After dark [Alfing]

Il se contente de lui répondre par un simple sourire en coin, plus amusé qu'étonné de sa réponse. Ça fait un moment qu'il ne s'est plus laissé aller dans ce petit jeu des sous-entendus, trop longtemps même. Le fait que ce soit avec Aisling rend les enjeux encore plus intéressants, même si il n'a clairement aucune idée de jusqu'où elle serait prête à aller. La connaissant, la situation pourrait totalement basculer d'une minute à l'autre, vers le bon comme vers le mauvais. Elle est tellement imprévisible, elle l'a toujours été. Du moins, avec lui. « Si tu l'étais, on l'aurait déjà fait depuis un moment. » Alfie hausse ensuite les épaules, comme si ce qu'il venait de dire était tout-à-fait naturel. Il secoue ensuite la tête de gauche à droite à sa déduction sur la sodomie. « C'est surtout le fantasme des mecs qui couchent pour baiser. Genre, un trou c'est un trou. » Enfin, il n'a jamais pris le temps de se demander si les autres mecs avaient ce fantasme secrètement enfoui au fond d'eux, mais il est en tout cas certain que c'est une expérience qui ne le tente pas plus que ça. Peut-être qu'Alfie n'aurait pas dû poser cette question sur le prix qu'elle a reçu, mais il ne peut s'empêcher d'être curieux d'entendre sa réponse. Tout en faisant tourner le fond de sa bouteille de vin entre ses doigts, il l'écoute et délaisse totalement les quelques morceaux de fromage restants. « Tu fais bien. Puis au fond, c'est un peu emmerdant d'être comme tout le monde non ? » Ce n'est pas vraiment une question qu'il lui pose, plus une affirmation lancée sans y avoir réfléchi. À la question qu'elle lui pose, les lèvres d'Alfie viennent s'étirer en un sourire tandis que ses yeux l'observent avec un air surpris, ses sourcils haussés. « Parce que t'as voté pour moi ? » lui demande-t-il sur un ton presque charmeur. Il se fiche un peu de ce prix en réalité, il ne s'est jamais vraiment qualifié comme faisant partie des mâles les plus sexy de la ville. « Pas vraiment, je crois que ça m'aurait même plutôt fait bien rire. Je suis surtout déçu de pas avoir pu admirer la concurrence, » admet-il en se remémorant l'absence de Levi sur le podium.

A sa remarque, Aisling ne peut retenir un sourire plein de sous-entendus. Elle passa la main dans ses cheveux avant de se pencher vers son oreille pour murmurer.

-Tu sais, je change d’humeur souvent.

Et ça c’était sans doute son plus gros problème, parce que le reste des êtres humains n’avaient pas spécialement envie de se plier à ses caprices et humeurs.
A sa réponse, elle fronça les sourcils. Des mecs qui couchent pour baiser ? Bah 90 % des mecs en somme, non ? Et un bon pourcentage de femmes aussi cela dit.

-Et toi, tu couches pour quoi ?

Et qu’il ne lui fasse pas croire que c’était pour entrer en synchronisation et ne faire qu’un avec un autre être et blablabla de merde. D’aussi loin qu’elle se souvienne, Aisling n’avait jamais couché avec quelqu’un que pour le plaisir. Les sentiments ne s’étaient jamais emmêlés. Enfin, c’est ce qu’elle essayait de se convaincre.

-C’est clair, surtout quand on voit le reste du monde.

Elle n’avait pas une très bonne opinion du reste de l’humanité. Les gens qui trouvaient grâce à ses yeux étaient assez rares, et c’est une des raisons pour lesquelles, contrairement à ce qu’on pouvait penser, elle ne couchait pas avec n’importe qui. Elle vola un morceau de fromage sur le plateau d’Alfie avant de l’engouffrer en une fois.

-Hum, j’avoue que je ne me souviens plus pour qui j’ai voté, mais c’est possible ouais.

Elle leva les yeux vers lui avec un léger sourire.

-Pour t’avoir déjà vu quasi à poils, t’es pas si mal.

A sa remarque elle hocha doucement la tête. Elle ne savait même pas à quoi ressemblait le gagnant.

-C’est vrai que c’est dommage. Mais t’inquiète, tu peux m’admirer moi.

