William Swain - Les relations nous forgent

Je suis né dans une grande ville et j'ai toujours vécu dans des grandes villes. Le calme, disons que ce n'est pas vraiment quelque chose qui me connaisse. Je suis un hyperactif qui aime que tout soit fait en temps et en heure, qui ne supporte pas le bordel et qui a tendance à tout le temps être entrain de parler. Imaginez donc ce beau mélange dans une cuisine. Et ouais, ma vie de jeune adulte est à peine entamée que je me lance dans une carrière derrière les fourneaux, quelques années après être arrivé en Amérique. Et ça me plaît. Genre vraiment beaucoup. C'est là d'ailleurs que je ferais la rencontre de celle qui deviendra quelques longues années plus tard ... Mon ex-femme. Bah oui, il faut bien un peu de malheur dans une vie si on veut avoir quelque chose à raconter ! Pas de tromperies, pas de distance, juste une énorme trahison professionnelle. J'avais pour projet d'ouvrir mon propre restaurant avec un concept unique lorsqu'elle m'a fait le coup en douce d'être financée avant moi, d'acheter le local que je voulais et d'ouvrir un restaurant avec ... Vous l'avez vu venir, non ? Et ouais, avec mon idée. Je n'ai même pas eu la force de me battre. Surtout qu'en plus, elle m'a posé les papiers du divorce en même temps. Y'a pas un truc qui dit "on ne frappe pas un homme à terre" ? Je pense qu'elle n'a pas eu le mémo.

C'est comme ça que je me suis retrouvé tout seul. Oui parce que je ne suis pas très proche de mes parents, je n'ai ni frère, ni sœur, pas d'enfants, même pas de chien ou de poisson rouge dans un bocal. Seul, seul, seul. J'ai laissé la cuisine de côté depuis cette époque-là. Ça m'en a dégouté. J'ai vu une petite annonce passer comme quoi ils cherchaient un animateur radio pour une petite radio locale du coup j'ai postulé et devinez quoi ? J'ai été pris. Enfin je trouvais un endroit où le fait d'avoir de la tchatch n'était pas un problème, mais même plutôt un avantage. Enfin bon, je ne vais pas m'étaler pendant vingt ans là-dessus, ce n'est pas le plus intéressant. Non, le plus intéressant c'est qu'à ce moment-là, je faisais bonne figure quand j'étais à la radio, mais je passais mes soirées à boire dans des bars. Et c'est là que je l'ai entendu. Ouais, vraiment entendu avant de le voir. Il avait cette voix grave qui donnerait des frissons à n'importe qui. Et quand je l'ai vu, quand j'ai vu la façon dont les femmes étaient toutes à ses pieds, j'ai compris que ce serait lui la salvation de ma nouvelle vie. Dylan Lewis.

J'y suis allé au culot. J'ai été honnête avec lui, que je n'y connaissais rien dans la production, dans la promotion, mais que je faisais de la radio et qu'au fond la musique ça me connaissait. Je ne m'étais pas battu pour mon projet de restaurant, mais il avait rallumé une flamme en moi qui me donnait envie de donner vie justement à son projet à lui. Show must go on, comme on dit.

Et c'est comme ça qu'on a réussi à le faire décoller. Ça n'a pas été simple, mais j'ai tout donné. Je continue encore à ce jour, sauf que ... Ça ne se passe pas toujours comme prévu et il a disparu du jour au lendemain, sans me prévenir, juste avant un concert. Si seulement je n'avais mis que quelques heures à réussir à le contacter, mais non ! J'ai cru qu'il était mort ce con ! J'ai mis plusieurs JOURS à réussir à le joindre pour apprendre qu'il était dans son petit patelin de Bowen ... En Australie ... Mais il se fout de ma gueule !