don't let them steal your light (aelya) [hot]

L'adrénaline pulsait dans ses veines, agitant ses muscles soudainement sous tension, son cœur battant à tout rompre devant ce choix impossible mais qui devait s'établir. Elle voulait causé le moins de douleurs possible mais elle savait que dans cette histoire, elle souffrirait elle, dans tous les cas. Ça aurait sans doute été plus simple si son père avait décidé de lui faire une fleur en restant derrière les barreaux. Parce que si ça avait été une chose inespérée de le voir devant elle, Aelya ne pouvait pas foutre en l'air sa relation avec Niels pour lui. Ca faisait peut être quelques mois qu'elle le connaissait, mais dans sa tête et dans son cœur, c'était comme si elle l'avait toujours connu, et il était devenu indispensable à son existence. Elle ne pouvait se faire à l'idée de le perdre, et encore à cause d'elle. Elle hocha la tête à sa remarque, partageant son avis sur la question parce qu'ils arrivaient toujours à s'en sortir tous les deux, malgré les aléas de la vie, malgré les autres, ils étaient toujours liés dans la même unité et Aelya désirait les voir perdurer jusqu'à la fin des temps.

- On va faire en sorte que ça marche, je sais qu'on peut y arriver, admit-elle, stressée.

Elle avait fait son choix, s'attendant déjà à recevoir les effets de sa culpabilité qui ne la laisserait jamais tranquille, lui rappelant qu'elle était simplement entrain d'abandonner son géniteur. Elle s'aidait de l'affection qui tournoyait dans la pièce, se revigorant auprès de sa chaleur qu'elle percevait contre elle, alors qu'elle acquiesça à ses mots, promettant tacitement de rester à ses côtés même si ce serait difficile. Aelya lia ses lèvres aux siennes, lui offrant une douce caresse sur celles-ci, donnant cette naïve impression que le temps s'était arrêté pendant quelques secondes pour lui permettre de souffler, de se donner du courage pour la suite qui lui tendait les bras, déclenchant une vive tension dans son organisme. Ce serait l'une des choses les plus compliquées à faire, mais elle se devait de le faire pour Niels, pour elle, pour eux.

Son père lui assena des mots violents qui écorchèrent son âme. Elle sentait chaque déchirure, comme si elle pouvait sentir chaque plaie s'ouvrir devant la tempête qui décimait la confiance qu'elle avait pu avoir quelques secondes plus tôt. Gardant ses traits impassibles pour ne pas perdre le contrôle d'une situation qui lui échappait en vérité déjà, elle criait à l'intérieur, désirant simplement fuir la fatalité, et fuir ce qu'elle s'apprêtait à détruire. Elle écarquilla les yeux quand elle vit son père pointer son arme sur son petit ami, remarquant que Niels perdait son calme devant ce geste menaçant et qu'il attisait en réagissant de manière si vive.

- Putain mais t'es complètement barge ! Lança-t-elle, à destination de son père en se postant devant Niels.

Elle savait qu'il ne tirerait pas sur sa propre fille, même s'il pouvait la déshériter de ce titre pour son choix qu'il voyait comme un affront.

- Aelya sait pas ce qu'elle fait ni ce qu'elle dit ! Avant toi, elle était là pour moi et depuis plus rien. Ouais je sais faire que ça t'as raison ! Justement tu devrais plutôt la boucler parce que je peux te détruire comme je veux, ici ou même à distance, répondit-il à Niels au travers de l'épaule d'Aelya.

Elle fit un pas pour s'approcher de lui, captant son regard, alors qu'il abaissa légèrement son arme pour se concentrer sur elle.

- Calme toi, Niels n'a rien avoir là-dedans. Il a raison, je suis vraiment bien avec lui. Et je veux pas tout gâcher pour une fois. C'est si compliqué à comprendre ? Demanda-t-elle, à bout de nerfs.
- Viens avec moi. Et j'oublie cette histoire, lâcha-t-il fermement.

