Promenade au bord des quais (Tom)

Si on m’aurait dit il y a quelque année qu’un jour j’allais me retrouver avec qu’une seule jambe, je vous aurais sans doute ri au nez… Malheureusement le terrain n’est pas sans danger et on le sait dès qu’on s’engage, mais on a toujours espoir que cela ne nous arrive pas ni a soit ni à nos compagnons d’unité… Car moi j’ai officiellement perdu l’ouï à gauche, une grosse partit de ma vue et surtout ma jambe, mais j’ai aussi perdu un compagnon, un frère d’armes. Alors cela a fait beaucoup en peu de temps faut être honnête. Le temps passe et les choses vont doucement de mieux en mieux, enfin de ce que mon état peut laisser présager. L’infection bas enfin retraite, et je suis enfin en centre de rééducation. Malgré une jambe en moins, je retrouve de l’autonomie, des activités. De la kiné tout les jours, même si cela me fatigue, cela me fait du bien, un peu de sport, moi qui en ai toujours fait, cela fait du bien au moral.

Cet après-midi j’ai de la visite et je dirais même que j’ai l’une de mes premières sorties, cela me fait peur, car je n’ai pas encore était réellement confronter au regard des autres… Mais bon faut bien avancer ! Première étape rentrée dans la voiture, c’est simple sur deux jambes, un peu moins sure qu’une seul, surtout que je me sens encore faible à cause du traitement. Mais c’est fait, je la laisse alors me mener.

« C’est pas grave tant fait pas, je sais bien que la vie continue hein. Si tu as envie de discuter de ce qui te tracasse, je t’écoute. »

Eh oui même si je suis bloqué à l’hôpital ou le temps semble suspendu, mes amies, ma famille eux poursuivre leur route, même si je sais qu’ils ont toujours une pensée pour moi quand même. Je suis pas encore en grande forme alors je la laisse m’aider à retrouver le fauteuil une fois arrivé à bon port, dans tous les sens du terme.

C’est ma première réelle sortie en public depuis mon amputation. Et même si cela me fait plaisir de sortir, j’appréhende beaucoup le regarde des autres, nous sommes en plein milieux de l’après-midi et l’idée qu’il y est beaucoup de monde qui me voit ainsi et difficile. Mais c’est ainsi, je dois passer par là. La manche de mon pantalon gauche pend dans le vide signifiant l’absence de cette jambe à côté de celle toujours présente. Je commence alors à faire rouler les roues du fauteuil pour avancer, pour le moment je peux le faire seul, même si je risque de fatiguer, mais on verra plus tard.

« Moi aussi. C’est gentil de m’avoir fait sortir un peu de l’hôpital… »

Dis je avec un sentiment mitigé, entre joie de voir autre chose et stress de sortir en public.

« Alors quel magnifique projet est en cours en ce moment ? »

Dis je pour détournée un peu mon attention par apport à tout ça.

Quand on reste des mois et des mois enfermer dans un hosto et bien quand j’ai de la visite j’ai qu’on me parle d’autre chose que de moi, que de cette jambe qui me manque ou de cette vue qui merde tout comme mon ouïs… J’ai envie qu’on me raconte ce qui se passe dehors, que la vie continue et savoir que je vais pouvoir retrouver un semblant de vie une fois que je serais sortie de se bourbier de médoc et de rééducation ! Alors quant elle me parle de son copain je souris, oui c’est vrai j’en entends souvent parler, mais je n’ai pas eu l’occasion de le rencontrer, sans doute parce qu’au début c’était trop tôt et que j’étais encore souvent sur le terrain dans un pays lointain… Et que maintenant l’idée d’une rencontre dans un hosto c’est pas forcement l’idéal non plus.

« Quand je sortirai de l’hôpital oui, une première rencontre entre quatre murs blancs et une odeur aseptisée c’n’est pas l’idéal. »

Je souris en l’écoutant malgré le fait que je sens le stress me gagner à l’idée de sortir en public, mais mon univers et tellement éloigner du sien et j’avoue que je ne comprends pas toujours ce qu’elle me raconte.

