Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Take a breath. Rest your head. Close your eyes. You are right
« Allez viens, tu verras y’aura tout le monde. » Ma collègue de boulot me tâne tandis que je suis au téléphone avec elle, vêtue d’un super pyjama bien moche, les cheveux relevés et du chocolat à foison sur mon lit. Zéro me regarde, blasé mais bon ce n’est qu’un chien. « Nan. Nan. Et Nan. » Mais bon on sent mon manque de conviction puisque dix minutes plus tard, la collègue en question arrive comme une tornade dans ma chambre, me lance une robe au visage et me crie de m’habiller. Je déteste être copine avec des maquilleuses. Je n’ai aucune excuse pour aller me faire pendre ailleurs. J’ai à peine le temps de protester qu’elle me colle de force dans un fauteuil et qu’elle me maquille. J’essaie de me débattre mais rien n’y fait. Je grogne alors pour manifester mon mécontentement tandis qu’elle essaie de m’adoucir en me complimentant. Mais bien sûr. Lorsqu’elle a fini son ravalement de façade, je me regarde dans la glace pour arracher les faux-cils et me donner un air plus naturel. De toute, elle y va pour draguer et j’y vais pour… lui permettre de se faire mousser car elle traine avec Ruby Phelps. N’importe quoi.
Trente minutes plus tard, on se retrouve dans un bar entre des mecs à peine majeurs qui découvrent les joies de l’alcool et des seins ainsi que les vieux pervers qui ont passé la date limite de consommation et oublient rapidement les prénoms pour regarder… les seins. Je soupire en voyant mon amie s’évertuer à me présenter des mecs mais très peu pour moi. « Je vais chercher un verre, criai-je par-dessus le brouhaha. TU VEUX QUOI ? » Elle me fixe sans rien comprendre et je râle avant de me retourner pour aller au bar. C’est encore pire que la jungle mais je suis écossaise et j’ai donc grandi avec des hommes costaux qui allaient dans les pubs pour voir des matchs de foot ou de rugby. Après cinq minutes, j’obtiens mon verre avec un sourire triomphant tandis qu’un mouvement de foule me fait tomber si bien que je finis par terre avec mon verre, vide, sur le sol. Je n’ose relever la tête avant dix secondes. Et lorsque j’ose le faire mes yeux rencontrent un regard clair. Je déglutis. « Dé… désolé. On m’a… m’a… pou… poussée, m’excusai-je en bégayant comme une conne. »
Encore une soirée au bar à boire. Pas de Leola ce soir, juste toi et un verre d'alcool. Ton monde basculait tout doucement puisque maintenant Bessie était en ville. Tu avais été heureux de la retrouver, ta soeur t'avait pas mal manqué ces derniers temps. La colocation avec Callie se passait assez bien surtout parce qu'elle n'était pas souvent présente, avec ses horaires de dingues elle n'avait pas une minute à elle. Elle devait dormir pendant que tu étais à la boutique. Et ça aussi ça marchait bien, en partie parce que tu avais tous les chasseurs de la ville dans la poche et que tu ne pouvais pas espérer une meilleure clientèle. Pourtant t'es là, assis au comptoir à boire un verre. Un bruit près de toi te fit baisser les yeux sur une jeune femme. Elle n'osait pas relever son regard mais lorsqu'elle le fit et qu'elle croisait le tien, quelque chose se passait en toi. Tu ne saurais dire quoi. Avant que tu ne puisses lui demander si ça allait elle s'excusait. Elle s'excusait et tu trouvais ça étrange. Tu arquais un sourcil sans comprendre son geste. Elle était tombée, on l'avait poussé, elle ne t'avait même pas touché. Si le cas avait été contraire tu aurais pu comprendre et encore elle n'était pas vraiment coupable. Elle n'avait pas demandé à se retrouvé jeter par terre, elle n'avait pas demandé à renverser son verre. Mais c'était son bégaiement qui t'intriguait le plus. Est-elle comme ça ou avait-elle peur de toi ? Une chose était sûre, cette rouquine te plaisait bien. Physiquement elle attirait ton regard, tu avais d'en savoir plus. « Tout va bien ? » demandais-tu en te levant pour t'abaisser près d'elle et l'aider à se remettre sur pieds. Elle semblait si frêle, si douce que tu ne voulais pas lui faire plus de mal qu'autre chose. Mais elle n'allait pas non plus rester là trop longtemps sinon elle allait finir par se faire marcher dessus. Une fois sur pied tu hésitais à lui offrir un sourire. Ce n'était pas dans tes habitudes, même pour draguer. Tu n'avais jamais compté sur un sourire ravageur, c'était trop superficiel. Tu laissais parler ta personne en général et après ça marchait ou ça ne marchait pas, c'était ainsi. Mais tu ne te pliais pas en quatre pour séduire. « Votre verre est vide maintenant, j'peux vous en offrir un autre ? » Lorenzo is in the place. C'était le moment de sauter sur l'occasion, de pouvoir passer un moment en tête à tête avec cette divine créature. Son teint était clair, sa peau avait l'air douce et tu avais envie d’érafler sa joue pour en avoir la certitude mais c'était le genre de comportement déplacé que tu ne pouvais pas avoir. Pas si tu espérais avoir une chance ce soir.
