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Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.

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 what a life, when you can't even roll the dice (cleo)

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MessageSujet: what a life, when you can't even roll the dice (cleo)   what a life, when you can't even roll the dice (cleo) EmptyMar 23 Mai 2017 - 0:37

Ce n’était qu’un aéroport local, où les avions se déversaient de leurs voyageurs à même la piste d’atterrissage. Ce n’était qu’un petit endroit qui laissait présager la taille de la ville qui l’attendait. Tant mieux. Du peu qu’il avait vu, Melbourne lui avait semblée trop grande, trop chargée. Il espérait pouvoir respirer, là où il serait. Sans que les visages tournés vers lui lui rappellent sans cesse ce qu’il était, d’où il venait, ce qu’il avait vécu et ce qu’il avait perdu. Ce serait sans doute inévitable, mais moins il y en avait, de ces visages-là, mieux c’était. Pour le moment, c’était mal parti pour Naveen. Parce que dès qu’il passa la sécurité, après de nombreuses questions et d’attente en raison de sa nationalité, il en vit énormément. Des visages. De nombreux visages à la recherche des êtres aimés, d’amis perdus depuis longtemps qui revenaient enfin à la maison, d’enfants partis voler de leurs propres ailes. De nombreux visages qui ne ressemblaient pas à ceux que Naveen connaissait. Des visages d’un monde qui ne lui appartenait pas, pas encore, et sans doute jamais. Il balayait la foule du regard, à la recherche de cette jeune femme qu’il n’avait pourtant jamais vue, même pas en photo. Le reconnaîtrait-elle, elle ? Savait-elle à quoi il ressemblait ? Peut-être. Et peu importe, au fond. Il détonait déjà parmi ces arrivants, avec son teint plus foncé et ses cheveux en bataille non pas à cause d’une longue journée, mais de longues années. Il n’avait aucune idée d’où il était, d’où il devait aller non plus. Un chien errant, c’était ce qu’il était, et il attendait juste qu’une personne veuille bien lui ouvrir la porte et l’aider à se remettre sur pieds. Cette personne, c’était Cleo Donnelly, mais après cette longue minute planté là à la chercher du regard, Naveen développait la peur qu’elle ait décidé de ne pas l’accueillir. Qu’elle ait changé d’avis. Qu’il soit livré à lui-même. Et il ne retournerait certainement pas à Melbourne pour des mois et des mois encore d’attente sans même savoir s’il serait libre un jour. Et il retournerait encore moins chez lui, puisque cet endroit n’existait plus.
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MessageSujet: Re: what a life, when you can't even roll the dice (cleo)   what a life, when you can't even roll the dice (cleo) EmptyMar 23 Mai 2017 - 19:58

Dans sa poitrine, son coeur bat à vive allure pendant que ses doigts s'énervent autour du volant de sa voiture. Foutus embouteillages. Sur le siège passager, quelques papiers lui résumant la personne qu'elle va accueillir à l'aéroport sont éparpillés et l'incitent à y jeter un dernier coup d'oeil pendant que sa voiture est à l'arrêt. Naveen Arslanian, syrien, la trentaine, un homme de plus qui fuit son pays à cause des horreurs qu'il a pu y vivre. Se désigner comme sa marraine a été un geste impulsif, irréfléchi, mais un geste qu'elle ne regrette cependant pas. Bien qu'elle n'ait pas vécu toutes les horreurs que ce pauvre homme a pu connaître, Cleo se souvient encore parfaitement de ce premier jour dans ce nouveau pays où elle ne connaissait personne. Elle était seule, paumée, prête à rebrousser chemin même si elle savait que l'Irlande ne lui tendait plus les bras. Cette fois, elle ne sera plus celle qu'on aide, mais bien celle qui aide. Elle sera le premier visage qu'il connaîtra, la première voix qui s'adressera à lui pour lui souhaiter la bienvenue en Australie. Cleo arrive enfin à l'aéroport au bout d'une éternité passée à chercher une fichue place de parking. À peine garée, elle sort en trombe de son véhicule et ne met pas longtemps avant de retrouver le lieu où elle est censée retrouver Naveen étant donné qu'elle s'est trouvée à sa place un an plus tôt. Avec le "dossier" de l'homme, Cleo a reçu une photo d'identité censée lui permettre de le reconnaître malgré le fait qu'elle n'a jamais été très douée dans la reconnaissance des visages. Débarquant à bout de souffle entre les derniers australiens attendant leurs proches, elle s'accroche à la barrière de sécurité et détaille un à un les visages des passagers restants. Naveen n'est pas difficile à reconnaître, il a la peau plus bronzée que la plupart ainsi qu'un air plus sérieux, plus dur. Après avoir pris une grande inspiration, Cleo se penche en avant, ses mains entourant toujours la barrière en métal. « Naveen ? » demande-t-elle, même si elle est presque certaine de ne pas se tromper. « Désolée pour le retard, » ajoute Cleo avec une petite voix avant de lui offrir un sourire amical. « Bienvenue à Bowen ! »
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MessageSujet: Re: what a life, when you can't even roll the dice (cleo)   what a life, when you can't even roll the dice (cleo) EmptyMer 24 Mai 2017 - 14:30

