J'appelle ou j'appelle pas ? Emma&Matt

J’acquiesçais légèrement, après tout à quoi bon mentir alors que je voulais d'elle la vérité ? Mais je ne voulais pas non plus qu'elle prenne tout pour acquis. Si j'avais réagis comme ça, c'est bien parce que ça m'avait touché, je le savais. Néanmoins, je ne voulais pas qu'elle s'en serve contre moi ou pour me taquiner. C'était une chose sur laquelle je ne voulais pas plaisanter. Du moins, pas pour le moment puisque tout ça était encore trop nouveau à mon gout. Il était clair que dans quelques temps, j'en plaisanterais surement et j'utiliserais cette journée pour taquiner, mais pas dans l'immédiat puisque je ne voulais pas qu'elle fasse ça avec moi.

-Je l'ai dit, non ?

Je n'aimais pas le ton qu'elle prenait, ça me donnait l'impression qu'elle avait toutes les cartes en mains. Je n'aimais pas être les mains vides. Je voulais être à armes égales avec elle. Je jetais un regard à ses cheveux, son sourire puis revint à ses yeux. Je préférais lorsque nous étions au bar, j'avais eu l'impression de la fasciner. Bien que pour le moment, je voyais dans son regard ce que j'avais déjà aperçu, elle avait du mal à détacher ses yeux de moi.

- Je ne sais pas, et vous, qu'alliez-vous dire ?

Je souris un peu amusé en la voyant levé les mains, montrant qu'elle n'en voulait pas plus, qu'elle se pliait même à ma réponse. Elle ne me ferait pas répéter plusieurs fois ce que j'avais dit, je n'aimais pas me répéter d'ailleurs. Et il faudrait qu'elle le comprenne le plus rapidement possible, je détestais faire ça. J'estimais que si la personne m'écoutait, elle avait clairement entendu ce que j'avais voulu dire. A moins bien sur qu'un bruit énorme vienne interrompre mes paroles, mais ce n'était pas le cas. Le parc était presque désert, le vent assez calme et aucun bruit aux alentours aurait pu nous déranger. Non, elle avait parfaitement entendu et elle voulait surement de moi, que j'approfondisse mes penses ou que je répète pour la satisfaire. Mais je n'étais pas de ces hommes qui étaient si facile à faire plier. Elle était très belle, elle me charmait assez facilement, ce n'était pas pour autant que je serais un toutou à ses pieds. Elle ne connaissait pas encore mon caractère, j'étais en revanche certain qu'elle allait vite le découvrir. Je fus un peu surpris de ses paroles suivantes, me demandant un instant pour quoi "je ne sais pas" n'était pas une réponse pour elle. Après tout, je n'avais pas mentit. Si j'avais hésité à l'appeler, c'est bien parce que je ne savais pas quoi lui dire. Si j'avais su dès le départ ce que j'aurais pu lui dire, je l'aurais appelé sans hésité. Mais je n'avais même pas trouvé un prétexte pour l'appeler. Je haussais légèrement les épaules, assurant que je ne savais pas.

- Pourtant c'est la vérité. Je ne savais pas quoi dire, c'est pour ça que je n'ai pas appelé avant vous.

Ainsi donc, elle n'avait pas compris que si j'avais voulu partir, c'était uniquement parce que je ne voyais pas l'intérêt de rester. Je n'avais pas voulu poursuivre la discussion si elle était totalement indifférente. Mais puisque tout était régler, je pouvais à présent continuer notre discussion et me promener avec elle. Sans compter qu'elle n'avait rien de prévu pour cette soirée et moi j'étais également libre. D'ailleurs, qu'est-ce que c'était tout ce charabia sur mon fils ? Bien sur qu'il me manquait, mais ce n'était pas pour autant que je ne savais pas vivre sans lui. C'était le manque habituel que tout le monde devait ressentir en laissant son petit garçon chez quelqu'un ou à la crèche. Je la retins par la main alors qu'elle me contournait et lui fit face. C'était nouveau de prendre la fuite comme ça ? Elle le disait elle même, je n'avais aucune raison de partir puisque aucune obligation ne me ramenait à la maison ou au boulot.

- Si je voulais partir tout à l'heure, ce n'est plus le cas à présent. Et vous, vous voulez vraiment partir ?

J'observais ses yeux et je ne pu m'empêcher de plonger dans son océan. Bon sang, j'avais vraiment un problème avec ses yeux, cependant je n'en avais jamais vu des pareils. Ils n'étaient pas juste "bleu", il y avait quelque chose d'autre que je n'aurais sur décrire mais qui me fascinait. Je sortis de ma contemplation et me rendant compte que je lui tenais toujours la main, je fini par la lâcher. Je me raclais la gorge et remit les mains en poche, détournant le regard. Ses yeux, je pourrais les regarder pendant des heures...

