La ville lumière + Fleur

Il se moquait bien, en vérité, que Fleur soit hétéro ou bien bi-sexuelle, ça n'était pas important pour Léo et puis le problème était le même au fond, elle était seul et cette solitude lui pesait. Il lui traversa l'esprit que la jolie française était peut-être trop idéaliste, la preuve elle semblait s'accrocher à lui bien qu'il n'ait rien de bon à lui offrir, bien qu'il l'ait déjà déçu par le passé, elle revenait à lui et le bouffait des yeux. C'était un peu dérangeant, bien que soit toujours agréable de se sentir admiré par une femme, Léo n'aimait pas l'idée qu'elle attende quelque chose de lui, ça le mettait mal à l'aise parce qu'elle serait déçue au final et puis qu'il allait culpabiliser. Il sourit en baissant la tête lorsqu'en bel esprit de contradiction, Fleur argumenta qu'il n'était jamais trop tôt, elle n'avait peut-être pas tort, c'était une question de point de vu. Ne trouve pas quelqu'un qui te fera du mal juste pour avoir l'impression de vivre quelque chose. Elle s'arrêta instant pour le dévisager, Léo resta interdit un instant, sans savoir quoi faire, avant de comprendre qu'elle cherchait une quelconque réaction de sa part. Il soupira doucement et s'approcha d'elle, la pris doucement dans ses bras, il avait l'envie de la secouer, de lui faire comprendre qu'elle devait arrêter d'espérer, mais il était gentil et ne voulait pas la briser alors au lieu de ça il referma ses grands bras autour d'elle et la serra avec douceur, preuve de la grande tendresse qu'il éprouvait toujours pour elle, le geste pouvait porter à confusion mais il n'en était pas conscient.

La question de Fleur le pris un peu de cours, Léo hésita un instant. Non elle ne lui faisait pas de peine, du moins pas en mode pitié, il avait de la peine pour elle parce qu'il était certain qu'elle pourrait trouver l'amour, dans les bras d'un homme bien, ou d'une femme, peu importait, qu'elle pourrait être heureuse. Et qu'à ce moment là elle oublierait son coup de coeur stupide pour lui, qu'elle se rendrait même compte qu'il n'était pas si parfait que ça, elle perdait son temps à espérer qu'il ouvre les yeux sur un amour qu'il n'éprouverait jamais à son encontre. Il aurait bien voulu la mettre dans son lit, ça il voulait bien l'avouer, même si ça ne serait pas correct. Et oui, il avait beaucoup d'affection pour elle et des souvenirs très tendre des moments agréables passés avec la jeune française, mais ça n'allait pas au delà de ça, jamais ça n'airait. Ne dis pas ça, c'est ton côté fleur bleue, ça te va bien. Sans mauvais jeux de mot. Il allait lui faire un bisou sur le front, enfin la partie qui n'était pas couverte par son bonnet, mais elle releva la tête et Léo, dans son élan fut à nouveau pris au dépourvu. Alors il atterri sur ses lèvres. Ce fut furtif, juste le temps qu'il comprenne ce qu'il leur arrivait, rapidement il éloigna sa bouche de la sienne. Mais le mal était fait. Déjà elle se serrait plus contre lui pour ne pas lui laisser le loisir de fuir et puis elle s'ouvrit à lui, pour cette ultime sortie qui fit très peur à Léo. Il se détacha alors d'elle, la tenant à bout de bras face à lui, histoire qu'elle puisse bien le regarder en face. Arrête ça Fleur. Arrête de te... de t'bercer d'illusions. On ne sera jamais ensemble. Il soupira en baissant les yeux, il avait conscience qu'il allait endosser le rôle du parfait connard, encore une fois, mais il n'avait pas vraiment le choix. On a eu notre beau moment, ici, tout près, à quelques rues, c'est vrai ! Et c'était chouette ! Mais on avait quinze ans ! J'peux pas te laisser croire qu'on vivra un jour quelque chose d'aussi fort parce que ça n'arrivera pas. Moi je suis passé à autre chose, je ne t'aime plus, plus comme ça. J'suis un homme à présent, plus un gamin plein de rêves. J'ai un fils né d'une histoire chaotique et bien loin du compte de fées. Et puis j'aime une fille, une femme... oui je l'aime et je ne compte pas me réveiller un jour et me rendre compte que j'ai laissé passé ma chance avec toi. Parce que je sais que ça n'arrivera pas. Et tu devrais en prendre conscience toi aussi. Ne m'attend pas, il n'y a rien à attendre de moi. Termina-t-il en la lâchant enfin, abattu par tant de choses qu'il devait dire mais qu'il savait douloureuses pour la douce Fleur.

