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Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.

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 incapable de voir que tous mes refuges sont mes tombeaux - manwë

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Maddie Reynolds
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MessageSujet: incapable de voir que tous mes refuges sont mes tombeaux - manwë   incapable de voir que tous mes refuges sont mes tombeaux - manwë EmptyJeu 23 Mar 2023 - 23:41

4h. J'suis perdue. Alors oui, j'passe beaucoup de temps à être perdue ces derniers temps. Ma vie part en éclat. C'est plus le temps des bisounours, des paillettes et des arc-en-ciel. J'suis en train de sombrer. Bien profondément. Et j'crois que je n'ai plus aucune emprise sur ma vie. J'me sens comme un pantin, désarticulée, sans âme. Depuis que j'ai quitté le foyer familial, réconfortant, j'me sens perdre pied. J'me réfugie chez Archie et ensemble, on continue de plonger. J'passe mes nuits à me mettre la tête à l'envers. Quand Archie travaille, je reste seule chez lui ou je sors de mon côté. Ca m'arrive de plus en plus. Parce que j'veux ressentir l'intensité de l'ivresse et le lâché prise de la drogue. Archie, il aime pas quand je sors toute seule. Il essaye d'me retenir. Il essaye d'me garder rien que pour lui. Mais j'papillonne. Et j'prends des risques. De plus en plus de risques.

Cette nuit là, j'ai bu. Beaucoup trop. J'avais pas de petites pilules magiques à consommer, alors j'ai enchaîné les verres de tequila. Mon esprit est totalement embrouillé. J'quitte la boite de nuit, seule. Archie n'habite pas très loin, à quelques dizaines de minutes de marche. Alors j'm'aventure seule, dans les rues sombres de Bowen. Le quartier, c'est pas le plus safe. C'est même le pire de la ville. Surtout la nuit. Mais j'en ai pas conscience. Alors je marche, je zigzague. Mes longs cheveux ondulés, d'un brun intense, tombent en cascade sur mes épaules frêles. Je suis encore plus mince qu'avant, j'oublie de me nourrir, souvent. J'arrive dans un rue plongée dans le noir. Les éclairages sont faibles, voir inexistants. J'entends une voix qui me hèle derrière. J'me retourne pas. J'presse un peu le pas. Mais j'entends des pas qui se rapprochent. Soudain, j'sens que quelqu'un m'attrape la bras. "Hé bah alors, on répond pas?" J'essaye de dégager mon bras mais l'emprise est trop puissante. "Lâche moi." Mais non, c'est pas dans les intentions de l'inconnu qui devient tout de suite beaucoup trop menaçant. J'sens qu'il me saisit par la nuque brutalement. Et il me plaque contre le mur de l'immeuble que je longeais. Je commence à essayer de crier, il m'en empêche. J'me sens terrorisée. Il commence à me murmurer des mots terribles, et j'ai l'impression que j'vais mourir. Là. Maintenant.

@Manwë Druid

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grand kangou
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MessageSujet: Re: incapable de voir que tous mes refuges sont mes tombeaux - manwë   incapable de voir que tous mes refuges sont mes tombeaux - manwë EmptySam 25 Mar 2023 - 22:08

tw : violence physique


Traîner la nuit dans les rues de Bowen, ce n’était plus de son âge. Pourtant il avait toujours préféré la nuit, à cause de ses problèmes d’acuité visuelle, mais avec la gestion de son magasin, il se devait de dormir la nuit. Au moins de s’y reposer. Cette nuit, il avait néanmoins tout fait sauf se reposer puisqu’il était en train de se rhabiller et marcher à pas de loup à travers l’appartement de cette vieille connaissance qui avait décidé, de toute évidence, de passer l’éponge sur la réputation du luthier. Personne ne devrait savoir, encore moins son con de mari, lui ça l’arrangeait rien, aucun risque d’histoire romantique derrière tout ça. Il laissait à son mari ce genre de désagréments. Man’ ne croyait aucunement au mariage, l’adultère n’était pas un crime à ses yeux, c’était même quelque chose d’assez logique quand on y réfléchit, quand l’on a accepté l’idée que l’amour n’est pas éternel.

Il s’allumait une clope une fois en bas de chez elle, décidé à finir la nuit chez lui. Pas qu’elle fasse de mauvais petit déjeuner, mais il n’avait pas envie de ça. Il ignorait même s’il aurait envie d’ouvrir son magasin dans quelques heures, il avait eu sa dose de vie sociale… Qu’il croyait. Il n’ouvrira sans doute pas sa boutique oui, mais pas pour cette raison.

La moitié de son bâton de nicotine était parti en cendres lorsqu’il assista à la scène. Une sorte de grognement animal racla sa gorge alors qu’il approchait des deux protagonistes. Sa clope coincée entre les lèvres, il empoigne à deux mains le type par le col pour l’arracher du contact de sa victime et le plaqua dos contre le mur juste à côté de la jeune femme. “ Qu’est-ce que tu fais espèce de putain d’enfoiré ?! “ tonnait-il en reconnaissant le visage d’une connaissance qui travaillait anciennement devinez… dans la police.

- Qu’est-ce que tu vas faire Man, hein ? Me buter comme t’as tué ton père ?

Son poing frappa la mâchoire de l’homme d’un puissant uppercut qui fit rebondir sa tête contre le mur. Le problème de Manwë, c’était justement qu’il incarnait la force tranquille, jusqu’à ce qu’il explose. Lorsqu’il explosait, il n’avait malheureusement aucune limite, aucune. Il devenait difficile pour lui s’arrêter au premier coup de poing, la preuve en était par les coups qu’il assénait à l’homme qui tentait de se défendre mais qui finit par s'effondrer après un coup de genou franchement déloyal administré dans les parties un peu trop excité de l’ex flic vu ce qu’il s'apprêtait à faire.  Si ça ne tenait qu’à lui, il y aurait beaucoup d’ablation de pénis réalisé sur cette terre. “ J’vais te massacrer… “ Ses mains douloureuses tremblaient, il essayait par ses mots d’une voix souffrante, de s’abstenir d’aller trop loin, mais qui et quoi pouvait réellement le retenir ? La victime ? Il ne l’avait pas même regardé pour tout dire, il pensait bien qu’elle en avait profité pour s’enfuir, si elle avait seulement un soupçon d’intelligence, c’était clairement ce qu’elle avait dû faire. “ Merde, tu m’laisse pas le choix… “ C’était forcément  la faute de ce connard, pas vrai ? Il ne pouvait s’en prendre qu’à lui même…

@Maddie Reynolds ohh

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MessageSujet: Re: incapable de voir que tous mes refuges sont mes tombeaux - manwë   incapable de voir que tous mes refuges sont mes tombeaux - manwë EmptyLun 27 Mar 2023 - 21:23

tw : violence physique

J'aurais du prendre un taxi. Mais j'peux pas. Ca coûte trop cher et vu à la vitesse à laquelle descend mon compte en banque en ce moment, j'peux pas me permettre de dépenser de l'argent dans un truc aussi futile. Mais j'aurais du. Les rues de Bowen, le soir, sont pavées de mauvaises intentions. Enfin, surtout dans l'esprit de certains pervers qui rôdent à la recherche d'une victime. Et j'en ai tout le profil. Petite, éméchée, frêle. J'fais pas le poids face la puissante main de cet homme qui me saisie la nuque. J'me retrouve plaquer contre le mur, incapable de bouger, incapable de me défendre. Alors, j'sens que j'vais mourir. C'est la seule chose qui me vient à l'esprit à cet instant. J'imagine même certains dire "oh bah, vu comment elle avait tourné la Maddie, pas étonnant qu'on est retrouvé son corps sans vie dans une ruelle de Bowen". Je sens que les larmes commencent à monter au bord de mes yeux et les mots affreux que cet inconnu me murmurent à l'oreille me donne envie de vomir. J'sens mes jambes qui se dérobent sous l'ivresse et la nausée. Et puis, alors que ce pervers avait commencé à soulever ma robe, je sens qu'il s'éloigne de moi, en l'espace de quelque secondes. Et j'entends une voix, rauque, que j'reconnais pas tout de suite qui claque dans le silence. Le pervers répond un truc, j'y prête pas attention, j'suis pétrifiée. Et du coin de l'oeil, je vois le poing serré de mon sauveur qui vient s'enfoncer dans la mâchoire de mon agresseur. A partir de là, c'est le trou noir. Je me recroqueville par terre, et mes deux mains viennent boucher mes oreilles. Je rentre la tête contre mes genoux et je ferme les yeux. La violence, le sang, l'agressivité, ça me paralyse. Malgré les remparts que je tente de former autour de moi, j'entends le bruit des coups, et l'homme qui continue de menacer le pervers. Cette voix. J'crois que je la reconnais. Alors j'lève la tête, juste une seconde, pour en être sûr. C'est Manwë. Impossible de ne pas le reconnaître. Sauf que là, contrairement à la dernière fois, il est terriblement violent, agressif. Dans ses mots et dans ses poings. J'voudrais me lever, partir en courant, mais j'peux pas, mes jambes sont paralysées. Alors je referme les yeux, et j'attends. J'sais pas combien de temps s'écoule, j'ai plus la notion de rien. Je sens mon estomac encore noué par la peur. J'ai la nausée. J'sens que tout tangue autour de moi. J'suis à deux doigts de vomir. Chaque muscle de mon corps est tendus, crispés, j'ai l'impression d'être dans un cauchemar.

