You take a deep breath and you walk through the doors (marcus)

T’avais été barmaid au Elm Street pendant quelques temps, quelques mois et tu t’étais amusée amplement. Tu avais fait suffisamment d’argent pour parvenir à économiser un peu pour tes études et pour te gâter un peu aussi… T’étais partie un peu rapidement, par contre et tu espérais que Marcus ne t’en veuilles pas trop. Tu passais la porte du bar et tu t’approchais du bar. « Tavernier, votre meilleure bière! » que tu clames avec un innocent grand sourire fendu jusqu’aux oreilles. « Comment va le tavernier, d’ailleurs? » Que tu lui demandes gentiment.

On était dimanche matin, la soirée de la veille avait été arrosée, surtout pour les clients, mais aussi pour le propriétaire du Elm qui s'était laissé griser par l'ambiance électrique de la soirée. Ç'avait été le genre de nuit qui commence tranquillement et qui, sans qu'on sache tellement comment, avait fini avec tout le monde qui chante et danse en se prenant dans les bras, jeunes et moins jeunes, amis et inconnus, le genre de nuit que Marcus adorait. Seulement le beau barbu devait ouvrir le lendemain et clairement il n' était pas frais. Il ne se levait plus aussi facilement qu'à une époque et quand le réalisant, ça lui donnait un sacré coup de vieux ! Bref, le sol et le comptoir étaient propres, lavés des excès de la veille, les chaises redescendues pour accueillir les premiers clients matinaux. O'Brian était à son troisième café depuis son réveil et il fredonnait une vieille chanson de Queen qu'il avait en tête depuis cette nuit quand il entendit la porte s'ouvrir. Il s'attendait à ce que ce soit un des petits vieux du quartier, un de ces habitués qui arrivait avec son sourire chaleureux et son journal sous le bras, prêt à parler de la pluie et du beau temps avec son barman préféré. Pourtant il se retourna sur une vision toute autre, sur une apparition, presque un fantôme. Stacy ! Une fois passée la stupeur, il se fendit d'un franc sourire et s'avança pour la prendre dans ses bras. Il est un peu tôt pour la bière, là. T'es tombée du lit où quoi ? Il s'éloigna pour retourner derrière son bar et préparer quelque chose à boire. J'ai une sacrée gueule de bois si tu veux la vérité. Mais c'est signe que ça va ! C'était faux, il avait bien plus souvent eu la tête à l'envers à cause de ses  dérives solitaires depuis quelques années, qu'en faisant la fête. Mais hier avait été un bon soir, oui. Je pensais ne jamais te revoir. Je ne savais pas où envoyer ton dernier bulletin de salaire, je l'ai laissé chez ta mère. Comment tu vas Stacy ? Il ne lui en voulait pas, ni d'avoir quitté son job sans rien dire, ni d'être parti de sa vie tout simplement, ce 'nétait pas son genre a Marc, de se formaliser pour ça. Il savait de toute façon, que personne ne restait jamais vraiment.

Il était surpris, il te confiait qu’il était un peu tôt pour la bière et tu éclatais de rire. « Arrête, tu sais que j’bois à peine. » Que tu confies alors. C’était vrai, tu pouvais boire un verre ou deux en soirée et ça te convenait. Tu n’aimais pas l’état d’ivresse où tu perdais le contrôle. Tu planifiais tes dérapages avec ses conséquences et ça te convenait comme ça. Tu devais toujours être en contrôle de la situation, peu importe ce qu’elle était. « J’avais juste envie de t’appeler Tavernier, en fait. » que tu admets en riant. Tu lui rends gentiment son étreinte. Il te disait qu’il avait une sacrée gueule de bois. « Du café corsé ça ira tout aussi bien. » que tu lui dis avec un sourire. Il te disait qu’il ne pensait jamais te revoir. « Oh mais grand sentimental, arrête tout ça! Je serais rentrée tôt ou tard, mon frère et ma mère sont toujours ici. » Tu le lui rappelles gentiment. Il te disait qu’il avait laissé la paperasse administrative chez ta mère. « C’est très bien chez ma mère. » Tu allais bien vivre avec ça. Chez ton frère, ça aurait été encore mieux mais tu allais t’en contenter. À sa question, tu t’installes sur un tabouret du bar. « Ça va. J’ai officiellement mon diplôme post-doctoral en poche. J’ai même une offre d’emploi ici. Et toi? » que tu lui demandes. « Les affaires vont comment? » Que tu demandes, curieuse.

