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↳ personnages attendus

Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.

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 Just like before - Charley

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MessageSujet: Just like before - Charley   Just like before - Charley EmptyMer 11 Mai 2016 - 23:57



Just like before
Charley & Liam
Le mobile-home était aménagé. C'était symbolique : Liam était bel et bien de retour à Bowen. Le simple fait de s'être acheté un petit pied-à-terre dans cette ville signifiait qu'il comptait y rester dans la durée. Lui qui était revenu par dépit avait très vite retrouvé ses habitudes. Sa famille était soulagée de le voir revenir ici, même si Liam décelait encore de l'inquiétude dans leurs voix. Il revenait de loin, cela était certain, mais il avait su reprendre du poil de la bête. Même si cela n'était pas de la façon la plus saine qui puisse exister, avouons-le. Le seul endroit qu'il évitait soigneusement était le commissariat. Penser simplement à ce lieu éveillait en lui des souvenirs douloureux et lui rappelait tout ce qu'il avait perdu. Il avait même appris, au détour d'une conversation avec un ancien collègue, que Charley avait posé un congé sans solde. Ah Charley.... C'était définitif : il n'y avait vraiment plus rien de bon pour lui, dans ce commissariat. Il avait fallu laisser la place aux autres. Le règne de Matthews et Hawkes était révolu. Point final.

Canne blanche à côté de lui et lunettes de soleil sur le bout du nez, Liam profitait des rayons de soleil, lézardant sur une terrasse d'un café du centre-ville, à écouter un ami, Connor  - ancien collègue de boulot par ailleurs - lui raconter près de deux ans et demi de potins à Bowen. Il y avait eu du changement, visiblement. Le monde avait continué à tourner, et Liam devait désormais y retrouver une place. Le jeune homme acquiesçait, se fichant quand même un peu de tout ce qu'il racontait. Qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire que le chef de la police soit un vrai tyran, lèche-bottes du Maire ?!  Ou qu'untel avait été viré ?! Liam but une gorgée de sa bière, affichant des sourires de convenance. Mais Connor attira bien mieux son attention, quand il évoqua un prénom, un simple prénom. Charley. Il avait appris de source sûre que la jeune femme était devenue détective privé, ce qui arracha un sourire à Liam. Cela ne l'étonnait pas. Mais ce qui l'intrigua davantage, ce fut la dernière phrase de son collègue  : "C'est bien qu'elle ait trouvé une autre voie professionnelle. Il faut être honnête, le commissariat, c'était fini pour elle. Sans compter qu'elle est bien occupée à présent..." Occupée ? Dans quel sens ? Alors qu'il allait demander davantage d'information, Connor reprit : "Quand on parle du loup ! Regarde qui se trouve dans la voiture grise..." Liam arqua un sourcil, afin de lui faire comprendre sa bêtise. "Oh pardon, c'était une façon de parler, hein. Enfin... euh... Tout ça pour dire que Charley est là. Elle doit être en train de bosser." Un nouveau sourire se dessina sur les lèvres de Liam, qui se redressa et qui posa une main sur l'épaule de son ami. "Désolé, mec, mais tu te doutes bien que je vais devoir couper court à notre discussion." Connor lâcha un rire, répliquant, sur un ton amusé : "Sans rancune. Va donc retrouver ton bourreau." Il lui expliqua la direction à prendre. Liam attrapa sa canne blanche et se dirigea vers l'endroit indiqué par son ami. Troisième voiture, sur la gauche. Une... deux... trois... Liam ouvrit la portière passager et s'installa sereinement dans la voiture. "Je ne veux pas dire, Hawkes, mais si tu veux vraiment briller en tant que détective privée, il va falloir clairement que tu revoies ta couverture. Tu es aussi voyante qu'un panneau publicitaire à Las Vegas !". Cela faisait deux ans et demi. Deux ans et demi sans se voir, sans aucun contact. Sans compter que la dernière fois, il l'avait laissé dans son lit, sans le moindre au revoir. Et voilà qu'il débarquait, comme si de rien n'était. "Toi et moi dans une voiture, y a comme une impression de déjà-vu... Tu ne trouves pas ?" Ces années de patrouille, tous ces moments à se les peler dans la voiture, il ne les oublierait décidément jamais.
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MessageSujet: Re: Just like before - Charley   Just like before - Charley EmptySam 14 Mai 2016 - 14:42


 
Just like before
Charley & Liam

 
 
" Je vous dis qu'il me trompe ! Moi ! Moi ! Il a osé, vous vous rendez compte ? EST-CE QUE VOUS RÉALISEZ QUELLE HONTE IL JETTE SUR NOTRE FAMILLE ?! " Tandis que mémère en tailleur Jean-Gold Pautier s'égosillait, Charley devait faire un effort considérable pour ne pas fixer son double menton tremblotant. Avait-elle été une poule dans une vie antérieure ? La blonde avait presque envie d'aller tâter le renflement contre-nature, juste histoire de vérifier si la femme n'y rangeait pas son quatre-heures. En parlant de ça, avait-elle bien préparé le goûter de Sasha ce matin ? Un doute terrible l'assaillit et lui fit ouvrir de grands yeux ronds. Si Babybou n'avait pas sa compote, on allait frôler la troisième guerre mondiale et en allant le récupérer, elle allait devoir éviter les bras moulinant de la directrice de la crèche ... Loin de connaître ses pensées, persuadée que sa tête de flipette était due à son discours de tragédienne, Chicken Nanny reprit de plus belle : " Et nos enfants ! Pensent-ils à eux ? MAIS BIEN SÛR QUE NON ! NON, MONSIEUR NE PENSENT QU'AVEC SON ... " " Oui, oui, je crois que j'ai saisi l'idée, Mém... Madame Brown ! " l'interrompit Charley en levant une main péremptoire, une petite moue dégoutée venant tordre le coin de ses lèvres. Elle avait vu l'animal - le type, pas sa femme - en photo et rien que de l'imaginer ... Jésus. Berk. Elle reprit, d'un ton plus calme : " Je propose qu'on arrête là avec les métaphores phalliques et que je commence la filature dès aujourd'hui. Ca vous va ? " Mémère acquiesça, quelque peu impressionnée par l'autorité soudaine de la petite blonde au caractère bien trempé. Pourtant, ce n'est pas comme si elle n'avait pas été prévenue. " Bien, je vous appelle. " La femme lui signa le chèque d'acompte que la détective fourra dans son décolleté, à défaut d'avoir son sac à portée. Elle était au strip-club, encore fermé à cette heure et bien que son service ne commença pas avant une heure avancée de la soirée, Buddy, son patron adoré, lui avait confié les clefs afin qu'elle puisse s'en servir de bureau en attendant de pouvoir s'offrir le sien. En échange, elle se cognait le ménage. Buddy était si désintéressé, si attentionné.

Mémère repartie par la porte de service, tête haute et menton toujours bloblotant, Charley abandonna la serpillère qu'elle tenait toujours entre les mains et alla récupérer ses affaires. Elle grimpa dans la vieille berline d'un gris morne qu'elle avait acheté d'occasion. Elle adorait Misery, sa jeep rouge pétard, mais il fallait avouer que niveau discrétion, on repasserait. Cette voiture-là était beaucoup plus appropriée pour le métier dans lequel elle essayait de percer. Un succès très relatif jusqu'ici. En six mois de licence, elle n'avait eu que trois clients, dont un pour une affaire de chat disparu. On avait connu plus excitant. Elle espérait que cette affaire-là lui ferait retrouver le côté grisant du métier de flic. Non. Oublier ça. L'époque était révolue. Finie. Caput. Arrivédercho les gars ! Avant que la mélancolie n'ait pu la gagner, elle sortit en trombes du parking. Chicken Nanny lui avait relaté par le menu les habitudes de son mari potentiellement adultère, à quelle heure il partait, quand est-ce qu'il rentrait ... De plus en plus tôt pour le premier, de plus en plus tard pour le second, depuis un mois. Ceci expliquait dont ses doutes. Même si monsieur lui avait affirmé qu'un gros dossier au travail réclamait toute sa présence, bobonne ne l'entendait pas de cette oreille, persuadée qu'il s'envoyait une poule quelconque dans un hôtel de passe. Soit, cela allait se vérifier rapidement.

Procédure classique, elle l'attendit jusqu'à midi devant le bureau de l'entreprise où il travaillait. Il était censé sortir ensuite pour déjeuner. Mais à treize heures, toujours personne. Les heures avancèrent, la blonde résistant contre son menton qui piquait vers une bonne sieste - au moins, le sien n'était pas dédoublé - et rien. Absolument rien. Quand, vers dix-sept heures, elle vit les employés quitter les lieux les uns après les autres, mais pas celui qui l'intéressait, elle décida de prendre les choses en main. Elle n'eut aucun mal à s'approcher de l'accueil et à demander sur un ton tout à fait innocent si "Monsieur Brown pouvait la recevoir". Mine contrariée de la standardiste dérangée dans sa manucure et réponse plate : " Travaille plus ici. " Merci Barbie ! Voilà qui était intéressant ... Sa curiosité enfin piquée, elle retourna dans son bolide du feu de Hawkes - ou pas - et tandis qu'elle tournait la clef, se dit que la journée de demain allait être longue mais enfin un peu excitante. Elle suivrait le type dès la sortie de son domicile et ne lui lâcherait pas le train jusqu'à ce qu'elle comprenne de quoi il retournait.

Cependant, elle n'eut pas à attendre aussi longtemps. Très affairée à chanter le dernier tube de Taylor Swift à tue-tête, elle faillit manquer sa cible alors qu'elle traversait une rue commerçante. Un petit parc jouxtait l'avenue très fréquentée de Bowen. Et il était là. Jouant aux échecs. Il ne s'agissait pas là d'une métaphore douteuse pour dire qu'il tentait de s'offrir les services d'une fille aux moeurs légères, mais bien de l'expression littérale. En costume-cravate, son attaché-case à côté de lui et le séant confortablement installé sur son siège de pierre, Monsieur Brown était concentré sur son prochain coup. Elle s'empressa de se garer et sortit ses jumelles miniatures. " Here you are ... " marmonna-t-elle, toute frétillante, le nez presque collé à la vitre. Non, décidément, la discrétion n'était pas son fort. Si le type ne l'avait pas encore remarqué, d'autres devaient l'avoir repéré à deux miles à la ronde. Non seulement elle avait oublié de baisser le son du poste de radio, mais en plus, elle ressemblait à une mouche géante plaquée à un lampadaire. Perspectives qui ne l'effleuraient même pas, toute concentrée à sa tâche qu'elle était, fomentant déjà tous les scénarios possibles expliquant la présence de sa cible dans cet endroit - exercice cérébral avant d'aller faire la bête à deux dos ? trafic de drogues déguisé en compèt' de pions ? maltraitances conjugales ? Elle poussa même le vice jusqu'à imaginer qu'il était en réalité un super-héros attendant que son oreille supersonique ne résonne du prochain appel au secours. Du n'importe quoi.

Il fallait donc s'attendre à ce qu'elle ne voit pas venir l'intrusion par la portière passager. La voix familière la ramena instantanément sur terre et son nez se cogna à la vitre alors qu'elle sursautait violemment. " Putain de merde ! " lâcha-t-elle avec une grâce incomparable. Elle fixait son nouvel interlocuteur avec de grands yeux ronds, le bout du nez rouge et l'arrière du crâne coincé entre le dos de son siège et la portière. Tendue comme un arc n'aurait pas été suffisant pour décrire sa posture actuelle. Elle était habituée aux poussée d'adrénaline, mais ça, cette vision, ou plutôt cette apparition, même son coeur de sportive ne pouvait pas y résister. Il devait s'être arrêté entre le "Hawkes" et le "Las Vegas". Ou peut-être après le "déjà-vu". Impossible à savoir. Figée et mutique, elle le dévisageait. Mais Charley étant Charley, elle ne tarda pas à retrouver voix et contenance. Cette dernière était légèrement feinte, vu le choc qu'elle venait de subir, cependant, elle donnait plutôt bien le change. " J'aurais dû écouter cette voyante la dernière fois, quand elle me disait qu'une saloperie de fantôme allait revenir me hanter ! " railla-t-elle avec une certaine humeur. Elle eut le bon-sens de couper la musique, enfin. Seul geste qu'elle parvint à articuler sans risquer de se casser quelque chose. " Ou alors, tu es bel et bien vivant et, putain, Matthews, qu'est-ce que tu fous là ?! " Matthews. Liam. Son ancien partenaire, son ex-Boss. Celui qui était parti depuis plus de deux ans, sans mot ni nouvelle et qui, semblait-il, était de retour à Bowen. Ca, elle ne l'avait pas vu venir. Un comble, puisque des deux, c'était elle qui était supposée toujours posséder le sens adéquat.
 
