Sometimes, I don't know why you love me - maddie

Si on avait pas été dans cette situation d'urgence, de détresse, j'crois que ça m'aurait même pas effleuré l'esprit qu'un jour j'puisse conduire la voiture d'Archie. C'était genre comme un extension de lui, un truc ultra précieux et j'crois qu'il ne m'aurait jamais laissé la conduire si lui non plus n'avait pas été dans une situation pareil. C'était comme lunaire c'qui se passait là, lui qui acceptait presque sans aucune résistance que j'me mette au volant alors que j'avais pour ainsi dire très peu - voire quasiment pas - d'expérience. Mais c'était une question de vie, une question d'se reconnecter à la réalité, et ça valait bien toutes les p'tites prises de risque. Et puis, techniquement, j'avais le permis, on risquait rien avec les forces de l'ordre. Mais j'suis pas certaine que ce soit vraiment ça qui inquiète Archie. J'souris à ses mots tendrement, on est toujours collé comme des aimants. Babygirl. J'sais plus quoi en penser de ce surnom. Cette nuit j'oublie tout, il n'y a plus de résistance, parce que j'dois le sauver avant tout. J'me détache de lui, ça m'fait comme un vide, je m'étais habitué à cette proximité, mais j'm'éloigne pas pour longtemps. Il me remercie pour le hoodie et le silence s'installe notre nous. Mais dans nos esprits, dans nos yeux, c'est tout un dialogue qui s'met en place. On a toujours su se parler sans avoir besoin de mots, juste des regards, des intensités de mouvement, des micro-sourires, des battements de cils. Et c'qui se passe là, entre nous, c'est fort. Ma main sur sa joue et lui qui cherche la caresse. Et sa main qui rejoint la mienne, tout en silence. Il fait glisser la paume de ma main jusqu'à ses lèvres et y dépose un baiser. C'est tendre et un peu nostalgique aussi. Mais paisible. C'est assez nouveau comme sentiment ça, la sérénité. Depuis qu'Archie est revenue dans ma vie, je l'étais pas, toujours sur le qui-vive, à l'affut de mon erreur, alors que là, j'ai lâché. J'réfléchis plus à ça, parce qu'il y a plus important que mes p'tites émotions. Il y a lui et ses démons qu'il faut combattre. Finalement Archie se lève, s'habille et j'me lève aussi, prenant la direction de la sortie de la chambre. Archie me tend les clefs et j'souris un peu. J'empoigne les clefs, presque théâtralement. "C'est un p'tit moment historique qu'on vit là." que j'dis avec un sourire. On quitte la chambre. Clairement, on part avec rien. Juste une voiture, ma carte de crédit et sa voiture. On verra bien. Là, c'est que de l'impro. Archie, à mes côtés, j'le sens un peu flottant, ça doit lui demander pas mal d'effort d'être debout là. Alors j'prends sa main dans ma mienne, comme pour lui donner d'la contenance. Au passage, j'chope un plaid qui traîne sur le canapé, Archie va probablement avoir froid. Et puis on quitte l'appartement, j'prends le temps de fermer la porte à clé. On s'retrouve assez vite à la voiture, j'ouvre la porte pour Archie, j'veux m'assurer que tout aille bien, j'en fais p'tete trop, mais j'peux pas m'empêcher. Une fois qu'il est installé, j'le couvre du plaid, j'lui souris et j'contourne la voiture pour prendre place devant le volant. J'inspire un grand coup, regardant les différents éléments, juste histoire de m'imprégner, de me rappeler d'à quoi tout ça peut bien servir. J'insère la clé et j'démarre. La voiture ronronne. "Ok, jusqu'ici tout va bien." que j'dis à voix haute, comme pour me rassurer et rassurer Archie. Je desserre le frein à main et j'recule pour sortir de la place de parking. En vrai, c'est pas compliqué, je vais très doucement et j'regarde partout. Et puis faut dire qu'en pleine nuit, les routes de Bowen sont pour ainsi dire totalement déserte. Ca devrait faciliter le truc. Techniquement.

Tu es sans doute trop stone pour comprendre que tu laisses ton bébé entre les mains de maddie qui clairement a autant d’expérience en conduite que toi en natation synchronisée.
