Heartbeat (Niels)

Elle avait perçu son coeur tressauter dans sa poitrine à sa remarque. Elle avait sourit, sincèrement, avec beaucoup de tendresse. Elle aimait ça, entendre qu'il pouvait prendre soin d'elle qu'importe la situation qui se dressait devant lui. Elle adorait ça savoir qu'elle comptait autant et ne pourrait jamais se lasser de l'entendre. Elle se sentait juste ridicule de ne pas lui permettre de canaliser sa jalousie et sa colère, parce qu'elle n'arrivait déjà pas à se gérer là-dessus non plus. Peut-être que s'ils avaient la solution, ils n'en seraient pas là, d'ailleurs, à se tourner autour comme deux âmes jumelles qui se cherchaient continuellement sans jamais arriver à réellement se trouver.

Elle avait envie de le percer à jour, de rentrer en lui en profondeur pour découvrir ce qu'il voulait vraiment quand il laissait entendre qu'il ne savait pas où ils allaient. Aelya partait du principe que tant qu'elle était avec lui, elle pouvait tout simplement aller droit dans le gouffre qu'elle s'en fichait. Elle fumait sa cigarette en détaillant le plafond étoilé qui semblait s'étendre à l'infini au dessus de sa tête, essayant de réduire le stress qui s'infiltrait en elle.

Elle fût quand même rassurée quand il lui avait dit qu'il ne comptait pas la lâcher, mais elle sentait à travers ses paroles qu'il était tout aussi perdu qu'elle sur l'avenir de leur relation. Ils restaient ensemble ; ils souffraient. Ils se quittaient ; ils souffraient.

- Y'a rien à faire, Niels.

Elle s'approcha lentement de lui, plantant son regard dans le sien.

- Moi, je veux juste t'appartenir. Pour de vrai. Même si on se prenait quand même la tête, j'aimais ce qu'on avait.

Elle se jetait droit dans la gueule du loup.

- T'es vraiment le seul avec qui j'étais bien en couple. Et je pense pas que ça changera. Deux mois, c'est peut-être pas grand chose mais pour moi ça représentait quelque chose.

Son coeur battait à cent à l'heure dans sa poitrine, elle appréhendait la réaction de Niels, puis aussi la sienne, ne sachant comment cette discussion allait se clore. Elle regrettait déjà enfin de compte, c'était surement trop brutal de s'exposer comme ça.

- Je sais pas pourquoi j'ai dit ça, ça répond pas à ta question ajouta-t-elle en tournant la tête avant de se re concentrer sur l'horizon.

Elle réalisait qu'il n'y avait pas de réponse à sa question, mais au moins quand ils étaient en couple, même si les sentiments toxiques étaient toujours présents, Aelya n'allait plus voir ailleurs et Niels non plus. C'était une manière de vivre seulement l'un pour l'autre.

Plus elle fréquentait Niels, plus elle se rendait compte qu'elle laissait son coeur parler à la place de son esprit. Ca donnait un rendu étonnant, quelque chose qu'elle n'avait jamais connu et qu'elle ne pensait jamais connaître un jour. Fallait dire que tout semblait possible avec lui. Elle accédait à des parties de sa personnalité qu'elle sous estimait, ou même sur estimait. Tout était remis en question quand elle le côtoyait, plus rien n'était figé dans le marbre, surtout pour ce qui palpitait à l'intérieur de sa cage thoracique.

Elle n'avait jamais été aussi vulnérable que piégée sur ce balcon avec lui. Pourtant, elle avait vu plus dangereux physiquement, plus menaçant, et jamais elle ne s'était sentie aussi petite qu'en cet instant. Elle avait toujours été plutôt sure d'elle, confiante, pas du tout le genre à revenir sur les mots qu'elle employait ou même à les chercher. Le truc, c'est qu'avec les autres elle se fichait de leur avis. Ce n'était pas le cas de celui de Niels qui comptait vraiment beaucoup et dont sa vie semblait suspendue aux décisions qui le concernait.

