If only we could choose our coworker - Elmo

10 heures. C’était l’ouverture du café et déjà Maxine soupirait. Ça faisait une heure qu’elle et Elmo préparaient l’ouverture. Ils devaient faire chauffer les cafés, préparer la salle, enfin tout les petits détails que personnes ne voyaient jamais. Son collègue était arrivé légèrement en retard ce matin, ce qui n’avait pas arrangé l’humeur de Max. Ils s’étaient à peine dit bonjour et chacun vaguait à ses tâches et ses occupations. Avec l’italien, ce n’était pas le grand amour mais plutôt une indifférence sûrement partagée. Il était déjà là quand Max était arrivée au café. Il passait sa vie à roucouler avec la brune dont elle ne se souvenait plus du nom. Enfin soit ils roucoulaient soit ils se disputaient. Ils étaient la preuve que parfois il valait mieux d’abstenir plutôt que de s’aimer au grand jour, ou s’aimer toujours. S’il fallait passer son temps à s’engueuler pour prouver son amour, Maxine passait son tour. Très peu pour elle les disputes et les effusions d’amour, que chacun garde son intimité et tout le monde se porterait mieux. Depuis, Elmo elle le catégorisait comme petit enfant au cœur perdu qui depuis draguait quelques clientes. Finalement, elle ne savait pas si elle le trouvait plus insupportable avec la brune ou célibataire. Au moins, avec la brune il ne ricanait pas toutes les deux minutes derrière son écran ou à prendre des selfies pour l’envoyer sur le quelconque snapchat d’une personne. Ils se connaissaient pourtant, enfin ils avaient quelques amis en commun notamment Vega. Mais la plupart du temps ils se croisaient en soirée et chacun faisait sa vie. En tout cas, c’était le cas pour Max qui ne souciait pas des pensées de son collègue. Ils attendaient là tous les deux comme des idiots derrière la comptoir que des personnes rentrent. Max en profitait pour scroller les réseaux et tomber sur une vidéo d’un pote. Dessus on voyait clairement Elmo. « Je comprends ton retard, la soirée à été longue ! » Disait-elle avec son petit ton habituel. Il y avait une critique derrière, une condescendance assez accentuée sans pour autant être méchante.

C’était le weekend, raison pour laquelle le café ouvrait plus tard. Les travailleurs se faisaient plus rares et se tournaient vers le Starbucks lorsqu’ils se frappaient à la porte close du café du coin. Cela arrangeait Elmo, qui pouvait en profiter pour fêter un peu plus longtemps – comme si un quart de travail plus tôt l’en avait déjà empêché. La veille il était sorti avec Max – l’autre Max, pas sa collègue un peu chiante – et des amis de l’universitaire qui étaient graduellement devenus des amis d’Elmo. La soirée avait été pas mal arrosée et ça se voyait dans les yeux du barista qui semblaient encore un peu baigner dans la vodka. Ses gestes étaient là, entrecoupés d’interminables bâillements qu’il ne s’efforçait même pas de cacher. La bouche grande ouverte, les longues plaintes fatiguées s’échappaient du plus profond de son être. Il ne mettait même pas la main devant sa bouche pour empêcher qu’on voit jusque dans le fond de sa gorge. Il voyait de temps en temps l’attitude exaspérée de Maxine, mais il ne se rattrapait pas pour autant. L’ouverture étant achevée depuis quelques minutes, aucun client n’étant en vue non plus, Elmo s’était assis sur un tabouret qu’il avait ramené derrière le comptoir et buvait son café bien chaud qu’il venait de se préparer, sans en proposer un à Maxine. Il était trop dead inside pour penser à quelqu’un d’autre que lui, là. Il tourna la tête vers la brunette quand elle releva le fait que son retard était facilement explicable vue la soirée d’hier, relayée aux premiers plans des réseaux sociaux. Son petit ton condescendant l’agaçait, mais pour le moment il était encore capable de laisser ça de côté. « Sois pas jalouse, ce n’était sûrement pas ton genre de truc de toute façon. » Déclara-t-il sans méchanceté non plus, mais avec une pointe de jugement néanmoins.

