#2302 Soirée entre frère et soeur avec Sammy

Samuel ou comme elle l’appelait, Sammy était l’une des deux personnes extérieur à sa famillequi la connaissait depuis sa naissance. Comme leur ami commun, Sam était plus vieux et de plusieurs années. De ce fait, il considérait la métisse comme sa petite soeur à la différence qu’entre eux, il n’y avait qu’une amitié pure et dure, et un amour fraternel qui les liait depuis vingt ans maintenant.

Plus jeune, Callie n’avait pas réellement pris conscience des méfaits de la famille de son frère sur lui. Quant il était triste, elle lui offrait des beaux dessins et lorsqu’il revenait avec des bleus, elle lui donnait son goûter. Par la suite, impuissante, elle était devenue câline, préférant les gestes à la parole. Elle avait encore en tête le pacte qu’ils avaient passé alors qu’elle n’avait à peine que huit ans. C’était la veille de son départ pour Paris, elle allait enfin rentrer dans l’école de ses rêves mais par la même occasion elle avait, en compagnie de Steeve découvert les pensées de la famille Sammy.

Ils avaient juré et personne n’avait su pour le «Lucifer». De toute façon, elle n’y croyait pas et jamais elle n’y croirait. Sammy était son frère, celui qui, avec Steeve avaient pris soin d’elle lorsqu’elle revenait chez sa grand-mère pendant les vacances. Ils l’avaient protégée, tabassant les plus vieux qu’elle qui l’embêtait. Plus tard, alors qu’elle était âgée de seize ans et qu’ils avaient atteint la vingtaine, ils avaient repoussé les prétendants de la métisse (qui parfois l’ignorait). Bref pour elle, Samuel avait tout d’un ange et non pas du fils déchu de Dieu.

D’ailleurs elle ne refusait jamais de passer du temps en sa compagnie et cette soirée ne dérogeait pas à la règle. Histoire d’être fin prête au cas où elle s’endormirait, Callie avait enfilé un pyjama rouge et blanc, pris un pack de bière et trois bouteilles de vin et elle était partie en direction de la maison des garçons qui était à dix minutes en voiture.

-Sammy, c’est moi, dit-elle en sonnant à la porte.

-Coucou princesse ! Laisse moi tout, j’te débarasse.
Avec un sourire, Callie lui tend ses affaires qu’il pose sur la table avant de lui servir le premier verre de la soirée. Il avait beau se moquer, le Sauternes c’était vachement bon

-Il fait froid dehors non ?

-Hum...répond-t-elle en buvant une gorgée tandis qu’il la frictionne. Mais j’ai mon chauffage perso et de l’alcool alors t’en fait pas pour moi. Et puis c’est pas moi qui suit à moitié à poil dit-elle en rigolant.

Suivant le mouvement, la métisse s’installe sur le canapé une jambe repliée sous ses fesses, l’autre pendant négligemment dans le vide

_Comment tu vas ?

-Tu me crois si je te dis, plutôt bien ? La vie n’est pas si difficile sans danse.

Avant elle n’aurait jamais cru sa possible. Une vie sans danse, sans compétition pour être la meilleure et décrocher le titre de danseuse étoile. En réalité, même si elle avait du mal à se l’avouer, elle trouvait que cette pause lui était bénéfique. C’était vraiment une nouvelle vie, par exemple, elle n’aurait pas pu se retrouver là, un bon verre de vin en main avec son meilleur ami.

-Et toi, les filles ? Comment ça va côté coeur ? Ou au boulot ?

Et ça s’arrange, toi ? Parfois, j’crois qu’on a tous besoin d’une pause…

A la différence de Steeve, Sam comprenait parfaitement sa fuite de Paris. Il comprenait sa peur et elle lui en était reconnaissance. Posant son verre sur la table basse, elle s’empara de son assiette. Sammy était celui qui l’avait initié à la cuisine et elle prenait toujours plaisir à manger ses petits plats.
Lorsque Rivers flows in you emplit la pièce, Callie ne peut que sourire. Cette mélodie est tellement belle...Dans sa vie d’avant, la métisse avait créé un solo dessus.

La tirant de ses pensées, le pied de Sam sur sa jambe le ramène vers lui.

