Behind every beautiful thing, there's some kind of pain. (Freja)

Enfin ! Enfin, Thaïs avait fini par s'endormir après plus d'une heure à pleurer, à s'en décrocher les poumons. Elle avait pourtant mangé, avait la couche propre, avait son doudou à ses côtés et sa maman aux petits soins.  Alors que se passait-il ? Evidemment, face à tout cela, Tahlia avait fini en pleurs, épuisée, déstabilisée, angoissée. Il était sûrement là le problème. L'anxiété de Tahlia était palpable et Thaïs la recevait pleinement. Quand sa fille était avec Carter, ce dernier lui assurait que tout se passait bien, qu'elle ne pleurait pas beaucoup, qu'elle prenait bien son lait et qu'elle dormait paisiblement. En même temps, ils étaient cinq à vivre sous le même toit. Bien sûr que c'était plus simple ! Tahlia, elle, n'arrivait plus à gérer tout ce qu'il fallait gérer : l'allaitement, les courses, le ménage... et la recherche d'un nouvel appartement qui apportait encore énormément de souci. Dans trois semaines, elle était à la rue. Dans trois semaines, elle n'aurait plus de toit à elle, à offrir à son bébé. Elle était décidément une mère pitoyable. Sur ces pensées-là, elle entendit que l'on tapait à la porte. La jeune femme fronça les sourcils et s'avança jusqu'à l'entrée où elle découvrit Freja. Tahlia l'avait invitée à venir boire le thé ou le café. Et si la brune semblait d'abord surprise – notamment parce qu'elle n'avait pas vu l'heure passer – ce fut vite un sourire qui vint illuminer son visage, malgré ses yeux rougis par toutes ces larmes versées. « Salut ! » Elle savait que Freja n'était pas dans son assiette, et c'était l'occasion pour elles de se retrouver et de parler de ce qui faisait tant de peine à son ex-colocataire. Elle l'invita à entrer et à s'installer à la petite table devant laquelle deux chaises étaient placées. « Désolée, j'avais prévu de faire des petits gâteaux, mais Thaïs en a décidé autrement. » dit-elle en regardant le petit lit où la demoiselle dormait à poings fermés. Elle reposa son regard sur son amie : « Qu'est-ce que tu veux boire ? » Les sujets sérieux viendront après.

Ces dernières semaines ont été particulièrement éprouvantes pour toi mais c’est sans conteste l’annonce de ta stérilité qui reste le plus terrible à tes yeux. Même l’incendie de ta maison ne peut pas concurrencer une telle nouvelle. Ne pas pouvoir être mère remet énormément de choses en questions, à commencer par ta place à Bowen. Tu as longtemps cherché un pied-à-terre pour pouvoir construire une vie digne de ce nom et fonder une famille dans un endroit serein et sûr. Et tu l’as trouvé en t’installant à Bowen mais aujourd’hui, en sachant que tu ne pourras jamais avoir une vie stable et heureuse comme tu l’as tant rêvé, tu ne penses qu’à une chose : faire le tour du monde. Partir et loin. Partir loin de cet endroit qui regorge de souvenirs dont tu voudrais te passer. Mais la vérité c’est que tu es incapable de quitter tes proches. Ces personnes qui sont devenues comme une famille, à tes yeux. Tahlia et Thaïs en font définitivement partie c’est pourquoi, quand ton ancienne colocataire te propose de venir boire un café ou un thé, chez elle, tu acceptes malgré toutes ces pensées négatives qui tournent en boucle dans ta tête. Et puis, voir Thaïs te remontera sûrement un peu le moral également. « Salut. » Dis-tu en fronçant les sourcils en voyant ses yeux rougis. « Quelque chose ne va pas ? » Demandes-tu, d’emblée, déjà inquiète à l’idée qu’il soit arrivé quelque chose. Tu suis Tahlia à l’intérieur de son studio, prenant place autour de la table avec elle. « Ne t’excuse pas, ce n’est pas grave. Et puis, je suis passée chez Imogen chercher quelques pâtisseries. » Dis-tu en souriant et en prenant la boîte en carton contenant les pâtisseries pour la tendre à l’Australienne. « Je veux bien un thé. Peu importe lequel. » Tu les aimes tous après tout.

Prise sur le fait, Tahlia n'avait pas eu le temps de jeter un coup d'oeil dans le miroir ou de se passer un peu d'eau sur le visage afin d'atténuer la rougeur de ses joues et de ses yeux. Elle devait donc avoir une tête d'enterrement puisqu'à peine après l'avoir saluée, Freja lui demanda s'il s'était passé quelque chose. Elle sentait l'inquiétude dans la voix de son amie. Et comme Tahlia l'avait invitée à boire le thé pour discuter et lui changer les idées, la brune s'empressa de dire « Hein ? Non, non, tout va bien. C'est juste que Thaïs vient à peine de s'endormir. » Et si elle insistait, Tahlia avait tout un tas d'arguments pour faire croire que tout allait bien. Elle était bonne pour se voiler la face et celle des autres. Elle invita Freja à entrer et s'excusa d'avancer pour les gâteaux qu'elle n'a pas pu faire. Ça allait être le tea time de pacotille. Mais Freja avait pensé à tout, amenant des pâtisseries de chez Imogen. « Oh mais il ne fallait pas ! J'essaye de faire attention avec le sucre, mais je ne peux pas dire non aux pâtisseries de Jake. » dit-elle en riant. Elle récupéra la boîte tendue par la jeune femme, ajoutant doucement : « Merci Freja. » Elle se tourna vers la petite cuisine, lui demandant ce qu'elle voulait boire. Un thé. « Je te prépare ça de suite. J'ai du thé noir aux fruits rouges. » L'un des rares thés que Tahlia pouvait boire, avec le thé à la menthe. Elle, elle était plus café sous toutes ses formes. Pas étonnant qu'elle soit une pile électrique. Elle mit l'eau à chauffer et disposa les pâtisseries dans un petit plat, qu'elle posa sur la table où se trouvait Freja. En attendant que l'eau se mette à chauffer, Tahlia s'installa à la table et posa son regard sur la jeune norvégienne : « Comment vas-tu ? » Elle ne savait pas ce qu'il se passait réellement, mais elle voyait, sur le visage de Freja, que cela l'affectait beaucoup.... et inquiétait Tahlia, par ailleurs.

