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↳ personnages attendus

Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.

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 "Being here without you is like I'm waking up to only half a blue sky"

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MessageSujet: "Being here without you is like I'm waking up to only half a blue sky"   "Being here without you is like I'm waking up to only half a blue sky" EmptyMar 26 Nov 2013 - 19:24




"I'm half a man at best."




Il enfila un pull bleu marine, fit deux tours avec son écharpe, se vêtit de son long manteau noir et après une dernière caresse à son chien, enjamba son vélo et fila à la fac. Cette année, il avait tout changé. De coupe de cheveux, de statut, de quartier. D’année, de filière. De bâtiment, par conséquent. Il avait quitté le département de médecine dans lequel il avait pourtant réussi à passer quatre ans pour rejoindre les bancs des étudiants en anthropologie et de ceux en géographie. Il suivait deux licences, parce qu’il voulait absolument faire de l’anthropologie, mais pour s’assurer un métier, des compétences concrètes, il avait choisi de coupler cela avec de la géographie. Après quatre ans de travail acharné en médecine, suivre deux licences ne lui faisait pas peur. Personne n’avait compris pourquoi Casey Kennington avait abandonné la médecine, lui qui semblait tant vouloir être psychiatre, lui qui n’aurait eu aucun problème à le devenir – il n’avait pas réussi grand-chose dans sa vie (rien que montrer à sa femme qu’il l’aimait, il n’avait pas su) mais quand il s’agissait de travail intellectuel, il excellait. À ceux qui s’étaient interrogés – ses professeurs, ses camarades, ses parents, un peu tout le monde en fait, même la boulangère du coin – il avait répondu qu’il avait envie de changer. Et c’était vrai. Il voulait changer, tout recommencer. Repartir de zéro dans sa vie, dans lui-même. Prendre un autre chemin pour devenir celui qu’il avait toujours refoulé. Ne pas être psychiatre. Aller plus loin. Étudier les hommes, les cultures, l’humanité. Les territoires, la terre, l’univers. Les voyages qu’il avait fait, particulièrement celui en Inde, avaient ouvert son esprit, étendu sa conception du monde. Il ne voulait plus seulement faire attention et soigner des enfants dans son cabinet. Il voulait découvrir des visages, apprendre de ces esprits nouveaux, et partager avec eux. Il ne savait pas vraiment à quoi cela le mènerait, ces études. Mais il les suivrait, jusqu’au bout, il s’en imprégnerait. Et cette fois-ci, il comptait bien agir selon lui-même et non selon les dogmes de la société.

Casey se faufilait dans les couloirs avec rapidité. Il venait de finir de manger et devait se dépêcher de rejoindre sa salle de cours, l’heure avançait. Parcourant le dédale de couloirs, tout à coup une voix attira son attention. Il fut soudain hermétique au reste des gens, son regard ne fixait plus que la chevelure blonde d’une jeune fille. Quelques soirs auparavant, Emily lui avait appris par sms qu’elle était à la fac. L’Australien avait désespérément cherché sa silhouette pendant les jours suivant, sans jamais l’apercevoir. Et là. Coup du hasard – encore – il la croisait, sans avoir pu le prévoir. Il resta la regarder. Elle le vit, il le sut. Mais Casey ne savait pas s’il pouvait aller la saluer. Comment le prendrait-elle ? Son pauvre ex-mari tentait de faire copain-copain avec elle. Est-ce qu’elle apprécierait ? D’un autre côté, il n’allait pas l’ignorer non plus. Il l’avait trop ignorée toutes ces années pour se montrer encore plus odieux après leur divorce. Et il avait envie, il voulait lui parler.

Le musicien passa à travers les quelques personnes qui lui bloquaient le passage jusque Lee et se retrouva face à elle. Il se sentit un peu bête, mais il lui dit malgré tout, avec un sourire :

« Salut, Lee. »

Ils avaient échangé des sms après tout. Et ils avaient aussi partagé une – horrible – séance de cinéma. Il l’avait même accompagnée jusque chez elle après. Il pouvait bien la saluer. Et Emily, qui avait un cœur incroyablement bon (ce qui prouvait qu’il avait vraiment dû être de la pire espèce pour qu’elle demande le divorce), apprécierait sûrement.



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Dernière édition par Casey Kennington le Mer 29 Jan 2014 - 12:27, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: "Being here without you is like I'm waking up to only half a blue sky"   "Being here without you is like I'm waking up to only half a blue sky" EmptyJeu 5 Déc 2013 - 23:31




"I'm half a man at best."




La fac. Un endroit étrange où les gens de tous âges et de tous horizons se croisaient chaque jour sans vraiment se regarder. Si on avait dit à Emily qu'elle allait reprendre ses études arrêtées bien des années plus tôt, elle n'y aurait pas cru. Elle n'avait jamais obtenu le précieux diplôme qui clôture les années lycée pour la simple et bonne raison qu'elle n'avait pas terminé son parcours scolaire. Elle était partie de chez ses parents à l'âge de seize ans et avait tiré un trait sur les études pour de bon. Seulement... Seulement son mariage chaotique avec Casey avait changé la donne. Elle voulait se prouver qu'elle était capable. Capable de quoi ? Aucune idée. D'avoir un diplôme. D'être intelligente. D'accomplir quelque chose par elle-même et pour elle-même... Alors elle avait pris, dans le plus grand secret, des cours par correspondance et après avoir brillamment obtenu le précieux sésame qui ouvrait les portes de toutes les écoles supérieures, elle s'était inscrite à la faculté de Bowen pour y suivre des cours de psychologie. Elle ignorait si elle voulait en faire son métier parce qu'au fond, elle ignorait ce qu'elle voulait vraiment. Mais étudier la complexité du cerveau humain et tout ce qui en découlait l'intéressait vraiment.