Mais tu lui donnes les clés solennellement
Comme un cadeau du ciel
Tu la regardes dans les yeux en secouant la tête
 « fais pas la maline reynolds »
Tu ris légèrement avant de la suivre
Docilement
Un enfant voilà ce que t’es
Elle te dirige comme une maman avec son oisillon
Tu perds toute masculinité
Sex appeal et tout
T’es juste une âme tourmentée
Elle te borde de ta couverture
T’as toujours froid
Mais c’est ton être qui a froid plus que ton corps
T’es gelé de l’intérieur
Sans vie
Sans vibrations
Tu survies dans ce monde
Tes démons te consument
Ils te dévorent un peu plus chaque jour.
Maddie est ta planche de salut
Elle est ta lumière dans les ténèbres
Ton souffle de vie dans tes enfers
Tu meurs sans elle
Une ombre sans sa part de lumière.
Tu la regardes se mettre derrière le volant
Elle est belle
Elle est forte
Elle semble sans peur
Intouchable
Indomptable
T’es attiré vers elle comme un papillon vers la lumière
Comme un ours vers le miel
Tu sais en la regardant
Tu sais qu’elle s’en sort sans toi
Qu’elle a pas besoin de toi
T’es plus capable d’avoir une pensée positive
Tu ne vois que le sombre
Que le chaos de ta vie
Tu le vois l’échec de vous
Celui dont tu te remets pas
l’échec de l’amour
Parce qu’il gagne pas toujours.
Elle fait une marche arrière et toi tu respires plus vraiment
Tu prends la dimension qu’elle peut exploser ta caisse à tout moment
Tu bats des cils murmurant les yeux sur la route
«  pas mal babygirl je m’attendais à pire.. tu sais peut être conduire … »
Tu la touches pas
T’as peur de la distraire
Qu’elle vous envoie dans le décor
Après tout une fin avec maddie c’est pas le pire
C’est plutôt une belle fin.
Tu poses ton crane sur la fenêtre
Tu découvres ta caisse du coté passager
C’est étrange vu d’ici
C’est moins vibrant
C’est plus simple…
« tu sais où on va ? »
Tu sais qu’elle improvise
Vous avez beaucoup improvisé ensemble
À l’endroit même ou elle pose ses fesses
Vous avez dévoré votre amour …
Et ça te fait sourire légèrement de te le rappeler
« ça te fait quoi d’être à ma place ? »

A l'instant où les clefs tombent entre mes doigts, que j'vois son p'tit sourire et que j'entends sa réflexion, ça m'fait réaliser à quel point là, Archie, il place de la confiance en moi. J'me sens vraiment emprunt d'une grande mission, celle de remettre Archie sur pied, qu'il se sente à nouveau bien dans cette vie. J'sais que c'est pas aussi facile, j'sais aussi que ma propre existence, dans cette histoire, elle a une sacrée importance, j'sais aussi au fond que j'pourrais pas lui offrir tout ce qu'il désire, mais j'peux pas m'empêcher d'évoluer dans son espace et d'être celle qui le tire vers le haut. J'm'en occupe bien d'Archie, j'le couve, j'le materne, c'est pas habituel mais c'est si nécessaire là cette nuit. J'le vois bien à son regard, à ses tremblements, que c'est pas le soleil qui rayonne dans son esprit. Alors j'me dois d'lui apporter tout ce que je peux de chaleur et de lumière. Une fois installée, la voiture démarre et j'fais marche arrière, tranquillement. Je rassemble tout ce que je connais des voitures, j'assemble mes observations et mes maigres souvenirs et en vrai, conduire c'est pas si terrible. J'regarde bien partout, dans tous les rétroviseurs, et j'vois dans un coin de l'oeil Archie, super attentif à tout, et juste avant de sortir du parking, il m'fait un p'tit compliment - si on peut appeler ça comme ça. J'le regarde, amusé, la voiture toujours l'arrêt. "Respire Harding, j'maîtrise." J'lui envoie un p'tit sourire, ouais j'fais un peu la maline là, mais une fois la voiture en route, j'me re-concentre, super fort. L'idée c'est pas d'nous planter ni d'abimer sa voiture. Et comme il y a personne dehors, j'conduis tranquille, très