Elle perdait son radar gueule de bois Max. Elle aurait dû capter plus vite que les yeux vitreux d’Elmo, sa fâcheuse tendant à bailler la bouche grande ouverte avec le son reflétait une bonne veille alcoolisée. Mais elle n’avait rien vu, occupé à ignorer le jeune homme. Dans le fond, elle ne savait pas si elle l’aimait ou pas, elle était juste insensible à ce qu’il était. Déjà, les baisers avec son ex avaient eu le don d’agacer Max. Combien de fois s’était-elle retrouvée à devoir servir les clients d’Elmo parce qu’il était occupée à se réconcilier avec l’autre. Puis, un espoir. Ils avaient rompu, brisant le petit cœur de l’italien. Il croyait vraiment que ç’allait durer toute la vie ? Avait pensé Maxine, le jugeant de toute ses forces. Sauf qu’Elmo célibataire c’était presque aussi pire qu’Elmo amoureux transit. Le seule avantage c’était que Max ne s’occupait plus de ses tables à lui. Il s’amusait à charmer et daguer les jolies filles qui poussaient la porte du café. Cet homme était un cliché. Mais, le rupture avec l’autre aurait apporté une chose. Au moins, elle ne passait pas inaperçu et il lui avait décroché plus de mots en une semaine que depuis le début où elle était arrivée au café. C’était sûrement pour toutes ses raisons, qu’elle ignorait un peu l’italien. Le boss trouvait qu’ils travaillaient bien ensemble, tout était toujours top. Ce matin, il n’y avait personne, et c’était chiant à mourir. Alors, telle une Gen Z, elle prit son téléphone Maxine, heureusement que les réseaux étaient là pour faire passer le temps. Hop, une petite remarque à Elmo pour lui faire comprendre qu’elle savait pourquoi il était en retard, et que non ça ne serai pas un excuse pour ne rien faire de la journée. Il répondit avec une autre pique qui fit sortir le nez de Maxine de son téléphone. « Pardon ? » Pas son truc ? Non mais Max c’étai la reine de la soirée. « De toute façon qu’est ce que tu connais de moi pour dire des choses comme ça. » Elle était un peu vexée, alors elle se retournait. Elle se fit un café sans en proposer un à Elmo. De toute façon, il en avait déjà un. Elle retournait au comptoir. « Puis je te signale que sur les soirée qu’on a eu en commun, t’es déjà couché alors que moi je tiens encore bien debout. » Ce n’était pas mensonge, plusieurs fois elle vit Elmo un peu trop alcoolisé, ce qui était le cas pour elle également.

C’est sûr que de bosser avec Bella avait fait en sorte qu’Elmo s’était montré encore moins efficace qu’avant. De cette fille-là, il était totalement, complètement amoureux. Ça lui avait pris du temps l’admettre, lui qui voulait se donnait des airs d’éternel célibataire, le genre de mec qui est disponible sans l’être. Mais dès que leur relation avait été officialisée, ils ne s’étaient plus lâchés, pas même quand ils avaient des cafés à servir. C’est à peine si Elmo avait eu connaissance de l’arrivée de Maxine, pour tout dire. Ce n’est que lorsque Bella avait quitté le café, quitté sa vie, qu’il avait constaté qu’il y avait d’autres employés dans ce petit bistro. Depuis, il apprenait un peu plus à connaître Maxine mais bien honnêtement, parfois il aurait pu s’en passer. C’est qu’elle était plutôt chiante, en fait, peut-être que ça aurait dû lui faire comprendre que Vega l’était tout autant, pour ça qu’elles étaient copines, mais avec Vega c’était différent. Vega et Elmo s’enduraient malgré tous leurs travers. C’était ça, l’amitié. Avec Maxine, Elmo entrevoyait plutôt mal une amitié, même naissante. Ils s’ignoraient ou s’envoyaient trop de piques, trop souvent. « J’connais c’que je vois et t’as pas l’air, you know … d’une party animal. » Fit-il remarquer avec un petit sourire à la commissure de ses lèvres. Après c’est vrai qu’il avait pu la croiser à quelques reprises avec des soirées où Vega se trouvait également. Toutefois, comme ils ne cherchaient pas à traîner ensemble plus que ça, il n’avait pas vu son côté fêtarde. Elmo la regarda se faire un café en buvant le sien, appréciant l’avoir vexée, tel le gamin qu’il était. Maxine revint à la charge une fois de retour à côté de lui au comptoir. « Je suis déjà couché … avec une fille. » Lâcha-t-il en haussant rapidement les sourcils, même si dernièrement ce n’était plus trop vrai. Bella avait réellement brisé un truc en lui, et les histoires d’un soir s’étaient fait plus rares dans la dernière année. Alors à la place, ouais, il buvait comme un trou et s’endormait par terre.