-Côté cœur, que dalle. Je me dis que personne viendras. Je mourrais seul ! Et niveau boulot écoute… ça se passe. Bon, tu sais que j’peux pas trop parler des affaires en cours, mais j’suis sur un dossier qui me peut-être me permettre d’être chef d’équipe, et ça, c’est bon !

-Pour les filles mon ptit chéri, si tu arrêtais de lancer des regards noirs à tout les mecs qui viennent me voir en soirée et si tu t’occupais un peu plus des filles qui te regarde comme si t’étais le meilleur steack du monde, tu serais pas célibataire. Oh et en fait, ton copain Josh, il m’a dit que t’avais refusé de lui donner mon numéro de téléphone. Pour sa sécurité, je lui ai dis de ne pas insister.

Elle jeta un coup d’oeil à son frère. De toute façon avec le temps elle avait appris à ne plus hurler sur cette façon de faire pour éloigner les garçons. Et souvent, elle ne pouvait s’empêcher de penser que si elle n’avait pas été vivre à Paris, les deux hommes de sa vie l’aurait certainement enfermé dans la plus haute tour d’un château, un peu comme Raiponce.

-Pour le boulot, j’aimerai te dire d’arrêter de te jeter dedans mais je faisais la même chose avec la danse alors bon.

Se penchant pour déposer un baiser sur sa joue, elle reprit.

-Tu vas trouver la fille. Suffit juste que t’ouvres tes oeillères mon grand frère.

-Tu sais que je n’ai pas le temps pour une relation sérieuse. Malheureusement, j’pense que j’suis condamné à vivre agent fédéral ! Je pense qu’à la retraite, j’me ferais détective privée pour travailler encore…

Ba voyons, comme si elle allait le laisser aller dans cette voix. De toute façons, elle avait plein de fille à lui présenter, il suffisait juste d’organiser une soirée ou une sorte de speed dating entre Sammy et toutes ses copines. D’ailleurs, elle pouvait tout aussi bien l’inscrire à une soirée speed dating. Bref, elle y réfléchirait mais pas question qu’il finisse célibataire. Son coeur était trop grand, trop beau pour qu’il le gâche.

-On verra ça, dit-elle en lui faisant un clin d’oeil.

-Et toi, avec Steeve ? Comment ça avance ?

Ouch, Steeve. Son deuxième meilleur ami, son deuxième «frère» pour qui les limites de l’amour fraternel ont largement été dépassées, bref son sujet préféré. Bien sur pour l’aborder, il lui faut une bonne dose d’alcool dans le sang. La métisse finit donc son verre, déjà à moitié vide, le remplit à nouveau et boit une nouvelle gorgée.

-Ba, comme neige au soleil. Il est le soleil, je suis la neige. Il brille, je fond.

S’il ne s’était pas agit de sa propre histoire, elle aurait certainement rit à ce moment poétique.

-Je sais pas où on en est. Je suis tout simplement perdue. Enfin non, je sais ce que je veux mais lui il sait pas. Je sais que je serai prête à tout abandonner, Paris, l’Opéra. Avant j’étais pas sûr de ça et il s’est passé un truc qui m’a fait prendre conscience de ça.

Elle ne savait pas comment elle en était arrivée à ce qui allait suivre mais puisqu’elle était lancée...

-Sammy, je...

Bon c’était peut être pas aussi facile, d’autant que Samuel risquait de mal prendre la chose.

-Avant l’accident, j’étais enceinte. De huit semaines. Et s’il te plait, avant de dire quelque chose, c’était un stupide accident, cette grossesse, je le sais. Mais quand j’ai vu le troisième test, je me suis dis que j’aurai aimé qu’il soit de Steeve et que si ça avait été le cas, j’aurai tout plaqué, dit-elle une boule au niveau de la gorge.

Voilà. Elle l’avait mis au courant. Sammy était le seul à le savoir. Même Maë n’était pas au courant. La danseuse se souvint instinctivement de sa découverte. En tout et pour tout, Callie avait du faire dix test pour se persuader mais bizarrement, c’était au troisième qu’elle avait pensé à Steeve.

-Vas-y, tu peux gueuler.

Bon ba voilà, elle y était. Sammy était furieux, furieux de cette grossesse, du fait qu’elle ne lui en ait pas parlé avant, qu’elle ait gardé ça secret. Apparemment, son frère n’était pas disposé à l’écouter. Elle avait beau murmuré des Sammy, calmes-toi, il ne l’entendait pas.