Elle ferma les yeux, tentant de respirer profondément parce qu'elle se sentait étouffer.

- Je peux pas. Je veux pas risquer de retourner en prison et je veux pas le quitter.
- Mais on y retournera pas. J'ai tout prévu, je nous ai fait de nouvelles identités. On peut tout recommencer, mais il peut pas venir, lui, ajouta-t-il, sa voix devenant plus sombre sur la fin alors qu'il gardait son flingue à porter de main. Je partirais pas sans toi.

Il fronça les sourcils légèrement, semblant se rappeler un détail.

- T'as pas été coffré toi pour une affaire de drogues et d'agression ? Ton prénom et ta tête me disent quelque chose. Si c'est le cas, tu sais très bien que t'es pas fait pour elle. T'es pas le genre de gars qui peut lui apporter de la stabilité. Alors si t'as des sentiments pour ma fille et que tu veux la rendre heureuse, laisse la partir, ajouta-t-il, plantant son regard dans celui de Niels.

Aelya baissa la tête avant de le regarder à son tour.

- Bébé c'est faux, l'écoute pas, souffla-t-elle en l'implorant du regard.
- Il est pas con. Il sait que j'ai pas tort, avança-t-il, concentré sur Niels.

Elle avait l'impression qu'on creusait un trou dans sa poitrine, qu'elle s'ouvrait, expiant toute la douleur qui siégeait dans son coeur alors qu'elle encaissait la frappe de ses mots, comme des coups de poignards qu'on lui enfonçait violemment dans le thorax, sans qu'elle n'ait les moyens de réparer ses propres blessures. Son père l'avait malmené jusqu'à l'usure, et malgré l'affection qu'elle pouvait ressentir pour lui, ses sentiments étaient tachés de ressentiments, d'amertume, pour toutes les choses qu'elle avait du accepter simplement pour le voir heureux, quand il ne s'était s'agit que d'eux dans l'équation. Maintenant, il y avait Niels, qui l'avait pris par la main pour l'attirer sur son chemin, peut-être pas des plus vertueux mais elle se sentait mieux depuis qu'elle marchait à ses côtés. Il arrivait à apaiser le feu qui lui causait des brûlures sur son âme abîmée, à cause des doutes ou des regrets pour ne laisser que son amour, réparateur et salvateur qui savait toujours la ramener vers lui malgré les problèmes qui leur tombaient dessus, comme une pluie acide, cherchant à faire fondre leur relation si profonde. A présent, c'était son père qui s'y mettait, à user du chantage pour qu'elle vienne à quitter Niels, son seul rempart contre le monde qui l'entourait et dont il la protégeait, son seul remède à ses blessures, sa seule raison de vivre. Elle ne pourrait jamais accepter de suivre son géniteur de son plein gré, pas en laissant son petit ami derrière elle de cette manière, sans pouvoir espérer le retrouver un jour. Elle périrait sans lui, laissant les fleurs qui avaient poussés sur la terre fertile de son coeur faner pour tomber en cendres, atrophiant son palpitant pour le rendre une nouvelle fois défaillant, parce qu'il ne marchait qu'en sa présence.

Aelya savait parfaitement que si son père perdait le contrôle et commençait à devenir menaçant et agressif, c'était surement parce qu'il avait peur lui aussi, d'avoir fait tout ça sans résultat, puisqu'il était venu pour elle et qu'il n'avait aucune raison de vivre en cavale si elle n'était là pour lui apporter un certain espoir. Sauf que c'était trop d'un coup, elle n'avait aucune envie de vivre à l'autre bout du monde pour gagner quelques années de survie jusqu'à ce que les flics ne viennent les cueillir. Parce qu'un jour ou l'autre, c'était ce qu'il se passerait. Ils ne les laisseraient jamais tranquilles. Et elle préférait vivre avec Niels que de survivre avec son père. Ce dernier jouait toutes ses cartes pour pousser Aelya vers sa personne, tirant sur les cordes sensibles pour appuyer là où ça faisait mal. Il était plus que doué pour ça, et c'était maintenant la brune qui avait peur de voir Niels faiblir devant sa détermination.

