hold on while we weather the storm (noah)

Maintenant que sa maison était achetée, meublée, décorée à son goût, Woody avait pu inviter sa famille à dîner. Ses parents, son frère, sa sœur, ses oncles, ses tantes, ses cousins et ses cousines, tout le monde était au rendez-vous. Ils avaient passé la soirée à manger, à boire, à rire et à ressasser les souvenirs du passé. Woody avait même été capable d’échanger quelques rires avec son cousin Noah, malgré la situation un peu tendue entre eux depuis un autre repas de famille de ce genre durant lequel il avait eu une trop grande gueule. Comme d’habitude. Mais cette fois, ça ne lui avait pas coûté rien qu’une histoire d’un soir ou un truc du genre, non, ça lui avait coûté l’une de ses plus chères relations dans la famille Rutkowski. Noah et Woody avaient toujours été deux gamins très complices, à jouer ensemble dans le voisinage, à être les rois de la colline, et ce même si en âge, Noah était plus près de Nevaeh. Après tout, Woody et Felix avaient quand même un peu plus de quatre ans d’écart, alors qu’entre Noah et lui c’était un peu moins de trois. Pour les trucs un peu plus vieux, c’était toujours vers son cousin qu’il s’était tourné. Bref, ce soir, il avait senti qu’ils avaient tous les deux un peu baissé la garde, baissé les armes, même si leurs rires se terminaient toujours par un échange de regards plus sérieux, plus lointain.

Vers les 23h, les parents partirent. Felix ne tarda pas à suivre cette vague, proposant de raccompagner Nevaeh qui avait sans doute bu un verre de vin de trop. Elle avait mal à la tête et s’était presque endormie sur son dessert. Elle refusa, désirant rester un peu plus longtemps avec Noah et Woody, même si ce dernier savait pertinemment qu’au fond, tout ce que sa sœur voulait, c’était d’aller s’étendre un peu dans la chambre d’invité et de dormir quelques heures, ou toute la nuit. Son grand frère et Noah étaient donc allés lui préparer le lit, dans lequel elle s’allongea pour qu’on l’entende ronfler dix minutes plus tard, même de la cuisine. Woody esquissa un sourire alors qu’il était en train de débarrasser la table, avec l’aide de son cousin, qui avait décidé de rester pour aider. « Tu sais, si tu préfères rentrer chez toi, j’peux m’occuper de tout ça. Je terminerai demain matin, au pire. » Dit-il à son cousin, ne voulant pas qu’il se sente forcé de rester avec lui par politesse. Woody savait bien qu’il avait blessé Noah quand il lui avait offert la vérité crue sur un plateau d’or, concernant la femme dont il avait cru être amoureux. Et même si leur histoire était terminée, ce n’était jamais redevenu comme avant entre les cousins. Comme si le lien de confiance avait été touché, ébranlé, brisé.

J'avais longuement redouté cette soirée, aux allures pourtant banales. J'étais revenu à Bowen il y avait maintenant presque un mois, et cela faisait une semaine que je vivais dans mon tout nouvel appartement, seul. En un mois, ma vie avait radicalement changé - du moins, à mes yeux. J'avais quitté Sydney après huit ans resté là-bas pour revenir dans ma ville natale, et je m'étais aussi séparé de mon ex petite amie. Aujourd'hui, bien que rien de tout ça n'avait été facile, aussi bien physiquement que mentalement, je pouvais dire que je me sentais mieux. Délivré, même. D'immenses poids que je m'étais moi-même imposé s'étaient ôtés de mes épaules, et j'avais enfin l'impression de pouvoir respirer, j'avais la sensation de sortir d'une prison que constituait ma vie d'avant, et pouvoir jouir d'une liberté sans fin. Ça devait sans doute avoir l'air ridicule, comme cela. Mais ce qui me frappait le plus désormais, avec l'invitation de mon cousin, c'est que celui-ci avait vu juste depuis des mois. Woody avait percé mon ex, il avait décelé la véritable personne qu'elle composait, et à quel point je ne pourrais pas fonder le moindre bonheur en sa compagnie. Il avait vu qu'elle était manipulatrice et profiterait de moi. Et à l'époque, ses mises en garde crues n'avaient fait qu'imposer un froid glacial entre nous deux, ébranlant une amitié et affection de longue date, car j'avais pris le partie de la femme que j'aimais. J'avais relayé ma famille au second plan, pour elle, et aujourd'hui, je le regrettais. Je me mordais les doigts pour un millier de raisons, et ce soir, devoir revoir Woody avec ce regard neuf me rendait mal à l'aise. Mon cousin avait parlé dans l'unique but de me protéger et je m'étais attaqué à lui. Honnêtement, j'avais honte. Honte de ma stupidité, de ma naïveté, de mon ingratitude. Et pourtant, je ne pouvais pas imaginer autre solution que de répondre à l'affirmative à son invitation.

