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↳ personnages attendus

Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.

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 like a row of captured ghosts over old dead grass ▽ lys

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MessageSujet: like a row of captured ghosts over old dead grass ▽ lys   like a row of captured ghosts over old dead grass ▽ lys EmptyMer 18 Mar 2020 - 13:22

like a row of captured ghosts
over old dead grass

Sa farde à dessin sous le bras, le reste de son matériel dans son sac-à-dos, Azriel était perché sur son skate, traversant les rues de Bowen pour rejoindre l'appartement de Lys. Il profitait des rayons qui ensoleillaient les rues, terminant sa cigarette roulée juste avant d'arriver devant le bâtiment de sa meilleure amie. Cela faisait un moment qu'ils ne s'étaient pas posés tranquillement tous les deux, comme ils avaient l'habitude de le faire, lors d'une après-midi calme consacrée entièrement à leur doigts traçant sur le papier ou la toile, et quelques conversations légères. Entre l'arrivée de la petite Ivy, le boulot et le temps qu'il passait avec Sasha, l'italien avait un peu délaissé ses amitiés ces derniers temps et il s'en sentait coupable. Revoir sa meilleure amie et consacrer quelques heures à passer uniquement avec elle lui ferait le plus grand bien, et ce fut avec un grand sourire qu'il toqua à la porte de la jeune femme, sa casquette posée à l'envers sur sa tête. « Hey, sweetie. » la salua-t-il en la prenant dans ses bras, heureux à la perspective de cette journée artistique. Il déposa un bisou sur son front, déposa son skate et son sac et en sorti son matériel à dessin, ainsi que quelques bouteilles de bière. « J'ai amené des vivres. » sourit-il avec bonne humeur, le regard pétillant, en sortant les bières. Y avait rien de mieux que de passer un peu de temps dans l'ambiance cosy d'un appartement, à partager des inspirations artistiques et des bières fraîches.
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MessageSujet: Re: like a row of captured ghosts over old dead grass ▽ lys   like a row of captured ghosts over old dead grass ▽ lys EmptyVen 20 Mar 2020 - 15:22

Après quelques sms paniqués échangés avec Beth – à qui je me raccrochais comme à une bouée ces derniers temps –, je m’étais un peu calmée. Résonnée plutôt. Azriel venait passer une après-midi créative à la maison, comme nous en avions souvent passées ensemble depuis que nous nous connaissions. Bien évidemment, les choses étaient un peu différentes, aujourd'hui. Az et moi n’avions plus vraiment passé de temps seuls, à mon appart, depuis qu’il était officiellement en couple avec Sasha. Cela me faisait peur. Je ruminais énormément de choses ces derniers temps, prenais beaucoup sur moi. J’avais peur d’exploser. J’avais réalisé – trop tard – que j’aimais mon meilleur ami. Oui. Moi. Lys Kickett, première du nom. Fière depuis des années de mon étendard « l’amour, c’est bien pour les autres, pas pour moi », j’étais amoureuse. D’Azriel. Fuck ! (si seulement…).

Ok. Il n’y avait aucune raison pour que cela dérape. Aucune. J’étais adulte, je savais gérer mes émotions comme une grande. À peu près. Oui, j’avais toujours tout dis à Azriel, il était mon meilleur confident, l’oreille la plus attentive que j’avais eu ces dernières années, mais je n’étais pas forcée de lui confier mes états d’âme du moment. Comme je l’avais dis à Beth, cela ne me servirait à rien de lui avouer que j’étais malheureuse, malgré ce sourire que j’accrochai à mon visage. S’il savait qu’il me faisait du mal, même inconsciemment, lui aussi éprouverait de la peine. L’un de nous deux souffrait déjà, et c’était bien assez.

J’étais immobile, l’esprit perdu dans mes pensées quand Az sonna à ma porte. Je pris une profonde inspiration, enfilai mon t-shirt de peinture – blanc, xxl, acheté au rayon homme –, pas dessus mes leggins noirs, puis allai lui ouvrir. Sourire aux lèvres, l’air de rien. Je le laissai m’étreinte – comme avant – et me perdis un court instant dans ses bras. Il sentait si bon.

Je me détachai de lui et ris quand il sortit quelques bières de son sac.
T’as tout prévu à ce que je vois.
De mon côté, j’étais en pilote automatique. Je ne maitrisai plus rien. Ou plutôt si, je brimai mes pulsions. Je les refoulai. Vite, avant qu’elles ne prennent trop de place. C’est quand même dingue à quel point l’envie de franchir une barrière est décuplée lorsque l’accès nous est interdit. Ne lui saute pas dessus, Lys. Non. Je suis sûre que ce ne serait pas si excitant que ça de lui arracher ses fringues. Nope. Pas du tout. Fuuuuuck !!! (Non, toujours pas, ma grande). Je me remerciai intérieurement d’avoir pensé à enfiler un soutif à coque sous mon t-shirt, c’était déjà ça de gagner, niveau discrétion.
Elle est chaude non ?
Hein ?
La…la bière, je veux dire. La bière. Il faut chaud dehors, du coup…je la mets au congelo dix minutes ?
Mets la tête dedans dix minutes, toi aussi, ça pourrait pas te faire du mal, tiens… J’attrapai les bouteilles qu’il avait rapportée et les plaçai au frais, avant de me retourner vers mon ami.
Tu me montres tes dessins ? Ca fait longtemps.
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MessageSujet: Re: like a row of captured ghosts over old dead grass ▽ lys   like a row of captured ghosts over old dead grass ▽ lys EmptyVen 20 Mar 2020 - 23:13

hj:

« Of course. » sourit le brun en sortant ce qu'il avait apporté. Il haussa un sourcil quand Lys se mit à balbutier, justifiant sa question par des mots qui semblaient plus nombreux que nécessaire, l'écoutant sans mot dire et sans trop comprendre ce qui lui prenait. Une moue moqueuse s'afficha sur son visage hâlé et il attendit qu'elle ait terminé avant de passer à l'attaque. « C'est toi qui a pris un coup de chaud, non ? Qu'est-ce qu'il t'arrive ? » taquina Azriel en posant le dos de sa main sur le front de son amie, feignant de s'inquiéter sérieusement de son état. Sûrement quelque chose qui la tracassait, même s'il n'aurait su dire quoi. Elle cracherait bien le morceau à un moment si elle en avait envie. Il comptait de toute manière lui demander ce qu'il s'était passé à la soirée de nouvel an, où elle avait carrément sauté sur Milo, contre toute attente. Ça l'avait plus fait sourire qu'autre chose, mais l'italien se demandait tout de même s'il n'y avait pas un problème sous-jacent, bien plus profond. Il avait l'habitude que Lys et lui se racontent tout, et s'il y avait une chose qu'elle ne voulait pas partager avec lui, il ne lui en voudrait certainement pas. C'était pas parce qu'ils étaient meilleurs amis depuis des années et qu'ils étaient toujours sur la même longueur d'onde qu'ils étaient obligés de tout se dire. Néanmoins, une petite pointe d'inquiétude le taraudait à ce sujet et il voulait être certain que la jolie brune allait bien, surtout depuis qu'ils avaient un peu moins le temps de se retrouver tous les deux. Az saisit les bières pour aider la jeune femme à les mettre au congélateur, comme elle l'avait suggéré, son regard traînant parfois sur elle d'un air inquisiteur. Il retourna néanmoins à ses dessins, que Lys lui demanda de montrer. « Bien sûr. Tu sais bien que t'es une des rares privilégiées à pouvoir les voir. » répondit-il avec un sourire malicieux et un clin d’œil enfantin. Il ouvrit la farde, en sortant quelques larges croquis, et son carnet qu'il avait toujours sur lui. La plupart des dessins représentaient Ivy, vu que lorsqu'il la surveillait ou bien la berçait la nuit pour qu'elle retrouve le sommeil, quand lui ne dormait pas, il avait tout le temps du monde pour dessiner et rien d'autre à faire. D'autres étaient de minces traits représentant le visage de Sasha. Ensuite, plusieurs croquis de nature, des loups et des oiseaux surréalistes, des renards aux couleurs flamboyantes ou des planètes inexistantes dans le monde réel. « J'ai le droit d'exiger de voir tes toiles, du coup ? C'est un échange honnête. » demanda-t-il en plongeant son regard marron dans celui de la brune, s'efforçant d'afficher une expression angélique.
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MessageSujet: Re: like a row of captured ghosts over old dead grass ▽ lys   like a row of captured ghosts over old dead grass ▽ lys EmptyDim 22 Mar 2020 - 13:14

Alors qu’Azriel posait sa main sur mon front, semblant se moquer gentiment de mon « coup de chaud », deux sentiments contradictoires m’envahirent. C’était donc possible d’avoir envie d’arracher les yeux d’une personne…et ses vêtements, en même temps. Ca ne lui manquerait pas de toute manière, aveugle qu’il était ! Je fulminai intérieurement. Il ne voyait donc rien ? Ne ressentait-il rien ? Mon désir pour lui était plus grand que jamais et je me donnais un mal de chien à le dissimuler et lui il ne remarquait absolument rien. Sa plaisanterie, tellement anodine, n’aurait pas dû faire monter en moi ce petit frémissement de colère. Et pourtant. Devais-je vraiment toujours contenir ça ? Minimiser ma douleur ? Toujours ? Ca n’était pas juste…Lys, ressaisis-toi. C’est puéril tout ça. Je me concentrai automatiquement sur mes gestes, tâchant de laisser s’évaporer mon ressentiment, doucement, sans faire de bruit, sans faire de mal. À quelqu’un d’autre, du moins. Azriel m’aida à ranger les bières au frais, puis, à ma demande, me montra ses dessins. Une habitude familière qui me ramena immédiatement à la réalité. Az et moi, c’était cela avant tout, une amitié forte et un amour de l’art que nous partagions. Je ne pus m’empêcher de sourire en voyant les dessins du bébé de Beth.
Y’a pas à dire, t’es complètement gaga…
Et complètement amoureux aussi, à en juger par les quelques dessins de Sasha, sur lesquels je passais un peu trop vite. Il allait me griller si je continuais…Je me raclai la gorge, repassant les croquis d’Ivy pour faire diversion.
Tu les as montrés à Beth ? Je suis sûre que ça lui ferait plaisir.
Les dessins suivant me firent sourire tout autant. Ils étaient l’illustration même de la créativité débordante d’Azriel. Mon meilleur ami était extrêmement doué, il y avait tant de couleurs en lui, des couleurs chatoyantes qu’il ne parvenait à ressortir que sur du papier. J’avais un bout de son âme sous les yeux et cela me transperçait le cœur à chaque fois. En un claquement de doigt, la colère avait disparue. Azriel, semblait-il, avait le don de me rendre heureuse, simplement en étant lui-même. Ses dessins étaient un miroir, un reflet qu’il ne voulait pas dévoiler à trop de personnes à la fois. Ainsi, par pudeur, il refusait de laisser voir au monde sa véritable beauté. Quel gâchis…
C’est magnifique, parvins-je à dire, avec une pointe d’émotion dans la voix.
Magnifique…le mot était si faible. Son art méritait bien d’autres qualificatifs mais ce fut le seul qui me vint sur l’instant. Et parfois, la simplicité suffisait. C’est à ce moment là que je me rendis compte que j’étais privilégiée, comme il le disait si bien. Az ne me faisait peut-être plus l’amour mais il m’offrait quelque chose de bien plus beau. Il s’ouvrait à moi, comme il s’ouvrait rarement aux autres. Sur le moment, je ressentis une immense gratitude qui vint, presque, combler le manque que j’avais. Le manque de ses mains sur ma peau, de sa bouche, de son sexe dans le mien, de son râle à mon oreille. C’était secondaire tout cela, en comparaison à la tranche de son âme qu’il me réservait.