Elle n'était plus cette fille blindée comme du métal, là, elle se laissait aller à ses plus grandes peurs, ses plus grands besoins aussi, parce qu'elle était affamée d'affection, et que celle de Niels était la seule qui arrivait à la combler à l'intérieur. Elle ne pensait pas ça possible, et pourtant.

Aelya regarda sa main qui était pris dans celle de Niels à l'instant où elle lui avait dit tout ce qu'elle pensait, sans artifice, sans jeu, et un frisson lui parcourut toute la colonne vertébrale à ce contact et à ses mots.

- T'as plus à rester éloigné de moi. J'ai jamais pu me faire à ton absence, avoua-t-elle doucement.

Elle avait beau montrer que leur rupture n'avait laissé aucune trace, qu'elle s'en fichait et qu'elle pouvait avoir d'autres hommes dans sa vie, c'était loin de ressembler à ce qu'il se passait vraiment.

- Ca serait bien pour une fois de prendre le temps de réfléchir parce que ça nous arrive jamais, répondit-elle en riant légèrement. Mais, je crois que c'est déjà tout décidé dans ma tête. Je te promets pas que je serais moins chiante, mais je veux juste t'avoir dans ma vie même si on y arrive jamais, je t'ai dans la peau et je peux rien y faire. Mais je t'attendrais.

Elle noua ses doigts aux siens, comme si elle voulait lui faire comprendre qu'elle avait déjà signé ce pacte silencieux qui la liait à lui. Elle sourit amusée, se rendant compte qu'ils devenaient effectivement de plus en plus sentimentaux.

- Je crois que ça fait que d'empirer depuis qu'on se connait. Maintenant, on en est pas encore à se donner des surnoms niais ça va, tu trouves pas mon nounours d'amour ? plaisanta-t-elle.

Elle voulait détendre l'atmosphère, et surtout le détendre parce qu'il avait l'air un peu tendu.

- Tu peux dormir avec moi ce soir, et même plus de temps si tu veux, histoire que tu te remettes bien. Je veux continuer à prendre soin de toi, ajouta-t-elle avec un clin d'oeil qui sous entendait pleins de choses notamment leurs rapports, mais aussi la tendresse qu'elle avait pour lui et l'addiction qu'elle possédait envers sa présence.

Elle était folle de lui. En quelques temps seulement, il était devenu une réelle obsession, sa muse, sa raison d'être, elle qui avait longtemps erré sans but, sans attache. Elle s'était persuadée que c'était mieux de n'avoir aucun lien avec personne, et elle se rendait compte que rien ne valait ce qu'elle avait avec Niels, et même si elle devait regretter toutes ces prises de tête, ces coups de sang, ces coups de chaud, ce ne serait pas sincère parce que cela voulait aussi dire qu'elle devait regretter le fait de l'avoir simplement dans sa vie. Niels était ce qu'il était, mais il avait un bon fond et elle savait voir la perfection à travers toutes ses imperfections qui le rendaient en réalité beaucoup plus intéressant que toutes les personnes qu'elle pouvait connaître. La seule noirceur qui s'invitait dans son esprit le concernant, c'était celle de ne pas se voir méritante pour l'avoir dans son quotidien. C'était pour ça qu'elle était possessive, jalouse et insupportable quand il pouvait poser son regard sur d'autres filles. Elle n'avait tout simplement pas envie qu'il lui échappe parce qu'elle ne pourrait pas se relever. Elle sourit à sa remarque en tournant la tête de manière amusée avant de répondre à sa deuxième remarque :

- Même si on galère, on se porte mieux quand on est à deux et puis, je tiens pas à te voir te défoncer sans moi, surtout si tu fais ça pour m'oublier, haussa-t-elle les épaules.

Peut-être que c'était différent d'elle, en tout cas, Aelya se désinhibait pour cette unique raison la plupart du temps. Pour oublier tous les sentiments qui l'envahissait. Son coeur battait très vite en l'écoutant parler, sa respiration augmentait d'intensité, comme si elle finissait par manquer d'air, se retrouvant totalement désarmée face à son regard intense.