-On pourrait juste se balader dans ce parc, puisque nous y sommes..

Je gardais bien les mains en poche, ravis de savoir qu'elle voulait bien rester. Avoir pris sa main dans la sienne m'avait donné une sensation agréable, surtout vu la taille de sa main par rapport à la mienne. Avais-je eu le sentiment de vouloir la protéger? Peut être, après tout j'étais devenu assez paternel grâce à mon fils, mais là ce n'était pas le même genre de protection, je le savais. Tenir sa main dans la mienne, je ne l'avais fait qu'une fois et c'était pour une simple poignée de main. Aujourd'hui, c'était différent et je sentais l'envie de recommencer. C'était assez étrange de vouloir ce simple contact alors que j'avais déjà touché des femmes sur des zones plus intimes. Je sortis de mes pensées, l'écoutant à nouveau.

J'aimais aussi sa précision sur le fait d'être en agréable compagnie. De mon côté, il était clair que si j'étais avec elle, ce serait une bonne compagnie, une charmante compagnie d'ailleurs. Son regard était tout aussi figé dans le mien, je me demandais toujours à quoi elle pensait lorsqu'elle me fixait comme ça, avec intensité. Je détournais la tête en la voyant passer devant moi, me retournant alors et la suivit, la rattrapant assez vite et marchant à ses côtés. Je jetais un regard au ciel et ne fut pas mécontent de l'heure, au contraire. J'allais avoir un beau ciel tout en étant avec elle, que demande de plus ? J'avais vraiment de la chance. Venir dans ce parc et tomber sur elle et puis surtout avoir la possibilité de rester avec elle avant de m'en aller. J'aurais voulu provoquer tout ça que je n'y serais jamais arrivé. Comme elle le disait si bien, c'était une belle coïncidence.

-Euh ouais, j'aime bien aussi.. c'est très étrange en effet mais après tout.. moi j'aime le gout de l'étrange, du hasard..

Et depuis notre rencontre, le hasard avait joué à chaque fois qu'ils s'étaient revu. Même lorsque je ne savais pas si je devais l'appeler ou non, le hasard s'en mêlait et je me retrouvais face à elle, coupant court à mon hésitation. c'était une bonne chose, à partir d'aujourd'hui le hasard allait moins s'en mêler j'imaginais. De toute façon, nous savions tout les deux que nous avions envie de nous revoir et qu'à présent, en sachant cette attirance réciproque, aller vers l'autre serait plus simple. En tout cas, il le serait pour moi.

-D'ailleurs, vous étiez venu vous promener tout simplement ?

Elle s'était sentie attirée par ce parc ? C'était ce qui c'était passé pour moi, vraiment à n'y rien comprendre. Je n'habitais pas le coin, j'avais quitté un client et l'idée de voir Emma m'était venue en tête. En passant devant la grille, j'avais décidé d'aller réfléchir dedans, au grand air. Un sentiment inconnu m'avait donné envie d'y entrer, me disant que je serais tranquille et qu'il y aurait moins de monde. Je marchais doucement à ses côtés, prenant mon temps et profitant surtout. Après tout, elle avait sa soirée de libre et moi aussi. Autant retarder le moment où on devrait s'en aller du parc. Je relevais le col de mon polo en sentant le petit vent dans mon cou et remit mes mains en poche, lui jetant par moment un regard. Elle était plus petite que moi, me donnant à nouveau cette impression de vouloir la protéger et pour la première fois, j'avais très envie de la prendre dans mes bras. Elle pouvait en revanche déblatérer un tas de paroles, ce qui me fit sourire. Elle parlait beaucoup et assez vite aussi, à mon avis elle devait vraiment être énergique comme femme. Ce qui me convenait asse bien en fait, je n'aimais pas trop les femmes qui manquaient d'énergie, qui étaient plutôt flegmatique. Je vis un banc, un peu plus loin et n'eus même pas l'envie de m'y assoir. Je préférais marcher à ses côtés, a vrai dire si j'étais assis, je ne tiendrais surement pas en place. Marcher me convenait. J'évitais son regard à sa question et répondit doucement.

- Non.. Pour moi, l'envie de vous appelez était avant d'entrer dans le parc. Mais en passant devant, quelque chose m'a donné envie d'y aller et je me suis dit qu'après tout, ce serait plus calme.