Seulement la fac n'était pas vraiment ce qu'elle imaginait. Ce n'était pas aussi prestigieux que dans les films Américains et l'ambiance était un peu moins amicale que dans ses rêves. Malgré tout, elle avait réussi à se faire quelques copines avec qui elle parlait de temps à autre, en attendant le début du cours ou en sortant de la bibliothèque. Mais ce n'était pas vraiment des amis, juste de simples connaissances dont elle ne connaissait même pas les noms de famille. C'est seule qu'elle arpentait les couloirs du bâtiment principal à la recherche de sa salle de cours. Le campus était immense et elle ne savait même pas dans quelle direction aller. Des tas d'étudiants allaient, venaient, discutaient, riaient, chahutaient... Et elle était complètement perdue. Et angoissée. Comme d'habitude, en fait. Alors qu'elle soupirait discrètement, espérant qu'une âme charitable allait se pointer pour la secourir, une voix perça le brouhaha incessant du couloir. Une voix qui s'adressait à elle. Une voix tellement familière... Elle n'eut même pas besoin de lever la tête pour savoir qui s'adressait à elle. Casey. Kennington. Son ex-mari. L'espace d'un instant, elle s'était demandé ce qu'il faisait là avant de se rappeler que lui aussi était étudiant. Peut-être allaient-ils se croiser régulièrement - et bizarrement, cela ne lui déplaisait pas. Elle leva la tête vers lui et lui adressa un léger sourire.

« Salut, Casey. »

Elle était touchée qu'il ose s'adresser à elle alors qu'ils étaient entourés de dizaines de jeunes. Elle ne se souvenait que trop bien de toutes les fois où il l'avait ignorée lorsqu'il la croisa par hasard au détour d'une rue. Elle se rappelait également toutes les fois où il rechignait à dire qu'ils étaient mariés, comme s'il avait honte de l'avoir dans sa vie. Maintenant qu'il était là, devant elle, et qu'il la saluait comme s'ils étaient de vieux amis, elle avait la certitude qu'il disait vrai : il avait changé. Réellement changé.

« Comment tu vas ? »

Ils ne s'étaient pas revus depuis quelque temps et leur dernière conversation datait de quelques jours, quand Emily avait malencontreusement envoyé un SMS à Casey alors qu'il s'adressait à Carly, une de ses copines de fac. Ils avaient bavardé un peu et... Oups. Elle venait tout juste de se rendre compte qu'elle avait oublié de répondre à son dernier message. Se mordant légèrement la lèvre, signe d'embarras, elle baissa les yeux et s'insulta intérieurement. Qu'allait-il penser, maintenant ? Qu'elle ne voulait pas lui parler ? Qu'elle avait mieux à faire que de lui envoyer un pauvre SMS pour répondre à ses questions ? Qu'elle faisait semblant d'avoir une vie bien remplie (du genre "je suis tellement occupée que je n'ai même pas le temps de répondre à mes textos !") pour lui montrer qu'il ne comptait plus pour elle ? Et voilà que ses angoisses resurgissaient à nouveau. Elle se posait toujours trop de questions, pensait trop et finissait par se perdre encore plus dans les méandres de son cerveau détraqué.


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Dernière édition par Emily K. Finch le Mar 28 Jan 2014 - 0:49, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: "Being here without you is like I'm waking up to only half a blue sky"   "Being here without you is like I'm waking up to only half a blue sky" EmptyVen 6 Déc 2013 - 21:18




"I'm half a man at best."




Pour Casey, la fac n’était plus un labyrinthe peuplé d’ombres indéfinissables. Il y était depuis un peu plus de quatre ans et pouvait aisément mettre des noms sur des visages, des âmes sur des corps. Les fêtes, le nombre d’années, les heures passées à parler aux gens de ses promos… Tout cela avait contribué à ce qu’il se sente à l’aise ici, à lui créer des repères, un petit monde dans lequel il évoluait en confiance. D’autant plus en confiance qu’à présent, il était libéré de son envie de plaire aux autres, d’en être accepté. Il avait compris qu’il lui suffisait d’être, et que cela venait tout seul. Pas besoin de se forcer, les liens se créaient d’eux-mêmes, sans nécessité de copiage sur autrui.
Même si faire la fête avait largement conduit à la dégradation de la plus importante partie de sa vie, cela lui avait aussi ouvert la voie vers la sociabilité. Quand il croisait des gens dans les couloirs, il les connaissait pour la plupart. Cependant, cette année il était dans un nouveau cursus et être si… Vieux et inconnu parmi les autres élèves lui avait laissé une étrange impression au début d’année. Mais il avait fini par se sentir à l’aise et s’entendait plutôt bien avec le reste de sa classe.

