I'll be your guardian angel (Krismilla) hot

I'll be your guardian angel

Putain, Ludmilla. Son cerveau hurle à Kristofer de reculer, de faire machine arrière avant qu'il ne soit trop tard. Mais le reste de son corps, lui, lui dit que c'est déjà le cas, c'est déjà trop tard. Il ne peut plus reculer. Le nez enfoui dans le cou de la jeune femme, il essaye de chasser de sa tête toutes les pensées perverses qui affluent depuis de longues minutes maintenant. Mais y a rien à faire. Sa respiration est toujours aussi erratique, son coeur incontrôlable. Il bat à vive allure contre sa poitrine et s'il en croit ce qu'il croit déceler dans le cou de Ludmilla, le sien n'est pas en reste. Le moment lui semble suspendu, comme dans l'attente qu'il dise ou fasse quelque chose. Il reste figé, pourtant. Ou presque, parce que ses mains ne tardent pas à quitter respectivement le mur et la nuque de Ludmilla pour mieux s'enrouler autour de sa taille. Dans la folie qui est la sienne à cet instant précis, il est vrai qu'il ne remarque même pas que c'est sur sa peau nue que ses doigts se posent, que sa serviette a disparu. Non, il ne le remarque pas. Il est trop occupé à essayer de reprendre ses esprits, à essayer de trouver quelque chose à dire, pour quand il lui sera possible d'ouvrir la bouche pour dire quelque chose - n'importe quoi. Le temps est figé, un peu comme lui. Ludmilla, en revanche, ne tarde pas à se remettre en mouvement. Quand elle s'écarte de lui, un grognement lui échappe. C'est tout ce qu'il est : une bête. Il l'a déjà prouvé, et il a comme l'impression que ce n'est pas fini. Parce que la Ludmilla qui se trouve devant lui a toutes les cartes en main pour arrêter son délire, pour le pousser dans ses retranchements et le faire sortir de sa zone de confort. Lui qui voulait rattraper ses esprits et se tirer de sa rêverie engendrée par la situation, c'est raté. La Ludmilla qui se tient devant lui et, bientôt, contre lui est nue. Totalement nue. Cette fois encore, un grognement lui échappe. Comment est-il censé résister ? Toute raison l'a quitté depuis bien longtemps, de toute façon. Et son taux de résistance n'est pas suffisant pour l'aider à garder les pieds bien ancrés sur Terre. Pas dans cette situation. Pas dans un moment pareil. Il s'efforce, pourtant de garder ses yeux en hauteur, au niveau des yeux de Ludmilla et uniquement de ses yeux. Mais son imagination a déjà pris le relais, faisant naître dans son esprit tordu des images toutes plus lubriques les unes que les autres. Bordel. Elle aura sa peau. « Un peu trop peut-être. » Sa voix est basse, rauque, teintée de désir. Résister ? Qu'est-ce que ça signifie déjà ? Il n'en est plus là, ce niveau. Il essaye surtout de se retenir de la prendre là, tout de suite. « Ludmilla ... » L'intonation avec laquelle il prononce son prénom sonne presque comme une question. Comme s'il demandait son accord, comme s'il essayait de savoir ce qu'il se passe réellement derrière sa petite tête rousse. Pourtant, il n'attend pas la moindre réponse. Et bientôt, il happe ses lèvres des siennes pour un baiser rapide, presque chaste en comparaison de ce qu'ils ont échangé jusque-là. A quoi bon essayer de résister et de se tenir à distance d'elle ? Il n'en est pas capable, il le sait. Il ne se souvient même plus de comment ils en sont arrivés là, mais le résultat reste le même. Reprenant un peu du poil de la bête, il laisse une de ses mains se glisser de nouveau autour de sa taille avant de reculer, l'embarquant dans son sillon. Il ne sait pas où il va, il ne connaît pas cette pièce. Mais un regard derrière lui lui confirme qu'ils viennent d'arriver à hauteur de son lit. Le premier, il s'y assoit, mais Ludmilla ne devrait pas tarder à l'y rejoindre, elle aussi.

Avoir Kristofer contre moi… Je ne savais pas trop ce que je ressentais là, maintenant. La serviette qui glisse le long de mes jambes, tandis qu’il passe ses mains autour de ma taille. Je passe les miennes autour de sa nuque. Il est tellement immense comparé à moi. Je caresse distraitement ses cheveux en tentant de lui dire que je suis en tenue d’Eve. Totalement nue. J’avais trop peu d’expériences en ce qui concernait le sexe ou même le moment le précédent. Mon unique expérience étant devenue un échec cuisant. Alors je décidai de ne pas réfléchir et de suivre mon instinct. Mes doigts descendent doucement le long de son dos pour effleurer sa colonne vertébrale tandis que je me colle un peu plus contre le mur, histoire de bien me caler. Ensuite, j’entreprends de descendre le long de ses bras, caressant ses poignets pour défaire sa poigne autour de mon corps. Je ne voulais pas le brusquer. Ma main contre la sienne, j’attrape son visage de celle demeurée vacante tandis que je force son regard à soutenir le mien. Question. Voix rauque, séductrice. Je soutiens son regard. Ce que j’y vois me plait. Il me désire. Mais une petite voix mesquine me chuchote que c’est parce qu’il est bourré. Ou pas. On n’en sait rien. « Un peu trop peut-être. » Sa voix est gutturale. Celle d’un homme qui je pense me désire. Une lueur passe son regard tandis que mon sourire s’agrandit. Je me mordille la lèvre inférieure avant de faire un pas en avant sans coller mon corps contre le sien. Doucement je pars de son épaule pour descendre avec un unique doigt jusqu’à son nombril. « A moi aussi, elle me plait, chuchotai-je toujours. » Je passe une main dans mes cheveux pour continuer à lui sourire. Maintenant, il était cuit. Déjà sur la plage, j’avais vu son regard me caresser d’une manière peu subtile, appréciant un peu trop mes courbes. Maintenant que j’avais la confirmation qu’il éprouvait une attirance charnelle pour moi, je n’allais pas le lâcher. Après tout, je le voulais. Et pas seulement dans mon lit. « Ludmilla ... » Je relève la tête, surprise par la manière dont il avait prononcé mon prénom. Comme une sorte de question. En gros si je traduis : est-ce que tu veux qu’on aille plus loin ? Je n’ai pas le temps de répondre qu’il rompt de nouveau la distance entre nous pour m’embrasser. Un baiser plus chaste. Moi qui m’étais contentée de sa joue, quelques minutes auparavant, il était plus direct. Puis, il repasse ses grosses mains autour de ma petite taille pour m’attirer dans la chambre de ma sœur. Désolée Mercy. Ou pas. Je regarde Kristofer s’asseoir sur le lit et je prends place, à califourchon sur lui. Amazone. Mes cheveux pendent le long de mon visage dans le vide. Je suis plus grande que lui puisque je suis à genoux. Une main posée sur son épaule, l’autre caresse distraitement son visage. Puis, je me baisse pour rencontrer de nouveau ses lèvres et l’embrasser. Pas de manière très chaste mais pas trop longtemps non plus. « Kristofer, murmurai-je, mon visage trop près du sien. » Traduction : oui. Je venais de donner mon accord pour approfondir notre soirée. J’avais pleinement conscience que notre relation changerait. Prendrait une direction différente. Tandis que mes cheveux humides caressent le visage de mon Slovénie, je restais un moment à le regarder, immobile dans la pénombre. Je savais qu’il était complexé par sa nouvelle apparence donc je ne voulais pas le brusquer. Pourtant un brasier ardent s’agitait en moi. Je prends alors délicatement une de ses mains que je pose sur ma clavicule. « Regarde-moi avec tes mains, dis-je dans un chuchotement. » Les miennes demeuraient immobiles sur ses épaules tandis que je continuai de le dévorer du regard. Attendant qu’il lance les hostilités.

