麺と再会 / 面条和团圆 / Noodles And Reunion (ft. Lawrence U. O'Connell)

J’étais plus joyeuse que je n’aurais dû l’être à l’idée de revoir un ex. Mais c’est que ce n’était pas n’importe quel ex - c’était Lawrence, avec qui j’étais restée en bons termes. En partie parce que nous ne nous étions pas séparés dans le drame et la colère ; il y avait surtout eu de la tristesse. Il avait dû repartir en mer, sur son bateau. Il ne se voyait pas rester avec moi, à Singapour, et moi je ne pouvais pas, ne voulais pas, partir avec lui. Alors … ben, je l’ai laissé s’en aller. Mais on a continué à se parler, de temps à autre. Et hier, j’avais appris que non seulement il était à Bowen mais qu’en plus il allait étudier à la même fac que moi et qu’il vivait lui aussi dans la résidence ! Comme quoi la vie, parfois … Bref. Il me manquait un peu, j’avais envie de le revoir alors je lui avais dit de passer dans ma chambre (enfin dans mon logement quoi) pour qu’on puisse discuter et déjeuner ensemble. Le bon vieux temps, tout ça …

D’ailleurs, il fallait que je me mette aux fourneaux. J’avais tenu à préparer un petit quelque chose pour l’occasion. C’est vrai qu’on aurait simplement pu aller boire un verre ou aller manger un truc ailleurs mais j’aimais bien cuisiner et je me souviens qu’il appréciait ce que je lui faisais. A manger, hein.  Certes, pas que, mais euh … voilà. C’est du passé ça. Reprenons. J’étais prête pour revoir Law. Maquillage léger, une tenue très simple - un tee-shirt rose légèrement décolleté, une jupe noire et des chaussures plates assorties. Pas besoin de beaucoup plus. C’était juste un ami après tout ; même pire que ça, un ex. Je n’avais pas besoin de m’apprêter particulièrement pour le séduire ou quoi. Puis il m’avait déjà vue mal habillée, mal coiffée, pas maquillée, tout ça, enfin vous comprenez ce que je veux dire. Même si en l’occurrence, aujourd’hui, j’avais quand même pris le temps de me teindre les cheveux. En rose, parce que c’était ma couleur préférée et aussi … oui, que c’était un clin d’œil au jour où on s’était rencontrés. J’arborait déjà ma couleur fétiche ce jour-là. Nostalgique, moi ? Peut-être un peu.

Mais bon, pas le temps de repenser à lorsque Lawrence et moi étions ensemble. Il me restait du pain sur la planche. J’avais choisi de préparer des nouilles sautées - accompagnées de poivrons et de curry. J’aime bien la nourriture un peu épicée. Bien sûr, ce ne serait pas des « vraies » nouilles sautées comme on peut en faire par chez moi, je ferais avec ce que j’avais, mais ça ne devrait pas être trop mal quand même. Il fallait que j’y m’y mette, j’avais encore du temps avant que Law n’arrive mais tout de même. Je lui avais donné rendez-vous pour midi pile. Il me restait vingt minutes - ça devrait être bon.

J’avais tout juste terminé de mettre la table lorsque j’entendis frapper à la porte. Concentrée comme j’étais, ça me fit sursauter un peu. Oh, bon sang, c’était lui ! Enfin, en principe. Je me tournai vers la porte. Je me sentais … nerveuse. Evidemment. Je ne l’avais pas revu en vrai depuis des mois. Mais j’étais excitée comme une puce aussi. On allait pouvoir prendre le temps de se poser, de se parler, de passer un bon moment comme à l’époque - enfin presque comme à l’époque. Bon, allez, Kae, va lui ouvrir ! Le fait pas attendre, mais si t’aimes bien te faire désirer. Bon. Je regardai une dernière fois mon reflet dans l’écran de mon téléphone, remis en place une mèche qui dépassait, et me précipitai vers la porte.

