Un peu d'escalade - Libre

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19h00

J’arrive au pied de la falaise qui est plutôt impressionnante. Je l’ai remarqué lors de ma première visite sur la plage avec Fleur. Il y a un phare perché tout en haut, donc je suppose qu’il y a un chemin pour redescendre. J’observe la roche pendant de longues minutes, tentant d’évaluer les risques et cherchant les prises les plus pratiques. La chaleur est encore bien présente malgré l’heure. Le soleil se couchera d’ici une heure, donc j’ai pas tellement choix si je veux arriver en haut avant la nuit.

J’enlève mon T-shirt et je reste seulement en short de sport, le torse dénudé. Je change mes chaussures pour celles que j’utilise d’habitude pour l’escalade en montagne. Ça ne doit pas être trop différent, c’est juste le type de roche que je connais moins bien. Elle a l’air bien plus friable que celles des falaises de montagnes. Mais je vais quand même tenter. C’est le seul endroit que j’ai trouvé pour pratiquer de l’escalade, alors je ne vais pas m’arrêter maintenant.

Je finis par m’approcher de la falaise, et je m’accroche à la première prise, puis la seconde, et me voilà lancé. J’ai même pas atteint les deux mètres qu’on agrippe ma jambe. BORDEL « Hey ! Mais ça va pas ! » hurlais-je sur la personne en dessous qui devait peut-être me prendre pour un suicidaire. « Lâchez-moi de suite!» ordonnais-je avec un accent français prononcé.

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Pour Orson, les sports extrêmes étaient un excellent moyen de profiter de la vie. Sentir le danger le faisait vibrer. C'est pour cette raison, et uniquement celle-ci que le jeune écrivain décida de se rendre à la falaise afin de tenter d'y grimper. Il ne savait pas encore jusqu'où il pouvait aller, mais il comptait bien le découvrir. Sa voiture garée un peu plus loin, il en avait extirpé tout son matériel. Bien sûr, ce n'était pas la première fois qu'il escaladait, mais disons qu'il n'avait pas fait ça toute sa vie non plus. Un de ses amis l'avait même prévenu que la pierre de la falaise allait être plus difficile à grimper que celle qu'il avait eu l'occasion d'escalader. Mais Orson n'avait pas froid aux yeux, au contraire. En lui disant cela, c'était comme s'il lui avait lancé un défi, que le jeune brun relevait avec grand plaisir. Aux pieds de la falaise, il n'était pas le seul à désirer escalader à cette heure-ci. Pourtant, il était plutôt tard. Mais il ne s'en souciait pas. Il s'attacha correctement et commença son ascension. Plus haut, un jeune torse nu. Un plus jeune que lui, d'ailleurs. Orson attrapa les premières prises et monta aussi vite qu'il le put.

Ce fut lorsqu'il entendit la voix de ce jeune, et surtout cet accent français, qu'il tourna la tête. Il fronça les sourcils en voyant un homme essayer de le faire tomber. Sûrement pour le rattraper. Orson roula des yeux, soupira et se décida de réagir. Il sauta sur ses pieds une première fois puis se balança vers la droite, pour envoyer bouler l'autre d'un coup de pied magistral. « On fait pas d'mal aux touristes, connard. Ils sont déjà assez stupides comme ça. » lui hurla-t-il avec force. Puis il tenta de se remettre dans sa position initiale et planta son regard sur le garçon. « C'est pas prudent d'escalader dans cette tenue, tu devrais faire attention. » Lui lança-t-il d'un français presque parfait.

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C’est qui ce con ? Bordel il veut me tuer ou quoi ? Bon okay, je ne suis pas suffisamment haut pour me tuer d’ici, mais merde. On ne peut pas me lâcher cinq minutes ? Et cela dans tous les sens du terme ! Le mec n’a pas l’air de comprendre qu’il me tient encore. Puis… une jambe vient le heurté. Il part en arrière et je manque de glisser en perdant mon appui sur la prise.