I'll be your guardian angel

Ça y est, il a perdu. Il est perdu. Toute tentative de résistance serait futile. Il n'y a plus rien à faire, si ce n'est ... Profiter. Profiter sans réfléchir à ce qui suivra. Profiter sans songer une seule seconde à ce que tout cela signifie. Seuls comptent leurs deux corps plus proches que jamais, leurs souffles qui se mélangent relativement souvent et leurs mains qui partent à la découverte l'un de l'autre. Ils ont toujours été dans la proximité, tous les deux. A se serrer dans leurs bras, à couvrir les joues de l'un et de l'autre de baisers. Mais ça, bien sûr et de toute évidence, jamais été plus loin. A vrai dire, Kristofer ne se souvient pas, avant leurs retrouvailles la semaine passée, avoir jamais eu une pensée pour Ludmilla ou toute partie plus spécifique de son corps. Il faut dire que si la différence d'âge entre eux semble moins choquante aujourd'hui, il n'en était rien à l'époque, quand elle avait seize ans et lui trente. Mais elle a grandit. Changé ... Beaucoup changé. Elle est devenue une femme, et il n'a pu que le remarquer, sur la plage, quand elle ne portait rien d'autre qu'un maillot de bain deux pièces. Leur petit jeu les a menés à se disputer et les voilà aujourd'hui qui s'embrassent à en perdre haline, qui se perdent l'un dans l'autre. Kris a quelques hésitations, à un moment. Des petites secondes de doute ... Que Ludmilla s'empresse de chasser. Elle s'écarte de lui, pose sa main sur sa mâchoire. Sans chercher à masquer son désir de toute façon trop puissant pour être refoulé aussi vite, il soutient son regard. Bien sûr que la vue lui plaît. Bien plus qu'il ne le dira ou ne le montrera jamais, trop dans la réserve qu'il est. Visiblement, sa vue à elle aussi, lui plaît. Elle n'hésite pas à le taquiner du but des doigts, à entreprendre quelques caresses sur sa peau. Kris est paumé. Complètement. Mais au baiser qu'il initie ensuite, il n'est pas compliqué de comprendre que ça ne l'empêche pas de savoir ce qu'il veut à cet instant précis : elle, et seulement elle. Il l'attire à sa suite jusqu'au lit le plus proche, il ne se soucie pas d'ailleurs, de savoir où ils sont exactement. Comme il s'y attendait, elle le rejoint et lui offre une des plus belles visions auxquelles il ait jamais eu droit de faire face. Elle, complètement nue. Elle, qui s'assoit sur lui. Ses cheveux trempés qui s'interposent entre eux, mais ne les empêchent pas pour autant de profiter de la magie du moment. Elle l'embrasse de nouveau, prononce son prénom comme lui l'avait fait un peu plus tôt. Il n'en faut pas plus à Kristofer pour comprendre l'accord tacite qu'ils viennent de passer : d'accord. D'accord pour continuer sur cette voie-là, d'accord pour apprendre à se connaitre d'une autre façon. Kris refuse de penser au lendemain, aux conséquences et aux regrets qui viendront peut-être. Rien ne compte plus que le corps de Ludmilla qu'il découvre avec encore beaucoup de pudeur. Elle en fait moins preuve, de son côté. Comme si tout cela était naturel, comme s'ils n'avaient rien à se cacher l'un à l'autre. Kris n'est pas tout à fait de cet avis mais ce n'est pas à l'ordre du jour ... pour l'instant, en tout cas. Regarde-moi avec tes mains. Bien que chuchotés, ces quelques mots semblent résonner dans l'esprit de Kristofer, comme s'ils avaient été hurlés à son oreille. Il se fait hésitant, mais pas parce qu'il ne sait pas si c'est ce qu'il veut. Bien sûr que ça l'est. Il a encore un semblant de pudeur, il sent que c'est maintenant qu'il franchit la dernière limite. Sa main commence son chemin dans la nuque de la jeune femme, glisse sur sa peau diaphane pour passer sur sa gorge, avant de descendre. Il la suit du regard, comme hypnotisé. Elle passe entre ses deux monts, suit l'arrondi d'un sein puis de l'autre, descend jusqu'à son nombril. Il ne va pas plus bas, il reste là, juste là. Son regard, lui, se relève et rencontre de nouveau celui de la jeune femme. « J'ai envie de toi, Ludmi. », chuchote-t-il à son tour. Il n'a plus envie d'attendre, plus envie de retarder les choses. Son désir pour elle en devient douloureux. La question n'est pas de lui demander de prendre le contrôle et de précipiter, elle, les choses. C'est surtout, pour Kris, une volonté de s'assurer qu'elle est prête, qu'elle a compris son message. Nul doute que ce sera le cas.

