We look like a family, but are we ? - Emersen

Alba détestait les petites villes comme Bowen. Il n’y avait d’intimité et de secret, au final tout le monde savait ce qu’il se passait. Le pire c’était que tout le monde se mêlait de choses qui ne les regardaient pas. Alba savait qu’elle et Léo avait enfreint une limite à ne pas franchir, mais dans tous les cas ça ne les concernaient qu’eux. Puis ça ne concernait que Léo de le dire à Blanche, s’il voulait lui dire ou pas. Il n’arrivait pas à comprendre quand Alba parlait de maîtresse, mais aujourd’hui c’était l’impression qu’elle avait. Elle attendait patiemment que l’amant terrible en parle à sa copine pour qu’ensuite il revienne à elle. Même dans les films ça ne se passaient pas comme ça et Alba n’était pas assez naïve pour croire à ce genre de fin. Pourtant elle mourait d’envie de recommencer. Il lui avait tellement manqué. Le baiser avait été brutal comme si lui comme elle attendaient ça depuis des années. Leur histoire n’avait jamais vraiment été achevée. Il n’y avait jamais eu de point final et d’au revoir déchirant. Cet écart dans le bureau de la galerie ne sonnait pas la fin, ce n’était que la suite d’une histoire déjà bien assez compliquée. Seule, Alba aurait déjà foncé tête baissée quitte à se disputer ardemment avec l’homme qu’elle aimait. Mais aujourd’hui il y avait Jonah. Il subissait continuellement l’incertitude de ses parents. Incapables de s’aimer sainement, ils faisaient subir à leur fils les années de rancœur et de manque. Aujourd’hui était un exemple. Jonah était un petit garçon curieux et Alba était persuadé que c’était un petit artiste en herbe ou un cosmonaute. Il avait autant la tête dans les étoiles que les yeux qui pétillaient à chaque son d’une musique ou clic du photographe de sa mère. Il était surexcité de montrer aux deux personnes qu’il aimait le plus au monde ses talents de danseurs et de chanteurs. Il aidait Léo et Alba dans la confection de son costume, restant des heures à côté d’eux pour s’assurer que tout était parfait. La jeune maman avait hâte de voir son fils dans sa tenue de petite souris, ami du chat. Ils avaient travaillé dur les enfants pour faire ce spectacle et Jonah attendait vraiment que ces deux soient là pour le regarder. Et Alba avait peur que son fils soit déçu de son père, comme elle avait pu l’être. C’était une adulte la jeune maman, elle serait taire ses sentiments, mais Jon voulait être autant aimé de Léo que d’Alba. Ils étaient fusionnels mère et fils, ça n’empêchait pas que Jon voulait tout faire pour ressembler à Léo. Alba trouvait qu’il n’avait pas besoin de faire beaucoup d’effort, c’était son portrait et il avait déjà pris beaucoup de ses expressions du visage. Jon était à l’école depuis ce matin pour préparer le spectacle. Ils avaient tout prévu mère et fils, après ils iraient à la plage pour profiter de l’après-midi tout en grignotant le gâteau qu’Alba avait fait et les fruits. Tout était au frais dans une glacière dans la voiture. En arrivant dans le gymnaste de l’école elle saluait les parents déjà présents, se racontant les petites anecdotes de la vie. C’était des conversations plates et vides de sens. On lui indiquait sa place, comme dans un vrai spectacle. C’était le souhait des enfants. C’était en allant près de sa chaise qu’elle le remarquait. Il était venu. Tout son visage irradiait de bonheur, non pas parce que Léo était là mais parce qu’il était là pour Jon même après ce qu’ils s’étaient entre eux. Elle avait espéré qu’il change d’avis. Elle lui en aurait voulu s’il n’était pas venu voir leur fils. Quoiqu’il se passe entre eux, ils devaient batailler à côté quand il s’agissait de Jonah. Elle s’approchait de lui. « Salut ! » Disait-elle avec une voix douce et calme. « Je suis contente que tu sois venu. » Elle lui souriait, mais ne le regardait que quelques secondes. La tension était toujours présente et depuis qu’elle avait eu la chance de regoûter à ces lèvres et à ce corps, Alba était en manque. Posant son sac au pied de sa chaise, elle se sentait mal à l’aise d’être aussi proche de lui. Il s’était revu depuis la soirée à la galerie. Alba n’avait pas eu de nouvelles de Samson et il l’avait évité tout le reste de la soirée. Léo était parti aussitôt qu’il avait quitté son bureau. Mais elle l’avait revu à son anniversaire, il lui avait apporté le dessin de Jon et des fleurs. « Je ne savais pas qu’on avait des places attitrées, désolée. » Disait-elle en regardant la scène encore vide. Evidemment que Jon avait mis ses parents à côté, il n’avait pas encore conscience de ce qui se passait dans son dos.

Après son passage à la galerie Léo avait erré dans les rues de Bowen jusqu’à échouer au Elm street. Il n’avait pas été capable de rentrer chez lui après ce qu’il venait de vivre, d’affronter le regard de Blanche, de se coucher contre elle alors que toutes ses pensées étaient tournées vers une autre. Au pub avait trouvé quelques visages connus, l’avantage quand on finissait un samedi soir dans l’un des bars les plus animés de la ville. Il avait trouvé du monde avec qui partager un verre, un mot, même s’il ne fut pas bavard ce soir-là. Et puis, suffisamment sobre pour marcher mais assez ivre pour ne plus trop ressentir la culpabilité et le manque qui l'avaient gagné dès qu’il avait quitté les bras d’Alba, il était rentré chez lui, titubant légèrement. Il avait filé sous la douche pour se laver du parfum délicat de la blonde et de celui de ses baisers et puis, au moment de se coucher, quand il avait découvert sa compagne profondément endormie dans leur lit, si belle, si paisible, il avait rebroussé chemin puis s’était effondré dans le canapé où les limbes d’un sommeil perturbé l’avaient accueilli. Le lendemain, au réveil, elle l’avait regardé avec un regard accusateur et il s’était dit qu’elle devait avoir compris. Il s’était pourtant levé et, fort de sa gueule de bois, il l’avait serré contre lui avec un Viens, on part. Qui sonnait comme un caprice, la supplication d’un homme qui faisait tout de travers. Blanche, facile, curieuse, avait dit oui et ils étaient partis pour deux jours plus au nord, à Townsville dans un hôtel trop luxueux, d’où ils avaient à peine quitté la chambre. Cambridge s’était laissé faire, comprenant que quelque chose n’allait pas mais sans jamais poser de questions, peut-être trop heureuse de retrouver la fougue de celui qu’elle aimait. En vérité Léo faisait n’importe quoi, il fuyait Bowen pour se retenir de retrouver Alba, il abusait de tendresse envers Blanche dans l’espoir fou qu’il n’allait pas la perdre. Pourtant toute l’embarcation prenait l’eau et le naufrage était menaçant. Quelques jours plus tard il y avait eu l’anniversaire d’Alba, Jonah insistait pour qu’ils lui fassent une surprise tous les deux, Léo n’était pas contre mais il se le refusait, il ne voulait pas donner trop d’espoir, il avait proposé qu’ils lui fassent un dessin ensemble, ce serait la surprise. Et comme un fait exprès, Jon avait oublié le dessin chez lui, obligeant Léo à passer déposer le cadeau. Avec des fleurs, c’était plus poli. Sauf qu'au-delà de la politesse, ces fleurs il les avait choisies, pour elle, soigneusement. Il n’était pas resté longtemps chez la blonde, mais assez pour avoir envie de rester, pour déposer un baiser au coin de ses lèvres qui s’éternisa et qu’il aurait voulu plus intime encore. Et puis finalement, enfin les conséquences de leurs actes, Freja qui avouait à Léo qu’elle les avait vu, quelques échanges de messages plus tard, entre Léo et Freja, Léo et Alba et la culpabilité qui se faisait plus insistante, tout se savait à Bowen, la culpabilité et l’envie de la revoir en même temps. Avec Jonah qui insistait pour que son père l’aide à faire son fameux costume de souris, sauf qu’Emerson était nul en couture, égoïstement il décréta qu’il n’irait pas à la fête de l’école, ce serait plus simple pour tout le monde… tout le monde sauf ce petit garçon qui n’avait pas demandé à être encore au milieu des guéguerres de ses parents. Jusqu’au dernier moment Léo s’était convaincu qu’il ne viendrait pas, se trouvant une excuse parfaite, refusant de voir en face la déception de son fils. Et puis il se rappela de ses spectacles, de ses présentations d’étudiants, tous ces événements importants auxquels son père n’avait jamais participé. Il ne serait pas comme Peter, il se l’était juré. Une heure avant le début du spectacle, il avait fini par se décider à pointer le bout de son nez. Place attitrée, discussion avec des anciens copains devenus parents à leur tour, une vraie fête d'école à laquelle Léo ne se sentait pas du tout à sa place, comme si être père venait de lui tomber dessus. Il n'avait assisté à aucun spectacle de Jonah, avant il était à Brisbane, c'était une bonne excuse. Mais à présent il n'avait plus d'excuse, il le savait. Et au fond il avait envie de le voir, son souriceau, sur scène, le problème c'était d'être à côté d'Alba sans pouvoir la toucher alors que ça le brûlait. En parlant de la blonde, il ne l'avait pas encore vue, c'était sûrement une bonne chose. Il entendit pourtant sa voix dans son dos et il se retourna. Salut. Il leva la tête et sourit, gêné. Oui j'ai… je suis plein de surprises. Il l'observa s'asseoir à côté de lui, avec sa grâce naturelle et sa tenue légère. Elle était belle, Alba, c'était le genre de maman que les papas regardaient du coin de l'œil avec envie et les mamans avec une pointe de jalousie. Et en même temps Léo l'imaginait tellement gentille que ces autres mamans ne pouvaient pas non plus la détester. Et lui, lui il crevait d'envie de l'embrasser en dévorant sa nuque du regard, nuque qu'il avait adoré mordre quelques jours plus tôt. Il sourit en baissant la tête, les souvenirs de ses fêtes d'école dans ce même gymnase bien des années plus tôt, lui revenaient en mémoire. C'est le même système depuis toujours dans cette école. Pourquoi changer ? Il imaginait très bien sa vieille institutrice de primaire se présenter sur cette estrade vide.