はい、それは彼でした！Et oui, que j’étais heureuse de le revoir ! Avec un grand sourire, je me jetai sur lui pour le prendre dans mes bras. « Law ! T’es là ! Ça me fait tellement plaisir de te voir ! » J’étais excitée comme une puce. J’espère que lui était tout aussi content. « Entre, je t’en prie ! », m’écriai-je en le prenant par le bras avant de le faire entrer. « Je te fais pas visiter hein, toutes les chambres sont pareilles. Comment tu vas ? » Moi, j’allais super bien, comme il l’avait sans doute deviné. Je n’étais pas du tout du genre à cacher mes émotions - ça me venait de mon père, sans aucun doute, ma mère était beaucoup moins démonstrative, comme la plupart des japonais. Ouais, je me sentais très bien. Et ce n’était sans doute que le début !

Kae & Lawrence

Ça me faisait plaisir de revoir Lawrence, comme ça faisait plaisir de revoir un vieil ami après un certain temps. Même s’il avait été davantage qu’un ami bien sûr … et que je regrettais un peu ces quelques mois, ces bons moments qu’on avait passé tous les deux. Ça aurait pu se passer autrement, ça aurait pu continuer encore, sans doute … mais ni lui ni moi n’étions prêt à faire un choix. C’est comme ça. Est-ce que j’aurais préféré que Law soit à l’heure actuelle plus qu’un ami ? bien sûr, mais je sais aussi que nous avons fait le bon choix. Enfin bref, inutile de ressasser le passé. Un câlin, comme celui que je venais de lui faire à peine était-il entré, c’était désormais ce qu’il y aurait de plus intime entre nous.

« Ça me fait plaisir à moi aussi, tu peux pas imaginer ! Je vais très bien, et toi ? Tu as fait bon voyage ? T’es installée à ton aise ? », me demanda-t-il. Je hochai la tête. « Huit heures d’avion jusqu’à Brisbane, puis un autre jusqu’à Mackay et deux heures de taxi jusqu’ici, c’était fatiguant mais je me suis bien reposée depuis ! », fis-je avec un petit rire. « Je suis pas mal ici ! Je vais bien, très bien même. » En partie grâce à sa présence, bien sûr. Et parce que maintenant que j’étais bien installée je pouvais enfin réellement commencer à profiter de mon escapade australienne. Ce qui sous-entendait plein de choses ; découvrir un peu le coin, trouver où aller pour s’amuser, et me mettre sur le marché aussi - du travail et de la séduction. Histoire de, euh … enfin je vais pas vous faire un dessin. Mais en attendant, j’allais profiter de cette après-midi avec Lawrence. Et avec Léo, aussi, bien sûr ! je jetai un regard attendri à la tortue qu’il avait posé par terre. Il en avait vécu des choses cet animal, quand on y pense ! et ce n’était sans doute que le début. La tortue pourrait nous survivre tous les deux. C’était assez impressionnant pour une si petite chose. Bref. « Coucou, toi ! » fis-je à la tortue avec un petit signe de main. J’aime beaucoup les animaux. Mais je n’en avais jamais eu pour moi toute seule depuis que j’étais (plus ou moins) indépendante. Trop de responsabilités. J’avais déjà réussi à faire mourir des plantes vertes, alors des animaux … autant ne pas leur infliger ça.

« J’ai apporté ça … », fit Lawrence en me donnant une bouteille de coca. « C’est pas grand-chose mais ... » … c’est l’intention qui compte, oui. Je pris la bouteille le remerciai d’un petit signe de tête. J’aurais préféré des fleurs quand même. Ou de la lingerie. Ou … je plaisante, je plaisante ! « Merci. Viens, installe-toi, c’est presque prêt ! » m’écriai-je en l’invitant à me suivre. Il me demanda ce que je devenais, si j’avais des trucs à raconter. Hum … je crois que je n’ai de spécial à dire en vérité, c’est un peu triste. « Eh bien … toujours célibataire », lui répondis-je avec une moue exagérée, « mais j’ai un peu abandonné l’idée de retrouver quelqu’un d’aussi parfait que toi. » Oh là, calme-toi tout de même, jeune fille. Ou il va commencer à se dire que tu l’as invité avec l’intention qu’il mange autre chose que tes nouilles. « Même pas l’ombre d’un plan cul en vue », je continuai, avec un regard malicieux. Certes, il m’avait pas demandé. Mais ça me gênait pas de parler de ce genre de choses avec mes amis. Même mecs. Il savait que j’étais comme ça. Bref. Les plans culs, ce n’était même pas mon truc habituellement mais il fallait bien avouer que le … contact avec les hommes, disons ça comme ça, me manquait un peu. Bah ! je ferais comme d’habitude. Ce soir, petit plaisir solitaire, une clope et au lit. (Je sais, vous n'aviez pas forcément envie de savoir ça, hi hi).

