You and I is like Buzz and Woody - Manny

Airpods sur les oreilles, Maxine sifflotait les Stones dans le rue. Elle avait rendez-vous avec le plus parfait de tous les êtres humains. Manny. Elle avait rencontré Garcia quelques semaines après son arrivée en Australie. Ce fut le coup de cœur immédiat. Il avait réussi à la faire rire en quelques secondes, assez pour que Max finisse par avoir un coup de foudre amical. Depuis, elle le harcelait pour qu’ils se voient rapidement. Très vite, Manny était devenu l’une des personnes les plus importantes dans la vie de la jeune femme. Il n’y avait pas une semaine où ils ne se voyaient pas et pas une journée où ils ne s’envoyaient des sms pour se raconter leur vie. La journée allait être parfaite. Maxine avait réussi à convaincre son meilleur ami pour une visite au musée d’histoire. Une des passions de l’anglaise. Jamais elle ne s’ennuyait dans ce genre d’endroit, capable d’y passer des heures à lire les petits écriteaux explicatifs sur telle ou telle œuvre. C’était encore plus long dans un musée tel que celui de Bowen puisqu’il narrait toute l’histoire de Sir George Bowen. Mais ce n’était pas sa partie préférée. Elle pouvait passer des heures sur l’histoire des aborigènes. Un sujet qui la passionnait et qui la révoltait également. L’Australie était un très beau pays, mais restait fermé sur les questions des peuples autochtones. Souvent, elle disait qu’il ferait mieux de demander conseil à leur voisin néo-zélandais. Mais qui était-elle pour émettre ce jugement ? Après tout ce sont les anglais qui avaient colonisé ce pays, son peuple à elle qui avait décimer les autochtones. Manny était déjà, en avance, l’attendant patiemment. Elle coupait la musique avant de rejoindre son ami. « Coucouuuu ! » Disait-elle pleine de joie avant d’aller serrer le jeune homme dans les bras et lui offrir un vieux baiser gluant sur sa joue. « Merci de m’accompagner, t’es vraiment le meilleur. » Elle adorait les musées mais elle savait aussi que pour certaines personnes c’était chiant à mourir.

Tu n’es pas le genre de personne qui refuse facilement une sortie. Même si tu aimes passer du temps seul, tu aimes aussi voir du monde et surtout ne pas passer pour le type qui n’aime pas sortir. Tu aimes te fondre dans la norme, être celui que les autres aimeraient que tu sois et que les gens t’apprécient. Tu as bien du mal à vraiment te demander ce que tu aimerais toi et pas ce que les autres aimeraient que tu fasses. Tu te sens progresser sur cet aspect et sur la confiance en toi, petit à petit, ces derniers temps mais tu restes toujours cet homme timide qui s’en remet souvent aux autres. Heureusement tu as toujours eu un côté curieux, parfois trop, qui fait que tu as souvent envie de faire toute sorte d’activité et pas seulement pour faire plaisir. C’est le cas aujourd’hui lorsque Maxine, ta meilleure amie, t’as proposé de venir avec elle au musée. L’histoire ne figure pas vraiment dans tes passions mais tu es toujours curieux d’en apprendre davantage et tu ne dis jamais non à une sortie avec ta meilleure amie. Elle a débarqué dans ta vie du jour au lendemain, prenant rapidement la place de meilleure amie. Au début tu as bien craqué pour elle mais tu as vite compris que ce n’était pas comme ça qu’elle voyait votre relation, même si tu ne lui as jamais dit ce que tu as pu ressentir. Tu es habitué à ce que ton cœur d’artichaut s’entiche de chaque personne que tu rencontres. Pour ne pas arriver en retard, tu as eu la présence d’esprit de mettre un rappel sur ton téléphone, sans ça tu es souvent en retard, il t’arrive même d’oublier certains rendez-vous. « Salut ! » lui dis-tu en souriant avant qu’elle ne te serre dans ses bras et dépose un baiser sur ta joue. « Oh tu sais que je suis pas très dur à convaincre. Tu en profites pour me traîner dans des endroits où tu sais que personne ne voudra venir avec toi. » dis-tu pour l’embêter. Mais tu sais qu’elle n’aurait pas de mal à trouver quelqu’un d’autre pour venir avec elle, genre une personne de sa promo d’histoire, ça doit bien les intéresser les musées. Vous vous dirigez vers l’entrée du lieu pour prendre vos tickets. « Tu veux voir un coin en particulier ? »