C’est important pour moi ce qui est en train de se passer. Lorsque j’étais plus jeune, plus adolescente, je ne pensais pas à Kris de cette façon. Tout a évolué avec mes premiers émois. Cette jalousie qui me tiraillait le ventre lorsque je le voyais embrasser sa femme, cette femme. J’ai mis du temps à comprendre que ce qui me retournait les tripes étaient des sentiments. Alors je partais. Dès que je le voyais, dès que je l’apercevais qui revenait du travail avec mon père, je filai à l’anglaise. Trainant avec des garçons, flirtant avec eux sans me douter des conséquences. Puis, il y a eu l’accident. Alors qu’il était endormi, qu’il portait cette horrible blouse d’hôpital, j’ai soulevé le drap. Pas pour le regarder de façon malsaine. Pas pour regarder ce qu’il a de plus précieux. Mais pour voir sa jambe. Sa jambe amputée. Je me souviens de la réaction de sa femme lorsqu’elle l’a découvert. Elle a pleuré. J’en ai eu la nausée. Salope. Je n’ai jamais aimé cette femme. Elle ne le méritait pas. Et moi non plus. Je le savais alors que j’étais contre lui, que je le couvais du regard. Comme s’il était la plus belle personne sur cette Terre. Mais je ne suis pas ce genre de femme. A le dire, à lui montrer. Trop dans la réserve. Je déglutis. Tandis qu’on arrive dans la chambre, je suis pris un moment d’hésitation. Et si nous allions trop loin ? Après tout, je suis la personne sobre dans cette pièce. Pour une nuit, je suis l’adulte. Je devrais le repousser mais à la place, je me fous à califourchon sur lui. Rien qu’à ce geste, l’atmosphère de la pièce change. Elle s’alourdit, s’électrise. J’en ai le souffle coupé un instant tandis que ma main se pose délicatement sur son épaule, l’autre sur son visage. J’essaie d’être la plus délicate possible. De ne pas trop le brusquer. Je ressens son hésitation. J’ai toujours été volcanique dans l’intimité. Du moins avec ma seule expérience mais avec Kristofer, c’était différent. Je prends sa main pour la poser délicatement sur ma clavicule. Je retiens un moment ma respiration avant de lui chuchoter ce que j’ai à dire. Je lui souris, timidement. Ses doigts se mettent à descendre sur mon corps. Il passe entre ma poitrine, contourne mes seins et j’inspire profondément tandis que sa main s’arrête sur ma poitrine. Mon regard rencontre le sien. Nous étions à un tournant de notre relation, du moins en ce qu’il me concerne. Si nous couchions ensembles, nous ne pourrions jamais revenir en arrière. Si nous restions sur notre faim, notre relation changerait aussi. « J'ai envie de toi, Ludmi. » Je sais. Je le sens. Je me rapproche un peu plus de lui pour l’embrasser avec une certaine pudeur. Moi aussi, j’avais envie de lui. Mon corps brûlait complètement sous ses caresses. Je le voulais rien que pour moi. « Je te veux, dis-je d’une voix qui n’était plus la mienne. » Elle était trop rauque, plus bestial. Tel un grognement. Je me mords l’intérieur de la joue pour ne pas me laisser emporter par mes pulsions. Je sais qu’il n’est pas trop à l’aise avec son corps. Son nouveau corps. Je le voyais qu’il manquait de confiance en lui. Je rajuste ma position avant d’expirer profondément. Je passe mes mains autour de sa nuque pour pencher la tête sur le côté, le dévorant du regard. Je n’avais pas particulièrement envie d’épiloguer sur le sujet. Pour ne pas le mettre mal à l’aise. Je me contente de le regarder, mes cheveux trempés, gouttant sur ma clavicule, sur mon torse. Les gouttes tombant lourdement sur ma jambe, me permettant ainsi de ne pas perdre tous mes moyens.

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Au final, tout a très vite dérapé. Kris ne sait plus bien quand et comment, mais ça a dérapé. Et s'il est hésitant, ce n'est pas parce qu'il regrette déjà. Ce n'est pas non plus parce que c'est elle, parce que c'est eux. C'est parce qu'il appréhende, il a peur d'être en train de faire la plus grosse erreur de toute sa vie sans en avoir conscience. Mais comment cela pourrait-il être une erreur ? Suffit qu'il croise le regard de Ludmilla, et tous ses doutes s'envolent. A quoi bon essayer de repousser l'inévitable ? Il aura beau prétendre tout ce qu'il veut, et essayer de retarder l'échéance, les faits sont là : ce moment, il se préparait depuis leurs retrouvailles, la semaine passée. Pour en avoir la confirmation, il est largement suffisant de se rappeler des regards qu'ils se lançaient, des taquineries qui ont suivies, dans le café. Kris n'a rien oublié. Pas même le moment où il a été plus sur la défensive, presque à la repousser et à revenir en arrière sur tout ce qui était en train de se passer. De toute façon, Kristofer sait qu'il n'y a plus rien à faire ; il est en train de se consumer sur place et quelque chose que Ludmilla aussi. C'est une première, mais il réussit à s'exprimer face à elle, à dire concrètement ce qu'il veut. Elle. Ici, tout de suite. Elle lui répond, et il réussit à lui offrir un léger sourire après ça. Signe qu'il est -un peu- en train de se détendre, d'accepter. Ce n'est pas une fatalité, c'est la réalité. La réalité d'un désir sous-jacent trop longtemps refoulé. Qui surgit tout à coup et les submerge complètement, au point qu'il leur est désormais impossible de résister. Tout comme ils ne savent pas plus ce qui les attend le lendemain, et les jours à venir. Mais quel intérêt de se concentrer sur le futur quand le présent est si parfait ? Plutôt que de dire ou faire quoi que ce soit, Ludmilla le regarde intensément. Il ne bronche pas non plus pendant quelques secondes. Mais il le sait, ça y est, qu'il a envie d'être là. Qu'au-delà de l'alcool qui l'a pas mal dévergondé et décoincé de ses principes rigides, il y a un désir réel. Un désir concret pour Ludmilla, la petite fille qu'il gardait autrefois devenu femme en quelques années. Le pourquoi du comment importe peu. Le lendemain n'importe pas non plus. C'est le présent qui est important, le présent et ce qu'ils en font. Kris se décide enfin à se mettre en mouvement. Ce n'est plus l'heure des hésitations, des tergiversions. Sa main se glisse sur sa taille, l'autre dans sa nuque et il la renverse sur le côté. Il l'allonge sur le lit, se place au-dessus d'elle et vient taquiner son nez du sien. Il fouille ses yeux des siens, à la recherche de la moindre trace d'hésitation. Il n'y en a pas. Pas la peine de lui demander encore si elle est sûre d'elle, si c'est vraiment ce qu'elle veut. Il l'a déjà fait, et même là il n'avait pas besoin de ça. Il suffit de la regarder pour le savoir. C'était plus pour gagner du temps, mais ce n'est plus à l'ordre du jour. Il est maintenant sûr, lui aussi. Peut-être parce qu'il oublie certains détails à cause de l'alcool, peut-être parce qu'il n'a pas toutes les cartes en sa possession, mais il n'y croit pas trop. Il refuse même d'y penser, à vrai dire. Tout en l'embrassant, il se débarrasse des derniers remparts les séparant encore. Sa ceinture défaite, il se contente pourtant de baisser ses vêtements. L'alcool est peut-être un fervent allié pour atténuer certains principes et doutes, ce n'est pas pour autant qu'il est capable d'aller jusque-là. De toute façon, il n'a pas besoin de se débarrasser totalement de ses affaires, ce n'est pas nécessaire. Il pose une de ses mains au-dessus de l'épaule de Ludmilla, ce qui lui permet de se soutenir et de ne pas peser de tout son poids sur elle, et l'autre glisse sur sa peau diaphane, son ventre, ses seins, sa cuisse. L'atmosphère se fait plus lourde, plus chargée en électricité. Il laisse ses lèvres tranquilles, pour mieux poser son front contre le sien et la regarder droit dans les yeux. Doucement, prenant tout son temps, il entre en elle. Plus de retour en arrière possible. Tout sera différent à partir de maintenant.