« En vrai … à part ça, je n’ai pas grand-chose à raconter, je crois … », admis-je en remplissant deux verres. « Je suis toujours modèle. J’ai déjà trouvé quelques plans dans le coin. Comme d’hab, ça rapporte pas beaucoup, mais ça me fait connaître un peu. » Mais l’exposition ça nourrit pas, ça paie pas les factures et même si je n’ai jamais été à plaindre mes finances n’étaient pas illimitées. J’avais déjà quelques pistes pour y remédier ; mais je n’allais pas l’embêter avec ça. « Et toi alors ? », demandai-je à Lawrence. « Tu as vécu de grandes aventures sur ton voilier ? T’as quelqu’un en vue ? Dis-moi tout ! » Je le fixai du regard, attendant sa réponse.

Kae & Lawrence

Je dis souvent que je ne tombe pas amoureuse - et je crois que c’est plutôt vrai. Je n’ai encore jamais ressenti ce qu’on peut appeler de l’amour, enfin le vrai amour en tout cas, quoi que ça veuille dire. Enfin, si, une seule fois. En la personne de Lawrence. Je l’aimais, je crois bien. Genre, vraiment. Si ça avait pu durer plus longtemps, eh bien … ça aurait duré plus longtemps, vous comprenez ce que je veux dire ? Mais bon, la vie a fait que ça n’a pas été possible. J’ai pleuré, un peu … beaucoup, en fait. Puis j’ai oublié. Enfin, non, je n’oublierai jamais ces instants, ces mois en fait que Lawrence et moi avons passé ensemble. Mais disons que je ne vois plus ça comme un échec. Parce que ce n’est en pas un. Nous sommes restés amis par la suite, nous n’avons jamais cessé de rester en contact, avec plus ou moins d’assiduité. Je crois que je l’aime toujours un peu. Mais je n’espère rien, évidemment. Ce serait probablement une erreur. Et puis peut-être que lui ne ressentait plus rien du tout de son côté.

Enfin, faut plus que j’y pense. Lawrence est un ami à présent, un très bon ami certes, mais uniquement un ami. Alors on commence à discuter, de choses dont les amis parlent entre eux. Il va bien, moi aussi, sujet suivant. J’évoque le sujet de l’amour, en tout cas de nos relations actuelles respectives - rien à se mettre sous la dent de mon côté. Law semble s’en inquiéter quelque peu. « Alors là… C’est pas possible ! Faut qu’on sorte ! J’vais te trouver le gars digne de ce nom ! Tiens. Pour commencer… que dirais tu de venir en soirée avec moi, samedi prochain ? » Ben, carrément ! Ça faisait un bout de temps qu’on avait pas fait un truc ensemble. Normal … « Ca me ferait super plaisir ! Tu pourras être mon wingman », fis-je avec un petit rire. Ou bien un entremetteur … ou ce qu’il voulait. En tout cas … du côté professionnel non plus, rien de très nouveau de mon côté. Ce serait presque triste en fait ; si j’en avais quelque chose à foutre et surtout si je n’avais plus du tout parlé à Law depuis notre séparation. Or, c’était pas le cas. C’est juste que c’était la première fois qu’on se reparlait « en vrai » depuis pas mal de temps. Bref … qu’en était-il, de son côté à lui ? Son cœur était-il pris ?