@Manwë Druid

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MessageSujet: Re: incapable de voir que tous mes refuges sont mes tombeaux - manwë   incapable de voir que tous mes refuges sont mes tombeaux - manwë EmptyDim 2 Avr 2023 - 10:25

tw : violence physique, envie de meurtre, idée noires

Il pensait le tuer, il pensait réellement effacer cette raclure de la terre. Il ne parvenait pas à imaginer que ce type puisse continuer de vivre. Il avait le droit, le droit de tuer. Il savait faire, il pouvait recommencer. Il avait le pouvoir de tuer, avec ces poings là, il le savait. C’était impossible de lutter contre cette rage, contre cette facilité de rendre le monde plus serein avec un monstre de moins. Il n’était pas un sauveur, un jour, ça sera son tour de se faire tuer, il le sait, un jour il sera trop faible, il s’en prendra à plus fort que lui et il y laissera sa peau. Il était encore vif, sa vue ne lui jouait pas trop de mauvais tours, mais un jour il y passera. Il sait que sa mort ne sera pas douce, à l’image de sa vie.

Manwë ne pouvait retenir ses poings de frapper l’homme, il en avait reçu aussi en retour, des bien placé, mais c’était comme s’il pouvait absorber la douleur sans broncher. Peut-être sa mort ne sera finalement pas si douloureuse, puisque son corps n’était constitué que de ça… Des peines subies. Peut-être n’était-il qu’un hématome ambulant depuis son enfance, des nerfs à vifs qui n’ont jamais été apaisés, jamais. La mort sera peut-être la libération face à tout ceci, une part de lui en était convaincu, même s’il n’était pas du genre à écouter ses idées noires, trop habitué à vivre sa solitude, mais accompagné depuis toujours avec cette bonne vieille souffrance. Elle lui rappelle combien il est encore vivant.

Lorsque l’homme tomba au sol, quasiment inconscient, Manwë s'apprêtait à se mettre à sa hauteur, pour l’achever. C’est un bruit sur le côté qui le stoppa, probablement un sanglot, un hoquet ou un haut de coeur, il ne saurait dire. C’est là qu’il la remarqua enfin.

Dans cette position, il ne pouvait la reconnaître. Tout ce qu’il voyait, c’était sa pauvre mère cachée dans son placard. Il la voyait sangloter pendant des heures, honteuse alors qu’elle n’y était pour rien. Il se souvenait que s’il s’approchait d’elle, elle relevait son visage immonde de maquillage coulé, de sang et d'hématome et lui hurlait dessus de dégager. Combien de fois lui avait-elle reproché d’exister ? De l’obliger à rester en vie pour s’occuper qu’un sale gamin dont elle ne voulait pas ? Man ne lui en avait jamais voulu, il avait toujours pardonné ses mots, ses colères. Parce qu’il savait… Il savait que son existence était une erreur, il savait qu’il l’avait condamné à rester avec l’homme qui l’avait finalement tué.

Il recula de quelques pas, l’homme au sol gémissait encore et la jeune femme demeurait si proche, incapable de fuir. Il sentait que s’il l’approchait, elle allait  lui hurler dessus, le repousser et elle aurait raison. A cet instant, il ne savait plus quoi faire, quoi dire.

Ses yeux verts se dirigent vers les étoiles qui couvraient le plafond de cette nuit sanglante, il laisse s’échapper de ceux-ci quelques larmes particulièrement piquantes tant il ne s’était pas autorisé une telle chose depuis des années. Le temps était tout simplement figé.



@Maddie Reynolds :D
Hésite pas à me dire par mp si t'as besoin que je relance plus l'action incapable de voir que tous mes refuges sont mes tombeaux - manwë 909211931

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MessageSujet: Re: incapable de voir que tous mes refuges sont mes tombeaux - manwë   incapable de voir que tous mes refuges sont mes tombeaux - manwë EmptyLun 3 Avr 2023 - 23:28

Cette violence qui résulte de cette scène me glace le sang. Ce n'est pas seulement la violence de Manwë qui me paralyse, c'est tout le contexte. Mon état, délabrée, abîmé par la tequila, amaigri par les longues semaines de consommation de drogue que j'ai derrière moi, les intentions malsaines de cet homme qui croyait pouvoir prendre le dessus sur moi, et les poings de Manwë. J'ai toujours les yeux fermés, j'les serre du plus que je peux pour tenter d'échapper à ce qu'il se passe autour de moi. Mais j'peux pas m'enlever les mots du types, j'peux pas oublier ses mains sur moi. Et à ce moment là, j'suis soulagée de savoir que Manwë est venu me sauver. J'sais pas dans quel état j'aurais fini s'il n'était pas intervenu.

A cet instant, j'veux juste que ça s'arrête. J'veux plus entendre les coups, j'veux plus sentir cette agitation à quelques centimètres de moi. J'voudrais être ailleurs. Mais j'suis incapable de fuir, incapable de me lever. J'veux me faire oublier. Mais le simple fait de savoir que Manwë est tout à côté de moi, ça me soulage un peu. J'me souviens de ce qu'on a partagé tous les deux, durant une conversation. La probabilité pour qu'il soit là ce soir, et qu'il interrompe tout ça, elle était tellement mince. Et pourtant, c'est ce qui vient de se passer. Tout mon esprit valse, j'pense à des milliers de choses à la fois, j'me sens tanguer. J'suis à deux doigts de vomir, mais j'me concentre sur ma respiration. Et à mesure que j'arrive à me calmer, je sens le silence qui s'installe autour de moi. J'sens plus de mouvements. Alors, j'desserre un peu mes mains de mes oreilles et j'constate que tout est calme. Etrangement calme. J'ouvre les yeux lentement. Mon regard se pose sur l'homme qui git dans son sang, à deux mètres de moi. Il est terriblement amoché, mais je n'éprouve aucune pitié pour lui. Si c'était pas lui, ça aurait été moi. J'cherche Manwë des yeux, il n'est pas très loin. Il semble regarder le ciel, et j'vois dans la lueur de la nuit que ses yeux sont baignés de larmes. J'bouge, lentement. J'pose mes mains sur mes genoux et mon regard ne quitte plus Manwë. J'veux pas regarder autour. J'essaye de faire le point, d'analyser ce dont je suis capable. J'réalise peu à peu ce qu'il vient de se passer. Le gars là. Personne ne doit savoir. Personne doit pouvoir nous relier à ça. Ca poserait trop de soucis. Alors j'me relève. Péniblement, en m'aidant du mur pour retrouver l'équilibre sur mes jambes tremblantes. J'suis encore bien saoule aussi ça n'aide pas. Mais l'ivresse là, elle est pas cool, elle est pas libératrice. Au contraire, elle m'pèse sur les épaules, elle pèse dans mon estomac. Une fois debout, de replace du mieux que je peux cette robe que l'autre à tenter de soulever. Je commence à grelotter, de froid et de peur aussi.

