it's pancake time (Tommy)

Cela fait maintenant quelques temps qu’Ella n’avait pas eu un moment avec son frère. Ils se voyaient seulement aux repas familiaux. En effet, la dernière O’Brian n’en ratait aucun : elle adorait se réunir autour d’un bon plat avec beaucoup de discussions et surtout des rires, comme pendant leur enfance. C’était sa bulle d’oxygène qui la ramenait dans les souvenirs doux et agréables d’une époque qu’elle trouve, des fois, bien trop lointaine. Cependant, pendant ces dernières festivités, elle n’avait pas eu un instant seule avec son frère, et elle le regrette. Il est donc temps de rattraper cela, cette situation ne pouvait pas durer plus longtemps. Et voilà comment la belle brune se trouve actuellement entrain de faire sauter quelques crêpes avant de mettre ses chaussures direction l’appartement de son frère. Elle s’était dit qu’un moment goûter pouvait faire plaisir à Tommy. Pour le préparer, elle s’était énormément appliquée que ce soit dans la préparation de la pâte mais aussi dans l’art de manier la poêle afin que les crêpes se retournent parfaitement. Elle aurait aimé réaliser quelques dessins avec la cuisson, mais bien que les talents de dessinatrice soient présents, les talents culinaires de la jeune brune ne lui permettaient pas de développer ces techniques. De plus, depuis que Tommy est devenu cuisinier, Ella a peur de rater un plat devant lui : elle a l’impression de vivre un épisode de Master chef à chaque fois qu’elle tente quelque chose ! Mais avec les crêpes, sans dessin, elle n’a pas trop pris de risque, impossible d’être éliminée à cette épreuve. Une fois que la pâte à tartiner, les confitures, le sirop d’érable, le sucre et les crêpes ont été mis dans son sac, la jeune O’Brian se dirige vers chez son frère. Celui-ci lui ouvre directement, comme d’habitude. Avant, elle était toujours chez lui, chez lui et sa meilleure amie. Il était rare qu’elle n’aille pas chez eux moins de quatre fois par semaines. C’était sa deuxième maison et surtout un de ses endroits préférés à Bowen. Depuis l’accident et surtout leur rupture, elles voyaient moins souvent l’un et l’autre. Et beaucoup de sujets sont restés tabous, surtout avec son frère. Cela l’attristait. Et elle aimerait en parler, mais ne commencerait pas sa venue avec ça. « Salut Tommy ! Tu vas bien ? Je t’ai fait des crêpes ! ». Son frère n’a même pas eu le temps de lui dire un mot qu’Ella a déjà retiré ses chaussures. Elle s’installe et dresse la table comme si c’était chez elle. Ce n’est pour l’instant qu’auprès de sa famille qu’elle se comporte de manière aussi librement, sans gêne. « Qu’est-ce que tu racontes ? Ca faisait longtemps qu’on ne s’était pas vu que tous les deux. »

Heureuse de retrouver son frère, la jeune O’Brian ne refuse absolument pas le câlin de celui-ci. Elle se sent bien auprès de lui, c’est toujours un bonheur de le revoir et de partager un bon moment avec lui. Ce dernier vient de lui avouer qu’il n’a pas encore mangé quand Ella lui a annoncé avoir fait quelques crêpes. Cela l’inquiète un peu vu l’heure, et cela ne peut signifier qu’une chose : Tommy est rentré tard hier soir du travail, ou autre. Ella préfère s’imaginer que ce soit la première option, qu’il ne soit pas encore sorti et fini peut-être mal. Elle a vu son frère changer depuis l’accident et elle aimerait l’aider mais elle ne sait pas vraiment comment faire, elle se sent un peu impuissante face à cela. « Ça va bien, merci ! Tu as fini tard au travail hier ? Il t’exploite pas trop ? » demande-t-elle naïvement. Tommy la suit aussi direction la table pour commencer à manger. La douceur de son frère est ce qui lui manquait le plus finalement, ce baiser sur son front est exactement ce qu’il lui fallait. « Je reviendrai te voir plus régulièrement alors, jusqu’à ce que tu en aies marre. » énonce-t-elle suivi d’un petit rire. Ella commence à sortir la première crêpe du tupperware et la tartine de confiture à l’abricot, sa préférée pendant que son frère lui propose de boire quelque chose. « Un jus d’orange s’il te plaît ! » répond-elle, n’aimant pas le café et faisant déjà un peu trop chaud pour apprécier un thé. La jeune brune ne se prive pas de croquer dans sa crêpe une fois prête. « Bon, elles sont sûrement moins bonnes que celles qu’on t’a appris à faire, mais j’espère qu’elles te feront du bien ! » avoue-t-elle étant loin d’avoir des talents de cuisinière réputée.