Le musée de Bowen avait été un des premiers lieux dans lequel s’était réfugiée Maxine à son arrivée. Une petite nerd d’histoire avide de découvrir tous les secrets de ce monde. Il n’y a pas un jour où elle ne lit pas quelque chose qui se rapproche de l’histoire. Petite intellectuelle, elle connaît des tonnes de dates, la rendant presque invisible à chaque trivia qu’elle peut faire dans les bars avec ses amis. Aujourd’hui, elle voulait voir Manny. Le musée était toujours un lieu apaisant pour elle et comme elle le connaissait déjà bien, ça lui permettait de papoter avec son ami. Elle savait qu’elle reviendrait seule dans cet endroit les prochaines semaines, elle avait comme but de connaître tous les écriteaux par cœur. Peut-être pourrait-elle changer de job étudiant et venir bosser ici ? Mais ce n’était pas le moment pour elle d’y penser, le jeune homme arrivait. « Hé comment t’as deviné ? » Elle riait. Manny disait rarement non aux idées de sortie de la brune, ce qui facilitait sa vie. Oui, elle aurait pu venir avec sa promo, mais elle préférait la compagnie de Manny. Ses camarades étaient parfois ennuyants, le problème de trainer qu’avec des nerd d’histoire. « Ouiiiii oui oui ! » Elle entraînait déjà son meilleur ami dans la partie sur l’histoire des aborigènes. Ils flânaient l’un à côté de l’autre, mais Max se retournait vers lui. « Alors avec Elias ? » Demandait-elle en levant un sourcils. Evidemment qu’elle voulait tous les détails – enfin presque tous. Il semblait heureux et ça remplissait Max de joie.

Ayant passé toute ta vie à Bowen, l’histoire de la ville t’es plutôt familière, tout comme celle de l’Australie. Et puis, quand tu étais à l’école, aller au musée de la ville faisait partie des sorties faciles que tu as faites plusieurs fois. A cette époque, comme maintenant, tu essayais de te fondre dans la masse, tu te contentais donc souvent de suivre un groupe et t’amuser avec eux sans ne rien lire aux écriteaux ni même regarder les diverses œuvres et représentations. Être un petit intello ce n’était pas vraiment la chose la plus cool quand tu étais jeune et comme toi ce que tu voulais c’était être cool et avoir des amis, tu t’empêchais d’être ce petit intello, pour ne pas être rejeté. Aujourd’hui tu arrives un peu à sortir de cette idée, même si tu as toujours à cœur d’être celui que les autres aimeraient que tu sois. Mais avec une meilleure amie étudiante en histoire et fan de musée, tu peux te permettre d’être le petit intello de service puisqu’elle le sera toujours plus que toi. « J’ai des dons de voyance. » réponds-tu en riant avant que vous ne preniez vos tickets pour vous diriger vers la partie sur les aborigènes du musée. Tu sais que c’est la partie que préfère Maxine, toi tu as vu cent fois l’histoire à l’école. Étudier les aborigènes, depuis quelques années est devenu une part importante du programme d’histoire. Vous regardez un moment tous les deux en silence les premières explications avant qu’elle ne se retourne vers toi pour te parler d’Elias. Tu baisses un peu la tête, toujours gêné d’évoquer ce sujet. « Ça va. » Tu n’es pas très expansif sur le sujet, il faut souvent te tirer les vers du nez pour que tu en dises un peu plus. On pourrait croire que tu n’es pas enthousiaste sur ta relation alors que tu es sur un vrai petit nuage depuis quelques mois, tu n’es juste pas trop du genre à parler de toi. « J’suis content d’être avec lui. » ajoutes-tu pour lui en donner un peu plus. Tu espères qu’il est aussi heureux d’être avec toi, même s’il te le dit souvent mais que tu as toujours du mal à réellement le croire.

