I'll be your guardian angel (Krismilla) hot

Une femme sait quand un homme regrette quelque chose. Une femme sait tellement de trucs sans pouvoir les dire. Tandis que je suis encore allongée, que je sens Kris se relever, je sais que rien ne va. Il ne m’a pas embrassé sur la joue comme pour signifier que tout allait bien. Il n’est pas resté contre moi. Il s’est relevé. Je reste dans la position assise, le temps de faire le vide et de me préparer au pire. Sans doute suis-je parano et qu’au contraire, il ne va pas se comporter comme un salaud ? Sans doute. J’entends la sonnerie de mon téléphone au loin et je me lève, vite comme l’éclair pour courir le chercher. J’ai mon cœur qui cogne trop fort dans ma poitrine, qui manque d’imploser. Alors comme pour retarder l’échéance. Je prends mon temps dans la salle de bains. J’étais sobre. Je fus l’adulte responsable dans cette situation. J’aurai dû le repousser. Ne pas coucher avec lui. Ne pas me laisser aller entre ses bras. Passant de l’eau sur mon visage, je me prépare au pire. Je me prépare à lui faire face et à l’écouter. J’attrape son tee-shirt au vol pour retourner dans la chambre de Mercy et le fixer. Il n’a pas bougé. Telle une statue. Mais dis quelque chose bon sang. Porte tes couilles, Kristofer. Je le vois se relever. Toute sa silhouette est tendue. Puis, j’entends sa voix qui s’élève. « Je ... Je ne dis pas que je regrette mais ... » Mais donc. A chaque fois qu’il y a un mais dans l’histoire ça finit très mal. Mais ce n’est pas toi, c’est moi. Mais ce n’est pas bien. Mais tu es trop jeune. Mais je ne t’aime pas. Je m’apprête à finir sa phrase. Cependant mon ex-amant me prend de court et continue sa tirade. « Mais je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Je ne pense pas que c'en était une. » Donc, il regrette au final. Ludmilla, ça n’aurait jamais dû se produire. Je savais hier en me laissant aller qu’il finirait par me briser le cœur. Qu’il finirait par se comporter en lâche. « Je suis désolé, je ne voulais pas te blesser Ludmi ... » Me blesser ? Sale connard hypocrite. Je prends son tee-shirt que je lui lance dans la figure. Mieux vaut l’enfer qu’une femme bafouée. Maintenant que je savais qu’il me désirait, je ne lâcherai pas le morceau. Je fais un pas en avant pour lui faire face. « Regarde-moi. » Ma voix est vibrante de colère. De déception. Je me demandai s’il avait entendu ce que je lui avais dit dans la voiture mais j’allais me répéter. « J’ai des sentiments pour toi et depuis longtemps. » Au moins, c’est dit. Nous sommes tous les deux au courant désormais. Je sens les larmes qui pointent le bout de leur nez. Je renifle donc pour laisser échapper un soupir. Pour éviter de m’emporter. Mon cœur le lui fait. Je sens cette douleur qui me lance, précurseur d’une nouvelle crise. Mais je retarde l’échéance. « Je sais que tu me désires depuis l’instant où tu m’as vu sur cette plage. Que t’avais envie de moi. Et maintenant que j’en ai la confirmation, je vais… » Je m’avance à nouveau si bien que nos cœurs sont trop proches. Moi, je pouvais vivre avec ça. Avec le fait que je ne penserai plus à lui de la même manière. « Je vais m’insinuer dans tes pensées. Tu m’imagineras nue tout le temps. Tu me verras sous toi en permanence. Et tu te souviendras de ce que tu as ressenti en moi. » Alors, je me colle sur la pointe des pieds, prête à l’embrasser mais je ne le fais pas. « Je vais te faire regretter de m’avoir repoussé et c’est toi qui me supplieras de te reprendre. » Car je savais ce que je voulais et c’était lui. Puis, je le plante là pour m’en aller. Un sourire se mêla à mes larmes, car au fond, je savais que j’allais remporter cette bataille. Il avait baissé sa garde trop longtemps pour revenir en arrière. J’attendais qu’il réplique, qu’il nie, qu’il essaie de se défendre mais il avait perdu dès l’instant où il était entré en moi. Et j’allais me servir de cette attirance qu’il avait pour moi afin qu’il se consume de l’intérieur. On ne me repousse pas sans en payer le prix.