Alba avait choisi d’être présente à chaque instant de son fils. Il y a quelques années elle aurait rigolé si on lui avait qu’elle finirait par être cette mère qui ne loupait aucune réunion de parents d’élève et qui serait la première à proposer sa présence pour les sorties scolaires ou son aide pour les kermesses. Cette fois-ci par contre elle n’avait pas pu être aux préparatifs et ça l’arrangeait bien Alba. Si elle prenait le temps de faire ça ce n’était pas pour les autres mamans mais bien pour son fils. Souvent elle ne se sentait pas à sa place Alba dans ce milieu très fermé et très familial. Jon n’était dans cette école que depuis quelques mois mais elle avait eu le droit à tous les cadeaux de bienvenus. Le nom de famille de Jon avait fait parler de lui, comme s’il y avait un héritier Emerson. Elle ignorait un peu tout de cette famille en s’y imposant avec un bébé mais elle n’apprécie pas qu’on ne compare Jonah qu’à son père. Il avait cinquante pour cent d’elle. Mais après les mois qui se succédaient, elle avait oublié cette première impression. Alba ne s’était pas forcément liée d’amitié avec une des mères d’un camarade de son fils. Mais à chaque fois qu’elles se voyaient, c’était poli, courtois et chacune prenait des nouvelles des autres. A un moment donné, elles parlaient de leur mari ou du moins de leur compagnon. Quand c’était à Alba de parler de Léo, elle ne trouvait jamais quoi dire. Tout le monde connaissait son histoire avec Blanche. Qu’est-ce que faisait d’Alba ? L’ex qu’il était obligé de se farcir parce qu’ils avaient un enfant ensemble. Alba savait que dans son dos, on pouvait parler d’elle mais à chaque fois c’était avec un sourire bienveillant et la tête haute qu’elle encourageait son fils dans les épreuves obligatoires de l’école. Aujourd’hui, c’était un de ses jours. Alba n’avait pas participé à l’organisation mais elle avait mis tout son cœur avec Jon pour faire le costume. Et qu’est-ce qu’elle avait hâte de le voir avec ses oreilles et son costume gris. Alba espérait juste une chose, c’était de voir Léo. Il avait déjà loupé quelques spectacles par sa faute, elle n’avait pas envie d’être encore la raison de son absence dans les moments de la vie de Jon. Pourtant elle n’y croyait pas vraiment la blonde, ils étaient doués chacun de leur côté à s’éviter quand les choses devenaient tendues. En ce moment, il y avait plus que de la tension. A partir du moment où elle avait quitté Léo dans ce bureau, la soirée avait été complètement chamboulée. Pendant des heures elle n’avait été que l’ombre d’elle-même repassant encore et encore le moment qu’ils avaient vécu précédemment. Les clients l’avaient regardé plutôt bizarrement, ce n’est que plus tard qu’elle comprit que ce secret ne l’était plus. Léo l’avait marqué de la plus sauvage des manières. Même Jon avait demandé à sa mère si elle s’était fait mal pour avoir un bleu dans le cou. Depuis plus aucune nouvelle de lui jusqu’à ce qu’il vienne lui apporter des fleurs soigneusement choisies pour son anniversaire. Il avait envie de la revoir et elle avait envie de le revoir, ils se le disaient par message. Mais Léo avait Blanche et Alba traînait cette culpabilité. Dans le fond, elle recommencerait encore et encore parce qu’elle ne sera jamais sevré du désir qu’elle avait pour Léo. En arrivant à sa place, elle le vit. Il était venu. Elle ignorait si elle souriait parce qu’elle le revoyait enfin ou parce qu’il était venu pour leur fils. Peut-être un peu des deux. Ç’aurait été plus simple si Léo se comportait comme un ignoble père, elle l’aurait tout simplement détesté. Mais il était parfait avec Jon et ça ne faisait qu’accentuer l’amour qu’elle lui portait. Ils se regardèrent un instant mal à l’aise de se retrouver si proche. « Je sais. » Lui répondait-elle en souriant. Si elle avait su peut-être qu’elle aurait demandé des chaises plus éloignées mais encore une foi ç’aurait fait parler. Il y avait déjà assez de monde au courant pour leur étreinte à la galerie ce n’était pas rajouter des éléments à potin. Elle s’asseyait à côté de lui et heureusement pour elle, la morsure qu’il lui avait fait sous le coup de la passion avait disparu quelques jours plus tôt. Ils étaient trop proches, et Alba faisait tout pour que son corps ne touche pas le sien. Pourtant qu’est-ce qu’elle avait envie qu’il lui prenne simplement la main ou qu’il lui dépose un baiser. Un simple contact ferait raviver les braises encor brûlantes de leur dernier échange physique. « Merci d’être venu. » Il savait qu’elle avait douté de lui. Mais elle savait aussi à quel point la choix n’avait pas dû être facile pour Léo. Il ne lui avait rien dis. Elle ignorait si lui et Blanche était encore ensemble ou s’il lui avait parlé. « Tu t’étais aussi déguisé en souriceau ? » Demandait-elle en riant légèrement. De son sac elle sortit son appareil photo, prête à le dégainer dès que Jon aura montrer le bout de son museau. Les lumières s’éteignaient et la maîtresse fit la présentation avant que les enfants ne commencent le spectacle. Il ne fallut que quelques minutes avant que leur petite tête bouclé sorte des coulisses. Alba avait un sourire si tendre, elle prit une photo avant de se retourner vers Léo pour lui chuchoter quelques mots. « Il est si mignon ! » Pendant un instant elle avait oublié leur proximité et en s’en rendant compte, elle rougissait avant de retourner sa tête vers le spectacle.

Léo n'avait jamais voulu d'enfant, autant qu'il ne s'était jamais imaginé papa. Il ne savait pas vraiment ce que c'était, un père, autre que dans la définition pure du géniteur. Il n'avait pas eu le bon exemple avec Peter, du moins pas un exemple qui lui avait donné envie de faire pareil. Son paternel ne lui avait transmis qu'un patrimoine génétique, qu'il rejetait, fils ingrat qu'il était. Et un patrimoine financier conséquent sur lequel, avouons-le, il n'avait jamais craché, se permettant d'assouvir tous ses caprices de gosse de riche sans qu'on ne lui dise quoi que ce soit. Est ce que c'était son manque d'amour paternel, ou bien cet égoïsme assumé, qui lui avaient fait dire depuis toujours qu'il ne voudrait pas d'enfant ? Sûrement qu'un psy irait creuser ces pistes-là. Toujours est-il que Jonah s'était imposé à lui et l'amour qui allait avec, violent, inattendu, si fort, si vite. Dès lors il avait dû apprendre à être père à vitesse grand V, il avait découvert la tendresse en même temps que les couches, la paternité comme un rôle qui ne lui allait pas si mal, mais qu'il fallait endosser. C'était plutôt simple quand il n'avait son fils que quelques semaines dans l'année, il avait évité les maladies, la plupart des bobos, des crises de sommeil, les caprices dans les magasins. Il n'avait eu que les bons côtés. Et ce n'était que depuis quelques mois qu'il découvrait ce qu'était vraiment la vie de parent, arriver à l'heure à l'école, l'éducation au quotidien, apprendre à dire non pour montrer son autorité. Les bobos aussi, comme ce séjour à l'hôpital qui avait éprouvé les deux jeunes parents. Léo découvrait tout et si c'était difficile, il n'en aimait que plus son enfant. Il s'en serait voulu de ne pas être venu aujourd'hui, surtout que ça n'aurait été qu'à cause des éternelles querelles de ses parents. Ou plutôt de l'irrésistible attirance qu'ils n'assumaient pas, du moins pour Léo. D'ailleurs il était là, à déshabiller Alba du regard, elle la maman courage qui aimait tant son fils, qui se battait pour lui depuis le départ, même contre son amant. Il l'admirait et ça depuis longtemps, il la trouvait forte de repousser l'abandon pour que Jonah ne subisse pas ne serait ce qu'un tout petit peu de ce qu'elle avait vécu dans son enfance. Tout ça, il le savait, il en était conscient, même s'il n'en parlait pas, parce qu'il n'était pas fier d'être celui qui rejetait sans cesse. Il voyait aujourd'hui qu'elle était heureuse, soulagée qu'il ait changé d'avis et qu'elle était en même temps mal à l'aise de se retrouver si proche de lui. Quelque part ça le fit sourire de la voir s'asseoir presque du bout des fesses sur sa chaise, son attitude le détendit un peu. Je suis venu pour Jon. Ce n'était pas pour être méchant avec elle, ni même pour la remettre à sa place, seulement elle le savait, elle n'était pas idiote, il avait tout fait pour la fuir ces derniers jours et la seule raison qui l'avait fait changer d'avis c'était son fils. Non ! Une fois on a osé me donner le rôle de la reine des fleurs, il paraît que j'étais fier, à 5 ans. Il ne s'en rappelait pas, mais sa mère aimait le raconter à ses copines à une époque. Il observa Alba fouiller dans son sac, elle n'avait plus aucune trace de leur étreinte, sa nuque était nue, désirable, attirante. Quand la lumière se tamisa, il détourna le regard pour concentrer son attention sur la scène, puisque, comme il l'avait dit, il était venu pour Jonah, pas pour elle. Musique, petits pas timides, couleurs et exclamations des parents. Léo remarqua son souriceau et il eut une bouffé de fierté et de tendresse, il l'aimait ce gamin, comme un fou. Alba mitraillait leur fils, il ne sortit pas son appareil, lui laissant ce plaisir d'immortaliser le moment. Il avait l'air à l'aise, Jonah, dans son rôle, il dansait, il chantait de sa petite voix, il était craquant et les deux parents se régalaient. Au fur et à mesure ils se rapprochaient l'un de l'autre, jusqu'à ce qu'Alba ne murmure à l'oreille de Léo, rien de bien méchant, mais elle donna bien vite l'impression d'être prise en faute, alors qu'elle était tout proche de lui. Rougissante, presque honteuse, elle s'excusait presque de cet écart de conduite et Léo sourit de la voir dans cet état. Oui, il est très à l'aise ! Dans la la confidence de l'obscurité, alors que personne ne pouvait les voir, il trouva sa main et s'en saisit, entremêlant ses doigts avec ceux de la blonde, accrochant son regard brillant et lui souriant avec tendresse. Tu as l'air heureuse. Ça te va bien. Ça la rendait belle, solaire. Et lui craquait totalement, à nouveau, oubliant à ce moment là sa résolution première, ne venir que pour voir Jon.