- J'ai pas envie de savoir si c'est la bonne solution ou pas. Je sais juste que de toute façon, même si t'es un abruti fini et que je suis chiante, je peux pas me passer de toi, et que ça me rendrait malade de te laisser partir une deuxième fois. Je vois pas l'intérêt de profiter de la vie sans toi.

Elle rigola à sa remarque sur les surnoms, ne pouvant s'imaginer de les voir dans des situations totalement niaises, c'était surement ce qui la faisait rire d'ailleurs.

- Vendu.

Aelya lui avait donc proposé de rester encore, comme avant, quand ils passaient leur vie chez l'un ou chez l'autre, tout ça pour dépenser des des secondes, des minutes, des heures ensemble, bien conscients que la vie pouvait à tout moment les séparer.

- Je me rattraperai, c'est pas comme s'il ramenait jamais de filles ici lui aussi, répondit-t-elle en souriant amusée.

Heureusement qu'il n'était pas exigeant, et qu'Aelya s'en fichait un peu aussi parce que leur appartement était un vrai moulin où ça défilait de tous les côtés et à toute heure de la journée ou soirée. Elle se laissa embrasser tendrement, appréciant ce contact contre ses lèvres qui fût vite interrompu.

- Tu veux pas voir un médecin ? lança-t-elle en lui caressant le bras.

Avec Niels, c'était peine perdue mais bon, elle essayait quand même.

- Je peux toujours venir te montrer le chemin de la salle de bain, parce que l'appartement est tellement grand que tu risques de te perdre, plaisanta-t-elle avec un sourire espiègle, en sous entendant l'envie de venir avec lui.

Elle agissait souvent comme si elle n'avait jamais rien à perdre mais elle se rendait compte qu'elle avait acquis une grosse faiblesse en laissant Niels entrer dans sa vie. Parce que maintenant, elle avait quelque chose, ou plutôt quelqu'un à perdre. Ça changeait tout. Elle ne pouvait plus agir avec la tranquillité d'esprit qu'elle avait toujours eu, et même si elle n'en avait pas conscience, elle s'oubliait souvent pour permettre au brun d'envahir son espace quand bien même il la retenait dans ses travers la plupart du temps. Là où il se trouvait, c'était aussi là où elle voulait être et elle était capable d'éteindre le peu de raison qu'elle avait encore pour rester avec lui. De toute façon, sans Niels, Aelya était vide. Alors autant se sentir remplie à ses côtés même si ça comportait des conséquences. Elle faisait le choix de vivre sa vie à cent à l'heure et Niels était le partenaire idéal pour ça.

- On est doués que quand on est ensemble t'façon, répondit-elle avec un sourire espiègle sur les lèvres.

Ils étaient vraiment bons quand il s'agissait de faire les quatre cents coups ensemble, quand il s'agissait de s'auto détruire, et ils s'entrainaient facilement dans leurs tourments. Aelya ne cherchait pas à changer ces côtés qui faisaient parti d'eux. Elle préférait les embrasser, s'en imprégner, comme si pour une fois dans sa vie elle se sentait pleinement acceptée pour ce qu'elle était, et qu'elle aussi, elle arrivait à accepter qu'elle n'était pas parfaite, s'abandonnant à sa vraie nature aux côtés de Niels.

Elle planta son regard dans le sien, sentant ses sens prendre feu quand elle entendait ses paroles.

- Alors arrête d'avoir peur et fais moi confiance... Même si j'ai pu avoir des aventures, ça reste des aventures. Toi t'es bien plus même si j'arrive pas à le décrire.

Elle avait peur aussi. Tout le temps, constamment, comme si maintenant cette émotion faisait partie d'elle et était uniquement centrée sur Niels. Aelya cherchait à le rassurer, à lui dire qu'il n'avait pas à fuir devant ce qu'il ressentait parce qu'elle l'appréciait plus que de raison. Elle ne voulait plus qu'ils en viennent à se séparer à cause des autres qui les animaient d'une très forte jalousie. C'était sûrement utopique mais elle essayerait de son côté.