Sa gorge était nouée, les regrets l’envahissaient et les images de son passé refaisaient violemment surface alors qu’il se tenait là, les épaules relâchées, les jambes tremblantes, à chercher un visage qu’il ne connaissait même pas. Il s’était souvent senti impuissant, Naveen, au cours des dernières années. Mais le sentiment qu’il ressentait présentement était indéfinissable, inconnu. Il se sentait à la fois honteux et coupable d’être là. Son sac à dos sur une épaule et un autre sac de voyage tombant au bout de son bras tendu le long de son corps, le syrien avait l’impression de nager en plein néant, d’être complètement perdu, même au milieu de tout ce monde. Tout ce monde qui s’en allait, peu à peu. L’espace d’accueil se vidait de ses voyageurs, de ses rires et de ses pleurs de joie. Et lui se vidait de son espoir. Jusqu’à ce qu’une voix féminine se fasse entendre droit devant lui, prononçant son prénom. Naveen tourna la tête vers cette femme qui se tenait penchée au-dessus de la barrière de sécurité délimitant les arrivants des autres en attente. Cleo était là, Cleo était venue. Submergé par les émotions diverses qui partaient et venaient en des vagues violentes, les larmes montèrent aux yeux de l’homme, embuant sa vue, mais pas assez pour l’empêcher de marcher jusqu’à elle. Il hocha la tête. « C’est moi. » Elle s’excusa pour le retard, et une lueur de soulagement traversa le regard de Naveen, qui posa son sac de voyage au sol et entoura Cleo de ses bras, malgré la petite barrière qui les séparait au milieu de leurs corps. Laissant les larmes d’émotion rouler le long de ses joues, laissant les sanglots sortir, il la serra contre elle pendant un bref instant d’humanité. Naveen n’avait pas eu de contact chaleureux depuis des mois maintenant, et même s’il ne connaissait pas Cleo, même si elle ignorait tout de lui, il lui devait sa vie. « Je suis désolé. Je pensais que tu ne viendrais pas. Je pensais que j’étais seul. » Dit-il dans un anglais approximatif en reprenant ses distances. Il essuya rapidement ses yeux du revers de sa main et reprit son sac laissé au sol. « Est-ce que … est-ce que c’est toi qui dois me reconduire là où je dois aller ? » Et ce , Naveen ignorait où c’était. On lui avait donné le minimum d’information, tous les responsables étant sans doute débordés par la vague de réfugiés arrivant en sol australien. Cleo était celle qui avait toutes les réponses. Cleo avait sa nouvelle vie entre ses mains. Et il espérait qu’elle ne le lâcherait pas, pas maintenant.  
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MessageSujet: Re: what a life, when you can't even roll the dice (cleo)   what a life, when you can't even roll the dice (cleo) EmptyMer 31 Mai 2017 - 21:21

Ce n'est que lorsqu'il vient l'entourer de ses bras que Cleo réalise à quelle point elle, petite irlandaise fraîchement débarquée à Bowen, aura la capacité d'influencer la vie de cet homme qu'elle ne connait pas encore. Elle ressent sa douceur s'émaner de son étreinte, des émotions mélangées, belles et tristes en même temps, suffisantes pour serrer son coeur à elle et la pousser à entourer lui aussi son corps si grand de ses bras minuscules. Pendant un court instant, elle en a la gorge nouée. Cleo n'ose pas imaginer ce qu'il a pu vivre chez lui qui l'aurait poussé à venir emménager ici. Elle n'ose pas non plus lui demander si il a de la famille, craignant de toucher un sujet trop sensible ou de le faire regretter de l'avoir comme marraine. Car sans qu'elle ne sache réellement pourquoi, elle veut qu'il l'apprécie. Partir sur de bonnes bases, pouvoir lui présenter la ville, les coins à visiter, voir ses traits marqués par l'horreur lentement se transformer en un visage heureux. Elle se sent responsable, mais pas comme une mère devant son enfant adopté. Plutôt comme une amie qui tente de sortir un proche de sa propre souffrance. Elle ne veut pas que Naveen ne finisse par sombrer dans cette nouvelle vie, qu'il ne s'adapte pas aux changements, qu'il regrette chaque geste du passé comme du présent. Elle voudrait être là pour lui, et elle aimerait qu'il accepte sa présence dans sa vie tout comme elle a accepté de le laisser entrer dans la sienne lorsqu'elle a signé le premier papier. Lentement, elle se détache de lui et plante son regard dans le sien. « Tu n'es pas seul, tu n'auras plus jamais à l'être. » Un sourire doux prend place sur ses lèvres alors qu'elle pose une main sur son avant-bras. Même si ils ne se connaissent pas et que Cleo n'a jamais été très encline aux contacts physiques prématurés, elle a voulu rendre ce geste rassurant et réconfortant pour lui. Son bras finit par retomber le long de son corps. « C'est moi ! J'espère que tu n'es pas trop déçu, » souffle-t-elle en espérant que cette touche d'humour ne soit pas trop mal placée. Cleo, quant-à elle, sait parfaitement où elle est censée l'emmener. Elle a l'adresse encodée dans le GPS de sa voiture, l'itinéraire sur papier au cas où l'engin ne fonctionnerait pas. « Est-ce que... tu voudrais aller boire quelque chose avant ? Un café peut-être ? Tu peux refuser, je comprendrais que tu aies envie de te reposer. » Elle se met en marche en direction du parking sans le quitter des yeux, craignant peut-être qu'il ne s'envole soudainement si elle ose dévier le regard un seul instant. « Par contre, j'insiste pour te faire découvrir la ville plus tard, même si ce n'est pas officiellement dans mes tâches à accomplir. »
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MessageSujet: Re: what a life, when you can't even roll the dice (cleo)   what a life, when you can't even roll the dice (cleo) EmptyDim 4 Juin 2017 - 18:13

Depuis que ses pieds avaient franchi la frontière invisible entre la Syrie et la Jordanie, il y avait deux ans de cela, en compagnie de sa femme et de ses enfants, Naveen s’était à maintes reprises imaginé ce moment. Ce moment où enfin, il sentirait qu’il n’aurait plus à avoir peur de mettre un pied devant l’autre sans craindre que son monde explose en une courte seconde. Qu’il n’aurait plus à regarder ses enfants partir pour l’école en se disant que c’était peut-être bien la dernière fois qu’il les verrait. Il s’était imaginé dans n’importe quel aéroport, de n’importe quel pays d’accueil, être reçu par les autorités ou par les partenaires d’aide humanitaire, avec toute sa famille l’entourant. À chaque matin depuis tous ces mois, Naveen s’était réveillé de ce rêve en ne perdant jamais espoir malgré leur établissement trop permanent au camp. Il s’était réveillé en se disant qu’il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour les sortir de cet endroit, pour qu’ils ne crèvent pas au milieu de ces 80 000 autres réfugiés entassés dans 5 km². Jusqu’à ce que ce rêve se brise comme tous les autres le jour où il avait effleuré de trop près l’idée que tout cela se concrétise. Ce jour où il avait envoyé sa famille en mer, sans lui, dans l’espoir de les retrouver quelques mois plus tard dans une ville au bord de la mer, sur le continent voisin. Ce jour où il les avait perdus. Ce moment actuel, à l’aéroport, Naveen se l’était imaginé souvent, oui. Mais jamais comme ça. Jamais en y étant seul et démuni. Jamais en ayant autant peur de ce qui lui arriverait. C’est pour cette raison qu’en serrant Cleo dans ses bras, Naveen tenta du mieux qu’il le pût de trouver dans ce contact l’espérance qu’il pouvait encore y avoir du bon à venir. Que tout n’était pas perdu pour lui. Qu’il pourrait, peut-être, se reconstruire. Lorsqu’ils reprirent leur distance, Cleo posa une main rassurante sur son avant-bras, et un mince sourire se dessina sur les lèvres du syrien. Quand elle lança qu’elle espérait qu’il n’était pas déçu, il répondit en secouant doucement la tête : « Je me réjouis. » Lui assura-t-il, la prenant presque au sérieux. Il voulait seulement qu’elle sache à quel point il était reconnaissant de son aide. Il ignorait à quel point sa dépendance à cette femme le pèserait après plusieurs mois, il ignorait à quel point il s’en voudrait d’avoir autant besoin d’elle, mais pour le moment il ne lui était que redevable. La jeune femme proposa alors qu’ils s’arrêtent boire un café en route, mentionnant qu’il pouvait refuser, et qu’elle lui ferait visiter la ville plus tard de toute façon bien que ça ne soit pas dans ses tâches. « Je ne pense pas être capable de me reposer, pour le moment … » Trop fébrile, trop triste, trop nerveux, trop déboussolé. C’était un tout nouveau monde pour lui et son cœur se débattait bien trop pour que Naveen puisse envisager le calmer bientôt. « Un thé ou un café, n’importe quoi me conviendra. » Ajouta-t-il avec son fort accent arabe. Ils se mirent finalement en marche en suivant les directions vers la sortie de l’aéroport et, bientôt, les portes s’ouvrirent sur le monde extérieur et une vague de chaleur caressa Naveen. Il y était habitué, à cette chaleur, et à pire encore. « Tu parlais de tes tâches officielles à accomplir. Quelle sont-elles ? » Demanda-t-il, curieux, surtout parce que ces tâches étaient directement liées à lui, à son intégration dans cet endroit. Il voulait savoir dans quelles proportions il serait accompagné, ou livré à lui-même.  
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MessageSujet: Re: what a life, when you can't even roll the dice (cleo)   what a life, when you can't even roll the dice (cleo) EmptyVen 9 Juin 2017 - 21:32