Pour une fois, elle ne lui en voudrait pas à Léo de ne pas venir. Ils avaient franchi une limite qu’ils savaient irréversible. Il n’était pas le seul à fuir l’autre, Alba aussi. Sauf que depuis cette soirée à la galerie elle n’avait envie de personne d’autre que de lui. Il hantait ses journées et ses nuits. Jonah allait encore une fois subir leur stupidité, comme deux adolescents, ils n’étaient pas capables d’assumer leurs actes. Ce qu’ils avaient fait était dans un sens pardonnable en n’écoutant que leur envie. Alba n’aimait pas ce sentiment, elle était dans un entre deux. Elle savait à quel point Léo la désirait parce qu’elle avait su lire son visage. Il avait eu le même regard que ces nuits thaïlandaises. Mais d’un autre côté, il pouvait choisir de ne rien dire et d’oublier cet instant. Il pouvait choisir la stabilité et l’amour qu’il portait à Blanche plutôt que l’amour qu’il portait à Alba. La blonde avait peur de ce choix. Trop de personnes étaient au courant néanmoins, mais dans le fond, ce qui c’était passé n’appartenait qu’à eux. Alors quand elle le vit, elle était heureuse. Déjà, elle avait envie de se perdre dans son regard même si elle n’arrivait pas à soutenir ce bleu plus que quelques secondes. Ensuite, elle était heureuse pour Jonah. Ils se voyaient de plus en plus que tous les trois. Alba n’était pas idiote, elle savait que son message investis de reproche avait fait réfléchir Léo. Ça la tuait la blonde de voir la complicité et l’amour que Léo portait à son fils mais qu’il s’entêtait à rester éloigné de Jon pour éviter la mère. Ça l’énervait d’être une des raisons de cet éloignement alors qu’à chaque fois que Jon revenait de chez Léo, il avait encore des étoiles dans les yeux. Elle regrettait ces mots. Il ne ressemblait en rien à Peter. Il était surtout maladroit dans ses relations, comme cette phrase qui blessait un peu le cœur de la blonde. Mais elle haussait les épaules en lui souriant. « Je sais. » Ils s’étaient évités depuis des semaines et Léo était venu pour la meilleure raison, leur fils. Jonah arrivait à réunir les deux parents quoi qu’il arrive. Même lorsqu’ils s’étaient déchirés et qu’Alba pensait qu’il n’y aurait plus rien de bon entre eux, Jon était tombé malade forçant les deux parents à se parler (et même à dormir ensemble). Se retrouver proche du brun n’était pas simple, ça demandait un contrôle certain pour Alba. Elle avait envie de l’embrasser ou de juste sentir sa main dans la sienne. Elle voulait un contact mais elle fit le contraire en s’asseyant le plus éloigné de son ex. Elle riait à l’anecdote de Léo. « Je ne suis même pas étonnée de ta fierté. » Disait-elle en riant. Elle s’imaginait bien le petit Léo à la tête de Jon regarder d’un mauvais œil les personnes qui oseraient se moquer de son déguisement et de sa performance. Avant que les lumières ne se tamisent, Alba en profitait pour prendre son appareil photo. Quelques minutes après, elle oubliait presque Léo. Jon était sur scène et il avait la tête qu’il faisait quand il était concentré. Son petit nez était retroussé comme Alba pouvait le faire mais les yeux étaient plissés comme Léo lorsqu’il s’apprêtait à prendre une photo. Il rayonnait de bonheur d’être sur scène et de chantonner avec ses camarades. Il était si beau et si adorable que le cœur d’Albe se remplissait de joie. Il était son monde Jon. Elle était si fière de lui. La blonde avait envie de partager cette joie et cette fierté. Son visage était trop proche de celui du brun, ça ne l’empêchait pas de déposer son souffle dans le creux de la nuque du brun. Mais aussitôt elle se reculait se rendait compte de la proximité avec cet homme qui lui faisait tourner la tête. Son sourire irradiait tellement elle était emportée par l’émotion. Son cœur s’emballait. Enfin, il y avait ce contact qui lui manquait tant à Alba. Ils se tenaient la main dans le secret de tous. C’était encore un de leur moment à eux. « Je suis heureuse. » Répondait-elle avant de tourner sa tête pour regarder le spectacle. A cet instant elle était heureuse. Son fils suivait les mouvements de la maîtresse avec précaution sous le regard attendri de ses deux parents. La blonde serrait un peu plus la main de son ex, venait déposer quelques caresses du pouce sur le poignet de ce dernier. « J’aimerais que ce soit toujours aussi simple. » Disait-elle en murmurant, ignorant si Léo était assez près pour l’entendre. Elle rêvait que ce soit aussi simple tout le temps parce qu’à cet instant elle se sentait si bien.

