Happy birthday, my little sunshine (Carter & Tahlia)

Carter & Tahlia
Bowen, 15 février 2021

Aujourd'hui, Thaïs fêtait sa première année sur Terre. Cela faisait un an qu'elle avait poussé son premier cri, dans la douleur. Un an qu'elle avait gagné son combat contre la prématurité. Et aujourd'hui, elle était une petite fille éveillée, intelligente, belle à croquer. Afin de fêter cela, les grands-parents de Thaïs avaient décidé de faire une petite fête, que Carter avait accepté, puisque c'était lui qui avait la garde de sa fille ce jour-là. Tahlia était présente, prenant sur elle et mettant sa douleur de côté pour le bien de sa fille. Depuis son départ de Bowen, depuis sa fausse couche, la jeune femme avait eu du mal à se relever. Elle avait perdu quelques kilos, amaigrissant sa silhouette, au point que les gens jouaient les mauvaises langues et se demandaient si elle était malade. Son regard avait perdu sa détermination, sa fureur de vivre, son besoin de croquer la vie à pleine dents. L'approche de la date fatidique, cette date où elle aurait dû accoucher de sa deuxième fille, avait renforcé ce sentiment. L'ex-policière aurait pu sombrer définitivement, mais les rires de Thaïs, son innocence enfantine la repêchaient sans cesse. Un si petit bébé avait réussi à se surpasser. Il était normal que sa mère fasse de même.

La fête se passait bien. Les gens riaient et s'émerveillaient des bêtises de la petite Hamilton. Seulement, Thaïs était encore petite et se fatiguait bien vite. Aussi, quand elle commença à être grognon, Tahlia s'empressa de prendre la petite dans les bras et en profita pour s'exiler dans le jardin. Elle s'assit sur la banquette du salon de jardin, bien à l'ombre, Thaïs se collant tout contre elle, frottant son doudou contre son nez comme à chaque fois qu'elle était fatiguée. Tahlia aimait ces moments-là, seule avec sa fille. Seulement, elle entendit des bruits de pas derrière elle, se disant qu'elle allait devoir faire preuve de tact et diplomatie pour renvoyer 'gentiment' la personne. Mais en constatant que c'était Carter, elle se retint, affichant simplement un sourire de convenance. "Hey..." murmura-t-elle. Thaïs releva la tête, regarda son père puis se reposa contre sa mère. "La pauvre, elle est épuisée." dit-elle, attendrie, caressant doucement les cheveux de la fillette. Tahlia redressa la tête et regarda son ex : "Je tenais à te remercier d'avoir accepté pour cette fête. Mes parents sont ravis d'avoir fait ça pour Thaïs.ça se voit qu'ils sont heureux..."

Après ta folle soirée d’anniversaire, c’était le tour de ta fille de fêter le sien. 1 an, ça se fête. Et les parents de Tahlia avaient organisés une petite fête pour l’occasion. Bien évidemment, tu n’avais pas pu refuser l’invitation, d’autant plus que c’est toi qui avait la garde de la petite fille. Lorsque tu étais arrivé à la fête de la petite fille, tu remarquais que Tahlia avait changé. Ca te faisait du bien de la voir, comme une bouffée d’air frais dont tu avais besoin. Même si tes sentiments avaient changés, tu aurai toujours besoin de l’australienne dans ta vie. Et la voir si amaigri, ça te faisait de la peine. Tu savais qu’elle vivait mal la perte de son deuxième enfant, et ça te rendait encore plus triste.

La fêtée battait son plein, tu avais discuté un peu avec tout le monde et même avec les grand-parents de ta fille. Tu rêvais que ta mère vienne en Australie pour rencontrer Thaïs, mais c’était pas encore pour tout de suite, tu le savais. En parlant de Thaïs, tu la cherchait partout dans la maison, et elle avait disparu, tout comme sa maman. Alors tu les cherchais partout, jusqu’à ce que tu les trouve toutes les deux dehors, dans un petit moment entre mère et fille. Tu t’approchais doucement des deux, posant une main sur l’épaule de Tahlia avec un léger sourire sur ton visage. La petite te voyait, esquissait un sourire avant de fermer les yeux dans les bras de sa mère. « En même temps, elle est le centre de l’attention aujourd’hui. Tout le monde veut la prendre dans ses bras et jouer avec » dis-tu avec un sourire sur tes lèvres. Tu t’assis près de Tahlia sur le petit banc et tu les regardais, totalement attendris par ce moment. « C’est normal, Tahl. J’aurai jamais pu faire ça moi-même, tu sais » dis-tu en laissant échapper un petit rire. Elle mentionna le fait que ces parents étaient heureux tous les deux, d’avoir ait cette fête, mais est-ce qu’elle, elle l’était ? « Tahlia, est-ce que toi, tu es heureuse en ce moment ? » demandas-tu légèrement inquiet.