Woody avait en effet souhaité convié toute sa famille dans sa nouvelle demeure, afin de célébrer le fait qu'il était désormais propriétaire. Je l'enviais d'une certaine façon : j'avais hâte de détenir mon propre chez moi, que j'aurais aménagé à mon goût et que personne ne pourrait réellement me dérober. J'en faisais déjà les plans, cette demeure se dessinant tranquillement dans ma tête, tandis que je réfléchissais stratégiquement à ce qui était le plus fonctionnel, ce qui serait le plus agréable, ce qui serait le plus judicieux. J'avais toujours composé ce genre d'individu qui réfléchit énormément avant d'effectuer le moindre pas, ce qui m'avait parfois porté préjudice, les faits étant décidés et les décisions prises alors pour moi car je prenais trop de temps à articuler moi-même mes pensées. Mais pour cette maison, je pouvais prendre tout mon temps, car elle ne concernerait réellement que moi.

Vers les 23h, les convives commencèrent à mettre les voiles, mis à part pour Nevaeh qui désirait continuer la soirée en compagnie de Woody et moi-même, toujours présents sur les lieux. Nous savions aussi bien l'un que l'autre que la jeune femme ne tiendrait pas plus longtemps, et c'est ainsi que nous préparions le lit de la chambre d'invités, que Nev' occupa bien vite, plongeant quasiment aussitôt dans les bras de Morphée. Je ne pus m'empêcher de rire en l'entendant ronfler, et nous partions dans la salle à manger afin de mettre un peu d'ordre. Le fait que nous avions pu échanger des plaisanteries et voir l'ébauche de notre ancienne complicité m'avait conforté dans ma décision d'être venu, et me motivait à vouloir rester. Je désirais arranger les choses entre nous, de tout cœur, bien que cela voulait dire mettre mon orgueil de côté et avoir l'air d'un parfait idiot devant Woody. Ce dernier m'extirpa d'ailleurs de mes pensées en m'affirmant que je pouvais rentrer chez moi et qu'il aurait bien le temps de finir son ménage. « Oh, » commençais-je, encore songeur. « Non, c'est bon. C'est de bon cœur que je le fais. » Je souris doucement, sourire qui s'élargit, narquois. « Tu te rappelles la fois où Nev' avait été somnambule et cherchait des bonbons d'Halloween partout ? Nos parents étaient partis en soirée et on avait décidé de regarder des films d'horreurs, et voilà Nev' qui dévalisait toute la maison. » On en avait pas mené large au départ d'ailleurs, entendant les bruits produits par la fillette mais pensant que ça devait être un assassin de film d'épouvante vu la soirée qu'on passait et le jeune âge qu'on avait.

