Interview nocturne [Aliénor E. Walsh]

Dans le journalisme, on n’a pas des horaires de fonctionnaire. Pas moi en tout cas. Personnellement j’aime bien ça, être toujours "sur la brèche". En plus en ce moment, ça m’évite de penser à certains souvenirs douloureux. Alors je n’ai pas non plus rendez-vous en pleine nuit pour interviewer une jeune femme sur ses deux passions mais tout de même, la nuit vient de s’installer quand je gare ma bécane sur le parking de l’immeuble où elle vit. Je retire mon casque, croise ma tête dans le rétroviseur et sursaute légèrement. D’accord, c’est très récent mais j’arrive encore à être la première surprise en voyant mes tifs bleus. Je l’ai fait, dire que je l’ai fait. J’ai choisi le meilleur produit du marché, naturel et tout qui devrait pas me rendre chauve mais tout de même, j’ai les tifs bleus. Alors je me pose une question existentielle mais n’ayant je n’ai pas la réponse, je préfère ne pas la poser à mon entourage.

"Here we are."

Le temps de déposer le casque et la veste en cuir dans le rangement sécurisé sous la selle et je vais chercher le nom de le personne que je dois interviewer à l’interphone. Eléanor E. Walsh. Walsh. La coïncidence me ferait sourire mais ce serait hors-sujet. Je sonne et une voix de femme me demande qui c’est entre deux aboiements.

"Mei Li Lilov, de Bowen Independent."

Elle m’ouvre, j’entre puis me voila bientôt devant la porte de son appartement. J’entends le responsable des aboiements japper de l’autre coté et je sens que je vais avoir des poils de chien sur mes vêtements. Bah, un bon coup de brosse et on n’en parlera plus. Tant qu’il n’essaie pas de me bouffer, ça ira même si je n’ai pas peur des chiens, même des "maousses costauds".

Aliénor m’ouvre et d’emblée, je la trouve très sympathique. Je ne sais pas, l’instinct, le feeling. Peut-être sa façon de me mettre à l’aise aussitôt, de me rassurer au sujet de son chien. Je lui souris amicalement en retour.

"Bonsoir, volontiers pour le tutoiement. Tu n’as pas à être désolée. Ton toutou aime les personnes et moi j’aime bien les chiens, on va bien s’entendre alors."

Ce disant, je tends la main vers Phoenix qui est sagement dans son panier, main tendue vers le haut pour lui montrer que je ne représente pas une menace, sinon il pourrait se sentir … Menacé du coup, oui. C’est Aslander qui m’a montré ça, jadis, du temps où on était amis. En confiance, le chien me lèche la paume de la main mais à peine, pour ne pas contrarier sa patronne.

"Il est très beau et il a l’air adorable. Je te suis et je prendrai la même chose que toi."

Ca m’étonnerait qu’elle opte pour un coca à cette heure-ci mais on ne sait jamais, et puis son choix va être une surprise. J’observe tranquillement l’agencement des lieux, la décoration en la suivant dans le fauteuil. Déformation professionnelle, sans doute. La curiosité est un des piliers de mon métier. Ma couleur de cheveux ne la dérange visiblement pas du tout, ça me rassure. Je dois dire que certains me regardent avec un drôle d’air mais on va dire du coup que mes tifs bleus sont en quelque sorte un "filtre à boulets".

La demoiselle n'est pas du genre à refuser d'aider quelqu'un, elle fut très surprise de recevoir un mal d'une journaliste concernant sa collection sur les Disney et Harry Potter. Cette collection sûrement excessive pour certains, est pour Aliénor un moyen d'avoir un endroit pour être bien, comme un cocon chaque soir, quand elle rentre chez elle.

Par chance, Nix était obéissante et n'avait pas sauté sur l'invité, même si celle-ci était très curieuse de savoir qui est venue voir sa maitresse. Aliénor lui donne tout de même une gourmandise pour avoir été sage, comme la jeune femme lui a demandé avant de répondre à son invitée.

-C'est une femelle du nom de Phoenix qui va bientôt avoir 1 an, elle est vraiment adorable même si c'est une chipie par moment, rigole la blonde avant de se diriger vers le salon en compagnie de Mei, j'ai fait de la citronnade et une orangeade si tu préfères. Je reviens avec les deux comme ça tu pourras choisir, lui annonce avec le sourire en laissant la jeune femme quelques instants seule, le temps de préparer le plateau pour commencer l'interview.

Quelques minutes plus tard, Aliénor revient avec ce qu'il faut en posant le plateau sur la table basse, je nous ai aussi mis de quoi grignoter si une petite faim apparaît dit elle en s'installant pour servir le verre de la demoiselle. je pense que nous pouvons commencer l'interview, je voulais savoir dans quelque but va vous servir celle-ci, lui demande en sirotant son verre en l'écoutant, elle voit le regard de sa chienne sur elle, comme si elle l'implorait. Soupirant, mais avec le sourire en tapotant à côté d'elle, Allez viens là ma chipie,  sans attendre, Nix vient s'installer à côté de sa maîtresse en attendant que Mei lui pose les questions.

Spoiler:

Aliénor m’offre amicalement à boire et j’opte pour la citronnade, n’appréciant les oranges que dans la vodka … Orange, oui.

"Merci."

Elle me parle de son toutou puis me demande la raison de cet article. Je le regarde en fronçant un sourcil avant de lui répondre.

"Comment ça, vous ? Je le prends pour un vouvoiement collectif parce que nous avons commencé à nous tutoyer alors nous continuons hein."