Inquiète par le travail nocturne de son frère, Ella ne s’est pas empêchée de lui demander si le bar ne l’exploitait pas, elle ne voulait pas le voir devenir un bourreau de travail, qui ne vit que pour celui-ci et qui se retrouve bloqué de faire d’autres activités plus saines pour lui. Mais ce dernier lui affirme le contraire, trouvant réconfort dans le rythme plutôt régulier du bar. Ella acquiesce d’un signe de tête suivi d’un sourire, s’il le disait, c’est que c’était vrai ? Elle n’en sait pas vraiment plus, son frère reste assez discret et ne s’ouvre presque pas à elle. La jeune O’Brian décide de passer à autre chose, espérant que dans le futur il se confie un peu plus. Tommy lui annonce par la suite qu’il peut venir chez elle aussi. Il est vrai que son frère ne vient pas souvent dans son appartement. Mais Ella vit en colocation avec plusieurs personnes, il est parfois pas évident d’avoir un moment isolé ou dans le calme sans forcément être dans sa chambre. « Oh ne t’inquiètes pas, tu sais, je vis avec du monde, ça bouge tout le temps chez moi, on serait pas tranquilles. » et puis aussi, elle ne voudrait pas que son frère remarque qu’elle trouve un de ses colocataires plutôt charmant. Ella regarde Socks, assis près d’elle au pieds de la table, elle le caresse et ajoute « Et tu sais, tu ne pourras pas emmener Socks, Max aurait peut-être peur » voilà une autre raison pour laquelle c’est peut-être mieux qu’ils se retrouvent chez lui, son chat craignant déjà la présence du chien de son colocataire. Dégustant sa crêpe, Tommy lui assure que la recette qu’il cuisine au Wojna est identique à celle de leur mère, mais la dernière O’Brian est certaine qu’il les fait mieux qu’elle, étant la moins douée en cuisine dans sa fratrie. « Si c’est strictement la même, on doit t’en demander souvent, je viendrai juste pour en commander ! » elle n’est jamais vraiment allée sur son lieu de travail, ça serait l’occasion. Ella sourit en voyant son frère apprécier sa crêpe, ça lui fait du bien de lui avoir fait plaisir. Elle lâche même un petit rire, ce moment lui rappelle ses souvenirs d’enfance. Mais la réalité revient vite lorsque Tommy lui demande si elle ne donne pas de cours aujourd’hui. Cela l’étonne énormément et l’inquiète aussi, ce n’est pas une question normale. Elle fronce les sourcils avant de lui répondre. « Mais, on est samedi ! » puis, Ella continue plus légère « Tu as déjà oublié qu’il n’y a jamais cours le samedi, vieux frère ? »

Retrouver son frère régulièrement est important pour Ella, c’est quelque chose dont elle a besoin pour son équilibre. Avant, il n’était même pas rare de voir la jeune O’Brian toujours traîner chez son frère et sa meilleure amie. Même si aujourd’hui, suite au drame, les relations sont un peu plus distantes, elle essaye d’entretenir ce lien particulier qui unit tous les O’Brian, l’amour de se retrouver en famille. Il n’est donc pas rare de voir la brune se présenter devant la porte de son aîné pour passer un peu de temps. L’inverse l’est, par contre, un peu plus. Mais elle ne lui en veut pas, avec ses horaires de cuisiner, il n’est évident de gérer les relations sociales. Et puis, cela ne la dérange pas de venir tout le temps chez lui. « Tu n’imagines même pas ! Il est capable d’avoir peur de sa propre ombre. Il aurait peur de rencontrer des poissons rouges, alors ton chien... » Max est une vraie catastrophe, c’est un vieux chat qui passe le plus de temps possible dans la chambre de l’artiste, pour ravir son colocataire qui en est allergique. Puis, cela fait une excuse pour éviter d’avoir Tommy chez elle, et pour pouvoir, elle aussi, veiller