« Bah tu sais je finirais peut-être par comprendre tout ça un jour, maintenant que je vais devoir changer de vie. Mais pour l’instant je comprends juste que tu vas t’absenter. »

Je hausse les épaules.

« Bah tu sais je quitte pas vraiment l’hosto, alors pour avoir des nouvelles c’est compliqué, je ne vais pas trouver ma future femme comme ça hein. Et puis maintenant vu l’éclopé que je suis. »

Je souris, me ce dernier est un peu plus forcer qu’au début de notre entrevue, car nous me retrouve en public, je n’étais pas encore sortie depuis l’amputation alors l’idée que les gens me regardent et vois en moi un handicapé avec qu’une seule jambe cela me stress totalement. Toujours dans mon besoin de parler d’autre chose que de moi, je lui demande qu’elles soient les nouvelles du jour et j’apprends alors plutôt de bonne nouvelle.

« Ah c’est cool qu’il puisse rentrer, c’est pas toujours évident. Oh bah s’il est avec toi c’est bien pour des raisons, pourquoi fuirait-il pour une histoire d’anniversaire ? »

Depuis que je suis enfermé à l’hôpital en plus de cette vie étrange de blesser j’avoue que cela est particulière, car la plupart des gens n’aiment pas ce milieu et évite tout de même de me rentre visite. Et puis c’est vrai qu’avant que l’on ne m’ampute, ma jambe pouvait réellement faire peur… À présent c’est un peu différent, car elle est tout simplement plus la et pour le moment la plais est bien cacher sous un pansement et au pire par mon pantalon qui flotte dans le vide…

« Ça me fait plaisir aussi de te voir. »

Le fait qu’il me manque une jambe est visible, c’est un handicap qui se voit, c’est quelque chose de difficile à vivre, mais en même temps je sais que cela est « utile », c’est bizarre de dire ainsi… Mais voici un cas congrès, elle est quelqu’un qui parle naturellement vite, hors je suis a moitié sourde, et cela ne se vois pas alors forcement les gens oublient ce « détail » alors forcement cela me complique un peu les choses en termes de compréhension et donc de communication…

« C’est que je suis à moitié sourd alors c’est un peu compliquer pour moi de tout capter parfois… »

Forcement vu qu’on parle des amours elle en parle pour moi, ces filles elles veulent toutes me caser c’est un truc de dingue ! À croire qu’un homme ne peut pas vivre seul. Bon certes ce n’est absolument pas mon objectif, j’espère malgré tout trouver l’amour un jour. Mais je crois que pour l’instant j’ai des choses plus importantes qui m’attendent.

« Je sais… Mais pour l’instant c’est juste pas ma priorité c’est tout. J’ai d’abord envie de reprendre un semblant de vie en dehors de l’hosto, pouvoir trouver quelque chose qui me plait pour travailler malgré cette nouvelle situation… »

Dis je en faisant référence à mes différents handicaps. Mais la conversation retourne un peu plus sur elle est cela ma convient tout à fait, de toute façon j’ai pas grand-chose à raconter vu que je vis entre 4 murs d’hosto !

« Ah bah c’est sur cela demande de s’adapter un peu au changement. Mais oui je suis sur cela va très bien se passer. Et puis si cela devait arriver, il serait con, il se rendra vite compte qu’il a perdu gros ! »

Cela fait des mois que je vis dans un hosto, je suis sortie un peu en permission pour les fêtes de Noël en famille et cela a été assez compliqué pour moi. Donc oui forcement je suis ravi de sortir, de sentir l’air marin, mais j’ai beaucoup d’appréhension bien évidemment, savoir si j’entends ce qui se passe autour de moi, si je parviens à regarder correctement aussi et surtout si je peux espérer me débrouiller seul dans cette jungle… Et je remarque alors très vite que je vais réellement être limité, je sais qu’elle a l’habitude de parler vite, cela ne m’a jamais réellement posé problème, passé du coq à l’âne aussi… Mais maintenant c’est bien plus difficile pour moi de suivre, d’entendre tout. Je lui en fais par et immédiatement c’est une gêne qui apparait et quelque chose me dis que c’est quelque chose à laquelle je vais devoir m’habituer ça aussi.