« Ohh. » Finalement, je m’en sors bien et je me remets en position, tournant la tête de l’autre côté. Y a un mec avec un équipement d’escalade qui est là. Je ne sais pas si je dois le remercier ou bien l’envoyer se faire foutre. J’opte plutôt pour la seconde solution « Tu sais ce qu’il te dit le touriste ? » répliquais-je agacé en anglais. Et là, il me parle en français. Bordel j’suis tellement sur le cul que je manque de lâcher prise. « Tu parles français ?! » demandais-je stupéfait dans ma langue maternelle. Bon. Ce n’est pas tout mais… J’suis agrippé à une falaise, je pourrais faire la papote un peu plus tard. « Je sais. Mais mon équipement est resté chez moi, et puis… C’est pas la première fois que j’escalade une falaise … » lui dis-je avec une certaine arrogance. Ouais crétin sauf que les autres falaises, c’est avec un équipement et surtout une type de roche moins friable ! Dès fois, je me dis que je mériterais une médaille pour ma crétinitè. « Mais bon, l’avantage avec… comment tu as dis déjà ? Ah oui ! La stupidité des touristes, c’est qu’on ose tout ! » lui balançais-je en parlant à nouveau en français. Après tout, les français à Bowen ne courrait pas les rues, alors autant en profiter. « Tu permets, t'es dans mon espace vital là ! » lui dis-je en prenant appui sur ma jambe droite pour aller chercher une prise plus haute.

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Orson n'aimait pas trop trop les emmerdeurs. Même si parfois il en était un, il préférait rester loin d'eux, histoire d'avoir le moins d'emmerdes possible. Il s'en créait déjà bien assez tout seul, la preuve : ce français était déjà en train de l'envoyer chier. Orson le regarda d'un air blasé. Sérieux ? C'est comme ça qu'il le remercie ? Orson soupira en secouant la tête. « Bien sûr que je parle français, crétin. » Peut-être était-ce à lui qu'il aurait dû donner ce coup de pied. Après tout, ce gosse avait l'air plein d'arrogance. Et cela se confirma lorsqu'il se remit à parler. Orson ne put s'empêcher d'éclater de rire, faisant même mine d'essuyer les larmes aux coins de ses yeux. « C'est pas la première fois mais tu n'as pas ton équipement. T'es vachement doué, dis donc ! » Orson replaça ses doigts sur une autre prise. La pierre était fragile et il n'avait aucune envie de se casser la gueule. Avec un sourire en coin, il monta d'un cran de son pied puis observa de nouveau le jeune. « Si jeune et déjà si insolent. Quelle magnifique génération ! » Bon, il était très mal placé pour parler. Lui n'avait aucune envie de devenir adulte, il restait encore et toujours dans son esprit un gamin insouciant. On le trouvait pourtant attachant, il l'était. A sa façon.

Le garçon se mit à le défier, du moins, c'est comme ça qu'il le prit. Il ne connaissait pas Orson, lui qui détestait perdre, il ferait de son mieux. D'ailleurs, celui-ci secoua la tête en soupirant un rire léger puis s'écarta de lui d'un léger mouvement de balancier. « C'est comme ça que tu remercies ton sauveur ? J'aurais peut-être mieux fait de le laisser te faire tomber. » Dit-il avant de se lancer à la conquête de la falaise. Très joueur, il n'hésita même pas à prendre des risques énormes pour gagner ce petit défi à la con qu'il s'était un peu lancé tout seul.

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J’avais sérieusement envie de lui foutre une tarte dans la tronche à celui-là. Il me traite de stupide touriste et de crétin et il s’imagine peut-être que je vais m’écraser. Sérieusement quel lourdeau. J’ai juste envie de lui rabattre son caquet. « Sérieusement, tu as personne d’autre à aller emmerder ? » lui balançais-je sans même le regarder. J’étais surtout concentrer sur les prises que je devais atteindre. La progression était bien plus lente que sur les falaises montagneuses. La friabilité de la roche et mon poids ne faisait pas tout le temps bon ménage, et j’avais du changer à deux reprises de trajectoire pour arriver à me hisser jusqu’ici. Je n’avais pas non plus envie de chuter, surtout pour ce connard. « Ouais. T’as quoi ? deux ans de plus que moi ? Tu peux parler… » Répliquais-je en tournant légèrement la tête vers lui alors que ma main allait chercher une prise de son côté.

