you give me exactly what i need (elealan) - hot

Je pense que c’était dans ce genre de moments que l’on se rendait compte que l’on pouvait être surpris à tout moment, que l’on avait beau se connaître, beau être le même avec n’importe qui, rien n’empêchait qu’un jour on puisse comprendre que l’on ne se connaissait pas tant que ça. J’avais beau être un mari infidèle, j’aimais ma femme plus que tout, je savais que pour elle, j’étais prêt à faire beaucoup de choses, à faire les sacrifices qu’aucun homme ne pourrait faire. Je ne cherchais pas à me mettre au-dessus des autres car je l’étais déjà. J’en ai vu des hommes baisser le regard face à leur femme, être incapable de les regarder dans les yeux en leur avouant ce qu’ils pensaient pouvoir garder à jamais pour eux. Ils sont faibles, ils cherchent à attirer leur attention par le moindre contact, que ce soit en leur tenant la main, en laissant leurs doigts toucher les leur pour leur montrer qu’ils étaient désolés. Mais on ne s’excusait pas par les gestes, on s’excusait par les mots et en osant encaisser le regard de sa femme. J’étais ce genre d’hommes et je le serais si un jour je devais me retrouver à tout avouer à celle que j’ai épousée il y a bientôt dix ans. Je ne craindrais pas son regard, je ne craindrais pas de lire dans son visage tout le dégoût qu’elle ressentirait pour moi car elle aurait raison. J’encaisserais, j’accepterais tout ce qu’elle pourrait m’adresser ce jour-là mais je ne chercherais pas à la calmer, je ne chercherais pas à la prendre dans mes bras pour qu’elle s’en veuille ensuite. Je resterais fidèle à moi-même et écouterais tout ce qu’elle aurait à me dire, tout ce qu’elle aurait sur le cœur. Si ce jour-là arrivait, je serais détruit mais tiendrais debout, pour elle, pour lui montrer que je reste un homme fort qui est prêt à accepter tout ce qu’on lui reproche, pour lui montrer qu’elle a raison et que j’ai eu tort. Ce jour-là, ma vie prendrait un tournant et serait chamboulée… comme on avait chamboulé l’état de cette salle de bains avec Eleanor, la laissant dans un état pitoyable mais je n’en avais rien à faire. Je lui l’avais dit, si c’était à refaire je le referais, sans rien changer, je serais prêt à donner beaucoup pour revivre un jour ce qu’il s’était passé… mais avec elle et pas une autre, ni même ma femme. «Tout pareil.» On s’échangeait un long regard avant que je ne décide de l’emmener sur le lit, elle m’avait laissé apprécier ses lèvres le temps du trajet, j’aurais pu le faire durer plus longtemps pour en profiter mais rien ne nous retiendrait d’en faire autant une fois allongés. J’étais venu la rejoindre en laissant mon regard la parcourir, appréciant voir son buste se gonfler à chaque fois qu’elle respirait, me tentant de remonter à ses lèvres où un sourire que j’affectionnais avais pris place suite à ce que je lui avais dit alors que mes doigts restaient au contact de sa peau. «Non. Mais je ne voudrais pas prendre froid.» Mes lèvres s’étirèrent légèrement tandis que mes sourcils se haussèrent au-dessus de mes yeux, je n’avais pas eu le temps de faire quoique ce soit qu’elle avait repris la parole «Tu as une solution pour remédier à ça?» Je reste immobile, si ce n’est mes doigts qui continuent de la caresser lentement alors qu’elle retire la bouteille de son corps, laissant sa main fondre dans mes cheveux alors que c’était au tour de ses doigts de se mettre à glisser sur ma peau, des caresses qui laissaient quelques frissons se faire voir sur ma peau… non pas que j’avais froid mais parce que je n’y étais pas habitué de sa part et c’était quelque chose de nouveau, quelque chose que j’aimais beaucoup, comme tout ce qu’elle était. «J’en ai plusieurs même…» J’avais finalement entrepris de m’approcher d’elle pour laisser ma jambe se retrouver entre les siennes, mes mains de chaque côté de son corps pour la surplomber, mon visage juste au-dessus du sien, mon