« C’est rien, c’est pas de ta faute. »

C’est pas des miennes non plus c’est vrais… Mais ma situation va demander quelque adaptation pour tous ceux qui me côtoyer c’est une certitude. Je ris alors.

« S’il y a le parfum au café je ne vais pas te dire non ! »

Une glace, cela fait une éternité que je n’en ai pas mangé, sur le terrain on mange pour manger pas vraiment pour le plaisir, a par dans le camps de basse ou parfois le cuissot se plie en quatre ! À l’hôpital j’ai eu l’occas’ dans manger un peu, mais les trucs industriels quoi ! C’est dingue comment l’amour obscène les gens, Maddie cherche constamment à me casser, je sais qu’il aimerait que je sois parent comme mes 2 autres frères, mais chacun son rythme alors quand elle me dit que j’ai le temps, je lui sauterais presque au cou !

« Je suis heureux de te l’entendre dire ! Avec ma sœur qui ne cesse de vouloir me caser, je deviens dingue ! »

Je lâche un lécher rire à ta remarque, ça, c’est une certitude les hommes n’ont pas tous les défauts non plus !

« Oui je sais bien, mais le but d’un couple c’est de s’accepter avec ses qualités, mais aussi c’est défaut non ? Alors je suis sur que cela ne peut que ce bien passé. » 

Dis je en espérant la rassurer au mieux !

Oui, je sais bien que tu es toujours un peu toujours presser, cela ne m’a jamais réellement gêné pour être honnête, car je l’étais moi aussi avant. Je n’étais pas du genre à rester le cul sur une chaise plus d’une heure, mais les choses ont bien changé par la force des choses ! Enfin, ce n’est pas pour autant que j’aime cela hein ! Sortir dans un fauteuil roulant c’est loin d’être la meilleure expérience de ma vie hein ! Mais je n’ai pas le choix, je dois m’adapter à ce nouveau corps, ces handicapes. Et si moi-même j’ai du mal à le faire, comment un personne qui me connaissait d’avant tout ça peut le faire ? Il faut du temps et avec mon infection, je n’ai pas vraiment eu l’occasion d’avoir beaucoup de visite jusqu’à présent. Donc je sais bien que mes amis vont devoir s’y faire aussi. L’idée de manger une glace me ravit par contre ! Surtout si je trouve de la glace au café. Quand je récupère ma glace, je me retrouve clairement emmerdé ! Je ne peux pas tenir ma glace et rouler en même temps, car j’ai clairement besoin de mes 2 mains pour ne pas faire de cercle sur moi-même. Je décide de récupère ta glace pour que tu puisses tout simplement me pousser et rejoindre un banc tranquillement.

« Je ne suis pas sûr que Maddie lâche l’affaire un jour ! Je crois qu’elle aimerait être de nouveau tata. Mais bon avant j’étais jamais là avec mon métier, enfin y a des soldats qui arrive à avoir des familles et heureusement, mais moi j’n’y tenais pas du tout ! Et puis maintenant avec mon état, je ne suis pas sur de vouloir me caser. »

Je ne sais pas si c’est juste parce que je sais ce que je veux ou bien si c’est parce que j’ai juste peur… Surement les deux. Une fois que tu es assise, je te redonne ta classe pour qu’on puisse la manger tranquillement.

« C’est pas possible de toute façon, faut forcément accepter les défauts. Sinon on ne peut pas partager de chose ni vivre ensemble, je pense. »