time to know the truth -r.

Effectivement, tu allais lui laisser du temps. Tu ne voulais pas le presser, tu ne voulais pas qu'il ait l'impression d'être le mal venu parce que ce n'était pas le cas. En plus il avait Zach sur le dos, donc il devait bien se rendre compte qu'il y aurait toujours une place pour lui dans ta vie. Même si ce n'est pas en tant qu'amants. Plus la conversation avançait et plus tu trouvais qu'elle avait pris un tournant étrange. Elle semblait faire une fixette. Il y avait quelque chose qu'elle ne te disait pas et tu n'aimais pas ça. Pas du tout même. Tu avais l'impression qu'elle te cachait un gros secret et en même temps, tu n'étais pas sûre de vouloir l'apprendre. Ça te mettait dans tous tes états cette simple discussion. « Bon Ally, pourquoi tu me parles de mon père ? Ça va faire 20 ans qu'on se connait, tu sais comme moi qu'il existe pas, on avait essayé de le retrouver au lycée et ça n'avait pas abouti. Alors pourquoi tu me parles de pardonner, de faire un greffe pour lui ? » Elle semblait même à lancer un débat. Mince alors, qu'est-ce qui pouvait bien se passer ici ? Tu n'y comprenais plus rien, mais tu hochais la tête. Elle semblait en colère, mais tu n'arrivais pas à mettre le doigt sur le point qui la rendait ainsi. Surtout que le sujet de conversation était venu comme ça, sans que tu comprennes pourquoi et elle semblait derterminée à t'avoir de son avis. « En même temps, on ne peut pas abandonner quelqu'un qu'on connait pas, donc oui, ça paraît plus facile si t'es dans l'ignorance.. » Tu posas ta main sur ton épaule, et lui fis un sourire réconfortant. Tu avais l'impression d'avoir poussé le sujet un peu loin parce qu'elle te demandait si tu serais à pardonner ton père qui t'avait abandonné. Tu pris le temps d'une minute pour réfléchir. Avant de revenir à la réalité. Ça n'arriverait pas, jamais. Donc y réfléchir était inutile pour toi. « Mon père ? Mon père est un numéro introuvable à la banque du sperme Ally, il doit exister autant que le père noël. Alors j'peux pas te répondre » Tu n'étais pas trop sûre de savoir ce qui se passait. Ni même pourquoi elle amenait ton père sur la table, alors qu'au fond, tu n'avais été qu'un bébé éprouvette. Tu n'avais pas de père. T'en avais jamais eu et t'en aurais jamais. T'étais la fille sans père..

Tu avais fait un bon hors du canapé. Tu l'avais écouté jusqu'au bout sans dire un mot. La regardant s'en prendre à toi sans que tu puisses y comprendre grand chose. Tu avais du lui faire un truc, ou alors sa mère était un sujet à ne jamais abordé. Plus jamais tu n'oserais faire une reflexion sur sa mère. Tu la laissais glisser vers la cuisine. Le temps de reprendre ses esprits, de mettre les choses au clair par ce qu'elle venait de dire. Tu ne pouvais pas y croire. C'était tout bonnement impossible, même si biologiquement, ça existait. Tu ne pouvais pas être un bébé artificiel, enfin si, mais il fallait toujours du vrai sperme pour ça, et donc un homme. Tu faisais les cents pas dans son salon. Tu tournais en rond comme un coq en cage. Tu n'aimais pas ça. Pas ça du tout. Le ton avait monté, pour elle en tout cas. Tu avais encore ton calme, mais tu sentais bien qu'il était à deux doigts de se dissiper si elle continuait de jouer avec tes nerfs. A croire que ça l'amusait de parler d'un homme que tu ne connais pas et que tu ne connaîtra jamais parce que tu n'avais aucun moyen de le trouver. Tu finis par débouler dans la cuisine comme une furie, reprenant rapidement la conversation où tu l'avais laissé. « Je vois pas comment je peux comprendre une situation pareille, sans que j'ai de père » Tilt. Avant même qu'elle puisse te répondre, tu reprends la parole aussi vite. « Ally, tu sais où est mon père ? Il est vivant, tu l'a trouvé ? Il est où ? Il s'appelle comment ? Et comment tu l'as trouvé bordel ? Pourquoi tu ne me le dis pas clairement ? C'est quoi le problème ? » Tu étais abattue. Tu avais l'impression que ta vie venait de s'effondrer. Elle savait un truc sur ton père et ne voulait pas te le dire. Tu avais un père, chose encore plus incroyable. Et tu essayais de te refaire mentalement, la conversation que vous aviez eu. Au fond, même si tu le voulais, tu ne pouvais pas la comprendre, parce que tu avais été abandonné, alors que tu n'étais pas encore née. Ally s'est faite abandonné, elle avait déjà un certain âge. Sa mère avait choisi de la quitter, peut-être que la tienne n'avait tout simplement pas dit qu'elle attendait un enfant. Ce qui fait qu'elle t'aurait délibérément privée d'un père. Ce que tu ne pouvais pas croire non plus. Ta mère ne t'aurait jamais fait une telle chose, et tu ne pouvais pas la confronter, tu n'aurais jamais la réponse.