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MessageSujet: Re: Just like before - Charley   Just like before - Charley EmptyLun 16 Mai 2016 - 19:19



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Charley & Liam
Quand Connor lui avait dit que Charley était dans le coin, Liam avait affiché un grand sourire plein d'assurance. Mais au fond, quand il s'était levé et qu'il avait pris la direction de la voiture, Monsieur Matthews s'était mis à ressentir une légère appréhension. Il n'avait pas revu son binôme préféré depuis.... depuis leur unique nuit ensemble. Et quelle nuit ! Après deux ans et demi et d'autres femmes dans son lit, sa mémoire restait toujours aussi fraîche. Tout ça pour dire que le petit ne faisait pas le malin. Ce n'était pas Charley qu'il redoutait, il savait gérer la bête, mais il craignait que son absence ait tout détruit. Il avait changé ces dernières années. Elle aussi, sans aucun doute. Ils n'allaient peut-être pas redevenir de simples inconnus - ils avaient vécu énormément de choses ensemble - mais leur complicité (comprenez par là leur humour stupide et leur habilité à créer les conflits pour des futilités) allait en prendre un sacré coup. Attendez deux secondes ! Liam ne serait-il pas en train de se prendre la tête ? Le jeune homme avait froncé les sourcils face à cette pensée. Décidément, Bowen éveillait l'ancien Liam, celui qui se cassait la tête pour rien ! Afin de contrer cela, il accéléra le pas et entra dans la voiture, sans aucune hésitation.

Alors qu'il s'installa et qu'il commença son speech, il entendit un léger bruit creux, suivie d'une flopée de juron, à laquelle Liam rétorqua : "Quelle grâce ! Quelle douce poésie !". Mais ses lèvres s'étirèrent dans un grand sourire, dévoilant les fossettes qui en avaient fait craquer plus d'une. Il avait eu l'effet escompté. Charley n'avait, semble-t-il, pas eu vent de son retour. Ceux qui avaient vu Liam avaient su tenir leur langue. Et c'était bien mieux comme ça. Le jeune homme tenait à ce que ce soit lui qui reprenne contact avec les gens qu'il aimait particulièrement. C'était son nouveau truc. Fallait bien occuper ses longues journées d'aveugle, hein ! Un silence s'était installé. Liam avait presque envie de répliquer une petite vanne, comme quoi il ne savait pas qu'il lui ferait un tel effet, mais Charley reprit rapidement contenance, en évoquant le fameux fantôme du passé. Finalement, rien ne semblait avoir changé entre eux. La pression était vite retombée chez Liam. Et bizarrement, il se sentait relativement bien. Il était heureux. Et quand il l'était, il avait cette fâcheuse tendance à embêter son entourage. Et là, l'occasion était trop bonne pour la laisser passer. Un bref instant, Matthews se demanda réellement si Charley était allée voir une voyante, elle qui était si terre-à-terre.Si c'était le cas, vous vous doutez bien qu'il allait se foutre d'elle. Pendant un long moment. Mais là n'était pas la question. Sur un ton sérieux, Liam répondit : "Je ne suis pas vraiment là, Hawkes. Je ne suis pas réel. Je ne suis que le fruit de ton esprit quelque peu détraqué, l'expression d'un désir inavoué, ton fantasme le plus profond." Le jeune homme avait la tête tournée vers elle et l'expression de son visage était des plus sérieuses. Il voulait la rendre folle. Il se doutait bien que son apparition était des plus inattendues. Tout portait à croire qu'il n'allait jamais remettre les pieds à Bowen. Et pourtant. Un rire vint cependant vite briser le silence qu'il tentait d'instaurer. Charley avait enfin éteint le dernier Taylor Swift... niveau discrétion, elle allait devoir tout reprendre. Il enchaîna alors : "Bel et bien vivant, comme tu peux le voir !" Mais à sa question, que faisait-il ici ?!, Liam mit un certain temps à répondre. Il ne pouvait pas lui dire "Je me suis marié à Vegas, je reviens vivre ici pour échapper à une pauvre folle...", ce serait peu croyable. Le jeune homme releva le visage et vint poser ses yeux verts vers l'endroit où elle se trouvait. Une lueur malicieuse avait pris place, tout comme ce sourire débile qui ne disparaissait pas. Tout montrait qu'il allait répliquer une connerie. Pas manqué. "Tu me manquais trop, Hawkes ! Tu ne crois quand même pas que j'allais te laisser m'oublier ? Surtout sur une dernière note si positive." Oui, il faisait clairement référence à leur nuit, le tout en gardant son sourire taquin. C'était totalement assumé par Liam. Bien sûr, au boulot, il y avait eu de nombreuses rumeurs, quant à leur relation. Seulement, Matthews avait toujours su remettre les choses dans leur contexte, claquant le bec de ces langues de vipères, mais toujours de manière diplomatique. Il avait toujours été un chef, collègue et policier apprécié pour ses valeurs et sa sincérité. Sans compter qu'il était bien fiancé à l'époque ! Mais au fond, n'y avait-il pas un peu de vérité dans les paroles de Liam ? Souvent, il s'était demandé ce que devenait Charley. Ce qu'ils avaient vécu n'était pas commun. Ils avaient tous les deux subi un traumatisme profond. Il avait ce lien indéfectible avec elle. Et cela, personne ne pourrait y nuire. "Il était juste temps pour moi de rentrer à la maison." reprit-il, plus sérieux, haussant légèrement les épaules. "Bon, alors, quoi de neuf pour toi ?" Ils ne s'étaient pas revus depuis deux ans et demi, et il ne trouvait rien d'autre à dire qu'un quoi de neuf. Comme s'il n'était parti que depuis deux mois.
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MessageSujet: Re: Just like before - Charley   Just like before - Charley EmptyLun 16 Mai 2016 - 22:03


 
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Charley & Liam

 
 
La simple évocation de leur dernière ... conversation, ou disons plutôt, entrevue de grande proximité pour utiliser un joli enrobage dont Charley n'avait pas le secret, la fit rougir jusqu'à la racine des cheveux. C'était bien la première fois que la jeune femme se réjouissait de la cécité son ex-Boss. Ainsi, il ne pouvait pas deviner le malaise qui s'était emparé d'elle alors qu'il raillait presque ce qui s'était passé entre eux. Une fois. Juste une, par tous les saints ! Mais quelle fois ... La blonde n'avait jamais été réputée pour être bien farouche - sauf avec ses collègues, naturellement, on ne mélangeait pas les torchons et les serviettes - et elle s'était déjà abandonnée à un certain nombre de paires de bras. Certaines d'entre elles avaient laissé un meilleur souvenir que d'autres, mais jamais vraiment impérissable. Sauf une. Autant dire qu'elle se serait bien passée de cette réminiscence, qu'elle chassa d'une réplique cinglante : " Je te manquais, hein ?  Une note aussi positive ? Seigneur, y en a qui doutent vraiment de rien ! " Liam sentait-il la tension qui l'habitait ? Il n'avait jamais eu besoin de la voir pour deviner ses émotions, surtout dans les moments où elle les contrôlait mal. Moments plutôt rares si l'on considérait qu'elle avait reçu une formation policière, parée normalement à toute éventualité, de la plus saugrenue à la plus dangereuse. Seulement, il s'agissait de Matthews, compagnon porté disparu depuis si longtemps que jamais, au grand jamais, elle n'aurait cru le recroiser. Le rouge au joues donc. Et la moutarde au nez.

Quelque chose commençait à bouillonner au creux de son estomac et le burrito qu'elle s'était envoyée pour le déjeuner n'avait rien à voir dans l'affaire. Ses affres digestives étaient plutôt dues à son interlocuteur. Matthews avait beau avoir un humour certain et être le genre de bon gars qu'un paquet de minettes à marier aimerait ramener chez maman, il avait, avouons-le, toujours eu un balais coincé dans le fondement. Le surprendre aussi jovial et serein, la fossette creusée au-dessus de son mini-sourire colgate, c'était ... Où était passé le Matthews qu'elle avait connu ? Avec lequel elle avait pratiquement grandi ? A croire que sa retenue avait plié bagages avec lui. Elle n'était d'ailleurs pas certaine que cela lui plaise, alors même que deux minutes s'étaient écoulées depuis leurs retrouvailles. Une petite voix lui soufflait qu'outre le choc et la nonchalance de son retour d'enfant prodigue, la raison initiale de sa colère naissait plutôt dans ... La peur. Soit le sentiment qu'elle détestait encore plus que la tristesse. Ce constat suffisait à la rendre encore plus irrationnelle qu'elle ne l'était déjà d'ordinaire, supplantant la part d'allégresse qu'elle ressentait à le voir de nouveau à ses côtés, dans une voiture. Auprès d'elle tout court. Il lui semblait que les fondations branlantes de son existence s'étaient soudain stabilisées de nouveau. Malheureusement, ce n'était pas assez et le bonhomme était beaucoup trop serein. Preuve en était de son flegme quasi-insultant. Quoi de neuf ? QUOI DE NEUF ? Seigneur donnez-moi la foi, parce que si vous me donnez la force, je lui fais sa fête. pensa-t-elle rageusement. Avait-il occulté le surnom de son ancienne binôme ? Ne sentait-il pas la Tornade se rapprocher ? Planquez-vous sous les tables, les gars, ça va secouer !

Un couinement de faux-cuir et un froissement de tissu, un poids sur les jambes du blond : aucun doute, Charley venait de bouger et s'appuyait sur lui. D'un geste vif, elle tira sur la poignée de la portière passager avant de pousser cette dernière. " T'as raison, Daredevil, il est temps pour toi de rentrer de la maison ! " répondit-elle après un étrange silence pesant, ignorant sa question avant de se redresser brusquement. " Allez pssssht ! Pssssht ! Dehors ! Sors de là ! " intima-t-elle, consciente qu'il ne pouvait pas voir ses mains le chasser tel un insecte encombrant mais qu'il pouvait le deviner grâce à tout l'air qu'elle brassait avec ses grands gestes. " Repasse dans deux ans pour voi... MAIS C'EST PAS VRAI ! " Elle s'était interrompue en donnant un coup sur le volant. Sa cible d'origine - à savoir pépère dans son trois pièces - avait profité de son inattention pour finir sa partie de dominos - enfin d'échecs, mais l'un ou l'autre, hein ... - et s'engouffrer dans un taxi. Elle eut juste le temps de voir le haut de sa moumoute disparaître dans l'habitacle. Hors d'elle, elle ralluma le moteur. " Tu me casses les noix, Matthews ! Pendant que tu me la joues à Jésus redescendu du Paradis, y en a qui bossent et là, y a ma prime qui se fait la malle ! " pérora-t-elle, se penchant une fois de plus, pour refermer la portière cette fois-ci. " Attache ta ceinture, on décolle ! " Et sur ces mots, elle démarra le moteur et s'engagea sur la route. "Décoller" était un bien grand mot si l'on considérait qu'ils étaient en pleine agglomération, sur une avenue remplie de piétons. Sans compter qu'elle ne pouvait pas lui coller décemment au train sous peine de se faire définitivement repérer. De rouge cocotte, elle passa à verte de colère. Seule consolation ? Elle avait le défouloir parfait, sur le siège juste à côté ! " Je te jure, tu me fais halluciner ! Deux ans et demi ! Deux ans et demi, Matthews ! Et te voilà qui te pointes comme une fleur, comme si t'avais juste pris des vacances et que tu pouvais tout reprendre là où tu l'avais laissé ! Mais tu sais quoi ? C'est pas possible ! Peut-être avec les autres, mais pas avoir moi, okay ? Pas avec moi ! Les déserteurs, je les envoie dans mon goulag perso qui s'appelle "adios amigos", tu saisies ? " Lancée dans sa diarrhée verbale coutumière, un oeil sur l'arrière du véhicule qu'elle filait, l'autre sur son ex-Boss, les deux lançaient des éclairs. Encore une fois, inutile de le voir pour s'en douter. " Même pas un au revoir ou je sais pas moi, t'as déjà entendu parler des cartes postales ? " Considérant qu'écrire était devenu légèrement compliqué pour lui, la vanne était quelque peu douteuse. Et insultant. N'empêche que des deux, elle considérait que c'était elle qui avait été trahi, alors oeil pour oeil ... Non sérieux, il fallait arrêter avec les expressions de ce genre. Vraiment. " J'espère que t'as bien profité du rêve américain, pépère, parce que j'ai bien l'intention de te faire vivre ton pire cauchemar dès aujourd'hui ! "

Oh oh ! Miss Hawkes avait-elle suivi les aventures de son ex-partenaire, malgré son désintérêt affiché ? Il semblait que oui. De toute façon, il était de notoriété commune que plus elle s'énervait, plus cela signifiait que sa victime avait de l'intérêt à ses yeux. Oui, bon, on avait les critères qu'on pouvait, hein ...
 