Quoiqu’il en soit, la fac avait donc toujours été un lieu de repères. Un lieu qu’il connaissait, qu’il maîtrisait. Et il n’aurait jamais cru y voir un jour le visage d’Emily. L’année précédente, il aurait certainement été affolé à l’idée de partager les couloirs de l’université avec la jeune femme. Cette année, il espérait de tout son cœur la revoir. L’apercevoir au détour d’un rayon de la bibliothèque universitaire, la croiser au self, la frôler à l’entrée de la fac. La voir, parfois. Rien qu’un petit peu dans la semaine. C’était peut-être poison qu’un tel souhait, mais il ne pouvait vivre sans.

Il posa ses yeux sur elle. C’était étrange, tout de même, de la voir là. Ici. Elle semblait… Un peu dépassée par le déferlement incessant d’étudiants qui traînaient dans les couloirs de la fac. Il l’avait vue marcher tout à l’heure, et si Emily semblait savoir où aller, elle progressait aussi seule, sans parler à quiconque. La première année, l’université était impressionnante. Elle devait l’être deux fois plus pour la jeune femme qui n’avait plus mis un pied dans un établissement scolaire depuis des années. Il espérait malgré tout qu’elle y trouve sa place, petit à petit.

« Bien, ça va ! » lui répondit-il en souriant également. « Et toi, comment vas-tu ? Tu étudies quoi alors ? » l’interrogea-t-il à son tour.

Il se souvint à ce moment qu’il lui avait déjà posé la question par sms, mais Lee n’avait pas répondu. Elle avait dû oublier d’y répondre – à moins qu’elle cherchait à couper court à tout contact avec lui ? Elle avait voulu divorcer, peut-être ne voulait-elle pas être hantée par lui de nouveau. Peut-être souhaitait-elle une rupture nette et définitive.
Mais… Baloo. Elle l’avait appelé Baloo dans son sms, vous souvenez-vous ? Cette pensée le fit sourire. Baloo, comme avant. Peut-être que cela ne la dérangeait pas de continuer à lui parler, en fin de compte. À moins que ce surnom ne lui ait échappé involontairement.

« Comment tu te sens à la fac ? Ça doit être un sacré changement… » s’enquit-il en lui adressant un sourire de compassion, en souvenir de ses premières angoisses de lycéen-intello-raté quand il avait débarqué sur le campus.

Il espérait qu’elle s’était fait des amies, qu’elle n’était pas trop perdue. Et si elle ne trouvait pas ses salles, il serait raaaavi de les lui indiquer. Ravi.


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Dernière édition par Casey Kennington le Mer 29 Jan 2014 - 12:27, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: "Being here without you is like I'm waking up to only half a blue sky"   "Being here without you is like I'm waking up to only half a blue sky" EmptyJeu 2 Jan 2014 - 13:59




"I'm half a man at best."




La vie était vraiment étrange, par moment. On pouvait passer d'un extrême à un autre en quelques minutes. Du rire au larmes, de la joie à la tristesse... De la solitude à la foule. Et si l'ancienne Emily aurait fui la faculté comme la peste pour éviter de se mélanger à de groupes de jeunes de plus ou moins son âge, la nouvelle Lee, elle, adorait cela. Elle voulait sortir, rencontre des gens, se faire de nouveaux amis et, pour une fois, vivre pleinement sa vie sans rien s'interdire. Le fait de voir Casey lui faisait plaisir mais elle ne voulait pas qu'il pense qu'elle était perdue dans ces couloirs, comme une pauvre petite étudiante apeurée.

« La psychologie » répondit-elle en souriant.. « Je crois qu'au fond de moi j'espère que mes cours vont m'aider à comprendre certaines choses... Même si c'est complètement idiot. »

Elle avait dit cela pour elle-même, c'était une remarque purement rhétorique. Elle espérait naïvement qu'étudier la psychologie lui permettrait de mieux comprendre ses parents et leur désintérêt à son égard. Ou de savoir enfin pourquoi son mariage n'avait pas tenu la route, et ce malgré tous ses efforts. Ou pourquoi elle avait eu besoin d'autant d'échecs pour prendre conscience que c'était sûrement elle le problème et pour changer. Au final, ce n'était pas de cours de psychologie dont elle avait besoin... Mais plutôt d'une psychanalyse. Seulement, elle n'était pas sûre de pouvoir se livrer à un parfait inconnu. Et puis, elle allait bien et c'était le principal. Elle avait appris à aller de l'avant sans se focaliser sur le passé et ça, ça aidait beaucoup. À la dernière remarque de Casey, elle regarda machinalement autour d'elle, posant ses yeux sur les dizaines d'étudiants qui les entouraient, un petit sourire aux lèvres.