Tout mon cerveau hurle à la déraison. Pas comme ça Ludmilla. Il est bourré bien que plus aucun de ses gestes ne trahit l’alcool si ce n’est ses baisers. Il a quatorze ans de plus que moi, nous ne devrions pas. Mais pour l’instant c’est mon cœur qui a pris les rênes de mon corps. Tandis que je me tiens à genoux sur lui, mon regard interroge le sien. Le mien ne laisse transparaitre aucune marque d’hésitation. Ce n’est pas mon genre. J’ai toujours su ce que je voulais dans la vie. Faire du droit alors que pour ma mère, c’était pour les gens moches. Gagner ma vie seule et avec l’aide de Léo qui me disait que j’étais jolie. Kristofer depuis longtemps. Trop longtemps sans doute que j’en ai perdu la raison. Ma tête penchée légèrement sur le côté, je souris discrètement. Je n’ai jamais été très expansive sur le sujet romantique. Pour cause que les hommes ne m’intéressaient pas réellement. Contrairement à ma sœur, les plaisirs de la chair ne manquaient pas. Je passais mon temps à étudier, à lire ou jouer du violon. Quand est-ce que j’aurai le temps pour batifoler avec les garçons ? Seulement voilà, Kris n’est pas n’importe lequel. Il est le seul et l’unique. Je l’ai su à l’instant-même où il a posé ses lèvres sur les miennes. Ma main caresse doucement sa joue tandis que lui se fait moins patient. Ok. Il passe une main dans ma nuque toujours humide, l’autre autour de ma taille pour me mettre sur le dos. Il aime bien ma taille, j’ai l’impression. Une de mes mains se perd dans ses cheveux tandis qu’il m’embrasse tout en se déshabillant. Je ne regarde pas. La curiosité, ce n’est pas mon genre. Sa main au-dessus de mon épaule me fait réaliser que nous y sommes. Mon cœur s’accélère et je pris pour ne pas faire mon Bruce Banner. Pitié montre, reste tranquille. Elle m’écoute on dirait. Ou alors mon pouls n’est pas aussi rapide que lorsque j’étais en colère. Je sens ses doigts caresser mon corps, je réprime un grognement. Ça c’est sa spécialité, pas la mienne. Ma jambe se relève pour passer autour de sa taille. L’instinct primal. Enfin, je passe mes deux mains autour de son cou tandis qu’il colle son front contre le mien. Nous y sommes ça y est. Nos regards s’accrochent. Puis doucement, il entre en moi et je laisse échapper un petit gémissement. Je lui laisse le soin de me guider du début jusqu’à la fin car je ne suis qu’une novice. Mes mains glissent le long de son dos pour m’agripper lui offrir un appui plus stable. Mon autre jambe part retrouver sa jumelle tandis que mes lèvres retournent à la rencontre des siennes. Finie la douceur. Le volcan est entré en éruption au moment-même où il passé ce foutu cap. Tandis qu’on se met tous les deux en mouvement, je ne peux réprimer mon plaisir qui ne cesse de monter. Je n’y peux rien. Il me rend folle.

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Tout ça a pris des proportions démesurées, mais Kristofer n'est pas en état de songer à tout ce qui va aller avec. Il était ivre tout court il y a de ça une heure, et maintenant il est ivre de désir. Il découvre sa peau avec plaisir, ses baisers avec délectation. Le feu contre la glace. La maladresse des premiers instants, comme s'ils étaient tous deux adolescents, à la découverte d'un plaisir jamais atteint, jamais même cherché. Kris n'est pourtant pas novice. Et de ce qu'il en a compris, Ludmilla s'est déjà essayée à la tâche. C'est plutôt la situation, leur relation singulière, qui les rend si maladroit. A chaque endroit où se posent les mains de la jeune femme, la température du corps de Kris augmente encore un peu. La fougue, la passion ont depuis longtemps pris le dessus. Et téméraire qui voudrait essayer de la limiter, de la réduire à néant ou même de la contrôler. Ce n'est même plus envisageable. Leurs regards se perdent l'un dans l'autre, leurs mains se cherchent encore. Et quand Kris glisse en elle, c'est un maelstrom d'émotions qui se déclenche en lui. Explosion des sens, l'impression d'être dans une bulle enchantée qu'il rêverait de ne plus quitter. Il se fait doux, tendre, et n'arrive plus à décrocher ses yeux de ceux de Ludmilla. Sa main la découvre encore, il interrompt parfois tout mouvement pour aller taquiner ses lèvres. Cette dernière semaine s'est complètement évaporée, maintenant qu'il la tient dans ses bras, maintenant qu'il la découvre pleinement et apprend à l'apprécier d'une toute autre façon. C'est inattendu, mais oh combien exquis. Leurs corps s'entremêlent dans une danse érotique dont il n'est même plus sûr de maîtriser le tempo. Sa raison l'a abandonné depuis longtemps, et c'est maintenant au tour de son cerveau dans son intégralité de se mettre en mode off. C'est ce qui lui permet de profiter pleinement de ce qui est en train de se passer, de ne pas songer à tout ce qui traîne autour. Le plaisir est roi, a pris une place importante chez Kristofer qui peine à ne pas aller trop vite en besogne. Qui aurait cru qu'ils partageraient un jour moment pareil ? Certainement pas lui. Et pourtant, il a comme la sensation que son corps attendait cela depuis une éternité. Tout lui semble incroyablement normal et naturel, et il n'est pas la tête à se demander quand, comment et pourquoi. Le corps de Ludmilla lui semble avoir repris des degrés, dans leur étreinte passionnée. Mais la sensation du froid contre sa peau, à lui, qui est brûlante est toujours là. Elle décuple ses émotions et ressentis. Il sent qu'il est au bord du précipice, que le plaisir est sur le point de le submerger une bonne fois pour toute. Il glisse sa main sur le corps de Ludmilla, essayant de la ramener à ses côtés, à la mettre au même niveau que lui. Hors de question qu'il se laisse aller trop tôt. Il sait que ce n'est plus qu'une question de temps, et il veut que ce soit parfait. Du moins, aussi parfait que ça puisse l'être avec l'alcool qu'il a encore dans le sang. Pour faire taire son cerveau qui lui hurle d'arrêter de lutter, il glisse ses lèvres dans le cou de la jeune femme et l'y embrasse longuement. Il va falloir qu'elle le suive, là.