En roi de la fuite en avant, son refus de venir à la fête de son fils n’était pas si surprenant, mais Léo devait grandir, mûrir. Il n’avait plus huit ans, il devait faire face à la responsabilité de ses actes. Il aurait pu être de mauvaise foi également, accuser Alba de l’avoir aguiché, elle était, en vérité, la première à avoir posé ses lèvres sur celles de son amant. Mais ce serait vraiment faire des enfantillages, parce que ça faisait des semaines, des mois, qu’ils se tournaient autour l’un et l’autre, que Léo laissait sous-entendre qu’il était loin d’être indifférent à son ex. Et en même temps ce n’était pas surprenant, Emerson était quasiment incapable de laisser une relation platonique découler de ses relations passées, surtout lorsqu’elles avaient été aussi passionnelles que celle qu’il avait entretenu avec Alba, jamais il ne serait capable de lui être indifférent, il y aurait toujours une attirance, comme il aurait toujours une attirance pour Blanche, quoi qu’il arrive, comme ce serait le cas également pour Grace, bien malgré lui. Il était incapable de totalement tirer un trait sur les femmes de sa vie. La seule avec qui il avait réussi à transformer l’essai c’était Charlie, qui était réellement devenue l’une de ses meilleures amies alors qu’il lui avait couru après tout un été durant. Mais Charlie, il n’en avait jamais été amoureux, ça faisait toute la différence. Alors donc, pour en revenir à nos amants, Léo assumait toute la responsabilité de sa connerie, à sa façon, connerie qu’il ne considérait malheureusement pas tellement comme telle, puisqu’il crevait d’envie de recommencer, de ressentir encore le feu brûlant de leurs deux corps l’un contre l’autre. Quelque part il avait peut-être toujours su que ça finirait ainsi, même s’il le rejetait depuis qu’elle était revenue à Bowen. Mais cette envie, aussi dévorante soit elle, Léo cherchait à la contenir, il pouvait très bien faire voler en éclats toute sa vie actuelle, il l'avait déjà fait tellement souvent… il pourrait tout recommencer à nouveau, avec Alba, leur donner une vraie chance cette fois. Il n'était pourtant pas sûr d'en avoir envie, ni qu'elle le veuille non plus. Ils aimaient tous les deux leur précieuse liberté, ils détestaient l'abandon, la blonde en avait peur, mais ils n'étaient peut-être pas faits pour être mis en cage. Et puis si ce n'était qu'un caprice, une passade ? Léo perdrait tout, surtout Blanche, définitivement cette fois. Et même si l'envie de retrouver Alba le dévorait, il était effrayé à l'idée que tout s'arrête avec son éternelle amoureuse. Il savait malgré tout qu'elle finirait par l'apprendre, par lui, s'il avait enfin le courage d'assumer ses actes, ou par quelqu'un d'autre, parce que tout finissait par se savoir. En cette douce après-midi, il avait néanmoins une nouvelle fois mis de côté sa compagne pour rejoindre celle qui l'attirait tellement. C'était simple, dans le contexte où ils avaient leur fils, Alba lui avait fait la morale sur son manque d'implication dans son rôle de père et Léo avait accouru, incapable de se voir comme un nouveau Peter, incapable de manquer un moment heureux avec son enfant, maintenant qu'il avait la chance de pouvoir les vivre. Au départ un peu froids, gênés, les deux ex ne savaient pas comment se comporter, difficile d'être l'un à côté de l'autre, difficile de ne pas se toucher même se frôler, sans se dire que ce serait mal. Mais le naturel n'était jamais loin et la complicité refaisait surface. Emerson confia une anecdote d'enfance à la photographe qui se moqua gentiment de lui. Avant que les lumières ne baissent, le spectacle commençait, petites souris, chats et autres animaux se succédaient sur scène, parents attendris et barrières qui se brisent. Alba s'en voulu de cet écart, Léo trouva ça charmant, la voir rougir, ça ne lui ressemblait pas, elle qui osait, toujours. Alors il osa pour les deux, parce qu'ils en avaient envie, ces mains qui se cherchaient, leurs doigts qui s'entremêlaient. Elle était heureuse, le sourire sur son visage ne mentait pas et ce n'était pas seulement dû au petit souriceau qui dansait sur scène, d'ailleurs Jonah était retourné en coulisse, une autre classe avait pris place. Non, elle souriait parce qu'il était là, Léo. Et ce semblant de normalité, de bonheur simple, dans leur histoire si complexe, lui faisait du bien à lui aussi. D'ailleurs elle semblait lire dans ses pensées, il lui sourit, caressant le visage de la blonde de sa main libre. Moi aussi. Évidemment qu'il aimerait, sincèrement, mais ils savaient tous les deux que ça ne le serait pas, simple, comme si ça leur était refusé. C'était Léo qui compliquait toujours ses histoires, il voulait tout, il les voulait toutes, sans voir les conséquences, ou du moins en réfléchissant après, trop tard. Sauf que ça ne fonctionnait pas comme ça, pauvre fou qu'il était. Le spectacle continua, les classes se succédaient et pour le final, une chorale avec tous les élèves de l'école. Leurs mains ne se lâchèrent pas leurs doigts caressant la peau de l'autre, sans qu'ils n'échangent plus, il n'y avait pas besoin d'en dire plus, ils en étaient là, coincés, à se toucher en secret et à crever d'en vouloir plus. Une fois que les lumières se rallumèrent, la gêne revint doucement, et maintenant ? Léo se leva après avoir lâché la main d'Alba pour la passer dans sa barbe. On récupère Jon pour que je puisse l'embrasser. Et je vous laisserai. Ils étaient cette famille atypique qui se séparait quand la fête était finie, ils ne vivaient pas ensemble. Et Léo ne savait pas bien quelle place prendre dans le duo fusionné de la mère et son fils.

Il y en avait eu des mots entre les deux. Parfois ils étaient tendres et parfois ils étaient durs. Il y en avait même qu’Alba regrettait. Léo avait des défauts, mais il ne ressemblait à Peter. Léo il aimait à sa façon. Cette façon si étrange que personne ne la comprenait. Pour Alba ce n’était pas assez, ça ne le sera jamais sûrement jamais assez. Léo elle l’aime de toutes les parcelles de son corps au point que ça lui faisait mal. Mais elle ne mentait et elle l’avait prévenu. Un jour ce jeu de chat et de souris allait l’épuiser inévitablement et ce jour là, il sera trop tard pour les deux. Parfois elle rêvait de cet idéal de famille dans laquelle ils auraient pu plonger tous les deux. Les choses auraient douces pour eux. Entre deux shootings photos, ils auraient partagés des moments simples en famille autour de cette nappe de pique-nique. Jonah aurait été complice avec son papa. Les dimanches ç’aurait été cette petite tête blonde qui se seraient incrusté au milieu du lit pour demander des câlins de ses deux parents. Léo aurait regardé Alba avec amour et ils seraient restés au chaud dans ce lit si convivial. Il y aurait des photos de famille, peut-être même des photos de couple. C’était si beau que ça ne pouvait pas être réaliste. Léo et Alba ne fonctionnaient pas comme ça. Ils aimaient leur liberté. Peut-être qu’ils auraient tout de même été heureux ensemble si Léo n’était pas un insatisfait. Il voulait toujours tout que ça en était épuisant pour la blonde. Elle avait cette impression qu’au fond, elle pouvait être la plus belle au monde et la plus patience, elle ne serait jamais suffisante pour Emerson. Ils en avaient eu envie de ces baisers volés dans sa galerie. Alba elle en aurait envie encore et encore. Mais Léo ? Comme à l’accoutumée il se laissera de la douceur de la blonde et préférera chercher les baisers dans les bras d’une autre femme aussi belle que patiente. Elle ne lui avait jamais dit je t’aime de peur de voir la déception dans le regard de Léo. Au final, ils ne parlaient presque pas de sentiment préférant insinuer son envie à l’autre. Ils avaient commencé ainsi en Thaïlande et ils continueraient encore longtemps. Mais Léo lui manquait atrocement et elle lui en voulait d’être à ce point têtu. Parfois elle voulait juste lui demander ce qu’il fallait qu’elle fasse pour qu’il l’aime. A ses côtés elle se sentait revivre. Il faisait ressortir d’elle le plus beau. Malheureusement il était aussi l’une des causes de ses plus grandes angoisses. Pourtant quand cette main prit la sienne, elle se sentait sereine Alba. Elle était tout simplement heureuse. Dans le noir le plus complet à l’abris des regards indiscrets se jouaient une scène tendre. Son sourire ne faiblissait pas ce matin-là. Jonah montrait ses talents de petits comédiens pendant que les deux parents échangeaient un geste doux. Elle remarquait à peine le départ de son fils de la scène hypnotisée par ce regard bleu. Lui aussi il l’était heureux. Et Alba, elle aurait lui demander ce qu’il attendait pour l’être. Ils avaient tout à porté de main et égoïstement elle ne pensait qu’à elle. Egocentriquement, elle ne voyait pas Léo heureux avec une autre personne qu’elle. Encore une fois, elle baissait les bras, de peur de le perdre à jamais. Sans que son sourire ne quitte son visage doré, elle soupirait légèrement, profitant de cette douce caresse sur sa joue. Puis elle lâchait le contact de ses yeux pour se concentrer sur la scène et sur les battements de son cœur beaucoup trop intense. Il était le seul à avoir ce pouvoir sur elle. Ils restèrent ainsi les longues minutes prochaines, profitant de la présence de l’autre jusqu’à ce que la lumière ne les ramène à la dure réalité. En un instant, elle perdait la chaleur de son ex, il avait déjà quitté sa main. « D’accord ! » Répondait-elle. Il y aurait des milliers de choses qu’elle aimerait lui dire à cet instant mais sa gorge était trop sèche pour parler. Quelques minutes plus tard, avec un sourire jusqu’aux oreilles et sautillant légèrement, Jonah plongeait dans les bras de sa mère. Tout sourire, ils formaient à eux trois une parfaite famille si on ignorait le fond de l’histoire. « Tu as été parfait ! » Disait-elle en frottant son nez contre celui de son fils. Jon était le seul qui arrivait à faire oublier Léo à Alba, ça devait être la génétique. Seul un Emerson peut détrôner un Emerson. Le petite bouclé quittait vite les bras de sa mère pour affronter le regard bienveillant de son papa. Il était tout sourire et Jon sautait dans les bras de son père. « T’as vu quand j’ai chanté ! » Ils étaient peut-être fusionnels Jon et Alba, mais Léo avait une place tellement particulière dans le cœur du petit blond. « Tu viens avec nous à la plage pour manger ? » Demandait le petit garçon beaucoup trop excité et impatient de la réponse de son père. Alba le regardait un peu mal à l’aise. « J’ai préparé de quoi grignoter, il y en a largement assez pour trois. » Il y avait de quoi boire et manger pour toute la journée, puis il y avait aussi de quoi s’amuser dans le sable avec les affaires de plage. « Enfin si tu peux évidemment. » Se défendait-elle avant que Jon ne vienne avec sa plus belle bouille d’ange insister.

