Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Je n'avais pas vu Noël depuis un bon bout de temps. Et je devais l'avouer, il me manquait un peu. Je savais que ce n'était pas réciproque et qu'il devait couler des jours heureux avec Hendley sans se préoccuper de moi. C'était normal, je ne lui en voulais pas. Et je ne voulais surtout pas le déranger comme j'avais l'habitude le faire autrefois, à l'appeler aussi souvent que possible pour avoir des nouvelles. Mais j'avais besoin de lui maintenant plus que jamais.
Après une bonne heure d'hésitation - je me sentais étrangement nerveuse à l'idée de lui donner rendez-vous pour lui demander ça -, je saisissais mon téléphone et envoyai un texto à mon ex-fiancé pour lui demander de me rejoindre dans un café du centre-ville. J'avais retourné le problème dans ma tête un bon millier de fois... C'était la seule solution. Le seul moyen de me sortir de cette mauvaise passe. Enfin, je l'espérais. J'avais précisé que j'avais quelque chose à lui demander tout en restant vague. J'appréhendais sa réaction mais au fond de moi, j'espérais qu'il comprendrait. À ma plus grand surprise, il répondit plutôt rapidement qu'il me rejoindrait sans problème et les battements de mon cœur s’accélérèrent en lisant son message. Les dés étaient jetés. Je ne pouvais plus faire machine arrière, maintenant.
Arrivée au point de rendez-vous un peu en avance, je m'installais à une table à l'écart pour être sûre que personne n'entendrait ce que j'avais à lui dire. Je me sentais comme ces malfrats que l'on voit dans les films. Ceux qui préparent des mauvais coups en douce et qui ont toujours l'impression d'être épiés, parce qu'ils savent qu'ils font quelque chose de mal. Noël ne tarda pas à arriver et je lui adressai un petit sourire. J'étais contente de le voir. « Hey. Merci d'être venu. » Étrangement, je n'avais pas envie de me montrer aussi joyeuse que je l'étais d'habitude. Ni même de lui faire la conversation. Je voulais aller droit au but ; lui demander ce que j'avais à lui demander, partir sans attendre et le laisser tranquille une bonne fois pour toute. Mais nous étions amis et malgré tout, je me préoccupais de lui. Je voulais au moins savoir s'il allait bien. « Comment tu vas ? » Notre dernière conversation remontait à un bon bout de temps, des tas de choses devaient s'être passées pour lui. Comme pour moi. Mais il était hors de question que je lui raconte tout. Je me contenterais de jouer la bonne copine marrante et gaie comme je l'avais toujours fait. Peut-être même que j'inventerais une excuse bidon quand le moment serait venu de lui faire ma demande plutôt particulière. Peut-être que je prétexterais que c'était pour une amie. Une amie qui n'allait pas bien et que je voulais aider. Il n'y verrait que du feu.
Quand j'avais reçu son message, j'avais longuement hésité à y aller. Certes j'avais répondu vite, un peu sans réfléchir, mais après j'avais pensé à annuler. Avant tout ça, ce qui voulait dire avant Hendley je n'aurais pas hésité une seconde, mais à présent c'était différent, parce que je savais que Mika ne supporterait pas le fait que j'aille la voir en tête à tête. Et même si je ne ressentais plus rien envers mon ex-fiançée, et bien je me sentais coupable d'aller prendre un café avec elle. Hendley n'en saurait rien, elle était fragile et je ne voulais pas qu'elle s'imagine quoi que se soit de ce rendez vous de rien du tout. Je n'avais pas à me sentir mal non ? May et moi c'était finit, elle voulait juste quelque chose... d'ailleurs je me demandais ce que cela pouvait bien être, pourquoi elle faisait appelle à moi ? Sachant que nous nous étions éloigné et qu'elle avait son Nick à ses côtés...
Après tout c'était mon amie avant tout, et je me devais d'aller à sa rencontre pour savoir ce dont elle avait besoin, même si cela me faisait un peu flipper. J'arrivais alors à l'adresse qu'elle m'avait donné, c'était le genre d'endroit vieillot à l'extrémité de Bowen, je me demandais pourquoi elle avait choisi un lieu pareille, alors que le centre ville grouillait de cafés sympathique. Soit, je poussais la porte, et l'aperçu très vite, car peu de gens se trouvait à l'intérieur.
Quand j'arrivais à sa table, après lui avoir fait la bise elle me remercia d'être venu. Je ne fis pas accueillis par le plus beaux de ses sourires, mais en même temps j'étais plus son homme, alors je ne fis pas attention à la tristesse qu'elle pouvait ressentir à ce moment. Elle me remercia d'être venu, et je levais les épaules en lui lâchant - C'est normal. Tout en repensant à quel point notre relation avait l'air de tout sauf de normal. Je m'assis alors sur cette chaise en bois qui se trouvait en face d'elle, posant le regard sur la carte pour éviter d'engager la discussion, parce que je ne savais pas de quoi on pouvait parler après tout ce temps. Elle me demanda alors comment j'allais, et je laissa un temps de silence. J'aurais pu lui mentir, et passait au dessus de sa question en lui faisant un sourire. D'ailleurs je commençais à lui sortir un sourire, puis finalement je répondis - Y a des meilleurs jours. Je me sentais pas trop à l'aise, et décidais d'appeler un serveur pour qu'on commande. Puis je posais mon regard dans celui de May, en me demandant ce qu'elle cherchait vraiment à me demander. - Et toi ?