Elle ne comprenait pas ce que lui trouvait Vega. Oui, elle n’acceptait pas leur mariage, pour elle c’était bien trop dangereux pour sa meilleure amie. Si jamais, on apprenait leur mariage blanc, Elmo ne pourrait jamais revenir en Australie et Vega aurait des problèmes avec la justice. C’était très intelligent comme manière de contrer les lois migratoires. Il était là l’italien, à se remettre d’une soirée trop alcoolisée. Max savait pourtant la difficulté du lendemain après une soirée où elle avait bu trop de gin, mais elle n’avait pas compassion pour Elmo aujourd’hui. Surtout qu’il s’était servi un café ignorant toute politesse. Après tout, ce n’était pas compliqué de remplir une deuxième tasse. Vite, il fallait vite du monde pour qu’elle puisse travailler et continuer à ignorer Elmo comme elle le faisait si bien. Même ses réseaux sociaux l’incitaient à penser à lui, traînant dans le même cercle social, elle tombait rapidement sur une vidéo de l’italien bien trop ivre. Petite remarque de la part de l’anglaise, s’il pouvait avoir honte de se comporter ainsi ça serait encore mieux. Si au début, ils ne se parlaient pas c’était à cause de sa relation avec l’autre brune dont Max avait oublié le prénom. Aujourd’hui, ils ne se parlaient que pour critiquer l’un ou se lancer des piques. Le reste du temps, ils s’ignoraient cordialement. Elle s’attendait pas à une telle remarque de son collègue. L’égo de la party girl en prenait un coup, surtout qu’elle voyait toujours Elmo finir mal ses soirées. « Peut-être parce que je ne réserve la party animal qu’à ceux qui le mérite. » Ou qu’il était déjà couché quand ça arrivait. Elle était médisante parce qu’Elmo elle l’avait déjà vu dans des états pas fameux, mais jamais comme un point mort au milieu de la pièce. Et pour ce qui était de ses conquêtes, elle ne tenait pas les comptes, surtout qu’elle n’en avait rien à faire. Enfin un peu. Vu que le mariage aurait lieu, Vega et lui devaient quand même montrer au monde qu’ils étaient en couple. « Grand bien te fasse, tant que la police ne te voit pas, pour ne pas foutre Vega dans la merde. » Elle ne savait pas si la brune lui avait dit que Max était courant, mais elle s’en moquait. Elle profitait de l’arrivée de deux clientes pour quitter son collègue et prendre les commandes. Elle revenait quelques minutes après bougon et de mauvaises humeurs. « Ces madames veulent que tu les servent … la présence de mes seins les gênent je suppose. » Elle lui tournait le dos pour rejoindre son tabouret et retourner sur son téléphone.

Un rire s’échappa des lèvres d’Elmo alors qu’il balançait la tête vers l’arrière le temps d’un rire. « Oh parce que je ne le mérite pas ? T’as peur de quoi, que je me moque de toi ? T’es du genre à danser sur les tables et tout ? » Tiens, ça ne lui déplairait pas, ça. En fait il aurait beaucoup aimé voir ce côté de Maxine, sans doute l’apprécierait-il davantage avec un peu moins de sérieux. Mais si elle ne le réservait qu’à l’élite … ! Ils avaient pourtant déjà assisté à des fêtes communes, c’est juste qu’ils continuaient généralement de faire comme au boulot : s’ignorer. Maxine avait quand même remarqué qu’il semblait aller dormir tôt alors qu’elle, elle était encore debout. À cela Elmo répliqua qu’il était déjà au lit, oui, avec des filles. Il fut surpris de la réponse de sa collègue, il ignorait que Vega l’avait mise au courant de leur stratagème pour qu’il puisse rester en Australie. Il essaya que ça ne paraisse pas trop. « Généralement j’amène pas la police dans ma chambre à coucher. À moins qu’elle soit vraiment canon. » Il rigola, même s’il savait que la remarque de Maxine n’était pas bête. Cependant ce mariage n’était pas encore fait, alors Elmo ne se faisait pas encore trop de soucis. Pour lui, le vrai jeu d’acteur allait devoir se faire lorsqu’ils seraient officiellement mariés, Vega et lui. D’ici-là, rien ne lui interdisait de flirter encore un peu ! Certes, le plan avec sa meilleure amie était que ce soit cohérent, ce mariage, que ça ne sorte pas de nulle part alors que jamais ils n’avaient démontré des sentiments l’un pour l’autre. Alors ils s’étaient dit qu’ils commenceraient à sortir ensemble d’abord et quelques mois plus tard, ils se marieraient, les gens seraient un peu moins pris par surprise, ce serait un peu plus plausible aux yeux de l’Immigration, donc. Mais Elmo ayant toujours été un charmeur il s’était dit que c’était aussi cohérent qu’il continue à flirter, et, surtout, c’était plus facile de se dire ça sachant qu’il était juste incapable de se contrôler. D’ailleurs, quand on lui présenta des occasions comme celle que Maxine lui présentait, c’était mission impossible. Il regarda les deux clientes, plutôt pas mal. « Ne le prends pas mal. Leur présence ne gêne pas tout le monde … » C’était déplacé, surtout avec son petit sourire et son regard en coin alors qu’il s’éloignait. Elle aurait pu porter plainte contre lui pour harcèlement sexuel au travail et elle aurait eu raison de le faire. Mais Elmo était encore très immature là-dessus et ne se rendait pas compte. Pour lui c’était juste la continuité de leurs petites piques. Il servit les deux femmes avec son grand jeu de séducteur, espérant avoir un bon pourboire. Il revint vers Maxine, tout fier. « J’suis prêt à partager le cinq dollars que je viens de faire, vu que c’est toi qui les as abordées. » Il faisait un effort de gentillesse !