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MessageSujet: Re: Just like before - Charley   Just like before - Charley EmptyMer 18 Mai 2016 - 23:15



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Charley & Liam
Quelle mouche avait donc pu piquer Liam ? Lui qui s'était toujours montré assez pudique - pour ne pas dire prude et coincé - évoquait sans équivoque leur unique nuit de folie. S'il savait que Charley était devenue rouge comme une tomate, il aurait sûrement continué sur sa lancée. Il s'en serait même donné à coeur joie. Mais il se contenta simplement de hausser les épaules, approuvant d'un signe de tête qu'en effet, il ne doutait de rien. Qui ne tente rien n'a rien, disait-on. Bizarrement, il sentait un certain malaise venant d'elle. Bingo ! C'était bien la preuve qu'elle ne l'avait pas oublié malgré ces années d'absence. N'est-ce pas ? Seulement, leur relation ne se résumait pas à une dispute qui s'était résolue sur l'oreiller. Avec Hawkes, c'était plus fort, plus solide que ça. Malgré leurs nombreux différends, leur aptitude à se mettre des bâtons dans les roues et leur façons de voir la vie à des années-lumière l'une de l'autre, Charley et Liam avaient été LE binôme du commissariat. On ne les voyait jamais l'un sans l'autre. Ils avaient beau se tirer dans les pattes, il suffisait qu'une tierce personne s'engage à mettre la zizanie entre eux pour que nos deux policiers se mettent sur la même longueur d'ondes. Ils étaient indissociables. Il la connaissait comme s'il l'avait faite. Et il savait parfaitement où appuyer pour déclencher la bombe. Encore plus à cet instant, où l'explosion était imminente. Un "quoi de neuf". Un simple "quoi de neuf", rempli de nonchalance allait probablement éveiller la Bête.

5... 4... 3... 2... 1 ! VICTOIRE ! Il sentit un poids sur lui et entendit la portière passager s'ouvrir. La Tornade Hawkes était en route. Celle que Liam aimait plus que tout. C'était un poil masochiste, certes, mais cela ramenait Matthews à ces folles années où ils étaient encore flics et qu'ils déclenchaient une troisième guerre mondiale dans les locaux du commissariat. Ah le bon vieux temps. Liam leva les yeux au ciel quand Charley l'affubla d'un surnom méprisant. Daredevil ! C'était petit, ça. Mais alors qu'elle brassait l'air, en lui sommant de sortir de la voiture, le jeune homme répondit, amusé : "Hého, on se calme un peu, Cruella." ça aussi, c'était petit. Mais c'était le pur retour à l'envoyeur (qui a dit que Liam était gamin, hein ?!). Il leva ses mains dans un signe de paix, mais son sourire était toujours aussi provocateur. Il sursauta cependant quand elle hurla dans la voiture. QUOI ? Il comprit, cependant, que cela avait un rapport avec la personne qu'elle suivait. Elle s'appuya de nouveau sur lui pour refermer la porte et le somma de s'attacher. "Bien chef !" répondit-il simplement. Se trouver dans cette voiture, à filer une personne dont il ne connaissait rien, c'était grisant. Cela éveillait en lui ces instincts de policier qu'il avait étouffer. C'était dingue et il suffisait de voir le sourire de benêt qu'il affichait. Alors que la voiture était en marche, ne laissant plus aucune échappatoire à Liam, Charley en profita pour se défouler sur lui et sur ses deux ans et demi d'absence. "P'tain, qu'est-ce que vous avez tous à bloquer sur ces deux ans et demi ?! Ce n'est rien dans une vie, tu sais." Pour Charley, c'était sûrement beaucoup, vu que sa vie avait extrêmement changé en deux ans et demi. Une vie dont Liam n'était pas encore au courant. Pour lui, ces deux ans et demi n'avait rien changé : il était toujours aussi aveugle, aussi paumé, malgré les apparences qu'il se donnait. Pour lui, deux ans et demi, ce n'était vraiment rien. Il soupira, la laissant simplement cracher son venin. Parce qu'au fond, Liam savait qu'il le méritait. Il était parti comme un voleur, tel un goujat. Mais de là à assumer, y avait encore du chemin à faire ! Il lança un regard réprobateur quand elle évoqua les cartes postales. Elle se foutait vraiment de lui ?! Il préféra ne rien répondre, estimant que la bave du crapaud n'atteindrait pas la blanche colombe. Enfin, ce fut surtout parce qu'il faillit faire une crise cardiaque quand il entendit ses dernières paroles. Rêve américain ?! Les yeux de Liam s'écarquillèrent, craignant un instant qu'elle ne soit au courant de sa dernière virée à Vegas. Et donc, de son mariage avec Maya. "Comment tu as su que j'étais aux Etats-Unis ?!" Il fit cependant un signe de la main, l'air de dire "laisse tomber". Il croisa les bras contre son torse et afficha un air bougon, en répliquant : "Fais-moi vivre mon pire cauchemar si tu le souhaites, ça ne me changera pas de d'habitude. Tu as toujours très bien tenu ce rôle." Et BIM ! Combien de fois Matthews avait-il pu dire que Hawkes était son pire cauchemar ?! Il ne les comptait même plus. Elle devait en avoir l'habitude. "En tout cas, je trouve que es un peu trop en colère pour quelqu'un qui dit s'en foutre et qui compte me mettre dans son goulag perso. Ne joue pas à ça avec moi, Hawkes, tu sais que ça ne fonctionne pas." Sa tête était tournée vers elle et l'expression qu'il affichait était des plus sérieuses. Ils se connaissaient beaucoup trop pour se cacher leurs émotions. "Qu'est-ce que tu me reproches au juste ? Je veux bien que tu m'éclaires un peu, parce que là, je ne comprends plus rien. C'était clair et net que nos chemins allaient se séparer ce fameux soir. Où est donc le problème ? C'est d'être parti comme un voleur ? Si c'est le cas, j'en suis désolé, je n'aurai pas dû agir de cette manière. Mais si c'était à refaire, je le referai de la même façon. Je n'étais pas prêt à te dire au revoir." Voilà, c'était dit.
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MessageSujet: Re: Just like before - Charley   Just like before - Charley EmptyDim 22 Mai 2016 - 18:49


 
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Charley & Liam

 
 
Charley en colère, c'était comme une de ces chansons entêtantes dont les radios vous rabattaient les oreilles à longueur de journée pendant des semaines entières. A part éteindre le poste, porter des cache-oreilles et faire le dos rond le temps qu'un autre artiste remplace le précédent, il n'y avait pas grand-chose d'autre à faire pour y échapper. Pourtant, tandis que les tubes de l'été faisaient des millions de victimes non-consentantes chaque année, il y avait fort à parier que Matthews était plutôt de celles atteintes du Syndrome de Stockholm. Non parce que sinon, que serait-il venu fabriquer dans cette voiture ? Si lui avait visiblement changé, il aurait dû se douter qu'au moins à ce niveau, son ancienne co-équipière n'aurait pas mis beaucoup dans son vin. On parlait de Charley Hawkes, là, tout de même ...

De toute façon, il n'avait pas l'air particulièrement perturbé par son petit accès de rage. Il eut même l'indécence de repousser les reproches de la blonde sur son départ précipité d'une petite réplique en mode ohlala ! deux ans c'est pas la fin du monde !. Charley enserra le volant à s'en blanchir les phalanges, ravalant les pensées qui lui venaient. Il n'avait pas idée à quel point deux années pouvaient représenter énormément dans certaines existences. Il ne savait visiblement pas qu'elle était la sienne depuis qu'il était parti. Aussi avait-elle préféré continuer sur des reproches et autres menaces en s'écartant de ce sujet glissant. Déjà fébrile, elle n'avait aucune envie de perdre le peu de contrôle qu'il lui restait. Assurer qu'elle allait tout simplement continuer à se passer de sa présence ou, pour peu qu'elle soit en forme, lui faire vivre un enfer lorsqu'ils se croiseraient, lui paraissait moins dangereux. Avec un peu de chance, notre homme se contenterait d'en rire et continuerait dans son nouveau mode de pensée à base de hakuna matata sans chercher la confrontation. A croire que cet imbécile avait rencontré un phacochère et une mangouste durant son périple et qu'il s'était transformé en putain de hippie aux cheveux gras. Elle risqua une oeillade vers lui. Bon, en tout cas, il avait l'air de s'être lavé récemment ...

Bien évidemment, chassez le naturel et il revenait vous caracoler aux fesses tel un hippocampe magique. Liam n'avait pas tenu son indolence fort longtemps. Aussi assurément qu'il avait l'art et la manière de la faire sortir de ses gonds, la jeune femme savait où trouver le bouton pour réveiller les vieux démons de son ex-Boss, même si, pour le coup, elle ne l'avait pas vraiment fait exprès. Elle n'avait pas réfléchi à la réaction que ses paroles pourraient avoir sur lui, tout simplement parce qu'elle était beaucoup trop occupée à déchaîner ses propres émotions. Néanmoins, elle ne fut pas surprise. Elle avait beau clamer le contraire, leur relation reprenait telle qu'ils l'avaient laissé. Ou plutôt, tel qu'il l'avait laissé. En plan. Sans remords. " Je le sais, c'est tout. " répondit-elle vertement à sa question sur les USA, sans s'étendre, relevant cependant la défensive sur laquelle il s'était mise. Comme il reprenait, elle n'eut heureusement pas le loisir de se justifier ni de creuser son comportement. Elle se crispa un peu plus, sa bouche ne formant plus qu'un mince trait hargneux. A présent, Liam était plus sérieux qu'un pape. Il n'avait plus envie de jouer. Il faisait bien, considérant que sa comparse n'en avait pas la moindre envie.