Alba rêvait d’une vie de famille unie, une famille modèle qui ne leur ressemblait en aucun point. Elle l’avait laissé entendre à Léo, quelques fois, surtout après la naissance de Jonah et même lui s’était laissé prendre au jeu de rêver à sa maison pleine de rires d’enfants, peut-être un deuxième, quelques années plus tard, une grossesse à la couver, à la couvrir d’amour puisqu’il ne l’avait pas fait pour la première. Et puis une belle palissade devant la maison, pour ne pas que les enfants aillent sur la route. Et puis une balançoire dans le jardin, à la place de son énorme fût de bière qu’il sortait lors de ses soirées arrosées. Un lapin, ou même un chien, pour faire plaisir aux gamins… Une vie rangée, calme, heureuse, une vie de famille. Mais très vite ses mauvaises habitudes avaient relayé leurs jolis rêves au rang de mièvreries, une nouvelle blonde qui lui avait fait tourner la tête, des envies de voyage, d’ailleurs, un besoin de s’échapper. Elle le connaissait, Alba, elle l’avait déjà pratiqué. Léo était le roi des jolis mots, des douces attentions, des cadeaux démesurés et du romantisme. Mais il était surtout la pire des girouettes et si un jour il était capable de vous décrocher la lune, avec toute la sincérité possible, le lendemain il oubliait tout, trop pressé de vivre qu’il était, trop effrayé à l’idée de manquer le bonheur comme on louperait un train. Ce n’était même pas question qu’elle soit suffisante, Alba ou les autres, parce qu’elles l’étaient, largement, c’était simplement lui qui ne savait pas se montrer raisonnable. Alors qu’elle en rêve, de cette famille parfaite, ils ne la formeraient jamais, même elle était instable, ils étaient faits du même bois pourri tous les deux. Et même si c’était beau et même s’ils étaient beaux, ensemble, ils se tiraient une balle dans le pied. Mais ça, Léo s’en foutait totalement, il ne pensait jamais à l’avenir, à la lassitude d’Alba, comme à celle de Blanche, à l’idée de l’attendre, d’attendre qu’il devienne cet homme parfait en toute circonstance, cet homme qu’il ne serait probablement jamais, un jour elles se lasseraient, l’une plus tôt que l’autre, un jour il finirait seul, comme un vieux beau qui drague les gamines pour se sentir moins seul dans son grand lit, dans sa grande maison vide. Mais ça aussi, il s’en foutait. Il faisait donc tout à l’envers, après l’avoir abandonné à Bangkok en lui laissant un enfant sur les bras, après avoir joué à la petite famille unie pour mieux la trahir à nouveau, enfin il tentait de la séduire, dans les règles de l’art, tout en délicatesse et timidité qui ne lui ressemblait pas. Dans le secret, porté par la pénombre ambiante, il prenait la main d’Alba, il oubliait Cambridge qui l’attendait à la maison, il ne pensait qu’à ce besoin de la toucher, qu’à son souffle dans son cou et à ses yeux qui s’accrochaient au siens, oubliant presque qu’ils n’étaient pas seuls au monde, même leur fils passait au second plan l’espace d’un instant. Il l’était, heureux, c’était évident, même si ce bonheur devait être de courte durée. Léo aurait aimé que les lumières ne se rallument pas, mais il fut comme réveillé en sursaut d’un rêve trop doux et le contact se rompit. Il ne voulait pas venir et il était là, il voulait l’éviter et il avait à nouveau succombé, il voulait fuir ces sentiments qui le rattrapaient bien trop vite et pourtant il se vautrait dedans, incapable qu’il était de résister à cette attraction. Alors, se raccrochant à n’importe quelle branche, il tenta de fuir, l’excuse était trop belle, il était venu pour Jon, il n’avait plus rien à faire ici à présent. Et Alba ne broncha pas, même s’il lu la déception dans son regard, elle ne dit rien pour le retenir. Et puis le tourbillon, Jonah qui prenait toute la lumière, effaçant leur tendre moment, il était redevenu, d’un claquement de doigts, tout l’univers de sa jolie maman. L’enfant avait l’air si heureux, si fier, sa joie de vivre était contagieuse, d’autant plus qu’il semblait vraiment content que son père soit venu, petite bouffée de fierté pour Léo. Evidemment que j’ai vu ! C’était super mon grand.  Il ébouriffa les bouclettes de son fils alors que celui-ci grimaçait de se faire embêter par son paternel. Mais au final, le plus désarçonné ce fut bien lui, Emerson, qui ne s’attendait pas à ce que son gamin ruine toute ses chances de s’enfuir. Ses petits yeux malicieux qui suppliaient presque, sa question si innocente, si évidente. Et même Alba en rajoutait une couche. Léo resta silencieux, les regardant tour à tout, essayant de ne pas se déconfire totalement. Il hocha alors la tête. J’ai ton surf dans ma voiture, tu voudras qu’on s’entraine un peu ? C’était totalement improvisé, il n’avait même pas de short de bain sur lui, mais quand il vit le sourire de Jon illuminer tout son visage il laissa de côté toutes ses craintes auxquelles un enfant ne pensait pas, lui qui ignorait tout de ce qui se jouait entre ses parents. Le petit bouclé filait déjà en tête, tout excité qu’il était de rejoindre la plage. Léo fixa Alba deux secondes, avant de fermer les yeux en soupirant, conscient qu’il était perdu. Alors, foutu pour foutu, il s’approcha d’elle, la serra contre lui en passant un bras autour de son épaule et embrassa ses cheveux dans un geste tendre, presque frustré de ne pas faire plus. Tu vas me rendre fou, tu le sais ?! Jonah se retournait, le barbu lâcha son ex. Maman, Papa, vous venez ou pas ? J’ai soif ! Et la vie reprenait sa course folle, Léo pouffa de rire avant de rejoindre son fils.

Evidemment qu’elle en avait rêvé de cette famille idéale, trop clichée aux yeux de la photographe mais dans laquelle elle se contemplait bien. Ils l’avaient été un an, et puis tout s’était arrêté brusquement. Ils en avaient des regrets Léo et Alba. Alba peut-être plus que Léo. En imposant Jonah à Léo, elle ne s’était pas imaginée qu’elle en souffrirait autant. Mais trois mois n’avaient pas suffi pour éteindre ses sentiments. Deux mois n’avaient pas suffi à Alba pour qu’elle oublie les baisers torrides du photographe et ses mains expertes. Elle voulait qu’il la regarde comme tous les soirs en Thaïlande, qu’il la fasse danser sur la plage et qu’ils courent main dans la main, seul au monde et naïf quant à l’avenir. Ils étaient beaux et leur amour avait été pur dans ce pays aux milles merveilles. Elle pensait Alba qu’avec le temps ils auraient oublié de s’aimer et que les souvenirs passés ne resteraient qu’un fantasme profond. Elle s’était trompée Alba, tout avait semblé si naturel quand elle avait posé ses lèvres sur les siennes. Ils s’accordaient toujours aussi parfaitement et depuis elle en rêvait la nuit. Léo elle l’aimait pour des milliers de raisons. Il était doux et tendre quand ils étaient ensemble. Rieur, joueur et taquin ç’avait toujours rendu leur relation un peu plus dynamique. Puis d’un regard il rendait dingue la blonde et chacun de ses baisers enflammaient le corps entier de la maman. Il était un tout diabolique et impossible à oublier Léo. Main dans la main, à cet instant, alors que Jon était dans les coulisses, ils étaient seuls au monde. Le spectacle tournait sous les yeux de la blonde, mais elle ne suivait presque plus. Cette main dans la sienne lui rappelait les doux souvenirs. Ils n’étaient pas qu’une harmonie au lit. Ils avaient aussi des moments plus doux qui rendaient le moment encore plus intime. A l’abris des regards c’était lui et elle et rien d’autre. Alba fermait presque les yeux savourant chaque instant de ce moment volé. Il durait plusieurs minutes mais pas assez pour Alba. Quand la main de Léo glissait de la sienne, elle savait que cette douceur avait disparu en même temps. Elle aurait pu être triste Alba, mais elle n’eut pas le temps. Une seule voix réussissait à capter l’entière attention d’Alba. Jon était le seul qui concurrençait son père et il gagnait tout le temps. Le jeu était perdu d’avance pour Léo parce que mère et fils avait cette complicité bien à eux. Mais dans le fond, il ne le voyait pas Léo, mais ils avaient la leur. Alba essayait de s’intéresser aux étoiles mais Jon à chaque fois lui répondait qu’il préférait le faire avec son père. Elle se voyait en Jon, à constamment chercher l’attention du brun et il n’étai ainsi qu’avec Léo. Dans les bras de sa mère, il se vantait leur petit monstre aux boucles blondes. Forcément qu’ils avaient été attentifs à chacun de ses mouvements et de ses chants. Un sourire rayonnant, Alba, Léo et Jon étaient dans une petite bulle familiale. Il grimaçait tel un Emerson et ça faisait rire Alba. La maman essayait de ne pas encourager son fils dans la vantardise même si elle voulait lui avouer qu’il avait été le meilleur. Mais ce n’était pas une bonne idée de mettre en tête de ce petit garçon un esprit trop compétitif. Est-ce qu’elle avait pensé à ce que Jon amadoue son père pour le pique-nique ? Oui un peu, mais elle savait que Léo trouverait un rempart pour se faufiler. Elle n’avait pas fait de portion supplémentaire parce que dans le fond, ils se fuyaient Alba et Léo, il n’y avait aucune raison qu’il reste. C’est en déposant son fils par terre que Léo annonçait qu’il se joignait à eux et elle se relevait avec surprise. « Vraiment ? » Jon avait déjà retenu l’information puisqu’il sautillait à l’idée de faire du surf avec son père. Elle riait Alba quand elle vit son monstre surexcité dire à ses amis ce qu’il allait faire. Au même moment, la main de Léo se posait sur son épaule et son regard bleu croisait celui de Léo. Fermant les yeux le temps du simple baiser, elle souriait, heureuse de cette matinée parfaite. Jon avait a priori fini de se vanter auprès de ses amis puisqu’il motivait ses parents à se dépêcher. C’était avec des rires qu’ils rejoignaient le petit blond. Alba saluait quelques parents d’élève avant de rejoindre le parking. « Je monte avec Papa ! » Disait Jon se plaçant à côté du grand Emerson. « On se retrouve à Murray’s beach ! » Disait-elle avant de les laisser entre homme. Il ne lui fallu qu’une dizaine de minute pour rejoindre la plage. Prenant les paniers, elle se posait vers un coin ombragé attendant les deux hommes de sa vie qui ne tardaient pas à arriver. Jon au loin montrait sa mère du doigt avant de courir vers elle. « On peut faire du surf avant de manger s’il te plait Mamannnnnn ! » Elle regardait Léo qui avait l’air amusé et Alba se doutait qu’il avait missionné son fils de marchander. « Si tu veux ! Mais je viens avec vous. » Disait-elle en souriant regardant Léo amusée alors que Jon sautillait d’impatience.