De mémoire, Stacy ne buvait pas beaucoup en effet. Elle regardait même la consommation de son patron de l'époque avec un regard inquisiteur, elle avait compris qu'il abusait souvent et que ce n'était pas que son côté festif qui l'y poussait. Malheureusement les choses ne s'étaient pas réellement arrangées depuis son départ. Mais ça, il n'avait aucune raison de lui en parler. J'aime bien Tavernier, ça fait rustique. Qu'il sourit, amusé en s'imaginant servir d'énormes chopes de bières à d'hypothétiques chevaliers. Il lui avoua être en pleine gueule de bois et sa réponse lui arracha un petit rire. Je connais la recette, merci. J'en ai déjà trois au compteur. Je t'en sers un d'ailleurs ? Avec un peu de mousse de lait ?  Il était passé derrière son bar, préparant déjà sa machine. Il lui sourit quand elle demandait qu'il arrête. C'était pourtant la vérité, elle aurait très bien pu revenir à Bowen des dizaines de fois sans jamais passer la porte du Elm, après tout il n'avait été que son patron, elle ne lui devait rien. Félicitations, tu auras réussi là où j'ai échoué, bravo ! Marcus exagérait, il pourrait l'avoir son doctorat, en vérité il n'avait eu que la soutenance à passer. C'était lui qui avait choisi de laisser tomber sa carrière scientifique. Et il ne regrettait absolument pas son choix. C'est une bonne nouvelle, Stacy je suis content pour toi. Tu as accepté l'offre ? C'est pour ça que tu es revenue ? Il déposa sa boisson devant la blonde. Les affaires vont bien, merci. On a enfin réussi à s'entendre avec Sierra. Je ne me plains pas. Les deux blondes avaient travaillé ensemble quelques semaines avant que Stacy ne quitte Bowen. Elles s'étaient plutôt croisées finalement, mais Stacy savait que Sierra avait causé quelques problèmes à Marcus à ses débuts, de part son manque cruel de motivation.

Si tu n’avais rien dit concernant le problème d’alcool de Marcus, tu avais rapidement assimilé que 2 + 2 font 4. Tu n’étais pas la bonne personne pour le réprimander et encore moins pour lui faire la morale. Lui qui avait une dizaine d’années de plus que toi avait sans doute des tas de trucs vécus dans la vie. « Je sais! C’est magique et ça change tout! » que tu admets alors que ton sourire se transforme en rire léger presque magiquement. « Que trois? » que tu lui demandes toujours moqueuse. Et lorsqu’il te demande s’il t’en sert un avec une mousse de lait, tu rougis de plaisir et de bonheur. « Tu sais comment parler aux femmes! » que tu lui dis en rajoutant un petit « S’il te plaît! » qui ne trahissait pas tes bonnes manières. Il te félicitait où tu avais échoué et tu fronçais les sourcils. « Tu m’as jamais parlé de ta scolarité, en fait. Tu as fait quoi? » Que tu lui demandes curieuse. En effet, vous vous entendiez bien mais t’avais bien vite compris que Marcus était plus ou moins du genre à parler de lui. Tu lui partageais tes nouvelles alors qu’il se réjouissait pour toi et tu hochais la tête positivement. « En partie. Mon frère et ma mère m’ont manqué, mais je te mentirais si je ne te disais pas que le soleil de l’Australie m’a manqué aussi! » Même avec la saison froide qui approchait à vue de nez. Puis, tu ne pouvais pas nier que Beckham te manquait… et Detlev aussi à qui tu devais faire des amendements. « Merci! » que tu lui dis alors que tu sautes sur le café pour en prendre une gorgée et vivre un autre bonheur. « Mais à quel point ton café m’avait manqué! J’dois le rajouter sur la liste des points positifs de Bowen! » que tu dis un sourire aux lèvres. Il te confirmait que les affaires allaient bien et il te confirmait qu’avec Sierra, les choses s’étaient arrangées. « Le temps fait bien les choses. » que tu conclus. « Tu fais encore pas mal d’heures ou ça va encore? » Que tu lui demandes, curieuse.