De loin, Tahlia avait observé Carter. Elle l'avait regardé, en train de déambuler parmi les invités présents. Elle avait vu son sourire. Elle l'avait vu parler aux autres, rire. Elle l'avait vu avec Thaïs, si doux, si affectueux. Il avait changé. Et cette vision déclencha une bulle de bonheur qui alimenta son coeur. Tahlia et Carter avaient été l'ombre et la lumière. Lui se perdant dans une noirceur, elle, apportant son aura lumineux et sa joie. Maintenant, les rôles étaient inversés. C'était lui qui s'allumait, qui se vivifiait. C'était elle qui s'éteignait, qui dépérissait. N'arrivant plus à faire semblant, Tahlia sauta sur l'occasion en voyant que Thaïs fatiguait. Elle s'empressa de prendre sa fille dans les bras afin de s'exiler dans le jardin, pour un moment mère-fille qui était si doux. Mais alors qu'elle pensait qu'un intrus allait s'immiscer dans ce cocon, Tahlia rangea ses crocs en remarquant que c'était Carter qui venait de poser sa main sur son épaule. Il prit place à leurs côtés, faisant apparaître un sourire sur les lèvres de la mère, comme de la fille. "C'est son jour ! Il faut bien que tout le monde voit à quel point elle est une petite fille formidable." dit-elle avec douceur, ses lèvres venant déposer un baiser sur le haut du crâne de Thaïs. Alors qu'elle le remercia d'avoir accepté pour cette fête, elle secoua la tête quand il affirma qu'il n'aurait jamais pu faire ça lui-même. "Ne dis pas n'importe quoi, tu aurais fait tout aussi bien." Il y avait beaucoup de choses qui avaient changé entre eux, mais la foi qu'elle lui portait était toujours là. Elle savait qui il était et ce qu'il pouvait faire. Il pouvait faire des merveilles, s'il le voulait. Encore plus pour Thaïs. "Je t'ai vu faire avec les invités. Tu étais comme un poisson dans l'eau." Il était loin, l'homme dans son coin, discret, réservé, presque méfiant. En tout cas, cette fête rendait les gens heureux. Mais très vite, elle vit une once d'inquiétude dans les yeux de Carter et la question qu'il lui posa lui fendit le coeur. Sans réfléchir, elle répondit : "Oui." Un silence s'installa. Sa bouche disait oui. Mais ses yeux embués disaient non. "Je suis heureuse pour Thaïs." ajouta-t-elle, en haussant les épaules. "Tu n'as pas à t'en faire pour moi." Il n'avait plus à s'en faire pour elle. "Tout ça, je l'ai cherché." conclut-elle. Et c'était la principale raison qui faisait qu'elle ne pouvait pas s'apitoyer sur son sort, encore plus devant Carter. C'était triste, mais elle se rendait compte de tout ce qu'elle avait perdu. Elle avait perdu son bébé, son foyer, ses repères à Bowen. Et elle avait aussi perdu son meilleur ami. Elle n'avait plus le droit d'être vulnérable face à lui. Elle ne voulait pas être son boulet alors qu'il avait tout pour avancer. Elle devait juste se cantonner à la femme avec qui il avait eu un enfant. Sentant les larmes lui monter aux yeux, elle s'éclaircit à la gorge et tenta un détour : "Au fait, je t'ai amené un petit cadeau pour ton anniversaire. Je ne pouvais pas oublier." dit-elle en relevant le regard et en esquissant un semblant de sourire. De sa main libre, elle fouilla dans son sac à main et sortit une simple enveloppe. Une enveloppe dans laquelle se trouvait la photocopie d'un billet d'avion. Un billet d'avion qui faisait Angleterre-Australie. "Tu vas avoir prochainement de la visite..."