Etait méritant les personnes assez endurantes pour rester éveillé assez tard pour voir Maxine bourrée. Elle pouvait danser sur les tables, boire et boire des shooters pour finir la tête dans la cuvette. Mais peu, très peu de personne avaient le privilège de la voir ainsi. Et certainement pas Elmo qui allait se coucher beaucoup trop vite. Il avait beau se vanter, expliquant qu’il était accompagné d’une femme, Max connaissait la vérité, du moins une partie. Elle avait déjà vu l’italien mort au point de tomber par terre. Sadiquement, elle aimait le voir comme ça. Cela la confortait dans son idée qu’elle était meilleure que lui. Meilleure employée, meilleure party girl et en ce moment elle essayait de se battre sur meilleure meilleure amie de Vega. C’était un peu de la triche, puisqu’Elmo ne connaissait même pas la nature de cette compétition. « Non je n’ai pas peur que tu te moques. » Ou peut-être un peu. Elle ne voulait pas donner à son collègue des armes qu’il pourrait utiliser contre elle. « De toute façon, tu ne me verras pas bourrée vu que t’es toujours mort avant moi. » Disait-elle en hochant simplement des épaules. C’était assez satisfaisant de se moquer de lui. Il l’avait tellement mal –pas- accueilli quand elle était arrivée. C’était à son célibat qu’il s’était rendu compte de son existence, ce qui avait eu le don de blesser l’égo de Max. Ils s’ignoraient la plupart du temps et quand ce n’était pas le cas ils se chamaillaient. Ils avaient toujours une petite pique à balancer et cette fois-ci Max inaugurait la journée. Il faisait bien ce qu’il voulait de son pénis, mais Max ça le faisait chier qu’il mette en danger Vega. C’était courageux de la part de sa meilleure amie de protéger ainsi Elmo. Il ne le méritait tellement pas. Elle le regardait un peu avec mépris à sa remarque. « S’il lui arrive la moindre chose à cause de ce mariage, je te tiendrais entièrement responsable. » Les choses, au moins, étaient dites. Elle ne lui laissait pas le temps de répondre, deux clientes arrivèrent. Heureuse de fuir ce comptoir, elle allait au moins s’occuper. Malheureuse qu’elle fût. Les deux femmes regardèrent Elmo avec envie, limite ça donnait la nausée à Max tellement c’était vulgaire. Rien à faire, elle voulait l’italien comme serveur et pas la jolie Maxine. Blasée elle retournait au comptoir, mais la réflexion d’Elmo la rendait furieuse. Si elle n’avait pas un minimum de conscience professionnelle, elle lui aurait fait avaler ce petit sourire narquois. Elle pouvait observer l’idiotie dans son élément. Un coup de cheveux par ci, un battement de cil par-là, elles jouaient de leur charme et Elmo répondait à ce jeu de séduction ridicule. Elle secouait la tête, essayant de chasser ses images qui allaient la hanter pour les prochaines semaines et retournait à son téléphone. Elle relevait le nez de son téléphone quand Elmo lui proposait de partager son pourboire. « Garde cet argent sale, j’en veux pas ! » D’un signe de la main, elle demandait à l’italien de la laisser tranquille. Puis elle levait la tête après une brillante idée. « Je te propose un deal ! » Mais quelle idée Maxine, vraiment quelle mauvaise idée !