La brune lâcha un petit rire quand il parla de son colocataire. Même s'ils ne se croisaient pas si souvent que ça, il était vrai qu'il avait tendance à plus voir le visage de Niels qu'un autre homme puisque c'était rare qu'elle amène la même personne deux fois de suite.

- T'es le seul mec que je ramène aussi souvent ici donc à force il doit sûrement penser que je suis attachée à toi même si il s'en mêle pas.

Elle avait essayé de dire ça de manière nonchalante pour banaliser le fait qu'elle avait dit qu'elle était attachée à lui, alors que ca n'arrivait presque jamais. Elle s'attendait évidemment à ce qu'il refuse d'aller voir un médecin, mais ne put s'empêcher de sourire tendrement à sa déclaration.

- Bon, au moins tu me laisses exceller ailleurs que dans le fait de te conduire au declin.

Même si c'était dit avec un sourire amusé, ce n'était pas faux, elle se sentait souvent redevable envers Niels et elle adorait prendre soin de lui. Elle prit sa main, le conduisant dans la salle de bain et retira ses affaires avant de le suivre sous l'eau chaude. Elle enroula ses bras autour de sa nuque pour atteindre ses lèvres afin de les goûter encore une fois. Elle n'en avait jamais assez.

- Je crois que la première chose qui m'a rendu accro à toi, c'est vraiment ta manière de m'embrasser, avoua-t-elle contre ses lèvres. Je me tiendrais à carreaux jusqu'à ce que tu sentes mieux.

Elle voulait qu'il se remette le plus vite possible et pour ça, fallait qu'elle arrête un peu de le tenter, chose qu'il lui paraissait difficile.

- Je sais que je suis nue contre toi, et donc que ça contredit ce que je viens de dire mais j'y mets vraiment de la bonne volonté, rigola-t-elle.

Elle ne savait pas comment décrire ce qu'elle ressentait pour Niels parce qu'elle n'avait jamais rien expérimenté de tel auparavant. C'était la première fois qu'elle voulait prendre soin d'un coeur, car elle était plutôt habituée à les casser et les jeter. Elle ne savait même pas qu'elle était elle-même capable de douceur quand elle le voulait, tout ça n'existait pas avant qu'elle ne croise le chemin de Niels. Depuis qu'il avait débarqué dans sa vie comme une bombe, tout son univers avait éclaté en morceaux. Il avait su le réinventer, lui proposer une nouvelle manière de concevoir les murs de son refuge qui prenait une forme beaucoup plus sécurisante depuis qu'il y vivait avec elle. Aelya n'avait rien eu à faire si ce n'était que de se laisser guider par Niels, et elle le suivrait jusqu'au fin fond des ténèbres si cela lui permettait de rester lier à lui à tout jamais.

Elle avait levé les yeux à sa remarque, tournant sa tête de gauche à droite complètement en désaccord avec ce qu'il disait de sa personne. Il ne voyait pas ce qu'Aelya voyait, une personne extraordinaire et simple qui méritait pourtant d'être connue.

- Personne peut te remplacer, c'est malheureux mais c'est comme ça, souffla-t-elle en caressant doucement sa main.

Elle le vivait très bien, surement trop bien d'ailleurs. Aelya n'avait pas envie de mériter quelqu'un d'autre que lui, en vérité. Elle n'avait même pas envie de penser à une vraie séparation, ni à ce que leur vie aurait été s'ils ne s'étaient jamais rencontrés. En fait, elle était persuadée que ces images représenteraient une certaine tristesse animée par la solitude qui l'avait longtemps submergée avant que Niels ne remplisse les parties manquantes de son âme.

La brune avait sourit légèrement, le regard énigmatique, ne désirant pas lui donner ce qu'il attendait et en même temps, lui donner assez d'informations pour rentrer dans son jeu.

- Qui sait ? Peut-être qu'il sait des choses qui me dépassent.

Parce que ça la dépassait complètement, tous ces sentiments qui la traversaient de part en part, ne lui permettant de trouver aucun répit. Elle lâcha un petit rire à sa remarque empreint de cynisme.

- Ca sonne un peu sado pour moi, et un brin maso pour toi quand même vu sous cet angle, plaisanta-t-elle.