En le voyant là, en face de moi, j'eus la confirmation de ce que je redoutais le plus. Je voyais bien qu'il n'était pas franchement ravi d'être ici, avec moi. Et qu'il se foutait complètement de moi à présent. Je ne faisais plus partie de sa vie. Et c'était sûrement mieux comme ça. Pour lui, en tout cas. Cette fois-là était probablement la dernière fois que l'on se voyait. J'avais un peu de mal à comprendre comment nous en étions arrivés là. Nous n'étions même plus amis. Nous étions deux étrangers, rien de plus. Et ça me faisait mal de penser à lui de cette façon. Il répondit à ma question d'une manière plutôt inattendu et je haussais un sourcil. Alors il n'allait pas bien, lui non plus ? Je repensais soudainement à tout ce que nous avions vécu quelques mois plus tôt. Du temps où il se confiait à moi quand ça n'allait pas, du temps où je passais des soirées entières à ses côtés, à essayer de lui changer les idées et de le faire sourire. C'est fou comme les choses pouvaient changer en si peu de temps... « Oh. Si tu veux en parler... » Mais je savais pertinemment qu'il ne le ferait pas. Il avait gêné, mal à l'aise d'être en tête-à-tête avec moi. Je n'aurais jamais dû l'appeler, c'était probablement le truc le plus stupide que j'avais fait depuis que je m'étais lacéré le poignet avec une lame de rasoir quelques jours plus tôt. Il me retourna la question et je me contentais de lui sourire un peu, sans grande conviction. « Ça va. » Un petit silence s'installa et je décidais enfin de lui parler de ce pourquoi je l'avais fait venir ici. « Je vais pas te retenir trop longtemps, rassure-toi. » J'avais envie d'ajouter un "je sais que tu n'as plus envie de passer du temps avec moi maintenant" mais je ne voulais pas intensifier sa gêne. « Si je t'ai fais venir c'est parce que j'ai un truc à te demander. » Je marquai une courte pause, cherchant comment amener le sujet sur le tapis sans éveiller ses soupçons. « J'ai une amie qui ne va pas super bien en ce moment. Elle n'arrive plus à dormir, elle ne fait que penser à des trucs qui l'empêchent d'avancer... Ça la rend dingue. Y a des moments où elle a carrément envie de se foutre en l'air et elle ne sait plus quoi faire. » Bizarrement, j'étais assez convaincante. Ma voix était posée et j'étais sûre qu'il n'allait pas deviner que l'amie en question, c'était moi. Continuant sur ma lancée, je plantais mon regard dans le siens. « Elle m'a demandée si je ne connaissais pas quelqu'un qui pourrait lui filer des trucs pour l'aider à tenir le coup... Et j'ai pensé à toi. » Il comprendrait très bien ce que je voulais dire. Pendant nos fiançailles éprouvantes, je l'a vais vu prendre toutes sortes de substances illicites et cela avait l'air de l'aider à tout encaisser. Je ne voulais pas devenir une junkie ni tomber dans la cocaïne. Je voulais simplement qu'il me file quelques cachets qui pourraient m'aider à me sentir mieux. Ce n'était pas la fin du monde. « Tu crois que tu pourrais lui trouver quelque chose pour l'aider ? » Je concluais ma question par un sourire franc, de ce que je servais habituellement pour faire croire à tout Bowen que j'étais bien dans mes baskets. Je voulais qu'il ne se doute de rien.
Elle ne répondit pas à ma question, et me dis que si je voulais parler de mes soucis je pouvais. Sauf que je ne le ferais pas. Parce qu'elle avait pas besoin de savoir ce qui se passait avec Hendley, que les choses étaient encore plus compliqué qu'elle ne l'avait été. De toute façon, Maybelle ne pourrait rien faire mis à part avoir pitié de moi, et je ne voulais pas de ça. De plus, ce qui était arrivé à Hendley ne devait pas être su, elle avait déjà été salis, et puis le fait que tout le monde sache son secret ne l'aiderait pas à se relever. - Oh rien de grave. mentais-je, de toute façon elle n'était pas venu ici pour m'entendre me lamenter mais bien parce que je pouvais lui apporter quelque chose. D'ailleurs elle ne tarda pas à me demander ce qu'elle voulait, tout en commençant à me raconter une histoire sur une amie à elle dont elle ne mentionna pas le prénom, sans doute pour que tout ça reste anonyme. Elle avait pensé à moi pour la drogue, c'était donc cette image qu'elle avait de moi ? Une overdose et ça y est on était le drogué, dealer du coin. - Je sais ce que c'est May, mais tu ne penses pas qu'il y est d'autre solution pour l'aider ? dis-je en essayant de faire le raisonnable, après tout May était son amie, et si elle venait me voir pour lui donner de la drogue c'est sans doute qu'elle avait déjà tout essayé pour que son amie aille mieux.
Elle me demanda si je pouvais lui trouver quelque chose pour aider mademoiselle X, à vrai dire bien sur que je pouvais trouver quelque chose, mon répertoire de portable était blindé de contact de dealer plus junkie les uns que les autres. J'étais Noël Wanderbrooke, et c'était pas pour rien que May c'était adressé à moi, parce qu'elle savait qu'à n'importe quelle heure je pouvais avoir la dose d'un bout de paradis. Sauf que depuis mon overdose, j'avais décidé de ne pas m'approcher des dealers et de ne plus rien avoir chez moi ou sur moi. - Maybelle, ça risque d'être compliqué... j'ai rien sur moi là. lui dis-je alors, tout en me demandant ce que je pouvais bien trouvé. Seulement, je pensais à Hendley qui serait morte d'inquiétude si elle m'attrapait avec une quelconque substance sur moi. - Dans trois jour peut être que se sera jouable, mais faudra être discrète.. tu crois qu'elle pourra attendre ? Je ne sais pas comment Maybelle pouvait me faire changer d'avis, j'aurais pu l'envoyé se faire foutre, mais bizarrement j'éprouvais le besoin d'aider cette fille inconnue, peut être pour être amené à revoir Maybelle en lui donnant la drogue...
Le serveur arriva alors, posant sur la table les deux cafés, à ce même moment mon portable se mit à sonner, je me précipitais sur celui ci pour savoir si c'était Hendley, qui devait se demander où j'étais, sauf qu'au même moment, je renversais la tasse brûlante sur le bras de mon amie. Sans réfléchir, je laissais tomber mon portable, attrapa la nappe de la table, remonta la manche de Maybelle pour pas qu'elle se brûle et essuyer le café.