Voir Tahlia et ta fille dans ce moment si spécial et si mignon, ça t’avait donné envie de les regarder pendant des heures, attendris. Mais finalement, tu avais brisé ce moment pour en faire un moment familial en te joignant à elles. Même si tu avais appris à faire la part des choses, tu avais toujours de fort sentiments envers la policière. Elle était ton amie, la personne qui te connaissait le mieux à Bowen et personne ne peut dire le contraire. Pendant cette année que tu as partagé avec elle, tu avais appris à devenir une meilleure personne, et tout ça c’était grâce à elle. « En même temps, regardes les parents formidables qu’elle a ! » dis-tu en riant légèrement. Ca ne serait jamais arrivé, quelques mois auparavant, que tu fasses de l’humour comme ça et que tu te sentes si à l’aise avec les gens. Mais Tahlia et Thaïs avaient changées quelque chose en toi, quelque chose qui faisait que tu t’étais ouvert au monde. Tu avouais à l’ex-policière que tu n’aurai pas fais mieux pour l’anniversaire de votre fille, et que tu étais très reconnaissant envers les parents de Tahlia. « Ca se serait résumé à des pâtisseries de chez Imogen, toi, la petite et moi, tu sais ? Pas aussi grandiose que ça » avouas-tu à la jeune femme avec un sourire. Tu savais pas comment faire avec un enfant en si bas âge, en même temps vous aviez tous les deux étaient pris de cours, à la naissance de Thaïs. Elle avait remarqué que tu te sentais bien avec les invités, que tu avais fais preuve de sympathie envers tout le monde, même les gens que tu ne connaissais pas. « C’est grâce à toi, ça, tu sais » dis-tu en tapotant ton épaule avec la sienne, lui faisant un clin d’oeil. Avant elle, tu étais ce mec renfermé, qui ne laissait personne rentrer dans sa bulle de peur de souffrir encore et toujours. Et puis, tu avais remarqué que la brune n’était plus la même depuis son départ de Bowen. Elle était plus mince, les traits plus tirés. Tu te disais que c’était surement à cause de sa fausse couche. Mais tu t’inquiétais pour elle. Vaguement, elle te répondit mais tu n’étais pas satisfait de cette réponse. Tu posais ta main contre la sienne, qui tenait la petite et tu lui souris. « T’as rien cherché du tout, Tahlia. Tu peux tout me dire. Même si on est plus ensemble, même si on est plus dans la même ville. J’suis toujours là pour toi, d’accord ? » avouas-tu à l’australienne avec un sourire bienveillant. Tu voulais qu’elle sache que tu étais là, dans les meilleurs comme dans les pires moments. Après tout, elle était ta plus proche amie, même avant que vous vous mettiez ensemble. Il n’y a pas de raison à ce que tu la laisses tomber du jour au lendemain. Et tu sentais, à sa voix brisé et ses yeux brillants, que ça n’allait pas. Mais elle changeait rapidement de sujet en te parlant de ton cadeau d’anniversaire. « Oh non, il fallait pas, vraiment ! » dis-tu en souriant. Tu te sentais gêné qu’elle te fasse un cadeau. Dans son sac à main qui était à côté d’elle, elle fouilla dans son sac pour trouver une petite enveloppe. Elle te la tendait en te disant que tu allais bientôt avoir e la visite. Tu ne comprenais pas vraiment. Alors tu ouvrais l’enveloppe pour trouver un billet d’avion qui faisant Londres-Sydney. A ton tour, les larmes te montaient aux yeux, tu étais tellement content. « T’as fais venir ma mère au pays des araignées géantes ? » demandas-tu en riant légèrement, en te rappelant de votre discussion sur le fait que ta mère flipperait à n’importe quel animal étrange quelle croiserait ici. « Whoa, merci. Je… Putin, merci » dis-tu en sentant une larme rouler sur ta joue. Tu n’avais pas vu ta mère depuis trois ans maintenant, et elle ne connaissait pas encore sa petite fille. Tu déposais un baiser sur la joue de Tahlia, et tu l’enlaçais comme tu pouvais, alors qu’elle tenait encore votre fille dans ses bras.