Emprunter une nouvelle fois la route rejoignant l'aéroport à son appartement avait suffi à faire resurgir dans son esprit des dizaines de souvenirs d'Irlande. Certains beaux, comme par exemple cette dernière soirée passée avec ses amies où elles avaient fini par danser sur les tables jusqu'à voir le soleil se lever. Ou encore sa première rencontre avec Eleven, minuscule chiot qui tenait à peine debout à l'époque. D'autres moins heureux, tel que son départ vers un pays à l'autre bout du monde qui avait fait couler les larmes de ses parents, ses copines, certainement son ex fiancé. Il y avait également ce foutu souvenir, celui affreux et torturant qu'elle essayait tant bien que mal de refouler, mais qui avait réussi à trouver sa place parmi les autres. Un journée de sa quinzième année, une matinée d'hiver où son frère avait laissé sa vie se perdre dans les eaux gelées d'un lac. Un traumatise qui, douze ans plus tard, ne la quittait toujours pas. Il y avait au final tant d'éléments qui l'avait poussée à changer totalement de vie, mais celui-ci avait certainement dû être le premier d'une longue lignée. Le premier, mais aussi le plus convainquant. Comment continuer de vivre dans une ville qui avait connu son frère ? Marcher là où il avait posé les pieds, respirer cet air qui ne rentrerait plus jamais dans ses poumons ? Un voyage était un moyen efficace pour un nouveau départ, bien que Cleo avait parfois encore cette impression désagréable d'être toujours coincée dans le passé. En arrivant, elle s'était mise à espérer que Naveen ne connaîtrait pas ce blocage. Elle sait qu'il a ses propres démons, ses propres peines, ses raisons de pourquoi il a lui aussi décidé de laisser tout ce qu'il connaît derrière lui. Ce ne sont pas les mêmes qu'elle évidemment, mais ne dit-on pas que la douleur est un sentiment totalement subjectif ? Il est impossible de comparer l'incomparable. Ces trois mots qu'ils prononcent la poussent à ne pas le laisser se noyer dans son passé comme elle l'a trop souvent fait. Elle ne sait pas comment elle fera, comment elle pourra l'aider, mais elle trouvera. Se dirigeant à nouveau vers le parking pour retrouver son véhicule, elle hoche la tête et réalise que sa supposition était peut-être stupide. Qui pourrait dormir après un changement de vie si radical ? Elle se souvent qu'à son arrivée ici, elle avait passé la nuit à se demander si son choix avait été le bon ou non. « Alors c'est parti pour une boisson chaude ! En comparaison avec les températures de la Syrie, l'Australie doit presque te paraître froide. » Pour elle, c'était l'effet l'inverse. Il faisait si souvent froid en Irlande, et à Bowen les températures descendent rarement en dessous de vingt degrés. Alors qu'ils s'approchent de son véhicule, Naveen lui pose une des questions auxquelles elle s'est mentalement préparées à répondre avant de venir à sa rencontre. « Oh, juste quelques affaires administratives. » Elle ajoute ensuite dans un léger rire « J'ai l'impression d'être une sorte de ministre en disant ça. » Puis elle reprend son sérieux, entrant la première dans sa voiture afin de s'installer derrière le volant. Elle attend que Naveen ait pris place pour continuer leur conversation. « Venir te chercher déjà, t'amener à ton logement, t'aider à trouver en boulot. En gros, t'aider à t'intégrer dans cette ville. » Elle lui sourit avant de démarrer le moteur.
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MessageSujet: Re: what a life, when you can't even roll the dice (cleo)   what a life, when you can't even roll the dice (cleo) EmptyDim 18 Juin 2017 - 3:27