Sauf que sous mes yeux, quelque chose me frappa l'esprit ...
C'était officiel, je n'étais plus sa confidente. Il ne voulait pas me dire ce qui n'allait pas mais après tout, je ne pouvais pas le blâmer pour ça. Moi aussi, j'avais mes petits secrets. Toutefois, je regrettais clairement le temps où on se parlait sans être gênés. Il me demanda s'il n'y avait pas d'autres solutions et je secouais la tête presque immédiatement, l'air sûre de moi. « Non. Elle a tout essayé, vraiment... Je crois que si ça continue comme ça, elle va faire une connerie. » Je pesais chacun de mes mots, essayant de me montrer convaincante et de ne pas employer "je" au lieu de "elle". Je ne voulais pas Noël sache la vérité. Je voulais juste qu'il m'aide sans le savoir puis je le laisserai s'en aller. Je soupirais de soulagement lorsqu'il m'indiqua qu'il pourrait sûrement avoir quelques trucs dans trois jours. Un sourire (sincère cette fois-ci) étira mes lèvres. « Ça devrait aller. Merci Noël, merci beaucoup. Tu peux pas savoir ce que ça représente pour moi. » Malgré tout ce qu'il s'était passé entre nous, nous pouvions compter l'un sur l'autre. Et c'était à ça qu'on reconnaissait une véritable amitié, non ? Peu importe les épreuves et les mauvais moments, on restait présent pour ses amis quand ils avaient besoin. Noël était un vrai ami. Et même si le temps nous éloignait de plus en plus, il compterait toujours énormément pour moi.
Sans que j'aie le temps de réaliser quoi que soit, il me renversa du café sur le bras. Le liquide bouillant s'infiltra sur ma peau lacérée et je serrais les poings pour ne pas hurler de douleur. Puis, sans que je puisse dire le moindre mot, Noël s'empressa de relever la manche de mon pull pour réparer les dégâts, découvrant mon plus grand secret par la même occasion. M'empressant de cacher mes cicatrices en enlevant mon bras d'un geste vif, je remis ma manche en place et fis comme si de rien n'était, malgré l'ambiance qui s'était subitement alourdie. « Donc... On se revoit dans trois jours... Je vais le dire à mon amie... Elle sera contente. » Je n'osais même plus le regarder en face. Je tremblais comme une feuille et je tenais fermement ma manche pour couvrir mon bras du mieux possible. Je gardais espoir qu'il n'ait rien vu, même si je savais au fond de moi que c'était impossible. À moins d'être aveugle, on ne pouvait pas passer à côté de ces mutilations qui enlaidissant mon avant-bras et mon poignet. Me pinçant les lèvres, je me raclais doucement la gorge avant de continuer : « Je vais te laisser, je ne veux pas te déranger plus longtemps. Merci d'être venu et... Tu m'appelles dans trois jours pour savoir où se rejoint ? » Je sais, fuir était lâche. Mais je ne voulais pas voir sa réaction. Je ne voulais pas qu'il me pose mille questions. Je ne voulais pas lui dire que cette amie qui allait si mal, c'était moi. Prétendre que tout allait bien dans le meilleur des mondes était beaucoup plus facile.
D'un côté j'étais content de pouvoir aider son amie, enfin aider c'était un grand mot, parce que si ça se trouve Maybelle me détestera lorsque sa copine sera accroc... Après cela tout se passa très vite. Un coup de téléphone, le café bouillant sur l'avant bras de Maybelle, de grosses cicatrices, puis Maybelle balbutiant, et fuyante. Je restais bouché bée sur la chaise de ce petit café, j'étais choqué par ce que je venais de voir. Au début tout était flou dans ma tête, j'arrivais pas à comprendre ce que j'avais vu tellement cela paraissait absurde, mais mon cerveau ne perdit pas à faire le lien entre les blessures sur son poignet et le récit qu'elle m'avait balancé sur sa soit disant copine. Copine inexistante. C'était elle qui voulait se droguait, c'était elle qui était au bout du rouleau et c'était bien elle qui avait voulu s'ôter la vie. Comment cela pouvait-il être possible, elle avait tout pour elle, d'accord les histoires avec sa famille était compliqué mais tout était compliqué dans les familles. Je comprenais pas son geste, et je n'allais pas rester là bêtement à gober les mouches. Aussitôt que mon esprit compris, je me levais en manquant de m'étaler par terre. En sortant du café, je tournais la tête dans tout les sens, jusqu'à repéré la chevelure doré de la demoiselle qui pressaient le pas au loin. - Tu pourras pas fuir toute ta vie Maybelle ! criais-je au loin, avant de me mettre à courir et d'arriver à sa hauteur, je l'attrapais par le bras, en la foudroyant du regard. Je pense qu'elle avait compris que j'avais fait le lien, parce que sinon, je ne serais pas venu la rattraper. Comme un parent, je gardais le silence, en attendant qu'elle me dise quoi que se soit, mais je crois qu'elle ne parlerait pas la première, trop fière pour nier sans doute. - Tu peux prendre qui tu veux pour un con, mais pas moi !lui reprochais-je sans lui lâcher le bras. J'avais été trop bon avec elle, voulant l'aider. Trop bon, trop con. Je me sentais utilisé, manipulé, elle qui disait que j'avais joué avec elle, fallait qu'elle se remette en question. Comment avait-elle pu me faire ça ? Peut être qu'à cet instant précis j'étais dur, et qu'elle devait être terriblement mal pour s'être mutilé le bras, et à présent vouloir prendre de la drogue. C'était pas Maybelle, la fille que je connaissais. Nick ne devait pas être au courant, et cela m'intriguait encore plus. Qu'est ce qu'il se passait dans sa tête. - Je comprend rien May, peut être que c'est normal parce que ça fait longtemps que l'on ne sait pas parler, peut être que j'en aurais su plus si l'on s'était pas éloigné. Et c'est sans doute pas à moi de devoir gérer ça, mais tu sais bien que je peux pas te laisser comme ça. Je m'avançais vers elle, la prenant dans mes bras un instant, respirant son parfum, comme pour vérifier si elle était bien encore vivante en chaire et en os. - Je suppose que personne est au courant ?! dis-je alors plus calmement.