Autant leur relation avait été un silence radio pendant ces huit années durant lesquelles Noah était à Sydney, autant ce soir, ils retrouvaient quelques bribes de leur ancienne complicité revenir à la charge. Comme si, au fond, on ne pouvait jamais complètement séparer ces deux cousins. Même si quelque chose entre eux s’était brisé, même si les échanges n’étaient plus les mêmes, le naturel de leur relation tentait constamment de reprendre le contrôle, de reprendre le dessus sur l’orgueil des deux Rutkowski. Probablement était-ce temps de déposer les armes et de tendre la main. Noah n’était plus avec ladite copine, il avait souffert et sans doute compris la leçon, il était de retour à Bowen, il prenait un nouveau départ. C’était le moment ou jamais, pour eux deux, de repartir à zéro – ou à neuf, en reprenant là où ils avaient laissé leurs plus belles années – et de continuer à avancer sans regarder en arrière. Les anciennes batailles appartenaient au passé, et la grande guerre de la vie, ils allaient la défendre côte à côte. Chez les Rutkowski, la famille passait avant tout, ils l’avaient appris à coups de loyauté et d’amour depuis qu’ils étaient tout jeunes. Ça gonflait sans doute pas mal sa sœur, de ressentir cet amour inconditionnel pour son grand con de frère, mais c’était la beauté de leur famille. They always got each other’s back. C’était d’ailleurs l’intention sincère de Woody quand il avait essayé de prévenir Noah de son erreur face à cette fille à qui il avait tout donné, mais il l’avait fait de façon maladroit, et ça les avait menés à leur perte. Mais il n’était jamais trop tard. Ce soir en était la preuve.

Malgré tout, ne sachant pas s’il était présentement capable de piler sur son orgueil et de faire les premiers pas vers une réconciliation, Woody força Noah d’une façon détournée à choisir comment se dénouerait la soirée. Partir ou rester. S’il partait, les véritables retrouvailles heureuses seraient reportées à plus tard. S’il restait, ils parleraient. Bière ou whisky à la main, cigare entre les doigts s’il le fallait, ils se parleraient comme des hommes et videraient leur sac jusqu’à ce qu’il n’y ait que de la place pour les remplir avec de nouveaux souvenirs. Des souvenirs bien plus heureux, bien moins têtus. Noah lui affirma que c’était de bon cœur qu’il le faisait. Il resterait. Un sourire se dessina sur les lèvres de Woody alors qu’il plongeait un chaudron dans l’eau chaude et savonneuse de son évier. « C’est gentil, merci. » Son cousin reprit alors la parole pour se remémorer des souvenirs à propos de Nevaeh, qui avait toujours su leur donner de beaux moments à se rappeler des années plus tard. Sacrée Nev’. Woody éclata de rire. « Ce que toi t’ignores du reste de cette nuit-là, c’est qu’elle en avait tellement mangé, de ces bonbons, qu’elle avait été malade toute la foutue nuit. » Il secoua la tête avec son rire qui s’éteignait peu à peu, sans toutefois effacer son sourire. « Si tu penses qu’elle ronfle fort, attends de l’entendre vomir. » Noah l’avait peut-être déjà entendue, en fait. Que ce soit quand elle était plus jeune ou maintenant adulte après de bonnes cuites. « Reste que maintenant, chaque fois que j’regarde un film d’horreur ou de suspens et que j’entends du bruit derrière moi, j’m’attends toujours à voir Nev’ sortir de la pénombre. » Mais Nevaeh avait bien grandi, depuis. Elle n’était d’ailleurs plus somnambule, du moins pas aux dernières nouvelles. Le jeune homme continua un moment à laver ses ustensiles et instruments de cuisson, avant de fermer l’eau et de regarder son cousin. « C’était cool, ce soir. De vous avoir tous ici, chez moi. » Il aurait ajouté qu’il s’était ennuyé de lui, mais il n’était pas prêt pour un moment aussi intense de bromance. Woody et les sentiments, c’était pas toujours facile.

J'attrapais un torchon, me lançant dans la tâche d'essuyer la vaisselle que Woody nettoyait. L'idée qu'on avait presque l'air d'un vieux couple comme ça m'arracha un sourire. Je réalisais en énonçant le souvenir de Nevaeh somnambule que l'on avait partagé une quantité faramineuse de moments ensemble. Et ce n'était qu'une décennie plus tard, que je pouvais me rendre compte de la quantité de souvenirs que l'on pouvait détenir. Des moments qui auraient pu nous paraître banals sur le coup, mais qui aujourd'hui ornaient aussi bien des conversations que la relation que nous avions entretenue. C'en devenait regrettable, ce froid que j'avais quasiment imposé entre nous. J'en avais bien conscience aujourd'hui de mon erreur, et du fait que Woody avait prononcé ces termes si agressifs à mes oreilles à l'époque armé toutefois que de bonnes intentions. Il avait vu clair dans le jeu de mon ex et avait figuré celui qui n'avait pas hésité à exclamer le fond de sa pensée, peu importe qui pouvait l'entendre d'ailleurs. J'avais pris le mauvais partie, et j'avais mes raisons. J'aimais cette fille et honnêtement, ça boostait aussi ma confiance en moi de penser que celle-ci pouvait également m'aimer. Aujourd'hui, la phrase que je me répétais comme quoi je faisais ma vie avec la femme que j'aimais et non ma famille avait perdu bien de la valeur. Et je tentais de récupérer ce que cette relation amoureuse désastreuse m'avait arraché.