Mes doigts découvraient sa peau avec délice, une certaine impatience. Tandis que je caressai du bout des doigts son dos, que je l’embrasse, que j’étais sous lui, je ne savais pas quoi penser. A vrai dire, je pense que je ne saurai même pas décrire le moment. L’instant précis. Tout me venait avec un naturel qui pourrait me faire peur. Comme si nous étions aimantés l’un vers l’autre, comme si tout semblait logique. J’en oubliais son ivresse, la dispute, le fait qu’il avait été absent quatre ans. J’en oubliais tout sauf la sensation délicieuse de sa peau contre la mienne. De cette proximité irréelle. Même dans mes fantasmes les plus fous, je ne me serai pas imaginée dans ses bras. Car j’avais du respect pour son ex-femme. Maintenant que nous étions libres l’un comme l’autre, nous nous sommes retrouvés. Une petite partie au fond de moi me disait que c’était mal. Qu’il allait me jeter comme une chaussette. Mais je m’en foutais. Tandis que ma jambe remontait le long de ses hanches, tandis qu’il était entré en moi, mon cœur marqua un arrêt. Une explosion jaillit en moi. Un frisson familier éprouvé par le désir que j’ai à son encontre. Ma main remonte doucement tandis qu’on se met tous les deux en mouvement. Entamant ce ballet amoureux. Mes lèvres descendaient tandis dans son cou pour y déposer de chastes baisers, pour le mordiller aussi de temps à autre. Kris jouait avec mes nerfs, avec mon désir, avec mon plaisir en faisant descendre ses doigts le long de mon corps. En s’appropriant mes lèvres de temps à autres. Qui pensait que nous serions capables d’une telle proximité et d’un rapport avec une certaine intensité ? Il descend doucement ses lèvres dans mon cou, ses mains continuant à explorer ma peau et je me cambre sous lui. Un râle s’échappe de mes lèvres, mon cœur implose littéralement. Il ne me faut pas grand-chose. Très peu. Mon autre jambe retrouve sa jumelle et je sers un peu plus, accentuant la proximité de nos bassins. Mes ongles s’enfoncent dans sa chair. Afin de ne pas faire trop de bruits, je me mords la lèvre inférieure, accélérant le mouvement. Puis pouf, la petite bulle dans laquelle était emprisonné mon plaisir explose comme un feu d’artifice. Ma respiration se fait plus courte, plus saccadée et je sens ce picotement familier qui me prend au fond de mon ventre. Lorsqu’il relève son visage, je passe ma main sur sa joue, il était tellement beau. Et je le pense, je ne suis pas saoule moi. J’avais des sentiments, de vrais sentiments. Je l’embrasse avec la même intensité, me relevant un peu, collant ma poitrine contre la sienne. Mes mains enserrent son cou, passent derrière sa nuque tandis que je prolonge le baiser, augmentant un peu la cadence. Je voulais qu’il se laisse aller une bonne fois pour toutes. En moi et rien que pour moi.

I'll be your guardian angel

Leurs corps ne font plus qu'un, leur désir partagé dans un moment de communion sans pareil. Rien ne saurait briser, gâcher ou en tâcher pareil instant de félicité. Ils sont dans leur bulle, rien que tous les deux. Et le reste du monde pourrait bien s'effondrer autour d'eux que ni l'un ni l'autre n'en ferait quoi que ce soit. Parfois, Kristofer plante son regard dans celui de Ludmilla. Parfois, il se fait plus entreprenant et part à la découverte de ce corps qu'il n'avait jusque-là que vu. D'abord dans son maillot de bain ridiculement petit, à la plage. Et puis devant la salle de bain, il y a quelques minutes à peine. Complètement nu. C'est là, sans doute, que les choses ont dérapé pour de bon, que Kristofer a perdu tout contrôle. Mais il ne s'en plaint pas. C'est ce qui leur permet d'être là à cet instant précis, collé l'un à l'autre, leurs corps en fusion et leurs esprits en ébullition. C'est peut-être la magie du moment qui lui fait imaginer cela, mais il ne se souvient pas un jour avoir éprouvé pareil désir. Alors que leurs corps apprennent encore à se connaître, et se découvrent de la plus intime des façons, il se dit qu'il ne s'était pas senti aussi bien depuis une éternité. Aussi à sa place. Comme si, tout ce temps, toutes ces années passées à voyager et à parcourir le monde, il ne faisait que fuir l'inévitable. Fuir, n'est-ce pas, justement, sa spécialité ? Pas à cet instant. Il n'a aucune, mais alors vraiment aucune, envie de fuir. Il veut rester là, contre elle, sur elle, en elle. Ses mouvements s'amplifient, son plaisir se décuple et il sait qu'il est au bord du précipice, sur le point de rejoindre des cieux que seul un moment pareil peuvent le faire atteindre. Alors il redouble d'effort pour ne pas y aller seul et comprend, au visage de Ludmilla, qu'elle a atteint l'apogée. Quelques instants plus tard, c'est son tour de l'y rejoindre et il se laisse complètement aller. Les tergiversions et doutes qui peuvent parfois reprendre un semblant de place dans son esprit - et oui, même après que leur étreinte se soient intensifiée - n'ont plus du tout d'espace ici. Ils se sont envolés pour de bon, et Kristofer ferme les yeux, profitant pleinement de ce qui est en train de se passer, de l'intensité du plaisir qui vient de lui tomber dessus. Toute résistance aurait été futile. Complètement détendu, et capable de laisser tomber toutes les barrières si durement érigées ces dernières années, il se laisse aller. Pleinement, complètement. Il arrête de bouger à ce moment-là, de toute façon à bout de force, et ses bras le lâchent. Il s'efforce de ne, pour autant, pas peser de tout son poids sur Ludmilla - ce serait dommage de l'écraser après un moment pareil - et son nez se perd dans ses cheveux roux encore un peu humides de sa douche. Contrairement à ce qu'il aurait pu imaginer, le retour à la réalité n'est pas brutal. Non, il se sent bien. Serein. Et il n'a pas la moindre envie de bouger de là. C'est possible ?