Je savais très bien que Noël avait compris. C'était un garçon intelligent et de toute façon, il ne fallait pas avoir un bac+10 pour comprendre que cette amie si désespérée n'existait pas et qu'en réalité, je parlais de moi. Foutu destinée ! S'il n'avait pas renversé ce café, mon plan aurait très bien fonctionné. Je me sentais tellement honteuse... Et je ne voulais pas avoir à en parler avec Noël. Le message était clair, nous devions faire notre vie chacun de notre côté et je n'avais pas le droit de l'ennuyer avec mes problèmes. Alors j'avais décidé de partir. De faire comme tout allait bien une fois de plus et de quitter le café en ressemblant le peu de force qu'il me restait.
Alors que je dévalais la rue à toute vitesse, luttant au maximum contre mes larmes, la voix de Noël parvint jusqu'à moi. Je me stoppais soudainement et avant que je puisse faire quoique ce soit, je le vis me rejoindre avec hâte et m'attraper le bras. Le fait qu'il soit là me déplaisait et me rassurait en même temps. S'il m'avait rattrapée, c'était sûrement parce qu'il s'inquiétait pour moi. Ce qui voulait dire que je comptais encore au moins un peu et qu'il ne me détestait pas autant que je le pensais. Essayant vainement d'enlever mon bras de sa main, je soupirais doucement. L'heure des explications étaient venues. Mais je n'étais pas prête à parler. Je me contentais de fixer Noël sans rien dire, la honte me brûlant la gorge. Il prit la parole et au fur et à mesure que les mots sortaient de sa bouche, les larmes envahissaient mes yeux. Je luttais au maximum pour ne pas éclater en sanglots devant lui, m'attachant au peu de dignité qu'il me restait. Il me prit finalement dans ses bras et je m'accrochais à lui comme une gamine qui cherche du réconfort.
« Non... », répondis-je quand il me demanda si quelqu'un était au courant. Non, bien sûr que non. Nick savait que je n'allais pas très bien par moment mais je pense qu'il était loin de se douter que j'en étais arrivée à ce stade-là. Et c'était mieux comme cela. Je ne voulais pas inquiéter les gens inutilement. Relevant la tête vers Noël, je soupirais doucement. « Ça va aller, Noël. Je t'assure. Je ne veux pas que tu te sentes obligé de t'occuper de moi ou quoi que ce soit. Je sais qu'on s'est éloigné et ça me va, je veux dire, j'ai pas envie que tu te forces à me parler alors que tu n'en as pas envie. Tout ce que je te demande, c'est de ne rien dire à personne... S'il te plait. » Je ne voulais pas qu'il se force à m'aider. Je ne voulais pas qu'il se sente obligé de revenir vers moi maintenant qu'il savait que je n'allais pas bien. En réalité, tout ce que je voulais vraiment, c'était qu'il me file ces foutus cachets qui pourraient me faire aller mieux. C'était ma seule échappatoire, mon dernier recours. Je repensais à tout ce que j'avais dit au sujet de cette "amie"... J'avais été honnête en disant qu'elle était au bord du gouffre et qu'elle avait envie de se foutre en l'air. Mais maintenant qu'il était au courant qu'il s'agissait de moi, je regrettais d'avoir dit cela. Il devait me prendre pour une folle. Une tarée qui passe son temps à se plaindre alors qu'elle a la belle vie. Une fille qui cherche l'attention. C'était tout ce que je ne voulais pas. Je préférais largement me concentrer sur les problèmes des autres plutôt que sur les miens parce qu'au fond, je considérais que mon existence n'avait pas grande valeur. « Je suis désolée. J'aurais pas dû te mêler à tout ça... J'aurais pas dû t'appeler. » C'est vrai. L'appeler était une erreur seulement, il était trop tard pour s'en rendre compte. Je ne pouvais pas revenir en arrière.
Elle était sur le point de craquer d'une minute à l'autre, alors qu'elle me disait que ça irait, et que je devais pas me sentir obliger de m'occuper d'elle. Non, mais elle pensait tout de même pas que j'allais la laisser partir. Jusqu'où était-elle capable d'aller, si elle s'était mutilé les poignets ? On ne pouvait pas la laisser sans surveillance comme ça. Je songeais fortement à prévenir Nick, mais la voilà qui me disait que je ne devais rien dire à personne. Qu'est ce qu'elle avait toute à vouloir tout garder pour elle et à ne rien dire ? - Mais je ne peux pas ne rien dire May. Tu peux pas rester seule comme ça dans tes soucis. Je suis sure que Nick peut t'aider, tu l'aimes après tout, pourquoi tu lui as rien dis ? Pourquoi tu dis jamais rien putain ? T'es pas censé tout subir de la vie parce que t'as fais une connerie dans ton passé ! dis-je un peu hors de moi parce que j'en avais marre qu'elle fasse comme si de rien n'était. Elle devait pas se rendre compte que la situation était grave vu comment elle réagissait, et cela me rendais fou. Elle commença alors à s'excuser, qu'elle n'aurais pas du appeler et tout le blabla. Je posais mes mains sur ses épaules pour la forcer à me regarder dans les yeux. - Déjà tu arrêtes de dire des conneries. Heureusement que tu m'as appelé oui, tu peux pas rester à te morfondre dans ton coin May. C'est quoi ton putain de problème ? Pourquoi tu as fais ça ? Tu débloques ou quoi ? D'accord peut être que je n'étais pas calme du tout, mais c'est parce que tout cela m'affoler, et je n'imagine même pas ce qui lui serait arrivé si je n'avais pas renversé mon café sur elle. - Et tu peux me croire que je vais pas te laisser filer! dis-je en reprenant mon portable et en envoyant un sms à Hendley pour lui dire de ne pas m'attendre, que je rentrais tard mais que fallait pas qu'elle s'inquiète. Je me sentais mal de ne pas lui dire toute la vérité, mais là je ne pouvais pas. Fallait que tout soit réglé, mais Maybelle ne pouvait pas rester silencieuse jusqu'à la fin de ses jours. - Tu n'es pas obligé de tout me raconter, mais faudra que tu parles à quelqu'un de ce qui t'arrive. je pris ma tête entre mes mains une seconde pour essayer de faire le vide. Je comprenais de moins en moins les gens qui m'entouraient, et j'avais peur pour May, bien sur on s'était éloigné, mais je voulais pas qu'il lui arrive quelque chose. Moi qui pensait qu'elle vivait une vie toute rose avec Nick...