Ce moment familial était sûrement le moment le plus sincère dans la journée de Tahlia. Depuis qu'elle avait mis un pied chez ses parents, elle avait fait semblant. Semblant de sourire, de rire, de s'amuser. Et finalement, c'était là, dans le jardin, à l'ombre, avec sa fille tout contre elle et Carter à ses côtés qu'elle trouvait un semblant de sérénité. "C'est vrai qu'elle a un super papa." affirma-t-elle, en jetant un regard complice à Carter alors qu'il évoquait les parents formidables de Thaïs. Elle garda son regard posé sur lui un instant, se rendant compte à quel point il avait changé, faisant de l'humour, parlant et riant avec les invités. Elle leva les yeux au ciel quand il parla ensuite de l'anniversaire qu'il aurait offert à Thaïs, si les parents de Tahlia n'avaient pas pris les choses en main. "ça aurait été tout aussi bien ! Profitons-en avant d'avoir les longues journées d'anniversaire avec ses futurs camarades de classe, quand il faudra gérer une dizaine de gamins surexcités." Elle se mit à rire légèrement. Ils avaient encore un peu de temps pour cela, mais le temps passait bien vite et ils arriveraient vite à ce stade-là. Parlant alors de l'attitude de Carter envers les invités, elle secoua la tête quand il lui avoua, complice, que c'était aussi grâce à elle. "Ne dis pas n'importe quoi. Il était juste là,un peu endormi, le Carter sociable et plus heureux. Mais il était bien là." Ce n'était pas grâce à elle, loin de là. Elle avait juste un peu ouvert la voie pour le faire réagir. C'était lui qui avait fait tout le boulot. Reposant son regard sur Thaïs, Tahlia sentit son coeur se serrer, en se rendant compte que Carter avait compris qu'elle n'allait pas bien. En dépit du masque qu'elle affichait, il avait perçu sa douleur. Mais elle n'avait pas le droit de la déballer. Pourtant, Carter lui rappela l'un de leurs fondamentaux : être toujours là l'un pour l'autre, malgré tout. "Je le sais." murmura-t-elle. "Mais je crois qu'il y a pas grand chose à faire. Je me sens vide. Et seule. Et je crois qu'il n'y a que le temps qui pourra régler ça." Qui pourra fermer ses cicatrices. Sauf si elle aggravait son cas d'ici là. Se sentant au bord des larmes, elle changea vite la conversation en lui donnant le cadeau qu'elle avait prévu. En sentant sa gêne, Tahlia arqua un sourcil et rétorqua directement : "Tu croyais vraiment que je n'allais rien faire ?! Je ne pouvais pas quand même pas laisser passer tes 31 ans." Ni même les prochains. Elle avait envie de lui faire plaisir, de concrétiser ce projet vieux de longs mois. Cela faisait un moment qu'elle était en contact avec la personne qu'elle allait faire venir. Elle guetta sa réaction quand il sortit le billet d'avion, quand il comprit ce que cela sous-entendait. Elle vit très vite ses larmes dans les yeux, l'émotion la touchant pleinement puisque des larmes vinrent, à leur tour, embuer ses yeux verts. "Voir son fils et rencontrer sa petite-fille était plus importants que les araignées géantes et autres terribles bestioles australiennes." répondit-elle, d'un rire ému. Mais quand elle vit la larme rouler sur sa joue, Tahlia lâcha prise et se mit à pleurer à son tour. Elle lui rendit son étreinte, comme elle le put, avant de s'essuyer les yeux de sa main libre. "T'es chiant ! J'avais dit que je ne pleurerai pas aujourd'hui !" s'exclama-t-elle, afin de faire un peu d'humour. Puis, plus sérieuse, elle reprit : "ça me rend heureuse de te voir comme ça, de te faire plaisir." ça ne rattrapait pas le reste, évidemment, mais ça l'apaisait un peu. "Elle est censée rester un mois.Du coup, je te laisserai Thaïs pour qu'elle puisse en profiter un maximum, si ça te va."

A ce moment là, vous ressembliez à une vraie petite famille tous les trois. C’était naturel, c’était agréable. Jamais tu n’aurai pensé être comme ça avec quelqu’un, mais tu n’aurais encore moins pensé avoir un enfant à 30 ans. C’était pas dans tes projets, ni dans ceux de Tahlia, d’ailleurs. Mais la vie en avait décidé autrement. « Elle a aussi une super maman » dis-tu en venant taper gentiment son épaule contre la tienne. Thaïs avait des parents qui feraient toujours tout pour elle, y’a pas à dire. Que ce soit Tahlia ou toi, vous donneriez votre vie pour la petite fille. Les parents de l’australienne avaient mis le paquet, aujourd’hui, pour l’anniversaire de leur petite fille, et tu n’aurai jamais pu faire mieux. « Oh, ça, j’ai pas hâte du tout » dis-tu en joignant ton rire à celui de ton ex petite amie. C’était le premier anniversaire de la petite fille, alors ils avaient encore tout le temps de se préparer à ces goûter d’anniversaire avec ses copains ou alors aux boom d’anniversaire quand elle serait plus âgée avant de finir par les soirées. Tu n’étais vraiment pas prêt pour ça. Ta fille devait rester comme elle était, ne pas grandir, ça te faisait beaucoup trop peur. « T’as réussi à le faire sortir de sa tanière » dis-tu en souriant. Sans elle, tu n’aurai jamais été aussi sociable et agréable avec les gens. Et une journée comme celle-ci, tu n’aurai jamais pu la surmonter. Tu avais remarqué que la jeune maman semblait triste et ça te minait de la voir ainsi. « Je comprends… Dans tous les cas, si tu as besoin de quoi que ce soit, tu as mon numéro » dis-tu avec un mince sourire sur tes lèvres, ce sourire bienveillant qu’on te connait si bien. Si tu pouvais donner le monde à Tahlia pour la rendre plus heureuse, tu le ferai bien évidemment. C’était tout ce que tu voulais, la voir épanouie. Le temps guérissait les blessures, tu le savais mieux que quiconque, et tu lui laisserai le temps de se soigner seule avant de faire quoi que ce soit. Elle te tendait ensuite une enveloppe, pour ton anniversaire. « Il fallait gâter Thaïs, moi j’en ai pas besoin » dis-tu en riant légèrement. Lorsque tu ouvrais l’enveloppe, tu étais à mille lieux de te douter que ce cadeau était en réalité la venue de ta maman depuis l’Angleterre. Les larmes aux yeux, tu faisais comme tu pouvais pour prendre l’australienne dans tes bras et ne pas déranger votre bébé. « Merci, merci, merci, merci, merci » dis-tu encore et encore pour la remercier. Il n’y avait pas de meilleur cadeau que de faire venir ta maman sur le sol australien. T’étais ému, et tu avais réussi à la rendre émue elle aussi. Tu ris légèrement avec elle à sa remarque avant de répondre. « Whoa, un mois. J’ai pas vu ma mère depuis 3 ans, je pense qu’on a des choses à se dire. Je sais pas comment te remercier, Tahl’ ! » dis-tu en essuyant les larmes aux coins de tes yeux. Dans ta poche, tu avais toi aussi un cadeau pour elle, son anniversaire arrivant bientôt elle aussi. Vous formiez un beau trio du mois de février. « Je m’étais dis que je te laisserai ça avant de partir mais du coup, je préfère te le donner maintenant » dis-tu en souriant et en sortant un petit écrin de ta poche. Dans ce dernier, se trouvait un petit médaillon avec le prénom de votre fille et sa date de naissance au dos de ce dernier. Tu n’étais pas vraiment doué pour les cadeaux, mais tu espérais que celui-là lui plairait.