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C’est quand même risible pour une actrice de ne pas aimer le monde. Ni sortir. Mais je préférai cent fois faire du dessin plutôt que de me retrouver dans une robe trop courte à mon gout dans un bar bondé d’australiens. Bon d’accord, il est vrai que je ne porte quasiment que des robes longues mais je n’aime pas mes jambes. Elles sont trop fines et trop pales. J’ai l’air d’une grande saucisse trop maigre et ma rousseur avait fait que j’avais trop souvent fait l’objet de mauvaise farce. J’avais donc quitté la compagnie de l’équipe du film pour aller me frayer un chemin jusqu’au bar. Mais je n’eus même pas le temps de savourer mon mojito que je me retrouvai par terre le verre vidé sur le sol. J’avais peur d’avoir éclaboussé l’homme à mes côtés si bien que je me sentis rougir sans pour autant relever les yeux. Je finis enfin par prendre mon courage pour relever la tête et plonger dans un regard tout aussi clair que le mien. Je tente de lui sourire mais étant d’un naturel timide, je passai plus de temps à me cacher derrière mes longs cheveux couleur feu plutôt que de le regarder pleinement. « O… Oui. » Bégaiement de merde. Timidité de merde. J’aurai cru que mon métier me permettrait d’avoir une certaine assurance mais au final, je restai toujours cet enfant empoté qui n’arrivait pas à se démarquer. L’homme finit par se déplacer pour venir à ma hauteur et j’osai enfin le regarder plus d’une seconde dans les yeux. Il me tend la main et je la prends pour me remettre debout et constater que je n’ai rien de casser. Je finis par dégager mon visage pour lui sourire à nouveau. Avec un peu plus de franchise. « M… Merci. » Je lâche finalement sa main avec délicatesse sans vouloir le brusquer pour ramasser mon verre –qui fort heureusement était en plastique- et le poser sur le comptoir. Je me tourne enfin vers mon nouveau compagnon de soirée. Je me permets de le regarder un peu plus. Un roux, comme moi. Des yeux clairs. Des taches de rousseur et un visage assez fin. Il avait de grands yeux éveillés. J’inspire donc pour former ma phrase dans ma tête et essayer d’articuler convenablement. Le pauvre garçon allait finir par me prendre pour une demeurée si je continuai à bégayer. « Bien sûr, dis-je d’une toute petite voix, mais seulement si vous me dites votre prénom d’abord. Je… Je… suis Ruby. » Je lui tends la main comme il le veut dans les conventions pour le regarder, un sourire vissé sur les lèvres.
Elle lâchait ta main et tu reprenais place sur ton siège. « C'est naturel » Ton regard ne quittait pas le sien. Tu te concentrais sur les détails qui te sautaient aux yeux. Elle était rousse avec une peau assez pâle, tu pouvais donc supposer qu'elle était irlandaise ou quelque chose par là, mais dans sa voix rien ne laissait paraître un accent. Elle avait une toute petite voix, tu ne saurais dire si c'était naturel ou si elle était timide, bien que sa manière de se cacher un peu pour te parler laisser penser que la seconde option était viable. Mais elle avait un charmant sourire, de ceux qui sont communicatifs, qui te donneraient presque envie de sourire à ton tour. Mais ton visage était figé. Sa réplique aurait pu te faire rire aussi, elle acceptait ton verre à condition que tu te présentes à elle et en bafouillant doucement elle se livrait à toi. Ruby, comme une pierre précieuse. « Lorenzo, enchanté Ruby ! » Tu lui attrapais la main pour la lui serrer, tu avais l'impression de conclure un marché ou d'avoir un homme en face de toi, ça te paraissait étrange, mais certaines personnes étaient attachées aux traditions et aux conventions. Ce n'était pas une raison pour ne pas te prêter au jeu, bien que tu trouvais ça franchement idiot. Après, qu'est-ce que tu ne trouvais pas d'idiot puisque tu passais le plus clair de ton temps à tout critiquer. Même la bière quand ils en ont sorti pour femmes avec zéro calories. Une bière à zéro calories, mais où va le monde franchement. « Vous êtes venue seule ou des amis vous attendent ? » demandais-tu doucement, tu voulais surtout savoir si elle était accompagnée par un quelconque autre mec. Pas de petit ami sinon elle aurait sûrement refusé ton verre mais peut-être un autre prétendant en jeu et tu voulais être certain de le court-circuiter. Tu avais l'âme d'un compétiteur lorsqu'il y avait une fille en jeu. Et si elle avait des amis qui l'attendaient, tu ne voulais pas la retenir de force, mais peut-être obtenir son numéro pour lui proposer un rendez-vous.