Tu fronces davantage les sourcils encore, quand Tahlia insiste en disant que tout va bien, avant d'hocher doucement la tête. Ce n'est visiblement pas le moment pour creuser ou pour en parler, tout simplement. Tu y reviendras plus tard, pour l'heure, vous allez surtout profiter de ces pâtisseries que tu as ramenées de chez Imogen. Tu sais que ton ancienne colocataire les apprécie particulièrement par contre, tu ignorais qu'elle essayait de faire attention à sa consommation de sucre. « Oh... » Dis-tu d'abord en regardant la boîte contenant les pâtisseries. « Il faut bien se faire plaisir de temps en temps après tout. » Et à tes yeux, il n'y a rien de plus réconfortant que le sucre. Visiblement, Tahlia en a besoin même si elle tente de te faire croire le contraire. Tu souris quand elle te remercie et emporte les pâtisseries avec elle pour les mettre sur un plateau et vous préparer à boire. Tu tournes la tête quelques secondes vers le lit de Thaïs, n'osant pas t'approcher par peur de la réveiller. Néanmoins, tu espères qu'elle finira sa sieste avant que tu ne t'en ailles, histoire de profiter un peu de ta filleule. Cela te fera sûrement le plus grand bien. « C'est très bien, merci. » Réponds-tu à propos du thé noir que la jeune femme te propose. Quand Tahlia revient s'asseoir à tes côtés et te demande comment tu vas, tu vois à son regard qu'elle est inquiète. Tu n'aimes pas ça... tu n'as aucune envie de lui ajouter des tracas supplémentaires mais elle t'a bien fait comprendre qu'elle s'inquiéterait toujours pour ses proches, quoi qu'il arrive. Sur ce coup-là, tu la rejoins. Cela fait partie de vos innombrables points communs. « Boh... ça va. » C'est un petit ça va qui veut dire en réalité "ça ne va pas mais j'essaie de tenir le coup". « J'attends le rapport des pompiers pour savoir ce qui a causé l'incendie et suite à ça, on verra pour les travaux... En attendant, je suis de retour au 17 mais ça fait vraiment bizarre sans toi et sans Flo à présent. » Tu soupires légèrement, nostalgique des moments passés tous les quatre. Des moments privilégiés que tu n'oublieras probablement jamais.

Il faut bien se faire plaisir de temps en temps, disait-elle, ce à quoi Tahlia répondit, avec un sourire : « Mes kilos de grossesse approuvent pleinement ce que tu dis. » Un léger rire ponctua sa phrase alors qu'elle haussait les épaules. Tant pis si elle gardait encore son petit ventre – flasque – et ses formes de grossesse, cela avait été pour donner la vie. Mais ce n'était pas simple d'apprivoiser ce nouveau corps. Heureusement, il y avait le regard d'un certain italien qui l'aidait grandement dans cette démarche. Alors qu'elle préparait le thé et pendant que l'eau chauffait, Tahlia revint s'installer à la table. On vit à son regard que les derniers messages de Freja l'avaient inquiété et qu'elle comptait bien gratter un peu. Elle savait que l'incendie l'avait grandement affecté, mais elle se doutait qu'il n'y avait pas que cela. Elle ne fut donc pas convaincue face à son petit ça va et le regard de l'ex-policière le montra bien. Elles avaient la même façon d'agir, toutes les deux, dire que tout allait bien quand ça n'allait pas. « Freja... » souffla-t-elle avec douceur, afin de montrer qu'elle pouvait enlever son masque avec elle. Elle l'écouta parler de l'incendie et des travaux qui viendront après l'expertise. « Tu sais que tu peux compter sur moi quand tu pourras lancer les travaux. » Elle savait qu'il y allait avoir tout un boulot pour déblayer. Et il était important que Freja soit entourée à ce moment-là. Puis quand elle parla du 17, désormais sans Florian et sans Tahlia, la brune perçut la nostalgie dans ses mots. « ça doit faire vide, c'est vrai... mais tu es avec ton copain, et ça, c'est une bonne chose. » dit-elle afin de lui faire voir le positif. « Je compte bien vous rendre visite, de toute façon. » La bouilloire se mit à siffler, signe que l'eau bouillait. Et évidemment, ce sifflement fut suivi par les premiers pleurs de Thaïs, quand elle râlait après son réveil. « Oh non... » dit Tahlia, le regard se faisant tout à coup désespéré. Non, non, non. La jeune maman se releva et vit que la petite avait les yeux grands ouverts. La brune souffla un bon coup, afin de ne pas laisser ses émotions la miner et partit éteindre le gaz. « Est-ce que tu peux la prendre, s'il te plaît ? » demanda-t-elle à Freja, le temps de faire le thé. C'était l'occasion pour la marraine de s'occuper de se filleule et de... faire souffler Tahlia par la même occasion. Même si elle ne savait pas encore à quel point le rapport de Freja avec les bébés allait être totalement différent, à présent...