Le problème était que, non seulement il l'avait percé à jour en affirmant qu'elle n'était pas aussi détachée de lui qu'elle le disait, mais qu'en plus, il menaçait de faire fondre sa rage en continuant à discourir de la sorte. Non pas que notre Tornade fut en train de se calmer. Jésus, cela aurait été bien trop simple que l'ex-flic se contente de l'écouter et de prendre du recul ! Ou de se montrer adulte, tout simplement. Au contraire, elle sentait son humeur belliqueuse supplantée par l'autre sentiment honnis ... La peine. Nos chemins allaient se séparer ce soir-là, J'en suis désolé. Autant d'extraits choisis qui perçaient son épaisse carapace formidablement construire et s'approchaient dangereusement de son coeur. Le coup de grâce vint lors de la dernière phrase. Un aveu inattendu. Pourtant lancée en pleine avenue, la blonde pila, faisant résonner un concert de klaxons derrière elle. Alors que le silence s'était installé dans l'habitacle, seulement entrecoupé par les nuisances extérieures et leurs respirations, elle remit la marche avant et opéra un brusque mouvement de volant pour se garer sur le bas-côté. " T'étais pas ... Prêt ? " Son interrogation ahurie était un véritablement grondement, à l'image du tonnerre s'abattant en pleine campagne. Sa repentance et sa sincérité ne semblaient pas suffire à éteindre le feu qu'il avait ranimé. " Attend que je comprenne bien : t'étais pas prêt à me dire au revoir, par contre tu l'étais tout à fait pour prendre le premier avion et te tirer à l'autre bout du globe ! N'y aurait-il pas une espèce de manque de logique dans ton raisonnement ? Ou alors t'es le seul à qui ça échappe ? Non, non, par pitié, ne répond pas. Juste pour une fois dans ta vie, ferme-la, Matthews. " Bien que hargneuse, Charley était rarement insultante envers lui. Elle avait un respect indéfectible pour Liam, qu'importait son état de santé ou ses actes. Elle devait vraiment être à bout de nerfs pour en arriver à une telle extrémité. Extrémité trahie par le tremblement dans sa voix. " Et tu oses me demander ce que je te reproche. Tu le referais de la même manière, hein ? Mais refais-le alors ! Tire-toi ! A quoi tu t'attendais, bordel ? " Encore un coup rageur sur le volant. Pourtant, elle reprit. Un ton plus bas, les syllabes déchirées par les fêlures de son assurance qui partait dans l'eau agitée. " Peut-être que pour toi c'est pas grave, peut-être que pour toi, deux ans et demi, c'est rien. Pas pour moi. T'as pas la moindre idée de tout ce qu'il s'est passé. Tu peux pas savoir parce que t'étais pas là. Tu m'as abandonné, Matthews. Et je parle pas de cette nuit - de toute façon, je veux pas en parler, ça a pas d'importance. Je parle de toutes ces années ensemble, de tout ce qu'on a partagé, de tout ce que tu représentais dans ma vie et que tu as dégagé en claquant cette porte. En ne disant pas au revoir. Je te déteste. Je te déteste pour tout ce que j'ai traversé sans toi. Je te déteste d'être revenu. "

Réflexe d'auto-protection, elle alla réfugier son flanc contre la portière, mettant un peu plus de distance entre eux, s'éloignant de lui autant que l'espace le permettait. Son compagnon devait se douter de ce qu'il lui en coûtait de faire de tels aveux, elle qui dissimulait ses faiblesses par le rire ou la nonchalance. Fragilité ne rimait pas avec Charley.

Pourtant, cette fois, elle ne lui avait pas demandé de sortir.
 
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MessageSujet: Re: Just like before - Charley   Just like before - Charley EmptyLun 23 Mai 2016 - 0:50



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Charley & Liam
La Tornade était lancée, prête à tout détruire sur son chemin et à nourrir le certain masochisme de ce cher Matthews. C'était à croire qu'au travers de ses paroles, il cherchait à déclencher une troisième guerre mondiale. Au fond, il n'était pas aussi bête qu'il ne laissait paraître. Il savait qu'il avait tort. Il savait qu'il était fautif dans l'histoire. Qu'en deux ans et demi, tout pouvait changer. Mais cela l'amusait de voir la belle blonde s'énerver contre lui. Enfin, amuser était un bien grand mot. Liam ressentait un poids à l'estomac qui lui prouvait que son calme apparent et son je-m'en-foutisme étaient bien trop gros pour être vrai. Il était et restait une bombe à retardement. Il fallait juste savoir où appuyer pour qu'il laisse de côté le hippie pacifiste qu'il pensait être devenu. Qui mieux que Hawkes pouvait tenir le rôle de celle qui appuie sur le détonateur ? Elle avait le don pour le faire passer d'un extrême à l'autre, pour éveiller en lui une avalanche de sentiments. En apprenant qu'elle était au courant de son escapade aux Etats-Unis, Liam était passé de la surprise, à la crainte, puis à la colère, pour finir sur une ignorance gracieusement feinte. Même si son regard était noir, ses lèvres pincées et son air renfrogné. Il ne manquerait plus qu'il marmonne dans sa barbe et le tour serait joué. Tout serait comme avant, même si l'un et l'autre se bornaient à croire que leur relation avait changé. Soit.. Comment avait-elle bien pu savoir cela ? Liam se sentait surveillé, chose qu'il détestait plus que tout. Mais bon, il lui posera la question plus tard. A vrai dire, ils avaient d'autres chats à fouetter, bien plus importants qu'une vague virée à Vegas.

Le ton était sérieux. Le sourire provocateur avait disparu des lèvres de Liam. Hawkes était la Tornade. Lui, c'était le Scanner. Liam était un empathique. Il savait déceler les émotions chez une personne et les déchiffrer. Cela avait été une qualité appréciable au sein du commissariat. Et encore plus avec Charley. Parce qu'il savait déchiffrer les malaises derrière sa colère. Comme à cet instant, où il savait pertinemment qu'elle était de mauvaise foi et qu'elle n'était pas aussi indifférente qu'elle le disait. Le vrai Matthews était enfin de retour, bien décidé à mettre à plat ce qu'il avait sur le coeur. Dans cette histoire, il avait l'impression d'être le méchant goujat qui avait pris ses clics et ses clacs, tel un voleur en fuite. Il fallait redorer le blason. Et pour cela, il sortait les grands moyens : sincérité, excuses, remise en question et tout le tralala. Ce n'était pas une vague tentative de manipulation, dans l'espoir de la faire fondre, comme il le faisait bien souvent avec la gente féminine ces derniers temps. Non, rien de tout ça. Pour le coup, il était vraiment honnête. Il avait ce besoin irrépressible de lui donner sa version. Il ne s'attendait pas à ce qu'elle lui saute dans les bras. Si elle pouvait le comprendre, ce serait déjà bien assez pour lui. Alors qu'il termina sa phrase par un "je n'étais pas prêt à te dire au revoir", la voiture s'arrêta dans un freinage brusque. Le corps de Liam fut balancé en avant, retenu par la ceinture de sécurité. Un juron s'était échappé de ses lèvres alors qu'il lui lançait un regard réprobateur, le souffle court. Oui, Liam était devenu quelque peu peureux en voiture. Devait-il lui rappeler qu'elle avait déjà failli les tuer ?! Un étrange silence s'était installé entre eux. Allait-elle déposer les armes ? Liam eut un mauvais pressentiment, comme s'il savait que cela ne suffirait pas. Il serra les dents en l'entendant gronder, prêt à affronter la furie Hawkes. Pourtant, s'il y avait bien une chose dont il ne s'attendait pas, c'était cette subite agressivité dans la voix et les paroles de la jeune femme. Elle lui disait de la fermer ! Il n'avait jamais entendu autant de violence dans ses paroles, ce qui choqua fermement Liam. Il ouvrit la bouche, afin de répliquer de manière cinglante, mais il se ravisa à temps. Cela ne mènerait à rien de bon. Il lui hurlerait dessus. Et elle, elle crierait encore plus fort. Ce serait un vrai dialogue de sourds... déjà qu'il était aveugle, pas la peine d'en rajouter.

Le jeune homme était silencieux. Venaient-ils d'atteindre un point de non-retour ? Liam sentait qu'elle était à bout. Il l'entendait dans sa voix. Une voix tremblante. Hawkes avait la voix tremblante ! Il baissa la tête quand elle relança l'assaut, à coup de "tire-toi". Il n'aurait jamais cru que ces paroles puissent faire autant de mal. Il encaissa la suite de ses paroles, secouant la tête pour montrer qu'il n'était pas d'accord avec ce qu'elle disait. "Je te l'accorde, je n'ai pas la moindre idée de ce qu'il s'est passé pour toi en deux ans et demi. Mais je ne demande qu'à en savoir davantage et tu le sais bien. Par contre, s'il y a bien une chose que je refuse d'entendre, c'est le fait de t'avoir abandonné. Soyons honnête, notre relation avait pris un drôle de tournant. Et je ne parle pas non plus de cette nuit. Qu'est-ce que tu attendais de moi, Charley ? Que je reste afin d'être ton joujou ? Afin d'être ta bonne action de l'année ? Regarde cette virée à la plage, où tu voulais que l'on joue à la balle. Certes, c'était bien marrant sur le coup, mais avec le recul, tu trouvais cela normal ? Moi, non. A tes yeux, je n'étais plus le flic qui te saoulait. J'étais devenu ton boulet. Et tu ne t'en rendais pas compte. Alors oui, je suis parti. Mais c'était pour mieux revenir. Je n'avais pas le choix, Charley. Soit je partais de Bowen, soit je finissais avec une balle dans la tête." Pour le coup, c'était Liam qui mettait des mots sur ce qu'il ressentait. Il se mettait clairement à nu, pour la première fois. Après son accident, il avait eu les idées noires. Il était au bord du gouffre. Et Charley n'aurait pas pu le ramener à la raison. Ni elle. Ni personne. Parler de tout cela était difficile, il reprit donc bien vite : "J'ai pensé à moi avant tout et je ne voulais pas remuer le couteau dans la plaie en disant au revoir aux gens que j'aime. ça ne me pardonne pas, je le sais. J'aurai dû être là, à affronter tout ça avec toi, à te soutenir. Mais je n'en avais plus la force. Et je m'en excuse sincèrement." Liam avait toujours été un roc, qui portait sur ses épaules de lourdes charges. Mais il était arrivé un temps où il ne supportait plus tout ça. Charley avait été une victime collatérale. Eux qui s'étaient bouffés le nez, avaient secrètement rêvé de voir l'autre muter à l'autre bout du pays, étaient décidément bien plus proches qu'ils ne le croyaient. "Tout ce que l'on a vécu ensemble, tu sais, ça ne s'oublie pas. Je ne sais pas ce que tu as traversé, mais je veux que tu saches que je suis là maintenant. Même si tu me détestes. Même si tu n'as plus confiance. Après, si tu veux vraiment que je disparaisse de ta vie, dis-le moi et je partirai." Ce n'était pas une vaine envie de faire du mélodramatique. On sentait que Liam était honnête, même si cela lui coûtait de tirer un trait sur Charley. Mais il tenait trop à elle et lui portait bien trop de respect pour aller à l'encontre de ses envies... Il respecterait ses choix, quoiqu'il advienne.
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MessageSujet: Re: Just like before - Charley   Just like before - Charley EmptyLun 23 Mai 2016 - 13:30


 
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Charley & Liam

 
 
La jeune femme ne s'était jamais vraiment interrogée sur tous les événements qui s'étaient présentés à elle durant ces deux années. Lorsque Liam avait disparu, elle avait tenté d'en faire de même. Elle avait vingt-sept ans à peine, réalisait que le job qu'elle exerçait par passion, espérait depuis qu'elle était enfant, n'avait plus le même sens que quand elle s'était engagée dans la police. Le lendemain du départ de Matthews, elle avait regardé sa plaque accrochant les rayons du soleil tourner entre ses doigts et avait cherché les raisons qui auraient encore pu la pousser à la porter fièrement. En vain. Alors, elle avait posé son congé. Elle avait prévu plusieurs mois de voyage à travers toute l'Australie, envisageant même de traverser l'océan pour découvrir d'autres cultures. Sauf qu'elle avait atterri à l'hôpital à peine deux mois plus tard. La sentence n'avait pas tardé à tomber : elle était enceinte. Elle avait le choix. Le personnel avait été très gentil, très compréhensif, sans jugement aucun. Son premier réflexe avait été d'appeler Alex, son frère, avant de se raviser. Comme pour la plupart des choses, Charley avait décidé de s'en débrouiller toute seule. C'était sa décision. A l'image de toutes celles qui avaient suivi, toutes celles qu'elle avait prises, au jour le jour, pour son bien et celui de son fils. Si elle trouvait qu'elle ne s'en sortait pas trop mal et si elle avait été très bien entourée, elle devait bien avouer qu'en bonne hyperactive légèrement fuyarde sur les bords, elle n'avait pas pris le temps pour une petite introspection ou, simplement, se retourner pour analyser ce qu'elle avait accompli.

Ceci expliquait donc pour beaucoup sa réaction, ainsi que ses débordements soudain. La réapparition de son ex-coéquipier la confrontait à ces peurs et à ces doutes qu'elle taisait derrière un sourire ultrabright et un optimisme à toute épreuve. Il avait ce don-là, cette capacité que même les gens les plus proches d'elle ne possédaient pas. Parce qu'ils s'étaient connus à dix-huit ans, parce qu'ils avaient traversé le meilleur et le pire ensemble pendant près d'une décennie, ils étaient liés par quelque chose d'indéfectible. D'innommable et incomparable. Elle ne pouvait pas se protéger de lui. Aussi, dans le fond, son absence l'avait peut-être même légèrement arrangé. Qui n'est pas là ne peut pas vous atteindre se serait-elle dit si elle avait été en état d'avoir une pensée philosophique.