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La seule remarque que je pus me faire en voyant l’homme en face de moi fut nos similitudes au niveau physique. Bien entendu, il avait le teint plus bronzé que moi mais il faut dire que je me balade partout avec une ombrelle pour éviter les rayons uv. Après tout, j’ai la peau d’une écossaise et je risquai donc de graves brûlures si je m’exposai trop. De plus pour mon tournage, je devais garder ma peau blanche. Je lui fis un timide sourire tandis que je le regardai prendre sa place sur son siège, encore libre. Je décidai de m’imiter son geste alors je me tournai vers deux femmes qui discutaient. « Excusez-moi mesdames, ce siège est-il libre ? » Elle me jaugea d’un œil mauvais comme si je l’avais interrompue dans une grande discussion. Je m’assis donc pour regarder mon futur ami. « Sympa les gens ici. » Je laissai entendre que je venais d’ailleurs sans pour autant le dire à haute voix mais je pense que mon teint blafard en était la preuve. Enfin, je serrais la main de Lorenzo donc. « Très… Très joli prénom. » Je lui fis un sourire franc pour de nouveau lâcher sa main. Je suis très attachée aux conventions. On pourrait mettre ça sur le compte que ma résidence principale se situe dans la capitale anglaise : Londres et les anglais sont connus pour être courtois. « Je… Je suis venue avec des co… collègues mais il semblerait qu’ils… ils ont disparu. Faut… faut dire qu’il y a… a du monde. Et pitié j’ai du « vous »… à… à longueur de journée, je pense qu’on… on peut se tuto… tutoyer. » Je mis à virer au rouge écrevisse, honteuse de mon bégaiement. Mais je pense que celui-ci disparaitra si le jeune homme arrive à me mettre à l’aise, ce qui semblait bien parti puisque je ne butai plus sur tous les mots. « Et toi, tu a… attends quelqu’un ? » Après tout, je ne voudrai pas le déranger mais je ne pense pas que ça soit le cas sinon il n’aurait pas proposé de me payer un verre… Parfois, je suis un peu débile.
Tu avais regagné ta place et elle t'avait regardé, hésitant à faire comme toi. Finalement elle avait demandé aux filles d'à côté si elle pouvait prendre le siège. Tu n'avais pas compris son geste, il était vide de toute évidence sinon il y aurait au moins eu quelque chose pour faire penser le contraire, comme un vêtement ou un verre à moitié vide. Peut-être qu'elle l'avait fait par politesse, pour être certaine de ne se faire gronder. Tu ne savais pas d'où elle venait, mais ici il ne fallait pas attendre qu'on vous dise oui, il fallait s'asseoir et faire comme si on avait toujours été là. « Les gens sont jaloux ! » Les deux femmes en question t'avaient toisés un moment dans la soirée, l'une d'elle avait même tenté une approche que tu avais très bien ignoré. Tu n'étais pas intéressé, tu n'allais pas te forcer juste pour leurs beaux yeux. Alors que Ruby elle, elle te plaisait déjà plus. Physiquement et aussi par sa personnalité. Elle avait l'air d'être assez timide, assez renfermé, ce qui promettait un second rendez-vous et peut-être des surprises à la clé qui sait. « Pas de problème. Veux-tu que je t'aide à les retrouver ou veux-tu un verre ? » Tu demandais, parce qu'elle semblait s'en faire un peu à l'idée de ne plus les voir. Après tout elle était venu avec eux, c'était pour passer au moins un moment avec eux. Ou peut-être qu'elle le ferait plus tard après avoir bu un verre ou deux en ta compagnie. Tu le verrais bien assez vite. « J'attendais ma copine pour la faire râler. » Tu gardais un air sérieux sur le visage, tu en avais toujours un en même temps, c'était assez difficile pour les autres de faire la différence. Même toi tu n'étais pas sûr de pouvoir faire la différence. Tu n'étais pas un grand farceur, tu n'étais pas très rigolo. Tu avais de l'humour, tu comprenais les blagues mais tu ne riais tout simplement pas, même aux plus idiotes. Peut-être parce que tu te trouvais un peu vieux pour tout ça, mais même plus jeune tu n'as pas le souvenir d'avoir ri aux éclats pour une blague. « Je plaisante, je suis libre comme l'air ! » Tu ouvrais les bras pour montrer que tu n'attendais personne. Tu aurais dû sourire à ce moment là, peut-être que ça aurait été plus chaleureux, plus crédible tout ça. Mais tu étais comme ça, il te fallait du temps pour daigner faire une grimace qui s'apparentait à un sourire.