Il arqua un sourcil, arborant un air malicieux à ses remarques qui ne lui donnaient que plus d'inspiration pour sa manipulation.

- Combien de problèmes vous vous êtes apportés tous les deux ? Combien de fois vous avez évité la prison ? Tu veux vraiment ça pour elle, Niels ? Je sais très bien que ça marchera pas. Parce que moi aussi, j'ai essayé. Et ça a foiré. On était pas heureux à la fin.

Aelya fronçait légèrement les sourcils, comprenant qu'il parlait de sa mère. Chose qu'il abordait que très rarement.

- T'as beau avoir envie de la protéger, t'y arriveras jamais vraiment. Et je refuse de laisser ma fille prendre des risques inutiles. Parce que si un jour, il lui arrive un truc, j'pourrais bien te descendre à l'instant même où son coeur s'arrête que ça la ramènera jamais.

Il lâcha un rire sans joie, pointant son regard sur l'un et l'autre.

- J'suis pas un modèle de stabilité, mais moi, j'ai les moyens de la protéger. Et tu peux pas prétendre mieux savoir que moi ce qui est bon pour elle sous prétexte que tu partages sa vie depuis quelques mois.

Aelya resta silencieuse, en proie aux doutes. Parce qu'il n'avait pas tort. Elle non plus, n'avait aucun moyen de le préserver comme elle le voudrait, et l'attirait aussi dans ses retranchements les plus sombres.

- Ta mère est morte en te mettant au monde, c'est vrai. Mais elle a été tuée. Elle s'est pris une balle perdue au niveau de la hanche et... Je l'ai conduis à l’hôpital aussi vite que j'ai pu mais elle a pas survécu à l'accouchement. Elle avait déjà perdu trop de sang, et je suis pas passé loin de te perdre toi aussi, à cause de mes conneries, avoua-t-il à Aelya, plus lasse. Je te souhaiterai jamais de vivre la même chose, Niels. Ca détruit. Mais t'en prends le chemin.

Les larmes roulaient sur ses joues, sans qu'elle ne puisse les arrêter, accablée par cette révélation qui semait le bazar dans sa tête. Elle ferma les yeux une demie-seconde, tentant de remettre ses idées aux claires alors que ses doigts cherchaient ceux de Niels, comme dans une volonté de le garder auprès d'elle ou de sentir sa peau une dernière fois.

- Je veux pas que tu souffres... Et à un moment ou à un autre, c'est ce qui va se passer... Lâcha-t-elle tristement à son petit-ami.

C'était comme si tous ses espoirs s'écroulaient alors qu'il touchait exactement là où ça faisait mal, là où les baricades n'étaient pas assez stables, comme le château de cartes que représentait son âme, balayée et terrassée par ses mots acérés comme des lames de rasoirs. Il ne laissait derrière lui que le vide du désespoir, et elle avait même oublié ce que ça faisait, de ne voir plus que du noir dont l'opacité ne laissait aucun rayon de lumière traverser. Elle avait oublié ce que ça faisait que de le laisser l'atteindre, elle qui avait coupé les ponts avec lui dans l'optique de se préserver. Elle n'aurait jamais dû le laisser entrer, parce que dès qu'il avait mis un pied dans son appartement, elle avait su qu'il allait saccager la moindre de ses envies qui ne tournait pas autour de lui. Mais elle l'avait laissé venir vers elle, instinctivement, même s'il n'était pas forcément bon pour son équilibre, même s'il pouvait être mauvais, parce que c'était son père. Et la morale, la conscience, n'avait rien avoir là-dedans. Elle avait mal de le détester autant, et elle avait mal aussi de l'aimer autant, de lui accorder de l'importance alors qu'il ne le méritait pas parce qu'il avait commis l'irréparable et qu'il devait encore payer pour son acte. Niels était celui qui avait accaparé son cœur et son âme pour toujours, et elle lui vouait un amour et une considération tellement profonde qu'elle était incapable de ne pas le choisir.