Un fin rire fila entre mes lèvres alors que Woody me contait la fin de l'histoire et s'étonnait des facultés de Nevaeh à vomir tout sauf silencieusement. « Pauvre Nev'. » compatis-je, bien que mes lippes s'étiraient toujours en un sourire en coin. « Traumatisme obligé. » déclarais-je en riant, tandis que mon cousin m'annonçait qu'il ne pouvait regarder un film d'horreur sans redouter que sa sœur ne débarque sournoisement. Je déposais la dernière assiette sur la sacrée pile du comptoir, et attaquais les couverts. J'acquiesçais en entendant Woody me confier qu'il avait trouvé ça cool que toute la famille se soit déplacée pour célébrer sa nouvelle demeure. « Oui, c'était une bonne soirée. » agréais-je, ne pouvant cesser de sentir un léger malaise grimper en moi. J'avais bien envie de le remercier de son invitation, de le complimenter sur le fait que c'était vraiment génial, de se retrouver tous ensemble chez lui. Cependant, j'avais l'impression que cela propulserait la conversation vers mes torts, et je n'étais pas certain vouloir me mettre dans cette position tout de suite. « En tout cas, tu as vraiment bien bossé sur ta maison. Chapeau. » J'avais moi aussi les plans de m'en bâtir une, et j'avais déjà acquis un terrain pas si loin du quartier où résidaient mes parents. J'avais déjà mes plans en tête, et ça faisait des années que j'y songeais, ce qui était un peu dingue de ma part sans doute. Mais comme Woody, c'était quelque chose que je désirais, et j'aspirais à me construire mon chez moi, aussi difficile cela puisse être. Comme quoi, on se rejoignait sur de nombreux points. Ce n'était pas pour rien qu'on avait été si proche avant notre dispute d'il y avait plusieurs mois.

Je rangeais ce qui me semblait être une tonne de couverts dans un des tiroirs de mon interlocuteur, grimaçant légèrement. Je repoussais ce moment, mais il faudrait bien que l'on crève l’abcès un jour. C'était vraiment déplorable que notre relation se soit retrouvée dans cet état malgré toutes les années de forte amitié. Ça n'allait pas être simple d'articuler les prochains mots, mais ce serait un mal pour un bien, m'encourageais-je. D'un certain point de vue, on pouvait dire que Woody avait effectué le premier pas en m'invitant ici. C'était désormais à moi d'y répondre. « C'est gentil de m'avoir invité. Je vais t'avouer que j'en étais pas vraiment sûr, vu comment on s'est quitté la dernière fois. » Je posais mon torchon, faisant face à mon cousin. Si jadis j'avais été le gamin qui se faufilait pour éviter les conflits et ne les supportais pas, j'avais gagné en maturité - et surtout en courage - pour les affronter désormais. Bien que sincèrement, cette témérité venait du fait que je me disais que je n'avais rien à perdre. « Je sais que j'ai déconné. Le problème, c'est que je l'ai réalisé qu'il y a deux semaines à peine. J'ai été un parfait idiot, je crois qu'il n'y a pas d'autres mots. » Et je m'en voulais pour tellement de choses. Je m'en voulais de m'être lancé dans cette relation alors que je n'aimais pas cette fille de base. Je me maudissais pour être tombé amoureux à force de la fréquenter et de me sentir progressivement si responsable d'elle, comme si elle avait été une victime de la vie que je m'étais juré de protéger. Je me détestais d'avoir été si naïf, si généreux, si aveugle. J'étais honteux de cette partie de ma vie, je voulais effacer ces choix où je positionne une femme que je ne connaissais pas tant devant ma famille, en dépit des valeurs familiales des Rutkowski. Mais le pire, c'est que je comprenais encore pourquoi j'avais agi de la sorte. J'avais cru l'aimer et je m'étais convaincu que Woody détenait un sacré culot, pour juger quelqu'un si promptement et si fortement. Je m'étais persuadé qu'il était impossible que Woody ait vu si juste, si vite. A croire que si un cousin frisait la clairvoyance, l'autre perdurait dans la noirceur.