à son frère en passant chez lui et surveiller que tout va bien. Et si elle attend sa venue, peut-être qu’il s’éloignera d’elle ? Depuis l’accident, elle ressent une certaine distance. Au moins, être devant sa porte pousse à continuer à entretenir leur lien. De toute façon, si la distance devient trop pesante, Ella sait pertinemment où le retrouver : au Wojna. Justement, suite à son enthousiasme et ses compliments pour les crêpes, Tommy se montre enjoué à l’idée de proposer ce met à la carte pour des brunch. Ella remarque le petit sourire qu’elle a réussi à décrocher et ne se prive pas de lui répondre pas un plus grand. « Oh, je viendrai pour tous les brunchs dans ce cas. »    Puis, comme on évoque son travail, elle en profite pour continuer sur cette lancée : « Tu dois bien t’entendre avec ton boss pour pouvoir proposer ça, non ? » C’est vrai que les O’Brian ne sont pas évidents pour obtenir les réponses.. Autant Ella peut s’exprimer facilement dans son cercle familiale, même si il lui arrive de retrouver du bégayement, son frère et son cousin restent plus discrets, plus à l’écart.. Et passent, finalement, beaucoup de temps à leur travail respectif. Et cela peut inquiéter Ella, surtout lorsque son frère n’arrive plus à faire la différence entre les jours de la semaine, ayant presque un rythme d’étudiants. « Finalement, tu as presque le même rythme qu’eux. » réponds-elle en riant, voulant passer ceci à la légère avec un petit rire qui reste nerveux. « C’est de ta faute si le matin ils ne savent plus où ils habitent ? » encore une nouvelle fois, faire passer cela sous le rire mais qui relève de l’inquiétude.

Ella a déjà l’eau à la bouche rien qu’en pensant à des délicieuses crêpes préparées par son frère. Mais alors, si en plus, elle peut avoir la place VIP, ça serait encore mieux ! Elle s’imagine déjà être sur une table, un dimanche matin, avec ses copines, à demander une crêpe spécial chef pour régaler ses papilles et espérer que son frère la surprendra avec différentes saveurs.  « Oh, c’est beaucoup d’honneur tout ça, ça serait avec plaisir »  répond-elle avec un grand sourire espérant que le patron de Tommy accepte cette idée. Justement, Ella écoute son frère sur sa relation avec celui-ci. C’est vrai, il y avait de quoi s’inquiéter au vue de la rivalité entre Percy et Marcus. Elle se demande encore comment le patron du Wojna a accepté la candidature d’un O’Brian mais visiblement tout semble se passer pour le mieux. « J’en suis rassurée, tant mieux ! Et au fait, Marcus a réagi comment quand il a su que tu bossais pour Percy ? »  La dernière de la famille n’avait jamais posé cette question, et pourtant, elle se soucie beaucoup des relations au sein des O’Brian, ne voulant que rien ne se brise, rien ne se détruise. Cela serait dommage si les deux cousins se disputaient pour une histoire de travail, elle en serait très attristée. Ella rie à la petite blague de Tommy sur le rythme étudiant. « Si tu savais que certains ont visiblement décider de suivre ton rythme… Il y en a que je vois jamais le matin. »  Oui, certains ont la fâcheuse tendance d’oublier que la journée commence à huit heures ou à neuf heures, et non à quatorze heures.. Et tout ça, c’est suite à la multiplication des nuits arrosées. « Tu pourrais dire alors à tes collègues de veiller à ce que mes élèves aient une consommation raisonnable » ajoute-t-elle tout en riant « A moins que peut-être vous buvez avec eux finalement ? »  finit-elle avec un nouveau rire avant de se resservir un verre de jus d’orange. La fameuse tournée du serveur, elle en a déjà entendu parler dans les bavardages entre étudiants..