« Ben… je crois bien ! » fit-il, vraiment enthousiaste. « J’ai … je parle beaucoup avec une fille ces derniers jours. On s’est rencontrés sur un site de rencontres ! Et tu sais pas le plus drôle ??? ben … C’est la sœur d’un de mes meilleurs potes ! Et je l’ai rencontrée en allant le voir ! J’ai cru que je rêvais ; c’était tellement improbable ! » Il se prend d’un rire, et du coup moi aussi parce que disons que son enthousiasme est assez contagieux ! il a de la chance en tout cas … je le jalouserais presque. Mais je me contenterais d’être content pour lui. Et impressionnée, presque. Parce qu’il avait de la chance, je veux dire. Il était apparemment revenu depuis quelques semaines seulement, on peut dire qu’il ne chômait pas, du coup - mais bon, en même temps il était originaire du coin alors ce n’était pas si surprenant, qu’il connaisse un peu de monde. Bref, passons. « Je suis contente pour toi », fis-je avec un sourire vraiment sincère. Non, vraiment. C’est un bon gars. J’espère que les choses tourneront bien pour lui. Même si … la sœur d’un pote ? C’est pas, euh … défendu par le code des mecs ou je sais pas quoi ? Genre pas touche à la sœur, à la mère et à d’autres ? Je … enfin j’en sais rien. C’est probablement pas mes oignons - et moi de mon côté j’me gênerais probablement pas pour sortir avec le frère d’une amie. Je l’ai déjà fait, en fait. Bon, d’ailleurs, en parlant d’oignons … les nouilles sont enfin prêtes.

« Je crois que c’est prêt », m’écriai-je en revenant devant mes fourneaux. Ouais. Enfin ! ça me donnait faim, de parler. Et comme je parlais tout le temps, j’avais tout le temps faim. Bon, j’exagère un peu. Voilà mes passions en tout cas : manger et parler. Et puis le sexe aussi bien sûr. D’ailleurs on pouvait facilement mêler les trois. Bon, pas ce soir bien sûr. On se contentera des deux premiers. Bref, à table ! J’invitai Lawrence à s’attabler, et lui tendis une paire de baguettes : « J’espère que tu as pas oublié comment on fait ! » - même s’il m’avait déjà assuré par message que non. Enfin au pire j’ai des couverts hein, j’vais pas le torturer non plus. Bref. « 祝您用餐愉快 ! », fis-je en posant le délicieux plat de nouilles sautées devant nous. Oui, je passe au chinois pour l’occasion.

« On devrait trinquer à nos retrouvailles », fis-je en levant mon verre pour l’instant encore vide. « Bon, on n’a que du coca, mais … si tu veux on pourra aller boire un verre après. Ou aller acheter quelque chose vite fait. » Dans tous les cas, ça se fête, c’est certain !

Kae & Lawrence

Ouais, je crois que ça me plairait bien de sortir un peu ; parce que je n’en avais pas encore eu vraiment l’occasion dans cette ville et puis parce que ça faisait longtemps qu’on n’avait pas fait un truc tous les deux, Lawrence et moi. Et puis pour la première fois depuis … eh bien, depuis toujours en réalité, ce serait strictement en amis. Je vois bien le tableau ; deux bons potes qui sortent un soir pour aider l’un d’eux à trouver quelqu’un. Ça pourrait être sympa, pour sûr ! et puis, qui sait, ça pourrait réellement servir à quelque chose … c’est qu’être avec quelqu’un commençait un peu à me manquer mine de rien. Sans parler forcément d’amour ; je tombe pas amoureuse moi. Juste … avoir l’impression de compter pour quelqu’un, c’est ça qui me manque. Et que ce soit pas uniquement … euh, mon vagin qui compte pour quelqu’un. Idéalement. Enfin bref … Law sembla accepta ma proposition (qui n’en était pas vraiment une d’ailleurs) : « Ok, mais… Faudra suivre un entraînement drastique ! Des plus sérieux ! La drague, ça ne s’improvise pas ! » Il plaisantait, bien sûr … je le connaissais bien et puis si ce n’était pas déjà suffisamment clair il ne tarda pas à l’expliciter. « J’suis toujours prête à apprendre ! On commence par quoi maître ? », fis-je sur le même ton en me marrant également. Remarquez, comme ça on serait quittes - je lui ai appris quelques petites choses moi aussi. Non … pas du genre que vous pensez. Ça, j’ai appris en autodidacte.

