If I follow you to the river, send my blues out to the sea + Andrew

Ces bracelets, c'était une surprise supplémentaire ce soir, à laquelle Charlize ne s’attendait pas. Elle se sentait si chanceuse, si gâtée. Elle se moquait pas mal des cadeaux et des démonstrations dans ce genre-là. Si elle avait envie d’un bijou ou même d’un bouquet de fleurs, elle n’attendait pas qu’un homme les lui offre, elle se les offrait elle-même. Ainsi, elle n’était jamais déçue ou en demande. Cependant, il fallait avouer que cette attention la touchait beaucoup, aussi parce qu’Andrew lui apprenait que les bracelets attendaient sagement depuis Noël, période à laquelle ils s’étaient déjà un peu éloignés et où rien n’était sûr entre eux. Alors, même quand elle l’avait fui, il pensait encore à elle, c’était réellement adorable. Elle déposa un baiser plein de tendresse sur la joue du musicien. La fille a beaucoup de chance, alors. Répondit-elle dans un sourire. Avant de se montrer un peu plus entreprenante envers lui. À ce stade, l’alcool avait déjà commencé à redescendre. Donc ce n’était pas une femme saoule qui tentait de séduire le brun, mais une femme sous son charme qui décidait enfin de se lâcher et de prendre le contrôle de cette histoire. Il l’embrassa avec un peu plus de fougue et Lize sentit tout son corps s’enflammer. Elle avait envie de lui, ce genre d’envie qu’elle n’avait pas ressenti depuis tellement longtemps. Pour être honnête, son cœur s'emballait sérieusement, parce qu’autant elle sentait monter le désir, autant elle n’était plus sûre de savoir faire, d’être à l’aise dans l’intimité avec un homme. Mais elle l’avait chauffé toute la soirée, alors elle ne recula pas. Andrew la prise par la main et elle le suivit en souriant entre deux baisers toujours plus brûlants. Très agréable oui. Répondit-elle dans un petit rire. Puis, elle secoua la tête. Non, mais dans ton lit oui. Elle jouait sur les mots, preuve qu’elle avait tous ses esprits. Et pour lui prouver qu’elle ne comptait pas se dégonfler, elle l’embrassa avec passion, fouillant ses cheveux, glissant également sa main sous son t-shirt. Elle s’embrasait, elle qui avait peur, elle retrouvait pourtant les gestes qui pouvaient faire chavirer un homme. Parce qu’il n’était pas n’importe quel homme, mais ça, Andrew l’avait bien compris.

Quand elle était plus jeune, Charlize avait su faire, la séduction, les regards, faire monter le désir, les baisers langoureux. Elle n’avait pas besoin d’alcool pour lui donner des ailes. Mais depuis toute sa vie avait été bouleversée, elle avait souffert du départ d’Axten, elle était maman aussi. Et puis elle n’avait plus la confiance que la jeunesse conférait, il fallait bien l’admettre. Alors oui, les quelques verres de trop de ce soir l’avaient considérablement aidé à se lâcher, mais à présent l’alcool redescendait un peu et ne restait que le plaisir d’avoir retrouvé Andrew. Cette deuxième chance qu’ils s’offraient et qu’il ne fallait pas laisser passer. Il restait ce désir qui se faisait pressant et qu’elle n’avait pas ressenti depuis des années. Non, le musicien n’avait pas à s’en faire, il ne profitait pas d’une femme saoule ce soir. Dans la chambre, seulement éclairée par un réverbère extérieur et la lumière qui venait du couloir, ils se découvraient un peu plus. Les doigts fins de la blonde dansaient sur le corps du musicien. Torse puissant, abdominaux dessinés, elle ne l’avait pas encore vu, mais ce qu’elle touchait lui donnait bien des idées. Elle avait envie de le voir, de l’admirer, il était beau Andrew, ce genre de beauté dangereuse parce qu’irrésistible. Il finit par retirer son t-shirt et enfin, elle le découvrit, entre ombres et lumière, elle détailla les tatouages avec curiosité, elle frissonna, sourit en se mordillant la lèvre inférieure. Il était terriblement sexy, oui, il lui donnait presque des complexes. Tous ces tatouages qui se dessinaient sur sa peau, avaient-ils une signification ? Mais elle n’eut pas vraiment l’occasion de se poser la question, il souriait, heureux de son petit effet. Elle n’était probablement la première à fondre face à sa plastique. Décidément, Charlize était une groupie comme les autres. Sauf que ce soir, ce serait elle dans ses bras, pas une autre, surtout pas cette autre blonde du bar.