Elle ne pouvait pas s'empêcher de tout faire pour émettre un contact quand il était là, comme un besoin, quelque chose de plus fort que sa volonté écrasée sous le poids de son désir constant envers Niels. Elle échangea un baiser passionnée avec lui avant de sourire amusée en sentant ses lèvres parcourir sa peau furtivement.

- Abuse-en je t'en prie, je vais pas me plaindre pour une fois, sourit-elle.

Elle dessina le contour de ses pectoraux du bout des doigts, concentrée sur ses mains qui détaillaient sa peau.

- Le truc qui est pas juste, c'est que toi tu peux me toucher comme tu veux et je te connais, tu vas t'en amuser.

C'était dur de croire qu'il ne tenterait rien du tout même s'il avait mal.

- C'est pas faux, mais j'adore être insupportable surtout avec toi, lança-t-elle avec un sourire espiègle.

Elle le plaqua doucement contre le mur derrière lui, noua ses doigts aux siens qu'elle tira vers le haut pour les placer de chaque côté de sa tête avant de mordiller ses lèvres, sa machoire et pour finir son cou où elle vint lui laisser une trace violacée.

- Voilà, t'es à moi officiellement, ajouta-t-elle sur un ton joueur, en regardant sa création.

Aelya était sûre de tenir longtemps à ses côtés, qu'elle ne pourrait jamais se lasser de lui parce qu'elle était bien trop attachée à ce qu'il représentait même si elle peinait encore à se l'accorder. Elle savait qu'elle ne tiendrait pas sur la longueur, dans le sens où leur relation resterait surement en dents de scie, qu'ils finiraient toujours par se quitter et se retrouver parce qu'ils étaient trop similaires pour ne pas se laisser exploser et en même temps trop similaires pour se laisser tomber. C'était surement une question de temps avant la nouvelle déflagration alors sans même avoir conscience, elle retrouvait cette allure tendre et sensible avec lui, quelque chose qu'elle ne partageait avec personne.

- Tu sais très bien que j'aime les défis, et que je suis prête à te supporter jusqu'à ta mort juste pour te montrer à quel point je veux que tu me voies te dire "je te l'avais dit", sourit-elle amusée.

Dans tous les cas, elle savait qu'elle n'allait pas tant se forcer que ça pour rester à ses côtés. C'était instinctif, comme une évidence, et ça elle ne pouvait rien y faire. Ses yeux gardaient cette lueur joueuse quand ils s'avançaient tous deux sur le terrain des sentiments, bien décidés à le faire tourner en rond.

- Tu préférais pas demander à l’intéressée ? Peut-être que ça peut se négocier parce que mes références sont surement plus sûres que les siennes.

Elle l'invitait à prendre un risque en lui posant des questions sensibles, et en même temps, c'était elle-même qu'elle exposait. Mais le danger, c'était tout ce qui l'attirait. Elle rigola à sa remarque, approuvant le fait qu'il soit surement un peu fêlé, déjà pour vouloir sortir avec elle.

- C'est vrai que faut être un minimum fou pour vouloir de moi, je peux pas te l'enlever celle-là.

Aelya se sentit frissonner quand elle sentit ses mains descendre le long de son abdomen, les sens en ébullition. Elle essayait de se concentrer pour ne pas lui sauter dessus, en vérité.

- C'est complètement malsain, tu pourrais te mettre à ma place, se plaigna-t-elle en souriant.

En même temps, elle lui avait fait le même coup, il avait donc le droit de se venger aussi. Elle désirait le posséder, l'avoir pour elle pour de vrai et donc, Aelya s'était amusée à lui faire un beau suçon dans le cou. Elle était quand même d'accord avec lui, son corps viré au bleu et c'était toujours de manière passionnelle, que ce soit agréable ou moins.

- Ca te va bien le bleu finalement, surtout quand c'est moi qui te donne cette teinte, lança-t-elle avec un clin d'oeil.

C'était clair qu'ils ne s'en sortaient jamais indemne, que la passion qui les animait tous les deux menait toujours à des manifestations physiques ou psychosomatiques.

