The unbreakable vow (Gisella)

Ce qui unissait Ciàran et Gisella, c'était unique. Personne ne partageait ce qu'il y avait entre eux, personne ne pouvait non plus comprendre. Relation d'abord teintée par la haine, elle l'avait détesté de faire d'elle qu'un simple gain pour la mafia, de faire d'elle le butin d'une telle alliance. Mais bien rapidement, elle s'était rendu compte que cet homme était spécial. Et il l'avait charmé. Sans doute comme il en charmait plus d'une. Leurs échangent de couple marié étaient devenus plus léger jusqu'à mener à des nuits sous les mêmes draps. C'était sans lendemain pour lui, bien qu'ils étaient mariés, bien qu'ils étaient unis par l'église et par la loi. Mais pour Gisella, ça avait compté. Et longtemps, elle avait gardé ses sentiments cachés, secrets. Parce qu'elle n'était qu'un pion dans cette histoire de mariage arrangé, parce qu'elle n'avait pas son mot à dire, parce que de parler de ses sentiments compliquerait les choses entre Ciàran et elle qui avaient fini par bâtir bien plus qu'une seule relation basée sur le sexe. Ils avaient fini par s'ouvrir, échanger, se soutenir. Elle était là pour lui quand ça tournait mal, le mettait en premier plan, faisait de lui sa priorité numéro un quand il était question d'assurer ses arrières. Et tout ce qu'ils partageaient, ça valait bien plus que son coeur qui battait la chamade quand il était près d'elle. Elle était belle, oui, Gisella. Et elle pouvait le faire craquer, oui. Mais ce n'était pas assez. Il ne l'avait jamais aimé. Il n'avait jamais ressenti autre chose que de l'amitié pour elle et une profonde affection. Alors bien qu'elle était jolie, séduisante, charismatique, intelligente et toutes les qualités du monde, elle n'était pas Tahlia. Elle n'était pas Aisling. Elle n'était pas dans son coeur. Et quand bien même que l'eau avait coulé sous les ponts, qu'elle avait laissé du temps à son coeur pour se réparer, c'était encore douloureux. Les mots de Ciàran résonnaient encore dans sa tête, cette après-midi où elle l'avait une nouvelle fois sortie du pétrin, deux ans plus tôt et venaient se heurter contre son coeur qui saignait. Et c'était par amour qu'elle faisait tout ça, qu'elle préférait s'éloigner, qu'il la déteste elle plutôt que la brune, qu'il la renie elle plutôt que Tahlia. Parce qu'elle, elle avait appris à vivre sans lui, à cacher ses sentiments qui ne partiraient jamais complètement, même si elle se trouvait à refaire sa vie avec un autre, même si elle se donnerait le droit de faire rebattre son coeur. Elle baissa les yeux à la question de la policière, souffla un instant avant de lui répondre. « J'aurai toujours une forte affection pour lui », confia-t-elle, sans pour autant dire qu'elle l'aimait toujours. Elle releva les yeux vers la brune, cachant mal la douleur qu'elle avait éveillée. « Mais lui et moi, ce ne sera jamais possible. » Elle avait toute la place, Tahlia, si c'était ce qu'elle voulait. C'était mieux d'aimer l'Italien de loin que de lui pourrir la vie. Elle la remercia pour l'aide apportée, juste avant de lui demander de l'oublier. Elle devait être morte et ce même à ses yeux. Et Gisella n'avait aucun mal à croire que Tahlia ne pouvait pas le faire. Son passé de policière ne l'avait pas quitté complètement, même si elle passait du côté sombre, elle se devait de garder des secrets bien enfouis. Elle confirma qu'elle jouerait à l'indifférente, Gisella hocha la têt, comprenant que ce n'était pas une pique, mais bien une réponse à ce qu'elle lui avait demandé. « Dès qu'il y a quelque chose, je t'écris », ajouta-t-elle en lui souriant. « Bonne chance pour l'accouchement. » D'ici là, elles ne se reverraient surement pas.