Ceci dit, je lui fais un clin d’œil amical avant de vraiment lui répondre.

"Disons que selon mes sources, tu as une collection pour le moins impressionnante. La rédaction ne parle pas uniquement des faits divers, des tragédies, des scandales politico-financiers et sexuels mais aussi des passions des boweniens. Nos lecteurs aimeraient connaître l’étendue de ta collection et tes motivations pour l’avoir enrichie ainsi au fil des ans."

Je lui dis ça avec un sourire volontairement très "marketing" donc aussi spontané qu’un sourire de pub pour un dentifrice puis je pose ma tasse et lui souris cette fois d’un air entendu.

"La véritable raison de mon patron c’est que cet article sera une forme de publicité dite invisible pour Disney qui lui donne un peu plus de sous à chaque fois qu’on parle de leurs produits mais ce coté mercantile n’empêche évidemment pas la magie que toute personne passionnée doit ressentir pour le monde de Disney et d’Harry Potter. Je ne suis pas venue contre mon gré et je serais ravie de voir tes collections. J’ai tout mon temps. Je t’interviewerai après les avoir vues et t’avoir écoutée de me parler d’elles."

Je compte effectivement lui donner tout le temps nécessaire pour m’en parler. Je ne suis pas pressée après tout. En fait, ça dépend d’elle mais j’imagine que chacune de ses acquisitions doit avoir sa propre histoire, amusante ou émouvante.

C'est avec plaisir que la blonde lui sert sa citronnade, et pour la même occasion, Aliénor se prends un verre d'orangeade avant de l'écouter pour ensuite lui répondre.

-Oui, je suis désolé, j'ai l'habitude de vouvoyer les personnes que je ne connais pas vraiment, je pense que c'est dû à l'éducation des parents. dit elle en plaisantant avant de se taire pour l'entendre et en même temps caresser son chien qui dormait à point fermé, du moins pour le moment. Comme on dit, il faut se méfier de l'eau qui dort.... Attentive à celle présente devant elle, sa fameuse collection, enfin impressionnante, Aliénor n'est pas capable de dire si elle l'est. Elle lui sourit doucement avant de lui dire.

-Je dois t'avouer que c'est juste une petite passion que j'ai depuis que je suis gamine, je peux tout d'abord te dire que j'ai commencé cette collection grâce à mon père d'adoption, dit elle nostalgique en se revoyant petite avec cette petite figurine de la petite sirène entre ses mains, désolé je me suis perdue dans mes pensées, rigole la jeune femme avant de boire son verre, avant de se lever et en même temps réveiller la dormeuse, Nix, tu sais que c'est le risque que je te réveille si tu te mets là, dit elle en lui grattouillant en dessous de l'oreille. Je pense qu'on devrait s'installer directement dans la fameuse pièce, il y a un petit coin cocooning que j'ai installé à mon arrivée dans cette appartement, on sera directement dans l'ambiance?



C'est ainsi que les deux femmes se dirigent vers une porte, qui est banale d'extérieur, elle sort de sa poche une clé pour ouvrir celle-ci et allumer la lumière. Aliénor se pousse pour laisser entrer la journaliste. Elle laisse un peu la journaliste découvrir les lieux, le temps que la jeune femme aille chercher le plateau dans le salon.

Elle revient dans la fameuse pièce, qui était plutôt grande, très organisée. Elle s'installe sur un pouf noir, laissant le fauteuil à son invité de la soirée.
-Ce que tu vois te plait Mei Li ? lui demande amusée face au regard surpris de la jeune femme.

Je savoure la citronnade en écoutant Aliénor. Ecouter fait partie de mon métier et j’aime interviewer les personnes passionnées telles que la jeune femme, ça s’entend à sa voix, ça se voit à sa gestuelle et à ses yeux rêveurs. D’ailleurs, elle est si distraite qu’elle ne réalise pas m’avoir tutoyée d’emblée en m’accueillant avant de passer au vouvoiement mais je ne lui en tiens pas rigueur, il y a aussi peut-être un peu la lassitude de toute une journée. Ainsi, elle m’avoue que cette collection est une passion commencé très tôt dans sa vie, ce qui ne m’étonne pas vraiment. Par contre, je ne savais pas qu’elle était due à son "père de cœur", ce qui amène un sourire nostalgique sur mes lèvres alors que je prends quelques notes en la suivant.

"Ne sois pas désolée, j’espère ne pas réveiller des souvenirs tristes avec mes questions. J’ai moi-même eu un père de cœur."

Je m’interdis à la rêverie pour ma part, après tout je bosse. Aliénor demande gentiment à son toutou de se déplacer et me montre une pièce remplie d’étagère, elle-même pleines de films et jeux vidéos sur le monde de Disney et de Harry Potter.

"Woa."

Elle me demande si ce que je vois me plaît, manifestement amusée par mon regard surpris et encore j’étais avertie. J’imagine la réaction de quelqu’un qui ne s’y attendrait pas du tout. J’observe les rangée de jeux vidéo et note qu’il en manque, celui honni par les fans du premier dessin animé de Disney, ainsi que par celles et ceux qui y ont joué en fait.

"Ca a du prendre toute une vie pour les rassembler. Il y a même des films VHS et leur jaquette a l’air en très bon état."

Je me tourne alors vers mon hôtesse avec un sourire entendu.

"Ca doit être quelque chose de dépoussiérer les livres et les figurines."

Il ne faudrait pas oublier que Disney ce sont aussi des livres, sans oublier évidemment Harry Potter, puis les figurines, je n’en vois aucune ici, j’en déduis qu’il y a sans nul doute une autre pièce.