Azriel planta ses iris chauds dans les miens et tout ce manque me revint à la figure en une fraction de seconde. Non. Je me leurrais. Ca ne suffisait pas. De la même manière que les bras des autres hommes ne me suffisaient plus. Je ne voulais pas qu’un seul morceau d’Azriel, je le voulais lui, tout entier. L’italien se tenait si proche de moi que je pouvais sentir son odeur, et même la chaleur de son corps. Son épaule frôlant la mienne. C’était une torture…comment étais-je censée me passer de lui ? Combien de temps encore pourrais-je tenir ? Moi, j’étais prête. Prête à l’aimer tout de suite.
Hein ?…oui, pardon. Mes toiles. Je vais les chercher.
Retour à la réalité, aussi brutal qu’un coup de massue.
Je m’écartai de mon ami presque brusquement, et m’éclipsai le plus rapidement possible dans la petite pièce, après la cuisine, dans laquelle je rangeai mes toiles. Au départ, j’étais censée peindre là-bas mais, la trouvant trop sombre, je préférais souvent m’installer dans le salon et ne me servais de ce bureau que pour ranger mon matériel et mes toiles terminées. J’allumai la lumière, respirai les fragrances de peintures à huile, rassurantes, apaisantes. Calme-toi, Lys. Respire doucement. Ne pense pas. Des gestes mécaniques, précis. Laisser le cerveau de côté, Mettre le cœur en sourdine. Je fouillai dans mon bazar et attrapai deux des peintures sur châssis que je voulais montrer à Azriel. J’enlevai le film que je mettais dessus pour les protéger puis revins dans la pièce principale où m’attendait l’italien. Je m’installai sur la table à manger, pour lui permettre d’appréhender les toiles au mieux.
Je t’ai dis que je travaillais sur le corps. Je fais des entretiens avec mes sujets, je leur demande de me parler de ce qu’ils pensent de leur propre corps, du rapport qu’il ont avec lui, je fais des croquis, puis je peins après…en me laissant inspirer par leur mot. Au singulier. Ici, c’est « Persévérance ».
Je désignai le tableau où une femme unijambiste nageait dans une eau tourmentée. Le sujet semblait se battre contre le courant, il y avait une certaine rage qui se dégageait de l’ensemble. Une détermination acharnée. J’étais plutôt fière du rendu.
Et « Liberté ».
Le second tableau représentait Jackson, qui s’envolait dans les air avec la grâce d’un oiseau. Ses bras, d’ailleurs, semblaient s’étirer en de longues ailes au contour flou. J’avais adoré peindre cela, et redonner toute sa force et sa majesté à mon ami acrobate. Je me tournais vers Azriel puis lui souris, avec naturel cette fois. Parler d’art me procurait une certaine sérénité, et je devais à tout prix me raccrocher à ça.
Je suis en train d’en peindre un autre, en ce moment. Mais mon sujet n’est pas vraiment au courant, elle me tuerait sans doute, si elle savait…
Je me dirigeai vers mon chevalet au milieu du salon, devant la fenêtre et laissait Azriel regarder. On distinguait les contours d’une femme enceinte qui tenait son ventre avec bienveillance et douceur, autour de sa tête tournait une couronne astrale faite de soleils, d’étoiles et de petites planètes.
C’est Beth…enfin…Beth avant qu’Ivy ne naisse. Je pense que je vais l’appeler « Monde », ou « Vie », je ne sais pas encore. T’en dis quoi ?

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MessageSujet: Re: like a row of captured ghosts over old dead grass ▽ lys   like a row of captured ghosts over old dead grass ▽ lys EmptyVen 3 Avr 2020 - 1:16

hj:

Il pouvait voir que son amie était anormalement tendue, ou du moins, c’était ce que lui percevait, tandis qu’ils rangeaient silencieusement les bières. D’habitude, elle aurait lâché une taquinerie piquante, avec un sourire léger et une expression amusée qui illuminait son visage. Il hésitait à aborder le sujet maintenant, mais la belle artiste affichait des traits trop fermés que pour qu’il ose s’immiscer directement dans ce qui la préoccupait. Au bout d’une minute, il allait ouvrir la bouche, mais elle le devança et sembla retrouver son enjouement naturel quand elle mentionna les dessins. Az laissa donc couler, pour l’instant, lui montrant ses derniers croquis. Peut-être qu’il se faisait des idées. Non. Il connaissait trop bien sa meilleure amie que pour se tromper. Mais il n’avait pas envie de l’embêter, ou même de la mettre mal à l’aise. Si elle ne lui avait pas encore parlé, peu importe quel était le sujet de ses soucis, c’était qu’elle n’en avait pas envie, et elle en avait totalement le droit. Et s’il devait aborder la question à un moment, ce serait à un moment plus propice, il ne voulait pas lui tomber dessus sans prévenir. Lys avait retrouvé le sourire et ce regard pétillant – professionnel, également – qu’elle avait toujours quand il s’agissait d’art. Un petit rire échappa à l’italien quand elle lâcha un commentaire après avoir parcouru les dessins représentant Ivy. « Moi ? Jamais, je suis un gros dur, tu sais bien. » plaisanta-t-il, tout en sachant qu’il était inutile de nier sa nouvelle et inattendue passion pour les bébés. Avec l’arrivée d’Ivy et de Thaïs, le jeune homme s’était rendu compte que finalement, il était peut-être plus fait pour la parentalité que ce qu’il n’aurait cru. Ce n’était toutefois pas pour tout de suite, qu’on se le dise. Mais il adorait s’occuper d’Ivy, c’était avec plaisir qu’il veillait sur elle la nuit, pour éviter à Beth de se lever inutilement, alors que lui avait besoin de moins d’heures de sommeil. Il aimait jouer avec elle, la bercer, et même changer des couches n’était finalement pas si insurmontable que ça. Ouais, Lys n’avait pas totalement tort. « Pas encore… Tu sais que je préfère garder la plupart de mes dessins pour moi. Mais t’as raison. Je lui montrerai. » admit-il en hochant la tête, penché par-dessus l’épaule de son amie, reparcourant lui aussi du regard ses propres dessins. Il tourna la tête vers elle quand elle complimenta son travail, tout proche, son visage arborant ce sourire adorable, un peu enfantin, et ce regard chaud, qui lui était commun. « Merci, sweetie. » répondit-il, sincère. Lys savait toute la gratitude qu’il y avait dans ce simple mot, même prononcé humblement. Elle était une des rares personnes sur terre avec qui il partageait son art et sa passion, une des rares personnes à qui il pouvait s’ouvrir de façon aussi complète et vulnérable. Leurs regards s’accrochèrent quelques instants, dans un silence suspendu, comme un moment volé d’une autre époque, transporté jusqu’à l’instant présent. Moment qui éclata délicatement tel une bulle de savon quand Lys les ramena à la réalité, et Az se recula légèrement, surpris le temps d’un instant de s’en retrouver déstabilisé. Il retrouva néanmoins très vite son sourire enjoué, regardant Lys amener ses toiles, pressé de découvrir son travail qui promettait d’être excellent et inspirant, comme toujours. Il se leva pour admirer le travail de son amie, la rejoignant près de la table, posant les yeux sur les peintures, suivant les tracés magiques et les couleurs enivrantes que l’artiste savait si bien poser sur la toile, tout en écoutant ses explications. Il gardait ce sourire accroché au coin des lèvres tandis qu’elle le guidait à travers ses œuvres, attentif, et transporté à la fois, se perdant dans les mondes fabuleux que Lys savait créer avec un naturel déconcertant. « C’est parfaitement trouvé. T’es vraiment douée pour créer tout un univers à partir de presque rien. » commenta-t-il, impressionné même après des années à avoir observé les talents de sa meilleure amie. Il releva les yeux vers l’autre toile que lui présenta la jeune femme, distinguant les courbes d’une femme enceinte, qu’il devina être Beth. Un sourire attendri prit place sur ses lèvres. Lys avait raison, Beth la tuerait peut-être si elle savait, mais elle serait également profondément touchée. « Wouah, tu lui fais vraiment honneur. C’est superbe, Lys. Si je peux donner mon humble avis, j’opterais pour "Monde". Mais c’est toi l’artiste, et la plus douée dans cette pièce. »
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MessageSujet: Re: like a row of captured ghosts over old dead grass ▽ lys   like a row of captured ghosts over old dead grass ▽ lys EmptyVen 3 Avr 2020 - 2:45

