On s'était dit rendez-vous dans dix ans. ≠ (Andreas)

Elle bouscule quelqu'un. La journée commence bien, tiens. Pas même neuf heures, à savoir ce qu'elle fout dehors à cette heure-là. En fait, elle va juste prendre un café. Plus de café à l'appart', et l'idée de fuir un peu l'ambiance tendue qu'il y a en ce moment, finalement, l'a tentée. Alors autant allez en prendre un dehors, elle ira en racheter en rentrant. Elle se déplace à pieds, la française. Une vieille habitude de Parisienne, peut-être. Ses grands yeux bleus observent sans arrêt les alentours, comme si elle dressait mentalement le portrait robot de tous ceux qu'elle croise sur son chemin. Peut-être que ça servirait. Si encore elle en était capable. Elle accélère le pas, il ne fait pas très chaud ce matin. Elle arrive quelques minutes après dans un café où elle va souvent. Et c'est là en entrant qu'elle percute une deuxième personne. Non mais décidément, aujourd'hui... Elle lève les yeux, s'apprête à maugréer une excuse – si la personne est chanceuse – mais à la place, elle se fige. Elle sent ses muscles se paralyser aussi, en même temps que son coeur, qui loupe un battement avant de le rattraper en partant dans une chamade étrange. Elle croise ce regard aussi bleu que le sien. Un regard qu'elle connaissait si bien. Il y a.. longtemps. « C'est pas vrai.. » murmure-t-elle, incrédule, hésitant entre le sourire qui se dessine avec obstination sur ses lèvres et une colère sourde et ancienne qui pointe, elle aussi, le bout de son nez. Elle fronce les sourcils, croisant les bras sur sa poitrine, ne se souciant pas le moins du monde qu'elle pouvait peut-être gêner le passage. « Andreas. Je m'attendais pas à te revoir un jour. J'imagine que toi non plus. » lâche-t-elle avec un sourire mi-narquois mi-ravi pourtant. En effet, elle se souvient plutôt bien de la façon dont ils s'étaient quittés, il y a de ça onze ans, lorsqu'ils n'étaient que des gamins. Des gamins avec des sentiments, pourtant.