Au moins la laissa-t-il s'épancher sans l'interrompre. Bon, il n'avait pas eu trop le choix, mais disons qu'il aurait aussi bien pu crier plus fort, finalement. D'autres ne s'en seraient pas privés. Au lieu de ça, il l'avait écouté. Et il répliquait. La souffrance n'était, a priori, pas unilatérale. Tandis qu'il se confiait sur son état d'esprit les semaines qui avaient précédé son départ précipité, elle le dévisagea, interdite. Les propos avaient beau être vrais, ils n'en restaient pas moins blessants pour la blonde. Blessée de ne pas avoir compris dans quels abîmes son co-équipier était en train de se perdre. Peinée qu'il ait pu croire qu'elle l'ait considéré comme le boulet de service ou sa B.A. de l'année. Elle ouvrit la bouche pour mieux se raviser. C'était au tour du jeune homme de se laisser aller. En disant au revoir aux gens que j'aimais. Elle ravala un soupir, sentant l'étau de sa poitrine se desserrer légèrement. Il ne s'agissait pas du genre de choses qu'ils se disaient. A dire vrai, ils n'avaient jamais eu ces mots l'un pour l'autre, ou du moins, jamais à voix haute. Ils s'étaient contentés de se le prouver à leurs manières toutes particulières. L'entendre était différent. Etrangement ... Réchauffant. Elle s'empressa de se redresser pour chasser cette impression quelque peu inconfortable et se concentrer sur le reste de ses confidences. Il ne lui en voulait pas. Elle n'avait qu'un mot à dire et il sortirait de cette voiture. Elle pourrait reprendre son existence sans lui et n'avoir plus rien à craindre. Rien de plus simple. Pourtant, seul le silence répondit à Liam.

Cette fois, elle échappa un soupir résigné.
Charley avait au moins une qualité dans son mauvais caractère : aussi vite elle s'emportait, aussi vite le souffle de la tempête pouvait retomber.
Et mieux que personne, son ex-Boss savait parfaitement comment y faire.

" Dis pas n'importe quoi. " marmonna-t-elle finalement, un brin boudeuse. " Je t'ai promis que je ferais de ta vie un cauchemar et ça va être drôlement compliqué si je te demande de sortir de la mienne. Imagine que je devrais te courir après pour mettre mes plans à l'oeuvre ... Non, franchement, j'ai pas de temps à perdre avec ça. Donc, tu vas gentiment rester là et puis c'est tout. " Un sourire. Oui, c'était bien un sourire qu'il devinait dans sa voix, même si elle se retenait de l'afficher sur ses traits. " Ah et dernière chose, mon cher petit déserteur méchu : quoi que tu en penses et peu importe ce que tu crois, tu n'as jamais été un boulet pour moi. Jamais. Merci de te mettre ça dans ta petite tête de mule. "

Alors qu'elle prononçait ces derniers mots, la sonnerie d'un téléphone se mit à raisonner dans l'habitacle. Un vieux tube des Spice Girls. Jésus, Hawkes n'avait décidément aucune pudeur. Sans s'émouvoir, elle répondit et enclencha le haut-parleur par réflexe. Grand mal lui en prit. Enfin, surtout pour ce pauvre Matthews qui eut droit à un beuglement digne d'une Banshee en pleine crise de vengeance : " MISS HAWKES ! ICI MADAME PADDINGTON DE LA CRÈCHE ! " Petit filet de sueur froide. Ohlala ... Ca schlinguait à dix miles. " Madame Paddiiingtoooooon ... " roucoula-t-elle. Oui, Charley roucoulait. De pire en pire. " ... Que puis-je pour vous ? " La réponse ne se fit pas attendre. " VENIR CHERCHER VOTRE FILS IMMÉDIATEMENT AVANT QU'IL NE TRANSFORME LA SALLE DE JEUX EN ZONE DE GUERRE ! TOUT DE SUITE ! " Elle déglutit avec tellement de difficulté que cela s'entendit par-dessus le tumulte qui régnait derrière la directrice. Des cris d'enfants, beaucoup de rires surtout. " Ouiiii Madame Paddington, j'arriiiiiiive ! " Elle raccrocha. " J'étais sûre que j'avais oublié sa compote ! Ça doit être Bagdad là-bas ! " ajouta-t-elle, à l'adresse d'un Matthews ahuri cette fois. Et soudain, elle réalisa. " Ah oui, puisque tu voulais savoir ! J'ai un petit garçon, Sasha. Et comme tu as pu l'entendre, je dois aller le récupérer prontissimo. Bien sûr, tu peux encore descendre de cette bagnole, ou alors tu m'accompagnes en territoire ennemi. C'est toi qui vois, mais décide-toi vite, Madame Paddington n'est vraiment pas le genre qu'il faut faire attendre ! " Alors, lequel des deux était le plus surpris maintenant, hein ?
 
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MessageSujet: Re: Just like before - Charley   Just like before - Charley EmptyVen 27 Mai 2016 - 23:01



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Charley & Liam
La colère de Charley avait clairement remis Liam à sa place. Sa fausse nonchalance avait disparu au profit d'une brusque prise de conscience : la vie pouvait changer du tout au tout en deux ans et quelques. Même si cela, Liam le savait déjà au plus profond de lui. Peut-être avait-il simplement peur de ne plus pouvoir s'intégrer dans la vie de ses amis, de sa famille ? En disparaissant du jour au lendemain, certains avaient probablement fini par l'oublier, par le remplacer. Et il ne pouvait pas leur en vouloir. C'était de sa faute, tout simplement. Pourtant, il avait ses raisons, que peu - pour ne pas dire personne - ne connaissait. Malgré son accident, malgré que sa vie avait été bouleversée, Liam avait toujours gardé la face. Mais intérieurement, c'était le néant. Il n'avait été que colère, tristesse et mal-être. Il s'était laissé dévoré. Comment vouliez-vous qu'il soit un roc pour Charley ? Même s'il serait resté, il ne lui aurait rien apporté de bon, même si cela faisait dix ans qu'ils se connaissaient, même s'ils avaient énormément partagé au boulot, même s'ils se connaissaient sur le bout du doigt. Et même s'ils avaient vécu le même drame. Tout cela les avait rapproché, certes, mais ils étaient restés malgré tout en décalage. Il avait mieux fait de partir. Pour lui. Comme pour elle.

Mais aujourd'hui, il avait été temps de mettre des mots sur leurs maux. Elle avait explosé. Il avait répondu. Ils avaient mis à jour ce qu'ils gardaient depuis bien trop longtemps. Liam l'avait écouté et tentait de la comprendre. Bizarrement, Charley semblait faire de même face à la tirade de Matthews. Pour le coup, il pensait qu'elle allait répondre à coup de réplique cinglante. Mais pour la première fois depuis des années, Liam s'était confié sur ses sentiments les plus intimes. Charley semblait respecter cela et il la remerciait. Il n'aurait pas apprécié qu'elle ne rétorque, de toute façon. C'était ses impressions, sa vision de leur relation post-accident. Et s'il ne lui avait pas dit au revoir, c'était parce qu'il n'en avait pas la force. Elle était son repère à Bowen. Sa binôme de toujours et à jamais. Elle faisait partie des personnes qu'il aimait profondément ici. Et ça, ce n'était pas des choses qu'il disait d'habitude. Certes, les années passées ensemble, leurs fous rires et leurs disputes futiles témoignaient de leur affection, mais de là à le dire... Liam avait toujours voulu rester pro. Aujourd'hui, il n'était plus le supérieur hiérarchique. Il était l'ami. Il était celui qui était prêt à disparaître de sa vie si elle le demandait. Pourtant, le jeune homme avait le coeur serré, déchiré face à la simple idée de lui dire au revoir. Le silence de Charley n'aidait pas. Il se demandait à quelle sauce il allait être manger. En entendant un soupir, Liam plissa des yeux, s'attendant à une nouvelle foudre ou pire encore, à un "va-t'en" empli de froideur. Rien de tout cela. Charley s'était radoucie. Il avait oublié à quel point elle pouvait redescendre aussi vite. La blonde était impulsive, pas hargneuse. C'était peut-être pour cela qu'il appréciait autant son sale caractère. Il l'écouta avec attention et sans s'en rendre compte, un sourire vint se dessiner sur ses lèvres. Un sourire sincère, pas de façade comme ceux qu'il avait affiché jusqu'à présent. "Puisque c'est si bien demandé, je vais rester là gentiment. Je ne veux quand même pas ruiner tous tes plans machiavéliques, ce serait un tel gâchis." Leurs paroles étaient redevenues légères, même si Charley lui fit une nouvelle confidence qui réchauffa le coeur de Liam. Il n'était pas son boulet. Il allait lui falloir du temps pour l'assimiler, mais c'était déjà un bon début. Il préféra ne rien répondre, estimant qu'il valait mieux se taire. Il avait les muscles engourdis, comme s'il était resté tendu tout au long de leur conversation mouvementée. La tempête était passée et Liam se sentait léger, ayant un poids en moins sur le coeur. Cela allait-il durer ? Il l'espérait sincèrement.  

Ce fut à cet instant que le téléphone se mit à sonner. Un vieux tube des Spice Girls envahit l'habitacle du véhicule. On ne savait pas ce qu'il y avait de pire : Hawkes qui avait une telle sonnerie ou alors Liam qui s'était mis à fredonner la mélodie. Pour le coup, ils étaient au même niveau. Charley décrocha et une voix tonitruante se fit entendre, arrachant un sursaut à ce pauvre Liam qui allait probablement finir avec un coeur en miettes avant la fin de la journée. Matthews n'était même étonné que Charley mette le haut-parleur. A l'époque où ils bossaient ensemble, ils ne se gênaient pas de passer des coups de fil, même si l'autre se trouvait à côté. A force, Liam avait fini par ne plus écouter ce qu'il se disait. Mais ici, un mot, un simple mot l'interpella : "crèche". Charley gardait des gamins ?! Le jeune homme reporta toute son attention sur l'appel, même s'il gardait un air détaché, pour faire croire qu'il n'écoutait pas réellement la conversation. Mais quand il entendit cette fameuse Madame Paddington demander à Hawkes de venir chercher son fils, Liam tourna brusquement la tête vers elle, la mine déconfite. Il était clairement sous le choc, se permettant même de lâcher un : "QUOI ?!" Charley était maman. C'était bien la nouvelle inattendue pour Liam. Non pas qu'il ne la voyait pas mère... enfin... si... cela restait étrange. Quand elle lui affirma qu'il avait encore le temps de descendre de la voiture, il secoua la tête et fit un signe de la main pour l'intimer à redémarrer. Là, il ne pouvait pas descendre de cette voiture sans en savoir plus. Il garda son air de benêt ahuri pendant quelques secondes, avant de reprendre : "Tu as un fils ?!" C'était une question rhétorique, bien sûr. Il avait juste besoin de se remettre du choc. "Mais comment tu as fait ?!" A travers cette question,  Matthews ne voulait pas qu'elle lui fasse tout un discours sur la reproduction. Il avait juste du mal à trouver les bons mots. Il avait parfois tendance à oublier que Charley était une femme, dans la fleur de l'âge, ravissante. Même si cela était dérangeant pour Liam de l'imaginer dans les bras d'un homme. Du calme, vieux. "Ce n'est pas ce que je veux dire. C'est juste que... euh... c'est totalement inattendu. Enfin... Je comprends mieux quand on me disait que tu avais une vie bien remplie." Il se mit à rire. Mais c'était un rire jaune, plein de gêne. Et quand il était gêné, Liam perdait tous ses moyens. Pourtant, il tenta de garder contenance en lâchant : "Ne me dis pas que tu as aussi la bague au doigt, le parfait petit mari, la jolie petite maison et le chien, parce que là, je commencerai à me demander si c'est bien Hawkes que j'ai devant moi." Il afficha un sourire de façade, qui se voulait provocateur, mais cela ressemblait plus à une grimace qu'autre chose. Il inspira un bon coup, se passa la main dans les cheveux puis sur la nuque, comme pour se calmer. Il reprit de nouveau, plus sérieux : "Alors, tu as un petit Sasha... C'est joli comme prénom. Et du coup, il a quel âge ce bonhomme ?" Liam s'intéressait vraiment à l'enfant. Il fallait dire qu'il avait toujours rêvé de fonder sa propre famille. Avec Tara, c'était devenu une évidence. Aujourd'hui, c'était plus difficile, même si cela restait un projet à long terme. "Et l'heureux papa, je le connais ?" Ah Matthews et ses questions...
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MessageSujet: Re: Just like before - Charley   Just like before - Charley EmptyLun 30 Mai 2016 - 1:16


 
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Charley & Liam

 
 
Charley jubilait. Non, décidément, il n'y avait pas d'autre mot pour qualifier sa réaction lorsqu'elle surprit la mine complètement abasourdie de son ex-coéquipier. Il fallait dire qu'après le tour qu'il lui avait joué en se pointant comme une fleur, il avait bien mérité celui-ci ! Bon, elle avait pensé qu'il était tout de même un petit peu au courant de ce qu'elle avait fabriqué de son côté, genre renseignements a minima avant de jouer les enfants prodigues, mais il semblait qu'il avait perdu quelques réflexes. Ou plutôt, quelques bases. Néanmoins, elle n'allait pas s'en plaindre. Le voir se décomposer de la sorte n'avait pas de prix. Peut-être même aurait-elle échangé un ticket gagnant au loto contre sa tronche déconfite ... Ou pas. Ou si. C'était tellement fendard.