« Ouais... Ça fait assez bizarre. Je m'attendais pas vraiment ça... Enfin, si. Je me doutais bien qu'il y aurait des étudiants un peu partout, et tout ça, seulement je ne pensais pas que la fac de Bowen était si grande, en fait. Mais les gens sont gentils, je me suis fait quelques amis. Et puis les soirées étudiantes sont sympas. »

Nouveau sourire. Allait-il remarquer qu'elle avait changé ? Que la petite Lee craintive, réservée et effroyablement solitaire s'était muée en une jeune femme beaucoup plus sûre d'elle ? Elle n'avait plus peur d'aller vers les autres. Elle n'avait plus peur d'être elle-même. Elle n'hésitait plus à aller aux devants d'inconnus pour engager la conversation, ne fixait plus le sol lorsqu'elle avançait dans les rues de Bowen... Elle avançait la tête haute et s'assumait enfin. Emily Kennington avait fait prendre conscience à Emily Finch qu'elle ne voulait plus être cet être effacé qui se laisse marcher sur les pieds. Et elle n'était pas peu fière de son évolution. Casey était sans doute perplexe de voir qu'elle sortait, s'amusait et prenait la vie avec légèreté. Au fond d'elle, elle espérait qu'elle lui plaisait toujours.

« Et toi, alors ? Comment ça se passe, la vie étudiante ? » reprit-elle sans perdre son sourire.

Wow. Elle n'arrivait pas à y croire. Elle arrivait à lui parler sans être gênée ou hésiter entre chaque mot. Elle lui parlait comme s'ils étaient de vieux amis, comme si tout était absolument normal et qu'ils n'avaient aucune raison d'être distants. Pas de doute, elle avait vraiment fait un gros travail sur elle-même.



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MessageSujet: Re: "Being here without you is like I'm waking up to only half a blue sky"   "Being here without you is like I'm waking up to only half a blue sky" EmptyMer 29 Jan 2014 - 16:57




"I'm half a man at best."




Il semblait à Casey que des mois avaient passé comme l’auraient fait des siècles. En si peu de temps, sa vie avait changé du tout au tout, et lui-même avait évolué en conséquence. Ses voyages l’avaient aidé à accepter la personne qu’il était et à mieux apprécier le monde. Le monde et ses êtres. Tout avait un relief différent, une saveur nouvelle. La présence de Lee à l’université l’aurait déstabilisé des mois plus tôt, il n’en aurait pas dormi. À présent, il voyait simplement cela comme une nouvelle variable dans le monde universitaire – sa formation scientifique formatait encore ses pensées – et il était entièrement prêt à accueillir cela dans son petit monde.

La description qu’Emily fit de ses études troubla la jeune anthropologue qui se sentit inévitablement visé, même s’il connaissait le passé chaotique de Lee et le comportement de ses parents qui devait sûrement composer une partie de ce qu’elle cherchait à comprendre. Au fond, il avait agi comme eux. Il l’avait délaissée. Il n’avait pas valu mieux qu’eux, peut-être valait-il même pire ; parce qu’il l’aimait, parce qu’il avait donné l’illusion d’un bonheur possible, et qu’il gâché tout cela – oui, c’était pire, c’était monstrueux. Il se mordilla les lèvres et eut presque envie de pleurer en comprenant son attitude odieuse, mais ce fut si fugace qu’il parvint sans peine à reprendre ses esprits et força sa bouche à dessiner un sourire sur la toile de son visage. Esquisse piteuse pour l’aider à ne pas adopter un visage empli de gêne et de remords et mettre sur la table des sujets qui n’avaient pas lieu d’être, en plein milieu d’un couloir bondé de la fac, quand ils étaient bousculés par des dizaines d’étudiants.

« C’est pas idiot, c’est super au contraire que tu fasses ça, si ça t’intéresse. L’important dans le fait d’étudier c’est d’aimer ce qu’on apprend ! »

Il avait brodé autour des études – même s’il pensait ce qu’il disait – pour ne pas évoquer plus nettement le sujet de la psychologie et de ce que ces études en particulier pourraient en effet aider Lee à démêler sa vie. Éviter de parler de ce dont il n’avait que trop honte désormais, ça l’arrangeait un peu quand même.