J'plante mon regard dans celui de Manwë. Il va finir par me reconnaître très certainement. J'sais pas si j'dois lui dire merci, si j'dois m'enfuir, si j'dois me réfugier dans ses bras. Non, rien de tout ça. Même si d'voir ses yeux humidifiés, ça me déchire un peu le coeur. Alors je m'approche de lui. J'tangue un peu sous l'ivresse. "Faut pas qu'on reste là." Mon regard, il est pas très expressif à cet instant. Il est surtout un peu vitreux. J'suis clairement perdue. Mais dans l'instant, j'suis encore convaincue que j'peux rentrer seule. Alors j'prends une direction, au hasard. J'ne sais même plus dans quelle rue je me trouve. "Merci Manwë." J'fais quelques pas, j'me retiens au mur pour ne pas tomber. J'sais même plus si c'est l'ivresse qui m'rend ainsi, ou si c'est simplement l'affluence de violence que j'viens de vivre.

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MessageSujet: Re: incapable de voir que tous mes refuges sont mes tombeaux - manwë   incapable de voir que tous mes refuges sont mes tombeaux - manwë EmptyMer 5 Avr 2023 - 11:23

Dans ses secondes suspendues, il ressentait à nouveau le calme qu’il avait ressenti au moment même où il avait constaté que son père ne respirait plus. L’agonie de l’homme avait été lente, rien n’aurait pu arrêter Manwë ce jour-là. Son géniteur s'était pourtant bien défendu, il lui avait fallu quelques semaines durant son exil pour se remettre lui-même de ces blessures. Il se souvient n’avoir ressenti aucune douleur avant d’atteindre Brisbane. Il se souvenait de cet état second de béatitude, la sensation d’aller formidablement bien pour la première fois de sa vie. Jamais il n’avait éprouvé un tel bien être que cette nuit-là, puis tout était redevenu comme avant. La solitude, la douleur, l’incompréhension. Pire. Désormais, il était un monstre, un assassin. Il aura à jamais ça dans le sang, comme son père.

Ses yeux verts brillaient de cette peine lorsqu’ils se posèrent dans le regard sombre de la jeune femme. Pourquoi est-ce qu’elle ne fuyait pas ? Ne dénonçait pas son agresseur et celui qui avait presque tué sous ses yeux ? Parce qu’il s’agissait d’elle, Maddie Reynolds. Il aurait préféré ne jamais la revoir, si c’était pour que cela se déroule ainsi.

Le brun avait simplement hoché la tête lorsqu’elle lui a dit qu’ils ne devaient pas rester là. Les vêtements du luthier étaient souillés de sang, ses poings perlaient de ses propres blessures à force de frapper sans relâche. Il ne releva pas les remerciements, personne ne devrait remercier un monstre de l’être. Man’ la suivit, mais constata rapidement qu’elle n’était pas en état de marcher. Il ne savait pas si elle s’était infligé cet état seule ou si cet enfoiré l’avait drogué avant d’essayer de la violer. Si tel était le cas, il regrettait amèrement de ne pas avoir achevé cette raclure.

Il essuya ses mains sur son pantalon, foutu pour foutu, puis s’approcha de la plus jeune. “ N’aie pas peur… J’te ferais rien à toi. “ Il se sentait obligé de le préciser, après tout, il venait de lui offrir un spectacle d’une rare violence, difficile qu’elle ne puisse s’imaginer qu’il serait capable de la briser en deux secondes. Il en était amplement capable, mais jamais il ne tuera ou violentera une femme. Jamais. Mais qui pourrait croire en l’existence de limites dans les actions de cet homme ?

Son bras droit balaya doucement les genoux de la jeune femme pour qu’elle se renverse dans ses bras sans pouvoir faire de résistance. Il la soulevait sans peine, elle était si légère, il se risquerait à penser au mot squelettique pour la décrire. Il calait ce petit corps contre son torse et prit la suite du chemin qui menait finalement chez lui. Il n’avait nulle part d’autre où la conduire, vu son état, elle allait beaucoup souffrir du manque et le seul endroit safe qu’il possédait pour ce faire, c’était chez lui. Il ne savait pas où il trouvait la force de ne pas l’abandonner, elle n’avait pas idée de savoir à quel point elle lui faisait du mal à cet instant.

Si elle parlait, il se contenta de l’ignorer. Dans sa bulle, il faisait abstraction de la douleur de son corps qui se manifestait un peu plus à chaque pas. Lorsqu’il arriva à l’espace caravaning, il n’eut aucun commentaire de la part de ces rares voisins qui prenaient l’air à cette heure-ci. Il poussa la porte presque jamais verrouillée de son mobile-home avec le pied, évidemment, le chien décidé à rester vivre près de lui, sorti de l’ombre pour se précipiter à l'intérieur. Il déposa la jeune femme sur la banquette qu’il avait améliorée récemment pour tenter de passer de meilleures nuits…
Cette nuit promettait d’être mauvaise.

Avant même de soigner ses plaies, il s’occupa d’humidifier un linge pour le déposer sur le front de la jeune femme, laissant son regard s’attarder sur son visage. “ J’étais loin d’penser que tu souffrais autant derrière ton joli sourire, Maddie Reynolds… “

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MessageSujet: Re: incapable de voir que tous mes refuges sont mes tombeaux - manwë   incapable de voir que tous mes refuges sont mes tombeaux - manwë EmptyJeu 6 Avr 2023 - 0:07

Le calme après la tempête. Après toute cette violence. Ce calme, il était paralysant. J'osais plus porter mes yeux ailleurs que sur Manwë. Je ne voulais pas revoir une fois la tête ensanglantée de ce type. J'voulais plus rien à voir à faire avec lui. Alors, je tentais de me focaliser sur Manwë. C'qui venait de se produire là, ça m'effrayait pas. Bizarrement. Ca me donnait la nausée, ça c'est certain, mais la seule chose que je voyais, c'est qu'il m'avait sauvé d'une situation très critique. Je n'étais clairement plus en possession de mon corps. L'alcool ingurgité m'avait anesthésié. J'en consommais de plus en plus ces derniers temps. Les dérives de la nuit, j'les côtoyais beaucoup trop. Et ça se voyait, sur mon visage, plus creux, dans mes yeux aussi, vitreux. J'avais plus cette petite étincelle dans la pupille qui me caractérisait tant. L'idée que Manwë il m'voit comme ça, ça me plaisait pas tellement. Mais après tout, là, dans cette obscurité, on était un peu à égalité. Montrant le pire de nous même.

J'avais réussi à me relever. Pour me planter devant lui. Mon équilibre était précaire, ça tanguait autour de moi, mais quand que je ne tentais pas de bouger, ça pouvait aller. J'voyais bien que ses yeux étaient baignés de larmes. J'm'en voulais qu'il ait du se battre pour moi. J'étais loin d'imaginer tout ce qui se tramait dans sa tête à ce moment là. J'étais suffisamment occupée à dealer avec mes propres pensées. C'était comme un espèce de moment hors du temps. Mais il ne fallait pas qu'on reste là. J'avais pas envie de me retrouver au poste de police. Il ne manquerait plus que ça. J'avais brisé le silence, lui disant qu'on devait partir. Il avait juste hoche la tête et après l'avoir remercier, j'avais tourné le talon. Mais... je n'étais pas allée bien loin. Très vite, les mouvements de mes pas se firent incohérents. J'étais tout bonnement incapable de mettre un pied devant l'autre sans trébucher. Très vite, je sens Manwë près de moi. Il me précise de ne pas avoir peur. "J'ai pas peur de toi." que j'lui souffle alors que je sens son bras puissant passer sous mes genoux, tandis que l'autre se cale dans mon dos. Il me soulève, comme si j'étais une plume. J'ressens toute sa force m'envelopper, et il me tient fermement, contre son torse. Moi, j'm'y réfugie, posant ma tête sur sa clavicule. Au même endroit que notre petite étreinte étrange la première fois qu'on s'était vu. J'fermais pas les yeux, j'voulais pas m'endormir ou sombrer. J'luttais. Tandis qu'il marchait, dans le silence, j'levais délicatement ma main sur sa joue pour essuyer une larme de mon pouce.

