Je l'avais bien observée durant le début de la soirée.
J'avais acheté ses services pour 24 heure. Une call girl locale, à priori accorte si je m'en tenais à ce que le site en ligne dévoilait.
J'avais envoyé mon chauffeur à l'adresse de rendez vous fixée, en fin d’après midi.
Je l'avais laissé faire une pré évaluation, tant sur le plan des apparences physiques que concernant ses facultés de conversation.
S'il estimait qu’elle ne me ferait pas totalement perdre mon temps, il devait lui fournir de quoi se vêtir selon mes goûts, avant de la conduire à moi. Il savait qu'il devait, comme pour chaque mission, se montrer efficace. Je ne pratiquais ni la mesquinerie concernant la rémunération des prestations que j'exigeais, ni le pardon des erreurs. J'avais les moyens d'exiger, et cela me procurait une des rares satisfactions desquelles je n'étais pas encore las.
J'étais monté dans la voiture sur le trajet menant à la réception, afin de m'assurer avant de me montrer en public qu’elle était digne de m'accompagner.
La tenue de cocktail lui seyait parfaitement. Les mensurations annoncées en lignes étaient justes. Un bon point. J'aime que les articles commandés soient conformes au cahier des charges. J'avais écarté du bout de l'ongle le pan de tissus lamé qui cachait ses jambes parfaitement parallèles. Elle avait conservé un maintient stoïque, digne de la tenue élégante qu’elle avait le privilège de porter. C'étaient en partie ses cuisses qui avaient arrêté mon choix lors de la visite virtuelle.
Là encore les promesses en image étaient tenues. Je réajustai, dans un soucis de perfectionnisme esthétique, la tension d'une des attaches de sa jarretelle, pour gommer un léger plissement de son bas, avant de rabattre la robe de, lui rendant la décence attendue pour la suite de la soirée.
Professionnelle, j'appréciais. Cependant, un rouge à lèvre un peu trop vif, un peu trop putassier donnait à ses lèvres un éclat certes excitant mais trop vulgairement aguicheur pour l'heure.
Sarkis Nazarbekjan. C'est à mon service que vous êtes jusqu'à demain soir. Enfin si vous estompez le vermillon de votre bouche pour avoir l'air moins pute...
Elle s'était exécutée, docilement. J'étais satisfait!
Et je le fus lors de ce vernissage. elle sur se tenir légèrement en retrait, sourie à propos, prendre un masque admiratif lorsque je commentais une œuvre, ou un propos, un air discrètement amusé à chacune de mes saillies drôlatiques. Attentive à m'apporter une coupe, à me débarrasser de celle ci une fois vidée, à parfois s'accrocher, avec une déférence affectée d'un semblant d'envie de d'avantage s'imposer.
Comédienne remarquable, dont le talent d'improvisation et le sens de la situation me fit envisager une hypothétique collaboration au delà de la soirée.
Je devais être également vu ce soir au concert baroque donné par l'excellent quatuor Brohmberger.
Là encore, elle fut irréprochable de discrétion me laissant savourer mon évasion voluptueuse dans les délicats contrepoints de Purcell.
Elle avait si parfaitement feint l’émotion à la fin de la représentation, que lorsque nous avons quitté la salle au bras l'un de l'autre, saluant au passage les connaissance desquelles je souhaitais avoir été remarqué, J'ai presque cru un moment que nous avions tous deux été emportés par les chant des violons.
Vous avez mérité un souper, IvyEncore attendri par les notes merveilleusement ordonnancées, les harmoniques parfaitement équilibrées, dont l’écho persistait dans mon oreille, j'avais indiqué au chauffeur l'adresse de ma garçonnière que tout Bowen, y compris mon épouse, feignait d'ignorer.
~~~
Je n'avais à vrai dire pas franchement faim. L'appétit me quittait lui aussi, pue à peu, l'âge venant. Et ce soir d'autant moins que j'avais grignoté quelques muses bouches au vernissage. Mais je n'allais pas bouder le plaisir de me faire servir. Le réfrigérateur de la kitchenette était toujours approvisionné. J'aimais que les choses dont je voulais avoir le luxe de jouir à tout moment soient toujours prêtes à l'emploi. Cet appartement ne faisait pas exception.
Lové dans un majestueux queen Anne à la patine digne d'un gentlemen's club londonien, j’attendais qu'elle réapparaisse avec notre pique nique, que j'espérais judicieusement composé. La finesse et la fraicheur des produits était chose assurée. Mon personnel y veillait avec toute la rigueur que commandait mon exigence coutumière.
Pour couvrir les bruits de mon traiteur de charme impromptu fouillant les placards afin de s’acquitter de sa mission, j'avais mis
Cosi fan tutte.
La mutinerie de Wolfgang, l'esprit de Da ponte... et surtout le voix de Vittoria, alors à son apogée, dans le rôle de Fiordiligi étaient parfaits pour l'occasion.
Mes vernis me serraient inconfortablement les pieds.Autre vicissitude de l'âge... Qui ne parvenait toutefois pas à assombrir mon humeur perverse et ludique.