- C'était le but, je suis très têtue quand je m'y mets et là il s'agit de toi, donc c'est pire, rigola-t-elle légèrement avant de lui rendre son baiser.

Elle hocha la tête à sa demande avant d'ajouter :

- Ca me déplait pas, 'fin seulement si tu fonds pour moi évidemment.

Elle sortit de la douche, attrapa une serviette et l'enfila autour de son corps avant de lui en tendre une, tentant de calmer ses ardeurs qui ne faisaient que s'amplifier à mesure qu'elle détaillait Niels de la tête aux pieds.

- Demain, on se voit ? demanda-t-elle sur un ton qui traduisait une inquiétude à peine dissimulée.

Maintenant qu'elle l'avait retrouvée, son corps lui criait de ne plus le lâcher.

Il arrivait toujours à tourner la situation à son avantage, elle commençait à avoir l'habitude. Et ça ne lui déplaisait pas, parce qu'elle aimait l'entendre dire ce genre de choses. Elle se laissait séduire, ouvrant les portes de son cœur dans lesquelles la voix de Niels s'infiltrait sans résistance. Elle devenait sentimentale, sensible, sûrement un peu trop fragile avec lui. Aelya pensait qu'elle pouvait se satisfaire de ses belles paroles sans pour autant ressentir le moindre sentiment. C'était ce qu'elle voulait se faire croire, parce que son corps, lui, traduisait autre chose même si elle désirait le faire taire la plupart du temps.

- J'essayerai de survivre assez longtemps pour toi, sourit-elle.

Parce qu'elle était persuadée qu'elle ne dépasserait pas les quarante ans et encore. Elle se consumait tellement dans l'auto destruction que son cœur finirait bien par lâcher un jour. C'était sa manière de concevoir la vie, et elle était juste contente de dévorer ces plaisirs aux côtés du brun qui rendait sa vie plus agréable.

Elle lâcha un petit rire à sa remarque, se rendant compte qu'il l'a connaissait vraiment trop bien.

- C'est mal la connaître, je vois pas de quoi tu parles. Peut être qu'elle te dirait que tu la fais craquer, là tout de suite.

Et c'était peu de le dire, elle se sentait fondre à chacun de ses regards. C'était sûrement pire maintenant qu'ils étaient collés l'un à l'autre sous l'eau chaude et qu'il s'amusait à la tenter.

- Je suis vraiment en train de garder un énorme self control pour toi, je savais même pas que j'en étais capable. Je me surprends, avoua-t-elle en se mordant la lèvre alors qu'il avait niché son visage dans son cou.

Elle s'était vengée à sa manière, déposant à son tour des baisers dans son cou qu'elle avait fini par légèrement mordiller.

- J'espère bien.

Elle espérait tous les jours remplir son esprit à tel point qu'il ne laisse aucune fille lui donner ce genre de gestes possessifs. Elle lui avait demandé s'ils se voyaient le lendemain, désirant profiter de lui le plus possible. Elle le regardait nouer sa serviette avant d'ajouter :

- Comme t'es un grand blessé, je t'y autorise et même que si tu vas un peu mieux, je te réveillerai de la manière que tu préféres, répondit-elle en souriant de manière enjoleuse.

Elle tourna la tête négativement, refusant dans tous les cas de le laisser aller skater demain.

- Demain, je te séquestre ! Parce que tu serais capable d'y aller quand même, surtout si ça va un peu mieux, je te connais.

Elle déposa un baiser sur ses lèvres avant de prendre sa main pour l'attirer dans sa chambre.

- Tu vois, j'ai toujours ta guitare. Et j'essaye de jouer maintenant, parce que ça me fait penser à toi en fait, avoua-t-elle en montrant l'instrument dans le coin de la pièce.

Elle fronça les sourcils quand elle vit une trace rouge dans son dos à travers le reflet du miroir.

- Tu t'es fait attaqué par un animal sauvage ?