Nos corps sont en parfaite fusion. Une union parfaite. Comment pourrais-je passer à autre chose désormais ? Comment pourrais-je aller trouver d’autres hommes, me perdre dans leurs bras maintenant que j’ai connu ceux de Kris. Impossible. Je sais que je l’aime. Je le voulais rien que pour moi. Tandis que cette danse change de rythme. Que l’on passe de la valse douce, sereine, on enchaine sur un tango. Plus passionnel. Plus enragé. Son regard se perd dans le mien. Ses pupilles sont largement dilatés, d’un noir d’encre parfait. Je caresse sa joue. Son contact m’électrise, mon souffle se fait rauque. Plus court. Tandis que je laisse échapper des cris, des grognements, des petits gémissements. Mes dents le mordillent, mes mains le griffent. Mon corps s’embrase. Je sens l’atmosphère de la chambre qui change d’une manière considérable. Qui s’alourdit, qui se réchauffe, qui s’électrise. Un peu comme moi. De passive, je deviens agressive. Je lui rends ses coups de reins, je lui prodigue des caresses découvrant son corps du bout des doigts. Mes jambes autour de sa taille forment un étau pour ne pas le laisser s’échapper. J’ignore à cet instant si ma montre bipe, si je suis en train de mourir et si je vais me réveiller dans une sorte de paradis. Mes mains passent dans ses cheveux humides et des gouttes s’échappent pour tomber sur ma poitrine. Je la sens qui coule long de moi. Une fine chair de poule arrive sur mon corps tandis que nos bouches se retrouvent. Je me sens glisser vers ce plaisir interdit. Vers cette communion parfaite avec Kris. Mon Kris. Je ne suis pas prête à ce qu’on retrouve notre réalité. Je m’enferme dans cette bulle délicieusement confortable. Je le sens se tendre contre moi, en moi. Sa bouche me chatouille le cou et il n’en faut pas plus. Ma peau est déjà trop sensible. Dans un gémissement ultime, je sens que ça arrive. Le tant attendu par la gente féminine. Je sens le corps de mon amant se crisper contre moi. Je sens tous ses muscles se contracter. Alors, je descends lentement mes mains pour caresser ses avant-bras tandis que je plante mon regard dans le sien, continuant à me mordre la lèvre. Mon souffle me manque. Ma gorge me brûle comme tout le reste de mon corps. Je me consume sous lui. Puis, petit à petit, ça redescend. Je me laisse tomber tout doucement sur le matelas, la respiration saccadée. Kris m’imite pour enfouir sa tête dans le rideau de cheveux couleur rubis qui était un peu éparpillé autour de moi. Je passe une main distraite dans ses cheveux avant de déglutir. Aucun de nous deux ne bouge. Comme des statues. Immobiles. Car si nous effectuons le moindre mouvement, la réalité allait nous rattraper de plein fouet. Elle ne tarde pas d’ailleurs. Ma main se crispe sur le cou de mon amant. Mes sens me rattrapent. Ma vue s’affute, mes oreilles s’ouvrent au monde. Mes jambes finissent par retomber le long des siennes et je fronce les sourcils en sentant son pantalon. Puis, elles se figent. Mon corps est redevenu normal si ce n’était la présence du beau slovène en moi. « Kris, murmurai-je. » Comme pour l’inviter à se décaler et me rendre ma liberté.

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Moment de totale perdition, que Kristofer n'aurait, à cet instant précis, échangé pour rien au monde. Il leur faut bien revenir sur le terre ferme, pourtant. Leurs corps crispés se détendent l'un contre l'autre. Kris se refuse à bouger et préfère profiter de la douce odeur des cheveux de Ludmilla. Il essaye de rester dans cette bulle, de ne pas la laisser être crevée sous ses yeux encore émerveillés par l'instant de volupté qu'ils viennent de vivre. Mais ça ne dure pas. La rousse, la première, les tire de cette léthargie qu'il aurait espéré sans fin. Elle ne fait rien d'autre que prononcer son prénom, mais il comprend. Il comprend, et réprime un soupir. Ouais, va falloir accepter que la bulle s'ouvre et englobe de nouveau le reste du monde. Il n'y a plus de Ludmilla et Kristofer, il y a Ludmilla, Kristofer et le reste du monde. Le lit, la chambre, l'appartement, l'immeuble. La ville. Les bruits de l'extérieur, bien que peu nombreux, recommencent à lui parvenir aux oreilles. Sa pression sanguine redescend, et son cœur se calme. Sa respiration, elle, devient moins erratique, moins désespérée. Derrière le prénom prononcé par Ludmilla, il comprend la réelle requête. Il se glisse donc hors d'elle, avant de se laisser tomber sur le dos, juste à côté d'elle. Le manque soudain de contact est terrible, l'impression de froid saisissante. Il ne fait pourtant pas froid, pas ici, pas à Bowen. « Désolé. » Marmonne-t-il dans sa barbe - quasi inexistante. Désolée de ne pas s'être poussé plus tôt. C'est tout ce qu'il veut dire, ça ne va pas plus loin. Soudain peu sûr de lui et peu sûr de la marche à suivre, il remonte pantalon et caleçon d'un geste habile. Qu'est-ce qu'il doit faire, putain ? Si l'atmosphère s'est de nouveau alourdi, ce n'est pas par du plaisir ou du désir. Cette fois, c'est la gêne qui est palpable, le malaise qui s'intensifie entre eux. Il n'a pas envie de dire quoi que ce soit, au risque de tout gâcher. Il ne peut pas non plus se lever, au risque de lui donner une mauvaise impression. Il ne peut pas non plus se permettre de se montrer trop tactile. Bref, il ne sait pas. Il n'en sait rien. Il resterait bien là, parfaitement immobile, jusqu'à la fin des temps. Cela lui éviterait d'avoir à affronter les conséquences qui, désormais que tout est terminé, lui semblent bien réelles. Mais il ne peut pas. Il va falloir qu'il se mette en mouvement à un moment ou un autre ... Il faut qu'il dise ou fasse quelque chose, ou Ludmilla risquerait de mal l'interpréter. En même temps, il a peur que quels que soient ses mots ou mouvements, elle le prenne mal. Qui ne tente rien n'a rien, hein ? Les yeux baissés pour s'aider, il se met en quête de sa main qu'il finit par trouver. « Ludmilla. » Murmure-t-il à son tour, incertain. Il n'ajoute rien. De toute façon, que pourrai-il dire de plus ?