J'étais reconnaissante qu'il ne veuille pas s'en aller. Qu'il préfère rester avec moi à essayer de me faire réagir plutôt qu'à partir comme s'il n'en avait rien à faire. Quand il évoqua Nick, je baissais immédiatement la tête. Non, je ne voulais pas le mettre au courant. Pas parce que je n'avais pas confiance en lui mais parce que je ne voulais pas qu'il s'inquiète. Je voulais qu'il garde le même regard sur moi. Je voulais qu'il continue à me voir comme une fille marrante et pleine de vie qui avait des baisses de moral de temps en temps. Comme tout le monde. Pas comme une tarée suicidaire. « Hors de question que Nick apprenne ça. J'ai pas envie qu'il s'inquiète pour rien. » Mais si Noël décidait de le prévenir, je n'en serais rien. Il pouvait très bien le faire dans mon dos et j'ignorais comment Nick réagirait. Surtout s'il apprenait que Noël avait été au courant de tout cela avant lui.
La culpabilité me rongeait de plus en plus, amplifiant davantage mon mal être. Quand Noël haussa la voix, je baissais la tête. Je ne pouvais pas lui en vouloir d'être en colère, je savais pertinemment que j'aurais eu la même réaction si j'avais été à sa place. Je ne savais pas quoi lui dire. Oui, je débloquais sûrement. Et je détestais me sentir comme ça. Mais je n'y pouvais rien. J'avais toujours ce sentiment étrange au fond de moi, cette impression d'être nulle en tout, tout le temps. Cette sensation de "ne pas être assez". Pas assez jolie, pas assez intelligente, pas assez intéressante, pas assez normale... Je parvenais de moins en moins bien à cacher les tonnes de complexes qui me bouffaient la vie depuis des années. « J'en sais rien, Noël. Je sais pas. Je sais pas pourquoi j'ai fait ça, je sais pas pourquoi je me sens si mal mais c'est comme ça. J'essaie de faire en sorte que ça aille mieux, mais ça marche pas. » La vérité, c'est que je me détestais. Je me détestais vraiment. J'en arrivais à être dégoûtée de moi-même quand je me regardais dans un miroir. Et même si je n'oserais jamais le dire à voix haute, Noël y était pour quelque chose. Pas consciemment, évidemment. Mais le voir m'oublier comme cela du jour au lendemain m'avait fait de la peine. Il n'était pas le seul, d'ailleurs. Mes parents et lui m'avaient sortie de leur vie comme si je n'existais plus, comme si cela ne leur ferait rien de ne lus m'avoir à leurs côtés. Mais moi, ils me manquaient. Et me rendre compte que ce n'était pas réciproque m'avait fait du mal, même s'ils n'y étaient pas pour grand chose. « Y a pas grand chose à dire... C'est... C'est juste que j'ai un problème avec moi-même... Et je crois que ça ne s'arrangera jamais. » J'essayais. J'essayais vraiment. Mais jusqu'à présent, mes efforts ne servaient à rien. Et plus j'y pensais, plus je me sentais coupable de me sentir si mal alors que certaines personnes avaient des problèmes bien plus grave que les miens. Je ne voulais pas que Noël pense que le problème était lié à Nick parce que ce n'était pas le cas. Ce n'était lié à personne, d'ailleurs. C'était juste moi. Moi et l'estime que j'avais de ma propre personne. Quand j'étais accompagnée, les choses se passaient bien. Mon esprit était occupée et je parvenais à me sentir bien. Mais je ne supportais plus la solitude parce qu'elle me laissait tout le loisir de penser, de faire des analyses sur ma vie et sur la personne que j'étais... Et à chaque fois, le constat était le même : je m'enlisais dans un désespoir profond en me répétant que j'étais une bonne à rien. Je crois que mon père y était pour beaucoup. Il avait passé les quatre dernières années à me répéter que j'étais une moins que rien et que je ne ferai jamais rien de ma vie. J'avais fini par le croire. Et les récents événements n'avaient fait que me conforter dans cette idée. Je ne savais pas vraiment quand les idées noires étaient apparues mais cela faisait quelques semaines que j'angoissais à chaque fois que je me retrouvais seule. J'avais peur de finir par passer à l'acte. « Y a certains jours, c'est insupportable. J'ai juste envie de me jeter du haut d'une falaise pour que ça s'arrête. », murmurai-je doucement. « Mes pensées tournent en boucle dans mon esprit. Toujours les mêmes, tout le temps. Et c'est tellement éprouvant que ça finit par me faire mal au crâne... Je suis épuisée de tout ça. J'en peux plus. Je veux juste que ça s'arrête », répétais-je doucement en fermant les yeux.