« Tes kilos de grossesse ? » Demandes-tu en fronçant les sourcils et en la détaillant des yeux. « Faut me dire où ils sont, j’les vois pas et tu es magnifique. » Tahlia a toujours été, à tes yeux, une femme avec énormément de charme et de charisme. Quand elle entre dans une pièce, on ne peut pas la manquer, c’est impossible. Tu lui as souvent envié ce charisme, cette faculté d’attirer le regard même si, à ce niveau-là, tu ne peux pas vraiment te plaindre. Mais tu as toujours mis l’Australienne sur un piédestal parce qu’elle le mérite et représente la femme idéale à tes yeux. Aujourd’hui, être maman, ne fait que renforcer cette image de femme aux mille-et-une qualités. Alors que tu affirmes à Tahlia que ça va, elle n’est pas dupe et te fait rapidement comprendre que tu n’as pas besoin de te cacher avec elle. Que tu peux lui dire quand ça ne va pas, que tu as le droit d’être vulnérable. « C’est moi… » Réponds-tu innocemment, un petit sourire au coin des lèvres. « Oui je le sais, merci d’ailleurs. J’crois que je vais avoir besoin de pas mal de bras. » Mais tu sais que tu peux compter sur tes amis pour ça. Tu as l’énorme chance d’avoir un entourage bienveillant et présent pour toi, à chaque moment de ta vie. Tu en es reconnaissante chaque jour. « Oui, c’est sûr… C’est presque comme si on vivait ensemble maintenant, en tant que couple, ça fait bizarre. » Peut-être parce que le 17 a toujours été rattaché à la colocation et que l’appartement a toujours été plein de vie, plein de bruits et d’énergie. Cet aspect te manque beaucoup maintenant que tu es de retour au 17. Tout comme tes anciens colocataires d’ailleurs. « Tu viens quand tu veux, tu le sais ? » Soulignes-tu en souriant à la brune. Mais alors que la bouilloire pour le thé se met à siffler, Thaïs se fait entendre ce qui sème la panique dans le regard de ton amie. Tu fronces les sourcils en lisant le désespoir dans ses yeux, comprenant qu’elle est sans doute à bout de nerfs et fatiguée. Alors évidemment, quand elle te demande si tu peux t’occuper de Thaïs, tu te lèves sans tarder et t’avances vers le berceau, un large sourire aux lèvres. « Coucou toi. Comment va le plus beau bébé du monde ? » Dis-tu en prenant une petite voix ridicule comme la plupart des gens lorsqu’ils s’adressent aux bébés. Tu la prends avec douceur pour la sortir de son berceau puis reviens vers la cuisine, berçant Thaïs dans tes bras. « Elle a encore changé… Mais elle reste à croquer, mon dieu, ce qu’elle est belle. » Dis-tu avant d’ajouter, innocemment : « Ca se passe bien, toutes les deux ? Elle ne se réveille pas trop souvent la nuit ? »

"Arrête, ces compliments vont me faire rougir." dit-elle en riant. "Mais je t'assure qu'ils sont là. On ne les voit pas parce que je les cache." Depuis son accouchement, Tahlia avait tendance à mettre des hauts plus larges, mais elle savait qu'il était là, ce petit ventre à remuscler. Elle le voyait tous les jours en se douchant, en s'habillant. Et même si elle se disait que c'était les kilos de l'amour, elle avait du mal à se réapproprier son corps. Si tant est qu'elle se l'est déjà approprié... Mais les kilos de Tahlia n'étaient pas le sujet principal. La brune savait que son amie n'avait pas le moral au plus haut. Il y avait l'incendie, certes, mais elle savait aussi qu'il y avait autre chose. Autre chose qui inquiétait encore plus Tahlia. Quand Freja répondit par un petit ça va, elle eut le droit au regard réprobateur de Tahlia, qui souffla son prénom. Le C'est moi de la norvégienne lui arracha un sourire, mais de nouveau, elle murmura "Freja..." insistante. Freja savait que Tahlia était là, peu importe le sujet, peu importe ce qu'il fallait faire. Elle lui rappela d'ailleurs sa présence, quand les travaux dans la maison pourront reprendre. "Tu seras bien entourée, ne t'en fais pas." ajouta-t-elle, avec douceur. Elle avait du monde autour d'elle, Freja. Et heureusement. Quand cette dernière parla du 17, Tahlia esquissa un sourire nostalgique. Evidemment que cela lui manquait. Et cela devait être d'autant plus étrange pour Freja, qui vivait désormais avec celui qui était devenu son petit ami. Elle regarda son amie avec un sourire, se faisant presque malicieuse quand elle ajouta : "Peut-être que vous allez y prendre goût, à cette vie en couple..." Elle finit par hocher la tête quand Freja lui fit comprendre qu'elle pouvait venir quand elle voulait au 17. Elle le savait bien. Mais elle n'eut pas vraiment le temps d'y répondre, puisque la bouilloire se mit à siffler, réveillant Thaïs. Tahlia sentit une vague d'angoisse la submerger. Heureusement qu'elle pouvait compter sur Freja, qui s'empressa de se lever pour aller chercher le nourrisson. A peine fut-elle dans les bras de Freja que Thaïs se calma aussitôt. D'ordinaire, Tahlia aurait sûrement eu le droit à la crise. Et elle aurait sûrement eu du mal à calmer les pleurs de sa fille. Quand Freja revint vers elle, Tahlia lui lança un regard quand elle affirma que Thaïs avait changé. "Comme je la vois tous les jours, je ne m'en rends pas vraiment compte. Mais je trouve qu'elle ressemble de plus en plus à Carter. Elle a les mêmes mimiques, c'est dingue." dit-elle avec un léger sourire, haussant les épaules. Terminant de préparer le thé, elle releva la tête vers Freja quand elle lui demanda si justement, cela se passait bien entre Tahlia et Thaïs. La panique s'afficha sur le visage de l'ex-policière, qui se demanda si cela se voyait tant qu'elle était débordée. "Hein ?! Euh... oui, ça se passe bien." dit-elle, d'abord. Mais quand elle posa sa deuxième question, Tahlia abdiqua et secoua la tête. "Elle n'arrête pas de se réveiller la nuit. Et c'est pareil, la journée. Elle fait des micro-siestes et après, elle pleure pendant des heures et des heures." Tahlia posa les deux tasses sur la table et s'installa sur la chaise. "Entre ça et l'allaitement, ça commence à devenir difficile. Je pensais pouvoir gérer seule, mais je crois que je me suis trompée sur toute la ligne..."