Il est vrai qu’Ella a rarement échangé avec son frère sur son travail. Cela lui fait du bien d’en savoir plus, de découvrir un peu plus en détail son quotidien. Elle ne souhaite que son bonheur et espère qu’il l’ait trouvé dans ce nouveau métier même si de nombreuses parts d’ombres subsistent. « Tant mieux ! Peut-être que ton travail va les réconcilier.. »  . C’est très peu probable que cela arrive. Mais finalement, ce n’est point important pour la jeune femme, ce qui compte vraiment c’est que tout se passe bien au sein de sa famille, rien de plus et entendre que leur travail n’entache aucunement leur relation est suffisant pour la rassurer. Pourtant, elle reste inquiète. Inquiète du rythme de son frère, inquiète de le voir peut-être finir comme ses étudiants, dans un sale état. Il est dans son droit il a raison. Mais les questions d’Ella sont tout autant légitimes, non ? « Sauf si un jour j’arrive un matin ! »   répond-elle avec un petit rire. Elle s’imagine déjà arriver en bas de chez lui, avec potentiellement un bon petit déjeuner qu’elle aurait soit acheté au préalable dans une boulangerie soit confectionné (même si l’option boulangerie serait profitable pour les deux, connaissant les capacités culinaires de la dernière O’Brian). Ella ferait bien ça pour son frère, lui apporter des petits déjeuner, mais pour ses élèves qui arrivent en retard ou sont absent à son cours, il en est moins sûr. Pourtant, elle comprend leur situation, et veut tout faire pour les aider, c’est peut-être ça la solution ? « Très bien, la prochaine fois, je viendrai avec mes collègues pour votre chiffe d’affaire ! »   ou en voilà une autre idée. Adelita serait ravie de l’accompagner, par exemple, sans aucun doute. Et pourquoi pas suivre son frère jusqu’à la fin de service ? Cela serait fort étonnant, c’est une idée beaucoup trop saugrenue. « Hum… un peu mieux, merci, mais ça dure jusqu’à quelle heure cette soirée ? » demande-t-elle, innocente, naïvement. Oui, cela la rassure pour ses étudiants, mais pas tant que ça pour son frère. Seulement, cette préoccupation revient vite avec l’idée du shooter gratuit pour les habitués. « J’espère que tu t’occupes de bien les nourrir, pour qu’ils puissent au moins encaisser toute cet alcool ! »   Elle n’imagine même pas la quantité ingurgitée pendant ces soirées et encore moins l’état de leur foie après tout ça. « Et sinon, que fais-tu pendant tes journées ? »   enchaîne-t-elle avec une nouvelle crêpe, bien gourmande.