Une super maman, elle ne le pensait pas. Mais Tahlia se dépassait pour Thaïs. Elle faisait tout pour elle. Elle ne vivait même que pour elle. Sans doute s'oubliait-elle dans cette histoire et sans doute la réalité la rattraperait-elle un jour, mais à cet instant, elle avait un carburant qui lui permettait d'avancer sans trop de fracas. Il n'y avait pas que pour Tahlia que Thaïs avait un effet bénéfique. Carter se nourrissait aussi de l'amour de sa fille. Et ne parlons même pas des grands-parents qui avaient tenu à ce que le premier anniversaire de la petite fille soit grandiose. Tahlia les avait laissé faire, voyant à quel point ils étaient heureux de faire plaisir à Thaïs. Et ce n'était que le premier. Le premier parmi tant d'autres. Ils allaient avoir droit aux anniversaires avec les petits camarades, les boums et les soirées où ils se feront virer. « Profitons tant qu'on n'a encore la main sur ça. Dans 15 ans, on se fera jeter comme deux vieux. » dit-elle en riant. Mais son rire perdit de sa vigueur à la suite de ses mots. Carter s'était peut-être éveillé, mais elle, elle avait pris la place du britannique dans sa tanière. La perte de son enfant l'avait poussé à se renfermer et c'était difficile de voir le bout du tunnel. Elle avait de la force pour les autres, pour les aider, pour leur montrer qui ils étaient, mais pour elle, elle n'en avait pas. « Oui, j'ai ton numéro, merci. » Elle avait son numéro, oui, mais de là, à l'appeler, c'était autre chose. Elle ne le ferait pas. Et sans doute Carter le savait-il déjà. Ne voulant pas se miner le moral, elle s'empressa de chercher dans son sac le cadeau qu'elle comptait donner un peu plus tard à son ex-petit ami. Mais ce moment familial, à trois, était bien le plus propice. Surtout que cela concernait la famille de Carter, en particulier sa mère. Sa mère qui lui manquait tant et que Tahlia avait réussi à faire venir. « Thaïs a déjà été gâtée. C'est ton tour, maintenant. » souffla-t-elle en le laissant ouvrir l'enveloppe. Quand il comprit ce que cela signifiait, l'émotion envahit aussi bien Carter que Tahlia. Ça la touchait de le voir heureux de la sorte. Il était temps que l'agent renoue avec ses attaches. « Un mois, c'est sûr. Elle verra si elle peut prolonger encore un peu. » Après trois ans, un mois, c'était si court. « Tu n'as pas à me remercier. » dit-elle avec émotion. « C'était la moindre des choses à faire. » Il n'avait pas besoin de grand-chose, Carter, mais il avait besoin de sa mère. « Ah... si... si tu pouvais lui dire que je ne suis pas aussi mauvaise qu'il n'y paraît, ça pourrait être sympa. » enchaîna-t-elle, avec un rire qui masquait son émotion. Elle n'avait sûrement pas bonne image auprès de la mère de Carter. Elle espérait arranger un peu son cas, un tout petit peu, du moins. En tout cas, l'heure des cadeaux ne semblait pas terminée puisque Carter avait aussi un quelque chose pour elle. « Et après, tu oses me dire que je n'aurais rien dû faire ?! » murmura-t-elle, d'un air faussement réprobateur. « Tu n'aurais pas dû... » dit-elle cependant, ne méritant pas de telles attentions. Elle prit l'écrin qu'elle ouvrit délicatement. Quand elle vit le médaillon avec le nom de sa fille et sa date de naissance, les larmes repartirent de plus belle. « C'est si beau... » Elle lui tendit le collier. « Tu peux me le mettre, s'il te plaît ? » Elle se tourna de façon à le laisser mettre le collier, qu'elle regarda avec émotion. Elle déposa un baiser sur la joue de son ex. « Merci Carter. Pour ce collier et pour m'avoir donné le plus beau cadeau de ma vie. » Il ne lui avait pas offert qu'un collier, il lui avait aussi offert le plus beau rôle de sa vie et tout l'amour qui en découlait. « Et dire qu'il y a un an, on était à l'hôpital, à la soutenir dans son combat. On en a fait du chemin. » dit-elle avec fierté.