Tu lui avais laissé le temps de s'exprimer, même si tu avais eu envie de la couper a chaque mot qui sortait de sa bouche. Mais tu avais tenu le coup. C'était dur. Et tu devais te calmer aussi, tu avais bien remarqué que tu avais haussé le ton. Les derniers mots d'Ally, te déchiraient le coeur. Pourquoi pensait-elle une chose pareil ? Tu ne savais pas. Tu ne savais plus, à vrai dire, tu n'arrivais plus à penser correctement depuis que tu avais entendu le mot malade. Ton père est malade, tu es son seul espoir, et personne ne veut te dire où il se trouve ? C'est une blague non ? C'est ça, y a des caméras qui vont sortir de nul part en criant "surprise !". C'était forcément ça. Alors tu laisses une minute s'écouler, mais rien ne se passe. « Je te déteste pas Ally. Mets toi juste à ma place, t'as des infos sur mon père et tu peux rien me dire. Qui va le faire Ally ? » Tu ne savais plus trop quoi penser. Elle mentait. Ce n'était pas possible. Si vraiment, elle savait un truc, elle te l'aurais dit. C'était ton père, elle savait l'importance de ce sujet pour toi.  « Qui va me le dire ? » Tu le répetais à demi-mots. Sans vraiment t'adresse à elle. C'était à toi que tu parlais. Tu ne comprenais plus rien à cette histoire, et tu te rendais compte que les choses avaient été trop loin. « J'y comprends plus rien Ally, j'peux pas avoir de père, c'est juste IMPOSSIBLE. » Tu te laissais glisser sur une des chaises de la cuisine avant de prendre ta main entre ta tête.

Tu ne pouvais pas en croire tes oreilles. Et pourtant, tout semblait si concret, si réel. Tu devrais mener une enquête dessus, maintenant que tu sais que ton père est vivant, tu veux le rencontrer. Même si Ally continues de te dire que ce n'est pas un homme bien. Il est mourant, tu es sa fille, et tu as une chance de l'aider si ton ADN concorde. Pourquoi ne le ferais-tu pas ? Ally te répondrait que c'est parce qu'il t'a abandonné, qu'il s'en fout de toi et qu'il cherche à te retrouver uniquement pour vivre. Certes, c'est égoïste comme raison. Mais peut-être qu'après tout ça, il voudrait faire un pas dans ta vie ? Tu pouvais bien l'espérer un peu. Tu soupirais doucement, avant de reprendre, avec une voix fébrile. « J'ai un père Ally. Je.. C'est bizarre comme sentiment. J'ai tellement envie de le rencontrer, de voir si j'ai son nez, ses yeux, son caractère.. » Pour son caractère, tu en doutais fortement. Après tout, tu tenais beaucoup de ta mère. Et tu voyais mal un homme être aussi naïf, comme toi tu pouvais l'être. Tu te laissais prendre la main, et tu serrais la sienne très fort. Tu lui offris un grand sourire, même si elle ne voulait pas tout te dire, tu n'allais pas la repousser et la renier. Après tout, elle a dû être mêler à ça sans forcément le vouloir, tu devais juste trouver la personne qui serait capable de tout te raconter.  « J'ai très envie d'un smoothie, et après je devrais me remettre au travail ! » Rien de mieux qu'un smoothie pour oublier ses problèmes. Tu ne devais pas te laisser abattre, ce n'était qu'une question de temps. Tu avais bien attendu 25 ans, tu pouvais bien attendre un peu plus au fond.