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J’avais l’air d’une parfaite idiote plantée en plein milieu. Alors je me retournai pour demander si le siège. La fille me lança un regard tellement noir que ça aurait pu me faire hérisser les cheveux sur ma nuque mais à la place, je me contentai de faire un sourire qui ressemblait plus à une grimace. Puis, je pris place sur le tabouret avant de m’adresser à mon nouvel ami. « De… de… de quoi ? » A vrai dire, j’avais l’habitude de la jalousie des filles. Pour cause que j’étais une actrice et que soi-disant j’avais des facilités avec les hommes. Mais le prince charmant se faisant attendre, je ne dirai pas que j’ai du succès. Disons que les hommes prennent un malin plaisir à m’aborder pour essayer de coucher avec moi. C’était toujours la même rengaine. Lorenzo s’intéressa à ce que je faisais ici. Je lui dis donc que j’étais avec des amis. Mon équipe de tournage. Je ne voulais pas être auprès d’eux. Ma co-star était un véritable phénomène en Australie, plus connu que moi et à coups sûrs, il devait avoir toutes les filles à ses pieds. « Oh… Oh ça… n… non. Si… si… je… je les retrouve, a… a… adieu l’anonymat. » Je passai une main dans mes cheveux pour regarder par-dessus mon épaule. « Je… je… suis actrice dans… dans une sé… série, me justifiai-je avant de lui faire un sourire timide. » Alors, je finis par m’enquérir de sa présence ici. Et lorsqu’il me parla d’une copine, mon sourire s’évanouit. Je penchai la tête sur le côté tandis que je me disais qu’il fallait mieux que je m’éclipse avant qu’elle ne radine. Je n’aime pas trop servir de prétexte pour rendre jalouse une fille. J’allais descendre de mon tabouret tandis qu’il ajouta quelque chose. « Je plaisante, je suis libre comme l'air ! » Je ris à sa remarque en secouant la tête. Il ouvrit grand les bras. Si j’avais été entreprenante, je pense que j’aurai pu m’y réfugier. Mais à la place, je posai doucement ma main sur son poignet en me penchant en avant. Puis, je ramenai son bras sur sa jambe. Puis, je me sentis rougir jusqu’aux oreilles avant de retirer mes doigts que je reposai sur ma cuisse, pianotant au rythme de la musique qui était diffusée dans l’endroit. « M… Moi au… aussi. J’a… attends. M… mais quand on… on est ti… timide et qu’on bé… bégaie comme une dé… débile… ça n’est pas in… intéressant. » Je haussai les épaules. « De… de… toute façon, les mecs veu… veulent juste cou… coucher. » Je lui fis un petit sourire encore plus timide que le précédent. Il fallait que je détende l’atmosphère avant je fis de nouveau une petite moue pour chercher une question à lui poser. « A… alors Lorenzo-li… libre co… comme l’air. Tu… tu fais quoi dans… dans la vi… vie ? »
Sa réponse t'intriguait un poil, mais avant que tu puisses poser la moindre question elle te dévoilait ce qu'elle faisait dans la vie. Une actrice donc. C'était un peu comme tirer le gros lot même si son visage ne te disait pas grand chose et que tu n'étais pas avide à ce point. « Pas policière alors ? » Tu fronçais doucement les sourcils. Si elle te disait que oui, c'est que tu n'étais pas à la page et si elle te disait que non, c'est que tu ne manquais rien. Rien d'autre ne te plaisait, tu avais quand même fait l'effort d'essayer quand on te traitait de paria pour ne pas aimer Game Of Thrones, mais ce n'était pas quelque chose qui te plaisait. Tu n'accrochais pas et contre ça, tu ne pouvais rien faire. « Tu marques un point. » Tu n'allais pas mentir en disant que tu n'avais pas pensé à la mettre dans ton lit. Tu étais un homme, tu avais ce genre du pulsion, ce genre d'envie. Que tu contrôlais assez bien puisque tu n'étais pas lourd, tu ne lui avais pas fait d'avances trop poussées sinon elle ne serait plus là déjà. Mais tu n'étais pas le seul à résonner comme ça. Et ce qu'elle avait dit juste avant te chiffonner un peu. « Mais tu te trompes en disant que tu n'es pas intéressante. Les filles à côté de toi clairement, voulaient juste me mettre dans un lit, alors que toi, tu prends le temps de discuter avec moi. » Certes, ça partait comme une discussion assez banale, mais elle n'était pas venue à toi dans le but de te draguer et toi tu n'étais pas rentré dans un grand jeu de séduction. Tu avais juste été attiré par cette rousse qui s'était retrouvé à tes pieds et qui s'était excusée sans raison. « Et ça, c'est intéressant. Que tu bégaies n'est pas un problème. » Toi même tu avais des défauts, peut-être qu'elle ne les voyait pas tout de suite. Mais par exemple, tu avais toujours peur de monter sur un vélo. A chacun ses problèmes, ça se travaillait avec un peu de volonté et de confiance en toi. Pour ce qui te concernait, il n'y avait aucune volonté. Pour elle, tu n'en savais rien. Peut-être qu'elle luttait à l'heure actuelle rien qu'en te parlant, tout simplement. « Promets-tu de ne pas fuir en courant ? » Ton regard ne quittait pas le sien, à ce moment là, c'était celui qui permettait de faire le tri assez facilement. Soit la personne était curieuse et ne disait rien de mal, soit elle te regardait avec des yeux de fous prétextant n'importe quoi pour s'en aller lâchant un "taré" au passage.