Pour toi, Tahlia était une très bonne maman envers votre fille. Tu n’aurai pas eu un enfant avec n’importe qui après tout, même si c’était plus un accident qu’un enfant voulu. Thaïs était un heureux accident, qui avait fait le bonheur de ses parents mais de beaucoup de gens de leur entourage, on va pas se mentir. L’anniversaire de la petite était somptueux, les parents de ton ex-petite amie avaient mis le paquet pour ce dernier. Mais ce moment familial, tous les trois dehors, c’était beaucoup mieux. « T’oublies ce que je fais dans la vie, elle ne se débarrassera jamais vraiment de nous » dis-tu en lui faisant un clin d’oeil. Être un ancien agent secret, ça te permettait de connaître pas mal de choses. Mais jamais tu n’utiliserai tes aptitudes d’ancien agent pour surveiller ta fille. Même si on en était pas encore là, et que tu ne savais pas comment tu réagirais à son adolescence. Bien sûr, tu seras un papa peut-être un peu trop protecteur, à cause de ton métier, mais tu ne la surveilleras pas en continue. Tu signalais à la jeune femme que si elle n’allait pas bien pour quelconque raison, elle pouvait t’appeler. Après tout, vous vous étiez promis d’être là l’un pour l’autre malgré votre séparation. Tu savais qu’elle ne le ferai pas, mais tu voulais qu’elle sache que tu étais toujours là pour elle, et que même si elle avait déménager et quitté la ville, tu ne la laissais pas tomber pour autant. « Tu es beaucoup trop adorable » dis-tu avec un petit sourire. Elle venait de t’offrir la visite de ta maman en Australie. Tu n’avais pas vu ta mère depuis si longtemps, ça te faisait beaucoup trop plaisir. Et puis, elle allait pouvoir rencontrer sa petite fille pour de vrai, et arrêter de la voir en Skype. « Je la connais, quand elle va voir la bouille de Thaïs, elle va s’installer à Bowen » dis-tu en riant légèrement. C’est vrai, ta mère avait attendu longtemps pour que tu lui donnes des petits-enfants, et c’était enfin arrivé. Alors en tant que bonne grand-mère qui se respecte, tu étais sur qu’elle voudrai s’installer dans la ville. « T’es vraiment la meilleure, merci encore » dis-tu pour la énième fois, après l’avoir prise dans tes bras. C’était le meilleur cadeau qu’on puisse te faire. « Promis, je lui dirais. On fera un truc tous ensemble, quand elle sera là » dis-tu en riant légèrement. L’australienne était une bonne mère et quelqu’un de bien, malgré ce qu’il s’était passé entre vous. A ton tour, tu cherchais dans ta veste un petit écrin où se trouvait un cadeau pour Tahlia. « A vrai dire, je comptais le laisser à tes parents pour qu’ils te le donnent pour ton anniversaire » dis-tu en riant légèrement. T’aurai fais passer ce cadeau pour un truc anonyme et elle n’aurait rien eu à dire là dessus. Toi aussi, t’avais eu envie de lui faire plaisir avec ce cadeau. Un petit collier avec la date de naissance de votre fille et son prénom. « Je suis content que ça te plaise » dis-tu avec un sourire à la jeune femme. Elle te demanda de l’aider à l’attacher, ce que tu fis, en déplaçant ses cheveux sur le côté. Elle était émue, et tu l’étais toujours autant. « Merci à toi, Tahl. C’est toi qui a donné la vie à ce magnifique petit bout » dis-tu avant d’embrasser le front de votre bébé. « Oh oui, c’était pas facile. Maintenant c’est un magnifique bébé en bonne santé, et qui ressemble beaucoup à sa maman » dis-tu en posant ton regard attendri sur celui de ta fille.