Lorsque le nom de son pays sortait d’entre les lèvres de Cleo, on aurait presque pu croire qu’il s’agissait d’un endroit comme un autre sur cette Terre. Que ce nom n’était pas associé avec les horreurs, avec la terreur, avec l’échec humanitaire. Et pourtant, Naveen savait bien à quel point la Syrie était jugée, incomprise, abandonnée à elle-même. Ce n’était certainement pas sans raison que l’Occident, et le reste du monde, la boudait. Certes, beaucoup de pays ouvraient leurs portes aux réfugiés, aux gens comme Naveen. Mais aucun de ces pays n’élevait sa voix assez haute, assez forte, pour changer quoi que ce soit à ce qui se passait à des kilomètres d’eux. Que mille ou dix mille réfugiés arrivent en leur sol, cela ne changeait rien au fait que ceux laissés derrière continuaient de mourir, jour après jour. Parce qu’ils voulaient se battre pour leur pays, pour leur liberté, jusqu’au bout. Naveen avait failli à cette tâche. Naveen s’était finalement montré lâche. Ce qu’il redoutait, c’était qu’au bout de quelques mois, de quelques années, le nom de la Syrie sorte aussi banalement d’entre ses lèvres. En même temps, le jeune homme essayait de se convaincre que c’était tout aussi bien ainsi. Qu’on laisse à la Syrie ce qui lui revenait : sa beauté. Qu’on ne fasse pas d’elle le seul et unique récipient de la cruauté humaine, de la folie des extrêmes. La Syrie n’était que ça, au fond : un pays. Il aurait juste fallu s’attarder aux actes plutôt qu’aux grands titres la nommant sans la sauver. « C’est différent. C’est chaud et sec, ici. » En Syrie, c’était comme ça en été seulement, et l’humidité et les vents plus froids les frappaient en hiver. Sans doute avait-il bien choisi sa destination pour ne pas être trop dépaysé. Certains réfugiés étaient partis pour des pays du Nord, eux. Les pays de la neige. Une fois tous les deux bien installés dans la voiture, en route vers la nouvelle vie encore inconnue de Naveen, ce dernier posa à Cleo la question qui lui brûlait les lèvres depuis leur toute récente rencontre. À quel point allait-elle le guider à travers ce grand défi d’adaptation ? Jusqu’où irait-elle avec lui ? Loin, il espérait. « Je n’ai pas grand-chose avec moi pour le logement. Je ne sais pas si c’est meublé … » Dit-il, avec une pointe d’interrogation dans la voix. Naveen ne demandait pas grand-chose, mais un matelas où dormir et de quoi se faire à manger lui semblait important. Sans doute était-ce prévu. Mais tout était tellement déboussolant, déroutant, dans cette manière d’être catapulté dans un tout nouveau monde … ses attentes ne devaient pas être trop élevées. « Me trouver un boulot … » Il eut un léger rire, à la fois de désespoir et de fatigue. « J’ai l’impression d’avoir à tout recommencer, de repartir à zéro. Complètement. » Et c’était le cas, au fond. Il n’avait plus rien, plus même ses connaissances. Celles-ci ne suffisaient plus. Celles-ci ne lui appartenaient plus. Plus vraiment. « Je peux te poser une question, Cleo ? » Demanda-t-il, d’une douce voix, en tournant sa tête vers la jeune femme. « Pourquoi m’avoir choisi, moi ? Pourquoi ne pas avoir choisi d’aider une famille qui avait encore une chance ? » Parce que plus les minutes passaient, et malgré l’espoir que Cleo lui apportait, Naveen avait l’impression que pour lui, la vie s’était achevée.  
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MessageSujet: Re: what a life, when you can't even roll the dice (cleo)   what a life, when you can't even roll the dice (cleo) EmptyLun 19 Juin 2017 - 22:42

Elle est nerveuse, un peu. Pas de rencontrer Naveen, pas non plus qu'un silence ne s'installe entre eux et ne créé un malaise dont elle n'arriverait pas à les sortir. Justement, Cleo a peur de trop en dire. Elle se sait maladroite, en gestes comme en mots, elle se sait parfaitement capable de dire ceux qu'il ne faut pas dire et de frapper là où ça fait mal sans même le vouloir. Et pourtant, une fois face à lui, les mots lui viennent tous seuls. À chaque phrase qu'elle prononce, elle guette l'expression de son visage et espère ne pas y voir de la tristesse, de la honte, ou une impulsive envie de meurtre. Sauf que les traits tristes, Naveen les a déjà. Tirés, fatigués, il a le regard de celui qui a vécu et qui ne pourra jamais oublier. Cleo en a le coeur serré, pourtant elle ne laisse rien paraître sur son visage à elle. À la place, elle lui sourit et s'efforce de lui rendre l'accueil le plus chaleureux possible. « C'est vrai qu'il pleut rarement, » commente-t-elle sans le regarder, ayant du mal à se souvenir des quelques jours de pluie auxquels elle a pu assister depuis qu'elle a emménagé ici. Assise derrière le volant de sa voiture, elle attend une poignée de secondes avant de démarrer afin de vérifier qu'elle n'a rien laissé tomber derrière elle. Elle a ses clés, son portable, ses cartes de visites glissées dans son sac qu'elle s'amuse à donner à n'importe qui depuis qu'elle les a imprimées. Enfin, Cleo peut démarrer le moteur. « Je ne sais pas non plus. Mais au pire, on pourra aller chez Ikea et l'utiliser comme excuse pour aller manger leurs fameuses boulettes de viande. Je ne sais pas si il y en a là d'où tu viens, mais aller se perdre dans ce magasin est clairement une des choses à faire avant de... enfin, juste une chose à faire. » Elle se pince les lèvres après avoir réalisé qu'elle commençait déjà à trop parler, quitte son emplacement de parking et roule en direction du centre. Le rire de Naveen qui sonne si faux à ses oreilles lui donne envie de s'arrêter sur le bas-coté de la route et de poser ses mains sur ses épaules avant de lui promettre qu'il y arrivera, qu'il pourra retrouver une vie normale. Sauf qu'elle n'en fait rien. Cleo continue de rouler, ses yeux rivés sur la route. « Ce n'est pas toujours une mauvaise chose de recommencer à zéro. » Elle parle en connaissance de cause, elle qui a totalement effacé sa vie irlandaise au profit d'une existence à l'australienne. Face à son interrogation, elle tourne brièvement la tête dans sa direction et attend, curieuse. Un léger soupir s'extirpe contre son gré d'entre ses lèvres. « Parce que tu as toi aussi encore une chance, Naveen. Je ne te connais pas bien, c'est vrai, mais je sais que tu es doté d'un grand courage car il en faut énormément pour s'envoler vers ce pays qui n'est pas le tien. Tu as tout autant droit à une belle vie que n'importe qui d'autre sur cette Terre. Et si tu as besoin d'un coup de main pour t'en rendre compte, et bien je serais ravie d'être là, à tes cotés. » Cleo tourne une nouvelle fois la tête dans sa direction, un demi-sourire aux lèvres.
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MessageSujet: Re: what a life, when you can't even roll the dice (cleo)   what a life, when you can't even roll the dice (cleo) EmptyMar 20 Juin 2017 - 17:09