Bref. Il me parle ensuite de cette fille qu’il semble … bien apprécier. Il ne me dit pas son nom, mais vu la façon dont il en parle, je ne doute pas que j’entendrai à nouveau parler d’elle sous peu. A en croire ce qu’il me disait, il avait encore à se lancer … mais je ne doutai pas qu’il le ferait. Il a un côté timide parfois, mais s’il a des sentiments il n’y résistera pas bien longtemps. Je suis bien placée pour le savoir. En tout cas, je suis contente pour lui. Non, vraiment, je ne suis même pas un peu jalouse ou quoi. Lui et moi c’est fini après tout. C’était … au tour de cette fille, si je peux m’exprimer ainsi. Ouais …

Je décidai ensuite qu’il était temps de passer à table. Je crois que Law avait bien hâte de goûter à nouveau à ma cuisine et moi ça me faisait plaisir de cuisiner à nouveau pour quelqu’un. C’est … je sais pas, moins triste en un sens. A quoi bon savoir cuisiner si ce n’est pas pour en faire profiter les autres ? Même pour se faire des amis, ou plus, c’est très pratique. Mais bon, Kae … tais-toi et mange.

« Ça sent trop bon ! », s’écria mon ami alors que je lui servais mes nouilles faites avec amour. Oh, c’est pas grand-chose, voulus-je lui dire avant de me rétracter. Parfois, il faut simplement prendre les compliments et ne pas rétorquer. Jouer les modestes c’est plus agaçant qu’autre chose. Et puis bon, quitte à me vanter un peu, je sais que je suis pas mauvaise. Heureusement d’ailleurs, parce que la cuisine c’est la seule chose un tant soit un minimum utile à la vie que je sache faire. Bon. Bon appétit, tout ça. Alors … ouais, c’est pas trop mauvais ! Je suis contente. C’est bien chaud, c’est pas trop cuit, épicé mais pas trop non plus. Bon c’est vrai que c’est difficile de rater des nouilles sautées, et que c’est une recette que j’ai l’habitude de faire, mais quand même, je suis plutôt satisfaite. Lawrence aussi, apparemment. C’était « vraiment excellent », s’écria-t-il. Je souris une nouvelle fois. « Merci à toi ! Ça me fait plaisir ! D’avoir quelqu’un à déjeuner, tout ça … » Parce que j’aime pas être toute seule, moi. Il me faut quelqu’un à qui parler, tout le temps ou presque. Je trouverai quelqu’un pour ça, des amis, à Bowen, je le sais très bien, alors je ne me fais pas trop de soucis là-dessus. Pour l’instant, c’est de la présence de Lawrence dont je profite, dont je me nourris autant que de ces délicieuses nouilles.

D’ailleurs on devrait fêter ça - nos retrouvailles, pas les nouilles, hein. « Oh ! Oui ! C’est une super idée ! Je connais un bar pas très loin du campus ! Si ça te dit… on pourrait y aller après ? Qu’est-ce que tu en pense ? Et puis… si tu veux, on pourrait même prendre un dessert chez le crêpier au parc ? », s’enthousiasme mon ami. Je hochai la tête. « Ouais, j’suis partante pour les deux ! » Je bus un peu de coca, et repris : « Si j’avais su, je serais allée acheter du champagne. Ou du bon whisky. » Même si on a pas tellement le droit d’avoir de l’alcool dans la résidence, en théorie. Pfff, dans les faits tant qu’on n’est pas visiblement bourré, ça passe, non ? Impossible que ce soit aussi strict que par chez moi. Et il faut que j’arrête de comparer, bon sang … c’était presque comme si Singapour me manquait déjà.

« Tu sais … » J’hésitai. Je sais pas si c’était une bonne idée de parler de ça, alors qu’on venait à peine de se retrouver. Il risquait de s’imaginer que je tente de le reconquérir ou quoi, alors que … ben, non. « Je me disais que … ce n’est peut-être pas si mal que … Euh, que ça se soit terminé comme ça entre nous. » Oui, comme ça, ça sonne mieux. « Je veux dire … d’un commun accord. Parce que sinon, l’un ou l’autre aurait fini par faire une connerie ou je sais pas quoi et ça aurait mal fini. On se serait détestés, j'veux dire. » J’aurais fini par détester de vivre sur un bateau, ou bien il se serait lassé de Singapour, ou de moi. Donc, en un sens … « Ca peut paraître bizarre, mais … ben je regrette pas, en fait. Ni que ça se soit fini comme ça, ni tous les bons moments qu’on a passé ensemble avant. »

Ben merde, j’étais devenue vachement sérieuse d’un coup. J’espère que je n’ai pas trop niqué l’ambiance.

Kae & Lawrence