C’était facile d’amener Manny au musée, il n’était jamais contre cette idée. Et Maxine adorait chacun de ses moments, une petite parenthèse douce dans sa vie de tous les jours. Parfois, elle aimait venir en solitaire dans le seul musée de la ville. Parfois, elle pouvait y rester des heures à flâner dans les différentes galeries. Et parfois, elle restait à peine vingt minutes, allant directement à un endroit spécifique. Ça lui arrivait souvent à Maxine d’errer dans la rue et que d’un seul coup elle doute sur une date ou un événement. Elle pourrait sortir son téléphone comme toute personne lambda pour récupérer l’information. Mais non, Max préférait traverser la ville pour aller au musée ou à la bibliothèque pour trouver la réponse. Une vraie nerd. Elle était enthousiaste de cette sortie et elle riait devant l’air non surpris de Manny. Il connaissait bien sa meilleure amie et évidemment qu’ils allaient commencer par les galeries concernant la population autochtone de l’Australie. Ils étaient mal traités dans ce pays, particulièrement dans certaines régions. Max avait du mal à écouter certains discours et a priori que les locaux avaient. Surtout qu’historiquement, la plupart des australiens avaient des origines anglaises dû à l’invasion de son peuple en Australie. On pouvait remercier ironiquement James Cook pour cela. Le traitement des aborigènes était scandaleuse et tellement injustifié. Entraînant son ami dans cette partie du musée, ils flânaient chacun de leur côté avec que Max ne fasse sa curieuse. Manny n’était pas un bavard et il fallait souvent lui tirer les vers du nez. C’était ce qu’elle appréciait chez lui, parfois le silence était apaisant et le silence de l’autre suffisait. Mais elle voulait quand même connaître les états d’âme de son ami surtout concernant le bel Elias. Elle fronçait les sourcils, le regardant avec cet menaçant. S’il n’en disait pas plus, elle allait s’énerver et à la fin il finirait par lui raconter. « Manny … » Pour ajouter un peu de drama, elle se tapait le front à l’aide de sa main. « Tu sais très bien que ça ne va pas me suffire ! » Elle ne demandait pas à ce qu’il rentre dans les détails, mais elle voulait en savoir un peu plus que les six mots prononcés par Manny.

Tu es du genre plutôt curieux de tout. Pas forcément des histoires des autres mais de découvrir de nouvelles activités ou apprendre de nouvelles choses. Ton domaine à toi c’est plus les sciences, la biologie et plus précisément la micro-biologie. Malgré ta maladresse naturelle, tu t’en es toujours très bien sorti dans ces matières. Tes talents pour la musique t’ont aussi aidé lorsqu’il s’agissait de créer des histoires pour tes cours d’anglais, ayant l’habitude de composer et écrire des morceaux, même s’ils ne sont pas tous très qualitatifs. L’histoire, même si elle t’intéresse, n’a jamais été ta matière préférée, contrairement à ta meilleure amie. Pourtant tu ne rechignes pas à aller au musée avec elle, tu n’es pas un type difficile de toute façon. Et tu sais aussi que c’est l’occasion pour vous de discuter un peu de votre vie. Depuis quelques temps, le grand sujet du moment est ta relation avec Elias. Même si la jeune femme ne te connaît pas depuis tant d’années, elle sait tout de même que l’amour c’est un truc compliqué pour toi, que tu as eu l’habitude de te faire friendzoner par toutes les personnes qui t’intéressaient ou alors que tu les faisais fuir avec ta timidité et tes mains moites. Autant dire que se retrouver en couple avec un type comme Elias, ça te paraît toujours si surréaliste. Pourtant tu restes toujours un peu vague lorsqu’il s’agit de parler de lui, parce que parler de toi, c’est toujours compliqué. Mais Maxine ne se contente pas des quelques mots que tu peux lui sortir et elle te le fait comprendre. Tu sais que tu n’as pas d’autre choix que de devenir un peu plus bavard si tu ne veux pas qu’elle te lance des regards noirs. « Bah j’suis bien avec lui...et j’ai peur de m’attacher genre beaucoup trop et de souffrir parce que je sais qu’à un moment il va bien se rendre compte qu’il peut avoir un type carrément mieux, un gars un peu comme lui. » réponds-tu en haussant les épaules.