La vie d'Aelya ne tenait qu'à un fil finalement, jouant constamment les équilibristes au milieu du vide qui lui tendait les bras. C'était surement Niels qui tenait fermement cette corde pour lui permettre d'échapper à une chute trop brutale. Elle savait que de toute façon elle n'y échapperait pas, que l'issue serait la même, quand même bien elle restait envie cinquante ans de plus. Sauf qu'elle avait de quoi espérer aux côtés de Niels, ce n'était plus comme si elle pouvait encore se dire qu'elle passerait surement le restant de ses jours seule. Aelya savait qu'il serait toujours là quelque part, parce qu'ils finissaient toujours par réunir, et que ça ne changerait pas.

Elle avait sourit en coin, sentant une douce chaleur s'insinuer en elle à ses mots et surtout lorsqu'il ajouta qu'ils devaient voyager ensemble.

- Si on sera encore ensemble à faire les mêmes conneries et à voyager, je compte pas te laisser. Puis, je sais que tu serais trop perdu sans moi, ajouta-t-elle sur un ton taquin.

Elle essayait de lui tendre des indices sur ce qu'elle ressentait sans pour autant se jeter à l'eau. Aelya n'avait pas peur de grand chose, mais ça, ça la terrifiait. Ca paraissait idiot, quand on regardait le nombre de personnes qui étaient capables d'avouer leurs sentiments et ceux qui braquaient des banques, la majorité était déjà toute faite. Aelya ne faisait pas parti de celle-ci. Aussi parce que ce qu'elle ressentait se passait de mot. Elle ne savait toujours pas décrire tout ce qui la traversait parce qu'elle n'avait jamais connu ça. Elle planta son regard intense droit dans le sien, prit la main de Niels afin de la poser sur sa poitrine, au niveau de son coeur afin qu'il sente à quel point il battait vite auprès de lui. Ca, c'était une bonne confirmation.

- Ca te semble valable comme confirmation ? demanda-t-elle plus doucement.

C'était comme si elle voulait figer ce moment dans le temps, comme si elle désirait que les murs eux-mêmes ne deviennent pas témoins de la vulnérabilité et de l'intensité de cet instant, et qu'il ne reste qu'eux au milieu d'un beau bazar de sentiments. C'était fatiguant en réalité d'éprouver autant de choses pour une seule et même personne, mais elle commençait petit à petit à s'habituer à cette tempête qui se déclenchait régulièrement à l'intérieur quand Niels était dans les parages.

Sous l'eau chaude avec lui, elle s'était laissée dévorer par le désir et la passion qui l'animait mais s'était défendue de craquer devant ses caresses et ses baisers, tout ça pour son bien. C'était surement l'une des premières fois qu'elle s'obligeait à choisir la frustration plutôt qu'à la tentation. Elle avait l'impression que ça amplifiait d'autant plus le contact qu'elle pouvait avoir avec lui. Ses baisers, ses caresses, tout était décuplé dès lors qu'il heurtait sa peau. Elle avait sourit, contente de comprendre qu'elle l'épatait et de voir que cette douce torture prenait fin lorsqu'ils décidèrent de sortir de la douche.

- C'est surtout pour que ça te donne envie de rester avec moi, lança-t-elle avec un regard joueur avant de rejoindre sa chambre.

C'était sur que prendre soin de Niels lui permettait d'être aussi gagnante dans l'histoire. Même si elle savait à quel point il aimait le skate, elle ne pouvait que s'opposer à cette envie.

- Exactement. Aucune négociation possible, avança-t-elle en souriant fièrement.

Elle lui avait montré sa guitare en admettant qu'elle pensait à lui en jouant, n'ayant plus aucune filtre à sa disposition pour limiter son coeur de répandre l'affection qu'elle possédait pour Niels. Elle hocha la tête avant de s'arrêter sur une marque rouge dans son dos que le miroir lui avait projeté.

- C'est qui ? le questionna-t-elle de manière plus froide.

Elle savait pertinemment que ce n'était pas un animal.

- Je savais pas que les filles cannibales t'attiraient, lâcha-t-elle, jalouse.

Aelya sentait son sang bouillir, ses sens en alerte, comme une grande envie de faire comprendre à cette fille que Niels était à elle.