Ella sait très bien que sa proposition ne fonctionnerait jamais. Elle voit très mal son frère se lever tôt pour lui ouvrir la porte, surtout un lendemain de travail. Pourtant, elle aimerait bien, pour changer, voir son frère au petit matin. Ella est plutôt matinale en général, même s’il lui arrive de flâner dans le lit de temps en temps. Et pourquoi pas un jour partager un petit déjeuner avec Tommy ? « Même si je t’apporte le petit déjeuner, tu ferais ça ? » répond-elle en prenant une petite moue attendrissante. Puis, surtout, avec ce genre de brunch, s’ils le font le dimanche, elle pourrait avoir un œil sur lui, voir si tout va vraiment bien, comme il le fait si bien entendre. Mais les rôles s’inversent vite, voilà qu’Ella se propose maintenant de venir le voir aussi dans son monde, dans le monde de la nuit. Il lui arrive de sortir, de profiter de la nuit, de la musique, de l’alcool. C’est loin d’être sa routine, mais elle ne s’en prive pas quand l’occasion se présente. « C’est vrai, ce n’est peut-être pas la meilleure idée. Mais tu sais, être prof ça ne veut pas dire ne plus jamais entrer dans un bar. » lance-t-elle avec un petit rire. Et puis, bon, tant qu’elle ne sert pas elle-même de l’alcool à ses étudiants, ça devrait bien se passer, non ? Et surtout, tant qu’ils savent pas que c’est son frère qui finit les bouteilles, une fois qu’ils dorment chez eux, tout devrait bien aller ? Ella secoue sa tête, elle veut s’enlever cette idée, et se trouve affreuse d’y avoir pensé. Son frère ne mérite pas ça, pas cette pensée. « Tu revois quand même les mêmes collègues tous les soirs, non ? C’est avec eux que tu sors ? » Elle n’oserait jamais poser une question directement sur l’alcool, par peur de le braquer, par peur de le perdre ou peut-être juste par peur de voir la réalité en face. Mais pourtant, elle continue son interrogatoire. C’est vrai, elle est inquiète, c’est vrai qu’elle voit son frère changer de jour en jour, sous ses yeux, sans vraiment savoir, sans vraiment comprendre. C’est subtile, c’est léger, c’est difficile à cerner. Elle continue de s’intéresser à son travail prétextant de se soucier de la santé de ses étudiants. « Je demanderai alors ce qu’ils pensent de la nourriture du Wojna. » Un petit sourire se dessine sur les lèvres de la jeune femme. Elle s’imagine déjà poser cette question à ses élèves, devant leurs yeux perplexes et curieux. Et elle espère qu’ils seront honnêtes, tant qu’ils ne savent pas que c’est son frère derrière les fourneaux, ça devrait aller. Puis la question du quotidien vient se poser, elle l’écoute. Oui, il ne change pas tant que ça, finalement. Ca la rassure, ça lui fait chaud au cœur d’entendre qu’il est encore lui. C’est comme si les inquiétudes s’envolent, légèrement. « C’est génial l’idée du bateau ! Tu voudrais naviguer avec ? » L’enthousiasme d’Ella se fait ressentir, elle voudrait voir son frère avec un projet, un vrai projet. « Et si jamais, je pourrais peut-être peindre deux trois petits trucs si ça te tente. » finit-elle en souriant, espérant qu’il accepte.

Un grand sourire se dessine sur les lèvres d’Ella. Evidemment que Tommy lui ouvrirait la porte. Mais elle l’imagine quand même un peu grognon. Elle a dû mal à le voir en pleine forme, prêt à escalader l’Himalaya au levée du soleil. Pourtant, juste avoir sa présence, suffit à Ella. Elle ne désire pas plus, juste être proche de son frère, quelque soit le moment. Peut-être qu’ils se verront plus souvent si elle commence à lui apporter le petit déjeuner ? Impossible de répondre à cette question aujourd’hui, mais ça serait quelque chose à tester. « Super, attends toi alors à me voir samedi ou dimanche matin. » lance-t-elle avec un petit clin d’œil, pour rire, évidemment, ou pas. Qui sait ? Elle le fera sûrement. Mais pour l’instant, la discussion revient sur le fait de le croiser au bar, celui où il cuisine. C’est