Je parlais beaucoup. Trop pour que ce soit naturel. Az me connaissait, il avait sans doute décelé quelque chose d’anormal. C’était même certain. Il était attentif, c’était l’une des qualités qui me plaisait le plus chez lui. Celle-ci et également le fait qu’il soit si prévenant, qu’il ne souhaite jamais brusquer personne. Il laissait les gens venir à lui et leur prêtait toujours une oreille attentive. Oui, j’aimais cette magnifique qualité qu’il avait. Mais aujourd’hui…aujourd’hui, c’était bien différent. Aujourd’hui, j’avais besoin qu’il me brusque, qu’il me fasse sortir les trippes. Pour de bon cette fois. J’avais besoin qu’il me fasse crachait ce que je retenais en moi depuis des semaines et qui commençait à nécroser mon cœur. Il disait que j’étais douée et il le pensait. Il le pensait sincèrement. Mais ça ne suffisait pas…
Oui. Monde…c’est bien.
Je soufflai, repliai mes bras autour de moi dans un reflexe de protection puis m’éloignai, tête légèrement baisser, la gorge en feu, les yeux humides. Je lui tournai le dos parce que c’était plus facile, parce que cela faisait moins mal. Du moins je le croyais. Fuir, cacher, mentir…à moi et aux autres ; à lui, surtout à lui ; avait été mon reflexe de survie durant ces dernières semaines. Aujourd’hui, je ne pouvais plus. C’était trop. Trop intense, trop lourd, trop douloureux. Merde. J’étais à deux doigts de dégoupiller. Je fermai les yeux, inspirai lentement. Dieu, ce que que j’avais mal.  Un instant, je souhaitais qu’il parte. Qu’il s’éclipse sans un mot et qu’il me laisse là, avec ma douleur, le cœur à terre. Cela aurait été plus facile. Bien plus facile…mais ça n’était pas la réalité.
J’y arrive plus, Az…
Le son de ma voix était à peine reconnaissable. Trop aiguë, trop tremblante aussi, gorgée de chagrin et d’une profonde détresse trop longtemps ignorée. Je me mordis la lèvre inférieure, un goût métallique emplit ma bouche. Je reniflai. Merde. Je pleurais, pour de vrai.
Je croyais pouvoir y arriver, je croyais que ça me passerait. Mais ça passe pas…c’est pire à chaque fois.
Rassemblant les maigres bribes de courage que je trouvais en moi, je pivotai et fis face à l’homme que j’aimais. Il ne comprenait sans doute pas ce qu’il se passait, et je m’en voulus un instant de lui faire un cinéma pareil, mais je n’arrivais plus à me taire, c’était au dessus de mes forces.
Comment est-ce que tu peux faire ça ? questionnai-je en regardant l’italien à travers le rideau de mes cils humides, continuer…comme avant alors que rien…rien n’est comme avant, putain ! Ca te manque pas ? Tu pourrais juste continuer à me parler d’art et faire comme si…comme si…je sais même pas comme si quoi !
Je fermai les yeux, me pinçai l’arrête du nez pour tenter de retrouver un peu mes esprits. J’arrivais même plus à parler, bordel ! La boule dans mon estomac grossissait, dangereusement. J’avais peur qu’elle explose et qu’elle répande toutes les horreurs que je contenais en moi. Tout ce que je me refusais à dire à Azriel depuis des mois.
Putain, mais…je baise des mecs à tour de bras et ça me suffit pas ! Pourquoi ça me suffit pas ?! Ca devrait parce que, putain, je jouis comme c’est pas permis ! Mais ça me suffit pas, c’est très, très loin de me suffire même. Parce qu’aucun d’eux n’est toi…
Mon cœur saignait, j’avais mal. Je suffoquai presque et le gout du sang dans ma bouche se mêlait à celui des larmes. Je peinais à reprendre mon souffle mais me forçai à le faire.
Tu…tu peux pas me regarder comme tu l’as fait tout à l’heure et ne pas me toucher. Tu peux pas faire ça et me garder à l’écart…tu sais, j’ai toujours su que je pouvais tout recevoir de toi, absolument tout…que je pouvais tout accueillir…tes joies, tes sourires, tes blagues à la con, ton putain de talent immense, tes peines, tes douleurs, ton cœur aussi…mais j’aurais jamais cru que tu ferais aussi mal.
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MessageSujet: Re: like a row of captured ghosts over old dead grass ▽ lys   like a row of captured ghosts over old dead grass ▽ lys EmptyVen 3 Avr 2020 - 3:48