Ces dernières années, en Syrie, les pluies de bombes se faisaient plus fréquentes que les pluies météorologiques. Ce serait donc avec aisance qu’il s’habituerait au climat sec et ensoleillé de l’Australie. C’était mieux encore s’il n’avait pas à craindre les avions qui passeraient au-dessus de sa tête à tout moment de la journée et de la nuit. Quel changement ce serait ! C’est de se sentir en sécurité qui prendrait plus de temps à faire son chemin dans la vie de Naveen plutôt que tout le reste. Il avait été sur ses gardes, prêt à faire face à l’urgence, pendant les cinq dernières années de sa vie. Il ne pourrait pas du jour au lendemain se faire à l’idée qu’il n’avait plus tant à craindre, ici. Il écouta Cleo lui parler de son logement et d’un endroit où ils pourraient aller en acheter. Enfin, c’est ce qu’il sembla comprendre de ce charabia qui ne voulait à peu près rien dire pour lui. « Je ne savais pas qu’il pouvait exister tel enthousiasme pour un magasin. » Avoua-t-il avec un sourire, le premier sourire un peu plus amusé depuis son arrivée. « Un magasin de meubles et de boulettes de viande. » Continua-t-il, plus pour lui-même. Il aurait tant à découvrir dans ce pays industrialisé qui ne ressemblerait sans doute en rien à son pays natal. Et le passage d’un camp de réfugiés organisé comme une minuscule ville à une véritable grande ville allait sans aucun doute le déboussoler. Les traits un peu plus détendus de Naveen ne restèrent pas longtemps égayer son visage, car dès que Cleo continua l’énumération de leurs tâches à accomplir pour son intégration au pays, il pensa à cette recherche d’emploi. Pour avoir entendu parler du fonctionnement des pays d’accueil, Naveen se doutait fortement qu’il ne pourrait pas exercer son métier de dentiste en un claquement de doigts. Il ne pourrait sans doute même pas commencer une recherche d’emploi dans ce domaine, pas immédiatement. Il ignorait quel était le processus exact, mais il l’appréhendait déjà. Cleo, elle, semblait voir d’un bon œil ce nouveau départ. « J’ai travaillé fort pour ce que j’avais. » Répondit-il, pas pour la contredire, pas pour être fermé, mais seulement pour mettre en mots l’injustice qu’il ressentait. Naveen avait fait des années d’études en médecine dentaire, il avait excellé une fois sur le marché du travail, et voilà que tout ce travail n’avait plus aucune valeur. Simplement parce qu’il venait d’ailleurs. D’un pays qu’on ne reconnaissait pas sur le même pied d’égalité que les autres. Finalement, pour briser le silence installé sans doute par sa faute, Naveen posa à Cleo cette question qu’il passait et repassait dans sa tête depuis le moment où il avait appris que quelqu’un était prêt à le parrainer en Australie. Sa réponse était garnie d’espoir, un espoir qui n’habitait plus Naveen depuis qu’il avait perdu sa famille. Il comprenait sans comprendre. À ses yeux, sauver une famille entière valait mieux que sa vie à lui, mais peut-être n’était-ce pas aussi simple. « Merci. Je savais que tu étais une personne généreuse, mais tu me le prouves encore plus maintenant. » Il sourit, faiblement. N’ayant pas su quoi répondre, il avait préféré retourner la conversation sur elle, en pensant évidemment chaque mot prononcé. Autrement, il aurait souligné le fait que ce n’était pas le courage qui l’avait habité en s’envolant vers ce nouveau pays, mais bien la honte et la lâcheté. La voiture s’immobilisa finalement devant un établissement qui semblait bien peuplé en son intérieur. Il pouvait voir, à travers la vitre, des gens assis devant un ordinateur, assis en groupe ou en couple, ou encore avec un livre à la main. Et une tasse ou un verre posés à côté d’eux. « Je me sens nerveux pour un café. C’est idiot. » Avoua-t-il avec un rire gêné, son cœur se serrant dans sa poitrine qui l’étouffait.  
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MessageSujet: Re: what a life, when you can't even roll the dice (cleo)   what a life, when you can't even roll the dice (cleo) EmptyMar 27 Juin 2017 - 16:08

Elle sourit maladroitement, se sentant un brin stupide face à son propre enthousiasme pour un simple magasin. Il lui est arrivé si souvent de parler pour ne rien dire en situation de stress, sa première rencontre avec celui dont elle est à présent en charge ne risque pas d'échapper à cette règle. Heureusement pour Cleo, Naveen a plus l'air amusé par ses paroles sans aucun sens, alors qu'il aurait très bien pu se contenter de la regarder d'un air confus en la prenant pour une folle. Elle sait qu'il n'aurait pas pu partir car pour cela, il aurait dû ouvrir la portière alors que la voiture est en marche et se serait mis à rouler sur le sol à s'en brûler la peau. Sauf qu'il pourrait le faire une fois à l'arrêt, s'échapper de son emprise et se débrouiller seul pour la simple et bonne raison qu'il ne voudrait pas d'elle comme premier contact dans son nouveau chez-lui. Intérieurement, Cleo espère qu'il n'est pas désespéré par son cas à ce point. « C'est sympa, mais je ne pense pas que ce soit la première chose que tu aies envie de voir ici. À moins d'être une sorte de collectionneur de meubles, ou de boulettes. » Elle rit, mi-amusée par sa propre blague, mais aussi mi-honteuse de l'avoir prononcée tout haut. Cleo croit se souvenir que, dans la fiche récapitulative de Naveen, elle avait lu qu'il était dentiste. Elle peut comprendre ses doutes, ses peurs par rapport au fait qu'il pourrait ne pas trouver de métier équivalent ici. Sauf que même si lui part défaitiste, elle ne se sent pas prête à baisser les bras si rapidement. « Mais à l'époque, tu ne m'avais pas moi. Je suis sûre qu'à deux, on pourra s'en sortir. » Ou du moins, elle essayerait. Elle voudrait aider Naveen a lui faire regagner sa confiance, à ce qu'il puisse voir à quel point tourner la page pourra changer sa vie tout autant que ça a changé la sienne. Après, Cleo n'a pas perdu de conjoint ni d'enfant durant la bataille. Peut-être qu'elle ne pourra jamais comprendre cette peine dans la quelle il est toujours, mais elle pourra au moins essayer de le guider vers la sortie. « Merci à toi de me faire confiance, » répond-elle avec un sourire, sans pour autant le regarder. Elle a peur qu'en croisant son regard, elle ne se mette soudainement à rougir, car Cleo n'a jamais été très douée pour accepter les compliments. Elle gare finalement son véhicule dans un petit parking, pas loin du café où elle emmène Naveen, et sort de la voiture avant de fourrer ses clés dans son sac à main. « Je ne savais pas que je rendais les gens nerveux, » dit-elle avec un léger rire avant de se diriger vers une table vide. « Mais pour être sincère, je le suis aussi. Un peu. Mais on va s'entre-aider pour ne pas avoir l'air de deux adolescents maladroits. » Cleo prend place et se penche sur le coté afin de voler le menu à la table d'à coté. « Qu'est-ce qui te ferait plaisir ? Choisis ce que tu veux, aujourd'hui c'est open bar. »
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MessageSujet: Re: what a life, when you can't even roll the dice (cleo)   what a life, when you can't even roll the dice (cleo) EmptyMer 28 Juin 2017 - 2:54