Tu l'écoutes et tu lui dessines un sourire. Elle avait raison, tu ne pouvais pas avoir les yeux de cet homme parce que tu ressemblais trop à ta mère pour ça. Mais ce n'était pas improbable non plus, il y avait bien un détail qui faisait que tu devais lui ressembler. Peut-être les lobes d'oreilles ? Ou alors ton allergie aux crustacés ? Qui sait quoi d'autre, tu ne t'y connaissais pas assez en génétique pour savoir ce qui pouvait être héréditaire ou non. « Je suis quand même composé à 50% d'un ADN masculin, celui de mon père, donc j'dois bien avoir des choses de lui.. » Tu Tu continuais de te perdre dans ton fil de pensées, en cherchant vraiment ce que tu aurais pu avoir de lui. Et tu ne voyais pas, tu ne pourrais pas le voir tant que tu ne l'avais pas rencontré. Et dieu sait que tu n'attendais que ça. Maintenant il allait devenir ta nouvelle obsession. Connaître un homme qui veut un bout de ton corps et qui te laisserait peut-être tomber après. C'était un risque que tu devais prendre. Pour un homme tu étais toujours capable de foncer, tête baissée. Et après réflexion, tu ramassais les pots cassés et les morceaux de ton cœur. « Merci. » Tu attrapes la paille que tu portes à ta bouche pour en prendre une grande gorgée. Câlisse, que c'était bien bon un smoothie. Tu avais envie d'en boire plus souvent. Tu remontais ton regard vers ton amie qui venait de te demander sur quoi tu bossais. Tu repris une grande gorgée de ton smoothie avant de lui répondre. « Je refais les chambres pour Aino, elle était à l'anniversaire de Zach, une petite blonde qui connait Lexi, je ne sais pas si tu t'en souviens, mais elle est un peu hésitante comme cliente, et j'ai pas spécialement envie de tout refaire 15 fois alors je fais en sorte que tout soit parfait, elle semblait en accord avec mes choix, mais on ne sait jamais avec les clients. » Tu repensais à la folle qui t'avais obligé à tout refaire chez elle, une fois les travaux finis, alors qu'elle avait donné son accord dès le départ, parce que la couleur posée devait être un poil plus claire que sur la photo montré, et donc ça ne lui allait pas. Si on te refaisait ça, tu serais à deux doigts de déprimer.

Elle avait raison. Même si elle partageait le même sexe que sa mère, ça ne faisait pas d'elle sa mère. Au fond, la femme donnait toujours le même chromosome, donc c'était à cause de son père si elle était une femme. Comme toi. Le seule truc que tu tenais de ton père c'était un foutu chromosome X. Même si en le voyant, tu trouverais un truc, tu ferais une fixation sur une partie de ton corps ou un défaut, te faisant penser que tu tiens de lui plus que ce que tu ne le pensais. Pour le moment, ça ne servait à rien de t'imaginer des trucs, de toute façon, la rencontre ne semblait pas être pour tantôt. Tu était focalisé sur Aino, et ton projet, tu avais toujours ce soucis du détail, faire en sorte que ça plaise, et permettre à la personne d'être à l'aise chez soi. Au fond ton boulot c'était d'aider les autres. « Je sais bien, mais elle semblait d'attaque pour tout rénover, et au dernier moment, elle a choisi de faire que trois chambres, après, au fond, elle a raison, j'ai visité la maison la dernière fois, elle a un charme fou, faut juste retaper un peu la vieille déco, mais je verrais bien, de toute façon. Et puis si je dois recommencer, je le ferais ! » Elle semblait être si sûre d'elle en ce qui te concernait, alors que toi tu avais un doute. Tu aimais ton nouveau métier, c'était pas le problème, mais tu commençais à regretter ta librairie aussi. Même si un énième changement de carrière ne semblait pas être une bonne idée. Pas avec tous les changements qu'il y avait dans ta vie. Tu manquais même de t'étouffer en l'écoutant te parler de son projet. Elle aurait pu te prévenir de pas boire, tu avalais de travers en toussant fortement. Une fois remise de tes émotions, tu levais tes grands yeux vers elle. « La pièce cauchemar, tu vas enfin t'y attaqué ? Mon dieu, depuis le temps que j'attends ça ! » Tu avais déjà l'idée de tout jeter, de tout vider pour lui dessiner un beau bureau. « C'est la meilleure de tes idées de la journée, après l'smoothie bien sûr. » que tu lui dis, avec un grand sourire.