Mon sauveur ? Il est sérieux ? Putain l’égo qu’il a ! Comme si j’avais besoin de lui pour démerder. Je laissais un grognement d’agacement franchir mes lèvres alors que je regardais en bas. J’avais pris de la hauteur, une hauteur considérable si on prenait en compte que je n’avais aucun équipement d’escalade, ni la moindre protection sur moi. J’étais fou. J’avais cette volonté de tester mes limites, et plus les jours passaient, plus je les poussais loin, plus loin et encore plus loin. Peut-être atteindrais-je le point de non retour ? « Ouais, p’tre que tu aurais du » marmonnais-je en repliant ma jambe gauche contre la paroi pour prendre appui et me hisser encore un peu plus haut. A ce moment là, le gars utilisa la prise que je m’apprêtais à attraper, m’agaçant un peu plus « Bordel, mais à quoi tu joues ? » lui balançais-je avec force.

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« Non, personne. » Orson connaissait ce genre de petit con insolent. Il avait l'impression de se voir en pleine crise d'adolescence. Sauf que lui, il avait su échapper aux claques qu'il méritait fortement. Orson s'accrochait là où il le pouvait, bien sûr il n'était pas un professionnel de l'escalade, cependant il avait déjà pratiqué et puis, c'était un défi comme un autre. Il regarda quelques fois en bas pour sentir l'adrénaline monter en lui, peu à peu. Quel bonheur c'était, cette sensation d'être en danger, de ne rien contrôler. Que c'était bon. Le jeune écrivain ne lui répondit pas, il préféra plutôt se concentrer sur la pierre qui s'effritait entre ses doigts. Il se trouvait qu'à force de fumer autant, Orson perdait de son souffle bien trop rapidement à son goût. Heureusement qu'il n'était qu'un poids plume, sinon, il ne pourrait même pas se soulever.

En tournant son regard sur le jeune, Orson se dit qu'il était inconscient de grimper dans cette tenue. Pour autant, il ne le trouvait pas stupide à propos de cela. Bien au contraire, il comprenait cette sensation mieux que personne. « Peut-être qu'il n'est pas trop tard, pour un autre coup de pied. » Orson ricana. Il plaisantait bien sûr, le garçon était dans une tenue inadaptée et il n'avait aucune envie de le blesser. En attrapant une prise que le jeune près de lui avait tenté d'attraper, Orson posa ses yeux sur lui et secoua la tête. « C'est bon, je te la laisse, ta prise. Toute façon, j'en ai trouvé une meilleure. » Il balança son bras un peu plus haut pour attraper un morceau de roche qui, sous le poids d'Orson, se désintégra et frappa son crâne. Celui-ci grogna et tint sa tête d'une main, fermement accroché de l'autre, en manquant de glisser. « Merde. Putain. » Jura-t-il en anglais. Mais il ne comptait pas laisser tomber. Oh non, il était bien déterminé à arriver en haut le premier.

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Si ce gars cherche un job, il peut faire chieur professionnel. Il est doué, très doué. J’essaye de faire abstraction de sa présence pour me concentrer seulement sur les prises, mais c’est difficile avec lui à côté. Même un troupeau d’éléphants passerait plus inaperçu que lui, et ce n’est pas un compliment. Au prix d’un gros effort, je me focalise que sur mon objectif : arriver en haut et sans une égratignure. Je ne peux plus faire demi-tour maintenant, je suis à la moitié de la falaise ou du moins presque à la moitié. C’et difficile d’évaluer les distances de là ou je suis.

Prises après prises, main après main, pieds après pieds, je prends de la hauteur avec lenteur. Je mesure chaque geste, chaque mouvement. Je teste les prises avant de prendre appui. Je n’oublie pas que chaque geste peut être fatal, surtout que je n’ai aucune protection, Pas de casque, rien. Je gravis la falaise avec des chaussures adéquates certes, mais je suis vêtu d’un simple short de sport. Je n’ai même pas de T-shirt pour protéger mon torse contre d’éventuelles coupures, ni de protection aux mains pour les préserver.