C'était finalement pendant ce moment que Tahlia se sentait la plus sereine. Carter avait toujours réussi à l'apaiser d'une certaine façon, une habilité que Thaïs avait sûrement hérité de son père. Mais même si elle n'avait pas le cœur à la fête, c'était un très bel anniversaire. La tristesse de Tahlia se faisait quelque peu oublier quand elle entendait les rires innocents de sa fille. Le plus beau carburant. S'amusant à s'imaginer les prochains anniversaires, notamment ceux durant l'adolescence, la brune se mit à rire quand Carter parla de son métier et du fait que Thaïs ne pourrait jamais se débarasser d'eux. « C'est vrai... On pourra partir en filature ensemble ! » Evidemment qu'ils ne le feront pas, mais un père agent secret et une mère ancienne policière, ça n'aidait pas vraiment. Quand vint l'heure du cadeau de Carter, elle savait que ce serait un moment émouvant, mais elle ne pensait pas qu'elle serait autant émue par la réaction de son ex. Le voir si heureux, c'était un pur bonheur. « Je pense que la bouille de Thaïs lui fera oublier les araignées géantes. » dit-elle en souriant. « J'espère pour toi qu'elle s'installera vraiment ici. » Il en avait besoin, Carter. Il avait besoin d'avoir des attaches par ici, d'avoir sa famille, ses repères. Bien sûr, Tahlia appréhendait la rencontre. Les deux femmes avaient certes discuté pour faire cette surprise,mais ça en était resté là. Alors quand Carter lui dit qu'il prévoirait quelque chose tous ensemble, Tahlia esquissa un léger sourire. « Oui, on verra ça. » La culpabilité était encore bien trop forte chez la brune pour se sentir pleinement sereine face à son ex-belle-mère. Mais c'était une venue qui lui tenait à cœur. En tout cas, elle n'était pas la seule à être venue les mains vides. Carter avait aussi un petit quelque chose pour elle, un petit quelque chose qu'il avait voulu donner à ses parents. « Sérieusement ? Pourquoi tu ne voulais pas me le donner en face ? » demanda-t-elle, avec un petit rire. Elle ouvrit l'écrin, découvrant un joli collier où se trouvait le prénom et la date de naissance de Thaïs. Le plus beau cadeau possible. Emue, elle posa son doigt sur le médaillon, lui demandant ensuite de l'accrocher autour de son cou. « Merci, merci beaucoup. Je l'adore ! » Elle aurait toujours Thaïs avec elle. Elle le regarda un instant, puis reposa ses yeux vers son ex, le remerciant une nouvelle fois pour le collier et surtout pour ce bébé qui avait changé sa vie. Un bébé qui avait connu quelques malheurs à son arrivée mais qui aujourd'hui était une belle petite fille. « … et qui a la force de caractère de son papa. » Carter avait connu des épreuves difficiles. Thaïs aussi. Et ils s'en étaient tous les deux sortis. Un silence s'interposa, la main de Tahlia caressant les petites bouclettes de Thaïs. Ils donnaient vraiment l'impression d'être la jolie petite famille, là, tous les trois. Alors qu'il n'en était rien. Lâchant un long soupir, elle releva les yeux vers Carter. Des yeux embués, par toutes ces émotions lâchées. « Tu sais, je n'ai jamais vraiment eu l'opportunité de te le dire, mais je suis vraiment désolée pour tout ce que je t'ai fait. Tu ne le méritais pas. »

Ce moment familial faisait du bien, après avoir été entouré pendant plusieurs heures par les amis et la famille. Et puis c’était votre échauffement, le premier anniversaire de Thaïs. « Notre fille va nous détester » dis-tu en riant. Une ancienne policière et un ancien agent secret, c’est pas le mieux quand on veut garder des secrets lorsqu’on grandit. Et tu sais que la petite en aura quand elle sera adolescente et qu’elle fera tout pour vous échapper. L’australienne t’avait offert un merveilleux cadeau, le fait que ta mère vienne sur le sol australien et qu’elle rencontre votre fille pour la première fois. Tu ne pouvais pas rêver mieux. « Quand elle verra Thaïs, elle n’hésitera pas une seconde avant de s’installer » dis-tu en riant légèrement. Tu étais le fils unique de ta mère, sa seule famille. Alors quand elle allait rencontrer sa petite-fille, elle ne voudra plus la quitter. Tu proposais à Tahlia de faire quelque chose lorsque ta mère sera là pour qu’elle a rencontre et tu savais qu’elle allait l’adorer. Tu n’avais pas raconté les raisons de votre rupture à ta maman, et puis tu ne voulais pas qu’elle ai une mauvaise image de la brune. Tu lui donnais ensuite à ton tour son cadeau, pour son anniversaire qui était quelques jours plus tard. « Je sais pas, j’suis toujours un peu coincé tu sais » dis-tu en riant légèrement. Tu n’avais pas eu l’occasion de lui donner avant, et si le moment ne se serait pas présenter là, tu l’aurais laissé dans les affaires de ta fille. Parce que c’était la journée de votre fille, et que tu voulais qu’elle soit le centre de l’attention, surement. Elle avait adoré le médaillon avec le prénom de la petite fille et sa date de naissance. Ca avait été compliuqé, cette naissance, mais elle était belle et en bonne santé maintenant. « J’suis content que ça te plaise » dis-tu en l’aidant à attacher le collier dans la nuque de l’ancienne policière. Ca lui allait bien, tu avais bien choisi. « Un beau mélange des deux » dis-tu avec un mince sourire avant qu’un silence ne s’impose. Vous étiez là, la parfaite petite famille. Alors que non, il y avait eu beaucoup de problèmes entre vous. Et vous n’étiez plus ensemble maintenant. C’est Tahlia qui brisait ce silence, te regardant droit dans les yeux, s’excusant de ce qu’elle t’avait fait par le passé. « Je… j’t’en veux pas Tahlia. Je veux qu’on oublie cette période de notre histoire » dis-tu en baissant les yeux. Tu n’avais pas oublié, tu avais eu très mal à ce moment là. Ton coeur s’était brisé en milles morceaux. « Je veux qu’on pense qu’au bon moment, comme celui-là » dis-tu en souriant à ta fille qui venait de faire un énorme sourire à son papa.