Ce n'était un secret pour personne, en fait, qu'Elmo ne finissait pas toujours la soirée avec une fille. Souvent, il terminait la nuit la tête dans un pot de fleurs, au plus grand désespoir de Vega qui lui répétait que non, ce n'était pas un bon engrais pour ses plantes. Maxine et Vega étant très proches, il ne faisait aucun doute que la métisse lui avait raconté de sales histoires à propos d'Elmo. Il s'en fichait pas mal, l'italien. Il n'avait pas peur du ridicule. « Oh tu sais, quand j'ai un objectif en tête, j'peux faire beaucoup pour l'atteindre. C'est game on pour la prochaine soirée. » Il aurait la machine à café tout près. Rien que pour voir Maxine dans un sale état et pouvoir le lui mettre sous le nez le lendemain au boulot, il étirerait ses consommations et prendrait un verre d'eau entre chaque verre pour s'assurer de tenir le coup jusqu'aux petites heures du matin. La conversation fut tout d'un coup pas mal moins légère quand Maxine parla du mariage - fake - entre Vega et lui. Le barista n'était même pas au courant qu'elle était dans le secret, la serveuse. Il faudrait peut-être que les futurs mariés s'accordent sur la liste de gens à qui ils en parlaient ! Ça éviterait des petits moments de panique interne comme celui-là, même si Elmo cacha assez bien sa surprise. Il allait répliquer quelque chose à Maxine, comme quoi il ferait tout pour que Vega ne regrette pas, mais deux clientes arrivèrent. De toute façon, non, le barista ne dirait pas ça, puisqu'Elmo n'était pas prêt à tout, en tout cas pas à arrêter complètement de draguer. D'ailleurs, dès que l'opportunité se présenta d'aller flirter un peu avec les deux clientes qui ne voulaient pas de Maxine comme serveuse, Elmo sauta sur l'occasion. Il récolta, grâce à ses beaux yeux, un pourboire assez généreux. Ça ne sembla pas impressionner Maxine, alors que lui aurait été prêt à le partager avec elle. « Ta perte ! » Lâcha l'italien en haussant les épaules, fourrant le billet dans sa poche. Il retourna à ses affaires jusqu'à ce qu'elle lui parle d'un deal. Il soupira. « Si c'est un deal à propos de mon mariage avec Vega, c'est pas la peine. Il lui arrivera rien. J'y tiens, à Vega. J'mettrai tout le blâme sur moi s'il faut. » Par contre si c'était un deal à propos de quelque chose d'autre, il était tout ouïe.

Entre Maxine et Elmo c’était un mépris cordial. Ils savaient que l’un et l’autre comptait pour Vega, il était hors de question qu’elle choisisse. Parfois, les deux femmes s’éloignaient l’une de l’autre. C’était un peu le cas en ce moment. Maxine avait vraiment mal prit la nouvelle du mariage, ne comprenant pas pourquoi elle se mettait en danger pour ce stupide italien. Aux yeux de Maxine, il n’y avait rien de positif chez Elmo. A part qu’il était canon évidemment. C’était peut-être ça qui l’agaçait Maxine. Il était beau, le savait et en jouant. Ça lui enlevait tout son charme et son charisme. Il n’y avait rien de plus laid qu’un mec beau qui le savait. Elle haussait un sourcils. « Je te dis que tu ne me verras pas la tête dans les toilettes. » Maxine ne comptait pas lui offrir ce cadeau. Elle savait se contrôler, comme moins boire d’alcool ou alterner avec de l’eau. Ils étaient jeunes et bêtes parce qu’il n’y avait rien de fun dans cette petite compétition. Ils allaient finir mal et regretter le lendemain. De toute façon, ce n’était pas quelque chose qui allait se produire puisqu’Elmo partirait de la soirée avec accompagné d’une jolie fille. Certes, ça ne lui arrivait pas à toutes les soirées, mais assez régulièrement. Ce qui agaçait encore plus Maxine maintenant qu’elle savait que Vega serait sa femme dans pas longtemps. Ce mot lui donnait la nausée. Vega lui manquait, mais Max n’était pas encore prête à lui dire qu’elle l’encourageait dans ce choix Peut-être même qu’elle ne l’encouragera jamais parce que c’était une pure connerie. Quelle idée ! Surtout avec Elmo qui ne loupait pas une occasion pour draguer. La preuve de suite où il fit du charme aux deux vendeuses qui ne souhaitent être servies que par l’italien. Il revenait avec un pourboire généreux. Clairement, elle ne voulait pas de cet argent et encore moins après la remarque de son collègue. Mais là elle eut un éclair de génie. Une idée pourrie mais qui semblait génial. Elle se refrognait quand il lui parlait de Vega. « Y’a pas de deal là-dessus. » Elle ne lui faisait pas confiance. Mais ce n’était pas le moment de parler de ça. A la place, elle récupère le pourboire laissé par les deux femmes. « Après le service on va à côté. Celui qui finit la soirée après l’autre gagne cet argent. Le perdant doit en plus lui donner la même somme de sa poche ! » Et Maxine comptait bien gagner pour clouer le bec de cet homme.