Cette nuit fut délicieuse, tendre et charnelle à la fois. Andrew était un partenaire doux et prévenant. Exactement ce qu’il fallait à Charlize qui doutait de ses capacités en matière de relations intimes. C’était la première fois depuis des années qu’elle se laissait aller dans les bras d’un homme, la première fois depuis Axten, qui avait lui-même été sa plus longue expérience. La jeune femme manquait cruellement de confiance, heureusement l’alcool qui coulait encore dans ses veines et son état passablement euphorique aida beaucoup à ce qu’elle se détende. Elle se laissa guider par le musicien qui joua avec son corps comme s’il était son instrument pour cette nuit. Au terme de cette étreinte, Charlize s’endormit rapidement dans les bras de son amant, épuisée par l’effort et toute cette soirée. Elle ne sentit pas son regard sur elle qui la couvait. Ou peut-être que si, inconsciemment et que ce fut ce qui la fit se sentir en pleine confiance, dans ce lit inconnu, loin de chez elle et ses repères. Puis le soleil se leva, timide, mais suffisamment présent pour chatouiller le visage de la blonde. Elle avait pour habitude de se lever avant l’aube, alors c’était presque une grasse-mâtinée qu’elle venait de faire. Le brun respirait doucement contre elle, c’était une sensation agréable. Mais à présent, que faire ? Elle n’avait pas envie de le quitter, elle assumait cette nuit et son attitude, enfin pratiquement tout. Mais avait-elle envie d’un réveil gênant ? Probablement qu’il serait mieux qu’elle rentre chez elle et qu’ils se revoient plus tard ? Elle commença à bouger dans le lit et à ce moment-là Andrew resserra son étreinte autour d’elle, elle était prise au piège. Un piège délicieux, ceci-dit. Cependant, il était encore à demi endormi et elle ne dormait plus du tout. Elle resta là un moment, à regarder ce qu’elle pouvait voir de cette chambre, pas vraiment décorée en vérité. Finalement, elle réussit à se rendormir d’un sommeil léger encore une petite demi-heure et quand elle se réveilla à nouveau, la respiration de Drew était devenue profonde, il dormait réellement. Alors, elle se dégagea avec beaucoup de précautions, récupéra ses affaires éparpillées puis allait quitter la chambre et cet appartement. Seulement en se retournant, elle se cogna l’épaule contre l’armoire, ce qui fit un bruit monstrueux. Enfin pas tant que ça, mais assez, comparé au silence qui régnait. Elle grimaça, fixa Andrew qui émergeait. Puis lui sourit, gênée, face à lui, en lingerie avec sa robe dans les mains. Bonjour ! Elle hésita, ne sachant trop que dire. Il parait que tu es le roi des crêpes… Je meurs de faim. Bravo ma grande, belle sortie !

Heureusement, Charlize ne s'était pas fait mal, mais sa fierté venait d’en prendre un coup, alors que Drew se redressait en sursaut suite à sa maladresse. Il la prenait en faute, essayant de quitter l’appartement en douce après leur nuit ensemble. De quoi avait-elle l’air ? À le fixer comme un lapin pris dans les phares d'une voiture ! Elle devait vraiment passer pour une idiote. Aucune idée, peut-être huit ou neuf heures. La pâtissière hasardait, mais elle n’en savait rien en vérité, juste qu'il devait être bien plus tard que son heure habituelle pour se lever. Elle esquissa un sourire en se redressant pour reprendre une attitude un peu plus normale. Je ne suis pas difficile. C'était exact et puis, avec des crêpes, il avait peu de chance de se tromper. Elle restait là à le fixer alors qu'il se retrouvait à nouveau nu face à elle. Quelques souvenirs de leur nuit virent lui chatouiller le ventre et elle se rendit compte que c’était bien réel. Après des mois à se tourner autour, à se chercher, à se fuir, ils avaient enfin fait ce grand saut. Elle avait osé lui faire confiance. Il s’habilla à la va-vite et passa devant elle avec une mine chiffonnée qu'elle reconnaissait, le Andrew des débuts avait ce même air renfrogné. Lize soupira un bon coup, laissa sa robe choir sur le sol de la chambre et attrapa un t-shirt qui traînait là avant de l'enfiler rapidement pour ensuite trottiner derrière son amant. Un café, c'est très bien. Elle préférait le thé, mais n’osa pas demander et puis elle se dit qu’un café, après cette courte nuit, ne lui ferait pas de mal. Ça va. Répondit-elle avec un mince sourire en le regardant s’affairer dans la cuisine. Je regrette d'avoir trop bu, j’ai mal au crâne. Répondit elle en se massant les tempes. Mais le reste, non, elle ne le regrettait pas. Peut-être s’était-elle montrée un peu trop entreprenante, un peu trop insistante par moments, ça ne lui ressemblait pas tellement. Elle aurait pu regretter s’il l'avait repoussé. Mais elle regarda les bracelets fins qu’il avait accroché à son poignet et sourit, elle les fit danser doucement sur son bras. Elle n'avait rien à regretter. Charlize se leva et s'approcha du musicien. Je peux t'aider ? Elle le fixa, curieuse, en s’appuyant contre le meuble de cuisine. Tu regrettes, toi ?