Cette fois, impossible de douter qu'il y avait bien quelque chose qui clochait. Lys avait non seulement un comportement inhabituel, mais au-delà de ça, quand elle lui tourna le dos, bras enroulés autour d'elle, il put sentir sa douleur à travers la pièce. Il était incapable d'expliquer comment il le savait, mais il l'avait deviné quelques secondes avant que sa voix tremblante traverse l'air pour parvenir jusqu'à ses tympans. Peut-être que leur connexion était forte à ce point. Au point qu'il pouvait ressentir dans chaque fibre de son corps que Lys souffrait. Comme il sentait le poids de la culpabilité l'étreindre doucement, lentement, s'insinuant en lui, avant même que son amie n'aille plus loin. Il ne l'avait pas vu, jusqu'ici. Il n'avait rien vu, rien compris, comme un parfait imbécile. Il gardait le silence, le regard vrillé sur le dos de la brune, distinguant la tension dans ses muscles et les tremblements de ses membres qu'elle tentait vainement de contrôler. Rien que ça suffisait à lui nouer la gorge. Le tressaillement dans sa voix lorsqu'elle reprit, à lui percer le cœur. Il savait. D'un coup, il réalisait. C'était lui, ce qui préoccupait Lys. C'était lui, la cause de son trouble. Non, c'était trop tendre que d'utiliser ce mot, pas son trouble, mais bien sa souffrance. Qu'il avait ignorée, totalement. Involontairement peut-être, mais ce n'était pas une excuse. Il aurait dû le voir, il aurait dû le comprendre, il aurait dû le sentir. Incapable de répondre quoi que ce soit, partagé entre le choc, la culpabilité et l'émotion, Azriel peina à soutenir le regard de la jolie brune, lorsqu'elle se tourna enfin vers lui, les joues humides. Il se prit l'ouragan qu'elle déversa sur lui en pleine figure, sans broncher, affichant une expression fermée qu'on ne lui voyait que rarement. Lui qui optait toujours pour la légèreté, la dédramatisation, qui ne se prenait pas la tête, quand venait le moment où il devait délaisser ces techniques habituelles, il ne savait pas faire face. Parce qu'au fond, il était lâche, Azriel. Il ne supportait pas de causer cette peine et il voulait fuir. Comme il avait déjà fui auparavant. Il se sentait con et lâche, et c'était la vérité, et il ne pouvait rien y changer, voilà tout. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était se forcer à affronter le regard empli de peine de sa meilleure amie, et plus que ça encore,  qu'elle était. Il lui devait bien ça, au minimum. Il méritait de se prendre cette tempête de tristesse, de déception, de colère et de douleur en pleine face. Pour n'avoir rien vu, pour l'avoir continuellement blessée sans même s'en rendre compte une seule seconde, pour n'avoir pensé qu'à lui et à ce qui le rendait heureux. Il savait juste pas quoi lui répondre. Il savait juste rester là, sans bouger le petit doigt, bras ballants, comme un idiot. Si son expression était devenue blanche, son regard marron trahissait toute la culpabilité qui l'écrasait maintenant, et tout le mal que lui faisait la scène de Lys en larmes devant lui, par sa faute. Fuck, Az. T'es vraiment qu'un con. Et voilà, elle l'avait dit, à voix haute. Il le savait déjà, hein, qu'il lui faisait un mal de chien et qu'il avait été trop con pour le voir. Mais l'entendre le dire, mot par mot, ça le déchirait encore plus. Et il savait toujours pas quoi dire, pris dans une situation qu'il ne savait pas comment arranger, déchiré entre plusieurs désirs et choix qu'il n'avait aucun moyen de gérer, de trier, de mettre dans l'ordre. Si l'italien était quelqu'un d'attentionné et à l'écoute, quand il merdait, en revanche, il était le pire, incapable de désamorcer correctement la situation, incapable d'atténuer efficacement les peines. Même là, il restait un putain d'égoïste à vouloir fuir sa propre culpabilité, à vouloir prendre du temps pour réfléchir, seul, pour faire face à tout ça, à cette information. Non, même pas pour y faire face en fait, mais pour attendre que ça se calme de soi-même, sans que lui n'ait à intervenir. Putain de lâche, je vous le dis. « Ça fait combien de temps ? » demanda-t-il d'une voix à peine audible, presque un chuchotement. « Que tu ressens tout ça. » précisa-t-il, le ton toujours aussi indéchiffrable. Ouais, il était vraiment nul. Après tout ce que Lys venait de lui sortir, toutes les émotions qu'elle venait de lui exploser courageusement à la figure, tout ce qu'il parvenait à dire, c'était ça. Il se sentait vraiment comme une merde. Mais il était incapable de l'exprimer correctement.


Dernière édition par Azriel Shillinglaw le Ven 3 Avr 2020 - 5:18, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: like a row of captured ghosts over old dead grass ▽ lys   like a row of captured ghosts over old dead grass ▽ lys EmptyVen 3 Avr 2020 - 4:58

Putain, c’était sorti des tripes ! J’avais mal au ventre, mal au cœur, à en crever, presque. J’avais mal à la gorge comme si j’avais vomi des litres et des litres de bile. Je sentais mon corps trembler, mon cœur battre comme s’il voulait briser les os de ma cage thoracique. Je respirais bruyamment, comme si j’avais couru le marathon, pourtant, l’air semblait manquer à mes poumons. Az quand à lui ne bougeait pas d’un pouce, le regard figé, l’expression neutre. Je fus prise soudain d’une envie de le secouer comme un prunier. Qu’il me dise quelque chose, putain ! N’importe quoi ! Qu’il me dise que j’étais folle, que j’étais excessive, que je dramatisais ! Mais qu’il dise quelque chose, bordel ! Les larmes séchaient sur mes joues, faisant tirailler ma peau. Je détestais la sensation, je me sentais vulnérable, faible et si pathétique. Je m’étais promis, pourtant, que jamais ces mots ne sortiraient de ma bouche, que jamais mes douleurs ne sortiraient au grand air. J’avais décidé de tout garder à l’intérieur, au débit, pour ne pas faire souffrir Az en retour, pour ne pas le forcer à ce remettre en question. Cela n’aurait jamais du se passer comme ça. Jamais. Quand Az parla enfin, sa voix n’était pas celle que j’avais l’habitude d’entendre, elle avait perdu son soleil. Je levai les yeux vers lui, regardait ce visage transpercé par le doute et l’incompréhension. J’eus envie d’embrasser ses joues, de lui dire que j’étais désolée. Depuis combien de temps je l’aimais ? La réponse à cette question valait cent milliards.
Je sais pas, avouai-je, depuis le début peut-être. Je crois, j’en sais rien.
Ma voix à moi était enrouée, rouillée, chargée mais les cris étaient passés. Je passai les mains sur mon visage pour essuyer les larmes et me dirigeai doucement vers le comptoir de ma cuisine ouverte pour me servir un verre d’eau que je pris le temps de boire avant de reposer mon regard sur Azriel.
Je voulais pas, continuai-je, je voulais pas te dire tout ça. Je voulais pas que ça te fasse mal. Je croyais…
Bordel…les larmes revenaient. Je fermai les yeux, respirai longuement pour tâcher de me contrôler.
Je croyais que te voir heureux, amoureux, voir un sourire sur ton visage me suffirait.
Au début, j’y ai cru…parce que, c’est comme ça quand on aime, pas vrai ? On veut le bonheur de l’autre et rien d’autre. Je croyais que ça m’était égal que tu le trouves avec une autre que moi. Je ne devais pas te dire tout ça.

Je m’étais complètement voilé la face, j’avais cru pouvoir encaisser les coups, pouvoir me suffire du bonheur de mon meilleur ami, à distance, mais cela n’avait été que torture et remise en question. Beth me l’avait dit…tu ne peux pas continuer comme ça. J’aurais tellement voulu, pourtant, être assez forte pour endurer la souffrance toute seule, sans la faire subir à celui que j’aimais plus que tout au monde.
En…Italie, je crois que c’est là que j’ai compris que c'était là depuis le début. Mais je refusais de l’admettre. J’avais pas besoin…on était bien…avant. On n’avait pas besoin de mots. Pas de ceux là du moins. Puis quand tu m’as dis que tu voyais Sasha, que t’étais sans doute amoureux d’elle…
J’arrêtai de respirai un petit moment. Je n’étais pas certaine d’avoir suffisamment de courage pour tout déballer. Pourtant, il fallait bien que je termine, maintenant que j’avais commencé.
Si seulement je te l’avais dis plus tôt, déplorai-je, au bord des sanglots.  
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MessageSujet: Re: like a row of captured ghosts over old dead grass ▽ lys   like a row of captured ghosts over old dead grass ▽ lys EmptyVen 3 Avr 2020 - 5:42