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J’écoutai attentivement Lorenzo tout en prenant des gorgées du verre qu’on venait de m’amener. Quand Lorenzo parla de séries policières, je manquai de m’entrucher avec ma boisson. « N… Non. M… Mais, j’ai pa… pa… passé une audition pour un rôle po… policier. » Je bégayai moins car l’alcool me déridait un peu. J’allais cependant m’en tenir à un verre ou deux car j’avais encore la mauvaise expérience Las Vegas dans la tête. Je lui souris tandis qu’il disait que je marquai un point. « C’est… c’est… c’est normal. Je… je ne me souviens plus… plus la dernière fois qu’on… on… on m’a demandé de sortir. Le der… dernier mec qui m’a demandée un ser… service, c’était pour… pour me fai… faire passer pour sa… sa copine. Et en ren… rendre une ja… ja… jalouse. » Je baissai les épaules comme attristée par la situation. Ce qui était vrai. J’étais la bonne copine ou alors la poule avec qui on voulait coucher mais je n’avais jamais droit à l’étape romantique. « J’aime bien discuter avec toi, dis-je sans buter sur tous les mots et avec un demi-sourire. » Je soupirai doucement. Je notai cependant que je n’avais pas bégayé. Fort heureusement. Soit j’étais suffisamment à l’aise avec Lorenzo ce qui avait l’air d’être le cas, soit j’étais alcoolisée et comme j’en étais à mon premier verre. Je croisai et décroisai mes jambes, restant tout de même nerveuse. « Promets-tu de ne pas fuir en courant ? » Je lui souris alors avant de rapprocher mon siège du sien sans quitter son regard océan. Je pris le temps de le détailler deux secondes et je ne saurai pas dire quoi mais cet homme me plaisait. Puis sans comprendre pourquoi, je posai délicatement ma main sur sa cuisse. Ce n’était pas une tentative de drague mais disons plus comme l’une d’apaisement donc j’avais le secret. Alors, je lui servis mon plus beau sourire. « Dis-moi tout. » Je me redressai sans le quitter des yeux. Des fois qu’il ne s’évapore. Puis de ma main libre, j’attrapai mon verre. Etrange comme je suis, rien ne pouvait me faire peur. Et puis soyons honnête, il est beaucoup trop charmant pour être un tueur en série. Du moins, je l’espère.
Tu n'étais pas fou, tu ne l'avais jamais vu donc ce n'était pas une série policière. Peut-être que si tu obtenais son nom et que tu le retenais, en rentrant chez toi tu irais voir dans quoi elle joue histoire de ne pas mourir con. Et puis peut-être que tu pourrais aimer même si là tu avais un gros doute. Mais ça pourrait te permettre de la voir aussi dans le rôle d'une actrice parce qu'avec son bégaiement tu avais un peu de mal à l'imaginer. « Et vous l'avez eu ? C'était pour quelle série ? » demandais-tu curieux. Quand il s'agissait de série policière alors là tout devenait sérieux pour toi, c'était important, peut-être même que tu pourrais obtenir un gros spoiler. Et cette idée te dérangeait autant qu'elle te plaisait, parce que tu voulais savoir et ne pas savoir en même temps. Un cruel dilemme pour toi mais tout dépendrait de sa réponse. « Les mecs sont des idiots. » Toi le premier. Tu l'aimais bien, elle était sympathique et à cause de ça tu ne pouvais pas te comporter comme le dernier des connards finis. Tu la trouvais bien trop intéressante pour jouer à ça. Et après ce qu'elle venait de te dire, elle était sûrement sur ses gardes, à attendre le moment où tu ferais le con. Ce que tu allais essayer d'éviter mais tu ne pouvais pas promettre d'y arriver. Tu avais rarement l'habitude d'être un gentleman plus de dix minutes pour une fille. « Je t'aime bien aussi, t'es sympathique. » Pour le moment c'était la seule chose que tu pouvais dire. Tu lui aurais bien dit que tu n'allais pas faire l'idiot mais tu étais déjà en train de lui mentir. Techniquement tu étais en couple, même si c'était pour l'illusion. Elle s'approchait de toi, posant une main sur ton genou et tu la laissais faire sans dire un mot. Elle te disait que tu pouvais y aller, que tu pouvais tout lui dire, qu'elle n'allait pas fuir et tu te lançais. « Je suis taxidermiste. » Tu plantais ton regard dans le sien à la recherche de la moindre lueur, de la moindre grimace ou un éventuel signe montrant qu'elle a peur et qu'elle s'apprête à fuir mais rien de tout ça n'apparaît.