J'sais pas trop combien de temps Manwë marcha pour rejoindre l'espace caravaning. J'savais pas trop où on était d'ailleurs. Mais j'avais pas peur. J'étais juste épuisée, toujours sous le choc de ce que je venais de vivre. Manwë m'emmena dans le mobile-home qui lui servait de logement. J'entendais alors les mouvements du chien qui entrait en même temps que nous. Ca m'arracha un petit sourire, apparement, ce dernier avait décidé de rester auprès de lui. J'étais à moitié allongée, sur une banquette, ma tête reposant sur un oreiller. Manwë déposa un linge humide sur mon front et j'y portais ma main pour le maintenir en place. Ca faisait du bien, c'était frais. Les mots de Manwë m'arrachèrent un sourire triste. A quoi ça servait maintenant, de jouer les durs à cuire alors qu'il me voyait dans cet état. C'était bien beau tous mes discours passés sur le bonheur et la nécessité de sourire. Tout ça, c'était parti en fumée depuis. "Triste réalité, n'est-ce pas?" Quoi répondre de plus. J'étais un peu l'ombre de moi même. J'me redressais un peu, portant mon regard sur les blessures de Manwë. "T'as peut-être besoin d'un médecin?" Aussitôt ces mots prononcés, j'me rendais compte que d'aller à l'hôpital était très certainement la dernière chose à faire. "Ouais non, ne répond rien, je sais ce que tu vas dire." J'lui avais coupé l'herbe sous le pied. Je ne l'avais vu qu'une fois mais je connaissais que trop bien ses remarques incisives. Je sens ma tête qui tourne d'être immobile. Mon estomac ne s'est toujours pas remis de ce que je viens de vivre. J'crois que j'suis pâle. Trop pâle. J'ai envie de vomir mais j'tente de contrôler ma respiration. J'vais tout faire pour tenter de garder le peu de dignité qui me reste. J'voudrais le questionner sur ce qui s'est passé, sur la rage qui l'animait pendant qu'il se bagarrait, mais j'me retiens. Pour l'instant.

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MessageSujet: Re: incapable de voir que tous mes refuges sont mes tombeaux - manwë   incapable de voir que tous mes refuges sont mes tombeaux - manwë EmptyJeu 6 Avr 2023 - 10:35

Elle n’avait pas peur de lui, cette phrase faisait écho à leur première rencontre. La dernière fois, c’était lui qui avait fait pleurer l’autre. Il n’était pas vraiment capable de dire pourquoi ces larmes se sont échappées de son regard clair. Rage, dégoût de lui-même, tristesse face à ce qu’il était devenu à cause de cet homme, à cause de ce qu’il avait fait… Déception de constater que ce vide en lui faisait toujours aussi mal, que ce sentiment de paix intérieur n’avait finalement duré que si peu de temps… Il savait qu’il serait toujours en colère, que le bonheur pour lui, n’avait été que d’une courte durée. Qu’il ne sera jamais libre de sa haine, son aversion de vivre et que ses fantômes ne le quitteront jamais. Il y avait dans sa tête de quoi faire travailler un psy pendant de longues années, mais il n’acceptait et ne demandait aucune aide. Il acceptait toutes ces émotions, il acceptait ses larmes. Il avait cette maturité là, même si ça ne lui était pas arrivé depuis si longtemps…

Ce geste qu’elle avait eue envers lui pour effacer ses quelques larmes sur sa joue lui avait fait poser son regard sur le visage de la jeune femme. Dans ses yeux l'on pouvait y lire l’incompréhension, il ne comprenait pas ce qu’elle avait fait. Ce fut curieusement agréable, mais il ne savait pas ce que cela signifiait. Les seules fois où il avait pleuré devant ses parents, on lui avait hurlé d'arrêter de chialer, alors il ne comprenait absolument pas cette soudaine douceur. Il poursuit son chemin sans demander.

La douleur ne le fait jamais abandonner, c’est comme ça qu’ils arrivent chez lui. Elle représentait peu de poids, mais il était malgré tout soulagé de la déposer sur cette banquette. Il se préoccupa d’elle avant tout, déposant sur son front un linge humide qui semblait être apprécié. Le chien sauta sur la banquette pour se rouler en boule aux pieds de la brune, il sentait qu’il devait se faire petit même s’il avait faim, il attendrait son tour.

Triste réalité disait-elle. “ Non. “ C’était un poil catégorique. Nul ne devrait avoir pitié des autres. “ Souffrir… C’est le prix à payer pour vivre. “

Il ne releva pas pour le médecin, il ouvrit un placard pour sortir un seau et le mettre au pied du ‘lit’ au niveau de la tête de la brune et entrouvrit de quelques centimètres la fenêtre au dessus d’elle On sentait qu’il connaissait par cœur le kit de survie de la gueule de bois puisqu’il déposa également une bouteille d’eau et tout cela, sans plaquer de portes et en se faisant aussi feutré que possible. Il ne se servait que de la lumière de l’espace cuisine pour lui épargner la douleur.

Le quadragénaire put s'occuper ensuite de la deuxième priorité : le chien. Celui-ci descendit du lit lorsqu’il vit Manwë s'emparer de la gamelle et la remplir de croquettes qu’il se trouvait bien obligé d’acheter régulièrement pour nourrir son squatteur. Il déposa le repas sur les marches à l’extérieur parce que celui-ci mangeait comme un véritable goret.

Enfin, il passa ses mains ensanglantées sous l’eau froide et en profita pour se rincer le visage. C’était douloureux, mais il ne broncha pas. Dans un placard il attrape des bandes pour confectionner des mitaines bien serrées pour effectuer une contention des plaies. Il ôta par la suite son tee-shirt pour ausculter rapidement sa peau tatouée aux endroits endoloris, mais il ne trouva aucune plaie ouverte. Le luthier soupira avant d'enfiler un t-shirt propre, même s’il aurait besoin d’une douche, il savait qu’il n’aurait pas assez d’eau pour deux et qu’elle en aurait davantage l’utilité que lui.

Il referma la porte après le retour du chien qui avait retrouvé sa place fétiche près des pieds de la jeune Reynolds. Il exhala un soupir avant de s’approcher de la jeune femme, aussi délicatement que possible il relève le buste de la brune pour retirer l’oreiller et s’asseoir au niveau de sa tête qu’elle pouvait alors poser sur sa cuisse. C’était un peu une poupée de chiffon, donc il fut facile de la tourner un peu de côté sans forcer. “ Tu peux dormir. “ Elle en avait besoin, il savait que forcer pour rester conscient était une croyance populaire qui sauverait du coma, merci Hollywood, si elle devait faire un coma éthylique, elle en ferait un. Elle ne semblait pas partie pour, mais il veillerait qu’elle n’inhale pas son vomi en la maintenant en position demi-latérale.

Il s’adossait confortablement contre la paroi après avoir glissé l’oreiller dans son dos, il ne savait pas vraiment quoi faire de ses mains alors il en gardait une sur son épaule pour la maintenir en position. “ Ne compte pas sur moi pour te chanter une berceuse, je n’en connais qu’une et je ne suis pas sûr qu’elle te plaise. “ Elle ne pouvait voir son sourire discret qui se percevait dans sa voix, il n’était plus même certain d’encore connaître les paroles que lui chantait sa mère, bien que leur vulgarité illustrait parfaitement le genre d’éducation qu’il avait reçu. Définitivement parti pénalisé dans la vie.

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MessageSujet: Re: incapable de voir que tous mes refuges sont mes tombeaux - manwë   incapable de voir que tous mes refuges sont mes tombeaux - manwë EmptyVen 7 Avr 2023 - 1:57

Quand j'avais essuyé la larme que Manwë avait encore sur la joue, nos regards s'étaient croisés. Juste quelques secondes. Il m'avait rien dit, il avait semblé un peu surpris d'mon geste. C'était toujours ce que me faisait ma mère, quand je pleurais, parfois. Elle essuyait toujours les larmes et je l'avais fait sans me poser de questions. Juste parce que la peine matérialisée par des petites perles salées, elles devaient pas rester là. Il fallait les effacer pour mieux se relever. Puis, je m'étais recalé bien, dans ses bras, et j'avais attendu, trouvant le trajet assez long, mais j'étais bien là, enveloppée dans toute sa force.