Maxine n’était pas une grande romantique. Elle avait eu quelques amoureux dans sa vie, mais elle trouvait l’amour surfait. Les gens courrait après comme si l’arrivée de cette course serait merveilleuse. Mais tout le monde se trompait, une fois l’amour trouvé le reste c’était une belle merde. Il fallait faire des concessions et passer sa vie à se poser des questions. Est-ce que je fais bien ? Est-ce qu’il m’aime encore ? C’était beaucoup de contraintes pour une vie. Maxine aimait trop être indépendante et ne pas faire sa vie en fonction d’une personne. Sauf qu’elle était une amie loyale, heureuse du bonheur de ses amis. Elle avait rencontré Manny il n’y a pas longtemps et pourtant ils avaient accroché directement. Elle savait que ça pouvait lui peser d’être célibataire. Depuis qu’il était avec Elias, Manny avait changé. Il souriait constamment – même s’il doutait. Puis même si elle ne croyait pas en l’amour pour elle-même, ça n’empêchait pas qu’elle aimait bien parler des amours de ses amis. Curieuse, elle voulait plus de détail qu’un simple "je suis content d’être avec lui". Si elle devait coincer son ami dans un coin pour l’obliger à parler elle le ferait. Manny manquait tellement de confiance en lui alors qu’il était un mec en or. Il était fidèle, gentil, bienveillant, à l’écoute et canon. Cette explication fit mal au cœur de Maxine et l’étudiante fronçait les sourcils. « Non c’est l’inverse … à un moment donné tu vas trouver un mec carrément mieux que lui. » Elle soupirait. « Je ne vois pas pourquoi il irait voir ailleurs. T’es parfait pour lui et il est parfait pour toi. » Peut-être que Maxine devrait parler à ce fameux Elias et le menacer de ne pas faire de mal à son Manny s’il ne veut pas subir la colère de Maxine.

Tu sais, en voyant le regard de Maxine, que si tu ne lui donnes pas un peu plus d’informations sur ta nouvelle histoire d’amour, elle risque bien d’aller te menacer de parler dans un coin. Tu as bien besoin d’amis comme elle pour te faire parler, sinon tu garderais probablement encore plus de choses pour toi sans jamais en discuter avec d’autres. La plupart de tes émotions et de tes ressentis tu les mets dans tes chansons, tu écris pour te libérer, mais échanger avec quelqu’un peut-être très bénéfique également. Seulement tu as toujours l’impression de déranger, que ta vie n’intéresse personne, alors souvent tu ne dis pas grand-chose, à part si on te questionne dessus. Tu expliques à ta meilleure amie que tu es heureux dans ta nouvelle relation avec Elias mais que tu ne peux t’empêcher d’avoir peur qu’il te lâche pour quelqu’un d’autre de mieux. Tu n’as pas confiance en toi et tu t’imagines qu’à la moindre soirée qu’il fera sans toi, il rencontrera un mec mille fois mieux sans difficulté et qu’il te lâchera le lendemain pour aller avec ce type bien plus merveilleux que toi. Comme tu t’y attendais un peu, Maxine n’est pas vraiment d’accord avec toi, n’imaginant pas un seul instant qu’il pourrait te quitter pour quelqu’un d’autre, que ça serait même toi qui trouverais mieux. Tu ne vois pas dans quel monde tu pourrais avoir envie de quitter Elias. Certes il est ta première relation et tu n’as jamais vraiment connu quelqu’un d’autre que lui et tu as la fâcheuse tendance à tomber amoureux en un clin d’œil mais tu es bien trop heureux quand tu penses à lui pour un jour envisager de le quitter. Vous êtes différents mais tu aimes le fait que vous vous complétiez, même si tu as l’impression d’être un gros nul à côté de lui. « Non j’peux pas trouver un gars mieux que lui. » dis-tu en souriant avec ce sourire que tu arbores à présent dès que tu penses à lui. « Tu dis juste ça pour me rassurer ! » protestes-tu lorsqu’elle te répond que vous êtes parfaits l’un pour l’autre. « J’ai déjà galéré à trouver quelqu’un, c’est pas pour le lâcher. Alors que lui il pourrait avoir n’importe qui et les mecs mieux que moi c’est pas franchement ce qui manque. »