Tu pris la dernière gorgée de ton smoothie, en hochant la tête avant de répondre avec une petite voix, comme une enfant « Tu as raison » Et c'était souvent le cas avec elle comme si elle était la voix de la raison. Comme si elle était la petite voix dans le fond de ta tête qui te rappelait à l'ordre quand tu déconnais. « Ne t'inquiètes pas Ally, je gère ! Dès que je termine mon contrat avec Aino, je m'attaque à ton bureau. » Tu lui adressas un grand sourire avant de reprendre, toute excitée. « Si tu savais depuis combien de temps j'attends ça ! » Le bordel d'Ally devait être accumuler depuis des années maintenant. Tu te souvenais du grand nettoyage de printemps de l'an passé, tu lui avais proposé ton aide et elle avait été catégorique dessus. Alors qu'elle change d'avis aujourd'hui, ça ne pouvait que te faire plaisir. Même si ça faisait de toi une hypocrite puisque tu avais ton propre débarras. Il contenait toutes les affaires de ta mère. Tu avais même conservé son lit, tu n'avais pas pu te résoudre à le jeter et encore moins à l'utiliser. Elle t'avait léguée une maison pour que tu puisses y fonder une grande famille et tu avais commencé à l'habiter que l'année dernière. Lorsque tu avais fait la connaissance d'une autre Lily. Et le fil de tes pensées s'arrêtait net. « Attends, t'as acheté la galerie ? Mais quand ? Et comment ? » Voilà ce que ça donnait d'ignorer son amie, on passait à côté de certaines informations capitales. Tu jetas un coup d'oeil à ta montre, ta pause déjeuner allait tirer à sa fin et tu devrais bientôt retourner bosser, plus boostée que jamais.

Cette conversation t'avais fait tant de bien, c'était indéniable. Vous aviez ressoudé les bases de votre amitié et tu te sentais plus proche d'elle. Même s'il y avait un sujet que tu n'avais pas abordé. Pour maintenant, ça devrait attendre la prochaine fois. Avec tout ce que tu traversais dernièrement, il y aurait bien quelque chose qui te mettre au fond du gouffre et qui te donnerait besoin d'elle. Tu l'écoutais parler de son projet, de ses investissements, de ce qu'elle avait fait pour en arriver là, ce dont tu n'avais jamais rien soupçonné jusque là. « Je suis fière de toi Ally, c'est une super nouvelle et j'ai hâte de découvrir tout ça » Tu lui adressas un sourire, avant de jeter un nouveau coup d’œil à ta montre. Tu repris doucement, passant une main dans tes cheveux, tu ne voulais pas être trop impolie non plus mais bon, un moment, tu n'avais plus le choix. « Bon, je dois y aller, mais je t'appelle très bientôt ! » Tu te levas de ton siège pour la serrer dans tes bras une dernière. Puis tu allas reprendre ton sac que tu avais laissé à l'entrée, pour rentrer chez toi finir tes plans pour Aino. Et cogiter au bureau d'Ally.