Je n'étais pas du tout d'accord avec elle, elle ne voulait pas que Nick l'apprenne pour pas qu'il s'inquiète. Mais merde, ils étaient ensemble, et elle avait pas à lui cacher des choses comme celle là, il était sa moitié, comment faisait elle pour faire comme ci de rien n'était avec lui ? - Je pense qu'il aurait des raisons de s'inquiéter plutôt. Tu ne peux pas lui mentir là dessus... et puis je suis sure qu'il t'aiderait. Nick était loin d'être un mauvais garçon, il combattrait la terre pour l'aider à aller mieux, et c'était l'une des meilleures solutions. - Tu dois arrêter de tout garder pour toi, tu sais que tu peux compter sur lui ! J'essayais de la convaincre d'aller le dire à Nick, je me demandais de quoi elle avait bien peur, si c'était qu'une question d'inquiétude c'était totalement stupide. - Si tu lui dis pas May, c'est moi qui lui dirait dès demain ! lâchais-je alors comme pour faire pression sur elle, parce que je savais qu'elle préférait nettement que ce soit de sa bouche que sorte l'histoire. Nick serait fou si il l'apprendrait de moi. Je n'étais pas fan de chantage, mais à cet instant il n'y avait rien à faire pour que je m'assure qu'elle lui dise.
Puis j'essayais de savoir pourquoi elle avait fait ça en lui posant des questions. Mais elle bafouillait, en me répétant qu'elle ne savait même pas. Je fronçais les sourcils, méfiant, elle m'avait bien mentit une fois, alors pourquoi pas une deuxième fois. Elle poursuivit en me disant qu'elle avait un problème avec elle même, je haussais les sourcils. - Et tu crois que c'est la meilleure solution de se couper les veines quand tu as un problème avec toi même ? lui dis-je en montrant mon désaccord avec son acte.
J'essayais de l'écouter, mais j'avoue que son récit me perdait un peu, beaucoup... Quelles pensées tournaient dans son esprit ? Épuisée de quoi ? Heureusement que j'avais pas fait des études de psychologie parce que cela m'aurait rendu fou. Mais à vrai dire je la regardais d'un air de plus en plus inquiet, me demandant comment elle était arrivée à cette étape, mais surtout comment elle avait fait pour que personne ne s'en rende compte! Je pensais à ses parents, me demandant ce qu'il pourrait faire pour elle, mais je crois que son père était incapable de faire quoi que se soit mis à part la descendre. Mais sa mère, elle était plus douce, et plus compréhensive quand Mr. Goodwin n'était pas dans les parages. - Le problème May, c'est que tu es une égoïste! Qu'est ce qu'on aurait fait, si on t'avais retrouvé morte dans une salle de bain hein ? Penses à tes potes merde, penses à l'homme que tu aimes... Personne t'oblige à tout garder en toi, si tu es pas contente, si tu veux râler, et bah fais le, lâche toi ! Arrête de faire comme ci tout va bien. Arrête de mentir pour le bonheur des autres. Et regarde, ceux qui savent ce qui t'es arrivé dans ton passé, et bah ils ont pas arrêté de t'aimer, et ne t'ont pas juger... Ne me parle de pas de ton père, parce que lui c'est un connard finit, et que dans l'histoire c'est lui qui a fait une erreur !
Et si Noël avait raison ? Et si je devais tout dire à Nick ? Il avait raison, il serait là pour moi. Il l'avait toujours été et je savais qu'il ne me jugerait jamais. Non. Non, je ne pouvais pas faire ça. J'avais bien trop peur de sa réaction. Je l'aimais trop pour risquer de le perdre. Mais Noël ne me laissait pas le choix, me posant un ultimatum. « Tu ferais vraiment ça ? », demandais-je en le regardant avec attention. Mais je n'avais pas besoin de réponse. Oui, il le ferait. Et si je voulais éviter de faire de la peine à Nick, je devais impérativement lui en parler moi-même. Il ne me laissait pas le choix. « Je lui parlerai. » J'avais l'air sûre de moi mais je ne l'étais pas. J'ignorais si j'aurais le courage de le faire le moment venu.
Je savais qu'il avait raison de m'engueuler. Je savais que se lacérer les poignets n'arrangeait rien, bien au contraire. Mais c'était fait et je ne pouvais plus qu'attendre que les cicatrices s’estompent avec le temps. « Non. Non, je sais très bien que ce n'est pas la bonne solution... Je n'aurais pas dû faire ça, je sais. » C'était vrai. J'avais regretté à la seconde où le sang avait commencé à couler. Mais j'avais fait cela sans réfléchir, dans un moment de désespoir. Je comprenais mieux maintenant ce qui pouvait pousser les gens au suicide. Dans ce moment-là, il n'y avait que la peine que l'on ressentait qui comptait. La peine et le désir de l'arrêter. « Je le referai plus, d'accord ? C'était stupide, j'ai compris la leçon. » J'étais sérieuse, je ne comptais pas le refaire. Jusqu'à ma prochaine crise existentielle, du moins.
La suite de son discours me heurta réellement. Et je ne savais pas comment réagir. Des tas de sentiments se mélangeaient dans ma tête et je n'arrivais plus vraiment à savoir ce que je ressentais. Puis il évoqua mon père et là, mon cœur se serra. Je repensais malgré moi à tout ce qu'il s'était passé. Le bébé, le mariage arrangé qui n'avait pas eu lieu, le jour où il m'avait foutue dehors... Les derniers mois avaient été éprouvants. Et ne plus avoir Noël à mes côtés me perturbait un peu. Je crois qu'on était complémentaire. On s'était soutenus et épaulés pendant des semaines, on s'était confiés l'un à l'autre sans avoir peur... Ne plus l'avoir dans ma vie, c'était comme perdre une partie de moi-même. C'était mon meilleur allié ; notre relation était spéciale et jamais je ne connaitrais cela avec quelqu'un d'autre. Notre amitié était basée sur une confiance hors du commun parce que nous avions vécu des situations qui nous avaient forcés à être très honnêtes l'un envers l'autre. J'avais beaucoup moins peur de me confier à lui que de me confier à Nicholas parce que je ne redoutais pas son jugement. Laissant mon cœur prendre le dessus sur ma raison, je décidais de le serrer dans mes bras pour le remercier. Ses paroles m'avaient réconfortées. Et voir qu'il tenait à moi m'avait rassurée. « Merci, Noël », murmurais-je doucement avant de lui sourire un peu. C'était loin de ressembler aux sourires radieux que je lui faisais habituellement mais c'était tout ce que j'étais en mesure de faire pour l'instant. Un sourire triste et brisé qui n'avait rien à avoir avec la Maybelle qu'il connaissait depuis toujours. « Tu me manques, tu sais. » J'ignorais pourquoi je lui disais cela maintenant. Mais c'était vrai. Il me manquait.