J'me retrouvais à présent sur la banquette de son mobile-home. Si on m'avait dit un jour que j'me retrouvais là, chez Manwë, je ne l'aurais pas cru. Mais il s'occupait de moi. Terriblement bien. J'sentais que mon bien-être lui importait, et ça faisait longtemps qu'on s'était pas bien occupée de moi comme ça. J'me sentais toujours mal. L'alcool s'agitait au fond d'mon ventre. Mais j'me sentais en sécurité. C'était déjà pas mal. Le chien dont j'avais fais également la connaissance ne tarda pas à s'mettre à mes pieds. Il devait se rappeler que j'lui avais donné un morceau de gaufre. Les mots de Manwë, j'les écoutais. Je secouais un peu la tête, résignée. "Malgré mon état, j'reste pas d'accord avec toi." J'souris un peu, c'était en souvenir de notre rencontre, durant laquelle j'lui avais tenu tête jusqu'à ce qu'il évoque mon père et que j'me mette à pleurer face à lui.

Manwë, il continuait de s'agiter autour de moi, mais c'était fait en silence, et sans geste brusque. Ca me donnait pas le tournis mais j'le regardais pas trop. Il me donna un seau, de l'eau et il ouvrit un peu fenêtre. La petite brise légère que j'sentais sur mon visage, ça me faisait du bien. Je fermais un peu les yeux, écoutant toujours les bruits environnants, l'eau qui coule, les froissements de vêtements, la porte de l'extérieur, les pattes du chien contre le sol. J'écoutais tout, sentant mon intérieur tourner sur lui même. Cette sensation d'immobilité pendant l'ivresse était très inconfortable. Finalement, je sentais Manwë tout près de moi, j'ouvris les yeux et j'le laissais faire quand il vint me relever pour prendre l'oreiller sous ma tête. Il s'assit à mes côtés et je posais lentement ma tête sur sa cuisse. C'était moins confortable que le moelleux de l'oreiller, mais j'aimais bien le savoir ici. Il avait cet espèce d'aura protecteur. J'me retrouvais sur le côté, j'crois qu'il avait peur que j'finisse par vomir et que je m'étouffe. Ca la foutrait mal d'avoir une nénette de vingt-ans morte, dans son mobile-home.

J'essayais de me caler, glissant mon épaule un peu sous sa cuisse. J'recroquevillais un peu mes jambes, laissant un peu de place au chien. Manwë aussi cherchait une position. Assis pour dormir, ce n'était pas l'idéal. Je sentais sa main se poser sur mon épaule. "Tu vas réussir à dormir toi?" que j'murmurais alors que je sentais déjà le sommeil me faucher. Je souris à ses mots, toujours les yeux fermées. "J'suis plus une enfant Manwë. Alors arrête de parler si tu veux que j'réussisse à dormir." Un petit rire s'échappa de ma bouche. "Tu vois, moi aussi j'peux être désagréable si je veux." Je souris une dernière fois, me recalant une dernière fois contre lui, pour trouver une position confortable. Puis je sentais que je m'endormais, la tête toujours embrumée et mon corps vibrant encore des évènements que j'avais vécu.

J'sais pas combien de temps je sombrais. Je n'avais pas bouger d'un centimètre, plombée par l'alcool. J'me réveillais un peu, avec un mal de tête horrible. J'regardais un peu autour de moi, perdue.

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MessageSujet: Re: incapable de voir que tous mes refuges sont mes tombeaux - manwë   incapable de voir que tous mes refuges sont mes tombeaux - manwë EmptyLun 10 Avr 2023 - 11:11

On pourrait croire qu’il avait un attachement particulier pour la jeune femme, mais il la connaissait à peine. Leur rencontre pour le moins atypique avait généré chez lui une forme de sympathie, assez pour qu’il se laisse amadouer sans s’en rendre compte. L’histoire aurait dû se terminer là, comme ça l’est bien souvent.  Le brun apparaissait dans la vie des autres sans jamais y prendre place. Il donnait des coups de main ou des coups de poing et il continuait sa vie, dans son coin. Il ne cherchait pas à se construire de cercle social, persistaient ses amis d’enfance car à l’époque il avait encore eu la volonté de se sociabiliser, mais désormais il n’en était rien. Nouer de nouvelles amitiés ne l'intéressait pas, il demeurait au stade de connaissances et pouvait ainsi être libre de taper sur qui il voulait, se faire tuer ou finir en taule sans que ça ne perturbe qui que ce soit.

Faire venir Maddie ici, c’était clairement un imprévu pour lui. Il ne pouvait néanmoins pas l’abandonner dans son état, c’était un cas de force majeur. Cette épave qu’elle était ce soir là, lui rappelait douloureusement sa pauvre mère, alors quand elle affirma ne pas être une enfant, il savait de sa propre expérience, que l’on garde cet enfant en soit pour toujours. Malheureusement, l’enfant Manwë n’était pas un joyeux luron… “ Ok… De mauvaise humeur en plus, hm ? J’commence à me dire que les petites soirées festives ce n’est plus vraiment de ton âge… “ Répondait-il à mi voix avec un léger sourire qu’elle ne pouvait voir, il n’avait pas répondu concernant son confort, parce qu’il s’en fichait. Il observait le poitrail de la brune, pas pour mater, mais pour analyser son rythme respiratoire.

C’est ainsi qu’il la vit s’endormir.

Pour sa part, il se contenta de somnoler vaguement. L’on dit qu’à un certain âge les nuits blanches sont difficiles, ce n’était pas vraiment le cas du luthier. Il dormait souvent en surface, rarement se laissait aller. Il faut dire qu’on l’avait agressé tellement de fois qu’il était obligé de vivre sur le qui-vive. Il se reposait à sa manière.

Le soleil avait teinté l’habitacle de sa lumière, assez pour qu’il se réveille. Doucement il s’était levé, reposant la tête lourde de Maddie sur l’oreiller et il était sorti fumer une clope sans faire de bruit, le chien dans son ombre, celui-ci fila faire sa vie pour la journée et reviendrait sans nul doute dans la soirée.

Une fois à l’extérieur, il se demandait bien ce qu’il allait faire d’elle. Appeler sa petite maman ? La déposer en ville ? La garder ici, pour la contraindre à un sevrage, pour qu’elle recouvre à un soupçon de lucidité ? Il n’en avait pas la moindre idée, mais lorsqu’il vit la petite famille du bungalow en face prendre son petit déjeuner avec bonne humeur, il se mit à les fixer avec une certaine… Envie ? Ouais… L’envie de connaître ça, de s’attrouper autour d’une table avec ses proches, tous les matins, à tel point que ça n’avait de valeur que d’une affligeante banalité. Il ne se souvenait pas avoir connu ça un jour avec ses parents, certains de ses amis lui avaient dit qu’il pourrait fonder sa propre famille un jour. Il leur avait toujours rit au nez. Non, lui était apparemment damné à ce que son mobil home soit l’armée du salut ! Entre Elijah l’autre soir et maintenant elle…

Aprés plusieurs clopes, la famille partie, les travailleurs partis, l’aire semblait désertique et tellement silencieuse, il en oubliait presque la présence de la jeune femme, mais il daigna retourner à l’intérieur pour se faire un café, bien qu’il ne soit pas convaincu que l’odeur ne donne pas la nausée à la jeune femme. Heureusement, que ce cher seau était là ! Ses mains étaient très douloureuses, il peinait à plier les doigts et il comprenait qu’il ne pourrait pas travailler aujourd’hui. Ses mitaines en bandes étaient tachées de sang, mais ça ne le préoccupait pas, il savait que ça allait passer.