Il osait espérer qu’un jour, lui aussi pourrait parler avec autant de légèreté d’un tel endroit, d’un tel sujet. Il voulait y croire, Naveen, qu’il pourrait avoir sa seconde chance toute une vie durant, au cours de laquelle il redécouvrirait certains plaisirs de la vie, réapprendrait à aimer, probablement pas comme il avait aimé sa femme et ses enfants, mais aimer quand même. Sourire et ne pas s’en sentir coupable. Rêver même éveillé. Courir pour le plaisir de courir et non plus pour fuir. Mettre un pied devant l’autre et retrouver son équilibre d’avant, ne plus craindre de sombrer dans l’oubli à chaque fois. Pour le moment, l’âme de Naveen était trop lourde, trop encombrée, pour atteindre un tel état d’insouciance. Il avait trop vécu, trop enduré, pour se réjouir face à de tels détails insignifiants. Pourtant, il la trouvait belle, Cleo, quand elle parlait de ce magasin qui semblait être une fierté. Il la trouvait bien plus belle que les cicatrices qu’il portait dans son regard, jour après jour. Un jour, peut-être, Naveen s’autoriserait à vivre de nouveau. « Je ne collectionne rien, non. » Avoua le syrien avec un faible sourire. S’il avait autrefois collectionné les plantes vertes, les timbres ou encore les sous retrouvés sur son chemin, sur sa route, Naveen avait rapidement appris, avec la guerre civile, qu’il ne fallait plus s’attacher à quoi que ce soit de matériel. Tout partirait éventuellement en fumée. « Nous pourrons y aller un autre jour ? » Proposa tout de même Naveen, maintenant curieux de découvrir ce magasin qu’elle appelait IKEA. Suite à cet intermède plutôt rigolo, Cleo aborda la recherche d’emploi, ce qui plongea le syrien dans une angoisse existentielle quant à tout ce chemin parcouru pour finalement ne revenir qu’au point de départ. Et plus loin encore. À des kilomètres et des kilomètres de là. Et il n’aurait su dire si ces kilomètres l’avaient fait reculer, ou avancer. « C’est tout ce que je veux, pour le moment. M’en sortir. » Il sourit doucement. Il avait beau souffrir quand il pensait à ce métier qu’il laisserait derrière, mais il n’avait plus le droit de se montrer sélectif. Il devrait accepter d’accueillir n’importe quel emploi pouvant lui permettre de survivre. Cela faisait des années qu’il ne pratiquait plus. En temps de crise, à Alep, la santé dentaire était loin d’être une priorité. Ils arrivèrent finalement face à ce café bondé, et Naveen ne tarda pas à partager sa nervosité face à ce premier contact avec autant d’australiens. « Ce n’est pas toi, je t’assure. » Dit-il avec un léger sourire. Au contraire, Cleo l’avait rapidement mis à l’aise, bien plus que ce à quoi il s’attendait. Ils se dirigèrent vers une table vide, et le syrien prit place face à sa marraine du pays. Elle lui confia être également nerveuse. « C’est vrai que ce doit être assez particulier pour toi aussi. » D’accueillir un étranger, de devoir dialoguer avec quelqu’un d’aussi fermé et brisé que lui. Il se promit d’essayer de se détendre un peu, et de s’ouvrir à elle. Il baissa les yeux vers le menu et, en vain, tenta de chercher un café qui pourrait ressembler à celui aux épices baharat mshakale. Il ne trouva qu’un café servi avec de la cannelle, et pour le moment, c’était ce qui lui semblait le moins dépaysant. « Je vais prendre le café au lait à la cannelle. Merci Cleo. » Même s’il avait voulu insister pour payer, il n’aurait rien pu offrir. Naveen n’avait présentement rien, si ce n’était que quelques morceaux de vêtements, ses papiers, quelques photos, son passeport et son alliance de mariage.  
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MessageSujet: Re: what a life, when you can't even roll the dice (cleo)   what a life, when you can't even roll the dice (cleo) EmptyJeu 6 Juil 2017 - 16:55

