(cjallen) at this moment he knew, he fucked up

Assis à côté de lui, tu ne le quittais pas du regard. Tu attendais qu'il t'en parle, bien qu'il ne savait pas comment commencer. Ce n'était jamais évident de raconter une histoire depuis le début, de faire un résumé concis mais précis. Tu hochais la tête lorsqu'il te posait une question, tu te souvenais bien de cette femme oui, il n'avait pas été très bavard à son propos mais ça t'avais suffit. Tu écoutais ce qu'il te racontait ensuite, ayant l'impression de revivre ce que tu avais fait au cours des derniers mois. Tu avais trompé Nevaeh pour la même raison, par peur de te retrouver uniquement avec elle pour la fin de ta vie. Ce qui était pire dans ton cas puisque tu lui avais demandé sa main et qu'elle t'avait dit oui. Pourtant, tu ne le jugeais pas, tu comprenais parfaitement ce qu'il traversait. « La peur de l'engagement, une vraie plaie. Je sais ce que tu ressens et ce que tu as traversé. » L'erreur était humaine, on pouvait tous en commettre une. Le problème c'est qu'une fois qu'on a déconné, c'est difficile de se faire pardonner, difficile de faire oublier ou de faire comprendre cette erreur. Perdre la confiance de la personne qu'on aime, c'est assez dévastateur et réussir à la regagner c'est un très long processus. Mais ce n'est pas impossible. « Tout ce que je peux te dire c'est qu'avec le temps les gens changent, que c'est possible d'avoir une nouvelle chance si c'est ce que tu désires vraiment et qu'elle le désire aussi. » Parce que vouloir quelque chose c'était une bonne chose mais il fallait que ce soit réciproque. Tu avais eu de la chance que Nevaeh te pardonne, qu'elle accepte de passer outre ton écart. Tu avais su lui expliquer ton moment de faiblesse, tu avais su lui montrer que sans elle, tu n'étais rien. « Je suis désolé pour ta mère. Je pense qu'elle t'éloigne parce qu'elle a peur que la voir ainsi te fasse plus de mal que de bien, mais la seule question que tu dois te poser c'est de savoir si tu as envie d'être auprès d'elle ? » Ce n'était pas une épreuve facile, tu n'avais pas eu la chance de pouvoir dire au revoir à tes parents et tu le regrettais amèrement chaque jour. Si tu avais eu cette chance, tu l'aurais saisi. Mais tu pouvais aussi comprendre qu'on pouvait ne pas avoir envie de voir nos proches dépérir.

La porte de ton ami s'était ouverte, et elle le serait encore si jamais tu avais encore des problèmes. La preuve, tu avais dormi sur son canapé et il t'avait préparé un petit déjeuner de roi. Alors il attendait patiemment que tu t'ouvres à lui et que tu racontes ce qui t'avait tracassé la veille pour que tu te mettes dans un état comme celui là. Alors tu commençais par parler de ta relation destructrice avec Andeana, celle que tu aimais et que tu aimes toujours malgré les épreuves que vous avez passé. CJ ne pouvait que mieux comprendre, lui aussi avait eu cette frayeur avec Nevaeh, et tu en avais longuement discuté avec lui. Alors il était le mieux placé pour comprendre tes peurs. « T'es un des mieux placés pour comprendre, je pense, répondis-tu instinctivement. Mais je veux me racheter, je ne sais pas comment faire. Je rêve de récupérer cette fille et qu'elle me pardonne. Surtout qu'elle me pardonne » finis-tu par dire à ton ami. C'était un problème que tu n'arriverais jamais à résoudre seul, car pour avoir une solution, il fallait que la vénézuélienne tranche pour ton retour définitif dans sa vie. Après le mariage de Freja, vous vous étiez encore disputé, comme à votre habitude et maintenant tu ne savais plus sur quel pieds danser. « J'espère que t'as raison, frérot » ajoutas-tu en portant une nouvelle fois la tasse de café brûlante à tes lèvres. C'était de ces paroles là dont tu avais besoin, et le canadien savait très bien comment il fallait te parler. Surement pour cela que tu avais fini devant sa porte à une heure pas possible. « Je ne veux pas la voir agoniser et souffrir. Mais je veux être là pour elle en même temps. Je sais que mes soeurs sont avec elle et ne la quitteront pas. Mais pour moi, ma vie est ici, avec vous et mon entreprise. Je ne sais plus sur quoi faire CJ, tout devient flou » finis-tu par avouer à ton ami en prenant ta tête dans tes mains. C'était délicat d'en parler mais malgré tout, il était là pour toi. « J'ai à la fois envie d'être à Naples, comme envie de reste à Bowen » avouas-tu simplement en relevant le regard vers ton ami bienveillant. Heureusement qu'il était là pour te conseiller, et t'aider à trancher dans tes interrogations. Depuis qu'Alfie avait quitté la ville pour repartir à Madrid, tu savais que CJ, tu pourrais toujours compter sur lui, no matter what.

