trop de changer ça. « Ca à l'air très plaisant, à vous entendre. » Tu lui offrais un énième sourire. Tu ne savais faire que ça, sourire. Au moins, ça te permettait de masquer ta tristesse. Le masque était parfait, l'illusion aussi. Tu avais un masque de marbre, qui ne laissait rien exprimer. Tu ne voulais pas pleurer devant un homme que tu ne connaissais pas. Tu avais l'air détachée, pour montrer que ça ne t'atteignait pas mais c'était mentir. Ton coeur se serrait d'avantage. Tu fixais au loin, le ciel, les étoiles. Tu en voyais très peu, et ça t'allait bien. Tu te serais mise à prier sinon, et tu avais les genoux assez abîmés pour le moment. Il était temps de faire une pause, de penser autre chose. Comme si tu pouvais mettre tout ça de côté une seconde pour souffler. Tu aurais l'impression de mourir à nouveau quand tout ça reviendrait te hanter. Et lui aussi semblait hanter par une mort. Peut-être aussi un accident de voiture, un proche, une petite-amie même. Ou de la famille, tu ne savais pas trop, et tu n'allais pas lui demander. Trop polie pour t'immiscer ainsi dans sa vie. Tu te contentais d'approuver ses mots, en ajoutant tout foi quelque chose. « Oui, mais ce n'est pas facile tous les jours. » Et tu passerais ton tour sur toi. Tu en avais déjà assez dit comme ça. Surtout à un homme que tu ne connaissais pas. C'était même surprenant que tu ne te sois pas mise à bégayer, incapable de parler et à rougir comme une tomate. Même si avec la nuit, il n'aurait pas pu le déceler. Tu avais une certaine assurance, prestance ce soir, qui ne durerait pas longtemps, mais elle était agréable. Tu te sentais presque forte et confiante. « Est-ce quelque chose de réparable ? » demandais-tu simplement. On faisait tous des erreurs mais parfois il était possible de se racheter, de changer les choses et permettre que de nouvelles arrivent, en espérant qu'elles soient meilleures. C'était une simple question, parce que tu étais curieuse, mais tu ne voulais pas non plus rentrer dans les détails, ça ne te concernait pas.

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