Casey essaya de n’en rien montrer mais la réponse de la blonde à sa question le stupéfia un peu. Emily Finch venait bien de parler de soirées étudiantes là ? Visiblement, il n’était pas le seul à avoir changé. Elle aussi. Il ne l’avait pas remarqué les premières fois qu’ils s’étaient croisés, probablement parce qu’une gêne aux premières retrouvailles était inévitable. Mais à présent qu’ils s’étaient déjà revus deux fois, que Lee s’attendait certainement à le croiser à la fac… Peut-être la jeune femme s’était-elle débarrassée de toute cette gêne, montrant désormais son nouveau visage, libérée de vieilles appréhensions. Et elle avait changé. Elle avait vraiment, réellement, changé. Cela lui apparaissait pleinement à présent. Tout. Emily Finch n’était plus la même. Comment avait-il pu ne pas s’en apercevoir plus tôt ? Sûrement parce qu’il était lui-même aveuglé par la vision qu’il avait de la jeune femme et qu’il interprétait ses réactions en fonction de ce qu’il croyait être Lee. Mais la réponse qu’elle venait de lui faire avait enlevé tout le voile qui paraît ses yeux et il percevait à présent qui était vraiment la femme en face de lui.
Il l’avait crue perdue au milieu du couloir, tout à l’heure. C’était faux. Il s’était mépris, trop empêtré dans ses souvenirs. Emily, au contraire, évoluait tranquillement. Et elle était toujours aussi adorable qu’avant, mais d’une autre façon. Il la sentait à l’aise, d’humeur sociable, pétillante de vie. La Lee qu’il connaissait était déjà pleine de vie, mais c’était plus discret, plus doux. L’Emily qui se tenait face à lui semblait plutôt prête à exploser de vie comme des tas de petites bulles de savon. Et puis… Oh mais comment avait-il été aveugle à ce point ? Quelque chose, depuis le début de leur entrevue, le perturbait dans l’apparence d’Emily mais, trop concentré sur leur discussion, il n’avait pas étudié plus loin ce détail. Mais enfin ! Elle était habillée d’une toute autre façon que d’ordinaire. Emily Kennington se cachait, faisait certes attention à elle, mais elle répondait bien plus souvent aux codes vestimentaires d’un garçon manqué qu’aux canons de beauté imposés par la publicité. Ce qui ne l’avait jamais dérangé, par ailleurs. Mais là. Là. Avait-il le droit de dire qu’elle était sexy ? Non, franchement. Regardez-la ! Ses vêtements la mettaient en valeur plus que jamais et elle portait des bijoux-accessoires qui s’accordaient à sa tenue, renforçant le soin de sa tenue. En outre, elle était maquillée différemment de ce qu’il avait eu l’habitude de voir. Le regard qui lui faisait face et ne manqua pas de le pétrifier, aussitôt qu’il prît conscience de la puissance que ce maquillage donnait à ses yeux. Il était absolument foudroyé par l’azur des yeux de Lee. Sans compter ses douces boucles blondes qui encadraient à merveille son visage. Casey avala difficilement sa salive. Il se sentait trembler et ne savait pas s’il tremblait réellement. Il avait l’impression qu’il partait en arrière, mais peut-être n’était-ce que l’effet de son imagination. Il était troublé (et jamais aucune fille n’avait produit sur lui cet effet là, pour ça il en était sûr, pas même la Lee d’avant). Elle était magnifique, elle était incroyablement magnifique. Il retint de justesse ces mots dans sa bouche. Ce n’était vraiment pas le propos.

Passé ce moment de béatitude et de stupéfaction, il fut pris d’une vive inquiétude. Une inquiétude jalouse, conservatrice, égoïste. Tout comme Frenhofer dans Le chef-d’œuvre inconnu de Balzac a peur que ses amis voient la toile qu’il a peinte car y est représentée la femme la plus délicieuse au monde, et qu’il désire la garder pour elle, Casey eut tout à coup peur du regard des autres garçons sur la jeune femme. Parce qu’il était inévitable que d’autres se rendent compte de la beauté de l’étudiante. Donc, que d’autres tombent sous son charme. La séduisent. Et cela, son petit cœur ne le supporterait pas. Il n’était pas de taille à cela. Il n’était pas de ceux qui n’éprouvent aucune jalousie et acceptent que l’amour soit porté à d’autres. Il aimait Emily. Même s’il avait été le plus odieux, le plus infect, le plus égoïste. Même s’il l’avait délaissée, même s’il avait manqué à tous ses devoirs. Il l’aimait sincèrement – là, au fond de lui, ce sentiment lui brûlait l’âme. Et la consumerait si jamais quelqu’un d’autre obtenait les faveurs de la jeune femme. Mais Emily, sûre d’elle, pétillante, libérée, légère, et plus belle que jamais, combien de cœurs risquait-elle donc de faire chavirer désormais ? D’autres l’aimeraient, ou en seraient au moins charmé. Casey le pressentait. Et cela lui faisait peur, parce qu’il était persuadé qu’elle ne voudrait plus jamais de lui – après tout ce qu’il lui avait fait, c’était même une suite logique, d’autant avec son changement de caractère. Une Emily affirmée ne retournerait pas dans les bras du type qui lui avait tant de mal n’est-ce pas, même s’il avait changé ?
Alors il se mordilla encore les lèvres de crainte. Jamais plus il ne pourrait en être aimé. Il devra se contenter de l’aimer, de loin, l’âme morte. Par ailleurs, comment pouvait-il espérer la séduire une seconde ? Surtout pas aujourd’hui. Ses cheveux longs (en comparaison à avant du moins) étaient en bataille, il portait une vieille veste de sweat rouge et grise et avait un simple jean et des baskets. On faisait mieux. Lui-même avait fait mieux. Non, aucune chance. Plus jamais aucune chance face à la beauté vénale qu’il avait l’impression d’avoir sous les yeux.

C’était comme s’il revenait aux premières heures de leur rencontre. Quand elle travaillait au vidéoclub et qu’il se sentait encore trop nul, prisonnier de l’image de l’intello raté et inintéressant qu’on lui renvoyait sans cesse, trop nul pour qu’elle s’intéresse à lui, cette fille adorable. Lee, ici, lui semblait être un peu comme ces filles populaires du lycée devant lesquelles tu pourras toujours baver tant que tu le voudras, mais rêve pour avoir jamais leur numéro.

Il était resté pensif longtemps et secoua sa tête pour se sortir de ses pensées, souriant à son tour à la jeune femme – mais il était prêt à parier que son sourire ne valait pas un quart de celui que Lee lui adressait.