Tu l'écoutais et tu comprenais parfaitement ce qu'il voulait. Après ton erreur, tout ce que tu voulais, c'était que Nevaeh te pardonne, qu'elle oublie tout ce que tu avais pu lui dire lors de ce pique-nique et que votre mariage se passe comme prévu. Pourtant, elle ne pouvait pas, tout simplement pas. Pour elle, ce n'était pas qu'une simple erreur, c'était plutôt une trahison sur les promesses que tu lui avais faite. La peur que tu recommences un jour alors que tu savais que ça n'arriverait plus. « Parle-lui, et si elle refuse, laisse-lui du temps. » Le pardon était un processus qui demandait beaucoup de temps. Restaurer une confiance qui a été brisée, ce n'était jamais facile. Il fallait des gestes pour prouver que les choses étaient différentes mais il fallait aussi prendre son mal en patience et accepter l'idée que l'autre pourrait ne jamais nous pardonner. Il ne fallait pas non plus mettre une pression ou donner l'impression qu'on attendait son pardon. « Tu pourras toujours revenir à Bowen tu sais. Si j'avais eu l'occasion de passer ne serait-ce qu'une journée de plus avec les miens, je sais que j'aurais saisi ma chance. Mais je ne suis pas toi, tu n'es pas moi et la situation est compliquée. » Ce n'était pas évident, tu le comprenais parfaitement et tu n'aurais pas aimé être à sa place. Quoique, au moins tu aurais pu revoir ta famille une dernière fois, comme tu venais de lui dire, tu aurais fait n'importe quoi pour leur dire une dernière fois que tu les aimais, que tu leur pardonnais tous les mensonges. Avec le temps tu avais fini par comprendre qu'ils voulaient juste te protéger. « Le plus important, c'est que tu ne regrettes pas, c'est difficile de vivre avec des regrets. » Tu le savais parce que c'était ton lot quotidien. Tu transportais un sacré bagage avec toi, depuis que tu avais décidé de quitter ton pays natal. Tu avais enchaîné des décisions parfois plus mauvaises que les autres. Tu avais fait longtemps l'autruche et lorsque tu avais enfin relevé la tête, tout t'étais retombé dessus. Tu ne t'étais pourtant pas laissé abattre jusqu'au départ de Nevaeh. C'était un véritable coup dur pour toi, et aujourd'hui, tu remontais doucement la pente.

Parler d'Andenana avec ton ami te faisait un bien fou. Il était si compréhensif. Malgré tout, son histoire avec ton amie Nevaeh avait été un peu similaire même si leur relation était différente. Ca n'a plus de sens. Bref, il te comprenait, et c'était celui qui devait te comprendre le mieux. Alors il te proposa de lui parler, et de lui laisser du temps. « C'est ce que je fais, CJ, j'attends » répondis-tu simplement en offrant un léger sourire à ton ami. Et puis le pire sujet avait été abordé, celui de ta mère malade. Oui, tu ne voulais pas la voir souffrir, tu avais peur de la voir mourir alors tu étais revenu à Bowen pour ne pas affronter le fait que ta mère soit emporté par la grande faucheuse. Mais il fallait que tu lui montres que tu étais là pour elle. C'était dur, mais tous les jours tu l'appelais, ainsi que tes soeurs. C'était d'ailleurs les deux jumelles qui t'avaient viré de la maison pour que tu retournes à Bowen, le mal du pays dans le regard. Elles savaient que tu les aimaient, plus que tout, mais ce qu'elles savaient surtout, les femmes Tedeschi, c'était que tu aimais ton nouveau pays d'adoption. « Je suis rentré, pour la voir. Pendant tout ce temps où je n'étais pas là, je suis parti à Naples. Mais mes soeurs m'ont virées de la maison, elles m'ont promis de prendre soin de notre mère. Mais elles savent pertinemment que ma vie est ici, et que je n'ai plus de raison d'être là bas. Ma mère m'a dit qu'elle ne m'en voulait pas d'être parti, et que je faisais bien d'ailleurs, d'être loin de mon pays » répondis-tu simplement avant d'attraper un croissant sur la table et de croquer dedans. Avouer ses péchés creusait légèrement l'appétit, et la gueule de bois aussi d'ailleurs. « Je sais que je pourrais toujours revenir ici, mais j'ai un business à gérer ici et je suis seul... enfin bref, je sais qu'elle ne m'en veut pas, et c'est le principal » dis-tu avec un sourire en engloutissant ce fameux croissant en moins de dix secondes. Tu avais écouté les conseils de ton ami, et tu allais les suivre car il pensait toujours comme il fallait. Ou du moins, c'est ce que tu en pensé. « Il vaut mieux vivre avec des remords qu'avec des regrets, comme on dit » dis-tu en baissant ton regard vers ta tasse de café dorénavant vide. Et des regrets, tu en avais plein, mais tu essayais de rattraper tes erreurs, pour ne pas qu'ils restent toute ta vie en toi.