Désemparé, voilà ce qu'il était. Un peu hébété aussi. Il se sentait impuissant face aux émotions de Lys. Pour la première fois, il ne savait pas quoi faire pour calmer sa peine, pour la réconforter ne fut-ce qu'un tant soit peu. Et il n'avait pas le temps de réfléchir à tout ça, il fallait qu'il réagisse maintenant, tout de suite, mais il ne savait pas quoi faire. Quel abruti. Toutefois, la jeune fille ne sembla pas lui tenir rigueur de sa question soulignant clairement un manque de réflexion et de réaction, lui répondant comme elle le pouvait. Az fronça les sourcils, sans être sûr de comprendre. Mais c'était pas la peine de remuer le couteau dans la plaie. Il ne comprenait rien à rien parce qu'il était un abruti, voilà, point barre, et il aurait vraiment donné n'importe quoi pour s'en tirer avec ça. Sauf que c'était trop facile, mais franchement, quel courage, j'vous jure. Attendre une échappatoire, waw, félicitations Az, palme d'or de la gestion de crise la plus héroïque qui soit. Sans pouvoir répondre, encore une fois, alors que Lys allait se servir un verre d'eau. Il n'avait aucune idée de la façon dont il devait agir désormais, et il aurait à la limite préféré que la brune le foute dehors sans scrupules. Non, c'était faux, il ne voulait pas la perdre. Mais ça aurait été plus simple, pour lui, si elle avait pris la décision de le repousser, plutôt que de devoir remettre toute leur relation en question et lui apporter une réponse acceptable. Oui, c'était égoïste et lâche, encore une fois. Enfin, quand elle se tourna à nouveau vers lui, il trouva la force de bouger, comme si le contrôle de son corps lui était tout à coup revenu, sans prévenir. Parce que désormais, ce qui sortait de la bouche de la brunette ressemblait de plus en plus à des excuses, et elle était bien la dernière à devoir en faire. « Non, c'est faux, t'aurais même jamais dû avoir à garder ça pour toi. J'aurais dû demander. J'aurais dû le voir. » intervint-il d'une voix incertaine, s'approchant d'elle, prêt à la prendre dans ses bras, suspendant son geste avec hésitation. Putain, il avait no fucking clue de l'attitude correcte à adopter dans cette situation. Il ne voulait pas lui faire encore plus de mal. Mais était-ce pire d'essayer de la réconforter, comme avant, ou de ne rien faire ? Il en savait rien, bordel, et chaque seconde qu'il passait à se questionner là-dessus le mettait encore plus mal à l'aise. Il baissa finalement les bras, restant à une respectable distance d'environ cinquante centimètres. « Je... Je sais pas quoi te dire, Lys. » souffla-t-il finalement, totalement désorienté. Trop de choses entraient en ligne de compte. Sa relation avec Lys, sa relation avec Sasha, mettre des mots sur des choses qu'il n'avait jamais voulu nommer, préférant laisser les choses se passer naturellement sans y coller d'étiquette. « Je sais pas ce que ça aurait changé, je sais pas si... Je sais rien. J'ai besoin de temps pour assimiler tout ça, et j'me sens con, et je m'en veux. » Il y avait trop de choses à analyser que pour parler maintenant, il était submergé par tout ça, par trop d'émotions, lui qui avait toujours eu du mal à bien les comprendre et à les laisser sortir, ou même à les ressentir pleinement. C'était trop. Un trop-plein. Il ne pouvait pas dealer avec ça dans la seconde. Mais il avait peur que le moindre de ses mots ne puisse encore plus blesser Lys, peur de ce qu'il pouvait dire, sans avoir eu le temps de réfléchir. « J'ai jamais voulu te faire mal. »
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MessageSujet: Re: like a row of captured ghosts over old dead grass ▽ lys   like a row of captured ghosts over old dead grass ▽ lys EmptyVen 3 Avr 2020 - 12:30

Il aurait dû le voir oui. Mais il ne l’avait pas vu. Au fond, je ne le lui reprochais pas, du moins pas complètement. J’étais celle qui avait caché ses sentiments, j’avais tout fait, jusqu’ici pour que rien ne transparaisse, pour que rien n’éclabousse. Je n’avais pas voulu ce qui était en train d’arriver aujourd’hui. Dans un monde idéal, j’aurais dû être capable de gérer mes propres sentiments, et de laisser Azriel avec les siens. J’aurais dû être assez forte pour préserver le diamant brut qu’il y avait entre nous. Je le regardais avancer, sans trop savoir si j’avais envie qu’il s’approche d’avantage. Ses bras me manquaient. Terriblement. Mais je n’étais pas sûre de savoir endurer cette étreinte en sachant qu’elle ne durerait pas, qu’il devrait repartir et me laisser seule, avec mon cœur hors de ma poitrine, sans sa coquille.
Tu pouvais pas savoir…
Il s’arrêtait près de moi. Trop près. Esquissa un mouvement puis se ravisa. Cela me fit mal. D’un autre côté, je n’aurais pas supporté qu’il me prenne dans ses bras. Ou peut-être que si. Je n’en savais rien. Je n’arrivais même pas à soutenir son regard, alors le reste…
Y’a rien à dire Az…
J’étais sèche, beaucoup trop sèche, et je savais que j’allais me détester pour ça dès que j’aurais du temps pour réfléchir, seule, une fois qu’il serait parti. Mais mon cœur était à vif, je l’avais sorti de ma poitrine, le lui avais tendu et il l’avait laissé tomber par terre sans même essayer de le rattraper. Azriel venait de le dire, ce que je redoutais. Ce qui m’avait fait tant hésiter. L’évidence que je ressentais, de mon côté, l’amour que je lui portais, était à sens unique. Il ne l’avait pas dit clairement, pourtant je le ressentais comme ça, moi. Comme un coup de poing dans le ventre.
Je comprends.
Je ne pleurais plus. J’y arrivais même plus. J’avais besoin de décrocher, de me détacher de l’émotionnel. Pour me protéger. J’évitai de le regarder. Je pouvais pas. C’était au dessus de mes forces que de voir son visage. Que de voir la peine que je lui avais infligé, de voir son désarroi. Il n’avait pas voulu me faire de mal, non. Bien sûr que nous. Je m’étais fais mal toute seule en laissant mes sentiments m’envahir. En m’autorisant à l’aimer.
T’y es pour rien, t’inquiète pas…mais… C’est mieux si on se voit plus, pendant quelque temps…
Oh merde. La douleur dans ma poitrine se ravivait. C’était à peine supportable, je n’en pouvais plus, il fallait que ça s’arrête. Je devais à tout prix l’arrêter. J’avais la trouille pourtant. La trouille de vivre sans lui, de respirer sans lui. Je ne voulais pas qu’il parte, je ne voulais pas qu’il sorte de ma vie…cette simple idée me terrifiait. Mais la douleur, quand il était là, m’était insupportable.
Vas-t-en, s’il te plait…