En l'entendant dire qu'il ne collectionne rien, Cleo vient à se demander si elle a déjà fait la collection de quelque chose dans sa vie. Elle a toujours été très matérialiste comme personne. Pas dans le sens où elle aimait avoir des objets et de l'argent, mais plutôt dans celui où il lui arrivait de tout garder à cause des souvenirs qu'ils portaient. Elle se souvient qu'elle gardait des coquillages lorsqu'elle partait à la mer, ou d'autres pierres qu'elle trouvait jolies et qu'elle plaçait sur le rebord de sa fenêtre. Plus tard, elle a commencé à garder absolument tout ce qu'on lui offrait. Des figurines, des emballages de bonbons, des cartes brillantes censées se collectionner mais qu'elle n'avait que par paire de deux ou trois. Puis ça a été au tour des photos, elle possède encore aujourd'hui des dizaines d'albums où il est possible d'observer chaque étape de sa vie à l'aide de quelques clichés. Alors non, Cleo n'a jamais rien collectionné. Pourtant, ça n'empêche pas que son appartement soit rempli de petits objets sans intérêts qu'elle aurait certainement dû jeter, mais auxquels elle s'est bien trop attachés. Quand il lui pose cette question, à savoir si ils pourraient aller chez IKEA, un immense sourire vient étirer les lèvres de l'Irlandaise. Elle ne s'attendait pas à entendre ces mots et pourtant, sans qu'elle ne puisse dire pourquoi, ils lui réchauffent le coeur. « Bien sûr, ça me ferait vraiment plaisir. » Il y a tellement de choses qu'elle pourrait lui faire découvrir, tellement d'endroits qui lui ont coupé le souffle et qui pourraient peut-être arriver à combler un centième du vide qui doit régner dans le cœur de Naveen. Et Cleo lui fait des promesses, des qu'elle aimerait sincèrement pouvoir tenir, des mots réfléchis et loin d'être lâchés à la va-vite comme à un enfant à qui on promet d'aller à Disney si il est sage. Elle est sincère, motivée, prête à l'aider à se relever. Dès qu'ils sont arrivés, elle sent son ventre se nouer un peu en réalisant petit à petit que ce dans quoi elle s'est embarquée est lentement en train de devenir plus concret. Avant qu'il ne soit là, tout n'était que des papiers. Des mots, pas des gestes. Mais là, maintenant que Naveen se trouve devant elle, Cleo a soudainement peur de ne pas y arriver. C'est un rollercoaster émotionnel qui soulève son ventre et qui la fait valser entre "je peux le faire", et "je n'y arriverai jamais". « Je suppose qu'il faut un début à tout, » dit-elle sans même savoir si elle recommencera l'expérience plus tard. Peut-être dans quelques années, ou même dès que Naveen aura entièrement trouvé ses marques ici et qu'il n'aura plus besoin d'elle. Cleo attend qu'il ait choisi, déjà bien décidée sur ce qu'elle prendra puisqu'elle passe la plupart du temps la même commande à chaque café où elle se rend. Elle lui sourit lorsqu'il la remercie, demande au serveur un café à la cannelle ainsi qu'un macchiato caramel, puis croise ses doigts devant elle. « Je n'ose pas à imaginer à quel point tout ça doit te paraître étrange. La ville, les habitants, tout ce qui définit ce pays doit être tellement différent de ce que tu as connu. Moi aussi je me sentais un peu perdue, même si cette ville et celle d'où je viens ne sont pas si opposées que ça. Qu'est-ce que tu dirais d'aller faire un tour des endroits qui m'ont servi de repères après ça ? Peut-être que ça pourrait t'aider, » hasarde-t-elle, un peu incertaine dans ses mots.
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MessageSujet: Re: what a life, when you can't even roll the dice (cleo)   what a life, when you can't even roll the dice (cleo) EmptyLun 17 Juil 2017 - 0:29

Sans doute parce que la question de Naveen était inattendue, inespérée, un immense sourire vint illuminer le visage de Cleo alors que le syrien lui demandait s'il pouvait profiter d'une autre journée pour aller visiter ce fameux magasin de meubles dont elle parlait - et dont la nourriture semblait être un incontournable. Naveen avait cette hâte mêlée à cette appréhension face à l'idée de goûter aux saveurs de l'Australie, toutes nouvelles pour lui. Il avait ce sentiment par rapport à toute la culture australienne, au fond, puisqu'on l'avait bien averti que son pays d'accueil ne ressemblerait en rien à son pays natal, mis à part la chaleur, en quelque sorte. Cette vague de nouveautés était une grande source d'anxiété pour Naveen et ce depuis qu'il avait su que son dossier avait été pris sous l'aile d'une jeune femme locale. « Super. Merci. J'imagine qu'on verra, une fois à mon logement, à quel point ce sera urgent d'y aller. » Parce que même si Naveen avait appris, avec la guerre civile, à se contenter d'un rien, il espérait évidemment relever au moins légèrement son niveau de vie. Ce n'était pas pour rien qu'il était devenu réfugié, au fond. C'était dans l'espoir de retrouver une existence à peu près normale, même s'il serait plutôt difficile pour lui de prétendre à la normalité après tout ce qu'il avait vécu, traversé, enduré et surmonté. Une fois arrivés au café, Naveen ne manqua pas de souligner son angoisse, parce qu'il lui semblait important de verbaliser son ressenti et de ne pas tout garder pour lui. Surtout pas avec Cleo ; après tout, elle était sa base, ici, en Australie. Elle était la seule personne qu'il connaissait et cela pourrait durer encore quelques semaines. C'était sans doute un lourd fardeau pour elle, mais pour Naveen, Cleo était pour le moment sa béquille sur laquelle il pouvait reposer son corps et son esprit fatigués par le chemin miné qu'il avait traversé à tâtons. « Je suppose, oui. » Acquiesça Naveen. C'était effectivement le tout début, mais pour Cleo, peut-être que tout cela tirait déjà bientôt à sa fin. Une fois que le syrien serait logé, qu'il aurait un emploi qui lui permettrait de manger et de vivre raisonnablement, elle pourrait le laisser voler de ses propres ailes. Mais les ailes de Naveen étaient sans aucun doute bien abîmées par la peur et les bombes. Pour lui, ce commencement lui semblait sans fin. « Je vais essayer de ne pas te prendre trop de ton temps, d'être vite indépendant. » Lui assura Naveen, comme si cette réflexion par rapport au début et à la fin lui faisait comprendre que tôt ou tard, il aurait à affronter cette nouvelle vie par lui-même. Aussi bien délivrer Cleo le plus vite possible, et ce malgré l'immense gentillesse qui émanait d'elle. La jeune femme commanda les deux cafés et le serveur s'en retourna derrière son comptoir duquel des odeurs de cafés et d'épices emplissaient l'établissement. Naveen reporta son attention sur Cleo lorsqu'elle lui parla de toutes ces nouveautés, et de son arrivée à elle en Australie, ce qui surprit l'homme. « Je ne savais pas que tu venais d'ailleurs. On ne m'a pas dit beaucoup sur toi. » On ne lui avait pas dit grand chose sur quoi que ce soit, en fait. « J'aimerais beaucoup visiter tes points repères, oui ... En espérant pouvoir m'en servir aussi. » Parce qu'ici, des repères, il n'en avait aucun, mis à part Cleo. Et même si elle était une source de lumière, Naveen ne pouvait pas s'attendre à ce qu'elle soit son phare dans la perpétuelle nuit qui l'habitait.  
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MessageSujet: Re: what a life, when you can't even roll the dice (cleo)   what a life, when you can't even roll the dice (cleo) EmptySam 22 Juil 2017 - 20:37