Les cacher ? Tu fronces les sourcils, l'air sérieux avant de rétorquer : « Tu n'as pas besoin de les cacher, Tahl'. Ils sont beaux ces petits kilos en plus parce qu'ils ont porté la vie. » Tu te doutes bien que dans l'esprit de la jeune femme les choses ne sont pas aussi simples mais c'est pourtant vrai. Alors que Tahlia insiste, nommant ton prénom une seconde fois, tu soupires, résignée. Par où commencer ? Tu as l'impression que tout déballer serait plus facile mais en même temps, tu n'as pas envie d'embêter l'Australienne avec tes soucis alors qu'elle semble en avoir en suffisance pour le moment. Néanmoins, tu sais qu'à sa place tu voudrais qu'elle se confie afin de pouvoir l'aider au maximum. « Euhm... je suppose que tu es au courant pour l'IST que Concho a eue ? » C'est un sujet plutôt délicat quand on sait que la relation entre Concho et Tahlia a posé problème par le passé. Mais tu es bien obligée de passer par-là si tu veux aborder ta stérilité. Et puis, ça te permet de ne pas en venir aux faits directement, d'éviter encore un peu ce sujet que tu as du mal à digérer, à encaisser. « Peut-être... Ca fait bizarre de vivre avec Concho en le voyant autrement. J'sais pas vraiment comment te l'expliquer mais c'est différent. Pas en mal, j'te rassure. » Réponds-tu avec un léger sourire au coin des lèvres. On peut dire que les choses se passent bien entre vous compte tenu de la situation et de ton moral qui passe de haut en bas sans arrêts. Par chance, Concho est vraiment compréhensif et présent. Alors que tu affirmes à Tahlia qu'elle est la bienvenue au 17, Thaïs choisit ce moment pour se réveiller ce qui provoque immédiatement la panique chez ton amie. Tu fronces légèrement les sourcils mais n'hésites pas une seule seconde avant de prendre ta filleule à bras et de t'exclamer devant sa beauté. « Je ne connais pas assez Carter pour le dire mais je trouve qu'elle a la même expression dans son regard que toi. » Tu ne sais pas l'expliquer mais tu perçois quelque chose de Tahlia quand Thaïs te regarde. Ayant vu l'air paniqué de l'Australienne quand sa fille s'est réveillée, tu ne peux pas faire autrement que d'amener le sujet sur le tapis en mettant tout en oeuvre pour la faire parler. Tu sais que Tahlia ne veut jamais embêter les autres avec ses tracas mais en tant qu'amie, tu es là pour ça aussi. Et même si au début elle évite le sujet, finalement, elle en vient enfin aux faits. « Elle n'a pas de problèmes de digestion ? Ou des reflux ? J'y connais pas grand chose mais si elle pleure beaucoup, c'est peut-être simplement à cause d'un petit détail qu'on ne comprend pas... Si seulement les bébés pouvaient parler. » Dis-tu avec un faible sourire, compatissante. « C'est déjà super ce que tu accomplis toute seule, Tahl'. Mais tu n'as pas à être gênée de demander de l'aide, c'est humain et ça ne fait pas de toi une mauvaise mère pour autant. » Tu tentes de la rassurer car tu connais Tahlia et tu sais que c'est exactement ce qu'elle doit se dire dans sa tête.

Oui, au fond, Tahlia tolérait ces petits kilos parce qu'ils avaient mis sur son chemin la personne qu'elle aimait le plus au monde. Mais en contrepartie, l'amour de la brune pour son corps était réputé pour être quasi inexistant. Elle l'avait détesté et martyrisé, suite à sa relation avec Elias, et même si quelques hommes avaient réussi à lui faire prendre plus de confiance, au travers de leurs mots et de leurs regards, elle avait encore beaucoup de chemin à faire pour s'assumer. Alors, elle se contenta simplement d'adresser un léger sourire à Freja, sachant que la norvégienne n'avait pas la même vision qu'elle. Et puis, elles avaient bien plus important à traiter, notamment les problèmes de Freja, qui ne pouvaient passer inaperçus aux yeux de Tahlia. Alors, quand son amie lui demanda pour l'IST de Concho, le visage de Tahlia se décomposa quelque peu. "Oui, je suis au courant." Et pour cause, elle aussi avait dû passer des tests ! Mais inutile de revenir sur ce sujet délicat. "Pourquoi tu dis ça ? Tu l'as eu, toi aussi ?" demanda-t-elle, inquiète. Cela se traitait facilement, mais Tahlia savait aussi qu'il y avait des effets bien plus graves. Elle s'était renseignée à ce sujet, notamment pour Thaïs, puisque l'aventure avec Concho avait eu lieu à l'époque où Tahlia avait fait son déni de grossesse. Alors, évidemment, elle craignait que Freja ait eu quelques répercussions plus fâcheuses.  En tout cas, IST ou pas, cela ne semblait pas avoir affecter la relation entre ses deux ex-colocataires. Tahlia afficha un sourire attendri quand Freja affirma que c'était désormais différent de vivre avec celui qui était devenu son petit ami. "Je suis tellement contente pour vous deux." souffla-t-elle, avec joie. Ils méritaient d'être heureux. Tous les deux. Mais très vite, Thaïs décida de mettre son grain de sel, provoquant directement l'anxiété chez Tahlia. Heureusement, Freja décida de s'occuper de la petite, complètement sous le charme de celle qui était sa filleule. L'ex-policière esquissa un sourire quand son amie évoqua la ressemblance de Thaïs avec sa mère, alors que Tahlia trouvait qu'elle ressemblait de plus en plus à Carter. Carter, que Freja ne connaissait pas tant que cela, finalement. Cela lui donnait presque l'impression qu'elle avait fait un bébé avec un inconnu... Mais Freja finit par dire que tout se jouait dans le regard de Thaïs. "Ah oui ? Au moins, elle aura le regard expressif !" dit-elle en riant. Tahlia savait rester évasive sur ses émotions, mais souvent, son regard la trahissait. Et c'était cela qui l'avait trahie quand Thaïs s'était réveillée.Freja avait très vite compris que tout ne se passait pas comme prévu pour la jeune maman et sa fille. Et après avoir tenté de garder tout cela pour elle, Tahlia finit par évoquer ses problèmes. Des problèmes qui lui minaient le moral, parce qu'avec tous ces pleurs, Tahlia craignait de ne pas être à la hauteur pour sa fille. Finalement, ce n'était peut-être que des problèmes de digestion, comme le disait Freja. "Je ne sais pas. J'ai rendez-vous avec le pédiatre, la semaine prochaine. J'en saurai peut-être plus. Lui au moins, il parle peut-être mieux le bébé." Il était là, le problème. La brune avait l'impression de ne pas comprendre sa fille. Pire encore, elle se sentait dépassée et nulle dans son nouveau rôle. Elle eut l'impression que Freja avait lu dans ses pensées puisque, très vite, cette dernière la rassura en lui rappelant qu'elle accomplissait déjà beaucoup de chose. Qu'elle n'était pas une mauvaise mère. De nouveau, les larmes lui montèrent aux yeux, alors qu'elle répondit, avec un sourire triste : "C'est compliqué de demander de l'aide. Je ne veux pas que les autres pâtissent de mes choix. Je ne veux pas être un boulet." Sa phrase se termina dans un murmure presque honteux. Ce bébé, il était arrivé par surprise. Et c'était à elle de gérer. Pas aux autres. "Ne fais jamais de bébé toute seule. Conseil d'amie.'" dit-elle, pensant alléger l'atmosphère. Mais ce qu'elle ne savait pas encore, Tahlia, c'était qu'elle venait d'appuyer là où ça faisait mal pour Freja...