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Lorsqu’il me demanda si j’avais eu le rôle, je me mordillai la lèvre inférieure. Oui, je l’avais eu mais dans un film et non dans une série comme il le pensait. J’appartenais à Netflix puisque j’avais signé un contrat d’exclusivité avec eux donc je ne pouvais pas m’engager dans d’autres séries bien que je sois fan de How To Get Away with Murder et que j’ai postulé pour un rôle dedans. Peut-être lorsque Netflix sera plus souple, qui sait ? Je secouai donc la tête à l’affirmative avant de lui sourire. « O… Oui. Dans… dans… dans un film qui sort en février. Je… Je… Je pars faire la promo d’ici quel… quelques jours. » Je me penchai alors. « Mais… si je vous di… di… disais le titre, je serai forcée de vous tuer. » Puis, je le regardai pleinement. Ça faisait longtemps que je n’avais pas été à l’aise avec un garçon. Depuis Lachlan à vrai dire. Mais ce dernier m’avait brisé en mille morceaux et depuis, je restai sur mes gardes. Je n’avais pas trop confiance en la gente masculine. « Il… Il… Il ne faut pas mettre toutes les pommes pourries dans le même panier. Cer… certains sont biens. » Je restai romantique, je n’y pouvais rien. Je pris donc une gorgée de mon verre tandis que je manquai de m’entrucher quand il disait qu’il m’aimait bien. Génial, j’ai dû virer au cramoisi comme une grosse débile. Je lui souris. Un garçon m’aimait bien. Enfin j’étais sympathique. Mais il m’aimait bien quand même. Je devais avoir l’air d’une nunuche de treize ans. Je m’approchai donc de lui en posant délicatement sur ses genoux tandis qu’il s’apprêtait à me dire ce qu’il faisait dans la vie. Tueur en série ? Mafieux ? Mais non, j’avais tort. « Je suis taxidermiste. » Je me redressai alors pour le regarder dans les yeux. J’étais intriguée par lui à vrai dire. Il avait la classe et la nonchalance d’un anglais mais portait un prénom italien. Il avait une tête de garçon sérieux alors que… « OH ! Un artiste. » J’ai toujours vu ce métier comme un art. Mon père était chasseur –à mon grand déplaisir- mais il empaillait ses prises. Enfin le faisait faire. « Je suis fascinée par les chimères. T’en as déjà faites ? » Je lui souris alors me rapprochant encore. J’allais finir sur ses genoux si je continuai. « Et pourquoi voulais-tu que je te fuis ? »
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Sujet: Re: Brave enough (Loruby) Sam 7 Jan 2017 - 20:28
« Ne me dites rien, j'en aurais la surprise bientôt ! » Elle venait de te dire que c'était un film policier alors connaissant ton amour pour la police et le suspens, tu irais forcément le voir sans hésiter une seconde. Espérant qu'il sorte bientôt à Bowen. Ce n'était pas l'Italie mais en général l'actu ciné était assez bonne ici. Peut-être une semaine de décalage par rapport au monde entier mais ça allait encore. « J'ai envie de dire qu'un homme reste un homme. Capable de commettre une erreur à tout moment. » Tu parlais de l'espèce humaine en général. Tu n'étais pas du genre à croire qu'une personne était bien sous tous les angles et qu'elle le serait toute sa vie. Il y avait toujours des erreurs, des gestes commis dans l'ivresse, la peur ou le désespoir mais la perfection n'existait pas. « Merci ! » Enfin une personne censée, elle reconnaissait ton travail et ne cherchait pas à s'enfuir. Celle-là était précisément le genre de fille qui te plaisait. Le genre qui savait t'apprécier comme tu étais. « Je n'en ai pas eu l'occasion. » Sa question avait eu le don de t'interroger. Tu restais un instant perplexe. Une chimère c'était une créature mythique, le genre qu'on ne voit que dans les récits fantastiques alors tu ne voyais pas trop comment tu pourrais en avoir empaillé un. Mais peut-être que c'était un animal originaire d'ailleurs et dont tu ne connaissais pas encore l’existence. Tout était possible. « Parce que pour certains c'est un métier barbare et je suis un monstre. » Une opinion publique avec laquelle tu avais du mal parfois. Qu'on trouve que c'était un métier barbare, ça pouvait encore se comprendre, mais qu'on te traite de monstre alors que tu ne tuais personne, que tu ne faisais aucun mal à ces petites créatures, ça avait le don de t'agaçait. Même si tu finissais par partir sans un mot parce que tu ne trouvais pas intéressant l'idée de te disputer.
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« Je… Je ne ga… garantie rien quant au fa… fait qu’il soit bon par… par… contre. » J’en ai assez de bégayer. Si seulement, je pouvais être comme ses filles qui ont confiance en elle. Qui abordent un mec comme ça et en un claquement de doigts, le mec est à leurs pieds. Non, moi, je suis la petite Ruby. Enfin petite, c’est un euphémisme quand même mais petite dans le sens où j’inspire la tendresse aux gens et où l’on ne me trouve pas sexy. Je hausse alors les épaules à ce qu’il me dit. « Et une femme reste une femme. Moi, on me traite comme une chose fragile assez souvent. » Je me rends compte que j’ai dit ceci sans buter sur tous les mots comme si je parlais à un ami de longue date. Ce qui n’est pas le cas. Je ne connais pas Lorenzo. Cependant, lorsqu’il me dit son emploi, je ne peux demeurer qu’enthousiaste. Je ne suis pas le genre de femme à juger un homme sur sa profession mais ce Lorenzo me plait de plus en plus. Je me contente de garder ma main posée sur son genou pour battre des cils comme une débile. Jusqu’à lui parler des chimères. Lorsqu’il me répond qu’il n’en a pas eu l’occasion, je sens dans sa voix qu’il ignore ce que c’est. Alors je me rapproche un peu plus de lui. Quand je dis que je vais finir la soirée sur ses genoux. « Chez nous les chimères sont courantes. » Je sens que je vais devoir donner des explications. Je fouille donc dans mon sac pour en sortir un stylo et prendre une serviette. « C’est une pratique qui était répandue il y a quelques siècles. Tu prenais différents animaux que tu mélangeais ensembles. » Je commence à lui dessiner la chose comme absorbée par mon explication. Puis, je lui tends le dessin grotesque. « En fait, ils les assemblaient ensembles en les cousant. Tu verrais c’est passionnant. Cherche sur internet et tu verras ton métier sous un œil moins macabre. » Je hausse donc les épaules en disant ceci avant de m’empourprer. Lorsqu’il me dit que tout le monde le considérait comme un monstre, je lève alors les yeux au ciel, agacée. Je bois alors mon verre cul sec et l’alcool me brûle la gorge. Puis légèrement entreprenante, je passe une main derrière la nuque de mon compagnon pour le forcer à me fixer dans les yeux. Je déglutis me rendant compte du fait que mon geste est grotesque. Alors, je me recule. « Nope, tu ne ressembles en rien à un monstre. Les gens sont ridiculement cons. On pense que je suis une pétasse superficielle parce que je suis actrice. Tu sais quoi ? On les emmerde ! » Je me rends pas compte que mon lourd accent écossais ressort au fur et à mesure que cette conversation avance. J’ai l’air d’une parfaite débile. Le barman passe à nos côtés. « Même chose, c’est pour moi ce coup-ci. Chacun son tour. Tu prends quoi Lorenzo ? » Je me tourne vers lui, l’interrogeant du regard sans penser une seule seconde que ma timidité était portée disparue depuis de longues minutes.