Je ne relève pas sa provocation, mais je pense que je réglerais ça avec lui une fois sortit de la falaise. Mais ce qu’il m’agace ! C’est la première fois qu’un mec m’agace autant. Après lui avoir râler dessus alors qu’il me prends la prise, il la laisse et prends une prise plus haut, me passant devant. Ca me plait moyen qu’on soit aussi collé sur la falaise, les prises sont pas si nombreuses que ça et c’est dangereux. Alors que j’attends qu’il passe pour libéré des prises et une pierre friable chute lui frappant son crâne alors que je lève la tête. Heureusement que la friabilité rends la pierre plus légère. Mais il vacille. Et merde, faut pas qu’il tombe. Par reflexe je me colle contre la paroi rocheuse etje place rapidement une de mes mains sur la cuisse du connard de service pour l’aider à garder l’équilibre malgré le choc sur la tête. C’est pas le moment de chuter. « hey ! ça va ?! » lui demandais-je un peu inquiet. En le voyant reprendre ses prises correctement, je comprends que c’est rien et je lui balance. « Sérieusement, t’es un danger public ! » balançais-je en anglais.

Je finis par relâcher la cuisse du gars et j’attrape de ma main la prise que je visais jusqu’ici. « T’es un débutant ou quoi ? » lui dis-je encore en anglais. Bon, j’avoue que là, c’est un peu de la provocation que je lui lance. J’ai bien vu qu’il s’y connaissait, même s’il a visiblement oublié les règles primordiales de l’escalade : la sécurité. Et puis, il me fait chier, je peux en faire autant, non ?

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Il est vrai que quand il s'y met, Orson peut être un peu con. Mais quoi de mieux que de soigner le feu par le feu ? De toute façon, c'était ainsi. Dans sa nature, d'être aussi joueur. Il aimait bien trop jouer, quel que soit le danger, pour renoncer à la victoire. Alors, déconcentrer son "adversaire" lui semblait être une bonne tactique pour arriver en haut le premier. Seulement, il n'avait pas prévu que la pierre lui tomberait sur la tête. Et c'est avec une main sur celle-ci qu'il grogna tout en vacillant. Ce n'est qu'au dernier moment qu'il réussit à se stabiliser, resserant ses prises de ses doigts en jurant encore une fois. Orson prit soin d'ignorer le jeune près de lui, à la place il serra les dents pour ignorer son mal de crâne. Évidemment, il allait avoir une bosse. La pierre était certes friable mais n'en était pas moins lourde. Et lorsque le jeune insolent lui dit qu'il était clairement un danger public, Orson déglutit et tenta de contenir sa colère, gardant son calme légendaire. « Damare. » Prononça-t-il en japonais. Car si le jeune comprenait le français ainsi que l'anglais, l'étudiant en langues était certain qu'il ne comprendrait pas ce mot.

Il grogna de nouveau en entendant le restant de ses paroles, mais en souriant cette fois. Le jeune n'avait pas conscience qu'il donnait à Orson tout le courage nécessaire à son ascension. Bien sûr, il ne le connaissait pas, il ne pouvait pas se douter que la provocation était un défi qu'Orson se faisait à chaque fois un plaisir de relever. Il releva le visage vers le haut de la falaise et prit un peu d'élan pour attraper ses prises. Son regard analytique fit le tour du mur et il repéra quelques prises plus haut dont il s'approcha, s'éloignant ainsi du gars qui venait de le provoquer. Orson se concentra pour réaliser sa tâche méticuleuse, et arriva finalement assez haut pour ne plus avoir envie de jouer au con. De là où il se trouvait, un faux pas et il pourrait crever. Ce n'était pas le but. Et cette fois-ci, hors de question de se faire avoir : il analysait chaque roche pour savoir s'il pouvait s'y agripper en toute sécurité. Le haut n'était plus si loin à présent, si bien que son adrénaline lui mit un coup de fouet. Et il continua de grimper aussi vite qu'il le put.