Il ne pouvait s'empêcher de penser que Fleur était une gamine, dans sa façon de penser, d'espérer, de croire qu'il était une sorte de prince charmant ou quelque chose de cette trempe là, non, il était loin de cette image là, tellement loin. Soupirant alors qu'elle tentait de fuir et qu'il aurait dû la laisser partir, s'aurait été plus simple, Léo agrippa tout de même sa main. Parce qu'il savait qu'elle pleurait déjà, qu'il lui avait fait du mal et qu'il ne supportait pas le poids de cette responsabilité. Elle aurait pu se débattre, lui hurler dessus, le gifler peut-être s'aurait été plutôt mérité. Pourtant elle ravalait ses larmes et parlait avec douceur, la mine haute et fière de celle qui ne s'avouait pas vaincue. Elle avait une naïveté en elle qui la rendait touchante. Jamais Léo ne pourrait s'en éloigner totalement, il avait besoin de cette douceur dans sa vie, de cette candeur, de sa Fleur tout simplement. Il l'attira alors vers lui et passa un bras autour de son épaule, la forçant délicatement à reprendre leur marche, à ne pas le planter là le cœur lourd. J'espère bien que tu seras toujours là, Fleur. Même si on n'a pas les mêmes attentes. N'espère rien de moi, je te décevrai... mais ne t'éloigne pas trop, tu me manquerais. Il aurait aimé qu'elle se raisonne, qu'elle voit comme un ami, un proche à qui elle puisse se confier, même si rien n'était moins simple. Pour l'instant il voulait juste continuer leur balade, même sans parler, juste respire son air.

Elle disait avoir compris mais tout dans son attitude montrait que Fleur espérait encore, qu'elle n'arrêterait jamais d'espérer, quand bien même Léo serait froid ou méchant envers elle, elle verrait toujours le bon côté chez lui. C'était flatteur, certes, touchant même, de voir que toutes les filles ne le voyaient pas comme un salaud fini, mais il n'était pas certain de mériter toute cette attention et toute cette douceur de la part de la jolie française. Ils se raccrochaient alors chacun à un espoir vain, de ceux qui ne tenaient à rien mais qui les rapprochait encore, qui les empêchait de s'éloigner pour de bon, de ceux qui les arrangeaient bien tous les deux. Oh oui, la vie aurait pu être douce avec Fleur, facile parce qu'elle le voudrait, mais Léo ne voulait pas de la simplicité d'un amour déjà gagné d'avance. Il voulait se battre, comme un tigre, il voulait courir, ramper, il voulait sauter dans le vide et se manger des murs il voulait en baver pour le mériter, il voulait gravir des montagnes, juste pour une femme, il était romantiquement bête dans sa tête et ça lui coûtait toujours beaucoup de problèmes. Mais quand il réussissait, même une petite victoire, il la savourait d'autant plus, il la chérissait. Et c'est en pensant à ça qu'il en vint à penser à Grace, son Everest à lui et ça le faisait sourire comme un nigaud. Alors Fleur il aurait toujours du mal à la voir comme ça, parce qu'elle s'offrait à lui, telle une pâquerette qu'il n'avait qu'à se pencher pour cueillir mais qu'il pouvait tout aussi bien écraser. Voilà pourquoi il ne se penchait pas, il ne voulait pas l'abîmer. Et voilà pourquoi jamais il ne pourrait penser à elle comme un défi, qu'elle soit encore pure il s'en moquait bien, qu'elle la garde pour un autre, son innocence, un homme qui ferait ça bien, qui la mériterait.
Il attrapa sa main avec un sourire amusé. Allons-y pour une crêpe avec vue ! Autant faire touristes jusqu'au bout. Ils s'arrêtèrent devant un marchand ambulant comme il y en avait à chaque coin de rue. Léo pris une crêpe au chocolat et Fleur au parfum de son choix. Il paya la consommation et puis ils s'installèrent sur les marches. Qu'est-ce que tu as prévu de faire autrement, pour tes derniers jours ?

L'air paraissait plus doux, maintenant que les choses avaient été dites et mises à plat. Chacun savait à quoi s'attendre de la part de l'autre et même si Léo avait peur que Fleur ne meurt d'ennuie à force de l'attendre, il n'y pouvait rien, autant la laisser faire si ça lui faisait plaisir. Et puis pour faire passer tout ça, rien de mieux qu'une crêpe bien chaude en observant les touristes que Léo comparait volontiers à des pigeons avec leur air ahuri à regarder partout. Il demanda à Fleur ce qu'elle avait prévu, ne pensant pars qu'elle jouerait avec la nourriture. Une femme rit à sa bêtise derrière leur dos, ils devaient avoir tout l'air du petit couple parfaitement cliché, c'était certain. Léo sourit à cette idée en s'essuyant le nez, il tira la langue à une Fleur hilare, c'était agréable de se montrer insouciant, comme à la grande époque. Le Louvre c'est toujours une bonne idée, on découvre toujours quelque chose je crois, même après de nombreuses visites. Il se souvenait y être allé souvent, à une époque, ça commençait à dater. Il regarda sa montre, l'heure tournait, arrivait celle de se séparer. John va finir par être imbuvable avec ma mère si je ne rentre pas bientôt. Je vais te laisser là, Fleur. C'était bien de se balader ici avec toi. Il avait revécu plein de beaux souvenirs et puis Paris sans Fleur ça n'avait pas le même charme au final. On se reverra à Bowen, sans ton déguisement d'esquimau !