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MessageSujet: Re: like a row of captured ghosts over old dead grass ▽ lys   like a row of captured ghosts over old dead grass ▽ lys EmptyVen 3 Avr 2020 - 13:13

Az laissa échapper un soupir, il pouvait lire à l'expression de la brune qu'elle non plus, elle n'était pas sûre d'avoir envie d'un contact physique en ce moment. Tu pouvais pas savoir. Il ouvrit la bouche pour protester, avant de se raviser, garder le silence. Au final, c'était pas ses émotions à lui qui comptaient, là maintenant, mais bien celles de son amie, de ce qui avait dû lui coûter énormément à dire. Fallait qu'il arrête de ne penser qu'à sa position, parce que c'était bien elle qui souffrait le plus de la situation. Ou même si ce n'était pas le cas, ce n'était en tout cas pas son tour de se morfondre sur le malaise que provoquaient ces révélations et sur toute la cascade de sentiments en chaîne qui en résultaient. Non, cette fois il allait mettre son égoïsme de côté. Alors il n'allait pas débattre avec elle de ce qui aurait dû ou ne pas dû être fait ou dit, là n'était pas la question et certainement pas maintenant. Le ton de Lys avait changé, d'un coup, et l'italien fronça les sourcils. Il laissait faire, sans broncher, il encaissait, mais il commençait doucement à craindre la suite. Et puis, quand elle lui fit part de son opinion, il tressaillit, recevant sa requête comme un choc électrique. Il avait bien compris, dès qu'elle lui avait livré tout ce qu'elle avait sur le cœur, que leur relation qui avait toujours été si fusionnelle et sans anicroche en prenait un coup. Qu'il faudrait du temps et de la réflexion. Mais il ne s'était pas attendu à ce qu'elle lui balance dans les minutes suivantes qu'ils devaient cesser de se voir. Oui, il avait besoin de réfléchir, il n'était pas certain des mots qu'il pourrait avancer maintenant, il avait besoin de recul et d'espace. Mais de là à ce que leur relation si soudée prenne cette direction... Il n'était pas prêt. Les traits de son visage le montraient bien, mais encore une fois il ne dit rien, se faisant violence pour ne pas contester. Si c'était ce qu'il fallait à Lys pour se sentir mieux, au moins un minimum, si c'était ce dont elle avait besoin, il ne protesterait pas. Il ferait tout ce qu'elle demandait, si ça pouvait l'aider. Comme toujours, il aurait fait n'importe quoi pour elle, même si cela signifiait souffrir en silence et la laisser prendre ses distances. Il pouvait bien le faire à son tour, après ce qu'elle avait enduré, gardant toutes ces émotions pour elle durant des mois. D'un côté, il se dit qu'il aurait préféré qu'elle continue à lui crier dessus. Cette décision froide, fatale, c'était bien pire. Il n'avait jamais été séparé de Lys, jamais volontairement. Ils avaient pu compter l'un sur l'autre en tous temps, en toutes situations. C'était la première fois qu'une prise de distance s'imposait. Mais elle avait bien le droit de lui imposer tout ce qu'elle voulait, à ce stade. Aussi dur que cela soit à accepter. Il ne voulait pas argumenter, la faire douter encore plus, et lui faire encore plus de mal au passage. Ses derniers mots lui brisèrent le cœur, et il baissa la tête. Putain, c'était dur. Vraiment dur. Inattendu et brusque, mais c'était souvent comme ça, les émotions n'attendaient rien ni personne, elles apparaissaient sans laisser de choix et elles pouvaient tout détruire sur leur passage, elles s'en moquaient. « T'es sûre... ? » souffla-t-il tout de même, aussi délicat que possible, tout en sachant très bien qu'il abusait, qu'il aurait simplement dû obtempérer sans pousser la chose plus loin, parce que ça ne faisait qu'empirer les choses, la douleur, surtout. Quelque part, il espérait qu'elle se ravise, qu'elle ait juste dit ça comme ça, par désespoir. Mais ce souhait était égoïste, encore une fois.
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MessageSujet: Re: like a row of captured ghosts over old dead grass ▽ lys   like a row of captured ghosts over old dead grass ▽ lys EmptyVen 3 Avr 2020 - 15:37

Les mots semblaient m’avoir brûler l’âme. Je n’aurais jamais cru être capable de les prononcer, pourtant je l’avais fait. Et ils avaient heurté Azriel de plein fouet. Je n’avais pas besoin de lever les yeux sur lui pour le savoir. Je le sentais. Je pouvais percevoir sa douleur de l’endroit où je me trouvais, goûter sa saveur aigre sur ma langue. Je regrettais mes mots, je les avais regretté à la minute où ils avaient franchi la barrière de mes lèvres, mais je ne pouvais pas les retirer. Ils étaient sorti, avait laisser leurs trace. C’était trop tard. T’es sûre ?. La tendresse que je perçus dans la voix de mon meilleur ami me perça le cœur à la manière d’un harpon. Ses crochets étaient désormais plantés bien trop profond en moi pour que je ne les retire sans tout déchirer dans le mouvement. Je levai les yeux sur lui, avec la trouille au ventre de rencontrer les siens, mais il ne me regardait pas. Pour lui aussi, c’était dur. Pour lui aussi c’était un crève-cœur. Il ne m’aimait peut-être pas de la manière dont moi je l’aimais mais le lien qui nous unissait depuis des années était fort, intense, et jusqu’ici indéfectible. Aujourd’hui il se s’effilait comme une corde trop usée par le soleil qui nous avait si souvent béni. J’avais été si heureuse dans ses bras, à ne jamais me poser la moindre question, heureuse de le voir sourire, heureuse de le regarder vivre sans frein. Ce bonheur était désormais relayé à un plan lointain, un souvenir que j’avais du mal à lâcher.
Non.
Je n’étais sûre de rien. Encore moins du fait que je ne souhaitais plus le voir dans ma vie. L’idée me donnait le tournis. J’aurais voulu trouver la force de courir vers lui, de le serrer contre moins pour effacer toute ce qui avait été dit. Tu ne peux pas continuer comme ça. À nouveau les mots de Beth dans ma tête. L’appel de la raison. Le bon sens. La solution la plus sage. Ca n’était pas moi. J’avais au contraire coutume de tout envoyer valser, les codes, les conventions, les attaches…mes ces choix-là m’avait mener à une détresse immense, un vide dans le cœur que rien ne pourrait plus combler. Non. Je n’étais sûre de rien. Mais je n’avais plus d’option.
M’obliges pas à le répéter, suppliai-je à demi-mots.
Je préférai devenir aveugle que de le voir s’éloigner. Je préférai qu’on me coupe la langue plutôt que d’avoir à le repousser une nouvelle fois. Qu’on me brûle la peau plutôt que ne jamais plus sentir ses caresses. Mais Dieu que je souhaitais qu’on me coupe les bras à cet instant pour m’empêcher d’aller l’étreindre.
Je t’en pris…
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MessageSujet: Re: like a row of captured ghosts over old dead grass ▽ lys   like a row of captured ghosts over old dead grass ▽ lys EmptyVen 3 Avr 2020 - 17:38


