on the road again ft. Skye Lockwood

La fin de l'école approchait à grand pas, et Kurt guettait impatiemment cette heure. Son nouveau boulot  lui permettait une certaine flexibilité au niveau de ses horaires et il n'allait pas s'en plaindre. Quand il pouvait faire en sorte d'être présent aux côtés de sa fille, il n'hésitait pas un seul instant. Le reste du temps, il avait heureusement sa soeur et sa mère sur qui compter pour jouer le rôle de nounou - bien que Rosita clame déjà depuis une bonne année que ce n'était plus un bébé et qu'elle pouvait bien se débrouiller toute seule. Kurt avait peut-être tendance à la surprotéger, mais avec un père pareil, elle n'avait pas vraiment le choix.

Contre toute attente, son téléphone sonnait très vite pour afficher le contact de sa fille. Elle le tenait au courant qu'elle était invitée chez une amie, et que sa mère s'occuperait de ramener Rosita à la maison en fin d'après-midi. Lui qui était content de passer un petit moment privilégié avec sa princesse ne trouva rien à redire, il ne voulait pas la priver d'un moment de sociabilisation pour le passer avec son vieux père. Il approuvait donc, raccrochant très vite son téléphone. Au lieu de commander deux boissons au starbucks, il se contentait de n'en prendre qu'une, quelque chose de chargé en caféine pour le tenir éveiller. Quittant l'enseigne, il remontait un peu la rue, retrouvant son deuxième bijou aaprès sa fille : sa moto. Se posant sur cette dernière le temps de boire son café, il sortait une cigarette de son autre main, venant abimer ses poumons un peu plus. Vieille habitude, quand tu nous tiens. « Putaaain... » s'exclamait-il en s'étirant, les muscles encore fatigués des travaux qu'il avait fait la veille dans leur maison. Kurt était familier avec les insomnies, et quand ça lui arrivait, il fallait qu'il se trouve quelque chose pour s'occuper. C'était souvent pour cette raison qu'il se trouvait à bricoler à trois heures du matin. Plus jeune, il parcourait les rues à la recherche d'un bar, mais ses responsabilités d'adulte l'en empéchait à présent. Pour le meilleur comme pour le pire. La veille, il avait fait quelques améliorations dans le garage. Forcément, c'était une habitude qu'il regrettait souvent le lendemain. Heureusement que la caféine existait.

Son petit mot vulgaire lui valu quelques regards noirs en coin - Kurt ne maitrisait pas toujours son volume sonore et avait souvent tendance à oublier qu'il n'était pas seul au monde. Il faut dire que sa dégaine n'aidait pas, alors qu'il était un pauvre père célibataire qui tentait de mener sa barque comme il le pouvait. Dans le présent, du moins. Lui qui avait prévu de passer le reste de la journée avec sa fille se retrouvait sans aucun plan. Ce qui allait probablement se terminer avec quelques litres d'essence de bruler. A force, il pourrait tracer la carte de Bowen les yeux fermés.

Pour une fois, Skye ne sèche pas les cours. Non, non, vous avez bien du mal à y croire, mais l’université leur a laissé cet après-midi de libre. Et il n’y a même pas un devoir à rendre, rien de tout ça. Pour une fois, elle est vraiment libre de son temps. Enfin, c’est ce que l’école lui laisse croire, car le principe de cet après-midi est de pouvoir réviser les cours, ce que son amie Leyla conseille et fera. Mais Skye, elle s’en moque, elle en profite pour se détendre, car après, tout, elle a bien raison, les repos sont importants pour mieux reprendre. Ainsi, elle prend son scooter en direction du centre-ville, même si elle sera seule, sans sa copine. Elle flâne ainsi dans les rues, sans raison précise, sans envie de faire une bêtise -pour une fois-. Puis, elle décide de laisser son scooter sur une des places centrales. En effet, elle vient de passer devant sa boulangerie préférée. Bien que les sablés écossais de son enfance lui manquent, les lamingtons ont réussi à la séduire. Elle a découvert le vraie goût de la noix de coco ici, et depuis, elle ne peut plus s’en passer. Un vrai régal, un vrai plaisir. La définition du bonheur. C’est dans cette euphorie de douceur qu’elle ressort les poches pleines de pâtisserie avant de s’assoir sur un des bancs de la place pour laisser ses papilles s’émerveiller plus que ses yeux. Elle regarde son environnement, et voit la plupart des gens accompagnés. Elle n’aime pas être seule, c’est vrai. Une sensation étrange traverse son corps. Elle a dû mal à l’analyser, Skye. Elle n’a jamais pris le temps pour comprendre ce qu’il se passe dans sa tête, de penser à ses angoisses. Et, sentir ce froid, ce courant électrique qui provoque des maux de ventre et de cœur, ne l’amuse pas du tout. Il faut qu’elle s’occupe, qu’elle trouve une activité, qu’elle parte d’ici. Elle range donc ses pâtisseries dans son sac et marche en direction de son scooter, perdue dans ses pensées, dans l’incompréhension totale. Puis, un bruit la ramène dans le présent, et la surprend. Un homme qui vient de crier un petit gros mot. Ca fait rire Skye, elle n’hésite pas à sourire en le voyant, et surtout de se moquer des passants interloqués d’un tel langage. De toute façon, son scooter est garé non-loin de la moto de l’homme, elle ne peut pas l’éviter, alors autant bien l’accueillir. Quand elle arrive à côté de son bolide, elle lui adresse un petit sourire. « C’est plutôt moi qui devrait râler devant mon… » elle s’arrête quelques temps, observe son moyen de locomotion, tire une petite grimace puis reprend «… ma bécane ? » puis, rit en caressant la selle. «  J’ai un peu honte devant la tienne. » Elle ne le connaît pas l’homme, mais elle est comme ça Skye, elle se permet de tutoyer tout le monde. Et au pire, c’est un pédant qui le prend mal et elle n’aurait rien perdu à cette histoire, voilà ce qu’elle se dit.