Enfin, ça, ce fut sa réaction avant qu'elle comprenne ce que cette révélation fortuite allait impliquer. Elle se surprit à louer - pour la seconde fois en moins d'un quart d'heure - sa cécité. De cette manière, il ne pouvait pas voir ses lèvres tordues par une grimace contrariée. Peu douée en anticipation et toujours par monts et par vaux, la blonde n'avait pas pris la peine de se demander comment elle réagirait si Matthews se pointait un jour ou l'autre et qu'elle devrait répondre à la demi-douzaine de questions qu'il allait lui poser. Aux comptes qu'elle allait devoir le rendre. Obtuse, elle était persuadée que la situation ne se présenterait pas. Genre, jamais. Jamais de jamais. Faire plus stupide et surtout, plus irresponsable, était difficile. Malheureusement, Charley n'était pas quelqu'un de très mature et la maternité n'avait pas beaucoup arrangé ce trait de personnalité. Son ressentiment envers ce pauvre Liam avait éclipsé tout le reste. Et maintenant, il fallait qu'elle improvise.

Aussi, deux choix s'offraient à elle. Au stade où ils en étaient niveau confidences, elle pouvait aussi bien continuer sur sa lancée et l'aplatir de révélations, pour peu que le coeur de son ex-Boss y résiste et leur relation aussi. Ou alors, elle s'en tenait à son plan de départ, celui qu'elle pratiquait avec pratiquement tout le monde. Ce qui signifiait, dire ce qui l'arrangeait - une jolie expression pour "mentir". Est-il utile de préciser pour laquelle elle opta, là, sur le tas ? Miss Autruche de Bowen avait plus d'un tour dans son sac. Puisque mister méchu ci-présent avait décidé de la suivre dans son périple vers la crèche de Madame Paddington, elle redonna un coup de volant afin de rejoindre l'avenue. Sa cible première avait depuis longtemps filé dans son joli taxi, mais qu'importe : elle lui mettrait la main dessus dès le lendemain, maintenant qu'elle avait chopé quelques informations dignes d'être exploitées. Une autre bataille l'attendait. Ou plutôt, elle faisait déjà rage. Ah, il pouvait avoir rendu sa plaque celui-ci aussi ! Il pouvait aussi avoir omis de s'intéresser à ce qu'il avait raté en son absence ! Cependant, chassez le naturel il vous colle au train, il n'avait pas oublié sa curiosité quasi-maladive. Quoi que le mais comment tu as fait ?! avait un goût un peu amer. " T'es pas un peu vieux pour que je te fasse le discours sur les fleurs et les abeilles ? " railla-t-elle, purement rhétorique. Son ton était bien plus léger que ses pensées. Son esprit tournait à cent à l'heure, anticipant les parades qu'il allait falloir placer aux moments opportuns. Un brin crispée, elle restait attentive. Il ne l'aurait pas.

Il eut la décence de gentiment reprendre sa question. Elle comprenait aisément sa surprise. La jeune femme n'était pas de celles qu'on imaginait avec un môme dans les pattes, plutôt le style à gravir des montagnes et après des dealers jusqu'à la retraite, pour finir "mémé à chats" avec sa carabine, son rocking-chair et son déambulateur. Tiens, un déambulateur, ça pourrait être utile pour une infiltration ça ... Par tous les saints, Hawkes, reprend-toi ! Elle se secoua, vite ramenée à la réalité par le rire - et le malaise ? - de son interlocuteur. Il s'interrogeait sur la vie qu'elle menait, avec qui et si elle ramassait les crottes d'un labrador. Mais pourquoi est-ce qu'il grimaçait, cet imbécile ? Non parce que, non seulement l'imaginer au lit avec quelqu'un - comme s'il n'y était pas passé, hein - semblait une hérésie, mais en plus, elle ne pourrait pas mener une petite vie bien tranquille avec l'homme de son choix ? Bah dis donc, il se mouchait pas du coude, celui-ci ! Inconsciente qu'elle interprétait mal son attitude, elle se renfrogna. " Bah non, rassure-toi, Matthews, y a pas. Enfin, y a bien mon frère qui passe faire la lessive et le dîner de temps à autre, mais j'ai jamais trop été branchée inceste donc on va dire qu'il y a que Sasha et moi, dans un cinquante mètres carré au troisième sans ascenseur. " Elle lui jeta un regard à la dérobée. Matthews n'avait pas l'air dans son assiette, bien qu'il se reprit assez rapidement. Sasha l'intéressait beaucoup. Un peu trop, même. " Presque deux ans. " répondit-elle à sa prochaine question, éludant habilement le thème du je parle en mois et en tailles de couches comme toutes les autres mères qui organisent des goûters d'anniversaire et comparent les vomis de bébé pendant les réunions tupperware. D'ici qu'il se mette à faire ses petits calculs, elle allait finir en nage. Surtout qu'il n'en avait pas fini ! Agacée, elle répliqua : " Ma parole, mais t'es retourné dans la police et tu m'as rien dit ou quoi ? " Allez hop, ni vu ni connu je t'embrouille, je te réponds pas et en plus, je change de sujet dès que je peux. A l'image des fast-food et de leurs sandwichs, Charley avait elle aussi ses classiques incontournables. " On est arrivés ! " Oui bon, pour une si faible distance, ils auraient aussi bien pu s'y rendre à pied, hein.

Elle s'éjecta plus qu'elle ne sortit de la voiture, avant de la contourner, pour venir ouvrir la portière passager. Vu l'empressement qu'elle avait mis à s'expulser sa l'habitacle, elle avait forcément une idée derrière la tête. " Grouille, Agent Z ! Ton Agent J a vraiment besoin de toi sur ce coup-là ! " Après Daredevil, on en revenait aux bons vieux classiques. Un peu moins insultants, pour le coup. Elle ne fit pas mine de l'aider à descendre, se contentant de refermer derrière lui. S'il avait su ce qui l'attendait, le pauvre ... Elle prit tout de même la peine de le guider jusqu'à ce qu'ils rentrent dans le petit hall. C'était la débandade, là-dedans. Des petits monstres déboulaient de tous côtés, poursuivis par des assistantes maternelles dépassées. Si les gosses semblaient s'amuser comme des petits fous, il n'en allait pas de même pour les adultes. La blonde était tellement fichée qu'elle eut droit à son lot de regards noirs entre deux cavalcades. " Ohlala, qu'est-ce que je vais prendre ... " geignit-elle, se rapprochant instinctivement de Liam. Maudits réflexes. Ils ne devraient pas avoir disparu après tout ce temps ? " Vous voilà ! " s'exclama une Madame Paddington échevelée, sortie de la fameuse salle de jeux. Elle avait l'air furibarde, elle toujours tirée à quatre épingles, les mèches qui s'échappaient de son chignon lui donnaient un air démoniaque. Cependant, elle afficha une mine fort intéressée à la vue du blond accompagnant Charley. " Je vois que vous êtes enfin venue avec ... " Ah non ! Pas ça ! La ferme Cruella ! " Avec mon cousin, oui ! " s'empressa-t-elle de l'interrompre. " Je devais justement passer la journée avec lui et l'emmener faire ses courses hebdomadaires lorsque vous m'avez appelé. Vous comprenez, avec son handicap ... " Si un regard pouvait tuer, nul doute que celui de son compagnon l'aurait sans doute fait. Enfin, peut-être, elle se gardait bien de vérifier sa réaction. Aucune envie de se faire foudroyer sur place. La directrice, en revanche, se radoucit considérablement malgré le chaos qui régnait autour d'elle. " Je ... Bien sûr, je comprends. Si vous pouviez juste récupérer Sasha, nous attendons les autres parents et je voudrais pouvoir rentrer chez moi avant le dîner. " La jeune femme sourit de toutes ses dents. " Bien sûr, bien sûr ! " roucoula-t-elle - oui, encore. Par contre, une fois sur le seuil de la salle de jeux, une sorte de champ de bataille miniature, elle reprit sur un tout autre ton. " SASHA HAWKES ! MAMAN TE CONSEILLE DE RAMENER DES JOLIES PETITES FESSES DANS LA SECONDE AVANT QUE TU NE PRENNES LA PUNITION DE TA VIE ! " gronda-t-elle avec une telle autorité qu'un silence de mort plomba l'ambiance. Elle adorait plomber l'ambiance. Une passion comme une autre.

Pendant que Madame Paddington chargeait Liam des affaires du fils Hawkes et, tiens donc, essayait de lui faire du gringue, Charley comptait jusqu'à trois en levant les doigts. A "un trois quarts", Sasha avait déjà pointé le bout de son nez en matant le bout de ses petites baskets. Sans un mot mais les yeux embrasés de colère, elle l'attrapa, le cala sur sa hanche et rejoignit les deux tourtereaux. Déjà passablement énervée, elle eut l'envie aussi étrange que subite d'en coller une à la directrice. Le calme revenait dans la crèche, pas chez la blonde. " A demain, Madame Paddington. " Alors qu'elle aurait dû lui signifier qu'il était hors de question que la bestiole caracolante et semeuse de troubles remette un orteil dans son antre, Paddington-hypnotisée-par-notre-méchu lâcha un "oui, oui ..." absent et leur souhaita une bonne fin de journée. Grognasse. Incapable de tenir son crew et trois bambins de moins de trois ans et ... Du calme, Charley, du calme ! Elle reprit le chemin de la voiture d'un pas un peu moins hargneux, la tête blonde de Sasha réfugiée dans son cou. Il ne perdait rien pour attendre, mais avant, elle devait quelques mots à son pas-si-ex-partenaire. " Merci, tu viens de m'épargner des jours de galère à essayer de lui trouver une autre crèche. J'avais oublié à quel point il suffisait que tu leur souris pour que certaines tombent comme des mouches. " Etait-ce une once de jalousie qui tintait là ? Allons, juste un petit reste de colère et de sa dose d'adrénaline, rien de plus. N'est-ce pas ?
 