Il ne l’avait pas même calculé, avec ses grands yeux de biche qui regardaient autour d’elle, il faisait sa petite vie tranquille et lors qu’il vient se poser sur l’unique chaise en face de la banquette, c’est là qu’il remarqua qu’elle était éveillée. Ses sourcils s’étaient levés, surpris par sa solidité, il aurait parié qu’elle aurait dormi bien plus longtemps que ça. “ Le prend pas mal, mais j'espérais vraiment que si j’avais la mauvaise idée de ramener une fille ici un jour, elle aurait pas cette tronche là au réveil… “ Avec le maquillage qui avait complètement bavé ? C’était un cauchemar. Il sourit amusé, parce qu’il n’a pas envie de s'apitoyer, après tout, elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même. Elle lui devait plus d’explications que lui ne lui en devait pour ses agissement de la veille, mais il lui laissait un peu de répit, à sa manière. “ Toilettes et douche à gauche, j’ai certainement pas de vêtements à ta taille mais tu peux te servir… Crois moi, tout l'État du Queensland te sera reconnaissant si tu trouves l’énergie d’aller te laver. “ Cette odeur faisandée que dégagent les personnes en début de sevrage il l’avait un peu oublié avec les années, c’était ça, le parfum de son enfance.


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MessageSujet: Re: incapable de voir que tous mes refuges sont mes tombeaux - manwë   incapable de voir que tous mes refuges sont mes tombeaux - manwë EmptyMar 11 Avr 2023 - 20:28

Manwë, il représentait tout ce que je fuyais avant. C'était un homme déjà, qui plus est, très certainement du même âge que mon paternel que je n'avais jamais connu et qui m'avait lâchement abandonné. Il était de ceux qui dégage d'la violence, qui repousse les autres par ses répliques cinglantes. Manwë, c'était le genre que j'aurais évité. Mais c'était avant. Aujourd'hui, j'me mettais dans de beaux draps, presque chaque soir. Poussant toujours un peu plus loin ma consommation. J'me laissais tomber dans un vide sans fond, incapable d'reprendre les rennes de ma vie. C'était pas beau à voir. Et Manwë, il avait pu saisir cette différence entre notre première rencontre et ce soir. La première fois, j'lui avais tenue tête un peu, tout de même attirée par sa noirceur. On avait même échangé une espèce d'étreinte qui avait sonnée comme réconfortante sur le moment. Et puis, on s'était pas revu, jusqu'à cette nuit là. Il m'avait sortie d'affaire, peut-être même sauvée la vie. J'savais pas trop ce que ce type aurait fait de moi. Mais ça restait un traumatisme avec lequel j'allais devoir dealer dans les jours, les semaines suivantes. C'était pas anodin ce que j'avais vu, ce que j'avais entendu, cette violence aussi bien psychologique qu'il avait eu à mon encontre, que la violence physique que Manwë lui avait administrée. Ca faisait beaucoup. Beaucoup trop pour mes petites épaules fragiles.

Mais cette nuit là, dans le mobile-home de Manwë, j'y pensais pas. L'alcool anesthésiait mes pensées. On s'était retrouvé là, ma tête posée sur sa cuisse et on s'était échangé quelques mots. J'm'étais endormie avec un demi sourire en écoutant les dernières paroles de Man'. J'avais pas trouvé la force de répondre, le sommeil m'ayant fauché sans crier gare. J'sombrais très loin, dans un repos plombé par mon petit corps qui tentait tant bien que mal de digérer la téquila. La lumière du jour pointa rapidement dans l'espace exiguë du mobile-home, mais il m'en fallait définitivement plus pour me réveiller. Je n'avais pas bougé d'un centimètre, écrasée par l'alcool. Je n'avais même pas senti quand Manwë s'était éclipsé, reposant ma tête sur l'oreiller. Ce n'est que plus tard que j'commençais à bouger un peu. J'avais ouvert les yeux. Ils étaient lourds. Ma tête me faisait horriblement souffrir, j'étais totalement déshydratée. J'avais mis un petit temps avant d'comprendre où j'étais. Il y avait une odeur de café qui me soulevait le coeur. Et tout se reconstruisit dans ma tête, assez rapidement, étonnement. L'agresseur, Manwë, ses larmes, mon corps contre le sien lorsqu'il m'avait porté jusqu'à chez lui. J'me souvenais d'à peu près tout, mais c'était quand même un peu flou, brumeux.

Mes yeux se posèrent sur lui quand il s'assit en face de moi. J'me relevais péniblement, juste un peu, posant ma main pour me hisser sur le côté. J'avais très certainement une sale tête. Manwë ne tarda pas à me le faire savoir. Toujours avec délicatesse. J'le regardais, j'avais pas trop envie de rire là. J'avais plutôt envie de vomir, et d'me laisser retomber pour dormir encore des heures. "Si j'dois finir chez un gars un jour, moi j'espère qu'il sera pas aussi vieux que toi." C'était cadeau. En même temps, il venait de dire que j'étais moche, j'allais pas laisser passer ça! Cela dit, je l'avais dit sans sourire, c'était pas méchant, juste que j'avais pas la force de lui adresser un quelconque signe de douceur. J'voulais juste me remettre d'cet état, et ça n'allait pas être chose facile. J'attrapais la bouteille d'eau posée à côté de moi et je m'en enfilais presque la moitié. J'avais une soif infinie. Tandis que je buvais, j'entendais les mots de Manwë. J'reposais la bouteille d'eau et j'le regardais, presque désespérée. "Tu sais parler aux femmes toi." Je haussais les épaules. J'avais une flemme monumentale de bouger, l'idée de devoir me lever jusqu'à la salle d'eau me décourageait d'avance, mais j'devais reconnaître qu'une bonne douche me ferait le plus grand bien.

J'sortais péniblement de la banquette qui m'avait servit de lit. Et j'prenais la direction de la douche. Au passage, je trouvais sur un plan de travail, un t-shirt jaune que j'empoignais, l'idée de mettre des vêtements propres m'enchantait. Une fois déshabillée, je me mouvais sous la douche. L'eau tiède sur mon corps me fit me sentir très détendue. J'fermais les yeux, je profitais de chaque seconde. J'me lavais aussi les cheveux, après une soirée d'ce type, j'avais envie que tout disparaisse, et l'eau mélangée au savon semblaient un combo parfait pour effacer tout ça. J'prenais le temps d'me sécher et je ré-enfilais ma culotte et je passais le t-shirt de Manwë, bien trop grand pour moi. Il me faisait l'équivalent d'une robe, j'nageais dedans. Mais ça faisait du bien de sentir la lessive. Mes longs cheveux bruns tombaient en cascade sur mon dos. J'revenais auprès de Man, fourrant ma robe de la veille dans mon sac. "J'imagine que t'as pas de brosses ni d'sèche-cheveux?" Tant pis, mes cheveux sécheraient naturellement. C'était pas l'idéal, mais j'étais plus à ça près. J'me laissais tomber sur la banquette, assise contre la paroi, ma tête soutenue par celle ci. J'avais même pas la force d'la maintenir moi-même. "C"est mieux là? J'suis plus à ton goût?" J'souris un peu. Cela dit, j'me sentais moi même dans un meilleur état. C'était pas encore ça, la journée allait être rude. J'avais toujours cette nausée accrochée à l'estomac.

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MessageSujet: Re: incapable de voir que tous mes refuges sont mes tombeaux - manwë   incapable de voir que tous mes refuges sont mes tombeaux - manwë EmptyJeu 13 Avr 2023 - 23:11

Après les larmes vint le rire, sincère, un peu plus bruyant qu’il n’aurait pu l’imaginer, il venait du cœur, alors qu’elle lui rétorque qu’elle avait espéré ne pas avoir à se réveiller chez un vieux type un jour. Son répondant l’amusait, mais le rassurait également. À partir du moment où elle était capable de lui envoyer ça en pleine face, il estimait qu’elle n’allait pas si mal. Mine de rien, cela permet au brun de se sentir un peu moins sur le qui vive et dans le doute de ce qu’il était censé faire d’elle… Si ce n’était l’envoyer à la douche.