Pourquoi tu dis ça ? Tu l’as eu, toi aussi ? Si seulement la question pouvait être aussi simple. Un simple non aurait fait l’affaire. Mais tu ne te vois pas mentir à Tahlia et encore moins sur un sujet aussi important. Mais tu ne peux pas vraiment lui dire que tu as chopé cette putain d’infection sans apporter de précisions. « Oui, malheureusement. Mais contrairement à Concho, je ne m’en sors pas aussi bien. J’ai eu quelques effets secondaires. » Dont un qui a clairement anéanti ta vie. Mais c’est déjà trop pour toi alors tu préfères t’arrêter là, le sujet étant encore trop difficile à aborder. Tu espères que la jeune femme verra la détresse dans ton regard et n’insistera pas trop. Pas pour l’instant, du moins. Peut-être que tu si tu lui donnes des éléments petit à petit, par petits bouts, ce sera plus simple de lui expliquer le plus gros échec de ta vie. Heureusement, cet épisode n’a pas complètement gâché ta relation avec Concho. Même si tu sais qu’il culpabilise beaucoup, encore aujourd’hui d’ailleurs, vous avez réussi à passer au-dessus de cette épreuve. Enfin, votre couple a réussi à passer au-delà de cette épreuve mais en ce qui te concerne, c’est une autre histoire. Tu ne sais pas si un jour tu seras capable d’accepter cette nouvelle. Ou encore de vivre avec. Quand Tahlia affirme qu’elle est contente pour vous deux, tu lui offres un sourire pour toute réponse, toi aussi, tu es heureuse que les choses fonctionnent entre vous. Parce que l’Australien est clairement devenu ton pilier, ton repère. « Oui ! Le regard c’est important et si elle a hérité du tien, crois-moi, elle mènera les hommes – ou les femmes – à la baguette. » Plaisantes-tu en souriant plus largement. Il est vrai que le regard de Tahlia est très profond, très expressif. Et c’est ce qui fait son charme. Mais elle n’est pas vraiment du genre à mener les hommes à la baguette. Bien sûr, elle a son caractère bien à elle, bien trempé, mais elle reste une sentimentale dans l’âme. Un peu comme toi, même si vous ne le montrez pas forcément. Ou du moins, pas à n’importe qui. Alors que Thaïs décide de vous interrompre, sentant peut-être que vous parlez d’elle, tu lis la panique dans le regard de l’Australienne et il ne t’en faut pas plus pour prendre sa fille à bras et t’en occuper. Tu vois immédiatement une once de soulagement dans le regard de Tahlia ce qui t’arrache un froncement de sourcils. Très vite, tu comprends que ton amie est épuisée et que sa fille ne lui facilite pas la tâche. « Oui, ils ont cette chance, contrairement à nous. » Dis-tu en soupirant légèrement. « Carter t’accompagne ou tu veux que je vienne avec toi ? » Tu serais ravie de pouvoir aider la jeune femme et une paire d’oreilles en plus pour retenir toutes les informations données par le pédiatre ne sera probablement pas de refus. « Tu n’es pas un boulet Tahl’. Et s’occuper de Thaïs ne m’embêtera jamais, au contraire ! C’est normal d’avoir besoin de quelques moments pour souffler et c’est pour ça, d’ailleurs, qu’on choisit un parrain et/ou une marraine. » Affirmes-tu avec plus de légèreté, un sourire aux lèvres. Malheureusement, ton sourire s’efface bien vite quand Tahlia te conseille de ne jamais avoir un bébé toute seule. Si seulement tu pouvais avoir un bébé, tout court tu t’en ficherais bien de l’élever seule. Tu ravales ta salive difficilement avant de répondre, un peu plus froidement que tu le voudrais : « Je ne ferai jamais de bébé tout court… » Tu ne t’étales pas davantage sur le sujet bien que tu sais d’avance que Tahlia ne voudra pas rester dans le flou plus longtemps.