Un sourire joueur vient étirer ses lèvres. « J'ai pu remarquer ça, » répond-il sans la quitter des yeux. Il a en effet déjà pu assister aux sautes d'humeur d'Ais, des sautes qui auraient pu en exaspérer plus un. Mais pas lui, cette phrase qu'il vient de dire n'a été prononcée que pour la chercher un peu. Avec Aisling, le jeu a toujours été bien différent de celui avec les autres. À sa question, il laisse tomber sa tête en arrière et hausse les épaules. « Peut-être parce que c'est hyper plaisant ? » Il a conscience que sa réponse laisse sous-entendre qu'il se sert des femmes comme des sortes d'objets sexuels, alors qu'il n'a jamais été question de ça avec lui. Toutes son consentantes, toutes savent que ce ne sera que l'histoire d'une nuit. Enfin, presque toutes. Sa réflexion sur le reste du monde fait rire Alfie qui reporte à nouveau son attention sur elle. C'est peut-être pour cette raison qu'il n'a toujours jamais connu le fait d'être en couple. Car à ses yeux, aucune fille n'a réussi à être assez intéressante que pour qu'il ne s'en lasse pas. Elle évoque la possibilité d'avoir voté pour lui et fait naître un nouveau sourire sur ses lèvres. « Et pour t'avoir déjà vue à poil, t'es pas mal non plus. » Contrairement à la plupart de ses souvenirs, celui-ci n'est pas flou. Le moment a dû le marquer, drôle et inattendu, assez que pour rester figé dans sa mémoire. Il continue de boire de temps à autres sans réaliser qu'il est déjà sur la fin de sa bouteille de vin. « Et à choisir, je te préfère toi à monsieur beau gosse des plages. » En même temps, le contraire aurait été surprenant. Il se redresse et sent légèrement l'effet du presque litre vin qu'il vient de s'enfiler à grande vitesse. Assis face à Aisling, son regard ne quitte pas le sien. « J'sais plus si t'es ton tour où le mien, » dit-il en fronçant légèrement les sourcils.

Aisling échangea avec Alfie un sourire entendu. Elle savait qu'elle s'était déjà montré changeante avec lui. Vu le petit jeu qu'ils avaient... ça l'avait sans doute perturbé plus d'une fois, au début. Maintenant il s'y était sans doute fait, et c'en était que plus amusant.
La blonde eut un léger rire à la réponse d'Alfie. Certes, c'était une bonne raison. Mais dans ce cas, elle n'était pas sûre que ce soit très différent de baiser pour baiser. Mais elle n'allait pas rentrer dans le débat ce soir alors qu'elle venait de siffler un peu trop de vin.

-Ca, c'est pas moi qui te dirais le contraire. Enfin, ça dépend avec qui.

Il y avait des hommes qui étaient des pieds au lit, et inversement des femmes, juste que ça elle n'avait jamais vraiment pu constater d'elle-même.

Quand il lui retourna le compliment, Aisling eut un sourire flattée. Et Alfie avait plutôt intérêt à en profiter parce que diable que ça n'arrivait pas souvent.

-Faut croire que qui se rassemble s'assemble.

Elle eut un sourire quand il lui dit qu'il la préférait elle, clairement, elle comprenait.

-J'me demande si je me serais désapé sur scène si j'avais gagné se Boward là.

Elle resta quelques secondes pensives avant qu'il ne la rappelle au jeu.

-Oh, bah, on va dire que c'est à moi. Quel âge t'avais quand tu t'es dépucelé ?

Parce qu'Aisling elle restait toujours dans les questions classes.

En l'entendant rire, il ne peut s'empêcher de sourire. Parler sexe avec Aisling, c'est presque banal et en même temps, ça lui fait réaliser que ça fait longtemps. Longtemps qu'il n'a plus touché le corps d'une fille, longtemps qu'il ne s'est plus laissé aller au plaisir de le chair. Il n'irait pas jusqu'à dire qu'il est en manque, ni même qu'il serait prêt à sauter sur la première venue afin de combler ce vide. Mais la quantité de vin qui lui court dans les veines ajoutée aux regards d'Ais, ça n'aide clairement pas Alfie à n'avoir que des pensées pures. Quoi qu'avec elle, rares ont été les fois où son esprit restait innocent. « Faut juste savoir comment s'y prendre, » dit-il sans lâcher son regard. Oui, il l'a toujours trouvée pas mal, plus que ça même. Il n'ira pas jusqu'à la complimenter directement car non seulement ce n'est pas son genre, mais en plus ils n'ont jamais partagé ce genre de relation purement sympathique elle et lui. Cependant, il ne peut pas mentir sur ce sujet : Aisling est canon. Ses yeux, son sourire, même son caractère. Elle est ce que personne ne peut avoir, ce que tout le monde convoitise un jour ou l'autre. Du moins, c'est ce qu'il croit. Alfie n'a jamais été trop potins que pour connaître son histoire par coeur. À son questionnement, il fronce légèrement les sourcils avant de secouer négativement la tête. « Moi qui me pensais privilégié, j'aurais été vexé que tout le monde puisse admirer ton corps. » L'alcool parle, l'alcool révèle ce coté de sa personnalité qui semblait s'être calmé et tassé quelque part au fond de lui. Retour au jeu et à ses questions. Son épaule appuyée contre le siège, à quelques centimètres d'elle, Alfie écoute sa question avant de se plonger dans ses souvenirs. « Quinze ans je crois, mais c'est pas le genre d'histoire qu'on raconte même après avoir trop bu. » Il rit légèrement avant de relever les yeux vers Ais. « Heureusement, je pense m'être pas mal amélioré depuis. »

