too much darkness could kill but too much light could blind ⤅ ashlee

too much darkness could kill but too much light could blind

Une minuscule bruine balayait la côte, fait plutôt rare dans cette région du monde. C’était à croire que la météo s’était accordée avec l’état d’esprit d’Effy. Une petite grisaille, un ciel presque aveuglant, et cette fraîche humidité qui s’accrochait à ses mèches brunes. La jeune femme n’était pas contre ce temps, finalement, il était de circonstances. Et ce n’était pas une minuscule pluie de la sorte, plus légère encore que des flocons, qui allaient l’empêcher d’aller se poser à la falaise avec Ashlee, comme prévu. Elle avait besoin de se retrouver avec quelqu’un d’autre, elle avait besoin d’oublier les couloirs d’hôpital, les sorties en boîte techno jusqu’aux petites heures et les murs gris de son appartement. Elle avait besoin d’être ailleurs. Et si elle ne voulait voir personne, à part une seule personne, elle ne supportait pas non plus d’être seule. Il fallait qu’elle cesse de réclamer sans arrêt la présence de Milo. Il lui faisait du bien, elle aimait quand il était là, même quand ils ne faisaient rien. Elle avait besoin de lui, tout simplement. Mais il n’était pas sa bouée de sauvetage ou sa ceinture de sécurité. Et encore et toujours, les questions sur leur relation tournaient dans la tête d’Effy. Beaucoup de choses avaient changé, ou bien elles avaient toujours été là, dans l’ombre mais bien présentes, sans qu’ils ne les remarquent. Impossible à déterminer, mais Eff’ avait besoin de s’éloigner de ces tourments, des peurs qui l’assaillaient à l’idée d’un avenir qui semblait plus que vulnérable. Ils avaient besoin d’espace tous les deux. De retrouver leurs habitudes propres. Sauf que ses habitudes à elle, elle était censée les anéantir. S’en séparer définitivement. Et dans cette situation, elle se sentait comme une rupture qui aurait mal tourné. L’Anglaise s’était donc décidée à contacter la jeune rouquine. Elles étaient amies, d’une certaine façon, et c’était de cette façon qu’Effy avait besoin aujourd’hui. Elle ne voulait pas partir avec une meilleure copine dans le monde des licornes. Non, elle avait besoin de quelqu’un de franc et de cynique, quelqu’un qui savait ne pas se prendre la tête et ne pas accorder trop d’importance aux choses futiles de l’existence. Quelqu’un qui savait se détacher des peines et des déceptions. Arrivée en haut, la jolie brune alla s’installer à l’abri d’un arbre, reculé du bord de la falaise, mais d’où on avait tout de même une bonne vue sur la ville s’étalant à ses pieds. L’herbe était un peu humide, mais elle s’assit tout de même, enroulée dans son sweat pour se protéger du vent frais qui soufflait plus en hauteur. Elle sortit une clope de la poche, se plaçant dans plusieurs positions par rapport au vent pour parvenir enfin à l’allumer. Au loin, elle vit la frêle silhouette d’Ashlee arriver.

Un sourire sarcastique étira les lèvres de la brune quand la rousse parvint à sa hauteur, affirmant qu’elle avait sauvé sa journée. « Et toi la mienne. » répliqua-t-elle avec ce ton détaché et presque blasé qui était le sien. Elle ne croyait pas que qui que ce soit avait sauvé la journée de l’autre, dans cette histoire, mais se morfondre à deux sur l’inutilité de l’existence semblait être un bon moyen de leur donner un petit regain d’énergie, juste un moment. Ashlee pouvait être une peste, et parfois l’Anglaise ne pouvait répondre à ses réflexions que par un roulement d’yeux exaspéré, mais elle n’en restait pas moins de bonne compagnie la plupart du temps. Et même si elles n’étaient pas toujours sur la même longueur d’ondes, Eff’ la considérait comme une amie. Une amie un peu chiante, mais une amie quand même. La preuve, elle avait répondu présente aujourd’hui. Et la brune était sincèrement contente de la voir, et de passer un petit moment à ses côtés, sans artifices, sans faux-semblants. « Ça peut toujours se faire. » s’amusa la jeunette en sortant un paxon remplit de verdure de la poche de son sweat-shirt ample, sourire malicieux au coin des lèvres. Elle n’avait pas l’intention d’en fumer, mais elle avait un plan de secours, au cas où. Arrêter les conneries, oui, mais dans certaines limites. Effy faisait des efforts, elle estimait néanmoins qu’elle pouvait s’autoriser le moins pire de ses vices, si elle en avait vraiment besoin. Juste pour se détendre, pour se sentir flotter une heure ou deux, sur un nuage moelleux dans lequel ses muscles pouvaient s’enfoncer. Se délecter d’un écran de fumée, juste un moment. Rien à voir avec le fait d’aller se vider la tête en dansant jusqu’à en mourir sur une piste de danse surchargée d’êtres humains en transe, le cerveau éclaté par un peu de LSD ou d’ecsta’. « Mais j’suis pas censée. » finit tout de même par ajouter la journaliste avec un haussement d’épaules désinvolte, rangeant le pax avant de tirer une bouffée de nicotine, laissant le tabac consumé intoxiquer ses poumons.