vrai que la dernière O’Brian n’a pas forcément traîné dans les bars de sa famille, ni pour son cousin, ni pour son frère. Ce n’est pas une grande adepte des bars même si elle ne se prive pas de sortir de temps en temps avec des amis, ou ses collègues. « Oh t’inquiète pas, et ils n’ont pas le choix, c’est donnant-donnant, je comprends leur sortie, ils comprennent les miennes. » Ella a toujours été une professeure très compréhensive, très à l’écoute de ses élèves, jamais sévère. De toute façon, elle n’arriverait pas à jouer le rôle du professeur où il faut se tenir absolument droit. Non, ce n’est vraiment pas pour elle. Loin d de là. Elle leur laisse pas mal de liberté, de choix, de solutions, considérant qu’ils sont assez grands pour savoir ce qu’ils doivent bien faire. C’est une question de respect mutuelle finalement. Et c’est assez sympathique, car ici, à Bowen, elle partage le même avis que certains de ces collègues, notamment Adelita. « Oui bien sûr, on a un petit groupe, ça nous arrive d’aller boire un verre, ou d’aller chez les uns et les autres, et même une fois en boîte de nuit ! » Oui, très surprenant, mais quand la folie vient, pourquoi pas continuer ? Cette nuit-là, Ella était pas mal pompette, mais c’est pas grave, elle a bien ri et bien dansé. C’est l’essentiel, non ? Et elle espère que c’est de même pour son frère, qu’il s’entende bien avec ses collègues. Et écouter sa réponse la satisfait. Tant mieux s’il y a une  bonne ambiance, c’est important. « Oh tant mieux si l’équipe est cool ! Je suis contente pour toi » elle marque un petit arrêt avant de reprendre, fronçant le sourcil gauche « Plus détendue ? C’est que les rushs de ton travail te stresse ? Ou autre ? » demande-t-elle, soucieuse du vocabulaire utilisé. Si tout se passait bien à son job, pourquoi aurait-il besoin de finir sur des notes pus positives ? Elle aimerait que son frère s’ouvre un peu plus à elle avec cette question. Et elle espère vraiment que son travail ne l’angoisse pas, qu’ils en demandent pas un peu trop. Néanmoins, elle est heureuse d’entendre qu’il a des projets personnels, des projets qui pourront le sortir un peu du cadre unique de son travail. « Oh oui ! Ca serait top ! Je viendrai encore plus souvent chez toi, attention ! Ça serait un voilier ? » s’exclame-t-elle, impatiente. Oui, oui, elle s’imagine déjà les cheveux au vent, profitant du beau paysage australien. Pourquoi pas faire une sortie avec ses deux frères et son cousin, en même temps. Cela serait top ! Et puis, ça fait longtemps qu’ils n’ont pas été tous les quatre réunis, cela mettrait encore plus de baume au cœur à la jeune O’Brian. « Avec plaisir, je te préparerai des petits croquis en amont si ça te tente ! » Peindre sur un bateau, elle ne l’a jamais fait. L’idée la stresse un peu, un peu beaucoup à vrai dire puisque c’est celui de son frère, elle ne veut absolument pas la rater. Mais pourquoi pas, après tout, Ella adore changer de support, mettre à épreuve plusieurs possibilités, pouvoir tout faire à la fois. Ca serait une bonne expérience. Même si le stress restera tout le long, elle en est certaine. « Tu sais.. je t’avais parlé d’avoir envie d’aller plus loin dans le métier.. je rêve d’un truc où les élèves peuvent tout retrouver au même endroit… ça me trotte dans la tête depuis quelques temps, mais je ne sais pas, je pense pas être apte à tout ça, je sais pas trop quoi en faire avec ça… » Oui, c’est bien la première fois qu’elle en reparle à haute voix, mais vu qu’ils sont sur la discussion de différents projets, pourquoi pas en profiter ? Pourquoi pas attendre un coup de boost avant d’engendrer l’engrenage ? Est-ce une bonne idée ? Est-ce vraiment nécessaire ? Est-elle à la hauteur ? Peut-elle faire plusieurs choses à la fois ? A-t-elle les compétences ? Voilà les questions qui travaillent la jeune O’Brian, voilà ce qu’il se passe dans sa petite tête.