Des histoires, Noah et Woody en avait un tas à partager. Autant en lien avec le reste de la famille Rutkowski que juste entre eux. Des secrets innocents, ils en gardaient l’un pour l’autre. Des histoires de première cuite, d’école buissonnière, de mauvais coups en général. Ils auraient bien pu passer tout le reste de la soirée à se remémorer des anecdotes toutes plus drôles les unes que les autres, leur arrachant mille et un sourires. Toutefois, un seul souvenir suffit à les extirper du passé pour les remettre bien à leur place, dans le présent, ce présent qui n’était pas aussi doux à leurs oreilles. Parce que leur relation s’était dégradée, leur complicité s’était effritée, et ils avaient beau partager les plus importants moments de leur vie, rien ne s’arrangerait s’ils n’en parlaient pas directement. Ils devaient affronter, une bonne fois pour toute, le problème qui paralysait leur amitié. Se confronter, se dire la vérité, s’excuser et, enfin, se pardonner. Cela faisait bien trop longtemps que cette conversation aurait dû avoir lieu. C’était le moment idéal, avec toute la famille partie et Nevaeh qui dormait profondément à l’étage. Il n’y avait plus qu’eux deux, et peut-être une bonne bouteille de fort pour mieux faire passer le tout.

Pour le moment, Noah et Woody s’en tenaient encore aux politesses qui cachaient le nœud du problème. Son cousin le complimenta sur sa maison, jetant encore une fois un coup d’œil autour. Woody aussi, parce qu’il ne se lassait toujours pas de découvrir et redécouvrir chaque détail de son chez-lui. « Merci. J’suis vraiment content. Ça faisait tellement longtemps que je voulais être propriétaire. » Il se demanda si c’était dans les projets de Noah. Il réalisait qu’il ne le connaissait plus aussi bien qu’avant. Il n’avait aucune idée de ses projets, de ses désirs et de ses rêves. En même temps, il était encore jeune, il avait amplement le temps de se poser. Woody l’avait bien pris, ce temps. Bref, le silence s’était quelque peu réinstallé alors qu’ils terminaient de rincer et de sécher les derniers couverts que Noah rangea. Il posa ensuite son torchon et se tourna vers Woody, après avoir abordé le sujet épineux. Celui dont ils n’avaient pas parlé depuis leur dispute. « T’es mon cousin, Noah, t’es d’la famille. Bien sûr que je t’ai invité malgré notre dernière conversation. » C’était mal exprimé, parce que dit ainsi Woody pouvait laisser penser qu’il l’avait invité seulement parce qu’il était un Rutkowski et non pas parce qu’il ne lui en voulait pas. Pourtant, Woody ne lui en voulait bel et bien pas. C’était d’ailleurs à lui-même qu’il en voulait, de s’être mêlé de ce qui ne le regardait pas. Mais Noah semblait penser le contraire, et s’accusa même d’avoir déconné, d’avoir été un parfait idiot. Woody fronça les sourcils et secoua la tête, séchant ses mains sur un torchon. « Arrête, t’es pas idiot, t’étais amoureux. » Ou l’était encore, Woody ne savait plus trop quoi en penser. « J’aurais dû être moins dur, plus compréhensif. J’avais pas à m’immiscer comme ça dans ta vie personnelle. C’était pas correct de ma part. » Il haussa les épaules. « J’pensais t’aider, te protéger, en te disant toutes ces choses sur elle. C’était pas le cas, j’ai déconné moi aussi. » Avoua-t-il, osant lever les yeux vers son cousin. Puis, il sortit deux verres de son armoire en plus d’une bouteille de bourbon. La première bouteille qu’il avait vue. « Tu veux m’parler de ce qui s’est passé y’a deux semaines ? » Dit-il en ouvrant la bouteille. Ils en auraient sans doute besoin.