lentement, j'prends chaque virage très smooth et j'me plais même à conduire j'crois. Archie semble se détendre un peu tandis que l'on se dirige vers la sortie de la ville. Je hausse les épaules à sa question. "Pas tellement, j'suis un peu en impro là, pour tout avouer." J'vois la nuit qui défile devant nous, il doit être 3h30, peut-être déjà 4h et j'sais pas du tout où aller. Tandis que j'suis en train de réfléchir, de mettre à plat les maigres options que l'on a pour la suite de la nuit, Archie me sort de mes pensées. J'le regarde amusé. J'me dandine sur le siège, empoignant bien fortement le volant, en vrai je flexe un peu. "Mmmmh, j'dirais qu'à partir de maintenant, si j'dois remonter dans cette voiture, ça sera à cette place là. T'es d'acc?" J'tourne le visage vers Archie, avec un p'tit sourire, j'sais parfaitement que là, si j'conduis sa voiture, c'est vraiment parce qu'il y a un cas de force majeur. Ca risque pas d'se reproduire de si tôt. On s'enfonce dans la campagne australienne, on quitte bientôt les paysages que je connais. J'ai trouvé mon rythme de conduite. J'me sens assez bien. "On va essayer d'se trouver un motel, au moins pour la fin de la nuit. Et demain soir .. on verra." J'avais été à deux doigts de lui dire, haut et fort, que j'comptais être avec lui aussi demain soir, ça avait failli sortir tout seul, comme une évidence, comme si lui et moi on était reparti là, en amoureux, normalement. Mais non, rien n'était aussi simple, et quand bien même j'étais là pour aider Archie à combattre ses démons, j'allais aussi très probablement devoir combattre mes propres pensées.

C’est vrai que tu respires pas beaucoup depuis qu’elle a le volant
C’est pas fait exprès
C’est juste que t’imagines ta caisse en un millier de morceau
Ça te fait frissonner
Elle te fait pourtant sourire cette petite maline
Elle est espiègle
T’adores quand elle est comme ça
Non
Tu l’adores tout le temps nuance
Mais quand elle est forte et pleine de vie c’est comme un shoot d’endorphine directement dans le coeur.
Est ce que l’amour disparait un jour ?
T’es sur que non..
Tu peux t’anesthésier un moment tu finiras toujours pas replonger
Parce que l’amour est en profondeur là ou le paraitre et la logique reste en surface.
Combien de temps ?
Avant qu’elle s’en rende compte?
De l’impro?
Ça te fait rire parce que vous avez improvisé à chaque instant
« on change pas nos habitudes… »
Vous vous étiez toujours laissé porter par le vent
Sans plans
Sans ligne de conduite
Juste votre amour comme cap
Et de multiples embuches sur votre passage
Tu regardes la route qui défile avant de battre des cils quand elle parle de conduire à nouveau
«  jamais de la vie Reynolds profite de l’instant…. te dandine pas sur mon siège » que tu dis en riant
Elle est trop excitée à cette heure si tardive
Tu hoches la tête à son plan
En vrai tu la suivrais n’importe où
T’es complètement mort
T’as plus de force ce soir
Mais le vrombissement du moteur te fait un bien fou
C’est comme une douce symphonie qui se joue dans tes tympans
Tu te penches pour allumer le poste
Et la vieille musique rock qui rempli l’habitacle te fait soupirer
« tu veux bien chanter pour moi ? »
Elle le faisait toujours complètement bourrée
Et ça te plaisait
T’aimais sa voix
T’aimais la vibration
Le timbre
La fausseté
Elle était juste dans son coeur
Et t’avais besoin de ressentir quelque chose
Tu fredonnes doucement pour l’accompagner
Comme avant
Comme lors de vos folles soirées
Ou l’amour était partout
Ou vous faisiez l’amour partout
Parce que rien n’avait d’importance
Les démons n’étaient pas envahissant
Tu maîtrisais presque tout sauf ton addiction
T’as gagné face à ton addiction
Et pourtant rien ne tourne rond dans ta vie.