La magie s’effrite. Je le sens. Le contact de Kris me devient soudainement douloureux et j’ai besoin qu’il s’écarte. Pas par gêne, par confort plutôt. Je sais que je suis désormais tendue. Je n’ai jamais été très assurée après l’acte sexuel. Je me suis refusée ce contact pendant très longtemps. A vrai dire, il n’y avait eu que mon ex avant Kris. Je ne suis pas une croqueuse d’hommes. Je ne le fais pas sans sentiments. Je sais que pour mes deux amants, c’est le cas. Le premier par pari et le second par ivresse. J’ai soudainement honte de ce qu’il vient de se produire. Kris et moi n’étions pas en couple. Nous nous étions disputés, haïs et maintenant nous voilà qui nous réconcilions sur l’oreiller ? J’étais censée être la personne mature, la personne sobre et je m’étais laissée aller. Sur le coup, je n’avais pas pensé à l’ivresse. A l’après. Je le fixe se décaler, je le regarde se rhabiller sans broncher. Je sais qu’il murmure quelque chose. Je n’entends pas à vrai dire. Mon cerveau réfléchit à cent milles à l’heure. Ma réalité me rattrape. Je dois dire, faire quelque chose pour ne pas que ça s’arrête. Mais justement ça doit se stopper. Je sais pourtant que s’il revient sur ce moment, que s’il me fait comprendre qu’il regrette, je ne lui pardonnerai jamais. Le sexe est trop important pour moi. Il ne devrait pas être fait par des personnes dépourvus de sentiments. Sachant que pour moi ça a une signification particulière. Comme mon cerveau s’agite, mon cœur fait de même. La raison me rattrape. A toutes jambes. Kris attrape ma main et je le laisse faire. Je suis comme plongée dans le mutisme. Incapable de faire quoique ce soit. Je n’ai pas envie qu’on se dispute. Pas après ce moment si parfait. Mais justement, s’il était parfait pourquoi ressentions-nous de la gêne ? Ce n’est pas normal. Il murmure mon prénom et je me tourne vers lui pour lui sourire. « Tu devrais dormir un peu, murmurai-je doucement avant de caresser son visage. » En ce qui me concernait, je n’avais aucune intention de dormir. Ni même de manger. Ma nudité devient gênante. J’ai soudainement honte de mon corps. Le visage sans doute trop rougi par l’effort, mes cheveux défaits, ma bouche gonflée, je me redressai. Il avait remis son pantalon et son caleçon, lui. Alors par pudeur, je colle mes cheveux sur ma poitrine. Ils sont tellement longs qui tomberaient quasiment sur mes cuisses. Puis, lâchant sa main, je me lève pour aller enfiler un débardeur et mon pantalon de yoga. Puis, j’attrape le pavé de feuilles qui trône sur mon sac avant d’aller m’asseoir sur le lit. J’ouvre les bras pour laisser le soin à Kris de venir ou pas se blottir contre moi. Distraitement, je caresse ses cheveux. Je me penche pour déposer un baiser sur sa tempe. « Dors, je reste là. » Comme pour rassurer un enfant qui faisait des cauchemars. Puis, je me plonge dans ma lecture, histoire d’échapper à ce moment. Repoussant l’échéance. Car je savais que dès qu’il reviendrait complètement à la réalité. Ça serait fini. Il ne m’aimait pas.

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Peu à peu, les connexions se font, les sens reprennent leurs droits. L'instant de volupté qu'ils viennent de passer n'est plus, et Kristofer est bien obligé, à son tour, de redescendre sur Terre. De s'écarter d'elle. De, pudique, remettre ses vêtements en place. Il est encore un peu embrumé par l'alcool, mais il a pleinement conscience de ce qui vient de se passer. De ce que cela peut signifier, et de ce que cela signifie déjà. Il a bien senti que Ludmilla était tendue, juste avant qu'il ne s'écarte d'elle. Il sent la gêne qui flotte entre eux. Que doivent-ils faire ? Comment ? Il essaye de dissiper le malaise, de ne pas le laisser gagner en ampleur. Mais, d'avance, il sait que ça ne fonctionnera pas comme il le voudrait. En effet, tout n'est pas aussi simple. Et pour bien faire, il faudrait non seulement qu'il soit sobre, amis aussi qu'il soit capable de mettre des mots sur ce qu'il ressent, sur ce qu'il pense que Ludmilla ressent. Maintenant que c'est terminé, il se rappelle de sa déclaration, de ce qu'elle lui a dit. En attrapant sa main, il espère la rassurer. Pas sûr que cela fonctionne, mais il aura au moins essayé. Il n'est pas censé avoir entendu quoi que ce soit, de toute façon, n'est-ce pas ? Cela ne signifie pas pour autant qu'il doit consciemment la blesser et faire quelque chose qui pourrait la heurter. Il ne va pas profiter de ça pour jouer sur ses sentiments et jouer les indifférents. Il l'aime beaucoup Ludmilla. Et ce n'est pas l'alcool qui lui fait croire n'importe quoi, c'est un fait. Elle se redresse, lui sourit et Kristofer a l'impression qu'un poids vient de s'ôter de ses épaules. Un poids ridiculement petit qui n'est rien à côté de tout ce qui lui pèse encore, mais un poids tout de même. Il lui sourit à son tour, hoche la tête. Oui, il va dormir. C'est exactement ce dont il a besoin. Cela lui évitera de trop penser à toute cette situation, aux milliers de raisons qui pourraient la pousser à dégénérer. Elle se lève, et Kristofer reste parfaitement immobile. Il attend. Et il a eu raison de le faire : une fois habillée, elle revient sur le lit. Elle s'y installe plus confortablement, et semble l'inviter à la rejoindre. Après tout, pourquoi pas. Ils ont partagé une étreinte plus intime que celle-là encore, alors il ne voit pas en quoi dormir dans ses bras devrait le gêner. Il en a très envie de toute façon. Il la rejoint donc sans se poser de questions, et se blottit contre elle. Une de ses mains l'entoure, sa joue se pose sur son épaule, et il ferme les yeux. « N'oublie pas de te reposer, toi aussi. » Grommelle-t-il pour la forme, avant d'ajouter dans un souffle : « Bonne nuit. » Mais déjà, le sommeil l'emporte.
Quand il ouvre les yeux, il lui semble toujours être dans la même position. Calé contre Ludmilla, sa tête près de son épaule et son bras autour d'elle. Leurs jambes sont emmêlées, aussi, et Kristofer libère sa prothèse de là, à la fois par gêne et par inconfort. Ça lui fait un mal de chien, bordel. Il n'est pas censé la garder une nuit complète. Et, dehors, le soleil est en train de se lever. Il se redresse, se décale même, s'asseyant au bord du lit en prenant garde à ne pas réveiller la jeune femme, si ce n'est pas déjà fait. Putain, mais qu'est-ce qu'il a fait ? Et qu'est-ce qu'il fait, maintenant ? Hors de question, bien sûr, de partir et de la laisser là. Il va attendre qu'elle se réveille mais ... il ne sait pas ce qu'il va pouvoir lui dire. Et c'est ce qui le perturbe le plus.

Je déteste ce moment. Celui où la réalité te rattrape de plein fouet. Alors que je suis contre Kris, sur le dos et que je fixe le plafond, je me sens mal. Comme si j’avais un étrange pressentiment sur la suite des choses. Comme si j’allais regretter au fond ce qui s’était passé. Je n’en sais rien. Kris murmure mon prénom mais je ne cille pas. Je ne bouge pas. J’en suis incapable. Je réfléchis. J’ai toujours beaucoup trop réfléchi ce qui fait que je peux sembler plus vieille. Déjà à l’âge de quatorze ans, je savais que j’allais gagner en maturité trop vite, trop tôt. J’ai perdu mon innocence trop jeune. Lors de la découverte des corps de mes amis et de mon père. Je ne dors plus très bien depuis cet évènement, mon sommeil hanté par ses cauchemars. Par le visage de mon père qui dormait. J’aurai aimé une épaule sur laquelle pleurer mais je n’ai pas eu le temps de m’épancher. Il avait besoin de moi. Je n’ai pas versé une seule larme en la présence de Kris. Sauf à l’enterrement mais personne n’était là pour moi. Du fait que tous les enterrements avaient lieu le même jour. Que Kris était encore à l’hôpital. Je suis allée rendre hommage à ses parents en déposant une rose blanche sur leur tombe. La rose blanche. Ma fleur préférée sans doute due à sa pureté. Je ne suis pas quelqu’un de pur, je ne suis pas quelqu’un de bien. J’ai profité d’un homme ivre et je savais que ça me rattraperait. Alors, je me relève pour lui sourire. Factice. Je suis triste. Je devrais être heureuse pourtant mais je sais qu’il ne m’aime pas. Qu’il ne m’aimera sans doute jamais des mêmes sentiments que j’ai à son encontre. J’attrape un débardeur et un pantalon de yoga. J’ai froid. Puis, je vais me poser sur le lit, un pavé de cinq cents pages sur les genoux. Kris vint se coller à moi et distraite, je lui caresse les cheveux. « N'oublie pas de te reposer, toi aussi. » Je ne pense pas que Maxence soit d’accord pour que je me repose. Je n’avais plus beaucoup de temps pour lire ça et je devais finir rapidement. « Promis. » Promesse en l’air. Mensonge éhontée. J’inspire doucement continuant à caresser ses cheveux. « Bonne nuit. » Je le regarde mais il dort déjà. Alors, je continue à caresser ses cheveux tandis que j’approfondis.