"Oh non..." souffla-t-elle en apprenant que Freja avait eu l'IST et qu'elle ne s'en sortait pas aussi bien que Concho. Quelques effets secondaires ? Tahlia ouvrit la bouche, prête à demander quels étaient ces effets secondaires, mais le regard de Freja l'en dissuada. Elle connaissait suffisamment la norvégienne pour se rendre compte à quel point ce sujet la blessait. Il y avait toute une détresse dans les yeux de la jeune femme, ce qui coupa toute curiosité malvenue de la part de Tahlia. Freja savait mieux que quiconque qu'elle pouvait compter sur Tahlia, que peu importait l'heure, le lieu, elle pourrait trouver la brune si elle avait besoin de parler. Le sujet se fit plus léger quand son ex-colocataire parla de sa relation avec Concho. Le sourire était revenu sur son visage, ce qui atténua un peu la gêne de Tahlia qui craignait d'avoir fait une bourde, tout à l'heure. Thaïs choisit ensuite ce moment-là pour se réveiller, bien vite récupérée par Freja. Ce qui permit à Tahlia de souffler, elle qui avait senti l'anxiété grimper en flèche alors que la petite s'était éveillée. Elle esquissa toutefois un sourire attendri quand Freja lui confia que Thaïs avait son regard, avant de rire quand elle parla de mener les hommes et femmes à la baguette. "J'espère qu'elle saura user de son regard bien mieux que moi. On ne peut pas dire que je mène qui que ce soit à la baguette... C'est même plutôt le contraire." avoua-t-elle. Oui, c'était plutôt elle qui était menée à la baguette, malmenée par son coeur bien trop fragile, ces derniers temps. Elle avait toujours dit que les sentiments, ça craignait ! Et elle n'avait pas tord. Se prendre la tête pour des hommes, ce n'était pas elle... Mais malgré ce petit intermède léger, Freja revint rapidement sur le sujet Tahlia/Thaïs, tentant de faire parler la jeune maman, ce qu'elle réussit haut la main. Oui, elle galérait, Tahlia. Oui, elle ne comprenait pas sa fille. Heureusement, la visite chez le pédiatre arrangerait peut-être le tout. Elle l'espérait sincèrement, du moins. "Je crois que Carter a un coaching à cette heure-ci. Si tu veux venir, ce sera avec plaisir." C'était aussi l'occasion de l'impliquer davantage dans la vie de sa filleule. Mais de là à la laisser pour qu'elle prenne un peu de repos, c'était encore une autre histoire. Ce n'était pas un manque de confiance envers son entourage. C'était juste la sensation d'en faire trop, de gêner. Pourtant, Freja assura sa place, en lui rappelant qu'une marraine, qu'un parrain, c'était aussi un soutien pour les parents. Et de ce côté-là, Tahlia avait énormément de chance d'avoir Freja et Jake. "Je vais te la laisser une journée. On verra si tu diras la même chose." dit-elle, tentant d'être taquine. Et continuant sur la lancée - et même si c'était une vérité - elle lui lâcha de ne jamais faire de bébé toute seule. La réaction de Freja l'étonna au plus haut point, tout comme la froideur dans sa voix quand elle lui lâcha qu'elle ne ferait pas de bébé tout court. Arquant un sourcil, elle répondit aussitôt : "Qu'est-ce qui te fait dire ça ? " Tahlia savait qu'elle allait avoir des difficultés pour avoir un bébé - Freja l'avait déjà dit - mais pour elle, c'était encore un rêve tout à fait possible...

Tu es à la fois reconnaissante et soulagée que Tahlia ne t'en demande pas plus pour l'instant. Chaque rappel, chaque détail qui te ramène à cette fameuse infection est un peu plus douloureux à chaque fois. Plus le temps passe et plus tu te dis que tu ne parviendras pas à surmonter cette nouvelle épreuve. Te priver de ton plus grand rêve est le pire des obstacles que tu aies pu rencontrer durant toute ta vie. Même les coups de ton père semblent futiles à côté. La douleur est vive et surtout constante. Car même si tu tentes de te changer les idées en sortant, en bougeant, en faisant du sport, ta stérilité reste toujours dans un petit coin de ta tête. Mais ne désirant pas ennuyer l'Australienne avec tes problèmes - puisqu'elle en a déjà bien assez - tu changes de sujet, mêlant l'humour à la discussion. « Ah bon ? Qui est-ce qui te mène à la baguette ? » Demandes-tu, le regard curieux. Cela fait un petit moment que vous n'avez plus vraiment discuté de la vie amoureuse de Tahlia. Il faut dire que Thaïs prend une grande place dans vos conversations et qu'à côté de ça, vous avez eu des vies bien mouvementées dernièrement. Pour la brune, la naissance d'un enfant est bien assez pour chambouler un quotidien. Et de ton côté, ce sont les obstacles qui se sont enchainés qui t'ont rendue bien occupée. A commencer par l'incendie de ta maison. Néanmoins, cela ne t'empêche pas d'avoir du temps pour ton amie et sa fille. C'est pour cette raison que tu proposes de l'accompagner chez le pédiatre, si bien sûr, Carter ne peut pas s'y rendre. Car c'est avant tout sa place plutôt que la tienne. Malgré tout, pour une fois, la chance semble être de ton côté. « J'adorerais. Alors, tu peux compter sur moi. » Affirmes-tu en souriant largement. Tu n'auras peut-être jamais la chance de vivre ces moments-là, en tant que mère, alors autant les vivre autrement aux côtés de Tahlia. « Je serai probablement exténuée à la fin de la journée mais je serai heureuse d'avoir passé une journée en tête à tête avec Thaïs. Et si ça peut te soulager un peu, c'est un plus... » Dis-tu pour que ton amie comprenne que tu ne minimises pas du tout son rôle de maman et son implication dans celui-ci. Tu ne doutes pas une seule seconde qu'élever un enfant doit être réellement compliqué et encore plus quand on vit seule, comme Tahlia. Malheureusement, de ton côté, tu n'auras jamais la chance de découvrir ce que c'est et à quel point une naissance peut chambouler une vie. Même si tu aurais préféré éviter le sujet toute ta vie, tu es bien obligée d'expliquer à ton amie ce qu'il se passe et ce que tu es en train de vivre. « A cause des effets secondaires dont je te parlais tout à l'heure... Cette IST a réduit à néant toutes mes chances d'être maman un jour. Je suis stérile, Tahl'. » Réponds-tu difficilement, en baissant les yeux vers Thaïs qui semble bien se plaire dans tes bras.