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L’équilibre retrouvé, l’enfoiré de première repart de plus belle en grimpant à vitesse grand V, après avoir dit quelque chose que j’ai pas compris. Je relève pas « Et merci, c’est pour les chiens ? Enfoiré.» Marmonnais-je avant de me concentrer à nouveau. Je le laissais grimper à son aise et j’en fais de même. J’attrape une prise, puis une autre. Je me hisse doucement dans la falaise, prenant les précautions nécessaires pour ne pas prendre de risques inutiles. Je ne porte déjà aucunes protections et je ne suis attachés à rien. C’est un sentiment de liberté totale que je ressens à ce moment là. Je me sens vivant, et bordel que j’en ai besoin après ces deux dernières semaines.

Je continue à monter, encore et encore, manquant à deux reprises de tomber parce que la pierre se brise sous mon poids. L’enfoiré, je ne l’entends plus. Je suppose qu’il a peur que sa stupidité ne le tue et il a fini par se taire… ou bien se faire dessus. Si c’est le cas, promis je me marre. Je lève la tête pour voir ou il en est. Il est quasiment arrivé. Il se débrouille pas si mal l’enfoiré.

Au bout d’un moment et de quelques petites frayeurs et des égratignures sur mon torse et mes mains. je finis par me hisser sur le haut de la falaise. Lui, il y est arrivé avant moi. Je le regarde en restant assis, les pieds suspendu dans le vide. « T’es non seulement un danger pour les autres mais… t’es surtout un danger pour toi-même, Enfoiré.» constatais-je sans vraiment m’en soucier. « T’es quoi au juste ? Taré ? Suicidaire ? Irresponsable? Les trois en mêmes temps?» lui demandais-je en levant la tête vers le gars.

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Finalement, Orson parvint à son but. Il fut le premier à se hisser en haut de la falaise, et comme si cela avait été un jeu d'enfant, un rire sortit de sa gorge, les poings sur ses hanches, debout au bord. Il montrait sa fierté comme un super héros qui aurait réussi à sauver une ville entière des mains d'un vilain méchant. Pourtant, ses yeux étaient plutôt fascinés par la vue qui s'offrait à lui. Toute la ville sous ses orbes s'étendait à perte de vue et lui ne pensait plus qu'à une seule chose : se rouler un pilon, le savourer les jambes pendues dans le vide. Un long soupir s'extirpa de ses lèvres et puis il s'assit au bord de la falaise, observant le jeune qui avait décidé de le renommer "enfoiré". Orson plissa du nez, il n'était pas contre les surnoms ingrats, mais il fallait avouer que cela lui allait plutôt pas mal. « Ce que je suis ? Je m'appelle Orson Macintosh, mon vieux. Mais tu peux continuer de m'appeler Enfoiré, si tu veux. » Répondit-il avec tout le calme du monde, son papier roulant entre ses doigts.

Une fois roulé, il vint loger le joint au bout de ses lèvres et sortit de sa poche un briquet Bic, de ceux qui ont une vie surréaliste. « Qu'est-ce qu'il y a ? Tu viens de te rendre compte que t'as oublié ton T-shirt en bas ? » Oui, Orson se foutait littéralement de sa gueule. Mais c'était gentil, et puis il l'invita même à s'asseoir à côté de lui. Ses yeux se rivèrent ensuite sur le panorama qui s'étendait à perte de vue devant lui. L'air qui battait dans ses cheveux le fit quelque peu frissonner, il n'en tint pas forcément compte, il se contenta seulement d'expirer sa fumée nocive à l'opposé du garçon torse nu et malpoli.