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Désolée du retard Et oui, je sais, sur le gif we are awesome
Certes, elle n'avait pas dit que c'était un succès, mais tu ne t'attendais pas à moins de sa part. Il ne fallait pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Après même s'il était mauvais, tu irais le voir, juste parce que c'était policier. Tu ne pourrais expliquer cette passion pour ce type de films, ce qui était vraiment attirant dans ces histoires là. Mais c'était une passion comme une autre et c'est tout ce qui comptait à tes yeux. Tu l'écoutais parler d'elle, de la vision qu'on pouvait avoir d'elle, des mots qu'on pouvait lui coller sur le visage. « Aux clichés alors ! » Tu levais ton verre vers elle pour le terminer d'une traite. De toute façon il était quasiment vide maintenant. Ton regard ne la quittait pas, tu étais absorbé par son récit, par ce qu'elle te détaillait. Tu avais l'impression d'être dans un univers fantastique mais ça semblait bien réel en effet. « Je ne savais pas, non. » C'était une chimère en effet, quelque chose qui te semblait improbable, quelque chose d'irréel, de surnaturel mais à ton oreille, ça semblait tentant. « Je jetterais un œil oui ! » Tu le ferais oui, tu chercherais un modèle facile à réaliser, tu prendrais la peine de réaliser ça. Peut-être que ça te plairait, ou peut-être que non. Tu avais l'impression que c'était un peu de la torture, comme si ce n'était pas humain comme façon de faire. « Tu as raison, on les emmerde ! » Tu t'étais laissé faire, elle avait attrapé ta nuque pour planter son regard dans le tien et tu avais eu un léger rictus à la fin de son discours, tu restais dans la même position en reprenant ses mots, elle avait raison. Fallait pas se laisser emmerder par les autres, fallait pas s'arrêter sur le regard des autres. « Un martini sec. » répondais-tu en jetant un coup d'oeil au barman. Tu reportais ton attention sur ta compagne de soirée.
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Tu sais que je les ai vus sur Bazzart et que j'voulais te mp mais j'm'étais retenue Ils sont canons ouais
Take a breath. Rest your head. Close your eyes. You are right
Je suis quelqu’un d’un naturel humble en général. Sur mon travail. Je sais que j’allais devoir faire la tournée promotionnelle de mon film en janvier puisqu’il sortait en février. Mais je n’aimais pas savoir que mes connaissances voyaient ce que je faisais. Déjà de savoir que Lachlan regardait ma série me mettait mal à l’aise alors quand Lorenzo m’assura qu’il allait voir mon film, je me mordillai la lèvre inférieure. Toujours fragile, timide. Sauf dans ce film où je jouais une psychopathe qui tuait les gens de sang-froid. J’ai dû apprendre à tenir une arme, un couteau et à me battre. Ce qui peut s’avérer être utile de temps en temps. Puis, visiblement plus à l’aise, je continue à parler. On ne passe de rien au tout. On passe du bégaiement, au fait que je jacasse beaucoup. Je sais que je dois l’importuner mais il est trop poli et lève alors son verre. Je l’imite avec un timide sourire. « Je suis désolée, lorsqu’un mec me plait, soit je bégaie, soit je jacasse. C’est énervant ! » Je prends mon visage à deux mains pour cacher le fait que je rougissais. Là, Lorenzo me parla de son métier et je le fixai intriguée. Non en fait, je le mangeai plutôt des yeux. Je me mordillai de nouveau la lèvre inférieure, foutu tic avant de parler des chimères. Je m’approche un peu de lui pour toucher son genou. J’ai conscience que mon geste peut s’avérer dragueur et il l’est. Je me mets à rougir encore plus. « C’est particulier mais je voulais que tu vois que ton métier… » Je prends doucement sa main dans la mienne pour en caresser le dos avec mon pouce. « … n’est en rien barbare. » Un nouveau sourire timide. Je ne sais pas trop comment réagir. Devais-je prendre les devants ? J’ai l’impression que je ne lui plais pas tant que ça. Ou alors, il est trop poli. Je prends sa commande pour que le barman nous les apporte. Je prends alors un stylo pour noter mon numéro. « Je ne vais pas être là souvent mais si tu veux qu’on se revoit. Tu peux me passer un coup de fil. » Nouveau petit sourire. Je sais que je l’ai sans doute mis mal à l’aise avec ma franchise et mon franc parlé. « Je suis désolée si j’t’ai gêné. Je suis maladroite. Une véritable catastrophe. »