Je voyais bien qu'elle était sincère, et qu'elle comprenait que c'était une connerie, et j'espérais pouvoir la croire lorsqu'elle me disait qu'elle le referait plus. Mais ce qui m'inquiétais encore c'est qu'elle n'avait pas parlé de la drogue, et qu'elle était à deux doigts de vouloir se défoncer...Ce qui était sûre c'est que j'allais toucher deux mots à Nick, parce que même si cela énerverait Maybelle, je sais que si j'avais été à la place de Nick, j'aurais aimé qu'on me prévienne. D'ailleurs j'avais du mal à comprendre pourquoi elle ne s'était pas confié à lui, alors que moi, j'étais un connard dont elle n'avait plus de nouvelles depuis un bail. - Et la drogue dans tout ça ? Tu sais, tu n'as pas besoin de ça, c'est pas un jeu. Oui c'est bizarre parce que c'est moi qui dis ça, mais tu mérites pas de te mettre dans cet état. C'est une mauvaise passe, et n'empire pas les choses avec la drogue. Tu trouveras des solutions avec Nick, j'en suis sure. dis-je d'un air convainquant. De toute façon il n'y avait pas d'autre remède mis à part se faire soutenir, et s'accepter soi même. Peut être qu'elle ferait bien de voir un psy, quelqu'un qui ne soit pas dans sa vie ? J'avais jamais vraiment apprécié le faire de se faire suivre, mais après tout peut être que cela pouvait vraiment aider. - May.. ne le prend pas mal mais... peut être que tu aurais envie de parler à quelqu'un qui ne fait pas partit de ton cercle d'ami, non ?
Je ne m'attendais pas vraiment à cela, mais elle me remercia, en me prenant dans ses bras. J'espérais avoir été à la hauteur, et qu'elle ne fasse pas semblant. J'avais vraiment envie qu'elle aille mieux, mais c'était à elle de se relever après cette discussion, et de surtout bien s'entourer parce que moi, je ne pouvais pas m'assurer de tout ça, j'avais les problèmes d'Hendley à gérer... Lorsqu'elle me dit que je lui avais manqué, je me sentis un peu gêné, ne sachant pas vraiment comment le prendre... Je lui adressa un simple sourire maladroit, et je ne savais pas trop ou me mettre. - Je suis jamais très loin tu sais. dis-je en lui donnant l'accolade.
On était resté en plein milieu de la rue à parler de tout ça, et je remerciais ma maladresse d'avoir renversé ce café, parce que qui sait ce qui se serait passé ? Je ne voulais même pas penser à ce que May était capable de faire après ça. - Ne t'approche pas de la drogue, après c'est dur de s'en sortir, et tu regretteras comme tu regrettes de t'avoir fait ça. Je lui adressai un petit sourire. C'était bizarre de pouvoir parler de sujet si important alors qu'on avait presque coupé le contact, et c'était bien la preuve que même après la distance et le temps, on aurait été toujours là l'un pour l'autre.
Et la drogue dans tout ça ? Bonne question. J'avais espéré qu'il n'en parlerait pas mais il n'avait pas oublié. Malheureusement. Je me sentais tellement idiote de lui avoir demandé cela... J'aurais aimé pouvoir retourner en arrière. Ne pas l'appeler, ni rien lui demander, qu'il ne découvre pas la vérité. « Ouais, tu as sûrement raison. », répondis-je sans y croire vraiment. Je ne pensais pas que Nick puisse m'aider mais je devais me forcer à croire que Noël avait raison et que lui parler était une bonne solution. Je n'avais pas promis que je ne prendrais pas de drogue parce qu'au fond, je n'en savais rien. J'étais plutôt imprévisible ces derniers temps. Il évoqua finalement la possibilité que je parle à quelqu'un un psy (il n'avait pas clairement dit ce mot mais cela revenait au même) et je pris une seconde de réflexion avant de répondre. « Peut-être, oui... Je n'en sais rien. » J'avais du mal à me confier. Encore plus aux inconnus qu'à mes amis. Je n'étais pas sûre que j'arriverais à dire quoique ce soit à un psy.
Je me sentais tellement idiote de lui avoir dit qu'il me manquait. Premièrement parce que cela n'avait pas sa place dans la conversation, deuxièmement parce que ce n'avait pas l'air d'être réciproque et troisièmement parce que j'avais l'impression de trahir Nicholas. C'était stupide, je n'avais rien dit de mal. Juste que mon ami me manquait. Mais peut-être qu'au fond de moi, je savais que le problème était tout autre. Seulement, je refusais d'y penser. « Ouais... » Nouveau sourire forcé. J'avais envie de lui dire que si, il était loin. Qu'on s'était carrément perdu de vue et que je ne voulais pas qu'il sorte de ma vie. Mais j'étais déjà assez ridicule comme ça, pas la peine d'en rajouter. J'étais contente de l'avoir revu et d'avoir pu parler un peu avec lui, mais je savais que cela s'arrêtait là. On allait se perdre de vus une fois de plus. Ainsi allait la vie. Les gens allaient et venaient, se perdaient de vue, se retrouvaient... Ou s'éloignaient jusqu'à s'oublier complètement.