torse qui flirtait avec sa poitrine. J’avais le regard qui ne quittait plus ses yeux et j’avais besoin de retrouver ses lèvres, je les caressais doucement pour pouvoir enfin les embrasser mais de manière tendre, nos lèvres prenaient le temps de se retrouver, nos souffles de se mêler l’un à l’autre jusqu’à ce que j’entende mon téléphone sonner; quelqu’un m’appelle. Je sens ses yeux qui s’ouvrent et la regarde, je laisse mon doigt se poser sur ses lèvres pour qu’elle ne dise rien. La sonnerie finit par s’estomper et je viens retrouver ses lèvres que j’embrasse en laissant mon corps venir lentement fondre sur le sien, mon genou remontant entre ses jambes instinctivement. Je laisse mes doigts s’amuser avec ses cheveux et j’entends mon téléphone qui se met à sonner à la réception d’un message… puis d’un second… puis il se remet à sonner, m’obligeant à quitter les lèvres d’Eleanor, agacé. Mon regard quitte son visage pour le réveil à côté de nous où je vois l’heure s’afficher, il est passé une heure du matin. Je sais que c’est elle qui m’appelle, elle est en route pour sa deuxième conférence de la journée, elle aura envie de me parler pour se détendre, pour évacuer le stress qu’elle ressent à chaque fois avant de se trouver devant toute une assemblée. Les secondes filent et ça continue de sonner, je regarde Eleanor et je m’en veux déjà. Je la regarde dans les yeux et me redresse lentement «Excuse-moi… J'ai pas le choix de répondre si on veut pouvoir être tranquilles.» Je laisse ma main longer sa cuisse à mesure que je me recule pour me retrouver hors du lit, retrouvant le boxer au pied de celui-ci et je l’enfile, ouvrant la porte de la chambre pour la fermer derrière moi, attrapant le téléphone pour aller sur le balcon. Je n’ai pas envie qu’Eleanor m’entende, je n’ai pas envie qu’elle puisse écouter la façon avec laquelle je parle à ma femme comme j’ai l’habitude de le faire. Je savais qu’en prenant ce téléphone, je venais de la reléguer au second plan et je le regrettais, cette soirée aurait pu être parfaite si j’avais éteint ce téléphone… ou si je n’avais pas été marié. J’avais écourté la conversation au maximum, elle avait duré trois minutes tout au plus et j’en avais perdu une de plus à rester sur ce balcon, le regard posé sur Bowen qui était endormie. J’avais déposé mon téléphone sur la table avant de me frotter le visage, jamais je n’avais été aussi blasé, pour la première fois je regrettais d’avoir entendu la voix de ma femme. J’avais repris mon téléphone avant de retourner à l’intérieur, éteignant ce qui m'avait forcé à délaisser l'italienne qui m'attendait. Je retrouvais le sourire en voyant la robe d’Eleanor sur le sol, en me souvenant qu’en ouvrant la porte de la chambre elle serait allongée sur le lit. Seulement lorsque la porte s’était ouverte, le lit était vide. «Eleanor?» Je savais qu’elle n’était pas partie mais ça ne changerait rien au fait qu’elle ne m’avait pas attendu, c’était l’impression que j’avais et je me sentais mal… parce que je n’attendais qu’une chose, de pouvoir la retrouver, j’attendais de pouvoir reprendre là où on s’était arrêté, à cet instant où on avait retrouvé des gestes tendres. J’avais peur qu’au final, elle se soit sentie repoussée alors que c’était la dernière chose que j’aurais aimé qu’elle ressente. En fait, j'avais l'impression que je venais de perdre tout ce qui s'était installé entre elle et moi et j'espérais au plus profond de moi que je me trompais…