Ce n'était pas compliqué de contenter Stacy, peut-être parce qu'à force de se côtoyer quasiment tous les jours durant quelques mois, Marcus avait retenu ses habitudes, ses préférences. Notamment le fait qu'elle buvait son café avec un nuage de mousse de lait et que ça lui laissait toujours une fine moustache au-dessus de la lèvre supérieure. Le barman était observateur et attentionné, ça lui plaisait de se rappeler des petits détails. Il sourit quand ses joues rosirent et qu'elle le remercia. Finalement, il en oublierait presque sa gueule de bois. C'est comme si c'était fait gente dame. Il se glissait dans la peau du tavernier qu'elle voulait qu'il soit. Ce n'était pas un secret, que Marcus avait fait de grandes études et qu'il était un élève brillant, déjà parce qu'il parlait ouvertement de sciences et de son cursus avec des clients. Aussi, car il avait pas mal d'amis de toujours qui passaient au Elm. Ce genre d'ami avec qui on se taquine facilement et qui aimaient lui rappeler ce temps peu glorieux où il avait plus l'air d'un rat de laboratoire avec sa blouse blanche et ses lunettes, plutôt qu'un barman averti. Mais visiblement, c'était encore quelque chose que Stacy ignorait sur lui. J'ai fait un doctorat en physique quantique, mais je ne suis pas allé au bout, j'ai tout lâché pour racheter le Elm. Ça paraissait si simple, si évident dans sa bouche, quelque part ça l'était, mais au fond, il y avait toujours une raison pour changer de vie. Il l'écouta en sirotant son café. Hmm, tu étais partie au Royaume-Uni, il me semble ? Ta mère me l'a dit quand je lui ai déposé ta fiche de paie. C'est pas le même climat en effet. Il s'enorgueillit en souriant de son compliment, bon généralement, on lui disait plus qu'il était doué pour tirer des bières que pour faire du café, mais le plaisir de Stacy était bien le principal. Si c'est mon café qui pèse sur la balance, alors reviens tous les jours ! Ç'avait toujours été facile de discuter avec cette fille, elle était solaire, toujours souriante, séductrice, mais pas poussive. Marcus l'aimait beaucoup et il réalisait à quel point elle lui avait manqué. Il hocha la tête, effectivement le temps faisait son œuvre et parfois dans le bon sens. Je ne lâche pas souvent mon comptoir, tu sais bien. Mais c'est parce que je le veux bien. Ce n'était pas pour se dégager du temps qu'il avait pris du personnel, mais pour que ce soit plus simple pour gérer à deux la fréquentation toujours grandissante de l'établissement.

Comme si c’était fait? Oh qu’il était charmant! Si tu n’avais pas eu Beckham dans ta vie, tu étais persuadée que Marcus aurait fait un bon amant. Tu avais eu la confirmation physique que oui, au niveau personnalité, vous vous entendiez bien et ça te faisait plaisir. Puis, il te donnait du café avec du lait moussé. Si ce n’était pas la clé à ton cœur tu ne savais pas ce que c’était. Tu apprenais qu’il avait fait un doctorat en physique quantique, surprise tu entrouvres la bouche et un sourire dessine tes lèvres. « Waouh. » que tu souffles finalement. Tu te retenais de lui dire que s’il ne t’avait pas eu dans son lit, il aurait été capable de t’avoir en deux secondes en te parlant de sciences. T’étais un véritable rat de bibliothèque, Stace. Puis, il avait racheté le Elm. Non mais quand même… Tu hoches la tête positivement et tu lèves les yeux au ciel. « Tu sais comment sont les parents quand tu fais des études doctorales… » Ça et puis, ils te croient un peu dingue aussi. Tu ris doucement alors qu’il te demande de revenir tous les jours. « Si c’est une demande officielle, je suis partante pour déménager mon labo. » Puis lorsqu’il te dit qu’il ne lâche pas souvent son comptoir, tu échappais un petit rire. « J’ai pas demandé si tu lâchais le comptoir, j’ai demandé si c’était ok comme fréquence. » Que tu lui dis avec un sourire alors qu’il admet qu’il le veut bien. « Et entre toi et moi, t’es heureux comme ça? » Tu as maintenant ton café avec ton lait moussé et tu rougis de bonheur.