Qu’il était agaçant ce Manny parfois. Max savait qu’elle pouvait utiliser tous les mots au monde, aucun d’eux ne le réconforterait. Il fallait qu’elle le rencontre cet Elias et qu’elle lui fasse le son gros regard noir du genre « si tu lui fais mal, tu auras encore plus mal par ma faute. » Faut pas croire, malgré sa jolie bouille, Max était une vraie teigne. « Manny ! » Disait-elle sur un ton un peu sévère. Après avoir utilisé des mots gentils peut-être qu’il fallait aller avec la manière forte. « Il y a toujours mieux et toujours pire ! » Puis, pour l’instant elle ne le connaissait pas cet Elias pour décider s’il y avait mieux que lui. La seul avantage qu’il avait pour l’instant, c’était qu’il rendait son meilleur ami heureux. Rien que pour ça il marquait des points. Mais attention, il était plus facile de perdre des points que d’en gagner. Elle levait les yeux au ciel. « Non Manny ! Tu me connais, je ne vais pas mentir juste pour rassurer ton égo. Je pense tout ce que j’ai dis. » Oui il était parfait pour Manny pour l’instant. Max, elle ne croyait pas trop en l’amour, alors sur ce coup elle restait un peu sceptique. Ils étaient encore en lune de miel, se découvrant et appréciant la présence de l’autre. Dans trois ans, la conversation serait surement tout autre. La dernière remarque de son M l’énervait. « Roooh mais tu arrêtes ! » Elle lui fit les gros yeux noirs, ceux qui font peur. « Quand est-ce que tu vas comprendre que tu es canon, grave canon ! Tu es intelligent, drôle et en plus tu es hyper talentueux ! » Oui il y aurait toujours mieux mais aussi pire. Et de toute façon, il était assez bien pour qu’Elias soit tombé amoureux de lui.

Globalement tu n’es pas quelqu’un de très têtu. Tu lâches vite le morceau, préférant faire plaisir aux autres plutôt que de prendre en compte tes propres envie. On va dire que ce qui te fait plaisir c’est de faire plaisir aux autres, quitte à te délaisser toi parfois. Mais pour ce qui est de ta propre personne, et de son côté positif, tu deviens extrêmement têtu, n’acceptant jamais les compliments et prenant les reproches à bras ouverts. Elias a beau te dire qu’il t’apprécie, que tu es quelqu’un de bien, qu’il aime être avec toi et tout un tas de choses gentilles, rien n’y fait. Tu as peut-être un petit peu plus confiance qu’avant de le rencontrer, mais tu doutes toujours qu’il reste avec toi pour un moment. Après toutes les histoires ne sont pas forcément faites pour fonctionner, mais ton ego a besoin qu’elle fonctionne, surtout après avoir passé ta vie sans jamais avoir vraiment tapé dans l’œil de quelqu’un, ou pas suffisamment pour que les choses se concrétisent vraiment. Maxine tente une autre approche pour te convaincre. Comme c’est ta meilleure amie, tu estimes qu’elle n’est pas vraiment objective à ton sujet, même si tu joues un peu les hypocrites car tu sais bien, comme elle te le dit, que si elle te trouvait nul, elle te le dirait. « C’est gentil. » réponds-tu simplement avec un mince sourire. Tu préfères ne pas aller trop contre elle car tu sais qu’elle est bien plus coriace que toi. Ses mots te font plaisir, forcément, mais tu sais aussi qu’ils ne vont pas suffire pour te faire changer d’avis sur ta personne. « J’veux pas être pessimiste mais ça arrivera sans doute jamais. Fin, si c’était vraiment le cas j’aurais été un gars stylé qui n’a que l’embarras du choix question partenaire pour le bal de promo. Et bon, en vrai j’ai pas eu vraiment de choix. » Parce que tu es timide et tête en l’air, et qu’il faut creuser un peu pour voir qui tu es vraiment, au-delà des mains moites et de la voix qui tremble. « C’est plutôt toi qui correspond à tout ça. » Parce que tu trouves ta meilleure amie vraiment stylée.