Il pouvait sentir la détresse émaner d'elle, et l'expression du brun ne reflétait que tristesse et déchirement. Il prenait conscience que désormais, il était la dernière personne à pouvoir lui remonter le moral. Cette réalité le percuta comme une biche se prend une voiture sur une nationale égarée, et il faisait de son mieux pour l'assimiler sans se concentrer sur sa propre douleur, mais bien sur celle de sa meilleure amie. L'était-elle seulement encore ? Il n'y avait jamais eu de mots sur leur relation, à leur plus grand bonheur à tous les deux, et c'était d'autant plus compliqué de prévoir la suite, les conséquences de cette conversation difficile et inattendue. Il ne voulait pas la perdre. Et quand elle le supplia, incapable de réitérer sa demande, il hocha lentement la tête, le visage sombre et fermé. Il ne voulait pas lui montrer sa propre souffrance, l'accabler avec ça, alors qu'elle avait bien assez avec la sienne. Mais il ne supportait pas l'idée de la laisser comme ça, en larmes, défaite, écorchée même peut-être. Il ne voulait pas la laisser seule dans cet appartement vide, comme on abandonne un animal blessé. Pourtant il savait que c'était la meilleure chose à faire, pour elle. Lys avait assez de ressources et de force intérieure que pour gérer par elle-même, pour se relever sans qu'on n'ait besoin de lui tenir la main. Mais lui, il voulait lui tenir la main, la prendre dans ses bras, s'excuser, encore, lui dire que tout allait bien aller, même si c'était faux, en tout cas pour l'instant. Il savait qu'en passant cette porte, elle n'irait pas mieux d'un coup de baguette magique dans les heures suivantes. Mais c'était ça, ou rester, et ça aurait été pire, que d'enfoncer encore plus profondément cette lame dans son âme, même involontairement. Il ne pouvait rien faire pour elle, peu importe à quel point il le voulait. Et il ne pouvait rien faire pour lui-même non plus, mais ça, c'était son problème. Ils allaient devoir tous les deux digérer toute cette situation. Qu'il ait besoin d'elle dans sa vie, cette personne qui était l'une des plus importantes au monde à ses yeux, ce rayon de soleil dans son existence depuis des années, n'entrait plus en ligne de compte à partir de maintenant. Il allait devoir mordre sur sa chique, elle aussi. Point. Az recula de quelques pas, aussi silencieusement que possible, comme s'il n'osait pas briser le silence lourd de peine qui habitait l'espace. Il alla récupérer ses affaires, les pensées en vrac, remettant son sac sur le dos. Il hésita quelques secondes, le regard posé sur son skate à ses pieds, sans vraiment le voir. Il aurait bien proposé à Lys d'appeler quelqu'un. Niels, ou Milo, ou n'importe quelle personne qui lui mettrait un peu de baume au cœur. Mais encore une fois, la jeune femme était de celles suffisamment indépendante et solide que pour prendre cette décision par elle-même, et il ne voulait en aucun cas la faire se sentir encore plus vulnérable en intervenant. Il n'osait plus rien faire, de peur de la froisser encore plus. La connaissant, elle devait déjà se fustiger mentalement, il n'était pas nécessaire qu'il en rajoute une couche. Il aurait voulu lui dire, qu'elle ne devait ni se sentir faible ou pathétique, ou peu importe les dévalorisations et les regrets qui lui traversaient l'esprit en ce moment. Mais mieux valait qu'il se taise, plutôt que d'avoir le culot de prendre une posture paternaliste, même si cela partait d'une bonne intention. Lys était une grande fille et l'italien lui faisait entièrement confiance pour savoir se reprendre elle-même, et en prendre conscience tout autant par elle-même. Alors tout ce qu'il pouvait effectivement faire, c'était obéir et la laisser tranquille. Même s'il avait l'impression que tant qu'il n'avait pas franchi cette porte, les choses ne changeaient pas encore officiellement, que tout était récupérable. Non, ça ne l'était pas, quelque chose venait de se briser et il fallait qu'il arrête de se faire des illusions. Il allait quitter cet appartement, rester ne changerait rien. Malgré ça, après une hésitation, il revint doucement vers Lys, toujours aussi silencieusement, se glissant dans son dos pour l'entourer délicatement de ses bras, juste un moment. Sans rien dire. Parce que ça ne servait à rien d'ajouter des paroles. Il la serra tendrement quelques secondes, déposa un bisou déchirant sur le sommet de son crâne, retrouvant un instant la douceur de ses cheveux. Puis il abandonna son étreinte, et quelques secondes plus tard, il avait passé la porte sans un bruit, disparaissant dans les escaliers, au même rythme que la force de leur lien s'effaçait doucement elle aussi.
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MessageSujet: Re: like a row of captured ghosts over old dead grass ▽ lys   like a row of captured ghosts over old dead grass ▽ lys EmptySam 4 Avr 2020 - 15:07

Je le regardais ranger ses affaires en serrant les dents, essayant autant que je le pouvais de retenir le nouveau flot de larmes qui menaçait de faire céder tous mes barrages. Le temps me parut long, si long. Les secondes semblaient des heures, le temps qu’il rassemble ses dessins et son matériel. Il évitait mon regard, et je l’imitais. La situation était bizarre, complètement inédite entre nous. Nous ne savions pas quoi nous dire, ni ce quoi faire pour apaiser l’autre. Cela ne nous était jamais arrivé, en huit ans. Jamais. Je le vis s’approcher de son skateboard et mon cœur se serra automatiquement. C’était maintenant. Il allait partir, comme je le lui avais demandé. Et me laisser toute seule. Je l’avais voulu, oui, mais c’était un déchirement. Une torture. Malgré tout, Az ne prit pas de suite la porte et se dirigea au contraire vers moi. Je me fermai aussitôt. Si j’ouvrais les vannes, j’avais peur de m’accrocher à lui et de le supplier de rester. Il m’entoura de son bras et posa ses lèvres sur mon front, je plissai les yeux au maximum pour m’éviter de pleurer encore, mais n'esquissai pas le moindre geste de tendresse. Je fis tout pour me rendre hermétique, du moins en surface. Le vide se fit en moi lorsqu’il se détacha et je dus me faire violence pour ne pas le retenir. J’entendis ses pas dans le couloir alors que je demeurais immobile, les poings serrés si fort que mes ongles s’enfonçaient dans mes paumes, au milieu de mon salon. If we are strong enough to let it in, we’re strong enought to let it go.. Et il est parti...

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