-Tu m’as caché ça ?! CALLIE VENTURA PUTAIN. Tu te rends compte de ce que tu m’as caché ? J’AURAIS PU T’AIDER. J’aurais pu… Il est de qui ? Et ne me mens pas, je te jure que si tu me racontes une seule connerie, je fais jouer mes relations pour avoir des réponses.

Qu’elle lui dise avec qui elle avait couché ? Non mais, sérieusement ? Il pensait sincèrement qu’elle allait lui dévoiler cette info ? Et puis quoi encore ? Samuel était capable de faire arrêter ce type et de l’enfermer pour le torturer. Callie aurait mieux fait de tenir sa langue au final. La danseuse se disait qu’elle n’aurait jamais du partager ce secret avec lui.
Se levant, elle lui fit face, prenant son visage entre ses deux mains et sachant pertinemment qu’il valait mieux rester calme, même si elle se doutait que sa réponse ne le satisferait pas.

-Sammy, à quoi ça sert que je te dise le nom de ce mec, j’ai perdu le bébé de toute façon.

Callie lançait ça comme si elle parlait d’une paire de pompe mais elle voulait lui montrer que ce n’était pas si grave que ça, qu’elle s’en était remise.
Bien sur, elle n’allait pas se mentir à elle même. Quand les médecins lui avaient dis, la danseuse n’avait pas pu s’empêcher de pleurer. Réaction stupide parce que cette enfant elle ne le voulait pas. C’est juste que l’annonce de cette perte s’était ajoutée à la pile déjà bien énorme de ce qu’elle avait perdu : son rôle de première danseuse, son rêve, un bébé. Un tout trop volumineux.
Et puis la métisse avait sentit le soulagement l’envahir en même temps qu'un sentiment de honte s'installait en elle. Pendant des jours, elle avait eut envie de se gifler. Elle n’aurait pas du se réjouir de cette mort...C'était mal.

Bref trop de sentiments contradictoires pour une même personne. Pour autant, il n’était pas question de l’avouer à son frère. Pour rien au monde. Au final, elle avait saisit le sens de sa remarque. Il aurait pu l’aider. La réconforter, lui dire que c’était mieux ainsi. Peu importe.

-T’aurais rien pu faire Sam. La grossesse c’est pas une maladie, d’accord ? Et je savais que j’allai pas le garder alors oublie tout ça, s’il te plait.

Idiote, idiote, idiote. Pourquoi ? Elle venait de lui faire mal inutilement dans son besoin de trouver quelqu’un avec qui porter ce poids.

Si je t’avais demandé de le garder, qu’aurais-tu fais ?

A quoi ça lui servait de savoir la réponse à cette question ? Callie, vingt-quatre ans, maman ? Steeve et lui la prenaient encore pour un bébé et il l’imaginait en mère d’un enfant sans père ?

-Sammy, je...J’accorde beaucoup d’importance à ton jugement, tes paroles. T’es mon frère, je tiens à toi autant que je tiens à ma propre vie mais ça ? Un enfant ? S’il n’y avait pas eut l’accident, on sait tout les deux où je serais. A Paris, à danser. Ce bébé c’était juste un ... Un frein. J'aurai dis non Sam.

En disant ça, elle sent une larme perler au coin de l’oeil. Horrible mais tellement vrai. Qu’est ce qu’elle aurait fait à vingt-quatre ans avec un bébé, loin de tout ceux qu’elle aime ? L’obligeant à le regarder, la métisse passe sa main dans les cheveux du garçon. Comme toujours, quand elle est stressée, elle se mord les lèvres avant de se lancer.

-Je t’ai rien dis parce que je voulais pas que tu es honte ou que tu sois déçue Sammy. Crois pas que j’ai pas confiance, c’est pas ça. T’es le gardien de mon jardin secret. Juste que quand vous êtes arrivés avec Steeve, j’ai vu l’inquiétude, la tristesse. Sérieusement, vous veillez sur moi comme sur vos propres vies. Si je vous avais dis ça, vous ne seriez pas repartie, et tu sais que j’ai raison.

S’emparant de la clope de son ami, elle l’écrase dans le cendrier et le prend dans ses bras.