Tahlia ne comprenait pas pourquoi Gisella tenait tant à porter le blâme, si Ciàran venait à prendre connaissance du pacte qui liait les deux brunes. Elle ne comprenait pas pourquoi elle s'écarterait alors qu'elle avait de l'affection pour l'italien. Elle n'était pas stupide, Tahlia. Elle était une femme, elle aussi, et elle connaissait ce regard. C'était le regard d'une femme qui taisait les sentiments qui brûlaient en elle. Et même si, honnêtement, cela arrangeait Tahlia qu'elle garde ses distances avec l'italien, elle ne pouvait s'empêcher de se demander ce que Gisella avait en tête. Elle ne connaissait rien de la relation entre Ciàran et Tahlia. Elle était prête à s'effacer à son profit, alors que Tahlia n'était peut-être qu'une passade pour le jeune Adreani. Bien sûr, il y avait eu ce baiser échangé, qui avait mené à sa rupture avec Carter pour elle, sa rupture avec Harmonie pour lui. Bien sûr, il y avait leurs chemins qui se croisaient sans cesse alors qu'ils essayaient de s'éloigner. Bien sûr, il y avait eu cette étreinte charnelle, ce moment suspendu hors du temps où ils avaient laissé exploser ce désir qui les consumait depuis tant de temps. Mais elle ne pensait pas mériter plus. Enceinte d'un autre, ex-flic, Ciàran n'avait rien à gagner avec elle, hormis le risque qu'elle s'attache de trop à lui. Sans doute cette idée-là s'estomperait quelque peu après de la naissance de sa fille, quelques semaines plus tard, quand Tahlia réapprendrait à vivre en tant que femme auprès du bel italien. Mais là, à cet instant, elle ne pensait pas à tout cela. Elle craignait juste le moment où il s'éloignerait pour de bon. C'était une éventualité à laquelle elle se préparait, pour laquelle elle se protégeait. Alors quand Gisella répondit à sa question, insistant sur l'affection – mais bien sûr ! - qu'elle lui portait, Tahlia posa un regard compréhensif sur elle. Elle capta même brièvement la douleur éveillée par sa question et sans doute que la brune s'en voulut un peu d'avoir mis le doigt sur ce qui faisait mal. Et elle hocha la tête quand cette dernière confia que Ciàran et elle, ce n'était pas possible. « Je crois que ce n'est pas possible pour beaucoup d'entre nous. » Elle s'incluait totalement dedans. Ciàran, c'était l'insaisissable. Tahlia en avait pris pleinement conscience et elle chérissait les moindres moments avec lui, gardant en tête que c'était peut-être à chaque fois le dernier. Après lui avoir donné l'adresse du contact et parce qu'il fallait que ce soit donnant-donnant, Tahlia esquissa un léger sourire quand Gisella lui promit de la tenir au courant au moindre problème. « On fait comme ça, alors. » Et quand elle lui souhaita bonne chance pour l'accouchement, l'ex-policière posa affectueusement sa main sur son ventre et murmura : « Merci, je vais en avoir besoin. » C'était évidemment une étape qui l'effrayait, mais elle allait devoir passer par-là. Elle récupéra son sac à main et reprit doucement : « Il va falloir que j'y aille, j'ai justement rendez-vous avec la sage-femme. » Il fallait qu'elle repasse chez elle avant de se rendre au point de rendez-vous. Elle se releva et déposa un billet sur la table pour les consommations. Mais avant de partir, elle jeta un regard à Gisella et sourire sur les lèvres, elle dit : « Prends soin de toi, Gisella. » Elle ne la connaissait pas plus que cela. Et même si elles ne s'étaient pas toujours bien entendues, il était certain qu'elle ne lui voulait pas de mal. Le Bonne chance que Gisella lui avait souhaité quelques secondes plus tôt aurait très bien pu être repris par Tahlia. L'italienne aussi allait avoir besoin de chance, de beaucoup de chance. « A bientôt. » lança-t-elle, avant de s'éclipser.

Fin