Ça l’énervait Maxine de voir Manny s’auto-critiqué. Elle faisait partie de ces personnes qui estimaient que le self love était le plus important. On ne pouvait pas commencer à s’aimer si pour cela on devait attendre l’amour d’un autre. Elias était certainement très positif pour Manny. Mais elle savait que tant que Manny ne se trouverait pas bien pour lui, il y aurait toujours des incertitudes et des angoisses chez son meilleur ami. Elle faisait tout Max pour lui faire comprendre, mais il était borné quand il le voulait. Il était temps pour la jeune anglaise de rencontrer Elias, pour se faire son propre avis. Elle ne partait pas avec des a priori, loin de là. C’était même une première, plutôt positive sur la personne qu’il était. Mais Max était tranchante comme personne, assez catégorique, borné comme Manny. Il suffisait d’un pas de travers d’Elias pour que Max le mette dans la mauvaise colonne. Elle avait un côté très binaire l’anglaise, comme si le monde était noir et blanc. Il y avait un côté les gentils et un côté les méchants. Peut-être était-elle encore trop jeune pour saisir la polarité des gens et les luttes intérieures. Dans le fond, elle savait que ça ne fonctionnait pas comme ça, parfois elle pouvait se ranger du côté des gentils ou de l’autre côté. Mais il était plus simple pour elle de penser comme ça, presque pour s’empêcher de réfléchir et de ressentir des contradictions pour lesquelles elle n’était pas encore prête à subir. En même temps, Max avait toujours vécu dans la facilité et les privilèges, ça lui demandait un grand travail de concevoir le monde un peu différemment de ce qu’elle avait toujours connu. Max ne pensait pas avoir besoin du regard des autres pour se sentir importante, elle soupirait légèrement à la réflexion de son ami. « Et si t’avais été populaire, tu te serais retrouvé avec la plus belle de l’école, c’est ça ? » Il aurait pu parce que Manny il était beau. « Mais peut-être que tu aurais eu ça mais à côté tu serais qu’un idiot. » Répondait-elle, et si Manny avait été un idiot, ils ne seraient pas amis aujourd’hui. C’était sa sensibilité, sa gentillesse et ses maladresses qui le rendaient si authentique. Et elle se doutait qu’Elias avait craqué sur ce côté-là aussi. Manny la voyait comme ça, comme il avait décrit ce qu’il aurait voulu. Sauf que Max elle ne voulait pas de ça et ne pensait pas rentrer dans cette case. « Tu parles … je n’ai jamais été comme ça et je ne le serais jamais. » Maxine ignorait qu’elle avec ce petit côté, préférant le cacher au fond d’elle.