Tahlia ne disait rien mais son regard, lui, en disait long. La douleur de Freja était palpable et cela minait énormément la jeune femme, qui se faisait beaucoup de souci pour celle qui était l'une de ses plus proches amies. Toutefois, elle n'ajouta rien. Pour l'instant. Quand Tahlia avait une idée dans la tête, elle ne l'avait pas ailleurs, et elle était bien décidée à savoir ce qui faisait tant de mal à Freja. Mais pour l'instant, la conversation dévia sur un sujet plus léger - et encore ! - sur cette personne qui arrivait à mener Tahlia à la baguette. La brune lâcha un soupir alors qu'elle répondit, gênée : "Ne me juge pas, s'il te plaît..." Elle dévia un instant le regard avant de reprendre : "C'est Ciàran. Dès qu'il est dans les parages, il me rend dingue." L'italien ne faisait rien de particulier, pourtant. Mais quand elle était à ses côtés, elle sentait qu'il n'y avait plus aucune trace de raison en elle. Et le fait de ne pas savoir ce qu'il voulait d'elle, ce qu'ils voulaient pour eux deux, ça la rendait folle. Elle avait autant envie de lui sauter à la gorge - notamment quand il déviait les conversations sérieuses - que de lui sauter dans les bras, quand il la regardait. Mais pourquoi Tahlia se sentait si mal-à-l'aise à l'idée de parler de lui ? "Je sais que tu dois mal voir tout ça, par rapport à Harmonie. Mais je t'assure, Freja, cet homme, il n'est pas comme les autres..." Elle ne voulait pas le mettre dans la même lignée que les histoires d'un soir. Il faisait partie des rares hommes qui comptaient pour Tahlia. "... et à côté, je ne sais pas comment me situer par rapport à Carter." Elle releva la tête vers son amie et esquissa un sourire dépité. Elle était juste larguée. Mais tout ça, c'était futile par rapport à ce qu'il se passait dans la vie de Freja. Elle, elle avait la vie amoureuse comblée, mais à côté, elle enchaînait les galères. Regardant Thaïs dans les bras de sa marraine et alors qu'elles parlaient du futur rendez-vous chez le pédiatre, Tahlia lui demanda si elle voulait les accompagner. Ce qui sembla réjouir Freja. Mieux encore, elle était prête à affronter toute la fatigue possible, les cris, les pleurs pour une journée en tête-à-tête avec Thaïs. "Adjugé vendu, je te laisse la terreur." dit-elle en jetant ensuite un regard affectueux sur sa petite terreur. Toutefois, toutes ces paroles, elle les remit en question quand Freja balança une bombe. LA bombe. Elle était stérile. Tahlia la regarda avec de grands yeux surpris. "Oh non... Freja..." murmura-t-elle. Sans un mot de plus, elle se redressa et s'approcha de la brune pour l'étreindre du mieux possible alors que Thaïs était dans les bras de sa marraine. C'était rare qu'elle ait ce genre d'élan d'affection, Tahlia, mais à cet instant, elle voulait apporter un peu de réconfort. Parce qu'elle savait qu'avoir un enfant, c'était le rêve de Freja. Et ça lui brisait le coeur, encore plus en sachant qu'elle, elle avait eu un enfant de manière inattendue. "Tu as passé des examens ? C'est formel ?" Elle avait encore l'espoir. Il y avait toujours des erreurs médicales. "Et... et avec Concho, comment ça se passe ?" Son ex-colocataire devait se sentir tellement coupable...

Tu es quelqu'un d'assez ouvert d'esprit, capable de tout entendre et de dialoguer dans le plus grand des respects. Mais parfois, l'envie de protéger tes proches à tout prix peut prendre le dessus. Et en entendant le prénom Ciàran, tu es obligée de tiquer bien malgré toi. Loin de toi l'envie de faire culpabiliser Tahlia ou que sais-je encore mais tu sais que ce mec finira forcément par la faire souffrir comme il l'a fait avec Harmonie. « Oh, Tahl'... » Murmures-tu dans un premier temps, laissant la brune s'expliquer. « Je veux bien te croire quand tu dis qu'il n'est pas comme les autres mais après tout ce que j'ai entendu sur lui, j'ai du mal à penser que ce soit quelqu'un de bien. Il a joué sur deux tableaux avec Harmonie et toi et ça ne me plaît pas. Je ne veux juste pas qu'il te rende malheureuse. » Même s'il est spécial à ses yeux et qu'il la rend dingue, tu es persuadée qu'il finira par la décevoir comme ça a été le cas avec ta meilleure amie. « Comment ça ? Tu ressens encore quelque chose pour Carter ? Enfin, si on met de côté le fait que c'est le père de Thaïs. » Demandes-tu en fronçant tout légèrement les sourcils. Peut-être qu'elle gardera toujours une part de sentiments pour Carter ou peut-être a-t-elle envie de réessayer quelque chose avec lui ? Tu ne sais pas vraiment où Tahlia se situe et visiblement, elle non plus. Laissant les hommes de côté pour l'instant, tu proposes à l'Australienne de garder sa fille au moins le temps d'une journée pour qu'elle puisse se reposer et souffler. Tu as l'impression que c'est nécessaire et surtout que ça lui fera un bien fou pour pouvoir repartir en meilleure forme. Tu imagines bien qu'elle doit tolérer moins de choses en étant complètement crevée. Cette petite aparté positive s'efface bien vite au profit d'une discussion bien moins réjouissante : ta stérilité. Au moment où Tahlia s'avance vers toi pour te serrer comme elle peut dans ses bras, tu te sens réellement reconnaissante d'avoir une amie comme elle à tes côtés. Tu es obligée de te retenir pour ne pas pleurer parce que tu n'as aucune envie d'amener de la négativité autour de Thaïs. Une fois cette étreinte terminée, tu lui offres un sourire reconnaissant avant de lui en dire un peu plus. « Oui, j'ai fait tous les tests possibles et imaginables. C'est définitif. » Affirmes-tu non sans difficultés. « Il s'en veut beaucoup... Moi je n'arrive même pas à lui en vouloir. Quelque part, je me persuade que c'est de ma faute. J'ai déjà perdu un bébé, il doit y avoir quelque chose qui cloche chez moi. » Quelque chose qui fait que tu n'auras jamais ce rôle de maman dont tu rêves tant. « Mais, même si notre couple va bien malgré tout, je n'arrive plus à être à cent pour cent avec lui. Et pas seulement avec lui, c'est la même chose dans mon travail... Une part de moi s'est comme... envolée. » Expliques-tu de manière un peu floue.