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MessageSujet: Re: Just like before - Charley   Just like before - Charley EmptySam 4 Juin 2016 - 19:02



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Il avait failli la perdre. Il avait VRAIMENT failli la perdre. Liam s'en était rendu compte en entendant la dureté des paroles qu'elle avait eu à son encontre. Charley et Liam se disputaient souvent, n'hésitaient pas à dire à quiconque les entourant qu'ils se détestaient, mais tous savaient qu'en réalité, ils étaient inséparables. C'était une relation à la "je t'aime, moi non plus". Sauf que, cette fois-ci, le "moi non plus" aurait pu être définitif. Même s'il était parti pendant quelques temps, le jeune homme avait du mal à imaginer sa vie sans elle. Elle était son double, même s'il n'était pas capable de le dire à haute voix. Bref... ils revenaient de loin. L'orage était passé et l'électricité était retombée. Liam se sentait bien. Mais avec Charley, chaque minute passée avec elle pouvait déclencher un tournant capital. Ce qui fut le cas avec cet appel téléphonique. Coïncidence ou pas, c'était à croire que Liam devait être au courant de LA grosse nouvelle qu'elle lui lâcha comme une bombe. Elle avait un fils. Charley était maman. Ce qui était sûrement la chose dont il s'attendait le moins. Liam était abasourdi, c'était clair. Et Charley devait jubiler. Il en était certain. Mais ces deux ans et demi sans se côtoyer avaient sûrement dû faire oublier une chose à Charley : Liam était d'une curiosité sans faille. Il fallait s'attendre à un tas de questions de sa part. Maladroitement, certes, il s'était étonné de la maternité de la jeune femme de manière peu conventionnelle. Forcément, elle se ficha de lui, mais il répliqua au tac-au-tac : "C'est gentil, mais je pense maîtriser le sujet." Le tout avec un grand sourire de contenance et un haussement de sourcil qui voulait tout dire. Heureusement, il reformula ses propos. Afin d'éviter un nouveau scandale et afin de ne pas lui montrer qu'il était réellement perdu face à cette nouvelle. D'un ton qui se voulait léger, il lui demanda si elle avait toute la panoplie de la femme parfaite au foyer. Le mari, y compris. Si elle venait à répondre par la positive, Liam ne savait pas comment il pourrait réagir face à cela. C'était étonnant, mais il avait du mal à l'imaginer dans une relation sérieuse avec un homme. Non pas que Charley ne méritait pas une telle chose, loin de là, mais c'était difficilement digérable pour Liam. Ils ne s'étaient jamais vraiment tournés autour. Mais face à leur dernière "entrevue", il était indéniable qu'il y avait eu de l'attirance entre eux. Peut-être en avait-il toujours eu finalement mais leur guéguerre avait tout envoyé valser d'un revers de la main ?! Tout ça pour dire que s'il y avait un "Monsieur Hawkes", Matthews aurait du mal à trouver sa place près d'elle. Elle finit par lui répondre et Liam ne rétorqua rien, si ce n'est qu'un sourire se dessina sur ses lèvres. Il n'y avait qu'elle et Sasha. D'un côté, il en était content. De l'autre, il espérait que le père était tout de même présent pour le petit. C'était la moindre des choses. D'ailleurs, elle finit par lui lâcher l'âge du petit. Liam fronça les sourcils, l'air songeur alors qu'il répéta : "Presque deux ans ?" Inconsciemment, il s'était mis à calculer. Et si... non , impossible. Elle ne lui laissa pas le temps d'en arriver à une conclusion. Elle détourna la question concernant le père, ce qui n'échappa pas à Liam : "Oh ça va. Tu me reproches de n'être au courant de rien, alors je demande. Ceci dit, tu n'as pas répondu à ma question." lui lança-t-il avec un sourire qui signifiait clairement qu'il ne lâcherait pas le morceau. Pourquoi voulait-il tant connaître l'identité du père ? Si ça se trouvait, il ne le connaissait ni d'Eve, ni d'Adam. Il n'eut pas le temps d'insister davantage puisqu'ils arrivèrent à destination. Sauvée par le gong, Charley.

Il descendit de la voiture, levant les yeux au ciel quand elle changea sa référence cinématographique. Elle lui avait déjà fait le coup des Men In Black, ils en revenaient au même point qu'avant. Avant tout ce qu'il s'était passé, l'accident, le départ de Liam, tout ça quoi. "Agent Z, fidèle au poste." se contenta-t-il de répondre. Elle eut au moins la décence de le guider jusqu'au hall de la crèche. Quand ils passèrent la porte, tout n'était devenu que cris, hurlements, rires. C'était l'anarchie totale. Liam sentait beaucoup de mouvement autour de lui. Un petit vint même s'accrocher à sa jambe en hurlant. Quand l'assistante maternelle l'attrapa, Liam lâcha : "Mon envie d'avoir des enfants vient de prendre un sacré coup !" Un rire vint ponctuer sa phrase, puis il sentit que Charley s'était rapprochée de lui, en geignant. Il s'apprêta à lui lancer une réplique cinglante mais une nouvelle voix se fit entendre. Madame Paddington sans aucun doute. Liam la salua et garda son sourire sur les lèvres, bras croisés contre son torse, attendant que Charley s'en prenne plein la tête. Il manquait plus que les pop-corn. Mais c'était sans compter sur l'aptitude de Hawkes à vous retourner la situation. Elle le présenta comme son cousin. SON COUSIN ! Et pire encore, elle le fit passer pour l'handicapé de service. Liam arqua un sourcil, mais aucun regard noir de la part du jeune homme. Comme s'il avait une idée derrière la tête. Pas manqué. Il afficha sa meilleure tête de lover, passa son bras sur les épaules de Charley et rétorqua, sur un ton suave et charmeur : "En effet, qu'est-ce que je ferais sans ma cousine... ?!" S'il était vraiment son cousin, eh bien, la jeune Hawkes mènerait de drôle de relation avec lui. Il poussa le vice jusqu'à faire glisser sa main le long du dos de la jeune femme, reprenant : "Allez, va donc chercher ton fils !". L'expression de Liam était malicieuse, l'air de dire, "tu l'as bien cherché ma petite !". Charley quitta alors Liam et Madame Paddington. De nature sociale, l'ex-policier engagea la conversation avec la directrice. Il sortait tout l'attirail : grand sourire charmeur, rires et le tralala. Elle semblait charmée, même si elle évoqua Sasha comme un enfant assez agité. Sur le coup, Liam rétorqua : "C'est bien le fils de sa mère." Puis, bien sûr, il défendit Charley, jouant un peu trop sur le côté mélodramatique. "vous comprenez, Charley vit seul avec son fils. Le père les a quitté sans scrupules. Certes, elle est brute de décoffrage mais c'est une femme bien et je sais que vous le savez. Ne les laissez pas tomber." Tout était exagéré, parfaitement calculé. Mais il voulait assurer les arrières de son ex-partenaire. Bien sûr, ce fut à cet instant que Charley se mit à beugler contre Sasha. Un silence de mort se fit entendre. Liam, lui, avait l'impression de revenir en arrière. C'était du déjà-vu. Il se mit donc à rire, haussant simplement les épaules avant de se retourner vers Madame Paddington qui lui lâcha, après quelques secondes de silence : "C'est dingue. Sasha a le même sourire que vous." Pour le coup, le jeune homme fut quelque peu déboussolé, se contentant simplement de répondre : "Oh, c'est de famille." Heureusement, Charley revint vers eux, saluant la directrice. Liam garda son sourire charmeur, la saluant à son tour et quittant la crèche en suivant Hawkes. Arrivés à la voiture, la jeune femme le remercia. "Y a pas de quoi !" Mais ses paroles suivantes le firent sourire. Il les faisait tomber comme des mouches et ça, Charley l'avait bien remarqué. Amsué, il répondit : "Tu ne serais quand même jalouse ? Ton cousin a du succès, tu devrais t'en réjouir. Surtout que cette Madame Paddington est très sympa. Ou devrais-je dire Elena. Cinq minutes de plus et j'avais son numéro." Il en rajoutait un max, mais c'était amusant. "T'inquiètes, mon coeur t'appartient. A jamais, Hawkes." Il leva les yeux au ciel, malicieusement, avant de reprendre plus sérieusement. "Bon, tu me présentes le nouvel homme de ta vie ?" Bah oui, il était temps de faire connaissance avec le bout'chou.
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MessageSujet: Re: Just like before - Charley   Just like before - Charley EmptyLun 6 Juin 2016 - 2:11


 
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Charley n'appréciait pas beaucoup Madame Paddington. Déjà, parce que son chignon lui tirait tellement les traits qu'on aurait dit qu'elle s'était fait lifter les pommettes jusqu'au derrière des oreilles, mais aussi parce qu'elle représentait à peu près tout ce que l'ex-flic n'était pas. Autrement dit : organisée, stricte, la réussite faite femme et tout le bazar. En plus, la bonne femme était drôlement bien conservée pour son âge et, elle en était sûre, à cinquante balais, elle, elle commencerait à s'affaisser de partout. La vie était injuste. Néanmoins, jusqu'ici, elle n'avait pas particulièrement eu l'envie de lui coller autre chose que de grands sourires mielleux sous le nez. Sasha était un gentil garçon mais il avait malheureusement hérité du côté hyperactif de sa chère mère. Tandis que cette dernière était infichue de garder un travail, elle avait aussi dû se battre avec les gardes d'enfants de Bowen pour que son fils ne soit pas black-listé de partout. Madame Paddington avait fait fi de leur réputation commune assez peu engageante et acceptait bien davantage que la plupart d'autres responsables. En somme, elle lui devait beaucoup, tout comme elle devait à Buddy, son patron actuel, de pouvoir payer ses factures et donner un semblant d'existence confortable à Sasha.

Alors pourquoi éprouvait-elle le besoin impérieux d'aller tirer sur la tignasse de cette pauvre Madame Paddington ?

La réplique de Matthews sur l'effet qu'il avait fait à celle-ci n'aida en rien sa mauvaise humeur. Se renfrognant, elle lui lâcha un : " Bah je t'en prie, tu connais le chemin maintenant ! " tout à fait puérile. Bon, d'accord, elle l'avait cherché - le présenter comme son cousin, joli traquenard made in Hawkes, n'avait pas été très malin de sa part - mais tout de même ! A croire qu'il le faisait expr... Evidemment qu'il le faisait exprès, ce grand imbécile ! Ainsi qu'il l'a déjà été précisé, son ancien Boss avait l'art et la manière d'appuyer là où il fallait, juste pour le plaisir de la faire sortir de ses gonds. Et elle tombait dans le panneau. Encore. Elle décida donc que l'ignorance était encore la meilleure forme de mépris et s'apprêtait à l'ignorer de toute sa superbe lorsqu'il lâcha la phrase. LA phrase, même. En majuscules et accompagnée d'un air goguenard dissimulé sous un sourire charmeur qui la laissa complètement pantoise. Jésus, Marie et Jojo', qu'avez-vous fait de notre Matthews ? Dans quels abysses avez-vous précipité cette pauvre âme ? L'homme qu'elle avait connu, un brin emprunté - toujours ce rapport au balais, tout ça - ne se serait pas permis ce genre de plaisanterie. Normalement, c'était Hawkes qui s'en chargeait dans leur duo pas-si-mal-assorti ! Mon coeur t'appartient. Non mais vraiment, sur quelle planète avait-elle été catapultée à l'insu de son plein gré ? Secouant la tête, elle se reprit. Non sans une belle grimace faussement dégoutée assortie que, à son grand regret, son compagnon ne pouvait voir. " C'est ça, et la marmotte ... Garde tes répliques de comédie romantique pour cette chère Elena, je suis sûre qu'elle y serait très sensible ! " A savoir si Sasha avait senti que sa mère aurait pu continuer un moment à ce train-là, toujours est-il qu'il choisit ce moment pour enfin manifester sa présence. Il releva le nez de son épaule, plantant ses prunelles dans celles de Charley d'un air accusateur. " Maman ? 'Ai faim ? " Fichue compote.

Son intervention eut le mérite de détourner le sujet. Soudain, Liam se montra aussi intéressé qu'il l'avait été dans la voiture. Exception faite que, ce coup-ci, elle ne pouvait décemment pas trouver une pirouette digne de ce nom. Pourquoi aurait-elle du, d'ailleurs ? Il avait beau avoir fait le mort pendant plus de deux ans, il restait une personne importante dans la vie de la blonde et il était tout à fait normal qu'il veuille connaître celle qui, désormais, surpassait toutes les autres. " Sasha, dis bonjour à Tonton Liam ! " L'enfant scruta l'étranger avec une mine perplexe. Il en avait déjà pleins, des tontons ! Tonton Leo, tonton Alex, tonton Woody ... D'où il sortait, celui-ci ? " Tonton 'iam ? " Charley acquiesça, persuadée qu'il en resterait là. Non pas qu'il soit particulièrement farouche, mais il restait un petit bout, à l'attention fort limitée. Un papillon serait passée dans le coin que cela aurait suffi à le faire changer de cible. Sauf qu'outre le fait qu'aucun insecte n'eut le bon sens de se pointer à ce moment-là, il continua de fixer Matthews de ses grandes billes lumineuses. Et, avec le plus grand naturel du monde, tendit ses bras potelés vers celui-ci en s'exclamant : " Tonton 'iam ! " Moment gênant. Tout en retenant l'anguille qui tentait de s'extirper de son étreinte, la jeune femme expliqua : " Il ... Euh ... Il veut que tu le prennes dans tes bras. Je crois. " On ne pouvait pas dire que Sasha fut en position d'avoir des exigences, au regard des récents événements. Cependant, pour une raison obscure, Charley ne se sentit pas la foi de lui refuser cette effusion. Il fallait dire que, pour son âge, il avait une sacrée force ! Contrainte et forcée, elle s'approcha de son ex-coéquipier et glissa le bambin contre lui. Elle resta relativement proche, au cas où Liam ferait partie de cette secte très répandue des allergiques aux enfants et qu'il le lâche sans crier gare. A aucun moment elle ne se dit que sa cécité pourrait être un handicap dans cet exercice périlleux. Sasha non plus. Avec le manque de pudeur caractéristique des mômes, il se mit à lui tripoter le nez, la bouche, la barbe ... A dire vrai, cet instant avait un petit côté émouvant. Son fils n'était pas aveugle, lui, pourtant, il agissait comme si il n'avait que le toucher pour apprendre à connaître son nouveau copain. La mère ne retint pas son sourire. " Et bah ... On dirait que tu lui plais bien ! Enfin, fais gaffe qu'il n'ait pas une bille qui traîne dans une de ses menottes, il serait capable de te la coller au fond de la narine. " Du Hawkes tout craché. Ou comment vous faire retomber une ambiance solennelle en quelques syllabes.