L'improvisation, ça c'était notre truc, depuis les premiers instants. Comme si on avait aucunement besoin de savoir de quoi la seconde suivante serait faite, peut importe tant qu'on était ensemble. C'est comme ça qu'on fonctionnait lui et moi, et d'se retrouver dans cette voiture, en direction de nul part, sans plan, sans même des fringues de rechanges, sans idée précise, c'est comme si on renouait avec notre histoire, avec notre passé. Archie d'ailleurs le souligna. C'était nos habitudes. Ce mot, il sonnait assez particulier aujourd'hui, dans sa bouche comme dans mon esprit. Comme si, là, en partant ensemble au creux de la nuit, on renouait avec le passé, avec nos habitudes, avec ce qui avait été nous. J'réponds rien, parce que ça m'serre un peu le coeur là, de me rendre compte que nos habitudes, que c'qu'on faisait naturellement, sans se poser de question, c'est plus aussi simple. C'est pas aussi limpide dans ma tête et pourtant, mon coeur m'a emmené jusqu'ici. Sans que j'refrène rien. Alors que j'prends un malin plaisir à me dandiner sur le siège côté conducteur, mes mains bien ancrée autour du volant, ça fait rire Archie. Pour la deuxième fois de la nuit, j'entends son rire. J'crois même que c'est les premières fois depuis qu'on s'est retrouvé. "Sinon quoi?!" que j'lui demande avec un p'tit air espiègle. J'suis en position de force là, j'suis au volant, lui est épuisé, alors j'en profite un peu, mais c'est vraiment pas malintentionné. J'sais bien au fond qu'Archie reprendra le volant dès qu'il sera en état de le faire. Finalement j'lui annonce un plan, celui de s'trouver un motel. Il y en a pas des milles et cents mais on devrait finir par trouver quelque chose. Et pis, il y a toujours un réceptionniste dans ces machins là. Archie semble d'accord pour ce plan là, alors on continue de rouler. Finalement, quelques kilomètres plus tard, j'le vois qu'il allume le poste de radio. J'suis chacun de ses gestes de mes yeux, parce que j'me lasse pas d'le voir bouger. Il relève les yeux vers moi et j'souris en soupirant à sa demande. Chanter devant Archie, je l'avais fais des centaines de fois, souvent un peu cocktail, mais j'avais jamais ressenti de honte particulière. J'étais pas du genre timide. Cela dit, j'tends la main vers le poste radio et j'augmente le son. "J'peux rien t'refuser à toi." que j'dis en souriant, avant d'me mettre à chanter en me calant sur sa voix. C'est pas la prestation du siècle mais j'sais pas, c'est comme apaisant, assez mélodieux, juste parce que c'est pas nos voix qui s'mettent à l'unisson, c'est nos âmes. C'est comme un truc tout doux qui s'installe dans l'habitacle de la voiture, et quand j'peux, j'regarde Archie, avec un p'tit regard pétillant et un p'tit sourire en coin. Ouais, tout ça là, ça m'fait quelque chose. La chanson se termine et enchaîne sur une autre. Et on continue de fredonner, de chanter, parfois même d'inventer les paroles quand on ne connait pas le couplet qui passe, mais bordel, c'est si simple entre lui et moi à ce moment là. Finalement, après presque une heure et demi de route, la pancarte d'un motel se dessine dans l'obscurité. On voit pas tellement les alentours, j'sais pas tellement si ça va être un truc chouette ou pas, mais à ce stade, j'crois que ça n'a pas d'importance. J'me gare, - toujours avec beaucoup de précaution - (même j'suis assez certaine d'être passée très très très proche d'un p'tit poteau en béton) et j'éteins la voiture. L'accueil est éclairée, il semble y avoir du monde mais c'est calme, pour sûr. J'prends le lead encore une fois, et j'entre dans le petit hall d'entrée. C'est pas miteux, mais c'est pas le grand luxe non plus. Le gars semble un peu endormi, ça doit être bien long d'attendre que les nuits se passent ici. Il lui reste des chambres, j'paye et on repart avec la p'tite carte magnétique. On prend la direction de notre chambre. "Askip, notre chambre a une vue imprenable sur les montagnes" que j'dis tout en lisant le livret d'accueil que le réceptionniste nous a donné. Et je m'arrête net, devant la porte. J'me retourne vers Archie, en plissant un peu les yeux. "On aurait p'tete du prendre deux chambres non?" Plus safe pour sûr, mais aussi plus logique non? J'suis assez sérieuse dans ma question. Archie, j'ressens tout un tas de truc pour lui, dormir dans le même lit que lui, j'suis pas certaine que ça soit une bonne idée. Au même moment, je déverrouille la porte. Si on change d'avis et qu'il nous faut une deuxième chambre, il s'ra pas trop tard pour aller en réserver une autre. J'crois que l'heure tardive m'aide plus tellement à avoir des pensées clairs et concises. Lui comme moi, on a besoin d'une bonne dose de sommeil, sans l'ombre d'un doute.