- Pour le moment. Ça fait que quelques mois. On en reparlera quand ça fera des années, ajouta-t-il, sur de lui.

C'était sans compter sur la détermination de son père qui ne lâcherait rien, qui usait de la manipulation avec beaucoup de mesures, allant même jusqu'à parler de sa mère pour détruire les derniers morceaux de son masque qui laissait entrevoir ses traits altérés par la peine. Aelya luttait intérieurement, tentant d'écouter son cœur qui lui criait que rien ne comptait tant qu'ils étaient ensemble, soudés comme deux pièces qu'on ne pouvait défaire mais tout ce qu'elle ne voulait pas, c'était de prendre le risque de le perdre, un jour ou l'autre. C'était ce pour quoi elle avait signé de manière tacite en se liant à lui dans une vie de couple, mais l'angoisse était une émotion incontrôlable qui tétanisait tous ses muscles. Elle perdait pieds, ne sachant plus quoi penser, comme si ses poumons se remplissaient d'eau et qu'elle n'était plus capable de respirer tant les larmes l'empoisonnaient.

Elle se laissa étreindre contre lui, fermant les yeux alors son front rencontra le sien.

- Mon amour... Je te veux toi aussi mais... Je m'en fou pas de ce qui peut t'arriver, souffla-t-elle, déglutissant difficilement.

Il était arrivé à utiliser ses peurs pour la bloquer, l'empêcher de pouvoir se rattacher à l'espoir qu'ils avaient nourris ensemble. Si survivre sans son père avait été une chose difficile, le pire se passait en cet instant. La douleur qu'elle ressentait était tellement puissante qu'elle paraissait irréelle, alors que ses lèvres rejoignirent les siennes dans un baiser doux, teinté de leurs larmes, qu'elle eut du mal à rompre tant elle avait ce besoin viscéral de se ressourcer une dernière fois de ce contact, comme dans un dernier souffle qu'elle puisait avant de retourner en apnée, sans lui. Il semblait que ce contact avait suffis à réanimer une lueur dans le creux de son cœur.

- Ce sera toujours toi, mon amour, souffla-t-elle. Me laisse pas loin de toi trop longtemps, murmura-t-elle à son oreille, comme dans une volonté de lui faire comprendre qu'elle faisait ça à contre cœur, pour sa sécurité, lui donnant la possibilité de la chercher. Tu m'as promis, bébé, ajouta-t-elle, faisant référence au fait qu'il ne devait jamais la laisser partir.

Elle capta son regard pour discerner sa compréhension dans ses iris, hochant très légèrement la tête avant de sceller une nouvelle fois ses lèvres sur les siennes.

- Bon. Si tu me promets qu'il arrivera rien à Niels, que personne l'emmerdera, je te suis, lança-t-elle en serrant la mâchoire.
- Tu as ma parole, hocha-t-il la tête. Je vais prendre soin d'elle. C'est mieux comme ça, ajouta-t-il à Niels.

Elle prit quelques affaires, le strict nécessaire qu'elle piocha dans chaque pièce avant de tout mettre dans un sac, le cœur en lambeaux, espérant qu'elle pourrait un jour revenir à ses côtés. Parce qu'elle savait que s'il faisait exploser ses doutes, notamment ceux qui les amenaient souvent à se déchirer, il y avait d'autres choses qu'il avait réussi à faire exploser : l'affection, qui lui serait toujours destinée que son père le veuille ou non. Elle donnait le change, montrant à son père son accord pour qu'il parte définitivement de leur vie, parce qu'elle avait compris qu'il ne pourrait jamais être heureux si elle était heureuse sans lui.