-Je t’aime Sammy mais faut que t’arrêtes de t’inquiéter comme ça, tout vas bien.

-Sammy...S’il te plait...

Elle était incapable de trouver les mots pour le réconforter. Il se sentait coupable alors qu’il n’aurait pas du. Comment pouvait-elle lui faire comprendre qu’il n’avait pas faillit dans le rôle qu’il s’était donné ? Faute de mots, elle le sera un peu plus fort, espérant lui faire comprendre par ce geste que c’est rien, qu’il n’a pas à s’en vouloir de ne pas avoir été là. Elle était celle qui avait les fautes. D’abord en «sortant» avec Jessy puis en oubliant les risques et enfin en ne disant rien à ses meilleurs amis.

-Ne rajoute pas ce poids inutile sur tes épaules. T’es pas responsable.


Elle resta quelques instants dans ses bras avant de s'éloigner et de retourner s'assoir. Elle espérait que le sujet était clos d'ailleurs. Reprenant son assiette, elle se réinstalla. Y'avait pas à dire, si Sammy voulait quitter les fédéraux pour la cuisine, il pouvait.

-Ça va pas ? demanda-t-elle après avoir bu une nouvelle gorgée.

Elle venait de remarquer le regard de son frère et elle était persuadée que ça n'avait rien avoir avec son annonce à elle.

Ok ne pas s’énerver. Elle venait de lui avouer une grossesse. Qui était-elle pour le blâmer de ce secret ? Lorsqu’il mentionna son père, la métisse sentit comme les premiers signes de la colère monter en elle. S’il y avait bien une personne qu’elle détestait sur terre, c’était cet homme. Parfois, elle repensait à cette soirée où Sam avait décidé qu’il ne pouvait plus supporter cette vie.

A l’époque, Callie était venue pour une semaine, histoire de fêter ses treize ans avec ses deux frères mais aussi sa grand-mère et même ses parents qui avaient fait le déplacement. En compagnie de Steeve, elle étaient allée chercher leur deuxième ami, chez lui, chose qu’ils ne faisaient que très rarement (ou alors Steeve ne l’emmenait pas.) Bref, cette fois là, fut celle de trop. Le père de Sam lui avait alors adressé la parole ce qui avait déclenché la colère de Sammy et Steeve. La métisse se souvient encore de la haine et du dégout qu’il avait eut dans la voix. Prostituée de Babylone, tels étaient les mots qu’il avait utilisé pour la désigner avant de se lancer dans un grand discours sur le fait qu’elle est put coucher avec Sam et Steeve alors qu’elle n’était âgée que de treize ans. Il avait également ajouté que c’était Lucifer qui avait fait d’elle ce qu’elle était. Plus que tout autre chose, c’était ça qui avait poussée la danseuse à envoyer un «verre du sang du Christ» sur le père de Sam (oui déjà à cette époque) et c’est tout le discours de son père qui avait poussé Samuel à partir un mois avant la majorité. Il avait vécu avec Steeve et sa famille avant de devenir complètement indépendant.

Mais je gère, c’est cool.

Cette réplique la ramena au présent. Comme si la conversation était terminé, Sammy se leva et les ravitailla tout les deux, une bière pour lui et un verre de vin pour elle.

-Tu ... Tu n’es pas lui...Tu n’es pas Lucifer...

Déposant son verre sur la table basse, elle se positionna dans les bras de Sam. On aurait pu croire qu’il s’agissait d’un couple mais ça n’avait rien à voir. Personne ne comprenait le lien qui pouvait les lier tout les trois (avant qu’elle ne tombe amoureuse de Steeve). Non personne mais elle n’essayait pas de le faire comprendre. Il était son frère et il avait besoin d’elle.

-Tu vas voir un médecin. Steeve est au courant ? Non Steeve n’est pas au courant sinon tu serais à l’hôpital en train de subir tout une batterie de tests. Fais le pour moi Sammy. Vas voir un médecin, on ira ensemble d’ailleurs et ne laisse pas ton père ou ta mère gagner cette stupide guerre, oublies-les, c’est nous ta famille. C'est pas réel Sam.

Se blottissant un peu plus elle repris avec une voix un peu plus légère.

-Y'a rien à exorciser chez toi, à part peut être ton trop plein d'amour pour moi qui fait que tout le monde se demande si on sort ensemble.