Tu la regardes se dandiner et tu la trouves adorable
C’est bien ta veine
Tu grognes
Avant de rire
Puis tu montes le son et tu lui demande de chanter avec toi
Elle refuse pas et tu souris
Vous chantez,
Vous fredonnez
Vous inventez des couplets
Et ça te fait du bien
C’est comme si tu raccrochais avec une partie de toi
Vous vous êtes fait du mal oui
Mais vous vous êtes aimés si intensément.
Et ce petit éclat de vous
De ce que vous étiez avant ça te fait du bien.
Tu la regarde conduire et elle t’impressionne pas mal en réalité
Elle semble pas du tout stressée et ta caisse est entre de bonnes mains en réalité
t’envisages pas de lui laisser le volant à nouveau mais en cas d’urgence elle est parfaitement capable
T’arrêtes de respirer quand elle se gare
Mais sinon vous êtes vivants.
Elle dirige
Et t’es pas en capacité d’opposer une quelconque opposition
Tu te laisses guider
Tu la couves du regard en réalité
Parce que ça te touche qu’elle soit là pour toi
Ça te touche alors qu’elle s’efforce à te repousser depuis ta sortie de prison
Elle te repousse, te tire à elle, puis te repousse à nouveau
Tu sais que tu fous la merde dans sa vie calme et rangée
Mais tu peux pas faire autrement
C’est maddie …
Devant la chambre le retour de la maddie qui te repousse
Tu soupires légèrement,
T’es trop fatigué pour ça aujourd’hui
 « je vais pas te sauter dessus promis »
Que tu murmures en entrant derrière elle,
t’embrasses son crâne et tu te laisses tomber sur le lit
T’es toujours pas capable de fermer les yeux
Mais c’est déjà mieux
Ta crise est passée
Tes yeux sont rivés sur le plafond
« c’est ancré en moi babygirl … je sais plus comment faire …. Quand je ferme les yeux, tout revient en cascade, les bruits, les odeurs, les douleurs se ravivent et j’ai peur … peur de mourir enfermé comme un chien… peur de mourir sans jamais te revoir … peur de mourir sans jamais … »
Le dire
Ça t’enlève un poids,
T’es toujours fort archie
Et pourtant t’es complètement brisé
En une constellation de morceaux que t’arrives pas à recoller.