Elle eut un léger sourire à sa réflexion. Il y avait ceux qui savaient et ceux qui ne savaient pas. Ceux qui pensaient qu'un trou est un trou et que le plaisir de leur partenaire ne comptait pas.

-C'est pas donné à tout le monde

Aisling éclata de rire quand il lui dit qu'il aurait été vexé de ne pas avoir de privilège, que tout le monde admirer son corps. Pour elle, il n'y avait pas grand chose à admirer mais il semblait penser le contraire alors elle n'allait pas le contredire.

-On ne peut pas dire que tout Bowen a déjà eu cette occasion, mais tu n'es quand même pas tout seul.

On ne pouvait pas exclure le fait qu'elle avait déjà eu deux ou trois partenaires sexuels dans sa vie.
A sa réponse, Aisling cala son menton contre son épaule. 15 ans, quelque part c'était jeune, même si Aisling ne jugeait pas ce genre de choses, à partir du moment où tout le monde est consentant.

-Pourquoi tu ne me raconterais pas ?

Évidemment, il se doute qu'Aisling n'est pas une sainte. Qu'elle n'est pas du genre à attendre le mariage pour coucher avec quelqu'un, qu'elle n'attendra pas le dernier moment avant de montrer ne serait-ce qu'un bout de sa peau. Non pas qu'il la considère comme une fille facile, Alfie lui a bien assez répété qu'il ne la voyait pas comme telle. Mais plutôt parce que, si elle était du genre catholique à principes, elle aurait eu bien plus de mal à retirer ses fringues lorsqu'ils se sont retrouvés collés l'un à l'autre dans une douche sur la plage. Et surtout, ils ne se seraient certainement pas retrouvés dans cette situation, ou du moins pas intentionnellement. Ce souvenir dessine un sourire presque nostalgique sur les lèvres d'Alfie. « Tant mieux, ça aurait été trop de pression si j'avais été le seul. » Il rit légèrement, le regard à présent perdu dans le vide. Et après qu'il n'ait mentionné l'âge auquel il a fait sa première fois, il sent le menton d'Aisling se poser sur son épaule alors qu'elle lui demande plus de détails. « Tu veux sérieusement entendre cette histoire ? » Il tourne la tête vers elle, mais n'arrive à apercevoir que son front. « Tu vas te moquer de moi, » ajoute-t-il avec toujours ce sourire amusé au coin des lèvres.

Aisling secoua la tête avec un sourire amusé alors qu'il lui disait que ça aurait été trop de pression. N'importe quoi ! Ca aurait juste été un immense privilège. M'enfin, la blonde n'était pas trop dans cet optique.

-Tu vas pouvoir partager cette expérience inoubliable avec d'autres hommes ne te fais pas de soucis.

Evidemment, là aussi, elle le taquinait. Parce qu'elle se doutait qu'il n'était pas du genre gros beauf à comparer le corps des femmes avec qui il avait couché avec ses potes autour d'une bière.

Il ne semblait pas très enclin à lui raconter sa première fois. Cela dit, elle pouvait comprendre que ça le gène, ce n'était pas le genre de chose qu'un clamait sur tous les toits. Surtout qu'en général, c'était une expérience qui avait son lot d'échecs.

-Et si je promets de ne pas me moquer ?

Peut-être qu'elle avait envie d'entendre des histoires de première fois un peu plus normales que la sienne.