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Je suis assis au bord de la falaise, mes pieds pendent dans le vide et je savoure la vue qui s’offre à moi. Après l’effort, le réconfort. Bien que je suis plus fan des grands espaces verts et des chaînes montagneuses, cette vue ne m’est pas déplaisante. La seule chose négative c’est que je partage ce moment avec l’Enfoiré avec un grand E. Pas qu’il dérange vraiment, mais bon. De la ou je suis, il y a un peu de vent marins, je frisonne et je passe ma main sur l’éraflure sur mon flanc gauche que je me suis fais tout à l’heure, comme pour tenter de la nettoyer, inutilement bien sur. L’enfoiré se présente, je le regarde, un sourire en coin. « Je n’avais pas l’intention de t’appeler autrement de toute façon. » lui dis-je avec sarcasme. Sauf qu’évidement, l’enfoiré m’en envoie aussi dans la tronche. Je regarde en contre bas ou j’ai mes affaires qui m’attendent. Ouais, j’ai laissé mon T-Shirt en bas et ça me fait chier. Enfin, je vais pas non plus m’en plaindre, c’est pas dramatique. « C’est le cassage du siècle que tu viens de m’envoyer là. » Ironisais-je en français. « Simple curiosité, t’es originaire d’ici ? » lui demandais-je en le voyant expirer la fumée de l’autre côté. Sympa l’enfoiré finalement. Enfin sympa. Il a un minimum de respect. Mais vraiment le minimum, et je vais pas le lui dire.

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En roulant son joint, Orson remarqua que le jeune petit con à côté de lui s'était blessé sur le flanc. Il se pencha alors un petit peu pour mieux regarder, mais pour plusieurs raisons évidentes - le fait qu'il ne soit pas médecin, qu'il juge quand même ça assez superficiel et qu'il n'en ait strictement rien à foutre en plus de ça - il ne dit pas un mot là-dessus, préférant rire aux mots de l'inconnu. « Et moi, je peux savoir comment le petit con s'appelle ou tu préfères rester sur "le petit con" justement ? » Les mots du jeune inconnu, du moins son "surnom", ne l'atteignaient pas réellement. A vrai dire, il ne le connaissait pas assez pour s'en offusquer et puis, il ne comptait plus les gens qui l'avaient réellement insulté. Il tira sur son cône tout en haussant les épaules, apparemment, ils n'avaient pas le même humour tous les deux, ou alors, ils étaient encore sur le coup de la compétition. Maintenant qu'Orson avait "gagné" celle-ci, il se fichait bien du reste. « Ouais. Mais j'ai voyagé un peu partout, notamment en France. Et puis je suis étudiant en langues. Je suppose que toi t'es pas du tout originaire d'ici, hein ? » Il supposa même qu'il soit originaire de Paris, ou d'un patelin en France mais de façon implicite. Après avoir inspiré une énième bouffée de son cône illicite, il le tendit en direction du garçon. « T'en veux ? » Proposa-t-il sans même savoir s'il était fumeur. Mais il n'était pas devin, et puis s'il ne fumait pas, il refuserait sûrement.

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Lui l’enfoiré, moi le petit con. Avec ça, on va ? Bah, en haut d’une falaise visiblement. Je balance un peu mes pieds les faisant rebondir contre la paroi rocheuse. Il me demande mon nom, je le regarde à nouveau et j’ai un sourire narquois. « Je suis sur que même si je te dis mon prénom, tu continueras à m’appeler petit con. » lui dis-je sans paraître offusqué. « Maxim Flandre, ou Max, c'est plus rapide. » lui répondis-je quand même.

Il me propose alors un joint. J’ai déjà commencé a fumé et je commence à le regretter, alors je vais pas me mettre aux joints maintenant, surtout si j’ai l’intention de m’en tenir à mon ambition pour atteindre mon but. Et la drogue, c’est franchement pas une bonne idée, alors je préfère m’abstenir de me lancer de cette merde, du moins pour le moment. « On va éviter. » lui dis-je sans animosité. « Mais merci quand même de proposer » lui dis-je en montrant mes affaires en bas. « C’est con, j’ai même oublié mes clopes dans mes affaires en bas… tu sais… avec le T-Shirt. » lui balançais-je amusé. « Moi ? Et bien … J’en sais rien à vrai dire. Mais je suppose que tu as raison. J’suis de France, mais ça… tu l’as déjà deviné je suppose. » lui rétorquais-je avant de demandé. « Et à part le français, tu étudies quelles autres langues ? » demandais-je par curiosité. Quitte a discuter avec lui, autant laisser tomber le côté défensif et l’agressivité dont je fais preuve depuis que je suis là. Ca coûte pas grand-chose, à part peut-être mon égo, mais vu le sien, faire des commentaires serait malvenu.