"Tu sais parler aux femmes toi." Cette remarque lui arrache un léger sourire, il n’était pas un homme romantique, comme lui avait si bien fait remarquer Marcus : il n'y connaissait rien en amour, il n’avait jamais voulu se mouiller. Son vieux pote n’avait pas eu tort ce soir-là, Manwë n’avait jamais voulu prendre le risque de tomber amoureux. Pourtant, il avait déjà eut ce que les jeunes appellent des crush, il n’était pas totalement insensible au charme de certaines femmes, parfois même d’amies qu’il côtoyait…

Le luthier se retrouva seul quelques instants, il ne faisait pas son curieux, mais gardait une oreille attentive dans le cas où elle tomberait… Elle finit par réapparaitre dans un de ces t-shirt clair qu’il ignorait être jaune. Elle paraissait bien plus minuscule encore dans ses vêtements. “ J’ai pensé acheter une brosse pour le chien, mais j’l’ai pas fait… “ Est-ce qu’il provoquait ? Partiellement, parce qu’il avait sincèrement réfléchis s’il avait quelque chose pour arranger la tignasse de la jeune femme. Ses yeux parcouraient rapidement la tenue de Maddie alors qu’elle lui demandait si elle était davantage à son goût “ Tu l’as dis, t’es trop jeune, mais c’est mon nez qui apprécie l’effort. Bouge pas, j’reviens.

Il quitte son domicile pour déranger une vieille dame qui réside à quelques allées de là, il la dépanne à l’occasion parce qu’il a la force nécessaire pour et qu’il est bien plus serviable qu’il veut l’admettre. C’est une vieille connasse cette grand-mère, sincèrement. Elle passait son temps à l’insulter, mais il s’en foutait. Alors, il est entré chez elle comme chez lui, elle l’envoyait chier mais il lui taxa sa brosse à cheveux et quelques bricoles dans son frigo “ Bordel, tu fermes donc jamais ta grande gueule Nelly ? “ Il planta son regard dans celui de la vieille femme qui l’insulta à nouveau, lui demandant ce qu’il comptait bien faire avec tout ça, il ne répondit à aucune de ses questions. Elle râlait tout le long mais au moment de partir : ” Tu reviendras me voir bientôt, Manwë ? “ Il glissa un sourire à l’attention de l’octogénaire “ Putain, j’espère pas trop vite... “ Elle souriait à son tour. Probablement qu’ils s’entendaient uniquement parce qu’ils avaient le même langage émotionnel…

Il revint rapidement dans son mobile-home et déposa son butin sur la table. Il tendit en dernier la brosse qu’il avait dégoté. “ Tiens… j’aurais pas mieux. “ Il s’était déjà donné beaucoup de mal pour l’avoir, non ? “ Ça te dit des petites gaufres au miel ? Industrielles... Ou des gâteaux aux… Aux putain de pruneaux, sans déconner… “ Bon sang de vieux et leurs constipations maladives !  “J’ai même trouvé de l’aspirine… “ Trouvé hein… Il relève son regard vers la jeune femme pour lui demander sans faire de détour, presque comme s’il se sentait obligé de nuancer la douceur des petites attentions qu’il cumulait à son égard. “ T’as pris quoi comme drogues hier soir ? “

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MessageSujet: Re: incapable de voir que tous mes refuges sont mes tombeaux - manwë   incapable de voir que tous mes refuges sont mes tombeaux - manwë EmptyVen 14 Avr 2023 - 21:35

Ma remarque arrache un rire à Manwë. J'crois que c'est la première fois que je l'entends rire. Bon, après, j'l'ai pas côtoyé tant que ça, mais c'est assez rare pour être souligné. Moi, ça m'fait un peu sourire. J'suis assez fière au fond de moi de ma réplique. Il m'avait un peu cherché et j'avais trouvé suffisamment de force en moi pour lui sortir ça. Mais, c'était à peu près tout ce dont j'étais capable à ce stade. Cela dit, il me suggéra d'aller prendre une douche. J'm'étais exécutée. Bien que sa manière de dire n'était pas très polie, je devais bien reconnaître qu'il avait entièrement raison. C'était mieux pour tout le monde. A commencé par moi, parce que cette douche, elle a été vraiment bénéfique. Comme si j'avais récupéré un peu de points de vie.

J'avais rejoins Manwë dans la pièce principale du mobile-home, fraîche comme un gardon! Bon, c'était pas tout à fait la vérité, mais j'me sentais bien mieux. J'lui demandais s'il avait une brosse à cheveux et j'me contentais d'lui adresser une mine blasée à sa réflexion. Mes cheveux méritait mieux qu'une brosse à chien quand même! Mais j'avais pas la force d'rétorquer quoi que ce soit. J'm'étais réinstallée sur la banquette, assise, la tête contre la paroi, parce que j'avais pas suffisamment de force pour la tenir moi même. Ironiquement, j'lui demandais si j'étais à son goût. J'étais trop jeune oui. Ca c'était une certitude. Manwë aurait pu être mon père (voire mon grand-père!) et puis dans le fond, je m'en fichais d'être à son goût. Cela dit, il s'absenta, me disant qu'il revenait. "J'risque pas d'aller trop loin, t'en fais pas." Il quitta le mobile-home et j'me retrouvais seule. Dans un silence assez confortable. J'faisais un petit point sur mon état. J'avais mal à la tête, j'avais un peu chaud et j'sentais mon coeur battre assez fort contre ma poitrine. J'étais très clairement en train de décuver et mon organisme était mis à rude épreuve. J'fermais un peu les yeux, profitant d'la petite brise qui s"infiltrait par l'ouverture du mobile-home.

J'somnolais presque lorsque j'entendais la porte se réouvrir. J'posais mon regard sur Manwë. Il déposa tout un tas d'trucs sur la table et me tendit une brosse à cheveux. Je souris. "Wahou merci. Si j'avais su que tu me ramènerais ce que je veux, j't'aurais demandé un truc bien plus cool." Mais là, dans l'instant, une brosse à cheveux, c'était parfait. J'commençais à démêler mes longs cheveux bruns. Ils étaient assez indomptables, c'était un travail de chaque jour pour les maintenir aussi brillants. Cela dit, ces derniers temps, ils avaient un peu terni. A l'image du reste de ma personne. Manwë inspecta ce qu'il avait ramené et je rigolais aux biscuits aux pruneaux. "Des gaufres, c'est très bien. J'aurais préféré que ce soit toi qui m'les préparent, qu'elles soient faites maisons, mais j'vais me contenter de ça." J'sais pas trop si j'avais faim. Par contre, en revanche, je ne disais pas non à un cachet d'aspirine. J'sais pas si ça allait être très efficace mais j'posais la brosse le temps de prendre un cachet avec une gorgée d'eau. J'terminais de démêler mes cheveux et je m'arrêtais le temps de réfléchir à sa question sur mes consommations de la veille. Les souvenirs étaient un peu flous. "J'crois que j'ai surtout beaucoup, beaucoup bu. D'la tequila majoritairement. Mais hier après-midi, j'ai pris un ou deux rails de cocaïne et très certainement un joint le midi." J'mélangeais un peu les jours, les prises de drogues s'enchaînaient assez intensément avec Archie. Je grimaçais un peu en me rendant compte que j'faisais un peu n'importe quoi. Et le pire dans tout ça, c'est que j'étais déjà en train de penser à ce que j'allais pouvoir prendre une fois la journée un peu plus entamée. C'était ça, souvent. J'me réveillais dans un état pas possible et j'replongeais quelques heures après. C'était un putain de cercle vicieux. "T'as déjà pris d'la drogue toi? Enfin, j'veux dire, régulièrement?" Manwë, il avait l'allure d'un type qu'a tout vécu. P'tete aussi que je cherchais à me rassurer, d'me dire que ma situation était commune, et que c'était pas si grave que ça. J'étais clairement dans le déni. Tout en attendant sa réponse, j'me servais un petit gaufre industrielle. Que je mangeais, à toute petite bouchée, parce que de toute évidence, je n'avais absolument pas faim.

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MessageSujet: Re: incapable de voir que tous mes refuges sont mes tombeaux - manwë   incapable de voir que tous mes refuges sont mes tombeaux - manwë EmptySam 15 Avr 2023 - 18:44

Un truc plus cool, comme quoi ? Le dentier de la vieille Nelly ? “ Qu’il demande, un soupçon espiègle. Il doutait qu’il y ait un sensationnel à dégotter chez sa voisine âgée, il n’avait même pas pioché dans ses fringues parce qu’il se doutait que ça ne serait pas au goût de la brunette. Elle était néanmoins ravie d’avoir de quoi démêler ses cheveux, alors ça lui suffisait à justifier son pillage chez la grand-mère.