L'envie de plus était toujours là, présente, pressante. De ne pas lâcher sa main, de l'embrasser plus longtemps, de prolonger le temps en sa présence. Léo se sentait bien avec Alba, c'était simple, naturel, elle n'en réclamait pas plus, du moins pas d'engagement, elle ne jouait presque pas avec l'argument de leur fils pour le faire flancher. Elle était assez indépendante, elle avait besoin de sa liberté, autant que lui. Ils ne parlaient pas d'amour, à peine de sentiments, ceux qu'ils ne pouvaient pas cacher, alors autant ne rien dire, puisque ça se voyait comme le nez au milieu de la figure. Peut-être que ça ne durerait pas, mais ce qu'ils avaient à vivre, ils devaient le vivre, pour ne rien regretter. Il y en aurait assez, des regrets, surtout des remords, pour Léo, mais pas pour l'instant, alors qu'il jouait le jeu de l'amant et du père idéal. Le sourire de la blonde, sa maîtresse, comme elle s'était si injustement auto-proclamée, la douceur qu'il lisait à présent dans son regard, si agréable, après les mois passés à se déchirer. Et puis le bonheur de son fils, tellement heureux qu'on était de voir ses deux parents présents pour lui et qui s'entendaient, au lieu de se chamailler. Il n'était pas aveugle, Jonah, il ne comprenait sûrement pas tout ce qui se jouait mais suffisamment pour en avoir souffert. Ces deux visages solaires, tournés vers lui, c'était assez pour que le photographe arrête de se poser des questions ou de s'enfuir face aux moments de douceur qui s'offraient à lui. Il capitulait, étrangement facilement, assez pour qu'Alba n'en revienne pas. Léo sourit à sa question, puis hocha la tête en haussant une épaule. Vraiment, oui, foutu pour foutu, autant aller jusqu'au bout. Il savait qu'en acceptant cette sortie en famille, aussi anodine soit-elle, il s'enfonçait encore plus profondément dans le déni, il reniait sa vie actuelle, il tirait un trait sur son bonheur avec une autre pour un inconnu qui l'attirait autant qu'il l'effrayait. Nouveau geste tendre envers son ex, alors que leur bambin était déjà parti retrouver ses copains le temps d'un au revoir. En vérité, il se sentait bien avec Alba contre lui et il se foutait totalement des regards qu'on pouvait leur lancer. Mais ce fut Jon qui les rappela vite à l'ordre, brisant l'instant aussi vite qu'il n'avait commencé. Les jeunes parents rejoignirent leur progéniture en riant. Léo accepta bien volontiers de prendre son fils avec lui et il le fit monter dans son 4x4 pour l'installer. Alors Jon, tu vas me montrer tes progrès sur la planche ?! Le petit garçon était toujours très fier de partager ces moments-là avec son père. Ouais !! Mais maman ne veut pas que je me baigne avant de manger… Léo sourit en observant son fils par le rétro, il était bien plus laxiste qu'Alba sur certaines choses. Je peux négocier avec elle si tu veux. Mais je ne promets rien ! Jonah avait pourtant bien retenu le fait qu'il pourrait surfer avant le repas, il ne l'oublierait pas. Le trajet entre l'école et la plage se fit joyeusement. En arrivant Léo sortit les surfs et il trouva même un short de bain et une serviette pliés à côté, sûrement oubliés d'une fois où il avait dû changer ses plans, ça lui arrivait souvent. Tu tiens bien ta planche mon grand. Tu vois ta maman ? Jon la chercha des yeux et dès qu'il la vit, son visage s'illumina. Elle est là ! Qu'il dit en la pointant du doigt. Vas-y je vous rejoins. L'enfant posa son chargement pour mieux courir vers sa mère, son père soupira en souriant en coin et profita d'être seul pour troquer rapidement son jean par son short dans la voiture, avant de les rejoindre avec le matériel. Jon était déjà en pleine négociation et quand Alba interrogea le barbu du regard, il fit l'innocent. On peut attendre un peu, s'il n'a pas faim… puis je ne t'ai jamais vu sur une planche Alba ! La jeune maman ne fut pas difficile à convaincre, ils laissèrent leurs affaires sur le sable, Jonah mit son maillot de bain et Emerson retira son t-shirt et attrapa son reflex. L'image était belle, mère et fils main dans la main, Alba dans sa robe légère qui volait dans la brise. Il dit qu'il avait bien fait de prendre son appareil et se posa quelques secondes et immortalisa ce moment avant de se mettre en marche avec les planches. A la hauteur d'Alba, il la regarda en biais. Cette robe est très belle, mais elle ne sera pas pratique pour surfer. Il lui sourit, taquin sachant pertinemment qu'elle réagirait à sa réflexion. Il aimait la chercher, gratter, il aimait sa répartie et sa façon de le regarder.

Avec le temps, Alba avait appris qu’avec Léo les choses étaient éphémères. Parfois ça pouvait durer une année comme celle en Thaïlande et parfois quelques jours. Elle marchait dans l’inconnu Alba avec son ex. Un jour il lui prenait la main et l’autre il la fuyait. Ça la rendait dingue cette attente et au final elle n’était jamais pleinement heureuse avec lui parce qu’elle attendait le moment où tout s’arrêterait. Alba avait constamment peur de s’ouvrir à lui et pourtant elle n’arrivait pas à refuser ses caresses et ses regards amoureux. Parce qu’ils l’étaient amoureux l’un de l’autre même s’ils s’entêtaient à ne jamais le dire. Il était aussi surprenant que prévisible Léo. Après leur écart à la galerie, elle avait su en avance sa réaction, lui rappelant son indisponibilité parce que contrairement à elle, il avait quelqu’un. Alba s’en voulait presque de faire souffrir Blanche qui n’avait rien demandé. Parfois elle se sentait horrible de lui faire ça, alors qu’elle connaissait le sentiment. Mais elle arrêtait d’y penser quand Léo l’embrassait ou juste était à ses côtés. L’amour parfois nous rendait aveugle mais elle aimait cette absence de vue. Ces derniers jours avaient été tendus pour Alba. La peur était toujours envahissante surtout qu’elle ne voulait pas que Jon ne subisse encore les frasques de ses parents un peu trop libres. Alba se cachait derrière cette liberté pour ne pas souffrir davantage. Si elle s’abandonnait trop à Léo, elle savait qu’elle allait perdre et puis ce n’était pas elle. Elle avait ce besoin constant de nouveauté et de découverte même si elle revenait toujours à ses premiers amours. Elle avait peur qu’il ne vienne pas, mais encore une fois il l’avait surpris et ce moment avait éteint le temps quelques instants. Main dans la main, Alba était presque retournée en Thaïlande quand ils étaient seul au monde. Il la surprendrait toujours comme à ce moment où il acceptait de venir, il n’avait même pas cherché une excuse et ça rendait Jon fou de joie. Il était déjà en train de narguer ses amis de son après-midi idyllique, alors que Léo étreignait sa belle. « On a crée un monstre. » Disait-elle en riant légèrement. Ce petit monstre coupait ce doux moment, pressant ses parents. Il avait hâte de surfer sur les vagues australiennes et de manger le déjeuner fait par sa mère. Tel un fils indigne, il décidait de monter avec son père. Cela permettait à Alba se respirer un peu. Tout était aligné pour qu’elle passe une excellente journée. Retrouver Léo lui faisait du bien et ils étaient une famille même si parfois c’était plus compliqué. Elle profitait de ce moment de solitude pour se changer dans sa voiture et préparer l’espace de pique-nique. Quelques minutes plus tard son fils courait vers elle avec le plus beau des sourires, suivit par son père et les deux planches de surf. Evidemment Alba ne pouvait manquer la presque nudité de son ex. Il lui en fallait peu et ça l’énervait de réagir comme une adolescente en proie d’amour. Ce n’était pas la première fois qu’elle le voyait ainsi, et pourtant elle avait envie de poser ses main sur ce torse. Heureusement que Jon était là pour ramener sa mère à la réalité et pour négocier. Il avait l’air trop innocent Léo et elle savait qu’il avait déjà dit oui à Jon. Le petit bouclé était déjà heureux de la réponse de sa mère. « Tu me fais passer pour le méchant parent. » Disait-elle en riant. Mais ç’avait toujours été comme ça, surtout que pendant un moment Léo ne voyait Jon que certains week-ends. « Tu vas voir je suis très douée. » Disait-elle en riant légèrement. Elle savait monter sur une planche et surfer mais ça s’arrêtait là. Elle aidait Jon à se préparer pour aller dans l’eau pendant que Léo prenait des photos. Ils avaient tous un large sourire trahissant la légèreté de ce moment. Un dernier petit bout de crème solaire sur le nez de leur progéniture, Jon était prêt à suivre son papa. En croisant la blonde, Léo lui fit une réflexion et Alba lui souriait malicieusement. Avec un dernier regard, elle lui tournait le dos avant d’enlever très sensuellement sa robe. Elle savait qu’il regardait et que Jon était concentré dans sa contemplation de l’océan. Puis elle revenait vers ces deux hommes en souriant à Léo. « Tu as raison, c’est mieux sans. » Disait-elle en riant avant de rejoindre son fils pour le prendre par la main. Ils mettaient deux pieds dans l’eau avant que le bouclé ne lâche sa mère pour récupérer sa planche. « Je vous montre d’abord et ensuite vous venez avec moi ! » Disait-il avec détermination. Il avait le même caractère de leadership que ses parents. Il ne s’éloignait pas du bord et Léo restait près de lui pour la sécurité. Avec l’aide de son père, il se mit debout. Alba riait et encourageait son fils avant de les rejoindre. « Tu as fait de supers progrès. Papa est un bon proffesseur. » Disait-elle à son fils. « Papa ? Tu veux bien prêter ta planche à maman pour qu’elle me montre comment elle surfe. » Demandait-il avec sa petite bouille d’ange. Avec la planche de son ex, elle s’éloignait un peu du bord avec de prendre une vague sous les deux regards bleus. Alba réussit à monter dessus mais elle ne restait debout que quelques secondes avant de tomber dans l’eau. En remontant dans l’eau elle voyait le rire des deux hommes.