J'sais pas pourquoi, pendant une fraction de seconde, j'ai un p'tit éclair de lucidité. Est-ce que je suis vraiment en train d'entrer dans une chambre de motel avec Archie ? Est-ce que tout ça a un putain de sens? Alors j'pense à voix haute, je suggère une seconde chambre mais Archie balaye l'idée, d'un revers de manche et d'une promesse. J'l'ai entendu soupirer aussi, j'crois que de toute façon, là, avec son manque de sommeil et ses démons qui le tiraillent, il est pas du tout dans le mood de tenter quoi que ce soit, d'essayer d'me charmer. Non, là, à l'entendre murmurer, sa promesse sincère, j'sais que j'suis safe. Alors j'entre dans la chambre, suivi de très près par Archie, j'sens sa présence dans mon dos et j'la trouve réconfortante. Puis je sens ses lèvres sur le haut de ma tête avant qu'il ne s'effondre sur le lit, comme si transportait toute la fatigue de l'univers. C'est p'tete le cas d'ailleurs. J'prends soin de refermer la porte, et je le rejoins sur le lit, j'm'assoie d'abord, à ses côtés, et je l'observe. Je vois la silhouette de ses cils qui battent à intervalle régulier, ses iris plantés vers le plafond. Et je l'écoute. Il semble si fragile à cet instant, et je l'écoute me confier ses peurs, et ça ressemble bien à des traumas bien encrés, une faille qui s'est crée en prison et qu'il ne parvient pas à refermer. Ca m'fait comme un vide en dedans, et en même temps j'ressens comme une grande compassion, un truc viscéral, un truc qui m'crie d'être celle qui devrait le soigner. J'ai p'tete déjà commencé mais j'suis pas certaine d'avoir les épaules assez solides pour ça. "C'que t'as vécu là-bas, c'est pas rien. C'est ok si ça t'a laissé des traces, mais faut pas que t'essaye de dealer tout seul avec. J'serais toujours là, j'ai pas l'intention de te laisser tomber Archie. Pas après tout ce qu'on a vécu. T'es beaucoup trop important pour moi pour que j'fasse comme si tout ça n'existait pas." Je marque une pause, et je m'approche un peu de lui. J'reste toujours assise mais j'encercle son avant bras de ma main. Comme un geste de soutient, de présence. "Il n'y a aucune raison que t'y retourne un jour. C'est du passé là-bas. Et si t'as besoin d'une aide extérieure pour passer à autre chose, pour aller de l'avant .. c'est totalement ok." J'savais pas trop comment Archie réagirait à l'évocation d'un psy, lui qui était toujours si solide, si fort, j'le voyais vaciller là. J'l'avais jamais vu dans cet état. Ca m'attrisait mais paradoxalement, ça m'faisait me rendre compte à quel point il était terriblement important pour moi. Délicatement, je caresse sa peau de mes doigts. "Tu crois que tu vas pouvoir dormir un peu?" que j'lui demande tendrement.

T’es vraiment pas en phase avec toi même depuis la taule
T’as déclenché des troubles
Des peurs
Des angoisses
Avant tu t’en rendais pas compte
Peut être que tu consommais trop et que cela anesthésiait ton être.
T’es épuisé et tu relèves pas le fait qu’elle te propose d’aller voir un psy
Tu vas juste faire comme si t’avais rien entendu
Tu comptes pas t’asseoir dans le cabinet d’un psy
Lui raconter ton enfance
Ta vie
Et la prison
Non
C’est meme pas une option
Ils ont essayé en prison mais t’avais déjà pas voulu
Tu veux pas qu’on lise dans ta tête
Tu ne veux pas verbaliser tes maux
Ça les rendra trop réels
Tu veux juste penser à rien
Dormir
Longtemps
Très longtemps
Tu veux faire le vide dans ton esprit
Tu te lèves pour te déshabiller
Et tu te glisses sous les draps
«  si tu viens contre moi surement… »
Si elle dort contre toi
Tu la respireras
Son parfum il a un effet qui te détend alors t’es presque sur
Enfin t’espères qu’elle est la solution à ta lutte contre Morphée
T’es tellement épuisé
 « je t’en pris … viens… »
Tu sais qu’elle lutte contre sa morale débile
Tu lui tends la main pour qu’elle te rejoigne
Une nuit
Une trêve
Une pause
Un repos bien mérité.