J’ignore à quel moment je me suis endormie. Mais outre mon compagnon de lit qui bouge, le fait que j’ai soudainement froid, j’ouvre doucement les yeux pour voir que je me suis endormie sur mon dossier. Fort heureusement, je ne bave pas la nuit. J’allais m’étirer lorsque j’entends cette foutue sonnerie. Mon téléphone. Oh putain. Je me lève d’un bond sans faire attention à Kris avant de me précipiter dans la salle de bain. Lieu où j’ai abandonné mon téléphone. Je regarde le nom de l’interlocuteur. Un mec de ma promo. Je décroche donc tandis que je mets du dentifrice sur ma brosse à dents. « Lulu, le cours a été avancé. » QUOI ? QUOI ? A treize heures à la place de quinze. Heureusement, il n’est que dix heures. Je pense avoir fermé les yeux aux alentours de six heures. D’ailleurs tandis que je suis pendue au téléphone, je remarque que j’ai la page d’imprimée sur ma joue. Charmant. Après avoir raccroché et fini de me brosser les dents, je rassemble mes cheveux emmêlés pour les attacher. Puis, je sors pour voir Kristofer. Merde, j’avais oublié sa présence. Je me colle dans l’embrasure de la porte pour le regarder. Il semble gêné et perdu. « Allez dis-le qu’on en finisse. » Je le connais. Il allait fuir comme d’habitude et je n’ai pas le temps pour une longue discussion. Je devais retourner dans ma chambre prendre mes affaires, me changer. « Fais ça vite s’il te plait. » Comme l’on retire un pansement. Je voulais qu’il me brise le cœur d’un seul coup et pas en prenant des gants. Je n’aime pas qu’on tourne autour du pot. Mon visage est fermé, mon regard le fixe. J’étais aussi fautive que lui mais à la différence de mon ancien amant : je ne regrettais rien.

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Il n'aurait jamais dû aller dans ce bar, il n'aurait jamais dû boire jusqu'à en être ivre mort, et ne plus pouvoir rentrer chez lui par lui-même. Ce n'est pas ce qu'il a fait, pourtant. Il s'est bel et bien soûlé, et il a bel et bien été ramené par quelqu'un d'autre. Pas chez lui, chez elle. Du moins, chez sa sœur. D'ailleurs, n'est-il pas actuellement assis dans son lit ? N'ont-ils pas fait l'amour dans son lit ? Il chasse aussitôt cette idée de sa tête. C'est sans doute le cas, mais il préfère éviter d'y penser, il finirait par trop mal le vivre. De toute façon, il a bien plus important et actuel à penser. Assis sur le bord du lit, Kristofer se dit que la meilleure chose à faire, pour l'instant, c'est d'attendre. Il se dit aussi que, par conséquent, il a encore un peu de temps devant elle. Pour l'heure, Ludmilla dort encore et lui peut prendre le temps de retourner la situation dans tous les sens, tourner ses arguments sous tous les angles et ainsi trouver la meilleure façon de dire les choses. Mais dire quoi au juste ? Il ne le sait même pas. Et il a beau y penser à fond, rien ne lui vient. Il ne sait pas ce qu'il veut. Il ne sait pas plus ce qu'il ne veut pas. Ses yeux se ferment, il passe sa main sur son front. Sa jambe ne l'aide pas à y voir plus clair ... Elle lui fait un mal de chient. L'empêchant de réfléchir à tout ça de manière plus sereine. Quoi qu'il ne serait sans doute pas arrivé à de plus brillantes conclusions si ça n'avait pas été si douloureux. Alors qu'il n'a pas avancé dans ses réflexions - il rame toujours en vain -, il sent du mouvement derrière lui. Il entend Ludmilla se lever ... Puis son portable sonner. Sans jamais dire quoi que ce soit, il la regarde faire sa vie. Répondre à son téléphone, se glisser dans la salle de bain. Il ne dit toujours rien, et il n'a toujours pas fait de progrès. Il ne sait toujours pas ce qu'il veut. Quand elle sort de la salle de bain, il en est toujours au même point. Il ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais rien ne sort. Heureusement qu'elle est là pour le relancer, ou du moins essayer. Dis-le qu'on en finisse. Mais dire quoi ? Qu'il est désolé ? Qu'il regrette ? Qu'il ne veut pas ? Qu'ils n'auraient pas dû ? Fais ça vite s'il te plaît. Il perçoit, derrière les mots, la rancune, un soupçon de tristesse et de déception aussi. Tant bien que mal, il se lève mais ne s'avance pas vers elle. Ça ne lui servira à rien, si ce n'est à rendre les choses plus compliquées qu'elles ne le sont déjà. « Je ... Je ne dis pas que je regrette mais ... » Il faut forcément qu'il y ait un mais, n'est-ce pas ? Il s'en veut de lui faire ça. S'il n'avait pas bu, rien de tout ça ne se serait passé et ils n'en seraient pas là. Mais le penser ne lui suffit pas : il sent que ce n'est que pur mensonge. Que cela aurait finit par arriver. Ses yeux jusque-là baissés se relèvent pour rencontrer les siens. « Mais je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Je ne pense pas que c'en était une. » Ils auraient mieux fait de s'abstenir, en somme. Il dit qu'il ne regrette pas, mais il sait que c'est en totale contradiction avec le reste. Bien sûr qu'ils regrettent qu'ils aient franchi cette ligne, sinon il n'en serait pas là. Planté devant elle à essayer de lui expliquer ce qu'ils auraient dû ou n'auraient pas dû faire. « Je suis désolé, je ne voulais pas te blesser Ludmi ... » Mais c'est trop tard. C'est tout ce qu'il sait faire de bien.