« On dira que c'est pour son bien. Pour protéger son petit cœur. » dit-elle en riant. Elle imaginait surtout le jour où Thaïs leur ramènera son premier petit ami – ou petite amie – Tahlia riait déjà de l'interrogatoire qu'aura l'heureux élu. Mais en attendant, il fallait laisser grandir la petite à son rythme. Entourée de son papa, de sa maman, des ses grands-parents maternels et peut-être sa grand-mère paternelle. Carter était persuadé que sa mère, en voyant Thaïs, déciderait de s'installer définitivement à Bowen. « Je l'espère sincèrement. Je sais à quel point ça te ferait du bien d'avoir ta maman par ici. » La mère de Carter n'avait plus vraiment d'attaches en Angleterre, lui avait-elle confié un soir où elles s'étaient appelées pour parler du billet d'avion. Mais il était aussi difficile de changer de pays, bouleverser ses repères. Avoir Carter et Thaïs l'aiderait sûrement à faire le pas. En tout cas, Carter et Thaïs n'étaient pas les seuls à être gâtés aujourd'hui. Carter venait de faire un beau cadeau à Tahlia, un joli médaillon qu'il lui passa autour du cou. Un médaillon qu'il voulait lui donner discrètement. Elle esquissa un sourire quand il lui avoua être toujours un peu coincé. « Tu n'as pas à l'être. » dit-elle avec douceur, encore moins avec elle. Ils avaient tant partagé. Oui, Tahlia se voilait la face. Elle essayait de croire que tout était comme avant, que c'était rattrapable, qu'il pouvait toujours y avoir ce lien si fort, intense, complice entre eux. Mais ils en étaient loin du compte et cela la minait. Cela la minait terriblement. Heureusement qu'il y avait Thaïs, sinon elle était certaine qu'elle aurait perdu Carter à tout jamais. Elle esquissa un sourire attendri quand l'anglais souffla que Thaïs était un beau mélange des deux. « Même si ce n'était pas prévu, je suis heureuse de l'avoir eu avec toi. » murmura-t-elle avec douceur. Il lui avait offert le plus beau cadeau possible, alors qu'elle était loin de s'imaginer capable d'être mère. En lui donnant un enfant, il avait réveillé la tigresse en elle, celle qui se battrait pour sa chair, avec force et vigueur. Alors que le silence s'imposa, ce fut Tahlia qui le rompit. Les yeux dans les yeux, elle eut le courage de dire ce qu'elle n'avait pas osé dire jusqu'à présent. Elle s'excusa pour tout le mal qu'elle lui avait fait. Carter baissa les yeux, lui confiant qu'il voulait oublier tout ça, se rappeler des bons moments comme celui qu'il vivait aujourd'hui. « ça me va. Mais je tenais à te le dire, malgré tout. On ne sait jamais ce qui peut arriver. » Même si elle lui avait fait du mal, elle voulait lui montrer à quel point il était vital à sa vie. A quel point elle le respectait. Thaïs se réveilla et offrit directement un sourire à son père, se redressant ensuite pour lui tendre les bras. Tahlia laissa la petite aller avec son père, se retournant quand elle entendit son prénom. Sa mère lui fit signe de venir. « Je crois que c'est l'heure du gâteau. On y va ? » dit-elle en se relevant, posant sa main sur ce médaillon qui trônait autour de son cou, ses yeux verts couvant d'affection sa fille et son ex. Et ensemble, ils se dirigèrent à l'intérieur de la maison, prêts à souffler la première bougie de leur adorable princesse.

Fin