Il avait conscience, Léo, de toujours souffler le chaud et le froid avec Alba, de faire un pas en avant et deux en arrière. Il était tiraillé entre ce besoin d’être avec elle et la peur constante de faire une connerie. En l’occurrence il en avait fait une monumentale, en cédant à la tentation de son corps alors qu’il était en couple avec une autre, ça s’appelait de la tromperie et il se détestait chaque jour de ne pas voir été capable de résister. Pourtant il revenait vers elle, inlassablement et les petits gestes tendres, comme prendre sa main en secret, étaient presque pires que l’acte charnel, parce bien plus conscient. Lorsqu’il avait couché avec elle, ça avait été un coup de folie, lorsqu’il cherchait sa main, c’était totalement voulu, réfléchi. Alors il comprenait qu’Alba ait peur de lui, de lui accorder sa confiance. Mais il était tout aussi effrayé qu’elle par cette attirance irrépétible, peut-être même plus, parce qu’il avait bien plus à perdre qu’elle dans cette histoire. Au fond, évidemment, celle qui allait prendre le plus cher dans tout ça c’était Blanche, encore une fois, mais Léo avait du mal à se raisonner quand il était en présence de cette autre blonde. Dans cette cour d’école qui l’avait vu courir au même âge que son Jonah, il avait tout l’air du papa model et tous les trois ils formaient presque la famille parfaite, c’était beau, ça donnait envie, même si c’était faux. Il sourit à Alba qui se détachait de ses bras, ce petit monstre il l’aimait tel qu’il était, plein de vie et d’énergie, encore trop innocent pour comprendre tout ce qui se passait dans la vie de ses parents. Evidemment il eut un regain d’orgueil lorsque son fils choisit de monter en voiture avec lui alors que généralement il préférait toujours sa maman, mais il savait aussi que c’était une question de voiture plus grosse que l’autre, celle de papa allait vite. C’était aussi l’occasion de négocier une baignade avant manger, il ne fallait pas être bien vieux pour comprendre comment manipuler ses parents. Une fois arrivé, quand Léo rejoignit Alba et Jon, il ne manqua rien du regard que son ex posait sur sa peau dévoilée et il sourit, comme un gamin fier de son petit effet. Good cop, bad cop, j’ai choisi mon camp ! Il en riait mais en vérité c’était tellement plus simple pour lui de passer pour le gentil alors qu’il n’avait toujours pris part qu’aux bons moments de l’éducation de leur fils. Il lui sourit, déposant les planches sur le sable et attrapant la crème solaire pour s’en étaler un peu, merci les gênes européennes qui faisaient que même s’il était bronzé par le soleil australien, il risquait néanmoins des coups de soleil quand il était à la plage. Je n’en doute pas, j’ai hâte de voir tes talents ! Il lui souriait, persuadé qu’elle finirait à l’eau à la première vaguelette, mais peut-être qu’il se trompait. Rapidement ils s’élançaient vers le rivage, une photo pour immortaliser ce moment et Léo rejoignait sa maîtresse, non sans risquer une petite réflexion, il remarqua son sourire, ce sourire qu’il connaissait et qui l’invitait à la débauche, tout comme sa façon de retirer sa robe, Emerson lâcha un soupire de frustration sans manquer une miette du spectacle qu’elle lui offrait. Et quand elle fut à sa hauteur et qu’elle le narguait, parce qu’elle en avait le droit, il sourit en lorgnant sur sa peau dorée. Beaucoup mieux oui… Une fois auprès des vagues, qui n’étaient pas trop forte ce midi, c’était tant mieux pour Jonah, celui-ci, trop fier de montrer ses talents à sa mère, se révéla autoritaire, il voulait faire à son idée. Léo resta derrière lui, sans trop s’approcher pour ne pas lui gâcher son plaisir, mais pour s’assurer que son fils était en sécurité. Il avait fait des progrès depuis la dernière fois, il avait gagné en stabilité et le jeune père était fier de sa progéniture. C’est bien mon grand, ne te mets pas trop en avant, oui, voilà, comme ça ! Et Jon prit une petite vague sans tomber, on lisait également la fierté dans son sourire. A sa demande, Léo donna son surf à Jensen qui s’élançait presque comme une pro, avant de tomber à la renverse. Jonah se mis à rire, suivit de son père. Ne te moque pas de ta maman, c’est déjà très bien. Lui il se foutait bien qu’elle ne sache pas surfer, tout ce qu’il voyait c’était son corps ruisselant d’eau qui était une vraie tentation. Il donna encore quelques conseils à son fils mais rapidement, Jon ne fut plus tellement concentré. Il est temps de remonter manger, on continuera plus tard. Pas vrai Alba ? Pour une fois qu’il se montrait le plus raisonnable, comme pour se faire pardonner de l’avoir fait passer pour le mauvais parent un peu plus tôt.

Elle savait dans le fond qu’ils jouaient avec un feu trop brûlant. Déjà à la galerie, ils avaient franchi une limite. Ce moment intime avait été un peu terni par les avis des autres personnes autours. Evidemment qu’elle se sentait égoïste Alba d’avoir succombé à cette tentation. Evidemment qu’elle aurait mille fois ne plus aimer cet homme. Mais ce n’était pas le cas et quand il lui prenait la main dans le plus grand des secrets, elle se sentait chez elle. Léo la faisait se sentir chez elle. Cette douce après-midi n’était qu’un mirage parce qu’elle savait qu’ils n’étaient pas capables de s’aimer sans se crier dessus. Sauf qu’aujourd’hui ce n’était pas une journée normale. Jon arrivait à convaincre son père et dans une dernière tendresse il sortait de ce gymnase sous les yeux des autres parents. Ils ressemblaient à une famille. Cette famille dont Alba avait rêvé même si elle aimait dire le contraire. Il ne fallu que quelques minutes pour que Léo rejoindre mère et fils sur la plage. Digne d’un mélange Emerson et Jensen, Jon avait réussi à convaincre sa mère en quelques secondes. Il était aussi malicieux que sa mère et rusé que son père. Cet bond allait faire des ravages dans quelques années. Il n’était pas encore conscient de son charme et déjà on avait dû mal à lui dire non. Léo aimait être le gentil parent et Alba était trop fusionnel avec lui. Pourtant, elle restait assez stricte sur les peu nombreuses règles qu’elle avait imposé. Et dans ces moments, elle était la méchante et Léo le gentil. Mais au diable ce qu’elle pensait, c’était une journée extraordinaire. « Tu choisis toujours le bon camp. » Disait-elle avec un rire. Cette phrase aurait pu être interprétée comme des reproches mais ce n’était pas le cas. Et comme pour montrer qu’elle était joueuse, elle se déshabillait devant les yeux de son ex. Elle savait qu’il al regardait et elle en jouait. Depuis leur écart à la galerie, elle pensait tout le temps à lui, à ce corps et cette bouche. Heureusement que Jon était là pour se rappeler à eux parce qu’Alba aurait été capable d’embrasser et de faire l’amour à Léo sur cette plage. Elle lui fit un petit clin d’œil avant de filer dans l’eau avec son fils. Léo les rejoignait quelques secondes plus tard. « Tu as repris tes esprits ? » Demandait-elle en riant et joueuse. Elle se moquait de lui. Heureusement que Jon au milieu arrivait à ramener l’attention sur lui. Autoritaire, il obligeait ses parents à le regarder surfer. Il était doué pour son âge, aidé par son papa, il tenait debout sur sa petite planche les yeux remplis de fierté. Alba était si fière de son petit garçon. De loin ils ressemblaient à une petite famille, où chacun faisait attention à l’un et à l’autre. C’était au tour d’Alba de montrer ses talents inexistants, et à la première vague elle tombait déjà. En sortant de l’eau, elle entendait le rire des deux hommes de sa vie. En revenant vers eux, ils avaient l’air trop sages – enfin surtout Jon – pour être honnête. « Allez-y moquer vous de moi. » Disait-elle en souriant. Jon était prêt à repartir pour un tour. « J’attends de voir si tu fais mieux que moi. » Disait Alba à Léo avant qu’il ne suive son fils pour lui prodiguer de précieux conseils. Après quelques minutes, Jon n’était plus du tout concentré et il tombait plus qu’en début de séance. « Oui tout à fait ! On va manger. » Elle souriait à son ex. Jon avait encore assez d’énergie pour courir jusqu’à leur serviette. « Merci encore d’avoir accepté, ça lui fait plaisir. » Une fois vers les serviettes, Alba sortait tout aidé par Léo et Jon. Il y avait assez à manger pour tout le monde et chacun était libre de se servir ce qu’il voulait. « Pourquoi on ne fait jamais ça, d’aller à la plage ensemble ? » Demandait innocemment Jon.