J’aurais peut-être dû réagir différemment, j’aurais peut-être dû ignorer mon téléphone et laisser mon attention se porter sur elle et rien d’autre. Je savais au moment même où j’avais quitté ses lèvres que j’avais commis une erreur, que j’avais contre ma volonté remis une barrière entre nous, cette barrière qui faisait que l’un de nous finissait par se rhabiller pour partir, sans rien dire, sans donner la moindre explication. Car on avait pas à s’expliquer, on avait jamais eu à se dire pourquoi on s’en allait car on ne se devait rien, on avait toujours su se limiter, à prendre notre pied ensemble, à donner ce que l’autre désirait pour finalement repartir chacun de notre côté. Seulement tout avait été différent ce soir, on aurait dû rester dans ce lit et je n’aurais jamais dû me lever, je n’aurais jamais dû offrir la moindre attention à ma femme car je n’avais pas pensé à elle de la soirée et je ne voulais pas y penser. Même après ce téléphone, Eleanor était revenue prendre place dans mon esprit, j’avais retrouvé le sourire rien qu’en l’imaginant encore nue dans le lit, peut-être à cacher une partie de son corps avec le coussin pour que je vienne le retirer et déposer mes lèvres sur ce qu’elle avait cherché à refuser à mes yeux. J’avais imaginé la retrouver mais au lieu de ça, elle avait disparu. Ma voix avait laissé son prénom s’échapper en espérant qu’elle réapparaîtrait. L’espace de quelques secondes, j’avais voulu croire qu’elle se cachait dans mon dos pour laisser ses mains se poser sur mon torse pendant que ses lèvres embrasseraient ma nuque en la sentant se hisser sur la pointe de ses pieds. Au fond de moi, je rêvais que ça arrive mais il n’en fut rien, ce fut même tout le contraire lorsqu’elle sortit de la salle de bain dans un peignoir beaucoup trop grand pour elle. J’avais la soudaine sensation qu’elle cherchait à me cacher toutes les parties de son corps, non pas pour que je retire ce qu’elle avait sur elle, mais parce qu’elle était gênée. Je reste immobile, je me sens littéralement vacillé et je m’adosse au mur tout en la regardant, plus silencieux que jamais, à regretter les six dernières minutes qui se sont écoulées, ses six dernières minutes pendant lesquelles je me suis séparé d’elle pour une autre. «Je... Je crois que je vais y aller.» Ses mots ont l’effet d’une lame qui vient lacérer ma peau sans retenue. J’ai l’impression que tout ce qu’il s’est passé s’est envolé, que rien n’a existé et qu’elle a décidé d’en faire abstraction. Ça me fait mal, ça me blesse mais je ne montre rien, je laisse simplement disparaître le sourire sur mes lèvres et l’observe retirer son peignoir pour se retrouver en sous-vêtements. Mon regard ne la lâche pas une seule seconde, c’est plus fort que moi et même si elle me l’interdisait, je continuerais. «Excuse-moi…» Mes dents se serrent à l’entente de ses mots, je sens une colère se réveiller en moi, non pas parce qu’elle me rejette d’une certaine manière, mais parce que j’ai été incapable de faire d’elle ma priorité. Et pourtant, Dieu sait qu’elle l’était et lorsqu’elle remettait sa robe, j’avais envie de l’arrêter, j’avais envie de lui dire de rester, de la convaincre en la regardant, en laissant mes bras l’attirer contre moi pour qu’elle comprenne que c’était elle que je voulais ce soir et pas une autre. Mais j’en suis pas capable, je n’arrive pas à bouger et je reste contre ce mur à la regarder s’habiller en silence, prendre son sac à main sans que je ne lui aie dit le moindre mot. Je ne sais pas ce que je dois faire. Est-ce que c’était un signe du destin? Ce destin qu’on disait qu’il traçait notre vie? Je devenais complètement con, je n’avais jamais cru au destin et pourtant ce soir, j’avais l’impression qu’on m’offrait le choix de la laisser partir pour mieux retrouver ma femme, pour oublier cette faiblesse que j’ai eue et que je ne chercherais plus à retrouver. Et de l’autre, je me disais que si elle n’avait pas encore ouvert la porte, c’était pour que j’agisse, que je lui montre que même si j’étais marié, ça ne m’empêchait pas de pouvoir ressentir quelque chose pour elle, quelque chose d’assez fort pour que je ne veuille pas qu’elle parte, pour que j’aie envie de prendre soin d’elle… parce que j’avais envie qu’elle ressente le besoin de revenir vers moi lorsqu’elle le ressentirait justement, ce besoin de