Dans le cas d'Elmo, se faire voir la tête dans les toilettes, c'était au moins signe qu'il avait su se rendre jusque-là. C'était presque gracieux, dans son cas, d'être surpris à vomir dans la cuvette. C'était mieux que par terre, dans son lit ou dans un pot de plantes. Ainsi, quand Maxine lui lança qu'il ne le verrait pas dans cette position, il sourit. « Ah non ? Ça va éclabousser bien avant ça ? » Comme s'il était incapable de croire qu'il tiendrait moins longtemps que Maxine. Comme s'il n'avait pas encore compris que malgré ses airs sûr de lui, il ne tenait absolument pas l'alcool. Comme quoi, on n'apprend pas forcément de nos erreurs, même celles qu'on répète encore et encore. En ce qui avait trait à Elmo, il y avait plusieurs situations desquelles il aurait dû tirer une leçon, malheureusement il s'entêtait à rester fidèle à lui-même, ce qui était loin d'être une chose positive. Il ne pensait qu'à lui et brisait de ce fait pas mal de ses relations, autant amicales qu'amoureuses. Peut-être que c'était ce qui l'attendait au bout de ce mariage avec Vega. Peut-être que Maxine avait raison de n'en penser absolument rien de bon, de cette décision.

Après avoir récolté un généreux pourboire que sa collègue ne voulait pas partager, Elmo fourra le butin dans le petit pot à côté de la caisse, avec lequel il comptait bien repartir ce soir, fier. Maxine lui proposa alors un deal, qui n'avait vraisemblablement rien à voir avec Vega. « Ok, t'as piqué ma curiosité alors. » Parce que si elle ne voulait pas sauver Vega de l'italien, quel objectif avait-elle derrière la tête ? La jeune femme s'empara dudit pot à pourboires, et suggéra qu'après leur quart de travail, ils aillent au bar juste à côté pour enfin décider du plus résistant des deux. Elmo lâcha un rire amusé, même s'il était surpris de la proposition. Ils allaient quand même devoir s'endurer quelques heures de plus, ce qu'ils évitaient généralement au maximum. « You got a deal. » Sauf qu'Elmo n'avait probablement pas la même somme dans ses poches à ajouter au butin. Il fallait donc absolument qu'il gagne ce challenge.

Dans un autre univers, peut-être qu’elle aurait pu l’apprécier Elmo. En soit, il était solaire, avec une personnalité jovial. Il savait bien s’entouré et même en gueule de bois il restait drôle. Il avait ce petit charme italien qui aurait pu faire craquer Maxine. Sauf que dès le début, elle l’avait trouvé insupportable et une fois que Max avait un a priori sur une personne, c’était terminé pour lui. Les quelques soirées en commun confirmait les idées de l’étudiante. « Que c’est charmant ! » Il n’avait donc pas un vocabulaire bien évolué. Eclabousser. Comme si Max éclaboussait quand elle vomissait. Non, elle savait se tenir. Elle plongeait bien la tête dans les toilettes et remontait avec dignité avant de boire un grand verre d’eau et recommencer. Digne d’une parfaite anglaise. Elmo lui, il dormait déjà quand Max était arrivé à ce point. Ou peut-être pas. Souvent elle oubliait qu’il était présent. Ils avaient pourtant des amis en commun, un noyau dur qui aurait pu les lier. Mais têtue, Max ne voulait pas de lui dans ses proches. Allez savoir pourquoi, peut-être qu’elle se disait qu’il fallait quelqu’un de neutre pour veiller sur Vega. Même s’il n’y avait rien de neutre dans l’indifférence qu’elle portait à l’italien. Surtout qu’il ne fit rien pour arranger les choses quand il revint avec les billets et qu’il lui proposa de partager. Bougonne, elle l’ignorait un peu avant de revenir avec une idée. Non, elle ne parlerait plus de Vega, il avait son point de vue et elle n’hésiterait pas à venir le frapper s’il jamais il lui faisait du mal. Le plan était simple mais stupide, digne de deux jeunes adultes idiots. « Ok dude, we got a deal ! » Elle prit son plateau pour aller accueillir les clients.

La journée passait et ils avaient fini leur service. L’étudiante attendait l’italien devant la porte. Après leur deal, ils ne s’étaient pas plus parlé que ça. « Toujours ok ? On peut aller au bar ou on achète des bouteilles. » Ils restaient des étudiants et peut-être que financièrement, c’était un peu cher de payer autant de verre. « Je ne voudrais pas que tu dépenses tout l’argent que tu me donneras à la fin de la soirée. » Disait-elle avec une certitude sans faille.