Il ne peut s'empêcher de rire, s'imaginant assis au bar, occupé à parler du corps d'Aisling avec d'autres hommes qui l'auraient connu eux aussi. Mais bien vite, ce rire laisse place à un simple sourire léger qui étire ses lèvres presque sans arrêt depuis qu'ils sont assis à l'arrière de la voiture. Il finit par secouer négativement la tête, plus lentement que si il avait été entièrement sobre. « Nan, je te vois pas comme un bout de viande. » Personne d'ailleurs. Il est peut-être incapable d'offrir son entière affection à une fille qui la mériterait pourtant entièrement, jamais Alfie n'a vu une d'elles comme un simple objet. Il lance un regard en coin à Aisling. « Ou alors, un bout de viande de qualité. » Humour d'homme légèrement éméché. La conversation finit par se porter sur lui, lui et sa première fois qu'il aurait préféré oublier même si au final, ce souvenir reste amusant à se remémorer. Elle insiste, et Alfie ne peut lui refuser plus longtemps après une telle promesse. « D'accord d'accord, » soupire-t-il en s'enfonçant un peu plus dans la banquette arrière. « J'étais à une sorte de soirée tentes dans une forêt en Espagne et, avant d'aller nous coucher, un des gars nous avait raconté des histoires morbides qui s'étaient passées là où on était. Puis je suis allé dans ma tente, une de mes "amies" m'y a rejoint, et on a commencé notre affaire. Sauf qu'on a entendu du bruit dehors et elle a paniqué, mais elle était assise sur moi et m'a pratiquement arraché l'engin. Elle est sortie à poil de la tente pendant que moi, je me tordais de douleur. Il était devenu bleu, c'était horrible, » ajoute-t-il en se remémorant trop bien la panique ressentie cette nuit-là d'être devenu un eunuque. « Et au final le bruit, c'était juste le gars qui nous avait raconté l'histoire qui était parti pisser et qui était tombé dans un buisson. » Elle voulait une histoire normale, il ne sait pas si elle sera satisfaite avec la sienne.

Aisling eut un léger sourire à sa remarque. Elle savait qu'Alfie était un de ces hommes-là, un homme qui aimait coucher avec les femmes mais qui pourtant ne les traitait pas de la viande ou des objets. Jamais elle ne se serait assise avec lui dans cette voiture si ça avait été le cas. Jamais elle n'aurait flirté avec lui non plus, sauf peut être pour lui mettre un rateau bien méchant et humiliateur. Leur petit jeu était tout autre.

-Heureusement, parce qu'il n'y a pas grand chose à manger.

Humour, humour. A son ajout, elle leva les yeux au ciel avant de lui mettre une pichenette sur le nez. Il avait de la chance de commencer à être alcoolisé.

-Ouais, je suis beaucoup trop chère pour toi.

Parce que ce qui ait de qualité est cher, non ? Un truc comme ça, elle n'avait pas vraiment de cours d'économie.
La blonde était d'autant plus intriguée par le souvenir de sa première fois que lui ne voulait rien lui dire. Elle eut alors un sourire enfantin quand il accepta de raconter, une victoire comme une autre. Au fur et à mesure qu'il racontait son histoire, Aisling se mordait un peu plus l'intérieur de la joue pour ne pas rire mais à l'évocation d'un pénis bleu, elle ne put s'empêcher d'éclater de rire. En réalité elle compatissait beaucoup mais l'image qu'elle avait en tête était bien trop drôle pour ne pas rire. Elle finit tout de même par réussir à arrêter son fou rire.

-En vrai t'as dû avoir trop mal ! Fallait la choisir un peu moins peureuse aussi... T'as pas été trop traumatisé après ça ?

Après tout, c'était un coup à ne plus jamais vouloir coucher avec personne.

Sa pichenette lui fait froncer le nez avant qu'Alfie ne se mette à rire de sa propre remarque, probablement un peu trop fier de lui. Au fond, Aisling le connaît sûrement bien mieux que n'importe quelle fille. Elle a eu le temps d'apprendre que ses réflexions ne vont jamais plus loin que l'humour, et qu'il a assez de respect pour les femmes que pour les traiter comme des objets. « J'en doute pas, » se contente-t-il de dire sans la regarder, laissant un sourire étirer ses lèvres. Mais lorsqu'elle lui demande de parler de sa première fois, ce sourire se transforme en une moue censée la supplier. Elle n'a cependant pas besoin d'insister longtemps, Alfie ne tarde pas avant de lui raconter cette fameuse nuit où il a perdu sa virginité et où il a eu le frein cassé. À coté de lui, Ais se met à rire sous le regard accusateur de l'espagnol. Il ne peut cependant pas lui en vouloir, il est vrai que cette histoire est assez amusante quand on a pas vécu la douleur d'un pénis bleuit. « T'en fais pas, j'ai compris la leçon. Maintenant, je m'intéresse seulement aux filles qui ont du caractère, » dit-il en tournant la tête vers elle. Jordan, Freja, même Aisling qu'il a déjà draguée avant qu'elle ne l'envoie paître. Toutes des filles au caractère de feu qui lui en ont fait voir de toutes les couleurs. « Mais je me limite aux filles que j'ai pas vu accoucher maintenant, » dit-il en levant les yeux au plafond, un sourire joueur prenant à nouveau place sur ses lèvres.