moi. J’avais envie que dans trois jours, elle m’écrive pour me dire que je lui manque, que l’absence de mes mains sur elle la rende triste, que le fait de ne pas pouvoir me voir la rendait malheureuse. J’avais envie d’être important pour elle car elle était importante pour moi. Je ne me l’avouais pas, mais ce n’était peut-être pas que de la passion qu’il y avait eu entre elle et moi ce soir, je n’avais pas fait que coucher avec elle car au fond, j’avais cherché à lui faire l’amour comme je l'aurais fait à ma femme, mais sans me contenir face à tout ce qui nous avait habité ce soir. Cette pensée me fit reprendre mes esprits et je ne m’étais pas rendu compte que je n’étais plus adossé contre ce mur, mais face à elle. A force de réfléchir à ce que ce départ voulait dire, je m’étais dirigé vers la porte d’entrée où je la voyais immobile, la main sur la poignée. Je me revoyais observer la fermeture éclaire de sa robe sur laquelle j’avais forcée et qui était ouverte, laissant son dos nu apparaître plus qu’il ne le fallait. Je me rappelle avoir posé une main sur la porte pour qu’elle ne cherche pas à la l’ouvrir. Puis j’avais retiré sa main pour qu’elle me regarde et pour la première fois depuis longtemps, je faisais face à la fille que j’avais connue ce soir où je l’avais ramenée chez elle en voiture, ce soir où elle était restée timide tout en s’ouvrant peu à peu à moi. Je me souviens encore de cette main que j’avais glissée sur sa cuisse, une main qu’elle avait retiré une première fois avant de se laisser faire. Cette Eleanor me plaisait encore plus que celle que j’avais vue ce soir au casino et j’entrouvris mes lèvres sans en sortir un seul son. J’avais la gorge nouée et mes yeux la regardait droit dans les siens, je ne la lâchais pas du regard car je voulais affronter tout ce qu’elle pourrait me dire rien qu’en me fixant. Au bout de quelques secondes, mes deux mains s’étaient retrouvées sur chacune de ses joues pour redresser son visage, pour qu’elle ne cherche pas à le baisser comme elle l’avait fait en sortant de la salle de bain. Je voulais qu’elle aussi elle m’affronte, qu’elle voie dans mes yeux que je savais la regarder comme une femme normale, comme une femme pour laquelle je pourrais éprouver des choses que je ne devrais pas. Mon visage s’était rapproché du sien mais mes lèvres ne cherchaient pas à obtenir la moindre des choses. Je me contentais de laisser mes pouces caresser sa peau, doucement. C’était difficile de ne pas avoir envie de l’embrasser, c’était même impossible mais j’étais capable de le faire, juste pour soutenir les mots que j’allais lui adresser, des mots sincères, peut-être un peu vagues mais qui laissaient exprimer ce qu’il se passait actuellement en moi «Je n’ai pas le droit de te retenir, mais j’aimerais l’avoir…» Car je sais que si elle décidait de franchir cette porte, ce serait une façon de me dire qu’elle était libre et que moi non. Qu’elle avait le droit de faire ce qu’elle voulait alors que moi, j’avais des obligations vu ma situation. Je n’étais peut-être pas le plus convaincant mais ce n’était pas mon but, je cherchais simplement à être sincère avec elle. «… car j’ai envie que tu restes. J’ai pas envie de passer cette nuit seul, j’ai envie de la passer avec toi et pas une autre. Et quand je dis pas une autre, je ne fais aucune exception Eleanor.» Mes sourcils se froncèrent sous le poids de mes mots, des mots que je ne regrettais pas et pourtant j’en ressentais une culpabilité vis-à-vis de ma femme. Je la trahissais, brisant des promesses que j’avais promis de tenir. J’avais parlé d’une nuit, de cette nuit… mais au fond de moi, j’espérais qu’Eleanor comprenne que ce n’était pas que d'une nuit dont je parlais, mais de bien plus. Il y avait cependant une partie de moi qui cherchait à la protéger de ce que j’étais, tandis qu’une autre cherchait à tout prix à la garder pour une nuit… et pas seulement.