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Finalement, ce petit con avait l'air plutôt sympathique. C'était bien le genre de personne avec qui Orson était susceptible de bien s'entendre. Insolent à souhait, il lui rappelait lui-même quand il était un peu plus jeune. Orson n'avait pas gagné beaucoup en maturité, mais juste assez pour éviter de se prendre des marrons dans la gueule. « Y'a des chances, en effet. Enchanté, Max le petit con. » Peut-être bien qu'Orson venait de se faire un ami de plus. Pour le moment, il n'était qu'une connaissance, mais qui sait ? Leur caractère semblable les rapprocherait peut-être. Ou les éloignerait.

Orson lui proposa alors de tirer un peu sur son joint. Il ne savait pas s'il fumait mais il allait bientôt le savoir. Et vu la tête de Max, il semblerait qu'il ne soit pas aussi con qu'il le montrait. Alors il le reprit entre ses lèvres avant de froncer les sourcils et regarder les affaires du jeune en bas. Tiens, il fumait quand même un peu ! Des cigarettes, mais quand même. Orson fouilla dans sa poche pour en tirer son paquet de cigarettes et le lui donna pour qu'il en prenne une. « Tiens. Comme ça, une fois en bas tu pourras m'en offrir une. » dit-il avec un sourire en coin. Bien sûr il ne lui en offrait pas une pour en ravoir une ensuite, c'était juste une manière de dire "faisons connaissance". Lorsqu'il lui affirma qu'il venait bien de France, Orson hocha la tête et reporta son regard sur l'horizon en soupirant sa fumée. « Ouais, ton accent de touriste. » Il le regarda du coin de l'oeil en plaisantant, puis reprit. « Et t'es là depuis combien de temps alors ? » Pas très longtemps, Orson le supposa à son accent très marqué. Il fit tomber la cendre de son joint en bas de la falaise et haussa les épaules. « L'italien et le japonais, pour le moment. Et tu fais quoi toi ? T'as quel âge, déjà ? »

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J’avais visé juste, connaître mon prénom n’avait changé le surnom dont il m’avait affabulé. En soi, ça me passait au dessus de la tête, je trouvais ça même presque affectueux venant d’une personne aussi dérangée que lui - Bah ouais, faut être déranger pour gravir une falaise comme il l’a fait, quoique à bien y réfléchir, j’suis mal placé pour parler - . Je ne me lasse pas de la vue qui s’offre à moi, mais je réalise que c’est bizarre de partager ce moment avec ce gars. Pourquoi ? Parce que selon les filles de mon ancienne classe, c’est « Trop mignon top romantique ! » Bref, j’aurais jamais du les écouter, du coup je trouve ça étrange maintenant.

J’ai mentionné mes cigarettes et par miracle, il sort un paquet de sa poche. J’reste surpris et je regarde ses poches. Sérieusement, il a grimpé avec un briquet, de quoi se rouler un joint et même un paquet de cigarette. Il va nous sortir quoi après ? Une bouteille d’eau et des crackers ? Je laisse un sourire s’étirer sur mes lèvres et j’accepte la cigarette. « Pas de problème. Merci l’enfoiré. » dis-je alors qu’il m’allumait la clope puisque je n’avais pas de briquet non plus. « Seulement deux semaines. » répondis-je avant de porter la cigarette à ma bouche. « Déjà deux putains de semaines dans ce trou. » grognais-je pour moi-même.

L’Italien ? L’enfoiré parlait italien ? Et bah. Il parlait donc quatre langues sans pourtant avoir le profil d’un intello. Surprenant. « t’as pas une tête de premier de la classe pourtant… Et il en faut pour parler quatre langues » Lui fis-je remarqué avant de lui répondre. « Bah… Je fais rien, justement, depuis mon arrivée. J'ai même pas pu finir mon année de lycée et Eibell, la femme qui ma... Kidnappé, ouais, c'est le mot... Elle n'a pas jugé utile de m'inscrire au lycée ici. J’ai quinze ans. Et toi, par déduction, t’es plus âgé. 20 ans ? » suggérais-je en lui demandant calmement.

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