Je m'arrêtais après quelques pas et me tournais vers elle. C'était bien gentil de papoter, de se promener, de savoir qui voulait appeler l'autre en premier, mais quelque chose me dérangeait néanmoins. Je n'allais quand même pas passer tout mon temps à la vouvoyer, surtout dès l'instant ou on savait que quelque chose se passait entre nous.

- Dites, ça vous dirait qu'on se tutoie ?.. Je suis très poli et tout ce que vous voulez mais au bout d'un moment, on peut mettre de côté le "vous" non ?

Lors de notre dernière rencontre, j'avais hésiter à la tutoyer. Ce n'était que la troisième fois que l'on se voyait et nous ne nous connaissions pas assez pour me le permettre. Mais j'en avais déjà envie à ce moment là, quand je vouvoyais une personne, je trouvais ça trop formel, trop de politesse. Bien sur, j'étais poli, néanmoins je pensais également que cette fille me plaisait et la tutoyer me semblait juste. C'était plutôt correct de tutoyer une personne qui allait devenir une amie, ce n'était plus une connaissance aujourd'hui. Alors il était temps de passer à une approche moins formel. Après tout, on n'étais pas si vieux que ça, je n'avais que 29 ans. Et puis je détestais vouvoyer, tout simplement.

- Tu as 29 ans ? Comme moi ?

Il est vrai qu'elle avait vu ma date de naissance, lorsque j'avais rempli un formulaire pour William, quand je l'avais emmené à l'hôpital. Elle avait donc pu faire un calcul rapide pour savoir mon âge, ce qui signifiait qu'elle était intriguée par ma personne, sinon elle n'aurait pas chercher à savoir. Elle aurait juste jeter un regard puis classer le formulaire. J'eu un petit sourire amusé et me remit à avancer. Rester sur place, je n'aimais pas. Je préférais être en mouvement et le fait de rester face à elle, ça me tentait de plus en plus. J'étais tenté de vouloir lui toucher les cheveux, d'effleurer sa joue, de prendre sa taille entre mes mains. Je remis mes mains en poche, marchant à une allure tranquille. Elle savait pour mon âge, mais j'ignorais tellement d'elle. Emma avait pu avoir quelques informations grâce au formulaire, et moi ? Tout ce que je savais, c'était ce que j'avais vu à chacune de nos rencontres, ce qui ne signifiait pas grand chose. J'arquais un sourcil en entendant sa question.

- Ma vie avant Bowen ? .. Que veux-tu savoir exactement ? Je n'ai pas grand chose à raconter tu sais.

-Un an plus jeune que moi alors..

L'âge n'avait pas une grande importance de toute façon, quand je voyais son visage, je savais qu'elle devait avoir dans la même tranche d'âge que moi. Elle n'était pas mineur et encore moins une vieille de 40 ans, ce qui me convenait très bien. Et le fait de savoir qu'elle avait un an en moins que moi, ne me gênait pas plus que ça, j'étais déjà plus grand qu'elle en taille, ça me donnait l'envie de la protéger. Décidément, je me sentais devenir un peu trop protecteur envers elle, il fallait que j'arrête de penser à ça. Je repensais à ma vie avant Bowen, ce que j'avais toujours détesté puisque j'avais mes parents sans cesse sur le dos, même après ma majorité. Je pris un instant avant de lui répondre, profitant du silence qui nous entourait. Je n'entendais que le bruit des feuilles qui s'envolait avec le petit vent. J'esquissais un sourire à cette tranquillité puis je me décidais à lui répondre. Elle m'en dirait plus sur elle par la suite, je pouvais bien répondre en premier.

- J'étais un grand fêtard.. je n'aimais pas respecter les règles et je désobéissais souvent à mes parents. Ils étaient constamment sur mon dos. Disons que mes parents sont de la haute société alors ils voulaient à tout pris que j'ai un métier digne de notre rang, que je fasse de grandes études, que je laisse tomber toutes les banalités qui puisse exister.

Mes parents n'avaient jamais compris que je rêvais juste de liberté, de pouvoir faire ce qu'il me plaisait. J'étais, comme disait un ami anglais, un esprit sauvage. D'ailleurs, mes parents n'avaient jamais réussis à me dompter, j'avais choisit ce métier parce qu'il me plaisait, parce qu'il me donnait envie de combattre la criminalité. Ce n'étaient pas eux qui avait dicté mes choix et j'en étais plutôt fier.

- J'avais un groupe en Angleterre, avant d'entrer en fac. Je jouais de la guitare et ça insupportait mes parents, alors je m'amusais à en jouer devant eux et bien sur inviter les autres pour m'accompagner.. Pour ce qui est de la mère de William, je ne la connais pas.