« Désolé, j’étais ailleurs. » Ailleurs, ou enfin face au réel, c’était discutable. « Je suis content que tu te sois fait des amis, la fac ça peut vite devenir un enfer anonyme si les premiers jours tu ne te mêles pas aux autres, alors c’est vraiment génial que tu aies trouvé des gens sympas avec qui parler. »

Il savait de quoi il parlait. Arrivé à la fac, encore pétri de ses angoisses de bouc-émissaire, il n’avait pas osé parler aux gens. Les premiers mois à la fac lui avaient donc paru totalement insipides. Puis il avait réfléchi. Il s’était dit qu’aller aux fêtes l’intègrerait, qu’il lui suffisait de copier leur style, et d’y aller le plus souvent possible pour s’imprégner de leurs attitudes, les copier et recopier, jusqu’à les faire siennes. C’est ainsi qu’il avait fui son appartement pour se réfugier dans les soirées étudiantes, à la recherche de son personnage, ne comprenant pas qu’être soi-même valait toutes les copies du monde. Et ainsi avait débuté la fin de leur mariage.

« Oh, tu vas aux soirées étudiantes ? On s’y croisera peut-être de temps en temps alors. » commenta-t-il avec un petit sourire, lèvres pincées.

Il n’en revenait vraiment pas. Emily allait à des soirées. Étudiantes. Ces endroits bondés de monde et de danse, musique, alcool. S’il la croisait à une de ces soirées, il se demandait bien comment il réagirait. L’inviter à danser ? Haha. La blague. Il n’oserait jamais. Enfin, on était loin de ce schéma, les couloirs de la fac étaient leur seul décor pour l’heure.

La question suivante de la blonde ne fit que confirmer ce dont Casey avait pris conscience à l’instant. Emily avait changé. Car elle ne lui aurait jamais demandé comment se passait sa vie étudiante. Ses cours, son début d’année, oui. Mais pas sa vie étudiante – ou alors il ne connaissait pas Lee. Il en resta tout estomaqué, mais sut cette fois ne pas s’égarer dans ses pensées.

« J’ai un peu perdu de vue les gens avec qui j’étais les années passées, avec mon semestre passé aux États-Unis et mon changement de filière, c’était inévitable. Je suis en anthropologie et en géo’ maintenant, » précisa-t-il en se rendant compte que l’étudiante n’était pas au courant. « Se retrouver avec des premières années tout jeune pour la majorité c’est un peu déroutant au début mais y’a des gens franchement sympas, c’est cool. J’ai l’impression de découvrir une autre fac. Faut dire que la fac de médecine… À cause de la pression et du boulot, il y a énormément de grosses fêtes, donc tout de suite c’est disproportionné. Là c’est plus raisonnable, plus humain. »
Salut moi c’est Casey et je parle à mon ex-femme des fêtes étudiantes. Autrement dit, la cause de notre divorce. Le monde est beau, les petits oiseaux chantent. Et Emily Finch est sublime. – Impossibilité de se défaire de cette vision maintenant qu’il en avait conscience. Un sublime autant physique que moral. C’était insoutenable. Tiendrait-il le coup toute l’année ?

Tandis qu’il se passait négligemment une main dans les cheveux – peut-être espérant donner à ses cheveux une meilleure allure et donc à son corps un aspect plus séduisant – son coude frappa l’épaule de quelqu’un derrière lui. Il se retourna et s’excusa, mais ce faisant, des étudiants pressés le bousculèrent violemment alors qu’il pivotait et son seul réflexe fut de se retenir à Emily en face de lui, qu’il finit par ramener contre lui d’une main dans son dos pour éviter qu’elle ne tombe sous son poids.

Il l’avait dans ses bras, et ses lèvres frôlaient involontairement la joue de la blonde. Il sentit le tremblement le reprendre, et son ventre le faire souffrir. Alors qu’il se dégageait lentement de cette étreinte inopinée, il croisa le visage d’Emily. Elle était à quelques millimètres de lui, et il n’avait pas la force. Pas la force de résister. C’était peut-être la dernière fois qu’il en aurait l’occasion. La toute dernière fois de sa vie, avant qu’un garçon adorable, aimant, respectueux, drôle, vivant, ne lui fasse tourner la tête et l’arrache définitivement de lui. La toute dernière fois. Qu’avait-il à perdre, alors ? Comme pour approuver son questionnement, un autre étudiant frôla son épaule droite et le mouvement ne fit que rapprocher le corps de Casey contre celui de Lee, liant leurs lèvres. Il se retrouva, lèvres collées à celles Emily Finch, sans même avoir amorcé le moindre geste. Alors, quitte à ce qu’un baiser volage se soit imposé à eux par des faits extérieurs, il prolongea l’instant du hasard en embrassant la jeune femme de sa propre volonté. Bien que le geste fût exempt de brutalité, empli même d’une certaine tendresse, Casey se sentait violenté, lacéré. Il lui était aussi doux que douloureux d’embrasser son ex-femme, parce qu’il savait que c’était un risque et une fin. Une fin, principalement. Plus jamais il ne serait comme en cet instant, ses lèvres se prêtant à la jeunes femmes pour lui exprimer toute la tendresse contenue qu’il avait pour elle, tout ce qu’il avait oublié de lui exprimer, arcanes sentimentales qu’il avait été jadis incapable de délivrer, contact entre eux rétabli, plus de honte et de peur, plus de crainte du regard des autres, mais affirmation de soi, expression d’amour. Une douceur dans ce geste. Une telle douceur dont il avait privé Lee pendant des années. Là, en un coup restituée. Douceur à double tranchant à laquelle il mit fin subitement en prenant conscience de ce qu’il était en train de faire.