« Allez viens, tu verras y’aura tout le monde. » Ma collègue de boulot me tâne tandis que je suis au téléphone avec elle, vêtue d’un super pyjama bien moche, les cheveux relevés et du chocolat à foison sur mon lit. Zéro me regarde, blasé mais bon ce n’est qu’un chien. « Nan. Nan. Et Nan. » Mais bon on sent mon manque de conviction puisque dix minutes plus tard, la collègue en question arrive comme une tornade dans ma chambre, me lance une robe au visage et me crie de m’habiller. Je déteste être copine avec des maquilleuses. Je n’ai aucune excuse pour aller me faire pendre ailleurs. J’ai à peine le temps de protester qu’elle me colle de force dans un fauteuil et qu’elle me maquille. J’essaie de me débattre mais rien n’y fait. Je grogne alors pour manifester mon mécontentement tandis qu’elle essaie de m’adoucir en me complimentant. Mais bien sûr. Lorsqu’elle a fini son ravalement de façade, je me regarde dans la glace pour arracher les faux-cils et me donner un air plus naturel. De toute, elle y va pour draguer et j’y vais pour… lui permettre de se faire mousser car elle traine avec Ruby Phelps. N’importe quoi. 
« Je… Je ne ga… garantie rien quant au fa… fait qu’il soit bon par… par… contre. » J’en ai assez de bégayer. Si seulement, je pouvais être comme ses filles qui ont confiance en elle. Qui abordent un mec comme ça et en un claquement de doigts, le mec est à leurs pieds. Non, moi, je suis la petite Ruby. Enfin petite, c’est un euphémisme quand même mais petite dans le sens où j’inspire la tendresse aux gens et où l’on ne me trouve pas sexy. Je hausse alors les épaules à ce qu’il me dit. « Et une femme reste une femme. Moi, on me traite comme une chose fragile assez souvent. » Je me rends compte que j’ai dit ceci sans buter sur tous les mots comme si je parlais à un ami de longue date. Ce qui n’est pas le cas. Je ne connais pas Lorenzo. Cependant, lorsqu’il me dit son emploi, je ne peux demeurer qu’enthousiaste. Je ne suis pas le genre de femme à juger un homme sur sa profession mais ce Lorenzo me plait de plus en plus. Je me contente de garder ma main posée sur son genou pour battre des cils comme une débile. Jusqu’à lui parler des chimères. Lorsqu’il me répond qu’il n’en a pas eu l’occasion, je sens dans sa voix qu’il ignore ce que c’est. Alors je me rapproche un peu plus de lui. Quand je dis que je vais finir la soirée sur ses genoux. « Chez nous les chimères sont courantes. » Je sens que je vais devoir donner des explications. Je fouille donc dans mon sac pour en sortir un stylo et prendre une serviette. « C’est une pratique qui était répandue il y a quelques siècles. Tu prenais différents animaux que tu mélangeais ensembles. » Je commence à lui dessiner la chose comme absorbée par mon explication. Puis, je lui tends le dessin grotesque. « En fait, ils les assemblaient ensembles en les cousant. Tu verrais c’est passionnant. Cherche sur internet et tu verras ton métier sous un œil moins macabre. » Je hausse donc les épaules en disant ceci avant de m’empourprer. Lorsqu’il me dit que tout le monde le considérait comme un monstre, je lève alors les yeux au ciel, agacée. Je bois alors mon verre cul sec et l’alcool me brûle la gorge. Puis légèrement entreprenante, je passe une main derrière la nuque de mon compagnon pour le forcer à me fixer dans les yeux. Je déglutis me rendant compte du fait que mon geste est grotesque. Alors, je me recule. « Nope, tu ne ressembles en rien à un monstre. Les gens sont ridiculement cons. On pense que je suis une pétasse superficielle parce que je suis actrice. Tu sais quoi ? On les emmerde ! » Je me rends pas compte que mon lourd accent écossais ressort au fur et à mesure que cette conversation avance. J’ai l’air d’une parfaite débile. Le barman passe à nos côtés. « Même chose, c’est pour moi ce coup-ci. Chacun son tour. Tu prends quoi Lorenzo ? » Je me tourne vers lui, l’interrogeant du regard sans penser une seule seconde que ma timidité était portée disparue depuis de longues minutes. 
Et oui, je sais, sur le gif we are awesome