Le logement, oui. Il reste à voir à quoi il ressemble, quelle est sa taille, si il est meublé ou non. C'était le genre de question qu'elle aurait du poser, une parmi tant d'autres qu'elle a dû oublier. Après tout, ne dit-on pas que la première fois est toujours un peu maladroite, bancale ? Cleo se met en tête que ce dicton compte également pour le parrainage d'un Syrien afin de se rassurer, même si elle ne peut s'empêcher d'être un brin nerveuse en pensant à ce fameux logement. Elle se dit qu'il devrait au moins y avoir de quoi y vivre, certainement un canapé, un frigo, un four, et un lit ou même rien qu'un matelas. Et si l'endroit n'est pas assez bien que pour y vivre directement, elle pourra toujours proposer son salon à Naveen. Cleo tourne la tête dans sa direction, entre-ouvre les lèvres pour lancer cette proposition, mais se ravise rapidement. Ce serait déplacé, surtout pour un homme qui vient tout juste de perdre toute une famille qui l'aimait et qu'il aimait. « Ça me semble être un bon plan, » dit-elle à la place, un sourire aux lèvres. Elle a l'esprit qui vagabonde, se concentrant de temps à autres sur sa conversation avec lui et, à d'autres moments, sur d'autres pensées concernant son avenir, celui de leur relation aussi. Elle n'a pas envie de rompre les liens, elle aimerait pouvoir garder contact avec lui même lorsqu'il aura enfin réussi à trouver sa place ici. Sauf qu'elle ne veut pas non plus être intrusive, alors elle préfère garder ses espoirs pour plus tard et se force à profiter du moment présent. Elle, lui, assis à la terrasse d'un café qu'elle aime comme elle l'aurait fait avec n'importe quel ami. Cleo qui était un peu nerveuse au début se soudainement plus rassurée, à l'aise avec lui. Derrière ses traits tristes, Naveen a le sourire d'un homme rempli d'une grande bonté. Elle aimerait en savoir plus sur lui, au-delà des guerres et des bains de sang. « Prends ton temps, ça ne sert à rien de se presser. Enfin, je veux dire par là que même dans trois ans, si tu as encore besoin de quelque chose, tu pourras toujours m'appeler. » Sur le moment, elle se sent comme une maman qui verrait son enfant partir vivre dans son premier appartement. Elle s'imagine sur le pas de sa porte, secouant un mouchoir en papier tout en criant à Naveen qu'il ne doit pas hésiter à passer de temps en temps pour grignoter un morceau autour d'une tasse de son thé préféré. Cette image lui tire un sourire qui s'ensuit par son monologue voulu rassurant. Elle ne devrait pas agir comme une mère poule avec lui. Déjà parce qu'elle n'est pas sa mère, mais aussi parce qu'il pourrait finir par être lassé de ce trop plein de la présence d'une inconnue dans sa vie. « Je viens d'Irlande, » répond-elle, une lueur nostalgique venant brièvement illuminer son regard. « Et je suis certaine que tu pourras t'en créer de nouveaux ici. Déjà, ce café. Ta première consommation à Bowen ! » Elle tend les bras comme si elle présentait l'endroit tel un acrobate de cirque sur le point de faire son numéro.
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MessageSujet: Re: what a life, when you can't even roll the dice (cleo)   what a life, when you can't even roll the dice (cleo) EmptyDim 23 Juil 2017 - 19:47

Durant toute sa vie, la première partie de sa vie du moins, celle avant cette énorme rupture, ce point tournant, Naveen avait été celui qui prenait soin des autres. Le pourvoyeur. Il était le premier qu’on appelait pour un peu d’aide, pour un peu de soutien. Ses parents, ses frères, ses sœurs, sa famille élargie, ses amis, sa famille. Naveen avait cette rare générosité qui le poussait à faire du temps pour quiconque en avait besoin. Ce n’était donc pas surprenant qu’il ait été parmi les casques blancs dès le début de la guerre civile, ces gens qui accouraient après un massacre, un bombardement. Les premiers à affronter le chaos et la mort. Pourtant, maintenant qu’il se trouvait en Australie sans le moindre repère, Naveen avait l’impression que tous les rôles qu’il avait un jour connus et joués étaient inversés. De celui qui tend la main, il s’était glissé dans la peau celui qui tend la sienne dans l’espoir d’en trouver une dirigée vers lui. C’était la main de Cleo qu’il avait trouvée dans le brouillard, dans la noirceur. Cette main bien plus petite et fragile que la sienne et qui, pourtant, réussissait à le hisser hors de sa torpeur. Elle devait sans doute y mettre toute son énergie, toute sa force, et c’est pour cette raison que Naveen lui promit de se remettre sur pieds bien vite, de se retrouver dans toute son indépendance et son autonomie, durement acquises et trop vite perdues. Sans hésiter, Cleo lui assura qu’il n’avait pas à se presser et que, même dans trois ans, elle sera toujours là pour lui. Un mince sourire se dessina sur son visage, parce que les paroles de la jeune femme le touchaient énormément. En plein cœur, ce cœur brisé par la vie, par le deuil. « J’arrive pas encore à penser aussi loin, mais c’est bon de savoir que quand je serai rendu-là, je t’aurai encore. » Peu importe ce qu’il se serait passé entre les deux. Entre le maintenant, et le futur, ce futur qui avait pendant longtemps semblé incertain pour Naveen et qui l’était encore maintenant, du moins confus, malgré qu’il soit assuré d’en vivre un ici. Bref, le jeune syrien avait beau débarquer dans un monde tout nouveau, l’attention ne devait pas être concentrée que sur lui. D’ailleurs, ça deviendrait bien vite anxiogène pour lui que d’avoir à trop parler de lui, à trop envisager le reste de la journée, de son arrivée. De sa vie. Il questionna donc Cleo sur son passé à elle, puisqu’elle venait d’entrouvrir la porte sur une tranche de celle-ci qui intrigua Naveen. Ce dernier avait assumé qu’elle était une locale, native d’ici, mais elle venait de lui apprendre le contraire. « Wow, l’Irlande. Tu es encore plus loin de chez toi que je ne le suis de chez moi. » Ça lui permettait de relativiser un peu les choses, à Naveen. Et même si c’était la guerre qui avait poussé le syrien à partir, Cleo avait probablement ses propres raisons bien personnelles à elle, qui n’étaient peut-être pas roses non plus. On a tous notre bagage à transporter. Elle avait posé les siens ici, tout comme lui, et par un même processus d’intégration elle s’était créé des repères qu’elle se ferait un plaisir de partager à Naveen. « Oui ! Je sens que je visiterai souvent ce café dans les prochains jours. » Il sourit. Du temps seul, il en aurait beaucoup, il le pressentait bien. Et même s’il partirait lui-même à la découverte de la ville, pour s’immerger au maximum dans cette nouvelle culture, il savait qu’il aurait parfois besoin de se ressourcer, de se calmer, et ce café marquait le tout début. Cet endroit qui prenait maintenant une signification bien plus grande pour lui, pour eux. Le jeune homme termina déjà son café, arrivé à peine quelques minutes plus tôt, puisqu’il s’agissait du premier aliment plein de saveurs qu’il pouvait boire depuis si longtemps maintenant.  
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