C’était à n’y rien comprendre, qu’Elmo et Maxine décident de se lancer ce défi débile, qui impliquait qu’ils passent un peu plus de temps ensemble encore. Comme s’ils n’avaient pas déjà assez de mal à s’endurer pendant leurs quarts de travail, pourquoi voudraient-ils prolonger la souffrance ? Pour pouvoir enfin mettre un point au débat ? Pour couronner un vainqueur, le meilleur buveur ? Non seulement ce défi allait leur coûter bien plus cher que le prix qui les attendait en bout de ligne mais, en plus, ils allaient se foutre dans un état pas possible pour le lendemain matin. Tout ça parce qu’ils étaient trop orgueilleux, l’un comme l’autre, et que leurs petites piques de la journée devaient être résolues. Pour le reste de la journée, Elmo continua à préparer les cafés et Maxine continua à les servir, ils ne s’échangeaient pas grand-chose hormis des paroles en lien avec le travail. C’était plutôt achalandé, finalement, pour deux personnes salariées seulement. Le jeune homme ne vit pas trop le temps passer et c’est avec surprise qu’il constata qu’il était le temps de faire le ménage pour la fermeture. Une fois les machines lavées, les comptoirs brillants et la pancarte revirée dans la fenêtre, Elmo rejoignit Maxine à la porte, après avoir accroché son tablier jusqu’à demain. « Bien sûr que je suis toujours ok. » Il avait d’ailleurs pensé à prendre le pot à pourboires. Il fit la grimace quand elle sous-entendit qu’il allait perdre – et qu’il n’aurait plus d’argent à lui donner s’ils passaient tout ça dans des verres overpriced au bar. « C’est mieux les bouteilles, pas parce que je sens que je vais perdre, mais juste parce qu’avec tout l’alcool que j’sais que je vais pouvoir ingérer, c’est vrai qu’on va rapidement dépasser le montant de ce qui se trouve là-dedans, sinon. » Faudrait pas qu’ils se ruinent juste pour une question de fierté. Quoique, avec Elmo, c’aurait été fort probable. Et puis, bar ou bouteilles achetées au magasin, dans les deux cas c’était trop cher pour lui, il était déjà en train de se mettre dans le trou juste pour tenir tête à Maxine. Ils se dirigèrent vers le marché le plus près pour y acheter de l’alcool. « Après, on va au parc à côté ? À moins que tout ça, c’était juste une mise en scène, une tactique pour m’inviter chez toi … ! » Lâcha-t-il, sourire aux lèvres, en haussant rapidement les sourcils à plusieurs reprises.

Plus la journée avançait et plus Maxine regrettait son idée. Son orgueil était trop fort, mais de quoi allait-elle pouvoir parler avec Elmo. Tout le monde savait que leur entente était très faible, ignorant souvent la présence de l’autre. Et quand ils discutaient c’était soit pour se clasher soit pour faire une remarque désobligeante à l’autre. La soirée risquait d’être mouvementée. Parfois, elle lui lançait des regards noirs souvent parce qu’il paillonnait devant les femmes. Elmo représentait tout ce qui agaçait Maxine et qu’il lui était inaccessible. La jeune femme manquait de confiance en elle qu’elle arrivait à cacher par cette arrogance innée. Mais elle savait également que si un jour elle se trouvait en face d’un homme qu’elle appréciait, elle serait capable de rougir et de bégayer. C’était pour ça qu’elle disait détester l’amour, elle ne comprenait qu’on puisse se rendre idiot au point de se briser le cœur. Le temps filait et peut-être qu’Elmo allait abandonner l’idée. Bien sûr que non. Il était autant orgueilleux qu’elle. « OK et bah allons-y ! » Elle ne l’aimait pas, mais elle pouvait se retrouver un peu en lui. Elle savait qu’il faudrait une quantité d’alcool, parce elle comme lui, ils iraient au bout de leur limite pour prouver à l’autre qu’il avait tort. L’option d’aller acheter des bouteilles lui paraissait plus sage. « Tu pourrais perdre rapidement, comme ça on en aurait pas pour notre argent et tu te montrerais galant pour une fois. » Répondait-elle, alors qu’ils se dirigeaient vers le magasin le plus proche. Chacun choisissait son poison. Maxine prit sans hésité une bouteille de gin, et de la bière. Une parfaite petite anglaise. Ils divisaient par deux, et Maxine comptait bien lui faire boire du gin. Elmo sortit une réflexion digne de lui. L’étudiante haussait les sourcils en le jugeant. « Ne prends pas tes rêves pour la réalité ! Le parc fera l’affaire. » Jamais, elle ne ramenait l’italien chez elle. C’était son petit havre de paix. A chaque soirée organisée chez elle, Vega était toujours venue seule. Elle s’asseyait en face de lui, servant deux verres de bière. « Il va falloir qu’on trouve quoi faire parce que je ne vois pas ce qu’on va pouvoir se dire. » Mise à part le fait qu’ils se détestaient. Elle s’attendait à ce que l’italien lui sorte un jeu comme truth or dare, ça serait bien digne de lui.