Il me mit en garde contre la drogue et pour la première fois depuis longtemps, un véritable sourire étira mes lèvres. « Oui, Papa. Promis. » Ce n'était pas méchant, je voulais juste le taquiner un peu. Je trouvais adorable le fait qu'il prenne soin de moi et qu'il se préoccupe de ce que j'allais faire. Il avait l'air de s'inquiéter alors que j'aurais plutôt pensé qu'il s'en ficherait totalement. Cela dit, je n'avais plus envie de parler de moi. Et je m'inquiétais aussi pour lui, vu qu'il m'avait dit qu'il avait connu de meilleurs jours. « Mais et toi ? Et Hendley ? Vous allez bien ? » Contrairement à ce qu'il m'avait reproché, je n'avais jamais cessé de penser à Hendley et je m’inquiétais pour elle. Nous nous étions éloignées et on ne s'était pas parlées depuis une éternité mais ça ne m'empêchait pas de lui souhaiter le meilleur. Et s'ils étaient heureux, Noël et elle, alors cela me faisait plaisir.
Elle n'avait pas le choix que d'être honnête avec moi, alors j'espère que c'était le cas. De toute façon si elle me mentait, je le saurais d'une manière ou d'une autre, la preuve, j'étais le premier à savoir ce qu'elle s'était fait au poignet. Elle me répondit comme un enfant comme si elle s'adressait à son papa. Et son sourire m'entraina à sourire aussi. Ce qui était fort avec Maybelle, c'est qu'elle pouvait passer d'une humeur à une autre sans mettre trop de temps, alors que moi si j'étais dans le mal, j'allais pas vous sourire la minute d'après. C'est sans doute pour cela aussi que lorsqu'elle était triste on le remarquait pas trop, et qu'on prenait pas conscience de l'ampleur que cela pouvait prendre.
Alors que je pensais que tout avait été dit, et qu'elle retournerait à d'autres préoccupations, elle me demanda comment moi et Hendley on allait. Je ne pu m'empêcher de lui lâcher une petite grimace tout en soupirant. - Bah, toujours célibataire écoute ! Je ne sais pas ce qui était le pire entre être célibataire et savoir que Hendley m'aimait toujours autant, ou être célibataire et vivre sous le même toit que la femme de ma vie. Mais dans tout les cas, j'étais un homme célibataire mais mon coeur n'appartenait qu'à une personne, et pour le moment je ne pouvais rien faire de plus que d'aider à aller mieux Hendley. Moi qui me pensait impatient, je me surprenais, cela faisait plus de trois mois que je n'avais pas couché avec une fille, et que je m'accrochais toujours à elle. - L'espoir fait vivre ! dis-je d'un air moqueur, parce que j'étais pathétique. Je pouvais trouver une autre fille, et construire de belles choses, mais Hendley était le mur qui m'empêchait d'avancer, et j'attendais que la porte de son coeur s'ouvre pour m'accueillir moi. En attendant je restais immobile face au mur à contempler les briques. - Tant qu'elle sera dans ma tête, dans mon coeur comme ça, bah je pourrais pas passer à autre chose... Elle va pas très bien en ce moment, j'essais de l'aider mais je t'avoue que je suis un peu perdu. dis-je car je me demandais si après ce qu'elle m'avait révélé, j'étais bien un homme pour elle. Je sais pas si je pouvais tenir le coup, comme elle, elle avait pu le faire.
Toujours célibataire ? Je fronçais les sourcils, ne comprenant pas vraiment. J'étais persuadée que Mikaëla et lui étaient en couple. Dans ma tête, ils vivaient enfin la belle histoire qu'ils attendaient tous les deux et tout allait pour le mieux. Visiblement, j'avais tort. Affichant une moue désolée, je plantais mon regard dans celui de Noël. Je savais à quel point il l'aimait - nous en avions parlé des tonnes et des tonnes de fois - et je savais qu'elle l'aimait aussi, malgré tout ce qu'ils avaient pu traverser. Pourquoi n'étaient-ils pas ensemble ? « Je pensais que... » Je m'arrêtais, ne voulant pas lui faire de peine ne remuant le couteau dans la plaie. De toute façon, il savait très bien ce que je voulais dire. Je pensais qu'ils étaient ensemble. En couple. Amoureux. Heureux.
Il m'avoua finalement qu'Hendley n'allait pas très bien elle non plus. Quelle ironie du sort. Nous n'étions plus vraiment amies mais le destin semblait nous lier pour toujours. Nous vivions les mêmes choses aux mêmes moments. « Oh... Je suis désolée. Qu'est-ce qu'elle a ? », demandais-je d'un air réellement concerné. Le fait qu'on ne se parle plus ne m'empêchait pas de m'inquiéter et de me sentir intéressée par sa vie. « Enfin, si tu veux bien me dire », ajoutais-je timidement. Après tout, cela ne me regardait pas vraiment. Et il ne voudrait sûrement rien me dire. Je comprendrais, d'ailleurs. Mais je n'aimais pas les savoir mal en point. Et je pourrais peut-être l'aider à y voir plus clair. J'étais une fille, peut-être que je parviendrais à l'aider. Je comprendrais peut-être mieux le problème que lui. Je savais que les mecs étaient parfois un peu perdus face à la complexité des filles... C'était assez drôle, d'ailleurs. « Je suis sûre que ça va s'arranger, Nono. Vous allez finir ensemble et heureux, ça ne fait aucun doute. » Je lui adressais un petit sourire, espérant que les mots le réconfortait un peu. « C'est juste une question de temps. Tu l'aimes, elle t'aime. Alors vous allez forcément finir ensemble ! » Et oui, j'y croyais vraiment. Même si je voyais tout en noir ces derniers temps, je gardais foi en l'amour. Et je leur souhaitais d'être heureux tous les deux.