Si Maxine t'avait connu un peu plus jeune, à cette époque où tu faisais encore plus les choses pour te faire apprécier, elle, elle ne t'aurait probablement pas apprécié. Elle t'aurait trouvé trop suiveur, à être celui qui suit toujours les autres plutôt que de prendre ses propres décisions. Là dessus tu changes progressivement mais il n'est pas si loin le temps où en soirée tu acceptais un peu tout et n'importe quoi pour ne pas être le gars chiant qui veut rien faire. Tu te laisses facilement influencer alors il y a certains trucs dont tu n'es pas particulièrement fier. « J'étais un idiot, mais un idiot pas populaire c'est tout. » Lui réponds-tu en haussant les épaules. Et tu aurais très bien pu vouloir le plus beau du lycée plutôt que la plus belle, mais à cette époque là tu étais tellement dans le placard que tu aurais pu trouver Narnia. Tu sais depuis très longtemps que tu es pas juste hétéro mais tu l'as caché jusqu'à ce que ce soit trop mourd à porter. Il y avait la religion qui n'est pas toujours très ouverte sur le sujet et qui t'a fait beaucoup culpabiliser sur ce que tu es, mais surtout le regard des autres. Tu avais peur de tout perdre en révélant ta bisexualité, ta famille, tes amis et que plus personne ne te parle. Tu l'as dit à quelques personnes choisies, dont ta sœur et sa réaction a été un réel soulagement pour toi. Un peu plus tard tu l'as annoncé publiquement et ça a été le premier pas vers l'acceptation, vers l'expression de qui tu es vraiment. Tu n'es pas encore au bout du chemin mais tu avances. Depuis que tu connais Maxine, elle a vu une partie de ton évolution. Notamment le avant/après (enfin pendant) Elias, même si votre relation est encore jeune. « Non t'es pas une idiote qui sort avec le plus beau gars du lycée. Mais t'es brillante, tu dis ce que tu penses et tu hésites pas à le rembarrer le plus beau gars du lycée, parce que toi tu vises mieux que ça. » Elle a un caractère bien plus affirmé que le tien mais tu as souvent besoin d'un coup de pouce, ou un bon coup de pied, pour te bouger et elle est là pour ça.

Max trouvait que l’adolescence n’était facile pour personne, et elle était plutôt contente d’en être sortit. Elle se souvenait de ces courses à la popularité par tout son entourage, alors qu’elle, de son côté préférait être tranquille. Perdue avec son carnet et ses crayons, Max restait une rêveuse. Elle avait été comme toutes ses adolescentes, amoureuses, qui avait fini avec le cœur brisé. Il n’y avait pas de bal de promo à Londres, mais elle se souvenait très bien quand Connor avait fini par embrasser Leah à cette soirée. Max avait ressenti ce petit pincement au cœur. Leah était juste plus populaire que Max, parce que la londonienne ne souhait pas l’être populaire. Manny, lui, il aurait voulu l’être. C’était le monde à l’envers. Max l’avait été malgré elle. « Ecoute, on ne peut pas être parfait. » Disait-elle en riant. Manny était loin d’être idiot, et il n’avait surtout pas eu une adolescence facile. Il lui avait raconté un peu son passé, sa famille chrétienne et stupide. Avec Elias, elle avait l’impression de le découvrir sous une autre facette. Il avait l’air d’être heureux, un idiot heureux. Mais il manquait tellement de confiance en lui, elle souhaitait de tout cœur qu’il se rende compte à quel point il était si unique. Heureusement qu’ils s’étaient rencontrés bien plus tard Max et Manny. Sans cela, ils n’auraient peut-être été jamais ami. Max jugeait vite et fuyait ceux qui souhaitaient rentrer dans un moule. C’était un peu hypocrite de sa part puisque sans s’en rendre compte, elle était elle-même dans ce moule. Mais Manny avait tort, Max ne visait pas mieux que le plus gars du lycée. Ce gars là, il lui avait fait de la peine. Elle avait toujours eu ce caractère, à dire ce qu’elle pensait, c’était sa façon à elle de se protéger. « Et toi aussi tu vises mieux que ça Manny. Elias est loin d’être stupide ! » Déjà il avait choisi Manny, ça montrait bien le bon sens qu’il avait.