I'll be your guardian angel

A l'instant même où il a ouvert la bouche, Kristofer a su qu'il allait dire une connerie plus grosse que lui. Que Ludmilla ne l'accepterait pas, lui en voudrait. Putain, tout ce qu'il voulait, c'était la retrouver. Retrouver la gosse de l'époque, la petite rousse qui le suivait de partout avant de se mettre à l'éviter quand elle a été assez grande pour se garder toute seule. Au lieu de ça, il s'est retrouvé face à une femme sur cette plage et plus rien n'a été pareil. Leur relation s'est détériorée maintenant, il le sait. Pas juste parce qu'ils se sont pris la tête la semaine passée et se sont balancés des horreurs à la gueule. Mais aussi, et surtout, parce qu'ils ont franchi la ligne jaune. Cette nuit, ils ont dépassé une limite qui était là pour une bonne raison. Et Kristofer a désormais l'intime conviction que plus rien ne sera jamais pareil. En même temps, cela semble évident, non ? Que plus rien ne pourra être pareil. Qu'ils ne pourront pas redevenir les simples amis de l'époque. Qu'il y a maintenant autre chose entre eux, une attirance sous-jacente, qui a déjà été exprimée une fois et qui n'attend plus que d'être encore libérée. Si Kristofer l'a compris, ça, Ludmilla aussi. Quand elle lui demande d'une voix forte de la regarder, il ne peut que s'exécuter. Les ordres ne lui ont jamais posé un réel problème. Avec Ludmilla, il a pourtant eu l'habitude que ce soit plutôt l'inverse. Mais là, clairement, il est en position de faiblesse. C'est elle qui a le dessus sur cette discussion stérile et vide de sens. C'est elle qui ordonne. Et il plante ses yeux dans les siens, sans doute par souci de relever un peu la barre pour lui, sans doute pour faire mine de reprendre le dessus. Comme s'il le pouvait ... Elle s'est rapprochée et, déjà, le corps de Kristofer essaye de s'échapper de sa poitrine, battant à vive allure. Elle s'est rapprochée et, déjà, il a le souffle court. L'envie d'arrêter de respirer pour éviter que les effluves de son parfum ne viennent le perturber. Il essaye de trouver quelque chose à dire, de rattraper le coup comme il peut avec ce qu'il a ... Mais il n'y arrive pas. Ludmilla a l'air si déterminée qu'il en a presque peur. Il sait qu'il ne fait pas le poids face à elle. Cette attirance, qu'elle croit déceler chez lui et qui est en effet une réalité, il ne parviendra pas à la surmonter. Mais il veut essayer ... Parce qu'il n'est pas en droit de se mettre avec elle. Il ne se sent même plus légitime dans sa vie. Evidemment, lui dire tout ça, ce serait trop lui en demander. Il préfère garder le silence et se contenter de ce qu'il lui a dit jusque-là. Il essaye de se convaincre qu'il peut le faire, qu'il va réussir à garder le contrôle de son foutu corps qui l'a déjà trahi une fois, aidé par l'ivresse. Ce qu'elle lui martèle, c'est totalement vrai. Rien de faux là-dedans, rien non plus d'exagéré. Il n'a même pas d'arguments pour contre-carrer les siens, et Ludmilla doit le deviner. Cela doit se lire sur chacun des traits de son visage. Son tee-shirt, qu'il a récupéré au vol quand elle lui a lancé un peu plus tôt, lui semble peser bien lourd. Il s'élève entre eux comme une ultime barrière, mais Kristofer sait que ça ne sera pas suffisant. S'il veut suivre ses principes idiots et ne pas se laisser aller une nouvelle fois, il va devoir mettre en avant plus d'efforts encore. Sans doute aurait-ce été préférable pour lui de la convaincre là, tout de suite, de ne pas mener à bien les projets qu'elle semble avoir d'ores et déjà mis sur pieds, mais il n'y parvient pas. Il reste planté là jusque-à ce qu'elle disparaisse de la pièce, laissant derrière elle un goût amer et des relans de son parfum. Et merde.