Alfie ne semblait pas trop vexée de son fou rire à l'entente de son histoire. Il faut dire que ça faisait longtemps qu'elle n'avait entendu quelque chose d'aussi drôle, et douloureux, certes.

-C'est une très bonne initiative. Ce sont celles qui abîment le moins de pénis, enfin, je crois.

Elle se mit alors à réfléchir sur la question. Est-ce qu'elle avait déjà casser le frein d'un mec ? Pas qu'elle se souvienne. Faut dire qu'elle n'avait jamais été prise de panique en plein acte.
Cependant, à sa remarque suivante, Aisling lui lança un regard plein d'éclairs. Être ivre la rendait bisounours en général, mais là elle était plutôt fâchée, enfin, vexée serait le mot juste. Son accouchement restait quelque chose de tabou, pour elle, et puis, elle n'avait pas éliminé de sa tête la possibilité de coucher avec Alfie, alors elle était doublement vexée.

-Ah oui ? Et bah puisque c'est ça, la fille qui a accouché s'en va, na !

Pas vraiment sobre, alors qu'elle voulait sortir de la voiture, elle s'assomma à moitié avec la portière qui lui retombât dessus à peine ouverte. Toute étourdie, et tout autant contrariée, elle resta donc assise sur la banquette, couinant sous la douleur avant de se frotter la tête.

-Ta voiture elle m'aime pas...

Bien vite, Alfie s'empresse de secouer négativement la tête. « Peut-être qu'elles ne l'abîment pas directement, mais certaines sont quand même vraiment casse-couilles. » Un vague souvenir lui revient, une soirée parmi tant d'autres où Jordan et lui se sont pris la tête parce qu'ils étaient trop têtus, trop stupides que pour s'avouer qu'ils tenaient l'un à l'autre. Et aujourd'hui encore, c'est le point mort. Une incertitude qui était devenue insupportable pour Alfie, mais qui à présent ne lui fait plus le même effet que six mois plus tôt. Si elle n'avait pas disparu, probablement que les choses auraient été différentes. En voyant Aisling se brusquer soudainement, il en vient à se demander si il n'aurait pas dû retenir ses mots, pour une fois. « Mais nan, pars pas. Je peux faire une exception pour toi t'sais, » lâche-t-il entre le sérieux et l'insensé, ne réalisant pas tout de suite à quel point ses paroles peuvent sonner beauf. Il ne peut cependant s'empêcher d'éclater de rire lorsqu'Aisling vient se cogner la tête contre la portière de la voiture. « C'est parce qu'elle est pas prête à te dire déjà au revoir, » réplique Alfie lorsqu'il arrive enfin à retrouver son semblant de calme. Il place sa main sur l'arrière de sa tête et la penche en avant afin de l'inspecter, dégageant ensuite celle d'Ais. « C'est bon, t'as rien. Enfin, peut-être une méga hémorragie interne qui se propage partout dans ton cerveau, mais dans ce cas je te promets de pas te laisser tomber quand tu t'évanouiras. » Il continue de la regarder, laissant sa main non pas sur l'arrière de sa tête, mais dans sa nuque.

Aisling ne put s'empêcher de rire à son allusion, pourtant d'assez bas étage. L'alcool ne lui réussissait vraiment pas, enfin caractériellement, enfin ça dépendait des points de vues. Elle avait déjà constaté qu'avant d'être malade et de vomir, en général elle devenait toute gentille et joyeuse, de quoi lui faire bien honte une fois qu'elle avait la gueule de bois.

-Un talent comme un autre, tu t'ennuierais sans ça tu sais.

Il semblait vouloir la retenir alors qu'elle avait décidé de bouder, mais elle se cogna la tête, grimaçant de douleur, et puis de surprise, aussi.

-Mouais.

Elle lui lança un regard assez peu convaincue avant de le laisser inspecter sa tête. D'humeur soudainement grognon, Aisling haussa les épaules à sa pseudo-déclaration de confiance.

-De toute façon, vu ton état, tu pourrais même pas m'emmener à l'hôpital.

Cependant, elle sa rapprocha un peu de lui, ne s'offusquant pas de la main qu'il avait laissé dans sa nuque.

-Tu dis que tu fais une exception, mais je suis sûre que je suis la seule femme que t'ai vu accoucher de ta vie, de toute façon.

Elle avait encore un semblant de suite dans les idées.