Elle n'avait seulement pas très envie de s'abandonner aux émotions contradictoires qui l'assaillait. Chacun savait qu'elle était bien plus à l'aise avec la légèreté, la nonchalance. Et puis avouons qu'imaginer Matthews se faire enfoncer un objet dans le nez était quand même vachement drôle.
 
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MessageSujet: Re: Just like before - Charley   Just like before - Charley EmptyLun 6 Juin 2016 - 18:55



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Il sentait que Charley était de mauvaise humeur. Comme d'hab' dirait-il. Mais au lieu d'arranger les choses, il en rajoutait des tonnes et des tonnes pour l'embêter. Il avait deux ans à rattraper, autant commencer au plus vite. Alors qu'il jouait sur l'effet qu'il avait eu sur Madame Paddington qui, en soi, ne l'attirait pas réellement - sauf s'il avait eu vingt ans de plus - Liam fut hautement amusé par la réaction de la jeune femme. Il ne répondit rien, se contentant simplement de lui lancer un sourire complice. S'il ne connaissait pas Charley, il aurait tendance à croire qu'il y avait une pointe de jalousie dans son attitude. Mais cela semblait invraisemblable pour ce cher Matthews. Comme s'il y avait de la jalousie entre eux !! Quelle bonne blague. Liam avait décidément la mémoire courte - ou des œillères, au choix - puisqu'il avait lui-même ressenti une once de jalousie en l'imaginant en couple. Un instant de faiblesse, vous dirait-il. Pour autant, il continua sur ses plaisanteries en sortant une phrase niaise à souhait. Il aurait pu sortir le fameux "Si tu sautes, moi je saute pas vrai ?" de Titanic, film qu'il avait dû voir un tas de fois avec ses copines. Sauf qu'il s'endormait toujours avant que le bateau ne tape l'iceberg, alors bon... Il n'était pas le Louis Aragon des temps modernes, c'était certain, mais cela partait d'une bonne intention, même si son expression était clairement moqueuse. Il prit même la peine de finir sa phrase, en murmurant : "... met le chocolat dans le papier d'alu." C'était ça aussi un partenaire, ça finissait les phrases de l'autre. Il leva les yeux au ciel quand elle lui rappela Elena, se contentant de répondre par un lourd soupir non dissimulé. Heureusement, Sasha choisit ce moment-là pour intervenir. Sauvée une nouvelle fois, Charley.

Il était d'ailleurs temps de faire connaissance avec lui. Le jeune homme esquissa un sourire quand elle le présenta comme Tonton Liam. De cousin, il passait à tonton. Il montait en grade, dis donc. Ceci dit, c'était la façon la plus simple de le présenter, même s'il se doutait que ce petit Sasha devait avoir des tontons et des tatas à tire-larigot. Liam lâcha un "bonjour Sasha" tout jovial. Le jeune homme avait lui-même deux neveux. Son frère aîné avait, en effet, un fils de quatre ans et un autre de deux ans. Bien qu'il venait à peine de rencontrer le deuxième, il avait quand même eu le temps de côtoyer le premier. Et cela s'était bien passé, même s'il n'était pas aveugle à cette époque. Il tendit la main, en disant "tape dans la main !" afin de lui apprendre à faire un check. Il se mit à rire quand il sentit la petite main de Sasha taper brièvement dans celle de Liam. C'était un bon début. Mais la suite, il ne l'avait pas vu venir. Sasha voulait venir dans ses bras. Ni une, ni deux, il se retrouva avec le garçonnet dans les bras. Bizarrement, Liam s'en sortit plutôt bien. Il ne le tenait pas comme un sac à patate et ne semblait pas raide comme un piquet. Au contraire, il semblait plutôt cool. Le jeune homme était heureux, voire même ému, de connaître le fils de Charley. Il ne pouvait qu'être content pour son ex-partenaire. Elle avait un enfant adorable. Un enfant qui posa alors ses petites mains sur le visage de Liam. C'était un moment émouvant, qui se passait de mots. Par ce geste, Liam avait l'impression d'être lié à Sasha, parce que le petit agissait de la même manière que lui. Le sourire de Liam était parlant, même s'il avait actuellement la main de Sasha plaquée su son oeil gauche. Il se mit à rire en entendant les paroles de Charley, rétorquant : "Ah bah au moins, j'ai le mérite de plaire à l'un des Hawkes, et ce, dès la première rencontre." Oui, pour le coup, il faisait clairement allusion aux années de "conflits" qu'il avait eu avec Charley. Il poussa le vice jusqu'au bout en s'adressant directement à Sasha : "Tu sais, j'ai bien galéré avec ta mère !" Mais le regard de Liam n'était pas plaisantin. C'était de la nostalgie. Ils en avaient fait du chemin, ensemble. Le moment émouvant prit cependant fin quand elle lui conseilla de faire attention à Sasha, sous peine de finir avec une bille dans la narine. Liam la regarda, l'air de dire, "tu es sérieuse sur ce coup-là ?", avant de rire, un peu moins rassuré quand même.

Mais ce fut à cet instant que Sasha se mit à gigoter contre lui, allant jusqu'à se pencher en arrière, comme tous les gamins le faisaient. Liam lâcha alors une exclamation de surprise, ayant quand même eu un sacré réflexe en ramenant une main ferme sur le dos de Sasha. Mais le mal était fait pour Liam. Il avait eu peur de le lâcher. Cette peur qu'il venait de ressentir, il la ramena directement à son handicap. Et tout retomba d'un coup. Le jeune homme sentit l'angoisse monter en lui, s'empressant de s'approcher de Charley, en lui disant : "Reprends-le, s'il te plaît." Pour le coup, Liam ne faisait plus son malin. Son expression le trahissait : il était paumé. Et triste, surtout. Il venait de se rendre compte qu'il ne serait jamais capable de s'occuper d'un enfant, que ce soit un neveu, l'enfant d'un ami, un cousin ou même son futur enfant. Ce dernier point était sensible. Il n'en aurait jamais. Elle était bien loin l'image de la famille qu'il s'était forgé pendant quelques années. Il serait incapable de tenir un foyer. Il ne pourrait pas être un père rassurant, apte à protéger son entourage. Il recula de quelques pas, dépliant sa canne blanche, la main tremblante. "Je... Il faut que j'y aille. Désolé." Et sur ces mots, il s'éloigna, prenant la première direction, sans vraiment savoir où il mettait les pieds. Il devait fuir. Tout simplement.
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MessageSujet: Re: Just like before - Charley   Just like before - Charley EmptySam 11 Juin 2016 - 23:44


 
Just like before
Charley & Liam

 
 
Charley avait déjà vu son ex-partenaire sourire. Souvent. Ils ne s'étaient pas toujours disputés, déchirés, envoyés des chaussettes sales ou des tasses de café - en carton - à la figure, ils avaient eu aussi de très bons moments. La jeune femme gardait des souvenirs terriblement nets, stupidement émouvants, de toutes ces journées et toutes ces nuits qu'ils avaient passé ensemble en patrouille. Et une fois, dans un lit. Tout ce qu'elle avait réprimé ces deux dernières années surgissait et tentait de déborder. Lorsque Matthews se moqua gentiment, bien que nostalgique, du chemin qu'ils avaient dû parcourir pour en arriver à une telle scène, elle ne put réprimer un léger rictus. A mi-chemin entre la douleur et l'amusement sincère. Indécise. Elle aimait le voir sourire. Elle aimait l'entendre rire. Et en même temps, oui, c'était douloureux. Parce que tout n'avait pas été dit. Parce que s'il savait ... " Arrête ou il va croire que sa mère est une harpie ! " le rabroua-t-elle avec une fausse mauvaise humeur. Il pouvait entendre le sourire dans sa voix. L'émotion également. L'espace d'un instant, Charley se demanda quel portrait ils offraient, tous les trois, Sasha dans les bras de 'Tonton Liam', ce dernier l'air épanoui et elle, les joues stupidement creusées comme si un chérubin s'était fait dégager du paradis et lui était tombé sur la tronche. Elle devait paraître ridicule. Ou alors, ils étaient mignons. Impossible de dire quelle hypothèse était la pire.

Mais il fallait bien revenir sur Terre, n'est-ce pas ? Ce petit goût acidulé, un peu coloré, petite lumière au bout d'un long tunnel d'incertitudes ... Tout ça, ça ne pouvait pas durer. Elle vit Sasha commencer à s'agiter, se pencher dangereusement en arrière. Matthews eut la réaction parfaite, tout à fait naturelle. D'ailleurs, elle ne devait pas en attendre moins de lui puisqu'elle ne fit pas mine de se ruer vers le bonhomme. Semblait-il qu'elle avait davantage confiance en lui, malgré tout, que lui en ses propres capacités. Elle le surprit s'assombrir brusquement avant qu'il ne lui demande de récupérer l'enfant. " Liam ? " Il arborait une mine torturée, perdue. On n'était loin de celle, si détachée et tranquille qu'il lui avait présenté lors de leurs retrouvailles. Tout à coup, elle retrouvait le partenaire qui l'avait quitté, l'homme sans attaches ni espoirs qui ne croyait plus en rien. Elle fronça les sourcils. Elle le connaissait. Il savait parfaitement ce qui allait se produire. " Liam. " répéta-t-elle, cette fois-ci sur un ton d'avertissement. Loin de se mettre à chouiner, Sasha observa son nouveau Tonton. Avait-il compris lui aussi ? Probablement. Ce gosse était d'une intelligence rare. Au moins n'avait-il pas récupéré que les mauvais côtés de sa mère.

Naturellement, cela ne manqua pas. Il déplia sa canne, commençant déjà à s'éloigner. Non content d'être aveugle, il pouvait également être un sourd exemplaire ! La blonde soupira. " Liam ! " Deuxième et ultime répétition. Malgré son appel, elle ne bougea pas, se contentant de le regarder s'éloigner. Il ne servait à rien de le suivre. Il allait la rabrouer, se renfermer un peu plus. Aucune communication n'était possible avec un Matthews dans cet état. La seule chose à faire était de le laisser partir afin qu'il rumine dans son coin et ressorte la tête de l'eau seul. Ou du moins, sans elle. Intrigué, Sasha demanda : " Qu'est-ce l'a Tonton 'iam ? " Charley reporta son attention sur lui tout en haussant les épaules. " La réalité, sweety. Quand elle te prend en grippe, les retombées font toujours un mal de chien. " Le visage de Sasha s'éclaira. " Chien ?! Où ?! " Nouveau soupir. " Je t'adore, mais tu es déprimant parfois, tu peux pas imaginer. " le rabroua-t-elle avec douceur. Et sarcasme aussi. Sasha était habitué et continuait à sourire béatement. " Allez, viens, on rentre à la maison. " Elle ouvrit la porte arrière, déposant Sasha dans son siège auto. Après l'avoir sanglé, elle contourna l'habitacle. Néanmoins, juste avant de retrouver son propre siège, elle ne put s'empêcher de regarder la silhouette de Liam s'éloigner derrière elle. La bouche légèrement tordue, un infime goût de regret sur la langue, elle se dit que la prochaine fois, on ne l'y prendrait plus. Ou certainement que si. Impossible de dire quelle hypothèse était la pire.
 
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