Pas manqué. Elle voyait bien que Freja avait tiqué dès que Tahlia avait prononcé le prénom de Ciàran. Et pour cause, la norvégienne avait entendu parler du bel italien, notamment par le biais d'Harmonie, qui avait souffert du dérapage entre Ciàran et Tahlia. Et aujourd'hui, c'était Tahlia qui entendait désormais l'avis de Freja sur cet homme qui avait fait des ravages chez les deux cousines. C'était vrai, Ciàran avait joué sur deux tableaux. Cela causa un pincement au coeur de Tahlia. "Je sais, je sais pertinemment qu'il a joué sur les deux tableaux. Mais même en sachant ça, je n'ai pas réussi à m'éloigner de lui. Je lui ai donné toutes les cartes en main pour me rendre malheureuse." Elle savait que cela arrivera un jour ou l'autre. A force de ne pas mettre de mots sur ce qu'ils vivaient, Tahlia s'était mise en tête qu'elle n'était qu'un jeu pour l'italien, un passe-temps ou tout simplement, une solution de remplacement maintenant que Harmonie était partie à Townsville. Mais malgré cela, elle restait. Elle continuait de se jeter dans la gueule du loup. En dépit de Carter et de leur histoire. Quand Freja l'interrogea à ce sujet, elle souffla : "Je ressentirai toujours quelque chose pour lui. C'est avec lui que j'ai eu un enfant. Il a été l'un de mes plus proches amis et j'ai besoin de lui, j'ai besoin de sa présence, qu'il fasse partie de ma vie. Quand je le vois près de moi, je me dis que j'ai été conne de mettre fin à une belle histoire, stable, pure... pour de la passion. Et quand je vois Ciàran, je déraille totalement. Il y a quelque chose de grisant en lui, presque dangereux. Je ne peux pas me reposer sur mes acquis avec lui. Il peut me pousser dans mes retranchements. Il exacerbe toutes mes émotions. Il me rend folle de lui et folle, tout court. Et je ne sais plus quoi faire." Tant qu'il était dans les parages, elle ne pourrait se résoudre à détourner son regard de lui. Elle le voulait. "Les sentiments, c'est de la merde..." conclut-elle, avec un léger sourire. Elle n'allait certainement ne pas avoir de solution à tout cela, mais c'était bon d'avoir mis des mots dessus. Mais très vite, le sujet des hommes fut mis de côté. Et pour cause, Freja avait une bombe à lâcher. Sa stérilité. Désarmée face à une telle nouvelle, Tahlia n'arrivait pas à trouver les mots. Alors, elle s'empressa de prendre la jeune femme dans ses bras, afin de lui apporter du soutien. Même si Tahlia savait qu'elle ne pourrait jamais apaiser sa douleur. Et dire qu'elle se plaignait des pleurs de Thaïs, quelques minutes auparavant. Elle était stupide ! Tahlia poussa la chaise de façon à s'installer auprès de Freja, gardant une main sur le bras de son amie. La jeune norvégienne lui donna alors plus de détails, lui confirmant que c'était bien définitif. Qu'elle avait fait toute une batterie de tests qui menait au même résultat. Et alors qu'elle parla de Concho, de cette culpabilité qui envahissait le jeune Rosenbach, Tahlia sentit son coeur se fissurer en entendant la fin de la phrase. Freja avait toutes les cartes en main pour en vouloir à Concho, mais c'était sur elle qu'elle remettait la faute. Son passé, sa fausse couche amplifiait son sentiment. Et Tahlia ne sut quoi dire pour réfuter cela. Elle savait à quel point la nature était mal faite. A quel point la vie était injuste. Des milliers de femmes étaient privées de ce droit à être mère et c'était un sentiment terrible. Malgré tout, même si leur couple s'en sortait bien, Freja n'arrivait plus à s'impliquer totalement. "Je peux comprendre..." souffla-t-elle, avec douceur. C'était un rêve qui s'envolait en fumée. "Il te faut du temps pour te reconstruire, Freja, pour assimiler tout ça." Mais elle ne pouvait comprendre à 100%. Elle était maman. Elle n'avait pas les mots nécessaires. Elle n'était pas dans la tête de Freja. Pour autant, elle savait qu'elle existait d'autres moyens. D'autres moyens qui lui permettraient d'accéder à ce statut de mère, même si cela n'était pas fait naturellement. "Tu as pensé aux solutions alternatives ?" osa-t-elle demander, hésitante. C'était peut-être tôt pour en parler, mais il y avait encore cet espoir...