Il décortique son butin, dépité par les gâteaux qui lui avaient semblé bons, voilà des biscuits qui retrouveront la caravane de Nelly fort bientôt. Il tendit à la jeune femme une gaufre industrielle, il avait cru comprendre à leur rencontre qu’elle aimait cela… “ T’aurais pas envie de manger un truc que j’aurais préparé, j’t’assure… “ Il ne savait pas cuisiner, ce n’était pas pour rien qu’il était aussi sec. S’il n’avait pas tant d'énergie et une vie si dure, il serait clairement osseux, mais il avait une musculature dessinée qui renfermé beaucoup plus de force que bien des gaillards plus grands et gros que lui.

Tequila, cocaïne, un peu de shit… Elle était honnête, souvent les toxicos ne disaient pas la vérité, par honte. Elle avait sans doute honte, mais elle ne voulait peut-être pas lui mentir. “ De la coke pure ou coupée ? Tu sais faire la différence au moins ? “ Il n’y avait rien de plus dévastateur que de la coke coupé à l'héroïne, les dealers étaient très doué pour faire ce mélange et rendre leurs clients complètement accro, les faire chavirer dans cette descente aux enfers… Man’ lui s’y connaissait un peu trop. Son père dealait en grande quantité, il fournissait parfois à sa mère, pour l’obliger à rester, jusqu’à la tuer…

Le luthier ne s’était pas attendu à cette question de la part de Maddie concernant ses propres consommations en la matière. Il posa sa carcasse sur la chaise pour lui faire face. “ Régulièrement… Non. La clope… Maintenant l’alcool, c’est vrai… “ C’était bizarre de l’admettre, lui qui avait tout fait pour ne pas titiller son génome de l’alcoolisme probablement transmis par sa mère, mais c’était trop tard, il le savait. Mais comme il s’en foutait, personne ne pouvait se mettre entre lui et son nouveau poison. “ J’ai essayé un tas de trucs… Pour essayer de comprendre. “ Et il avait compris pourquoi elle avait consommé toutes ces choses pour échapper à sa vie de merde. Penser à sa mère, ça faisait toujours mal…

Son regard se perd dans ses souvenirs, brièvement, il essayé de se souvenir de son visage, mais elle n'est que marqué par lé malheur, rongée par les drogues jusqu’à la moelle. Un déchet… Il espérait que Maddie ne finirait pas comme elle, même s’il n’était plus un petit garçon sans défense, il savait que ce n’était pas son rôle de protéger la jeune Reynolds, il n’était personne pour elle. “ J’ai compris qu’elle détestait tout simplement vivre… C’est ça qui te ronge ? “ Cette conversation ne l’enchantait pas, alors il préférait l’orienter sur la jeune femme, pas sur sa vie à lui, sur sa peine. Avec un peu de chance, elle ne se souvient pas vraiment de ce qu’il s’est passé hier soir… Son regard s’attarde sur ses pansements tachés, c’est qu’il aurait dû prendre davantage dans la pharmacie de Nelly… “ A quoi tu veux échapper Maddie ? Qu’est-ce que te fait aussi mal ? “ Il plante ses yeux clairs dans ceux de la jeune femme, il était calme en apparence, pourtant, il souffrait terriblement de cette conversation, à tel point qu’il avait envie de cogner sur quelque chose, mais il restait là, imperturbable… Tenant en laisse le monstre qu’il avait dans le crâne.


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MessageSujet: Re: incapable de voir que tous mes refuges sont mes tombeaux - manwë   incapable de voir que tous mes refuges sont mes tombeaux - manwë EmptyMer 19 Avr 2023 - 0:31

A l'évocation du dentier d'une certaine Nelly, j'eus un haut le coeur, portant ma main à ma poitrine, et secouant la tête, un léger. "Ne parle plus de truc dégueu comme ça, je t'en supplie!" La brosse à cheveux, c'était très bien, finalement. Tandis qu'il me tendait une petite gaufre, sa réflexion m'arracha un petit sourire. J'le regardais, tentant de l'imaginer aux fourneaux, un p'tit tablier autour de la taille, et d'la farine sur les mains. Ouais, non, effectivement, ça collait pas trop. J'me contentais de hausser les épaules, toujours songeuse.

J'venais de raconter brièvement à Manwë ce que j'avais consommé la veille. J'me rendais pas spécialement compte de ce que ça représentait tout ça. C'était vraiment nouveau. Ca ne remontait qu'à quelques semaines, deux mois peut-être. Depuis que ma route avait croisée celle d'Archie. J'dirais pas qu'il est le seul responsable de cette consommation outrancière, mais c'est lui qui m'avait fait découvrir tout ça et qui m'avait fait plongé avec lui. Je haussais les épaules à la question de Manwë. "J'en sais rien. C'est mon copain qui me fourni, il est lui même dealeur. J'me laisse porter par ce qu'il me donne. J'y connais rien du tout" Wahou. D'le formuler comme ça, j'avais l'impression d'être une nana tellement influençable. J'sais pas trop ce qu'il allait penser de moi Manwë. Mais avec ce qu'on avait vécu la vielle, j'crois qu'il était plutôt mal placé pour me juger.

J'lui avais demandé si lui aussi avait déjà consommer des trucs. Alcool et cigarette. Ca me paraissait soft même s'il s'agissait d'une addiction destructrice. Mais ça sonnait moins hard que d'la cocaïne. Manwë se confia, m'expliquant qu'il avait déjà consommé pour essayer de comprendre. Je fronçais un peu des sourcils. "Qu'est ce que tu cherchais à comprendre au juste?" J'ne savais rien de lui, de son passé, en fait, on s'retrouvait là, ensemble, par la force des choses. C'était une rencontre que j'aurais largement préférée éviter. Je n'avais rien contre Manwë, mais il régnait autour de notre relation quelque chose de poisseux, de violent.

Sa voix, grave, claquait dans le silence du mobile-home. "Qui ça, elle?" Je secouais la tête à sa question. J'avais pas grand chose qui me rongeait en fait. Rien qui me venait en tête comme ça. "J'crois surtout que je contrôle plus grand chose. J'aime bien vivre, moi." J'fuyais un peu son regard. Parce que j'savais pas trop comment me positionner par rapport à tout ça. Le ton qu'on employait depuis quelques minutes, il était bien plus grave, plus sérieux. Sa question me fit lever les yeux vers lui. J'les plantais dans ses iris. J'sentais une petite boule de larmes gonfler au fond de mon ventre. Sa question là, elle me remuait. Parce que j'avais pas de réponse toute faite. Là, il me renvoyait seulement à ce que j'étais devenue. Une nenette de vingt-ans, qui s'drogue et qui fait n'importe quoi. La boule de larme, j'la sens qui grimpe le long d'ma gorge. J'me mords un peu la lèvre, pour tenter de réfréner ça. "J'sais pas." que j'murmure, baissant les yeux. "J'avais juste envie de tester mes limites, d'me sentir adulte. J'crois pas que j'veuille échapper à quoi que ce soit." J'arrivais pas moi même à savoir si j'me mentais. Tout était arrivé si vite. La vraie raison de tout ça, elle s'appelait Archie. Mais j'avais pas envie d'l'incriminer. Il ne m'avait pas forcer à quoi que ce soit. Mais il était pas d'une belle influence sur moi, ça c'était sûr.

J'portais mes yeux sur les mains abimées de Manwë. J'me remémorais les bruits des coups qu'il avait asséné la veille, sur mon agresseur. J'savais pas trop si j'devais lui en parler ou pas. J'me souvenais de beaucoup de choses. De l'odeur du sang, de l'agitation autour de moi, des bruits, des grognements de douleur. Tous ses souvenirs me donnaient encore la nausée. J'avais pas bougé, pas d'un centimètre. J'me sentais encore épuisée, mal. J'portais à nouveau mes yeux vers ceux de Manwë. "Ce qui s'est passé la nuit dernière, ce que t'as été contraint de faire à ce type, tu le regrettes?"  J'avais pas réussi à tenir ma langue. Parce que je voulais comprendre. Comprendre pourquoi cette violence. Elle était bien imprégnée dans mon esprit.

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