Ces derniers mois tu es passé d’un imbécile un peu triste à un imbécile heureux, quoi qu’avec toujours cette part d’ombre. Avant tu déprimais de ne trouver personne, de faire fuir chaque personne qui aurait pu un minimum s’intéresser à toi parce que tu étais incapable d’aligner deux mots à la suite sans bégayer, sans te perdre, sans devenir vite ennuyeux. Et puis Elias a débarqué dans ta vie et y a mis un grand coup de pied, modifiant totalement ton quotidien et réussissant un peu, à te faire prendre confiance en toi. Maintenant tu ne suivras sans doute plus les gens les plus populaires comme tu as pu le faire au lycée, parce que tu apprends à te faire tes propres amis. Pour toi Maxine, même si elle a son caractère, c’est une fille populaire, parce qu’elle sort faire la fête et du coup tu t’imagines qu’elle est forcément ultra entourée. Mais si c’était le cas, est-ce qu’elle serait amie avec un gars comme toi ? Oui c’est le genre de réflexion que tu te fais, n’arrivant pas à t’ôter ces idées de la tête. « J’ai visé beaucoup trop haut et ça a fonctionné...du coup je trouve ça bizarre, il doit forcément y avoir une embrouille quelque part. » Tu te méfies des choses trop parfaites, ça cache souvent des choses. Et peut-être qu’Elias il n’est pas si parfait que ça et il te cache tout un tas de choses, ça fait partie de tes pensées, avec tous les autres trucs négatifs qui s’y baladent et qui viennent polluer ton bonheur. « J’aimerais bien ne pas flipper mais...ça me fait peur de plus penser à tout ça parce que j’me dis que le jour où il va me quitter, ça fera encore plus mal. » Parce qu’il y a forcément un jour où il te quittera, tu ne vois pas les choses autrement. « Comment on fait pour lâcher prise ? » Tu lui demandes pour avoir des conseils, tenter de réussir à chasser toutes ces pensées à propos d’Elias qui t’empêchent vraiment de profiter de vos moments tous les deux.

Maxine ne s’était pas attendue à avoir ce genre de conversation en plein milieu du musée. Mais Manny avait un manque cruel de confiance en lui. Ça agaçait Max et ça l’attristait également. Pour la londonienne, les choses étaient plus simples. Peut-être était-elle plus populaire que Manny, parce qu’elle n’en avait rien à faire de ce que les gens pensaient d’elle. Sa vie, elle ne la mesurait pas par rapport aux autres, mais par rapport à ses propres objectifs. Manny aurait dû faire ça depuis le début, mais il n’était pas comme elle. Il ne comprenait pas pourquoi il avait le droit à ce genre de relation, et Max avait beau le rassurer en lui disant qu’il était merveilleux, ça ne changeait rien. « Tu veux que je te dises quoi d’autre Manny pour te rassurer ? » Répondait-elle un peu plus sèchement. C’était aussi sa manière de communiquer à Max de râler. « Tu sais quoi, t’as raison, Elias est trop bien pour toi et à un moment il finira par te quitter. » Si c’était ce qu’il voulait entendre, elle était capable de le dire Max, même si elle n’en croyait pas un mot. Elle s’éloignait quelques instants de son meilleur ami, se concentrant sur la petite présentation de l’œuvre qui était devant elle. Elle soupirait Max, Manny avait besoin d’une bonne thérapie de confiance. Tant qu’il aurait des doutes, sa relation avec Elias fonctionnera au ralentis selon elle. « Si un jour il te quittera ça te fera forcément mal. » Répondait-elle. Rien n’était simple dans les relations amoureuses, mais Elias n’avait pas l’air d’être un de ces mecs pas sérieux et surtout insensibles. « J’en sais rien Manny, tu as surtout besoin de gagner confiance en toi. » Et aujourd’hui Max ne pouvait pas l’aider tellement il était sourd à ses conseils.