Archie se confie un peu, sur c'qu'il a dans la tête, sur ce qu'il ressent, sur ses peurs. Mais ça s'arrête là. Archie, c'est pas un causant, c'est pas le genre à déverser en dehors c'qui se passe en dedans. Tout c'qu'il vient d'me dire là, c'est déjà beaucoup. C'est la première fois en autant de temps qu'on se connait, qu'il me montre une faille, une blessure. J'trouve ça à la fois terriblement touchant et immensément triste d'savoir qu'au fond de lui, c'est tout sombre. Il m'avait apporté tellement de chaleur, de soleil dans ma vie, à une époque, que j'ai l'impression que là, tout est désolé, aride, vide de vie. Mais j'm'avoue pas vaincue. J'sais pas exactement ce que j'ai à lui offrir mais j'suis là. Il relève même pas ma piètre tentative de lui proposer un psy. J'l'ai fais par acquis de conscience, pour cocher toutes les cases, mais j'savais parfaitement qu'Archie allait au mieux ignorer l'idée ou au pire me la renvoyer en pleine tête. On garde le silence un instant et Archie se lève et il se déshabille. J'bouge pas d'un centimètre, et j'le regarde. J'me rends compte que voir Archie se déshabiller tout seul, c'est pas quelque chose auquel j'suis habituée. Généralement, dans le passé, c'était plus moi qui le retirait ses fringues. Toujours silencieusement, il s'rallonge à côté de moi, se glissant sous la couette. Il va dormir, seulement si j'suis contre lui. Ces mots me font sourire un peu, c'est un rictus rempli de nostalgie. Qu'est ce que j'aimais dormir contre lui, dans ses bras réconfortant. Il me tend la main, me supplie presque de le rejoindre. J'lui prends la main et je serre ses doigts contre les miens un instant. Puis je me lève alors, j'enlève mon bas de jogging et je retire mon hoodie dans un même temps. J'me retrouve en culotte et en débardeur mais j'ressens pas de gêne ni de danger. J'prends le temps d'aller tirer les rideaux à la fenêtre, pour être certaine que le soleil ne nous réveillera pas. J'me sens bien fatiguée. Puis j'me glisse à mon tour sous les draps du lit, toujours en silence. J'croise son regard, une fraction de seconde, c'est difficilement lisible c'qui se passe dans notre esprit là. J'suis perdue, épuisée, troublée, et j'décide de ne pas me poser de question. Je m'approche lentement de lui, me mettant dos à lui, calant ma tête dans le creux de son épaule, mon fessier contre son bassin, nos jambes s'entremêlants presque automatiquement. Ses bras m'enlacent, mes mains se placent exactement et parfaitement contre sa peau. Cette position là, on l'avait expérimenté des dizaines et des dizaines de fois. Nos corps s'imbriquaient parfaitement. Comme deux aimants qui avaient enfin trouvé leur place. J'ferme les yeux, et j'inspire tranquillement. L'odeur d'Archie, son parfum, le grain de sa peau, son coeur qui bat contre mon dos, j'suis bien. "Tu me réveilles Archie, si il y a quoi que ce soit." que j'dis en murmurant, me recalant une dernière fois contre lui. Puis, je sens le sommeil tranquillement me faucher, mais je lutte un peu, juste pour être certaine que lui aussi s'endorme. Mais j'crois que je lâche avant lui, j'me détends, et dans mon début de sommeil, j'oublie un peu tout et j'murmure, vraiment d'une toute petite voix. "j'aime être là." C'est pas conscient, ça sort tout seul et je m'endors, blotti contre lui.

Tu as besoin de dormir
Tu as besoin de repos
Tu lui demande de venir contre toi
T’as besoin de sa chaleur
De son odeur
De sa respiration pour te bercer
De son corps comme doudou géant.
Quand elle vient se glisser dans le lit
Vos corps par automatisme se trouvent
Tu la serres contre toi
Ton nez dans sa chevelure tu la respires
Et ça te fait un bien fou
Elle te fait l’effet d’un shoot de morphine
Tu fermes les yeux
Son corps qui s’emboitent parfaitement
Votre position préférée pour dormir
Elle a était plus que tester cette position
Tu hoches la tête en grognant quand elle te dit de la réveiller en si t’as un soucis.
Mais t’as juste envie de sombrer
Et tu sens Morphée qui n’arrive pas à lutter contre maddie
Ta douce
Elle combat le sommeil
Elle combat tes démons
De sa voix ensommeillée quand elle te dit qu’elle aime être là
Tu embrasses sa nuque
« je t’aime… » que tu susurres
Et sans rien comprendre tu sombres
Comme une masse
En serrant maddie contre ton coeur
Tu l’aimes oui
Elle te manque oui
Tu sais que t’as merdé
Mais tu sais que tu peux changer…
Le verra t’elle?
Tu la serres
La respire
Tu ne sais absolument pas combien de temps tu dors
Mais ton corps épuisé
A besoin d’au moins 48 heures de nuit.
Dans ta tête le calme plat
Dans ton esprit rien
À part Maddie qui te sourit
Et c’est doux
C’est rassurant
c’est maddie.