Il embrassait Emily Finch au beau milieu de la fac, dans un couloir bondé, traversé par des étudiants pressés. Ce n’était pas le lieu qui le dérangeait. C’était le fait. Il l’embrassait. Emily Finch. Son ex-femme. Baiser certes doux, mais à revers. Trop éphémère, condamné à rester un accident au détour d’un couloir, flammèche d’un amour ravivée en vain, c’était une illusion au goût amer qui lui comprima le cœur, il étouffait par tristesse.

Casey se détacha d’Emily et lui adressa un regard désorienté, désolé. Il la libéra de lui et murmura un « Désolé… J’aurais pas dû. Désolé Emily. Je vais te laisser, je dois aller en cours. » Casey lui porta un dernier regard, son corps tressaillant sous l’émotion, hésitant à partir. Quelque chose maintenait ses pieds là, dans le sol, le forçait à ne pas partir – presque à prendre racine, comme pour pérenniser ce moment. Il sentait son corps lourd et immobile, comme pétrifié. Statufié. Un poids l’oppressait. Il inspira, crut être libéré, mais il n’en était rien. Alors Casey se fit violence et déposa un baiser sur l’une des joues d’Emily, comme puisant dans ce geste la légèreté nécessaire pour se remettre en mouvement mais aussi, comme un geste inoffensif chargé d’excuses, vêtu d’ingénuité. Pardon de t’avoir embrassée, voulait-il dire. Sans trop savoir pourquoi, il lui semblait, oui, s’excuser d’un baiser par ce baiser. Parce qu’ils n’étaient pas de même nature, ni générés par le même motif.

Casey, sûrement électrisé par son audace, retrouva la mobilité et se fraya un chemin à travers les étudiants pour rejoindre sa salle de cours.

Il se sentait épuisé.



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MessageSujet: Re: "Being here without you is like I'm waking up to only half a blue sky"   "Being here without you is like I'm waking up to only half a blue sky" EmptyMer 29 Jan 2014 - 23:14




"I'm half a man at best."




Elle n'aurait jamais cru dire cela un jour mais elle se sentait fière. Fière de dire qu'elle était étudiante alors qu'elle avait complexé toute son adolescente de ne pas avoir de diplôme, fière de pouvoir marcher la tête haute et ne plus avoir honte de ce qu'elle était... Fière d'elle-même, en somme. Elle aimait la Lee 2.0 presque autant qu'elle détestait l'ancienne. Apprendre à s'accepter et s'affirmer était un long et douloureux chemin mais rien ne valait la satisfaction que l'on avait lorsqu'on y parvenait. Dorénavant, elle ne s'effacerait plus.

Elle avait bien évidemment remarqué la surprise de Casey au fur et à mesure qu'elle lui déballait sa nouvelle vie, pleine d'amis, de sorties et de choses qu'elle détestait faire auparavant. Et cela la faisait sourire. Elle voulait l'étonner. Elle voulait lui montrer qu'elle avait changé et que, peut-être, il s’ennuierait moins avec elle maintenant qu'elle ne passait plus son temps enfermée entre quatre murs à redouter le monde extérieur. Elle le vit l'observer avec attention - envie ? - puis il eût un moment d'absence, comme plongé dans ses pensées. Elle essaya de deviner ce à qui pouvait traverser son esprit à ce moment précis mais elle n'en avait aucune idée. Ou plutôt si, mais elle ne voulait pas se faire de fausses joies. Il ne t'aime plus, ma vieille. Et ce depuis longtemps ! Revenant à lui, il s'excusa rapidement avant de reprendre le cours de leur conversation. Elle lui adressa un sourire franc en l'écoutant lui dire qu'il était heureux qu'elle se soit fait des amis. Elle savait qu'il était sincère. Casey n'était pas méchant. C'était même l'être le plus adorable qui soit. Il avait fait des erreurs, certes, mais elle n'avait jamais pensé qu'il puisse lui vouloir du mal.

« Peut-être bien, oui », répliqua-t-elle quand il évoqua les soirées étudiantes où ils étaient susceptibles de se croiser. « Ce serait sympa. »

Et extrêmement bizarre mais ça, pas besoin de le dire. Il devait y penser par lui-même. Les soirées étudiantes étaient précisément ce qui avait précipité la fin de leur mariage. Casey y passait le plus clair de son temps, préférant la délaisser au profit de ses copains de fac. Maintenant qu'elle était à sa place et qu'elle voyait enfin à quoi ressemblaient ces fêtes remplies d'étudiants, elle ne parvenait pas à mieux le comprendre pour autant. Oui, ces soirées étaient sympas et on s'y amusait, même s'il y avait pas mal d'excès et de débauche - Emily s'en tenait aussi éloignée que possible, évidemment. Mais pas au point d'en abandonner ses proches.