Probablement qu’Elmo allait décider de s’enfiler des shots sans compter les secondes entre chaque gorgée, tout ça pour perdre la tête un peu plus rapidement, et ne pas avoir à endurer Maxine en étant sobre trop longtemps. Disons que … les deux collègues n’étaient que ça. Des collègues. Ils n’avaient jamais discuté d’autre chose que de travail sauf si c’était pour s’insulter. Elmo n’avait aucune idée de ce qui pourrait meubler la conversation ce soir, d’autant plus qu’ils ne seraient que tous les deux, à moins qu’ils ne décident d’inviter des spectateurs à ce challenge. Ce n’était pas trop dans les plans de l’italien. Aurait-il peur de perdre la face devant ses potes ? Peut-être un peu … Il aurait toujours été temps d’annuler ce défi débile, à la fermeture du café, mais non. Elmo décida quand même d’aller de l’avant, au risque de perdre tout son argent de poche. « Ah mais quand c’est pour gagner un truc par contre c’est bien de dire que l’homme devrait traiter la femme différemment, la laisser gagner pour être galant ? Pis, tu voudrais vraiment que je fasse exprès de te laisser gagner juste pour qu’on économise ? J’te croyais plus compétitrice que ça, Gray. » Les deux collègues s’engouffrèrent dans le premier magasin croisé. Il se choisit un rhum épicé, c’était son poison à lui, ainsi qu’un rhum au café - ça c’est juste parce qu’il avait flashé sur cette édition limitée et qu’il n’avait pas pu s’empêcher de l’acheter. « Sans vouloir te vexer Maxine, t’es pas dans mes rêves les plus fous. » Il esquissa un sourire, c’était juste trop facile de placer une insulte par-ci par-là, alors que dans les faits, il trouvait que Maxine était plutôt belle, c’est juste qu’elle l’énervait beaucoup trop pour qu’il puisse élaborer un fantasme la concernant. Le duo arriva au parc et s’installa à une table à pique-nique. Elmo la laissa leur servir des bières. Un truc soft pour commencer. « On n’est pas obligés de parler, non plus. J’suis très à l’aise avec l’idée de juste boire sans avoir à t’écouter. » Lui qui était hyperactif, ce serait difficile de rester sur place sans rien dire sans rien faire, à juste s’enfiler des verres d’alcool. Ça ne durerait pas longtemps, ce plan.

C’était une très mauvaise idée. Piquée par son égo, Max avait proposé cette after pour récupérer l’argent qu’Elmo avait gagné grâce aux clientes. S’il n’avait pas proposé de partager, jamais Max n’aurait eu l’envie de le récupérer dans sa totalité. Mais c’était une mauvaise idée. Ils ne se supportaient pas, préférant s’éviter à chaque fois qu’ils se voyaient. Au travail, ils gardaient le cap ne parlant que de choses professionnels. Mais dès que ça sortait du cadre, ils s’engueulaient. Max aurait préféré qu’il abandonne, même si elle le savait qu’il ne lui ferait jamais se plaisir. Alors ils allaient boire, chacun trop têtu pour faire marche arrière. « J’ai tenté, je savais bien que t’allais dire non de toute façon. Tu ne me connais tout simplement pas Santavenere, mais soit, je préfère te voir perdre face à moi ! » Répondait-elle rapidement. En fait, il avait raison, elle était compétitrice et elle préférait largement voir Elmo reconnaitre sa défaite après une grande bataille. Il était sûr qu’elle n’amènerait pas Elmo chez elle et qu’elle n’irait pas chez lui. Habitant avec Vega, sa meilleure amie serait capable de les désintégrer avec un regard, surtout s’ils lui expliquent le but de ce jeu. Mais la remarque d’Elmo lui fit un peu plus de mal que ce qu’elle aurait voulu. Max manquait de confiance en elle, et cette remarque lui faisait croire qu’elle n’était pas belle du tout. Sauf qu’elle arrivait toujours à montrer qu’elle était détachée de ce que les gens disaient. « Heureusement ! Je n’ai pas envie d’être dans tes fantasmes bizarres. » Et elle continuait son chemin jusqu’à la caisse, avant de se retrouver dans ce parc. Il leur fallait vite un sujet de conversation, ou non. Elmo proposait de faire ce jeu en silence. « Ok ! » Répondait Max, alors qu’elle prit une gorgée, puis deux gorgées de sa bière. « C’est vraiment pas fun les soirées avec toi. » Lâcha-t-elle incapable de se taire plus de deux minutes.