Pour brûler il brûlait, ce feu, il leur brûlerait les ailes s’ils ne se méfiaient pas. Quand l’attirance était trop forte pour qu’ils sachent y résister, quand le désir s’immisçait dans chaque pore de leurs peaux, quand chaque mouvement, chaque regard de l’autre devenait une invitation à pousser encore une fois la porte de l’interdit. Il savait, Léo, que c’était une folie de jouer à la parfaite petite famille, parce qu’il était incapable de résister quand l’envie était là. Plus le temps passé auprès d’Alba était bon, plus il avait envie de s’attarder, plus il prenait conscience que ses certitudes volaient en éclat, il faisait bonne figure, mais en lui c’était tout un bouleversement, il savait que ça ne pourrait pas durer. Le soir il allait rentrer encore une fois auprès de Blanche alors qu’il n’en avait pas envie, il lui ferait l’amour pour se prouver que ton n’était pas encore perdu, alors que ça l’était, depuis qu’il avait posé les mains sur Alba, depuis cet écart à la galerie elle prenait toute la place. Alors donc il allait devoir faire preuve de courage et affronter sa compagne, être honnête, pour une fois. Et tout serait fini, pour la simple et bonne raison que même s’il y avait cette attraction folle entre les deux ex, ils ne parlaient pas d’amour, ni même d’essayer quoi que ce soit, le jour où tout s’arrêterait avec Blanche, Léo serait seul. Mais n’allons pas le plaindre, c’était lui qui avait mis tout seul sa main au feu, son corps tout entier dans ce brasier dont il n’attendait qu’une chose, s’y immoler totalement. Mais pour l’heure il souriait tour à tour à son fils et à la blonde, il donnait le change, il oubliait qu’il vivait dans le déni et il profitait de cette apparente quiétude sur ce bout de plage. J’assume totalement d’être le gentil parent et de te laisser le mauvais rôle ! Il lui sourit, fier de lui, même si, au fond, il assumerait aussi de l’aider quand Jon serait plus difficile. La petite vengeance de Jensen arriva plus tard, quand elle le fit se liquéfier en se déshabillant devant lui, prenant grand soin de choisir les gestes les plus sensuels, les poses les plus suggestives et la lenteur de ses mouvements. S’il avait pu se ruer sur elle il l’aurait fait, heureusement que leur fils n’était pas loin et qu’il avait un minimum de décence. Et le clin d’œil pour bien enfoncer le clou, damn, elle savait parfaitement y faire. Quand il rejoignit mère et fils dans l’eau il sourit en roulant des yeux à sa question, il avait volontairement mis un peu de temps pour les rejoindre, le temps de faire redescendre la pression et calmer la bosse qui avait commencé à se former entre ses jambes, ce n'était pas du tout sérieux devant un gamin. Et ses allures de sirène dans l’eau n’aidèrent pas non plus, heureusement qu’elle chuta de sa planche, pour transformer ce moment d’une folle sensualité en un loupé hilarant, Léo retrouva bien vite sa complicité avec son fils, l’invitant à ne pas se moquer de sa mère. Mais sa tête avec ses cheveux en bataille le fit repartir dans un nouvel éclat de rire, suivi par Jonah. Je te montrerai mes talents plus tard. Qu’il lui répondit alors que le petit bouclé réclamait déjà de nouveaux conseils, après tout ils étaient là pour lui. En remontant sur leurs serviettes ils se retrouvèrent un instant tous les deux, Jon avait déjà couru jusqu’aux affaires. Il sourit doucement à Alba. Oui, il a l’air heureux. Il baissa les yeux sur le sable. A moi aussi ça me fait plaisir. Il n’oserait pas réclamer plus de moments comme celui qu’ils vivaient actuellement mais il en avait envie, il s’en rendait compte. Une fois que tout fut installé, chacun picorait ce qu’il voulait, c’était un joyeux bazar, Léo avait faim, il dégustait tranquillement sa salade quand Jonah le questionna. Parce qu’on n’en a jamais eu l’occasion. Mais on pourra recommencer, si tu veux. C’était bien plus simple, maintenant qu’ils vivaient si près les uns des autres. Emerson lança un regard en biais à Alba et esquissa un mince sourire. Le repas terminé, le petit garçon tombait de sommeil sur sa serviette, ses parents l’installèrent à l’ombre pour une sieste méritée. Chacun s’allongea et Léo ne fut pas long à retrouver Alba, à caresser sa peau dorée, son bras, son cou. Avant d’arrêter ses gestes en la fixant, les yeux brillants. J’ai envie de t’embrasser. A ce stade c’était plus qu’une envie. Et pas que d'un simple baiser. Mais il n’y avait pas le droit, dans l’histoire c’était lui qui n’était pas libre, lui qui brisait ses promesses à chaque fois qu’il se prenait à désirer la photographe.

Ils jouaient avec le feu depuis toujours. Les braises de leur dernière dispute venaient à peine de s’éteindre qu’il rallumait le feu du désir. Depuis cette folle aventure dans son bureau, elle pensait à lui constamment. Mais il n’était pas libre Léo et au final c’était elle qui rentrait chez elle le soir, en manque de ce corps magnifique et rejoignant cette solitude qui la pesait. S’il n’y avait pas eu cet écart dans le bureau, Alba aurait fini par tourner la page. Mais elle ne pouvait plus. C’était comme une alcoolique qui regoûtait à l’alcool après des années de sevrage, tout lui donnait envie de recommencer encore et encore. Sauf qu’ils n’étaient plus seuls dans l’histoire. Alba pensait un peu à Blanche mais c’était surtout son fils qui l’inquiétait. Il était au milieu du désordre de ses parents, un joyeux bordel qui l’avait mené tout droit aux urgences. Léo avait été inquiet mais il avait surtout été présent pour rassurer Alba. Il aimait être le gentil parent mais il prenait à cœur son rôle de papa. Il n’avait juste pas eu le temps de vraiment prendre ses marques dans ce nouveau rôle que déjà Alba était partie. Mais elle savait dans le fond qu’il était un super papa, même si elle était plus stricte que lui. « Tout ça parce que tu veux qu’il t’aime plus. » Disait-elle en riant. Alba avait prévu sa petite vengeance. Avant la coucherie dans le bureau, elle ne savait pas si elle plaisait encore à Léo. Même si le photographe lui avait répéter encore et encore qu’elle lui plaisait, Alba avait eu besoin de geste pour le croire. Elle faisait exprès de sensualiser ses gestes et de rire à son expression de frustration. Elle l’était frustrée aussi mais elle savait mieux le gérer que son ex. Jon innocent ne comprenait pas vraiment ce qu’il se passait. Lui, il voulait juste faire du surf avec son papa. Il avait la possibilité de se venger en se moquant d’elle. Elle ne restait debout sur sa planche que quelques secondes avant de plonger la tête la première dans l’eau salée de l’océan pacifique. Elle reocnnaissait le rire délicieux de son fils et les yeux moqueurs de Léo. « Ce n’est pas gentil de se moquer. » Disait Alba avec une moue un peu boudeuse. Jon comme pour se faire pardonner attrapait sa mère pour lui faire un bisous salée, pendant qu’elle riait avec Léo. « Tu parles de quel talent ? » Elle ne se reconnaissait pas vraiment à flirter comme ça avec Léo, devant son fils. Mais tout dans cette journée était simple et naturel. Ils ressemblaient à cette petite famille dont elle avait rêvé. En remontant sur la plage, Jon avait un sourire étincellant, celui qui réservait aux jours exceptionnels. Ça lui donnait presque envie de pleurer mais il y avait encore un peu cette angoisse que tout s’arrête du jour au lendemain. « On devrait faire ça plus souvent. » Disait-elle presque en murmurant. Elle savait qu’elle jouait avec le feu et qu’il n’était pas libre. Elle savait qu’à la fin elle allait en souffrir mais elle rêvait tellement que cette journée ne soit pas unique. Assis sur ces serviettes, ils mangeaient comme s’ils n’avaient pas mangé pendant des jours. Jon racontait à ses parents les répétitions et toute sa matinée, même si Léo et Alba avait été présent. Ils se souriaient, et Léo promettait d’autres journées comme ça et pour une fois Alba avait envie de le croire. Jon tombait de fatigue. Posé dans un coin à l’ombre, il dormait paisiblement. Alba et Léo s’allongeait, profitant de la chaleur pour prendre un peu des couleurs. Les yeux fermés, elle sentait la main de son amant caresser son bras et ensuite sa nuque. Elle jettait un petit regard à son fils, préférant qu’il ne soit pas témoin de ce rapprochement. « Embrasse-moi. » Répondait-elle en se mordant un coin de la lèvre. Puis elle se relevait un peu pour attraper la nuque de Léo et deposer ses lèvres sur les siennes. Elle savait dans le fond que toute cette histoire allait mal se terminer mais aujourd’hui elle voulait juste du bonheur. Ses mains découvraient donc la nuque et la chevelure de Léo.