Son ex-mari lui apprit ensuite qu'il avait changé de filière, ce qu'elle ignorait totalement. D'un autre côté, il n'allait pas lui envoyer un SMS pour la prévenir de ses moindres faits et gestes... Ils étaient divorcés. Et c'était elle qui avait voulu mettre un terme à leur union. Il n'avait plus aucun compte à lui rendre. Elle se sentit mal à l'aise quand il aborda les "grosses fêtes" de la fac de médecine, baissant la tête sans réellement s'en rendre compte. Il avait tout bousillé pour faire la fête avec ses potes de fac qu'il avait finalement perdu de vue... La belle affaire ! Elle reporta finalement ses yeux azur sur ceux de son ancien compagnon et se força à sourire un peu. À quoi bon replonger dans le passé ? Ils avaient tous les deux changé et il fallait aller de l'avant.

« Pourquoi tu as changé de voie ? Je croyais que la médecine te plaisait ? »

Son ton était amical, sans aucune once de reproche. Elle cherchait simplement à faire la conversation et à savoir pourquoi il avait opté pour autre chose alors qu'il semblait s'épanouir dans son ancienne vie. Et si elle s'était trompée ? Et s'il avait souffert autant qu'elle, au final ? Non, impossible. Il n'avait rien faire pour arranger les choses. Il vivait pleinement sa vie étudiante et se fichait bien de leur mariage.

Puis tout s'enchaîna sans qu'elle ne réalise vraiment ce qu'il se passait. Une bousculade, les bras de Casey autour de son corps, son visage pratiquement collé au sien... Sa respiration se coupa pendant quelques secondes. Elle avait peur. Vraiment peur. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas été aussi proche de lui et elle avait l'impression que son cœur allait finir par imploser tant il battait fort. Gardant son regard planté dans le sien, elle observa son visage dans les moindres détails, comme pour se rappeler toutes les raisons pour lesquelles elle était tombée amoureuse de lui. Casey n'était pas seulement beau et séduisant. Il n'était pas seulement doux ni gentil. Ni même drôle et intelligent. Il était Casey. Et elle avait aimé (aimait toujours) chaque minuscule partie de ce qu'il était. C'était une personne extraordinaire qui n'avait malheureusement pas conscience de ce qu'il était capable de faire. Elle avait tout essayé pour le rassurer et lui faire prendre confiance en lui mais à en juger par le résultat chaotique de leur trois ans de mariage, elle avait échoué. Il semblait beaucoup plus épanoui sans elle et même si elle en était ravie, ce constat lui faisait mal. C'est là, alors qu'elle était en pleine contemplation douce-amère, que les lèvres de Casey se posèrent sur les siennes sans crier gare. À moins que ce ne soit que son imagination qui se plaise à la torturer gratuitement ? Mais non. Ce baiser était bien réel, elle pouvait le sentir. Le goût de ses lèvres se rappela à sa mémoire et elle se surprit à sourire malgré elle, se laissant embrasser sans le repousser. Mieux encore, elle posa délicatement une main sur sa joue et répondit volontiers à son étreinte. Des dizaines de papillons virevoltaient dans son ventre, lui donnant l'impression d'être retournée en arrière. Elle revivait clairement leur premier baiser. C'était aussi inattendu, aussi magique, aussi doux... Et elle était toujours aussi amoureuse, malgré tous ses efforts pour l'oublier. C'est là la réalité la heurta de plein fouet. Non, elle ne pouvait pas faire ça. Elle ne pouvait pas se laisser embrasser par son ex-mari au beau milieu d'un couloir. Elle ne pouvait pas répondre à son baiser. Ils étaient divorcés. Et pour une bonne raison, en plus. Il lui avait brisé le cœur. Broyé, piétiné, éclaté en mille morceaux. Elle ne pouvait plus faire confiance à Casey, elle ne devait pas se laisser avoir par sa bouille d'ange - même si elle le trouvait extrêmement séduisant habillé comme cela et que ses cheveux en bataille le rendait encore plus sexy. Enfin, à son humble avis. STOP. Ressaisis-toi, Lee ! Elle enleva rapidement sa main de la joue du jeune étudiant et il se détacha presque aussitôt de ses lèvres. Horrifiée par ce qu'il venait de se passer - le fait d'avoir répondu à son baiser la dérangeait plus que le baiser en lui-même, elle ferma les yeux quelques secondes pour reprendre ses émotions. Et une fois de plus, le jeune homme se déroba, préférant partir plutôt que discuter. Il s'excusa, prétexta un cours... Puis ses lèvres entrèrent en contact avec la joue d'Emily et elle sentit un nouveau frisson lui parcourir l'échine. Elle avait oublié l'effet qu'il lui faisait. Les contacts physiques étaient passés de très rares à carrément inexistant au cours de leur dernière année de mariage et cela faisait bien longtemps qu'elle n’avait pas ressenti cela. Elle ignorait comment gérer toutes ces émotions qui la submergeaient littéralement. Avant qu'elle puisse répondre quoi que ce soit, Casey tourna les talons et sa silhouette disparut quelques mètres plus loin, noyée dans la masse d'étudiants qui déambulaient dans les couloirs. Perturbée, Emily frôla délicatement ses lèvres du bout des doigts. Elle avait l'impression qu'elle brûlait mais c'était un sentiment très agréable. Elle allait passer le reste de la journée à penser à ce baiser. Et à Casey. Aux bons moments. Puis aux mauvais. Puis au divorce. Et tout cela allait la hanter encore et encore, jusqu'à ce qu'un mal de crâne horrible l'empêche de réfléchir convenablement. Pourquoi diable l'avait-il embrassée ?



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